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Petite soeur
Par Padidu
Originales  -  Romance/Général  -  fr
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    Chapitre 14     Les chapitres     29 Reviews    
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Samedi 12 Janvier

Coucou tout le monde ! Pour ceux qui le voulait le voila ce nouveau chapitre! 

Petite annonce, c'est l'avant-dernier ! Profitez donc :D

Bonne lecture !

Samedi 12 Janvier

09h12

            - T’es sure que tu veux y aller ? Tu pourrais venir à la maison tu sais ?

Marie-Line a l’air d’être beaucoup plus nerveuse que moi. L’idée que je puisse passer un week-end dans mon ancien chez moi l’inquiète. Peut-être parce que ramasser les morceaux après sera aussi difficile pour elle que de me voir aller vers droit dans le mur avec autant de volonté.

- Ecoute, ma mère a raison, elle ne m’a pas vu depuis longtemps, et puis si je n’y vais pas maintenant, je n’en aurais peut-être jamais plus le courage.

Nous arrivons toutes les deux devant la porte de mon immeuble. Elle m’embrasse en me rappelant une nouvelle fois :

- Si quoi que se soit se passe mal, si tu te sens mal, tu n’hésite pas, tu viens à la maison, même au milieu de la nuit c’est clair ?

- Promis. Mais ça devrait aller.

Elle m’embrasse sur les deux joues, me laissant monter les escaliers seule. Arrivant devant la porte, j’hésite : est-ce que je frappe ou j’entre comme j’ai toujours eu l’habitude de le faire ? Avant c’était chez moi, aujourd’hui c’est différent. Alors je frappe deux petits coups brefs, espérant que ce sera Joshua qui viendra m’ouvrir. Parce que j’ai envie de le voir, de sauter à son cou, de gouter ses lèvres, d’oublier ce qu’il s’est passé tout en sachant que cela n’arrivera pas. Un bruit derrière la porte m’indique qu’elle va bientôt s’ouvrir et je cache ma déception lorsque Daniel m’accueille avec le sourire.

- Salut ma belle, entre, ta mère est partie acheter une tarte pour ce midi.

- Bonjour Daniel.

Il s’efface pour me laisser la place de passer, et à peine le seuil passer, l’odeur de « ma maison » me prend à la gorge.

- Dépose tes affaires dans ta chambre, je vais préparer un café pendant ce temps-là.

- Je te remercie.

Mon beau-père me suit des yeux alors que je dirige vers le couloir, mes yeux fixent une porte à côté de la mienne. Devinant mes penser, Daniel me précise :

- Il n’est pas là aujourd’hui. Son tournoi de tennis devrait prendre la journée.

 

11h34

            Des piles de vêtements sont posées sur mon lit, attendant que je prenne le temps de trier ceux que je décide de prendre avec moi chez mon père. Un bruit discret se fait entendre à la porte.

- Entre.

C’est ma mère qui me rejoint. En silence, elle vient s’asseoir sur le bord du lit qui n’est pas encore encombré par mes affaires.

- Alors tu comptes vraiment t’installer chez lui ? Tu sais si nous avons fait quelque chose de mal tu peux nous le dire ma chérie, on essaiera d’arranger les choses.

- Vous n’y êtes pour rien maman… s’il te plait arrête de croire que c’est votre faute. 

- Si tu me donnais une explication. C’est lié au fait que tu n’es pas venu voir Joshua à l’hôpital.

Mes mains lâchent le petit pull que j’avais entre les mains qui vient s’écraser mollement sur le sol de ma chambre. Ma mère le ramasse, puis me le tends. Nos yeux se croisent.

- C’est à cause de lui alors ? Tu as si mal au cœur pour fuir ta propre maison ?

- Je ne veux pas en parler avec toi maman. Tu as ta vie à reconstruire avec Daniel, et si je vivais ici, ça te serait impossible. Parce que je ne peux plus faire comme avant. Faire semblant serait trop difficile tu comprends ?

- Mais plus tard tu reviendras non ? Quand tu iras mieux… Peut-être que Joshua voudra retourner vivre avec sa mère…

- Parce que tu le laisserais retourner là-bas en sachant ce qu’il y risque ?

Question purement rhétorique car nous connaissons toutes les deux la réponse : jamais elle ne le laisserait repartir. C’est le fils de Daniel, mais plus que ça, c’est un garçon auquel elle s’est attachée, et qu’elle veut protéger.  C’est un dilemme qui se joue dans son cœur, je sais que mon retour à la maison serait un soulagement, pourtant ni elle ni moi ne souhaitons que Joshua se retrouve entre les mains de sa mère. La seule chose que je puisse lui offrir pour la soutenir, c’est de la prendre dans mes bras, et c’est ce que je fais, lui murmurant des paroles qui j’espère lui font du bien :

- Je t’aime maman.

