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Une Autre Histoire
Par Shay
Eragon  -  Fantaisie  -  fr
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Chapitre 8 : Voyage aux Pays des Elfes

L'enterrement du chef des Vardens eut lieu trois jours après sa mort et on avait prévu d'introniser immédiatement celle qui prendrait sa succession : Nasuada. On avait demandé son avis à l'ancienne Dragonnière, mais celle-ci ne voulait pas s'occuper de cela. Elle ne faisait pas partie des Vardens et ne le serais jamais, malgré cela, elle soutiendrait autant que possible la nouvelle dirigeante des rebelles. Non, tout ce qui intéressait l'hybride, c'était de pouvoir partir à la recherche de l'œuf disparu. Sans lui, elle ne pourrait pas tenir sa promesse. D'ailleurs, elle avait une idée de l'endroit où devrait il devrait se trouver dans peu de temps. Malheureusement pour elle, elle ne pouvait partir immédiatement, mais dès que les derniers détails seraient réalisés, elle se mettrait en route sans plus tarder. C'est ainsi qu'elle se retrouva dans le cortège qui devait conduire le corps d'Ajihad vers sa dernière demeure. Elle était vêtue comme à son habitude, une tunique et un pantalon, des bottes en cuir, le tout noir pour marquer le deuil qu'elle portait, malgré qu'elle n'ait pas vraiment connu Ajihad.

Des profondeurs de Tronjheim monta alors un coup sourd frappé sur un tambour. Bong ! Chacun sentit résonner dans ses os cette note basse et vibrante. La cité-montagne en renvoya l'écho comme une énorme cloche de pierre. Le cortège s'ébranla. Bong ! Avec ce deuxième coup, un autre tambour, plus grave, s'ajouta au premier, et son battement roulant dans le hall avait quelque chose d'inexorable. Sa puissance imposant au cortège un rythme majestueux. Elle donnait un sens à chaque pas, imposant la gravité qui convenait à un tel événement. Des sanglots incontrôlables montèrent de la foule, un débordement d'émotion provoqué par le son envoûtant des tambours, provoquant les larmes et une joie douce-amère. Bong ! A la sortie de la galerie, les porteurs s'arrêtèrent un instant entre les colonnes d'onyx avant de pénétrer lentement dans le hall central. Bong ! Le cortège traversa le cimetière de cristal qu'était devenu Isidar Mithrim, les nains devenant plus solennels encore. Les porteurs avancèrent, évitant les arêtes coupantes comme des rasoirs. Puis ils s'engagèrent dans les larges escaliers menant aux galeries souterraines. Ils franchirent de nombreuses cavernes, dépassèrent des huttes de pierres, où des enfants nains, accrochés à leurs mères, les regardaient passer en ouvrant des yeux effarés. Bong ! Avec un dernier roulement de tambour, ils s'arrêtèrent sous un plafond de stalactites, dans une vaste catacombe aux murs creusés d'alcôves. Chacune abritait un tombeau portant le nom d'une famille et les armoiries de son clan. Des milliers, des centaines de milliers de nains reposaient là. La seule lumière provenait de rares lanternes dont la lueur rouge luttait faiblement avec les ombres. Les porteurs se dirigèrent vers une petit pièce attenante à la salle principale. Au milieu, sur une plate-forme surélevée, l'entrée d'un caveau donnait sur les ténèbres. Au-dessus, un inscription était gravée, en caractères runiques :

Que chacun, qu'il soit nain, humain ou elfe,

Se souvienne de cet homme !

Car il fut noble, brave et sage.

Gûntera Arûna !

Quand tous ceux qui avait été proches du défunt eurent fait leurs derniers adieux, Nasuada entama un chant de deuil, emplissant la crypte de ses lamentations. Puis douze nains entrèrent afin de scellé le lourd couvercle de marbre. Ajihad n'était plus. Puis tout le monde se dirigea vers un amphithéâtre afin d'assister à la nomination du nouveau chef des Vardens. Shaya s'installa et observa l'estrade qui se trouvait au milieu de la salle. Plusieurs minutes passèrent avant que tout le monde ne soit installé et que le silence retombe. Alors, Jormündur monta sur le podium et dit :

- Peuple des Vardens, nous nous sommes réunis ici il y a quinze ans, à la mort de Deynor. Ajihad, son successeur, a tenu tête à l'Empire et à Galbatorix mieux qu'aucun de nos chefs avant lui. Il a presque réussi à abattre Durza, marquant d'une balafre la lame de l'Ombre. Plus encore, il a accueilli dans Tronjheim le Dragonnier Eragon et Saphira. Cependant, un nouveau chef doit être choisi, qui nous apportera plus de gloire encore.

