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Petite soeur
Par Padidu
Originales  -  Romance/Général  -  fr
15 chapitres - Complète - Rating : K+ (10ans et plus) Télécharger en PDF Exporter la fiction
    Chapitre 4     Les chapitres     29 Reviews    
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Samedi 10 Novembre

Prenons Sandrine, et son père, mélangeons le tout et attendons la suite des événements...

 

Samedi 10 Novembre.

 10h24

            Je suis devant mon lycée un samedi, l’horreur en fait, un cauchemar ! Et dire que certains ont choisis de vivre là ! Surtout qu’ils ont tous les moyens d’avoir un appartement à l’extérieur, dans les quartiers les plus chics de la Capitale, mais l’avantage de l’internat de mon cher paternel, c’est qu’il n’y a que très peu de règles, mais aussi très peu de responsabilités. Et surtout pas d’espion pour le compte des parents des élèves. Les chambres de chacun des résidents, toutes individuelles, bénéficient des services d’une femme de ménage mais aussi d’une ligne privée téléphonique, de la télévision par satellite, d’une salle de bain privée… Les services des grands hôtels et l’avantage de pouvoir se réveiller à peine dix minutes avant le début des cours.

            Mon sac rouge est lourd sur mon épaule : pourtant je n’ai pris que quelques vêtements et l’album que Joshua a acheté pour commencer à le remplir. En fait, plus je m’approche de la grande arche dont la porte est l’entrée du lycée, plus il devient lourd : c’est l’effet habituel d’un week-end passé avec mon père. Et avec Lucie. Son ancienne secrétaire, sa nouvelle femme, ma belle-mère, la grande blonde idiote, l’inutile potiche… Non, je ne la porte pas dans mon cœur, mais c’est normal, grâce à elle, ma famille s’est retrouvée scindée en deux parties !

            Je prends une grande inspiration avant de passer la porte qui me mène dans la cour centrale. Des grands murs blancs aux fenêtres larges m’entourent, chaque bâtiment possédant deux étages et une entrée surélevée avec quelques marches d’escalier, on a presque l’impression d’être devant de grandes maisons parisiennes. Avant sa rénovation, le lycée était un hôtel particulier ce qui ne manque pas de charme de nos jours. A ma gauche se trouve le grand bâtiment des salles de cours et de la bibliothèque, devant moi l’internat et sur la droite la cantine dont s’échappe les odeurs du repas de midi pour les pensionnaires. Le gymnase se trouve quelques rues plus loin dans le quartier. Sans hésiter, je me dirige vers le fond opposé à l’arche, et entre dans le hall où plusieurs lycéens jouent à la console et ne font pas attention à moi. Le premier étage est réservé aux garçons, et je me dirige vers les escaliers menant à l’étage des filles ainsi qu’à l’appartement de mon père quand j’entends une voix m’appeler :

- Hé Sandrine !

Sans même me retourner, je sais qu’il s’agit de Julien et je me rends compte que je n’ai même pas pensé à le prévenir de ma venue alors que je vais passer le week-end si près de lui. Et pourtant, je n’ai pas cessé de penser à ce qu’il s’est passé dans sa voiture…Même si ni lui ni moi n’avons évoqué le sujet lors de nos discussions téléphoniques. Il porte un t-shirt et un short noir qui mettent en valeur sa silhouette, et un bandeau de la même couleur dégage son visage de ses mèches brunes qui commencent à être un peu trop longues. En fait, il est beau à damner, à me maudire même de ne pas avoir eu l’idée que j’allais passer deux jours avec lui alors que je savais qu’il ne rentrait pas en Suisse cette fin de semaine. J’aurais pu penser à mettre autre chose que mon vieux jean et mon sweat rouge assez large pour lui et moi.

- Salut Julien.

- Ton père m’a invité à manger avec vous ce soir ! m’informe-t-il avec une joie non feinte. Mais je dois te laisser, j’ai un cours de handball dans deux minutes et je vais devoir courir pour y aller ! A ce soir !