- Moi aussi ma puce, moi aussi. Allez viens, on va faire le repas. Ce soir, nous irons au restaurant, Joshua nous y rejoindra plus tard.

 

14h34

            J’ai fini une bonne partie de mes bagages après le repas. Vu le nombre de sacs et cartons en tout genre, ma mère m’a dit qu’elle me raccompagnerait en voiture demain. Elle m’a aussi dit vouloir rencontrer mon père et Lucie : «  Tu sais, tu vis avec eux maintenant, alors je veux m’assurer que tout ira bien, au moins jusqu’à ce que  tu te décides à revenir à la maison. »

            Sur mon bureau, j’ai empilé des livres, des cahiers qu’il me faut encore trier : je pourrais laisser ici mes anciens cahiers de cours, ainsi que les vieux dessins qui datent de la période ou j’étais convaincue de pouvoir devenir une artiste. Décidée à finir la tache de rangement-emballage-déménagement en un week-end, je me force à prendre le premier ouvrage de la pile pour commencer : un roman commencé avant de partir de la maison. Je l’ouvre et relis le dernier paragraphe que la page dont j’ai corné le coin. En fait, il me faudra le relire en entier, je ne me souviens de rien…

            Je trie comme ça pendant 10minutes, souriant devant des notes de cours où Rose à fait des dessins ou écris des petits mots. Et puis j’arrive au bout, me yeux se portant sur l’unique chose dont je ne sais pas quoi faire encore : une boite dans laquelle j’ai mis tout ce qui me rattachait à lui. En l’ouvrant, je trouve l’écrin de mon bracelet que je n’ai plus porté depuis le jour où je suis parti chez mon père, des tickets de visites pour différents musées, des tickets de cinéma, de patinoire. Au fond, j’aperçois les nuages de l’album qu’il m’a offert. Je résiste à l’envie de l’ouvrir pour apercevoir son sourire encore une fois, ça fait tellement longtemps que je ne l’ai pas vu, que je n’ai pas senti son parfum qui se fait plus doux au niveau de la peau tendre de son cou… J’approfondie ma respiration pour faire disparaitre la boule qui vient de naitre dans ma gorge.

            Aujourd’hui j’ai décidé de tout ranger, et je crois bien que ce qui se trouve dans ce carton ne trouve plus sa place dans ma chambre. Résolue, je prends l’objet indésirable pour le sortir de la pièce. Dans le couloir, je croise ma mère qui passe avec un panier de linge à repasser. Elle s’arrête en voyant que vers où je me dirige :

- Qu’est ce que tu fais ?

Je lui explique en ouvrant la porte de chambre de mon ex-petit-ami :

- J’ai des affaires à rendre à Joshua.

J’entre dans la pièce qui appartient à mon ancien petit ami et décide de déposer vite le carton sur son lit : autant ne pas m’attarder : je suis décider à tourner la page, pas à me faire du mal sans aucune raison. Dans le coin de la pièce, la cage de Lex est vide : peut-être que Joshua l’a emmené avec lui aujourd’hui. C’est dommage, j’aurais aimé pouvoir jouer un peu avec le petit rongeur.

            Une fois mon fardeau déposé sur la couette bleue, mes pas me ramènent vers la porte alors que mon regard s’attarde sur un pull blanc posé sur la chaise de son bureau. Ma curiosité me pousse à vérifier si c’est bien celui que j’ai laissé dans ma chambre quand je suis partie. Me détournant de mon but premier, je viens jusqu’au bureau et pose la main sur le sweat. C’est bien le même que celui que j’aimais tant porter pour avoir l’impression d’être dans ses bras. Mes mains tremblent en le soulevant pour le porter à mon visage, le tissu venant éponger des larmes que je ne parviens plus à retenir. Etrange, c’est mon parfum que je sens dans les fibres de coton.

 

20h32

            Daniel, ma mère et moi arrivons au restaurant. Je remarque avec soulagement qu’ils ont choisi un petit restaurant sans prétention qui fait grill : mon jean et mon pull beige à col roulé n’y feront pas mal placé. A côté de ma mère dans sa jolie robe blanche à la coupe droite et de Daniel avec son chandail noir sur un pantalon à pince, je ne parais pas vraiment à ma place, mais ils voulaient vraiment que je vienne ce soir.