Des murmures s'élevèrent parmi l'assistance et l'un d'eux proposa même le Tueur d'Ombre, mais Jormündur, impassible, répondit que dans quelques années, peut-être, il le serait. Après quelques autres paroles, il nomma la personne que le Conseil des Anciens avait choisi pour être le nouveau chef des Vardens : Nasuada. Puis, chacun à leur tour, Arya, Hrothgar et Eragon donnèrent leur bénédiction à la nouvelle chef. Enfin, Nasuada s'avança et Jormündur dit à l'assemblée :

Par le droit de l'héritage et de la succession, nous avons choisi Nasuada. Par les mérites de son père et la bénédiction de ses pairs, nous avons choisi Nasuada. Je vous le demande, à présent : avons-nous fait le bon choix ?

Un cri puissant monta de la foule : « OUI ! » Pourtant, une personne dans cette foule restait silencieuse. Shaya, elle, réfléchissait plutôt à la manière dont elle allait reprendre l'œuf dérobé aux Urgals, ou au roi s'il était déjà parvenu à Urû'baen. Elle pensait utiliser sa faculté de se déplacer dans les ombres pour s'introduire dans le château, mais ce dernier était surement très grand et elle ne pouvait se permettre de se promener ainsi, à la vue de n'importe quel garde ou même du roi lui-même. Quand elle revint à la réalité, elle vit que tous se levait et sortait de l'amphithéâtre. Se joignant au mouvement, elle sortit elle aussi et se dirigea vers les quartiers qu'elle occupait afin de rassembler toutes ses affaires. Elle n'avait pas l'intention de traîner plus longtemps ici, mais ne pouvait partir ainsi, sans avertir personne, aussi se résigna-t-elle à attendre un peu avant d'aller faire part de son intention de partir à la recherche de l'œuf à Nasuada. Quand elle estima le moment venu, l'hybride prit la direction du bureau du chef des Vardens. Quand elle fut introduit en présence de Nasuada, elle lui fit immédiatement part de ses projets, mais à la grande surprise de Shaya, Nasuada ne parut pas enchantée par ce qu'elle entendait.

Je sais que je ne peux te donner d'ordre, mais j'aimerais que tu reportes à plus tard la recherche de cet œuf, dit la jeune humaine.

Abasourdie, l'hybride répliqua qu'il n'en était pas question. Elle fit ainsi comprendre son point de vue à Nasuada. Cette dernière l'écouta sans l'interrompre quand Shaya lui expliqua ses raisons, disant qu'elle avait une promesse à tenir. En disant cela, elle avait étreint le pendentif qu'était la larme de Manath.

Et que feras-tu un fois que tu l'auras trouvé ? Tu iras le chercher comme ça ? Je suppose que non. Alors voici ce que je te propose. Accompagne Eragon et Saphira à Ellesméra, afin qu'ils aient une protection supplémentaire, pendant ce temps, nous chercherons un moyen de te faire entrer dans le château du roi pour que tu puisses y chercher cet œuf sans crainte d'être capturée.

L'hybride ne dit rien. Il est vrai qu'avec une couverture, elle pourrait mieux chercher l'œuf, sans être obligée d'alerter tout le monde de ses intentions. De plus, elle serait ravie de revoir la capitale des elfes, mais rien ne la forçait à y aller. Tous les elfes qu'elle appréciait étaient morts aujourd'hui, dont son père et son Maître du temps où elle était encore une simple apprentie. Finalement, Shaya accepta, mais précisa bien qu'une fois arrivée à Ellesméra et le Dragonnier bien arrivé, elle reviendrait et plus rien alors ne l'empêcherait d'aller chercher l'œuf de sa dragonne. Nasuada en convint et l'ancienne Dragonnière s'en alla alors.