Il s’éloigne en me laissant abasourdie. Mon père a encore pris des libertés ! C’est en tapant du pied que je monte les escaliers et d’un coup, les joueurs qui ne m’avaient pas vu, remarque enfin ma présence.

 

12H13

- Ton papa rentrera vers 14h, il devait accompagner l’équipe de basketball du lycée à un tournoi ce matin, mais il a promis de revenir vite.

Lucie est assise devant moi, en train de manger une salade composée que vient de nous apporter un des cuistots de la cantine. Cela fait la dixième fois qu’elle redit la même chose mais je dois bien avouer que c’est de ma faute : je ne fais rien pour alimenter une éventuelle conversation avec elle. Tout chez ma belle-mère m’insupporte : ses cheveux blonds parfaitement coiffés, ses grands yeux bleus maquillés, son corps parfait, son chemisier blanc ouvert au col pour montrer un joli collier de perle et sa jupe grise s’arrêtant au dessus du genoux… On dirait une poupée. Qu’est ce que mon père a bien pu lui trouver d’original ?

Autre question importante : quelle sera ma vengeance quand mon père arrivera ? Qu’il me demande de venir passer le week-end avec lui, passe encore, qu’il invite Julien à diner avec nous, soit mais qu’il me laisse seule avec Lucie, là, ça dépasse les limites !

- Tu ne manges pas ? Tu te sens mal ? Tu veux que j’appelle le médecin ? me demande-t-elle en voyant que je n’ai pas touché à mon assiette de salade. Elle a tendance à tirer des conclusions un peu hâtives et surtout complètement improbables. Avec un sourire forcé, parce que je dois bien passer deux jours avec elle, je lui dis :

- Je suis fatiguée, tu m’excuses mais j’ai besoin de me reposer.

- Pas de problème.

Sans un mot de plus, je me lève de table, attrape mon sac que j’ai laissé dans l’entrée et me dirige vers la chambre que j’occupe habituellement quand je viens chez mon père. Les fenêtres donnent sur la rue, et je peux même voir l’ancien clocher de la vieille église du quartier. Alors que je pose la main sur la poignée de la porte, Lucie se précipite autant qu’elle le peut avec ses talons et me bloque le passage.

- Désolée, tu vas devoir changer de chambre. Celle-ci a été réaménagée pour moi…

Là, je crois que je vais faire un carnage !

 

13h26

            Je déteste cette chambre ! Elle est petite, mal orientée et mal meublée. Et non, je ne dramatise pas… Un petit peu quand même, mais après tout, j’ai bien le droit ! Maintenant, je peux admirer la cour de mon lycée par la fenêtre ! De quoi régaler mon week-end. Au moins, le lit sur lequel je suis allongée est grand et j’ai de quoi ranger mes affaires avec la grande armoire encastrée dans le mur mais le côté orangé de la décoration me laisse perplexe. Il est vraiment possible de dormir dans une atmosphère pareille ?

            Avec un courage qui me parait énorme, je me lève et décide de sortir mes affaires de mon sac. Au milieu de mes vêtements froissés par le voyage, je trouve un magnifique ciel bleu aux nuages d’un blanc laiteux. L’album de notre famille, de Joshua et moi… Je m’assoie sur le sol et l’ouvre pour en sortir les photographies que nous avons sélectionnées avec lui jeudi dernier. Pêle-mêle, je vois les sourires de ma mère, de Daniel, de Joshua mais aussi le mien et je dois bien avouer que finalement, je suis heureuse parmi eux. Ce constat me choque par sa simplicité. Il m’a fallu venir chez mon père, m’éloigner d’eux pour voir que cette nouvelle vie me plait. Bien sur, j’ai peur qu’un jour tout s’effondre, comme avec Papa, mais cela me donne-t-il le droit de refuser le bonheur à tous ceux qui vivent avec moi ? Suis-je assez égoïste pour continuer à dire que je ne veux pas de beau-père dans ma vie ?

            Un petit coup discret à la porte me fait sursauter, me faisant sortir de ma bulle de réflexion.

- Sandrine, c’est Julien. Je peux entrer ?

