Rei Rei claqua la porte de sa chambre en fulminant. Hiroki qui lui piquait une crise de jalousie, Keiko qui devenait hystérique à chaque fois qu'elle le voyait et maintenant Lucas et Shizuka, ils s'étaient tous donné le mot pour le faire chier ou quoi ? Le Nippon donna un violent coup de pied dans son lit. « Je ne parle pas de ça ! » avait dit le petit Lu... Rei massa son gros orteil – shooter dans un meuble lorsqu'on n'a pas de chaussure n'est jamais sans douleur... – tout en repensant à cette dernière conversation. Ce môme lui cachait quelque chose... - MERDE ! Il avait par-dessus tout horreur de ne pas « être dans le coup », de ne rien savoir et de se sentir hors-jeu, impuissant. Il questionnerait encore Lucas ce soir et l'obligerait à tout lui révéler, qu'il le veuille ou non... - Il mange pas, Lucas ? Demanda Rei, un tantinet agacé lorsqu'il s'aperçut que la place du Français était vide. - Il se repose dans sa chambre. Ça n'aurait probablement pas été le cas si un gorille mal léché n'est pas venu le brutaliser tout à l'heure... rétorqua Shizuka d'un air sévère. Rei se tortilla sur sa chaise nonchalamment. Un gorille mal léché, lui ? Et puis quoi encore ? - Il n'a rien dit ? - Que voulais-tu qu'il me dise ? Que mon fils s'est comporté d'une manière stupide, encore une fois ? Il n'a pas besoin de me le dire, je le sais déjà. Dans ton cas, la stupidité doit être héréditaire, ton père n'était pas mieux. Rei se pinça les lèvres. Pour que sa mère évoque son père, elle devait vraiment être en rogne. Dans ce cas, il valait mieux attendre que l'orage passe. Le repas se termina en silence et le jeune Nippon ne reparla plus de Lucas. Il ferait une nouvelle tentative après le dîner (souper pour les belges ^3^ - et les nordistes ;) ). Sauf qu'après le repas, Shizuka ne lâcha pas Rei d'une semelle. - C'est bon M'man, je sais prendre ma douche tout seul. - Je te surveille, bonhomme, si jamais tu t'avises de te tromper de porte en sortant de la salle de bain, tu auras affaire à moi ! Zut, elle avait deviné. - C'est bon, j'embêterai plus Lulu aujourd'hui... Grave comme tu peux être mère poule avec lui ! T'as jamais été comme ça avec moi ! Shizuka haussa les épaules et Rei dut reporter toute tentative jusqu'au lendemain. Malheureusement, le lendemain ne fut pas mieux : Lucas avait de la fièvre et Shizuka, en véritable Cerbère, gardait la porte de sa chambre mieux que personne. Le jeune Japonais alla donc au lycée avec pour seule compagnie son amertume. Depuis qu'il avait mis son plan « anti-Keiko » a exécution, tout allait de travers. Il avait la désagréable impression que tout lui échappait et son impuissance le faisait rager. Les cours se déroulèrent avec une lenteur exaspérante, ce qui n'arrangeait en rien l'humeur déjà exécrable de Rei qui accueillit la sonnerie de la pose de midi avec un soupir de soulagement. Il quitta la classe d'un pas rapide et se fraya un passage parmi la foule grouillante d'élèves qui obstruaient le couloir. Perdu dans ses pensées, il buta soudain contre un professeur. - Sasagawa ! Vous tombez à pic, je vous cherchais. Rei revint à la réalité et observa l'homme en face de lui. Nanahara-sensei était le seul professeur qui, malgré son jeune âge, parvenait à garder son autorité en toute circonstance. Rei ne l'aimait pas vraiment, mais cette aura d'aisance et de puissance qui entourait cet homme ne pouvait le laisser indifférent et forçait le respect. - Nanahara-sensei ? Que puis-je faire pour vous ? - Votre... frère est-il malade ? Je ne l'ai pas vu aujourd'hui. Le jeune Nippon se rembrunit à l'évocation de Lucas. - En effet, il avait de la fièvre ce matin. Pourquoi ? - Il a oublié ses affaires dans mon bureau, jeudi passé. L'intérêt de Rei s'accrut soudainement. - Jeudi ? Il s'est passé quelque chose ? Nanahara-sensei serra les lèvres et observa l'élève d'un oeil inquisiteur. Ou cherchait-il simplement à se remémorer leur entrevue de jeudi passé ? Rei ne le quitta pas des yeux. - Maintenant que vous me le dites, il n'avait pas l'air dans son assiette... - Je vois. Ce n'est pas grave. Je passerai prendre ses affaires après le cours. Merci de m'avoir prévenu. Rei rentra chez lui après avoir récupéré préalablement le sac de Lucas. Un sourire calculateur se dessina sur ses lèvres. Il avait maintenant une bonne raison pour voir le petit Lu, Shizuka ne pourrait plus rien lui dire. Le Nippon inséra la clé dans la serrure et pénétra chez lui. L'intérieur était calme, personne en vue. Il se dirigea vers la cuisine où il aperçut sur la table, une assiette