            Moi, j’aurais préféré rester dans mon ancien chez moi, profiter de la chaleur de la chambre que j’ai aménagé selon mes gouts, de l’odeur des draps que ma mère à lavé, de mes livres et les objets qui me sont chers et que pourtant je devrais laisser derrière moi demain. Pourtant, je peux comprendre que ma mère tienne à marquer ma venue parmi eux. Et puis il était trop tard pour annuler : Joshua devait nous rejoindre là-bas.

            L’un des serveurs nous installe à une table au fond, je me glisse sur une banquette de cuir rouge tandis que mes proches s’asseyent sur les chaises en face de moi. Nous sommes dans un petit box assez intime, qui nous isole du reste de la salle.

- Tu veux prendre quoi ma chérie ? me demande ma mère. Quand on est venu ici la dernière fois, j’ai essayé la brochette de bœuf, c’était excellent.

Comment lui expliquer que je n’ai pas vraiment très faim sans l’inquiéter ? Mes yeux se portent sur la carte pour trouver une solution qui me parait plausible.

- La salade laitue-lardon a l’air pas mal.

- Ah oui, mais c’est un plat froid ma chérie, avec la température qu’il fait…

- Laisse là donc tranquille, l’interromps son amoureux. Ce n’est plus une petite fille tu sais.

- Oui mais ça reste ma fille ! Et puis, tu es pareil avec Joshua.

- Mère poule !

- Papa ours !

Ils ne se rendent même pas compte que je les regarde éberluée avant d’exploser franchement de rire.

- Je crois que ta fille se moque de nous…

- Puis-je prendre votre commande ? demande le serveur en s’approchant de notre table.

- Et moi je crois que ton fils est en retard, commente ma mère en chuchotant avant de se tourner vers l’employé avec un grand sourire. Alors pour moi ça sera…

 

20h53

            Avec dépit, je regarde mon verre d’apéritif vide : je n’ai même pas senti la vodka de mon blue lagoon… En plus, ils ne nous ont toujours pas servi nos plats : vingt minutes pour une salade, à croire qu’ils sont allés planter la salade et qu’ils attendent qu’elle pousse. Je crois bien que j’ai l’alcool mauvais moi. Si seulement Joshua avait pu arriver plus tôt : ça m’aurait évité de stresser à l’idée de le revoir, de boire trop vite mon verre et de me sentir un peu déboussolé maintenant. Je ne sais plus si j’ai envie de le voir, ou celui de le fuir. Etre face à face avec lui mettrait fin à cette situation si douloureuse qui m’empêche de vivre normalement mais cela serait aussi tourner la page sur une période de ma vie à laquelle je tiens.

- Tiens, voila les plats ! annonce Daniel.

Les assiettes à peine posées sur la table, nous prenons nos couverts pour commencer à manger.

- Bon appétit ! nous souhaite une voix qui me fait lâcher mon couteau et ma fourchette. Mes yeux se tournent vers l’arrivant : Joshua est toujours aussi beau, même s’il a changé : je le trouve plus maigre avant, son teint plus pale et puis il a coupé ses magnifiques mèches blondes qui maintenant lui arrive à peine à la base du cou. Il ne porte pas l’un de ses habituels sweat à capuche, remplacé par une chemise blanche cintrée et un jean qui lui donne un air sophistiqué que je ne lui connaissais que peu. Il s’avance vers notre table et avec un pincement au cœur, je remarque une fine cicatrice qui s’étend de sa tempe droite à sa mâchoire. C’est à peine perceptible, mais pour quelqu’un qui l’a tellement observé, cela saute aux yeux.

- Désolé du retard, nous avons du passer nous changer avant de venir, la journée a été assez fatigante.

Il a dit nous ? Avec surprise, je remarque enfin la personne qui l’accompagne : Eva, la jolie rousse du club de tennis. Elle est tellement mignonne dans sa robe verte que je n’ai qu’une seule envie, me fondre sous la table pour n’en sortir que Dimanche soir et rentrer chez moi.

- Papa, Eve, je vous présente Eva. Sandrine, tu l’as connais déjà je pense.

Le sourire qu’il m’adresse me glace le sang. Nos parents semblent ne pas savoir quoi dire et je sens ma mère couler un regard vers moi. Je n’ai pas envie de gâcher la soirée de tout le monde et encore moins de paraitre touché par ce qu’il se passe. Alors, avec une décontraction dont je ne me serais pas cru capable, je me décale pour laisser assez de place sur la banquette pour trois.