Sans savoir pourquoi, je me précipite pour ranger les clichés et cache l’album sous le lit avant de me lever pour ouvrir la porte. Il a troqué la tenue de sport pour un jean et chemise noir ouvert sous laquelle un-t-shirt bleu vient épouser son torse.

- Je me suis dit que tu voudrais peut-être sortir un peu ? me propose-t-il avec un sourire. J’ai rendez-vous à 15h30 avec Benjamin pour un exercice de math, mais entre temps on pourrait aller boire un café…

- Tu me laisses me changer ?

Si tout à l’heure je me sentais mal à l’aise dans ma tenue, je me vois mal sortir avec lui avec mon vieux pull.

- Pas besoin, tu es magnifique.

L’écho d’une vieille conversation me revient, dans une autre chambre, avec un autre garçon.

 

14H56

            Je regarde une fille assise dans un café. Elle porte une jolie robe bleue avec des épais collants noirs. C’est presque dommage qu’elle ait les cheveux si courts mais cela lui donne un côté garçon manqué. Elle prend une gorgée de son cappuccino, sans vraiment se rendre compte de la saveur qu’il a. Sans doute n’y fait-elle pas plus attention qu’à son compagnon qui essaie de faire la conversation. Et puis, comme s’il voyait dans son air songeur une invitation, il pose sa main sur celle de sa compagne. Je sens le contact de ses doigts chauds qui cherchent les miens et me rends compte que je fixais notre reflet depuis que nous nous étions assis là.

            Beaucoup de choses ont changé en si peu de temps. Avant, j’aurais été trop excitée de passer l’après-midi avec Julien pour avoir un moment d’évasion songeuse comme celui-ci. Je ne me serais pas inquiétée pour un hypothétique futur pour ma nouvelle famille.

- J’ai l’impression que quelque chose te tracasse, constate mon ami en se penchant vers moi, entourant de sa deuxième main mes doigts liés aux siens. Je remarque que ce geste est un peu trop familier mais je ne le repousse pas : il est inquiet pour moi, et cela me réconforte. Peut-être s’attend-t-il à ce que les choses aillent aussi loin que la dernière fois, mais j’ai l’esprit vagabond en ce moment.

- Plusieurs choses ont changé dans ma vie dernièrement tu sais.

- Tu parles de ton frère ?

Il a dit cela trop vite pour qu’il n’y ait pas une idée derrière. Peut-être pense-t-il qu’il y a plus qu’un lien fraternel entre Joshua et moi ? Avec un ton se voulant innocent j’ajoute :

- Et de son père. Je ne m’attendais pas à voir ma famille s’agrandir si vite.

- Il va falloir que tu en prennes l’habitude, me conseille-t-il en relâchant mes mains pour jouer avec un sachet de sucre vide.

J’ai l’impression de ne pas tout comprendre, qu’il y a un sens sous-entendu comme souvent lorsqu’il n’ose pas me regarder dans les yeux. Puis, comme si il voulait effacer ses dernières paroles :

- On rentre ? Benjamin veut me voir.

 

15h28

            La porte de l’entrée claque, puis le bruit du placard à chaussures résonne dans l’appartement, vite suivi par la cavalcade de Lucie qui vient raconter sa journée à son mari. Qu’elle ait mangé avec moi après mon arrivée, que je me suis sentie mal, que je suis sortie avec Julien dans l’après-midi pendant qu’elle ajustait les derniers arrangements dans la chambre et que je dois faire une sieste en ce moment parce qu’elle n’a entendu aucun bruit. Seulement coller des photographies dans un album n’est pas une activité bruyante et à travers les murs fins, j’entends leur conversation de plus en plus distinctement à mesure qu’ils s’approchent du salon. 

- Je pense qu’on doit lui dire mon chéri, c’est tellement fantastique que j’ai eu du mal à garder le secret !