d'onigiris (boulettes de riz) intacte accompagné d'un petit mot écrit par Shizuka. Toujours aucune trace de Lulu, était-il dans sa chambre ? Rei monta les escaliers en silence. Frapper ? Ne pas frapper ? C'est ce que se demanda Rei devant la porte close de la chambre de Lucas. Le Nippon soupira d'agacement. Depuis quand s'encombrait-il de ce genre de civilités ? Rei ouvrit la porte et passa sa tête à l'intérieur de la pièce. Le lit, défait, était vide, de même que la chambre. Lucas n'était pas là ? Il entra sans plus de manières et observa la pièce tout autour de lui. Depuis l'arrivée au Japon de Lucas, ce dernier n'avait pas vraiment laissé son emprunte dans cette chambre. Mis à part les quelques vêtements qui traînaient çà et là, la pièce était bien rangée, les murs immaculés... Son attention fut soudain attiré par un papier posé sur la table de nuit. Rei s'en approcha et attrapa la feuille composée de mini-photos certainement prises dans un purikura. Le Nippon y découvrit un Lucas qu'il ne connaissait pas, rieur, joyeux, plein de vie... Il n'était jamais comme ça avec lui et le coeur de Rei en eut un pincement de jalousie. La personne qui accompagnait le petit Lu lui était inconnue même si cette tête lui paraissait familière. Où l'avait-il déjà vue ? Rei se mit à trifouiller dans sa mémoire tandis qu'il jaugeait le jeune homme d'un oeil sceptique. Beau à n'en pas douter, traits fins, typiquement japonais, un sourire éclatant et des yeux... - Rei ? amoureux. - Qu'est-ce que tu fous dans ma chambre ? Le Nippon se retourna vers le Français et montra les photos qu'il avait en main. - C'est lui, Kyo ? Les yeux de Lucas s'élargirent tandis qu'il rejoignait Rei en quelques enjambées. - Rends-moi ça ! Fit-il en tentant d'arracher les photos des mains du Japonais. - C'est lui ? - Oui ! Maintenant rends-les moi ! Répéta-t-il en arrachant le papier des mains de Rei. Le Nippon n'y prêta pas attention, la tête du jeune inconnu envahissait toujours ses pensées. Où donc avait-il bien pu le voir ? - Sors de ma chambre. - Merci pour l'accueil, moi qui était gentiment venu rapporter les affaires que t'avais oubliées dans le bureau de Nanahara-sensei... Le visage de Lucas pâlit subitement. - Nanahara-sensei ? Répéta-t-il d'une voix faible, à demie étranglée. Tu l'as vu ? - Ouais... pourquoi ? - Il a dit quelque chose ? Il y avait un problème, Rei le remarqua tout de suite. Que s'était-il passé entre ces deux-là ? - Pas vraiment... il avait l'air de s'inquiéter pour ta santé. Lucas hocha la tête doucement mais ne paraissait pas à l'aise pour autant. - Quoi, t'as des problèmes en math ? T'as foiré ton dernier test ? Demanda Rei, moqueur. Lucas lui jeta un regard noir. - Si c'est tout ce que tu avais à faire, tu peux t'en aller. Merci pour mon sac. Le Français poussa Rei hors de sa chambre et ferma la porte derrière lui. Ce n'est qu'à ce moment-là qu'un flash éclaira l'esprit du Nippon : Kyo, Kyôichi Sôma. Lucas Je claquai la porte derrière Rei et me laissai glisser jusqu'au sol. Nanahara-sensei, un cauchemar que j'aurais bien voulu oublier… Je me levai le lendemain matin avec un moral dans les chaussettes et les pieds lourds d’appréhension. Shizuka s’inquiéta de mon manque d’appétit qu’elle mit sous le compte de ma récente convalescence. Mon seul rayon de soleil dans cette journée fut le rendez-vous que me donna Kyo à l’entrepôt après le cours. La journée se passa d’une lenteur exagérée. Je niai Keiko du mieux que je pouvais alors qu’elle n’arrêtait pas de me jeter des regards furibonds sans que je sache pourquoi. Je n’avais pas cours de math ce mardi, une chance, mais cela ne m’empêcha pas de voir Nanahara-sensei dans un couloir. - Tiens, tiens… mais voici le jeune Chevalier, me dit-il en m’affichant un sourire rayonnant. Je me mordis la lèvre tout en poursuivant mon chemin. Lorsque j’arrivai à sa hauteur, mon professeur de mathématiques se pencha vers moi. - Je suis ravi de voir que votre santé va mieux, me souffla-t-il à l’oreille. Je m’écartai brusquement tandis qu’il riait silencieusement. Mes bras avaient la chair de poule et je redoutai déjà demain et les deux heures de math qui m’attendaient. Je me rendis à l’entrepôt directement après les cours. Kyo m’avais annoncé que plusieurs membres de sa « bande » seraient là et, même si je ne me faisais pas une joie de revoir Aoki ou Dai, j’avais hâte de passer du temps avec Kyo. Pourquoi donc n’était-ce pas lui, le fils de Shizuka ? Je m’entendais tellement mieux avec ce chef de gang plutôt que le crétin qui logeait à