C'est ainsi que quand Eragon et Saphira partirent pour la forêt du Du Weldenvarden, en compagnie d'Arya et d'Orik, Shaya les rejoignit, montée sur sa belle jument noire. Le Dragonnier parut surpris de sa présence et elle expliqua qu'elle les accompagnerait jusqu'à Ellesméra. Elle ne fournit aucune des raisons qui la poussait à les accompagner et se contenta d'attendre les derniers membres qui participeraient à ce voyage. L'hybride avait mit pied à terre et s'était une nouvelle fois plongée dans la méditation. Ainsi elle sentit arriver Orik, puis plus tard Nasuada et Arya. Après de rapides adieux, la petite troupe se mit en route. Ils mirent deux jours pour sortir des tunnels et il arrivèrent non loin de la ville naine de Tarnag, où ils profitèrent de l'hospitalité des nains du Dûrgrimst Ragni Hefthyn. A leur arrivée se produisit une petite altercation entre des nains du clan des Larmes d'Anhûin et Eragon par l'intermédiaire d'Orik, bien que le Dragonnier ne comprit pas toute l'histoire. Plus tard, ils furent tous conviés à un banquet, qui se déroula sans problème. A la fin, Eragon demanda ce que signifiait l'anneau qu'on lui avait jeté un peu plus tôt dans la journée. Il lui fut répondu :

Le clan de ces knurlan que tu as rencontré a une histoire tragique. Avant la disparition des Dragonniers, leurs familles comptaient parmi les plus anciennes et les plus riches de notre royaume. Leur destin fut scellé à cause de deux erreurs : ils s'étaient établis sur le versant ouest des montagnes du Beor, et leurs meilleurs guerriers s'étaient mis au service de Vrael, le chef des Dragonnier, qui luttait contre Galbatorix. Galbatorix et ses Parjures – qu'ils soient à jamais maudits ! - les ont massacrés dans Urû'baen...

L'hybride s'agita quelque peu en entendant cela. Elle ne se rappelait que trop bien que c'était elle qui avait trouvé Galbatorix alors qu'il n'était qu'un jeune garçon. Évidemment, elle ne pouvait alors savoir ce qu'il allait devenir et faire, mais elle ne pouvait s'empêcher de se sentir coupable. Le reste de la journée se passa aussi agréablement que possible. Ils ne restèrent qu'un jour de plus dans la ville naine et repartirent tôt le matin du troisième jour, se rendant sur les rives de l'Az Ragni où ils poursuivraient leur voyage en radeau.

La descente du fleuve Az Ragni prit plusieurs jours, temps que Shaya passa à sculpter un morceau de bois qu'elle avait récupéré lors d'un des arrêts fait pour la nuit. Comme à son habitude, l'hybride faisait revivre les personnes qu'elle avait connu il y a si longtemps, principalement des Dragonniers. Cette fois-ci ne faisait pas exception. Avec tous ce qui s'était passé depuis qu'elle avait quitté sa retraite dans la forêt, toutes ces fois où elle avait fait allusion à sa dragonne défunte, lui donna l'envie de la représenter une nouvelle fois. Arrivé à Hedarth, la statuette de l'hybride était terminée, du moins, la partie sculpture, maintenant, pour qu'elle soit parfaite, il fallait lui donner des couleurs, afin qu'elle représente bien sa dragonne disparue. Ordinairement, elle le faisait à la main, quand elle avait le temps, mais cette fois, elle usa de sa magie pour lui donner exactement les mêmes couleurs que les écailles de sa chère Manath. Elle y avait même ajouté la bague sur la griffe de son aile droite et le collier qu'elle lui avait offert pour la rendre encore plus belle, puis par simple caprice, elle prononça d'autres paroles en ancien langage et la petite statuette s'anima. Ce n'était pas un sort complexe et l'effet ne puisait de l'énergie dans ses forces que lors de sa réalisation. La petite dragonne ainsi créée s'installa sur les épaules de sa créatrice et observa le monde.

Le voyage vers Ellesméra se poursuivit à cheval. Il leur fallut trois journées avant d'arriver en vu de l'immense forêt et au moins encore une journée pour y parvenir réellement. C'est alors qu'ils arrivaient dans une prairie située entre la rivière et la forêt qu'ils rencontrèrent d'autres représentants du peuple elfe.

- Approchez, mes frères !Vous n'avez rien à craindre. C'est moi, Arya d'Ellesméra. Mes compagnons sont des amis et des alliés ; ils ne nous veulent aucun mal, dit Arya en ancien langage.