- Installez-vous.

 

22h47

            La porte de ma chambre claque doucement, provoquant à peine un frémissement dans le mur. De toute façon, ça n’aurais déranger personne puisque Joshua n’est pas dans la chambre voisine. Il a décidé de raccompagner Eva chez elle. La délicieuse nouvelle petite amie de mon « frère » a fait fureur. Je crois bien que Daniel et ma mère l’ont accepté, peut être avec une pointe de culpabilité au vu des regards qu’ils m’ont lancé pendant le repas et que j’ai du ignorer. D’ailleurs, j’ai même embrassé Eva sur les joues avant de partir, je crois bien que je me dégoute par mon hypocrisie. Mon estomac se retourne une nouvelle fois, me donnant la nausée. C’est sans doute parce que je me suis forcée à manger… Il doit y avoir des médicaments pour ça dans la salle de bain. J’attrape mon pyjama pour aller me doucher et me changer.

            Dans la petite armoire a pharmacie au dessus du lavabo, je trouve mon bonheur que j’avale sans même prendre la peine de boire de l’eau. Sur l’étagère, je trouve un verre contenant les brosses à dent de toute la famille, la mienne y compris : je l’avais oublié la dernière fois. Sans vraiment comprendre pourquoi, la vue de ces objets si familiers me laisse un gout amer dans la bouche. Peut-être est-ce juste un reste des médicaments avalés. Pourtant, après un brossage avec du dentifrice à la fraise pour enfant que j’adore, je n’ai pas l’impression que cela ait changée. En fait, c’est tout mon corps qu’il faudrait passer au dentifrice à la fraise je crois.

            Je sais qu’il est tard, mais au diable l’heure, j’ouvre en grand les deux robinets de la baignoire, renverse la moitié d’un flacon de bain moussant avant de me déshabiller. L’eau est trop chaude quand je m’immerge, mais ce n’est pas plus mal, je vais pouvoir y rester un moment avant qu’elle ne soit complètement froide.  

            J’attrape le gant que j’ai pris dans le casier sous le lavabo pour me frotter énergiquement la peau, qui rougit sous le mauvais traitement. Je frotte tellement que les jointures de mes mains blanchissent, que j’ai mal aux doigts et que les larmes coulent le long de mes joues. La rage me fait serrer les dents, puis un spasme me secoue, suivi d’un autre, début des sanglots incontrôlés qui me secouent.

            On frappe un coup à la porte de la salle de bain me faisant sursauter :

- Sandrine, j’aimerais avoir la salle de bain s’il te plait.

Comment peut-il me parler aussi normalement après la soirée qu’il m’a fait vivre ? Planquant mes mains sur ma bouche pour retenir un hoquet qui lui aurait indiqué mon état, j’essaie de me convaincre mentalement de me calmer.

- Sandrine ? Tout va bien là-dedans ?  

Il essaie d’entrer mais j’ai fermé à clé.

- Laisse-moi ! je crie en essayant de ne laisser ma voix trembler.

- Préviens-moi quand tu libères les lieux…

Et toi penses à m’avertir quand tu cesseras de me faire du mal.

 

 23h12

            La peau de mes mains est toute fripée quand je sors de la salle de bain, emmitouflée dans mon gros pyjama en tissu épais bleu. Me calmer m’a pris du temps, j’espère pouvoir afficher un visage presque serein pourtant je sais que mes yeux sont rouges : ils sont trop douloureux et irrités. Mais ça ne m’empêchera pas d’aller frapper à la porte de mon « frère » pour lui indiquer que la salle de bain est libre. Je sais c’est stupide, je vais le regretter, cependant, j’ai envie de lui prouver que ça ne me touche pas, que rien de ce qu’il fera de m’atteindra.

            Je frappe deux coups à la porte.

- Oui ?

En passant la tête dans l’entrebâillement que j’ai créé, je lui annonce :

- La salle de bain est libre.

- Il était temps, je suis fatigué et je ne pouvais pas me coucher sans me doucher.

Mon interlocuteur s’étire puis se lève du lit au pied duquel il a posé négligemment le carton que j’avais laissé. Son contenu ne doit pas vraiment l’intéresser pour qu’il le laisse comme ça par terre, là où il peut-être abîmé. Un instant, je regrette de lui avoir rendu tous ces objets qui comptaient autant pour moi et si peu pour lui. J’ai l’impression de ne plus le reconnaître, c’est étrange et déstabilisant : tout en lui a changé, sa façon de me parler, de bouger, d’être en fait.