côté de ma chambre ! Kyo m’accueillit tout sourire, comme à son habitude et, à mon étonnement, Aoki en personne vint de lui-même s’excuser pour ce qu’il m’avait fait. - C’est un crétin fini, conclut Dai en tapant sur le crâne de son ami. - Hé ! Je te signale que tu n’étais pas innocent non plus dans l’affaire. - C’est ça, rétorqua le jeune homme, rejette la faute sur quelqu’un d’autre, t’auras l’air encore plus débile. Je les regardai se chamailler quelques temps puis sourit. Ils faisaient une drôle de paire, ces deux-là. - Comment s’est passé ta journée ? demanda Kyo en m’arrachant à la contemplation des deux grands gamins qui commençaient à en venir aux mains. - Plutôt pas mal… Je n’avais pas cours de math, ajoutai-je en un murmure. - Je vois… T’inquiète pas, tout va s’arranger, j’te l’promets, ajouta-t-il en m’ébouriffant les cheveux. Hiroki Une fois les cours terminés, Hiroki ne traina pas un seul instant. La classe 2-5 où se trouvait le fameux Lucas Chevalier était au troisième étage à l’autre bout du bâtiment. Il n’y avait pas de temps à perdre. Se frayant un passage parmi la foule d’élèves grouillante, il atteignit enfin le local recherché. D’un coup d’œil, il sut que Lucas n’y était déjà plus. Tous les élèves restant ressemblaient à de parfaits Japonais… à moins que Lucas ne soit Français que de nationalité et qu’il ait des origines nipponnes ? Il aborda une jeune fille qui sortait de la classe pour en avoir le cœur net. - Salut, tu pourrais m’aider ? Je cherche Lucas, Lucas Chevalier… - Connais pas, répondit-elle sèchement en poursuivant son chemin. - Attends ! fit Hiroki en la rattrapant par le bras. Il est dans cette classe, tu dois forcément le connaître. La jeune fille soupira et regarda Hiroki dans les yeux. - Qu’est-ce que tu lui veux ? - ça me regarde. - Sérieux, t’es plutôt beau gosse, t’abaisse pas à fréquenter un mec comme lui. - Tu ne l’aimes pas ? demanda Hiroki, curieux. - J’ai l’air de l’aimer ? Si t’es un de ses potes, va pourrir en enfer… - Non, pas du tout, je crois qu’on est plutôt du même côté. - Vraiment ? La jeune fille observa Hiroki d’un œil intrigué. - Tu t’appelles ? - Hiroki.Satou - Moi c’est Keiko, Keiko Mimura. Lucas Le mercredi commençait d’emblée par deux heures de mathématiques. Je ne pus rien avaler non plus ce matin-là mais j’emportais tout de même deux pains melons pour éviter que Shizuka ne se fasse un sang d’encre. J’envisageai sérieusement de sécher ces deux heures mais cette fuite ne pourrait pas durer éternellement, je devrais de toute manière affronter ce pervers un jour où l’autre alors… Je poussai la porte de la classe avec un soupire. Mes yeux tombèrent malencontreusement sur Keiko qui m’accorda un étrange sourire mais je me forçai à l’ignorer au mieux. Je ne lui avais pas pardonné son infidélité. Nanahara-sensei entra dès que la cloche annonça le début du cours et, durant ces deux heures de supplice, il me gratifia de regards appuyés et éloquents qui ne disaient qu’une chose : je veux te manger. J’accueillis la fin du cours de math avec un soulagement sans borne qui fut de bien courte durée… - Chevalier, vous passerez à mon bureau après les cours, il ne faudrait pas accumuler du retard à cause de votre récente absence. Les mathématiques en particulier demandent un travail continu et régulier, vous devez vous rattraper, déclara Nanahara-sensei à la fin du cours avec un sourire carnassier. Mon corps fut parcouru d’un frisson. - N’oubliez pas, Chevalier, je ne tolèrerai aucune excuse, ajouta le professeur avant de quitter la classe. Je déglutis péniblement. J’étais pris au piège… Il fallait que je trouve un plan, et vite. Je cogitai durant l’heure d’histoire et celle d’anglais sans écouter mes professeurs lorsque soudain, j’eus une idée. Il allait juste me falloir un petit peu d’aide… À la fin des cours, je me ruai sur un élève de ma classe pour l’intercepter avant qu’il ne s’en aille. - Mishima ! J’aurais besoin que tu me rendes un petit service. Takeo Mishima était un de mes camarades de classe. Certes on n’était pas réellement ami, auparavant, je passais la plupart de mon temps en compagnie de Keiko – stupide erreur – et je ne m’étais jamais vraiment intéressé aux autres garçons de ma classe, mais je lui avais parlé quelques fois et il s’était toujours montré sympa avec moi. C’était quelqu’un de confiance et je savais que je pouvais compter sur lui. Je lui expliquai ma demande et il accepta sans me poser de questions malgré la curiosité évidente qui brillait dans ses yeux. Je ne le connaissais pas assez