- Bien sur, ce soir, pendant le diner. En plus, Julien sera là. Tu sais le jeune homme qui est venu m’aider…

Je lève la tête de mon occupation, surprise par les informations que je viens de recevoir. Ainsi, ils me cachent quelque chose. Même celui avec qui j’ai passé l’après-midi le sait. J’ai l’impression d’être au centre d’une conspiration. La question est de savoir si je sors de ma chambre hurler à mon père à quel point il m’agace ou si j’attends ce soir après qu’il m’ait annoncé «  la nouvelle tellement fantastique. » Je sais que si je crie, il ne fera que se refermer et ne me dira rien à part un «  tu es aussi colérique que ta mère ». Je dois attendre jusqu’au dîner. Si seulement je pouvais discuter avec quelqu’un pour m’occuper. Julien m’a laissé tout à l’heure pour aller aider Benjamin qui ne comprenait pas un exercice de mathématique en me promettant de revenir ce soir. Mais, lui aussi il sait ce qu’il se passe ! Sans prendre le temps de ranger mon album j’enfile mes bottes et lisse les plis de ma robe rapidement avant d’ouvrir la porte qui donne sur le couloir et de sortir de l’appartement sans aucune explication.

 

15h36

            Bon, entre décider de faire quelque chose, et l’effectuer, il y a une grosse différence. Depuis que j’ai mis les pieds dans la partie de l’internat réservé aux garçons, je me sens observée de toute part. Les longs couloirs de l’internat que je découvre ne ressemblent en rien à l’appartement moderne de mon père. Le parquet du sol fait résonner le bruit de mes pas sur les murs blancs que viennent illuminer les grandes fenêtres dont les battants en bois rappelle les portes devant lesquelles elles sont installés. L’ensemble donne une impression de calme, de sérénité que le style ancien des poutres apparentes au plafond vient renforcer.

J’ai croisé plusieurs de mes camarades, qui m’ont salué avec un air étonné, parfois moqueur. Je suppose que ma présence au lycée le week-end les intrigue peut-être. Je n’aime pas que tout le monde sache que je suis la fille du directeur et quand je dois venir chez mon père, je reste la plupart du temps dans l’appartement. Cela n’empêche pas la plupart des lycéens, tous en fait, de connaître notre lien de parenté. Attirer l’attention me rend nerveuse, alors prenant mon courage à deux mains, je frappe enfin à la porte. Derrière se trouve la chambre de Julien, la pièce où il vit. Entrer dans celle de Joshua ne m’a jamais causé autant de problèmes, sauf peut-être quand celui-ci se balade torse nu. Derrière le battant de bois, j’entends des bruits de pas, et la porte s’ouvre sur Julien. A peine m’a-t-il reconnue que son visage prend une expression stupéfaite. Sans rien dire, il m’attrape par le bras et me tire à l’intérieur de sa chambre. Il referme la porte derrière moi et s’y adosse alors que je vois pour la première fois son « chez-lui ».

            La pièce est plutôt spacieuse, bien éclairée par deux immenses fenêtres qui m’ont éblouie quand je suis entrée. Sur les murs, des posters de différents films dont celui du dernier que nous sommes allés voir ensemble. Son lit, sur lequel s’entasse ses cours de mathématiques, est collé contre une cloison à droite et en face, sur la gauche se trouve un grand bureau, encombré de feuilles, d’un ordinateur portable, d’une petite caméra numérique…

Les étagères comblent le reste de la pièce de DVD-D et de livres, romans et documentaires sur le cinéma se côtoient. Près du bureau, une porte doit donner sur la salle de bain. Je n’ai pas le temps de finir mon inspection qu’il me dit avec un ton énervé :

- Tu sais que cette partie de l’internat est interdite aux filles ?

Je ne peux m’empêcher de répondre avec colère :

- Non, je ne le savais pas, et si ma présence te gène je peux repartir.

Alors que je tente d’ouvrir la porte sur laquelle il est adossé, je le sens passer ses mains sur mes hanches et me plaquer contre le mur.

- C’est juste que je ne veux pas que tu ais des ennuis.

Ses yeux rencontrent les miens et j’y voie une véritable lueur d’inquiétude, me faisant regretter mes propos. Et puis, je prends conscience de son corps qui colle le mien contre le plan dur dans mon dos. Il a du sentir le changement de mes sentiments car l’air autour de nous se charge d’électricité. Je sais, je sens ce qu’il va se passer. C’est comme la dernière fois, et je ressens la même chose... Imperceptiblement, il se penche vers moi, et alors que ses lèvres vont se poser sur les miennes, quelque chose en moi me signale que je ne peux pas.  Avant même que je ne réagisse, un bruit se fait entendre à la porte.