- Tu vas continuer à m’observer longtemps comme ça ?

Interdite, je me rends compte que je suis restée sur le pas de la porte, les yeux fixés sur Joshua.

- Désolée…

Je détourne le regard qui se pose sur le sweat à capuche blanc, comme une révélation, l’absence de quelqu’un m’interpelle.

- Où est Lex ?

- Il commençait à se faire vieux… Mais au moins il est resté près de moi jusqu’à la fin.

Le reproche implicite dans cette phrase me coupe le souffle. Sa mauvaise foi m’énerve instantanément :

- Je serais resté près de toi si tu l’avais voulu !

Le bruit de la porte qui claque a du réveiller mes parents. J’en ai rien à faire, vu l’état dans lequel je suis, je peux bien faire s’effondrer l’immeuble que ça ne m’atteindrait pas.

 

23h21

            Assise sur mon lit, la tête posé sur mes genoux repliés, je laisse ma rage s’estomper. J’inspire doucement, me rendant compte que plus jamais je ne verrais le petit rongeur qui m’a tant faire rire, j’expire pour évacuer cette brusque haine contre celui qui brusquement ouvre la porte de ma chambre pour me demander d’un ton rageur :

- Qu’est ce que ça veut dire ?

- Sors de ma chambre !

Ce n’est pas une demande, c’est un ordre. Tout mon corps tremble de l’envie de lui faire du mal, de le blesser comme il m’a fait du mal.  

- Sinon quoi ?

Je redresse la tête pour le voir, magnifique dans sa colère, me fixer d’un regard hautain.

- Tu vas partir encore une fois ? Je ne pense pas non. Aujourd’hui, je bloque la porte.

De colère, j’attrape mon oreiller pour le lui lancer à la figure.

- Je t’ai dit de sortir ! Est-ce que tu as changé au point de ne plus comprendre ce que je te demande ?

- Non, j’ai juste appris à ne pas te croire ! Tu disais que nous serions ensemble et à la première difficulté tu es partie ! Lâche !

A cours de mots et de patience, je m’effondre sur mon lit, impuissante devant celui qui continue à ouvrir des brèches douloureuses dans mon âme. Je ne lui ferais pas le plaisir de verser des larmes devant lui, alors je reste silencieuse, la tête obstinément baissée, peut-être que ça le forcera à me laisser tranquille. Au lieu de ça, il s’approche, puis vient s’asseoir en face de moi. Ses doigts touchent mon menton pour me forcer à le relever pour me sonder de ses iris verts. J’essaie de me libérer ce qui le force à venir placer ses mains de part et d’autre de mon visage.

- Pourquoi ?

C’est sa seule question et j’y réponds presque automatiquement :

- Parce que tu l’as voulu.

- Je t’ai appelé tous les jours de l’hôpital avec le portable de ta mère, aucune réponse. Tu ne venais pas… et moi je t’attendais tous les jours Sandrine ! J’en suis venu à me demander si je n’ai pas laissé une partie de ma mémoire dans cet accident et que j’avais oublié notre rupture ! Bon sang pourquoi m’avoir fait ça ?  Quand je suis sorti, je me suis inventé des prétextes m’expliquant ton absence, et puis quand je suis arrivé à la maison, et que j’ai compris que tu étais partie… Et tu penses sincèrement que je voulais te voir partir ?

- Alors pourquoi …

Je m’interromps, comprenant soudain une évidence qui aurait du me sauter aux yeux bien plus tôt : depuis le début cette femme n’a fait que me mentir. Et moi, j’y ai cru. J’étais convaincu qu’il ne voulait plus de notre relation.

- Pourquoi quoi ?

C’est sans aucun remord que je lui mens :

- Rien. C’est fini Joshua. Tu as tourné la page, Eva est une fille magnifique qui te convient parfaitement. Et maintenant que je vis chez mon père, c’est une libération.

- C’est vraiment ce que tu penses ?

J’acquiesce de la tête et il me relâche. Sans un mot de plus, il sort de ma chambre. Sans doute est-ce la meilleure solution. Comment le prendrait-il si jamais il apprenait que sa mère a une fois de plus dépassé les limites ? Mieux vaut qu’il ne sache rien, cela le blesserait et je ne veux pas qu’il revienne vers moi par pitié. Eva est jolie, ils étaient adorable ensemble. Peut-être qu’un jour je pourrais le revoir sans ressentir la culpabilité d’avoir gâché notre relation, parce que je ne lui faisais pas confiance.

 
 
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