pour m’épancher sur mes raisons et Takeo le comprit rapidement. Je lui en fus deux fois plus reconnaissant de garder le silence et de respecter mon choix de ne rien lui dire. Ce petit détail réglé, je me dirigeai en trainant les pieds vers le bureau de Nanahara-sensei malgré l’irrépressible envie de m’enfuir à toutes jambes. Tout irait bien, j’avais pris une assurance. Takeo Mishima ne me laisserait pas tomber… du moins, c’est ce dont j’essayais de me persuader. Je m’arrêtai devant la porte du bureau où m’attendait certainement mon professeur de math en compagnie de la fouine et autres animaux empaillés. Rien qu’à leur souvenir, je frissonnai. Ces bestioles mortes ressemblaient à des trophées de chasse… et savoir que j’étais sa prochaine proie ne me rassurait pas du tout. Je levai la main et m’apprêtai à frapper lorsque le doute m’empoigna l’estomac. Et si mon plan ne marchait pas ? Et si Takeo avait changé d’avis ? Et si… Mon cœur s’accéléra. Il fallait que je m’en aille, vite. Tant pis pour les représailles, je n’avais aucune envie de me jeter dans la gueule du loup. Mes jambes firent un pas en arrière, mon regard se porta vers le couloir désert… Où était Takeo ? Mes angoisses furent brutalement interrompues par le bruit d’une porte qui coulisse, tout près de moi, beaucoup trop près. Une main s’abattit sur mon épaule. - Chevalier, parfait, je vous attendais, fit une voix qui me glaça les entrailles. Je déglutis péniblement. - Vous ne comptiez pas me fausser compagnie, j’espère, poursuivit la voix dans un souffle qui me chatouilla l’oreille. La main plantait si fort ses griffes dans mon épaule que j’avais mal à en pleurer. Mais je ne m’autorisai pas cette faiblesse. Après une profonde inspiration, je tournai la tête vers mon professeur de mathématiques et plongeai mon regard dans ses yeux d’un noir d’encre. - Vous désiriez me voir, professeur ? - En effet, veuillez entrer, je vous prie, me répondit-il avec un sourire carnassier en m’entrainant de force vers l’intérieur de la pièce. Le claquement de la porte derrière moi retentit comme le glas d’une mort certaine. Les jeux étaient faits. Nanahara-sensei La main sur l’épaule de Lucas, Kensuke Nanahara jubilait. Il avait dû attendre quatre jours pour enfin avoir cette opportunité. Quatre longues journées où son esprit en ébullition n’avait cessé d’imaginer son prochain tête-à-tête avec le jeune Français. L’attente avait été difficile, pourtant Kensuke Nanahara n’était pas du genre impatient… et ce n’était certainement pas la première fois qu’il mettait le grappin sur l’un de ses élèves. Mais Lucas Chevalier était différent. Le jeune professeur se souvenait de ses premières « victimes », il avait commencé par des filles, mignonnes, dociles… trop dociles au goût de Kensuke qui s’en laissait rapidement. La dernière fille en date remontait au début de l’année précédente, il ne l’avait gardée que quelques jours et s’en était rapidement désintéressé. Cela avait été trop facile de la mettre à ses pieds et une fois qu’il l’avait jeté, cette gamine s’était montrée beaucoup trop bruyante et collante au possible. Une véritable plaie. Quelques jours plus tard, un jeune homme attira son attention. Timide, un peu efféminé, d’apparence fragile… tout son être avait charmé Kensuke qui décida alors de changer de gibier. Les garçons ? Pourquoi pas ! Certes, ces bêtes étaient plus coriaces. Personne n’échappe aux conventions sociales et même si les gays sont de mieux en mieux acceptés de nos jours, au Japon, le sujet reste tabou dans la plupart des milieux. Nanahara-sensei avait donc dû ruser, user de stratagèmes et de délicatesse, utilisant parfois la force, afin d’obtenir ce qu’il désirait… et il obtenait toujours. Lucas ne ferait donc pas exception. Kensuke Nanahara referma la porte d’un claquement sec et prit soin de la verrouiller. Il n’avait aucune envie que sa proie s’enfuie une fois de plus. S’approchant de son élève par derrière, il enroula ses bras autour du frêle corps qui était désormais à son entière disposition… ou presque. - Sensei ! protesta le jeune homme d’une voix mal assurée. D’un geste mesuré, Kensuke Nanahara approcha son visage du cou de Lucas et en huma le parfum tout en resserrant son étreinte. - Je pensais que nous allions parler de mathématiques… tenta une nouvelle fois le jeune Français. Ce dernier commençait à flancher. Sa voix n’était plus qu’un murmure, tout son corps tremblait… Même si son esprit se refusait à accepter la présence du professeur, son corps avait déjà abandonné. À voir ainsi son