Plusieurs minutes passèrent sans qu'aucun autre bruit que le grondement de la rivière ne se fasse entendre. Soudain, une ligne d'elfe apparut sous la frondaison immobile. Dans un bruissement de feuilles, deux elfes armés de longs javelots se placèrent en bordure de la forêt, tandis que deux autres, armés d'arcs, se juchaient sur les branches noueuses d'un chêne. Ils étaient tous vêtus de tuniques couleur de mousse et d'une cape doublée d'écorce souple. Trois d'entre eux avaient des cheveux argentés comme Oromis, tandis que le dernier avec des cheveux aussi noirs que ceux d'Arya.

Quand Arya eut confirmé, les quatre elfes sautèrent sur le sol et allèrent entourer Arya pour la saluer et se mirent à tourner autour d'elle en dansant et en riant. Quand la dragonne se plaça à côté de son Dragonnier, les elfes poussèrent des cris d'effroi et ramassèrent leurs armes. Arya leur expliqua qui étaient Saphira, Eragon et les nains qui les accompagnaient. Shaya observaient tout cela à l'écart, en gardant un visage impassible, indifférente à l'allégresse des elfes. Quand Arya la présenta à ses compagnons, elle les salua à la façon des elfes. Puis tous s'avancèrent sous le couvert des arbres et jusqu'au campement des sentinelles. Lorsque l'hybride mit pied à terre, elle laissa sa pouliche aller où bon lui semblait, sachant parfaitement qu'elle n'irait pas bien loin sans elle, puis elle alla rejoindre les autres près du feu qui brûlait allégrement. Shaya observa les lieux un court instant avant de s'installer à proximité du feu et se mit regarder les elfes préparer le repas. La chaleur du feu ajoutée à la température ambiante de cette fin d'été força l'hybride à retirer son manteau, laissant apparaître le magnifique bijou qu'elle portait au bras. Il s'agissait d'un dragon d'or rose qui s'enroulait autour de son bras. Ses griffes, crocs, cornes et piquants de son dos étaient, eux, en argent, et les yeux, deux petites pierres de lune, dont les reflets bleutés lui donnaient l'impression d'être vivant. Entre ses griffes, le dragon tenait une rose de rubis épanouie au cœur de laquelle on pouvait voir un motif de gravé, le Yawë, symbole de l'amitié que lui porte le peuple des elfes.

Eragon, qui se trouvait à droite de l'ancienne Dragonnière aperçut le bracelet que portait cette dernière et la complimenta sur la beauté du bijou. Sa remarque attira l'attention des autres, ce que Shaya aurait préféré éviter. En effet, quel elfe ne reconnaitrait pas le travail effectué pour la création de ce bracelet ? Car bien sûr, il avait été réalisé par un membre de ce peuple. Mais la véritable raison pour laquelle Shaya aurait préféré que l'existence de son bracelet ne soit pas connue de tous – et des elfes en particuliers – était le symbole gravé au cœur de la rose de rubis. Avec leur vue bien plus fine que celle des humains, ils purent immédiatement voir ce symbole et se mirent dès lors à la regarder avec curiosité. Peu de personnes étaient en possession d'un tel bijou.

- Où as-tu eu cet objet ?Demanda Arya.

- En quoi est-ce si important ?Rétorqua l'hybride.Je l'ai et c'est tout.

Et l'ancienne Dragonnière refusa d'en dire plus. Elle se leva et s'éloigna dans la forêt. La voyant partir, Manoire la suivit tranquillement, pensant qu'elles allaient partir ensemble. Shaya voulait rester seule un moment, mais la présence de son amie équine ne la dérangeait nullement. En réalité, elle voulait surtout éviter les questions que ses compagnons de voyage pourraient lui poser. Elle ne voulait pas qu'on examine son passé, cela serait bien trop douloureux pour elle. Déjà le fait d'avoir du raconter sa vie avant pour le chef des Vardens avait été dur, mais en plus, elle allait surement devoir tout raconter à nouveau pour les elfes. Car même son bracelet ne pourrait lui permettre de recevoir la confiance totale du peuple des elfes. Pas avec tout les secrets qu'elle gardait en elle.

Quand elle se décida à revenir enfin vers le campement, elle constata que le feu n'était plus que braises et que tout le monde étaient partit se coucher. Elle allait faire de même quand Arya la rejoignit. Se doutant de ce que l'elfe lui voulait, l'hybride poussa un imperceptible soupir et fit signe à Arya de s'assoir. Puis elle se mit à lui raconter comment elle avait obtenu son bracelet, à savoir qu'elle l'avait reçu il y a très longtemps. Comme personne n'avait eu le temps de mettre l'elfe au courant du passé de l'hybride, celle-ci en fit un rapide résumé. Quand elle eut terminé, elle dit :

- J'espère que cela te suffira, car je n'en dirais pas plus ce soir.