- Julien, je viens pour les math…

 

17h02

            Je suis assise sur le lit de Julien depuis une bonne heure, ayant laissé les garçons à leurs problèmes de mathématiques bien trop barbants pour moi. A grand renfort d’exemples et de schémas, Julien tente d’expliquer à Benjamin, un grand roux faisant partie lui aussi de l’équipe de handball, l’exercice qu’ils ont à faire pour lundi et moi je l’observe. J’avoue avoir eu envie de l’embrasser plusieurs fois, mais je m’explique mal d’avoir voulu le repousser. Il est mignon, intelligent, protecteur avec moi et pourtant, maintenant je me rends compte qu’il manque quelque chose. Et là, c’est adorable parce qu’il évite mon regard, comme s’il était intimidé. Une fille normale l’aurait sans doute été aussi. A croire que je devrais vraiment aller voir un psychologue. Benjamin a conscience d’avoir interrompu quelque chose, mais nous l’avons pressé à rester, Julien parce que je le soupçonne de ne pas savoir quoi me dire et moi parce que j’ai besoin de temps pour analyser ce qui s’est passé. Qu’est ce qui a changé en moi ? Il y a quelques semaines, j’aurais été la plus heureuse des filles en ce moment, et maintenant je me pose des questions. Mais je me mens à moi-même, je sais ce qui a changé, même si je ne veux pas l’accepter : la situation deviendrait trop compliqué à la maison. Joshua, aussi attirant qu’il soit, n’en reste pas moins le fils de Daniel, le compagnon de ma mère, et donc susceptible de disparaître un jour de ma vie… Les fins de semaines chez mon père sont décidément riches en réflexion. Julien lui, est une constante de ma vie depuis plusieurs mois.

            Comme s’il avait deviné que je pense à lui, le blond lève la tête vers moi et croise mon regard. Je me veux rassurante et étire mes lèvres d’un sourire auquel il répond de la même façon. Benjamin, semble remarquer notre échange. Il est le meilleur ami de Julien est peut-être lit-il quelque chose dans l’expression du blond car il déclare :

- Bon je vais vous laisser, je pense avoir compris. On se revoit demain Ju.

Après avoir refermé la porte derrière son ami, le blond vient s’asseoir à ma droite sur le lit. Un silence semble vouloir planer entre nous, mais il décide de prendre la parole :

- Sandrine, je pense qu’il serait temps que l’on mette les choses au point entre nous. Je pense, que tu sais ce que je ressens pour toi.

Direct, même si je le sais gêné, Julien est fidèle à lui-même. Je lui dois une réponse et je murmure à peine :

- Oui je sais…

Ma bouche est devenue sèche brusquement, parce que je ne sais pas quoi lui dire. M’engager auprès de lui me semble être impossible. L’indécision doit se lire sur mon visage, car sans un mot, il prend une de mes mains dans les siennes puis les embrasse avant de venir poser ses lèvres sur ma joue droite.

- Je ne te demande rien. Sauf peut-être pourquoi tu voulais me voir.

Nous y voilà, en quelques mots il me sort de mon indécision et me permet de lui poser la question qui me brule les lèvres :

- Qu’est ce que vous me cachez, mon père et toi ?

 

19h56

            - Sandrine, je voudrais te parler de quelque chose, m’annonce mon père alors que l’on va bientôt commencer à manger.