élève perdre les moyens, Nanahara-sensei exultait. Le pauvre garçon était tellement pathétique qu’il en devenait presque attendrissant… ce qui réveillait violemment la personnalité perverse et malsaine de Kensuke Nanahara. « Patience » se contraignit-il mentalement. Il avait tout le temps de savourer sa prise, inutile de se précipiter, ça gâcherait tout le plaisir. - Ne sois pas stupide, ce n’est certainement pas les math que je vais t’enseigner aujourd’hui… mais tu le sais, non ? En venant ici, tu l’avais déjà accepté… souffla le professeur en glissant une main salace sous l’uniforme de son élève. Kensuke soupira d’extase. Cette chair si tendre, cette peau si douce… Lucas n’entretenait visiblement pas son corps, gardant ainsi la grâce et l’innocence d’un jeune enfant. La crème des crèmes, le tabou le plus succulent… - Sensei ! Arrêtez ! … et le plus épicé. Même si Lucas gardait un corps enfantin, son caractère était déjà celui d’un adolescent au caractère bien trempé… que le professeur prendrait un malin plaisir à briser rapidement. - Vous n’avez pas le droit ! s’exclama l’étudiant en tentant vainement de se dégager. - Erreur, souffla son professeur en gardant son calme, j’ai tous les droits. - C’est du harcèlement ! - Exact, riposta l’homme tandis qu’un sourire pervers se dessinait sur ses lèvres. Mais que peux-tu y faire ? - Je vous dénoncerai ! - Vraiment ? interrogea perfidement Nanahara-sensei en glissant sa langue le long du cou de sa victime. - Vous serez renvoyé ! - ça, vois-tu, j’en doute fort… Mon beau-père ne le permettra jamais. Si Kensuke n’avait jamais approuvé le remariage de sa mère ni aimé son nouveau mari, ce vieux crouton bedonnant toujours souriant lui était bien utile. Jouer le fils modèle devant sa mère et faire semblant d’accepter cet homme ventripotent était un prix bien mince à payer pour toutes les libertés qu’il obtenait dans cette école… Nanahara sentit la respiration de sa proie s’accélérer. Lucas devait certainement comprendre qu’il n’avait aucun moyen de s’échapper, aucun refuge où aller. Dans cette école, Kensuke avait tous les droits et personne ne viendrait se mettre en travers de sa route. - J’irai voir la police ! Vous ne vous en sortirez pas comme ça ! Le rire de Kensuke envahit la pièce. L’homme passa une main dans ses cheveux, desserrant ainsi son étreinte. Lucas en profita pour s’écarter de son professeur et lui faire face. - Penses-tu que les dires d’un lycéen feront le poids face à un professeur ? Plus sérieusement, tu crois vraiment que les flics te croiront si tu affirmes avoir été victime de harcèlement sexuel par un professeur masculin ? L’homme vit son élève flancher, il avait fait mouche. Kensuke Nanahara gagnait sur toute la ligne et Lucas venait sans doute de comprendre à quel point il était impuissant face à son professeur. L’homme frissonna d’un plaisir malsain. Ils avaient assez parlé, il était temps maintenant de passer aux choses sérieuses… D’un mouvement rapide et calculé, Kensuke attrapa d’une main le menton de son élève et s’approcha de lui sans se départir de son sourire vorace. - Bien… et si nous commencions, maintenant ? Les yeux du jeune Français s’agrandirent de terreur alors qu’il tentait vainement d’échapper à l’emprise du professeur. La résistance du jeune homme amusa Kensuke. - Effrayé ? demanda-t-il d’un ton narquois à l’adolescent. - Lâchez-moi ! - Ne t’en fais pas, je prendrai soin de toi… souffla l’homme à quelques centimètres du visage de sa victime. Nanahara-sensei pouvait sentir le souffle irrégulier de Lucas. Son élève devait être en proie à une terreur sans nom. Le pauvre n’osait même pas le regarder dans les yeux, il se bornait à lorgner la porte derrière lui. Il était mignon, craquant… il donnait envie à son professeur de le croquer. Les dents de l’homme s’enfoncèrent lentement dans la chair tendre du cou de Lucas, provoquant un couinement étouffé de celui-ci. La langue du professeur caressa la gorge de son élève pour remonter vers sa mâchoire, parsemant cette dernière de baisers légers. - Regarde-moi ! S’énerva soudain l’homme qui n’appréciait pas que l’attention de sa proie soit fixée vers la porte. Le garçon sursauta et reporta son regard vers l’homme. Crainte, angoisse, détresse, désespoir… les yeux - si bleus ! - du jeune Français étaient tellement faciles à déchiffrer ! La colère du professeur s’estompa sur-le-champ et il reprit l’exploration du corps de sa victime. Tandis que sa langue et ses lèvres parcouraient la moindre parcelle de son visage, ses mains se firent plus