- Cela me suffit, répondit simplement Arya.

- Si tu veux bien m'excuser, je vais aller me coucher.

Et sans un mot de plus, l'hybride se leva et partit se coucher à l'écart des autres, comme à son habitude. Cependant, elle ne put s'endormir et passa le reste de la nuit à ressasser divers souvenirs de sa vie antérieure. Parler à Arya avait suffit à ces derniers pour remonter à la surface, alors que Shaya les pensait enfouis à jamais dans les tréfonds de son esprit. Elle passa également un moment dans son propre esprit en compagnie de celle qui le protégeait désormais, de sa dragonne qu'elle avait perdu pour toujours, mais dont l'essence avait réussi à restée en elle. Shaya ne savait toujours pas comment cela avait pu être possible et ne le saurait peut-être jamais, mais elle s'en fichait. Ce qui comptait le plus pour elle, c'était de pouvoir être en présence de cette dragonne, bien que ce n'était pas vraiment sa Manath. 

La nuit passa ainsi, sans que l'hybride ne put trouver le repos et quand le ciel commença à s'éclaircir, elle se leva et partit observer le soleil se lever dans la cime d'un arbre. Une action qu'elle n'avait pas fait depuis longtemps et qui lui rappelait un autre moment passer avec Manath. Ce premier matin où elle était officiellement une apprentie Dragonnière. Elle s'était réveillée dans une chambre de la magnifique cité d'Illiréa et avait vu sa petite compagne draconienne debout devant la fenêtre à observer l'astre du jour apparaître avant qu'elle ne se rende compte que l'hybride était éveillée. Elles avaient ensuite continuer à regarder l'aube se lever ensemble, jusqu'à ce que Seth ne vienne ensuite pour les mener jusqu'à leurs professeurs.

Elle revint au moment présent quand l'un des elfes vint la chercher pour lui dire qu'ils allaient reprendre la route. En quelques bonds agiles, elle redescendit, puis alla retrouver ses compagnons de voyage. Elle apprit qu'ils allaient continuer en barque, le long de lac Eldor et de la rivière Gaena. L'hybride fut quelque peu décontenancée, comme le Dragonnier quand ils apprirent cela. En effet, ni Feu de Neige, ni Manoire ne pourrait les accompagner ainsi. Les nains, qui allaient faire demi-tour, leur proposa de ramener les chevaux à Tarnag, puis de là à Tronjheim. Eragon et Shaya les remercia et leurs confièrent les deux animaux. Eragon regarda les nains s'éloigner tandis que l'ancienne Dragonnière aidait les elfes pour la suite du voyage. Eragon les rejoignit peu après et tous montèrent dans les barques. Mais à peine s'étaient-ils tous installés qu'ils entendirent un bruit de galop qui se dirigeait vers eux, jusqu'à ce qu'une forme noire déboule en trombe sur les rives du lac. Manoire n'avait pas voulu suivre les nains, tandis que sa maîtresse partait dans l'autre sens. L'hybride regagna la terre ferme et alla calmer la jument noire. Comprenant les pensées de l'animal, Shaya décida finalement d'emmener Manoire avec elle à Ellesméra. Quand les nains, surpris par le départ de la jument revinrent, Shaya leur fit part de sa décision et s'excusa pour le dérangement. Elle dit ensuite aux elfes qu'elle continuerait le chemin avec Manoire, en suivant la rive du lac, puis la rivière plus loin.

- Es-tu sûre d'arriver à suivre ?Demanda Arya.

- Ne t'inquiète pas, je me souviens encore assez bien de cette forêt pour ne pas me perdre. Ne m'attendez pas et je vous retrouverais ce soir.