Julien est assis près de moi sur le canapé alors que Lucie et mon père occupent les fauteuils qui nous font face. Instinctivement, mon ami se crispe. J’ai eu beau lui demander un millier de fois, il ne m’a rien dit. Juste qu’il fallait que je sois patiente, que c’était une bonne nouvelle. Seulement, Julien ne me connaît peut-être pas aussi bien qu’il le pense. Pour lui, si je suis venue chez mon père, c’est parce que j’en avais envie. Il ne voie pas les conflits qu’il peut exister entre mes parents. En même temps, je ne lui ai jamais parler du divorce, de ce qui s’était passé… Mon père et ma belle-mère se lèvent et m’invitent à faire de même. Je ne comprends pas ce qu’ils veulent jusqu’à ce que j’arrive devant la porte de mon ancienne chambre. Celle que l’on m’a volée…

- Entre et tu comprendras, m’indique Lucie avec un sourire qui part d’une oreille jusqu’à l’autre.

Sans vraiment comprendre pourquoi, j’ai peur et ne repousse pas la main qui vient prendre la mienne. Julien se tient près de moi, et je lui lance un regard qu’il me rend avec confiance. Alors, j’ouvre la porte pour découvrir un monde enfantin. Les murs ont été repeints d’un vert tendre ou pousse des fleurs multicolores sans doute pour nourrir les animaux dont les silhouettes se détachent sur le ciel bleu. Un lit de bébé blanc occupe le centre de la pièce dont les côtés sont occupés pêle-mêle par une grande armoire, une étagère sur laquelle sont alignés des jouets et une table à langer. Pourquoi faire une chambre d’enfant ? Et là, tout s’éclaire même si je ne veux pas y croire. Je me retourne vers mon père qui acquiesce de la tête à ma question muette.

- Tu vas avoir une petite sœur ou un petit frère, confirme-t-il. Lucie est enceinte de 3 mois. 

J’accuse le coup quelques secondes et plaque un sourire sur mon visage : j’aurais le temps de penser plus tard.

 

23h42

            La chaleur de la couette, la douceur de l’oreiller, l’obscurité de la nuit et l’insomnie des soucis. Je ne cesse de repenser à la venue prochaine du petit être qui va sans doute changer beaucoup la vie de mon père. Bien sur, je suis heureuse, parce qu’avoir un petit être qui entre comme ça dans la famille, c’est un événement fantastique même si je n’apprécie pas Lucie. Seulement, parce que je l’aime déjà, j’ai peur pour ce bébé qui n’est pas encore parmi nous, je ne voudrais pas qu’il vive ce que moi j’ai vécu avec mes parents : les disputes, la séparation, le sentiment d’avoir été trahie… Excédée de me tourner sans cesse dans mes draps, j’allume ma lampe de chevet et récupère l’album toujours caché sous mon lit. Lorsqu’il me l’a donné, Joshua avait réussit à calmer le flot de mes émotions, en quelques mots, il avait réussit à me dire ce dont j’avais besoin. Mue par une impulsion, j’attrape mon portable et compose le numéro de celui de mon frère. Après quelques tonalités, il répond avec une voix ensommeillée :

- Sandrine ?

- Désolée Joshua je te réveille, je rappellerais demain…

- Non, si tu m’appelles c’est qu’il y a un souci. Raconte-moi, maintenant que j’ai les yeux ouverts de toute façon…

Effectivement, sa voix semble plus éveillée, comme s’il savait que j’avais vraiment besoin de cette discussion.

- Mon père va avoir un autre enfant.

- Je vois. Et ça t’énerve ?

- Non, je suis heureuse pour eux, et puis ça sera mon frère ou ma sœur. C’est seulement que je n’ai pas envie qu’il vive la même chose que moi…quand il est parti. Tu comprends ?

- Tu ne veux pas que ton père l’abandonne… Mais Sandrine, as-tu vraiment l’impression que ton père ne t’aime pas ? Tu sais, tu as trop peur de l’avenir, laisse couler, ça ira certainement mieux.

- Je pense trop…

-Exactement. Essaie de positiver. Tiens, pense à la tenue que tu vas mettre pour l’anniversaire de Marie-Line.

Je me redresse dans mon lit, surprise : je ne lui ai pas parlé de cette fête, comment le sait-il ?

- Elle a appelé juste après que tu sois partie et m’a invité. Je suppose que tu iras avec Julien donc je m’arrangerai ne t’en fais pas.

Sauf que moi, j’ai envie qu’on y aille ensemble.

 
 
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