baladeuses et allèrent titiller les tétons du jeune garçon qui laissa échapper un gémissement plaintif. Les réactions de son élève l’amusaient. Il ne l’avait jamais imaginé aussi prude. L’innocence et la sensibilité du jeune homme étonnait Kensuke à tel point qu’il se demanda si Lucas n’était pas encore puceau… Il suffisait de vérifier. L’homme descendit sa main, longeant cette peau si douce jusqu’à la limite du pantalon de Lucas. - Arrêtez ! supplia l’adolescent en retenant la main de son professeur avant qu’elle ne franchisse l’élastique de son caleçon. Cette voix plaintive, sensuelle à souhait fit frémir Nanahara-sensei. Le sexe de ce dernier se durcit en entendant le gémissement du garçon qui s’ensuivit lorsque le pauvre sentit qu’il ne pourrait pas retenir cette main perverse bien longtemps. La main de Kensuke commençait doucement à gagner du territoire lorsque l’homme fut brutalement interrompu par trois coups secs contre la porte du bureau. Nanahara-sensei immobilisa son geste en étouffant un juron entre ses lèvres. - Qui est-ce ? demanda-t-il d’une voix énervée sans prendre la peine de bouger. - Excusez-moi, sensei, mais le directeur vous demande. - Le directeur ? Pourquoi ? - Je ne sais pas, mais il a dit que c’était important. - Dis-lui que je suis occupé, je viendrai le voir plus tard. - Je suis désolé mais il a demandé à vous voir tout de suite… c’est au sujet de votre mère, je crois. Le silence envahit la pièce durant quelques secondes, le regard de Kensuke croisa celui de Lucas. L’homme jura. Il s’écarta du Français et se dirigea vers la porte, la déverrouilla avant de tomber nez-à-nez avec Takeo Mishima. Sans prêter davantage attention à l’élève qui venait de l’interrompre, il s’engouffra dans le couloir où il disparut. Lucas J’observai Nanahara-sensei disparaitre à l’angle du couloir avec soulagement. Mon cœur battait la chamade, j’avais les mains moites de sueur et les jambes en coton… mais j’étais toujours en vie, indemne, ou presque. Je soupirai bruyamment et m’adossa contre le mur avant de me laisser glisser par terre. C’était fini, je n’avais plus rien à craindre… mais pour combien de temps ? - Ça va ? Je sursautai brusquement. J’étais encore tellement sous le choc que j’avais totalement oublié la présence de Takeo Mishima. Honteux d’avoir ainsi négligé mon sauveur, je tentai de bafouiller un remerciement en bonne et due forme... Résultat pathétique. Je sentais le regard de mon camarade de classe me transpercer, il me mettait mal à l’aise. Je n’aimais pas que l’on me voit ainsi en état de faiblesse mais j’étais incapable de m’en aller. - Est-ce que ça va ? répéta Takeo Mishima. Cette fois-ci, je perçus nettement son ton alarmé. Je lui jetai un rapide coup d’œil. Il s’était accroupi en face de moi et m’observait d’un œil franchement inquiet. - Je vais bien… tentai-je de le rassurer d’une voix incertaine. Il avança une main vers mon visage et je m’en écartai brusquement, par pur réflexe. Sa main s’arrêta. - Tu trembles, me dit-il d’une voix étonnamment douce. Il avait raison, je le remarquais seulement maintenant, mais mon corps était parcouru de violents frissons et mes mains étaient agitées convulsivement. - J’ai juste un peu froid, rien de grave. Le mensonge le plus bidon que j’aie jamais inventé. Pas étonnant que Takeo n’y crut pas un mot. - Tu saignes aussi, me dit-il en montrant la basse de mon cou, à la limite de mon épaule. J’y plaquai ma main et senti sous mes doigts un liquide poisseux ainsi que les marques de dents laissées par mon cher professeur. Je me tus. Inutile d’essayer d’inventer un deuxième mensonge. La vérité était évidente, Takeo avait surement compris. Pourtant, il ne fit pas d’autre commentaire et se leva. - Tu peux marcher ? Je le regardai sans comprendre. - J’ai… menti, au sujet de la mère de Nanahara-sensei, il doit s’en être rendu compte maintenant, il vaudrait mieux qu’on ne reste pas ici. Je me remis à paniquer sérieusement et essayai de me relever. Mes jambes refusaient le poids de mon corps. Mon pouls s’accéléra. Il fallait partir, vite ! Le stress n’aidait pas, mes jambes s’étaient remisent à trembler et le reste de mon corps n’était pas en meilleur état. Takeo le remarqua immédiatement. Il hésita un moment, puis se dirigea lentement vers moi et m’attrapa un bras. Je le laissai faire, cette fois. Il m’aida à me relever et nous quittâmes le lycée en hâte. - Merci. Takeo accepta ma reconnaissance d’un haussement des épaules. - T’es sûr que je peux te laisser ici ? Tu ne veux pas que je te raccompagne chez toi ? - Non, ça ira ici, lui assurai-je. Il me regarda en silence, comme s’il jaugeait ma capacité à tenir debout tout seul, puis hocha la tête doucement. - Bon, à demain alors. - À demain. Merci encore. Je pris mon temps pour arriver jusqu’à l’entrepôt de Kyo. Je n’avais pas envie de rentrer chez moi, pas tout de suite. Kyo m’accueillit à bras ouverts et je m’y réfugiai avec plaisir. Les Japonais, en général, ne se montrent pas aussi expansifs, Kyo devait faire l’exception. Je lui racontai ma journée, le cours de Nanahara-sensei, sa convocation dans son bureau et ma ruse pour lui échapper. J’étais fier de ma stratégie, Kyo le sentit et m’ébouriffa les cheveux en m’affichant un sourire colgate… pourtant ses yeux, eux, ne souriaient pas, son regard sombre évoquait des envies de meurtre. Je ne pus réprimer un frisson. Je rentrai chez moi peu avant 19h. Le soir commençait à tomber et les rues se faisaient désertes. Je saluai Shizuka puis filai dans ma chambre pour y déposer mes affaires. Je me rendis ensuite à la salle de bain, j’avais envie de prendre une douche, me laver des caresses perverses de Nanahara-sensei et de ses baisers libidineux… Rei L’image de Kyo enlaçant Lucas entait l’esprit de Rei depuis la veille. Impossible d’oublier les yeux amourachés de cet enfoiré fixés sur Lucas, son Lucas. Il fallait régler le problème, rapidement et efficacement. Rei entendit la porte d’entrée claquer. 18h57, Lucas rentrait, enfin ! Il avait probablement été voir Kyo, encore une fois. Le regard du Nippon s’assombrit. Il fallait qu’il fasse quelque chose pour écarter ce rival gênant. Rei resta dans sa chambre et écouta attentivement les bruits qui lui parvenaient. Le claquement de la porte de la chambre de Lucas, quelques secondes, puis un second claquement. Lucas était sorti de sa chambre. Troisième claquement, celui de la porte de la salle de bain. Lucas prenait une douche ? Parfait ! Rei se leva de son lit et s’introduisit discrètement dans la chambre du jeune Français. Il repéra d’emblée le sac de Lucas et se jeta dessus. Il fouilla l’intérieur quelques secondes puis en ressorti le petit téléphone portable. Il fit rapidement défiler le répertoire – qui ne comportait que très peu de numéros – et trouva rapidement ce qu’il cherchait : le numéro de Kyo. Il l’encoda rapidement dans son propre portable et sortit de la chambre. Le bip monotone se répéta plusieurs fois avant que quelqu’un ne décroche. - Allo ? - Kyoichi Sôma ? Il y eut un silence. - C’moi. Qui est à l’appareil ? - Rei Sasagawa. Second silence. - Où t’as eu c’numéro ? - La chambre de Lucas est à côté de la mienne… fit-il d’un ton enjoué. - Enfoiré. - Pas autant que toi. Il faut qu’on règle quelques petites choses toi et moi, il me semble. - En effet, ce s’rait une bonne idée… mais là j’ai pas d’temps à t’accorder. Une autre fois, peut-être. Rei manqua de s’étrangler. - Pardon ?! - Oooh, même les brutes peuvent s’montrer polies parfois, incroyable ! répondit la voix d’un ton ironiquement admiratif. Faut vraiment que je t’répète ? T’es malheureusement pas sur la liste d’mes priorités. Faudra patienter un peu… j’suis désolé, termina la voix sur un ton qui était tout sauf « désolé ». - Arrête de te la jouer, connard, ça prend pas avec moi. Il faut qu’on se voie, je te dis. - C’est un problème auditif ou c’est cérébral ? Quand j’te dis que j’ai pas le temps, j’ai pas le temps. Je jouerai avec toi plus tard… maintenant, s’tu permets, je vais raccrocher. J’ai des choses à faire. - La ferme ! Je te dis qu’il faut qu’on parle ! De Lucas. - Oh oui, Lucas, parlons un peu d’lui. Comment il va ? - Fais pas chier, tu sais très bien comment il va, tu l’as vu aujourd’hui. Rei entendit Kyo rire à l’autre bout du fil. Il le traita mentalement de tous les noms en se jurant de lui fracasser sa gueule d’ange dès qu’il l’aurait en face de lui. - En effet, j’l’ai vu, et j’sais comment il va… mais la question est d’savoir si toi, tu l’sais. - Qu’est-ce que tu veux dire ? - Ah aaah, c’est toute la question. Il allait bien ces temps-ci ? - Il est tombé malade lundi et avant ça, il était chez toi. Pourquoi tu me poses ces questions ? - Et tu sais pourquoi il était chez moi ? Rei haussa les épaules. - Je me suis amusé avec sa copine, il l’a mal pris, rien de grave. Le rire de Kyo retentit une nouvelle fois dans le combiné et Rei eut la nette impression qu’il se moquait de lui. Son envie de l’étrangler et de lui lacérer le visage augmenta d’un cran. - Non seulement brute, sourd ou stupide – ça reste à voir – mais aussi égocentrique ! T’crois vraiment que le monde de Lucas tourne autour de ta p’tite personne ? Tu t’fais des illusions mon pauvre ! Réveille-toi ! - La ferme ! cria Rei d’un ton irrité tandis qu’il réfléchissait à la dernière réplique de Kyo. En y repensant, Lucas aussi, avait fait allusion à autre chose… « - Pourquoi t'es pas rentré plus tôt ? Avait demandé Rei d’un ton agressif en broyant davantage le bras de Lucas. - Il s'est passé pas mal de choses... répondit le jeune Français en évitant le Nippon du regard. - Keiko n'est qu'une sale pute, tu l'as bien vu. Tu vaux mieux qu'elle ! - Je ne parle pas que de ça ! - Quoi, il s'est passé autre chose ? » Lucas n’avait pas répondu à cette question, comme s’il avait voulu éviter un sujet douloureux. S’était-il passé quelque chose ? Que Kyo connaisse le fin fond de l’histoire et pas lui irritait Rei au plus haut point. Ce prétentieux vaniteux n’était qu’une petite ordure arrogante qui ne méritait pas de respirer le même air que Lucas. - Dire que t’es même pas au courant ! Alors que tu vis sous l’même toit qu’lui… - Ta gueule ! - Enfin, c’est pas comme si j’attendais quelqu’chose de ta part. La seule chose dont t’es capable, c’est de blesser Lucas, alors le protéger… j’imagine même pas. - Le protéger ? De quoi ? - T’es pathétique, Sasagawa. Si tu veux savoir, va demander à Lucas, il te répondra peut-être… - La ferme ! Rei entendit Kyo soupirer. - « Ta gueule », « La ferme », quelle conversation enrichissante ! Tu devrais varier ton vocabulaire mon grand, et apprendre à te maîtriser. Je comprends pourquoi Lucas te déteste à ce point. - Lucas ne t’ « aime » pas non plus. Il y eut quelques secondes de silence puis la voix de Kyo répondit : - En effet, il ne m’ « aime » peut-être pas, mais au moins il m’apprécie, contrairement à toi. C’est un bon début, non ? D’nous deux, j’ai le plus de chance de l’avoir, tu n’crois pas ? - Lucas me déteste, c’est vrai, mais la haine est une passion. La frontière entre l’amour et la haine est maigre, tu l’sais ça, Somâ ? Très maigre. Lucas sera à moi. - C’est c’qu’on verra. Maintenant, si tu permets, j’ai d’autres chats à fouetter qu’un gamin possessif et obstiné. Bye bye. Rei n’eut pas le temps de répondre, Kyo avait déjà raccroché. - Merde ! cria-t-il en jetant son téléphone portable sur son lit. Il sortit de sa chambre en claquant la porte et se dirigea vers la salle de bain où Lucas se trouvait toujours. Il ouvrit la porte à toute volée et fit sursauter le jeune français torse nu, qui était en train de se rhabiller. - Putain Rei ! Sors de là, crétin de pervers ! fit-il en lui lançant la serviette humide qu’il avait autour du cou. Le Nippon la rattrapa avant qu’elle n’atteigne son visage et observa d’un air furieux le blondinet. Il allait l’interroger sur ce qui s’était passé jeudi dernier et ne sortirait pas d’ici avant d’avoir sa réponse. Du moins c’est ce qu’il comptait faire… avant qu’il ne remarque l’empreinte de dents rouge sang qui marquait la peau claire du Français. - Qu’est-ce que t’as au cou ? Lucas plaqua rapidement sa main pour cacher la marque mais c’était trop tard. - Rien, je me suis blessé. - Sale menteur ! T’as fricoté avec ce Kyo ! Merde ! j’y crois pas ! Je vais le tuer ! - Dis pas n’importe quoi ! fit Lucas en reculant d’un pas devant la fureur évidente de Rei. - Essaye pas de m’le cacher ! Depuis combien de temps tu sors avec lui ? Depuis jeudi, c’est ça ? cracha Rei d’une voix pleine d’amertume et de colère. Il frappa son poing contre le chambranle de la porte en repensant aux paroles narquoises de Kyo « T’crois vraiment que le monde de Lucas tourne autour de ta p’tite personne ? » Merde ! Il s’était bien foutu de sa gueule ! - REI ! cria soudain la voix de Shizuka. - Merde ! Il ne manquait plus que sa mère pour venir pointer son nez dans ce qui ne la regardait pas. Il jeta un dernier coup d’œil à Lucas et retourna dans sa chambre après avoir violemment claqué la porte. Il lui fallut plusieurs minutes pour se calmer si bien qu’il ne remarqua pas immédiatement que son téléphone portable était en train de sonner. - Oui ! fit-il d’un ton exaspéré. - Rei-sama. Euh, c’est Takeo Mishima. Il lui fallut une bonne minute pour remettre une tête sur ce nom qui lui semblait familier. Takeo Mishima, dans la même classe que Lucas, celui qui avait été chargé d’espionner le couple Lucas-Keiko. - Qu’est-ce qu’il y a ? - Euh je sais que je ne devrais pas vous appeler mais je crois que c’est important… C’est au sujet de Lucas Chevalier… et de son professeur de math, Nanahara-sensei… |