Et c'est ce qu'ils firent tous. Les elfes, Orik et Eragon partirent dans les barques, tandis que Shaya et Manoire suivaient la rive. Très vite, elles se firent distancer, mais cela n'inquiéta pas plus que cela l'hybride. Elle pourrait rapidement les rattraper. En attendant, elle profitait de la seule compagnie de Manoire et du calme de la forêt. Le soir, à peine le groupe était-il revenu sur la terre ferme que Shaya apparut avec sa jument couleur de nuit. Cette dernière ne semblait pas le moins du monde épuisée et tous se demandèrent comment l'ancienne Dragonnière avait fait pour les rattraper si facilement. Mais l'hybride se contenta de sourire quand on lui posa la question. Aucun d'eux n'aurait de réponse. Le voyage dura ainsi plusieurs jours et chaque soir, alors qu'ils venaient à peine de débarquer, Shaya les rejoignait. Cela dura jusqu'à ce qu'ils atteignent le lac Ardwen, sur les rives duquel était bâtie la cité de Silthrim. Ce soir-là, ils virent la magie des elfes à l'œuvre. Les elfes retinrent le Dragonnier et le nain quand la mélodie des elfes vint caresser leurs oreilles. Shaya, quant à elle, était à peine affectée, grâce au sang de son père, et parvint à se maîtriser. Mais personne ne put fermer l'œil de la nuit à cause des chants et de l'agitation des animaux autour d'eux.

Le lendemain, Arya ordonna à ses frères elfes d'aller à Silthrim pour ramenez des chevaux. Trois heures plus tard, ils étaient de retour, chacun monté sur un des magnifiques chevaux elfes à la robe d'un blanc éblouissant et menant quatre autres bête identiques. Les fières créatures avançaient entre les arbres d'une manière étrange, furtive. Leur robe miroitaient dans la pénombre couleur d'émeraude. Comme Manoire, elles n'étaient ni sellées, ni harnachées. Après quelques explications, ils chargèrent le matériel sur le dos du dernier cheval, puis se mirent en route. Shaya vit que Saphira et Eragon communiquait ensemble et à voir leur attitude, le sujet ne devait pas être des plus joyeux, mais l'hybride n'intervint pas et suivit Orik et les elfes, montée sur sa belle pouliche à la robe de nuit.

Après de longues journées à chevaucher au milieu des arbres de la forêt, ils finirent par arriver à leur destination : Ellesméra. Aux abords de celle-ci, ils virent apparaître un elfe. Shaya se souvenait bien de lui. Gilderien le Sage étaient le gardien de la cité d'Ellesméra. Personne ne pouvait entrer dans la cité sans son accord. Arya indiqua à Eragon de montrer sa paume et la bague qu'il portait à son doigt, puis se tournant vers l'hybride, elle voulut faire la même chose, mais l'ancienne Dragonnière savait très bien quoi faire. Elle avait déjà découvert son bracelet et le montrait au gardien. La réponse de ce dernier ne tarda pas à venir. Il sourit, ferma les yeux et ouvrit les bras en signe de bienvenue, leur autorisant ainsi l'entrée dans la capitale.

Un quart de lieue plus loin la forêt se clairsema et des trouées apparurent dans la canopée, hachurant le chemin de traits de lumière mouvants. Les voyageurs franchirent une arche formée par deux grands arbres inclinés, appuyés l'un sur l'autre, et débouchèrent dans une clairière. Elle était déserte. Arya et les elfes mirent pied à terre et les trois invités les imitèrent. D'épaisses touffes de fleurs parsemaient le sol. Des roses, des campanules, des lis, éphémères joyaux du printemps, scintillaient à profusion tels des rubis, des saphirs et des opales. Leur parfum enivrant attirait des hordes de bourdons. Sur la droite, un ruisseau glougloutait derrière une haie de buissons, et deux écureuils se pourchassaient autour d'un rocher.

Le tout ressemblait à une cache pour les daims, mais en y regardant de plus près, on pouvait distinguer des sentiers dissimulés entre les arbres et les broussailles. Shaya observa la douce et chaude lumière qui effaçait les ombre, les formes curieuses des branches, des brindilles et des fleurs, détails si subtils qu'on les remarquait à peine, indices que l'endroit n'était pas tout à fait naturel. L'hybride se laissa envahir par le calme de cette cité qu'elle pensait ne jamais revoir. Des souvenirs de quand elle séjournait dans cette cité remontèrent en elle. Des souvenirs de plénitude, de calme, mais qui ravivèrent également le vide en elle. En effet, à chaque fois qu'elle avait séjourné à Ellesméra, Manath était avec elle. Fermant les yeux, elle serra le pendentif qui ornait son cou. Arya interrompit ses pensées en disant à Eragon et Orik de relâcher leurs montures. Rouvrant les yeux, l'hybride dit à sa pouliche de suivre les autres chevaux, la rassurant en lui disant qu'elle ne partirait pas sans elle. Quand tous les chevaux furent partis, le groupe de voyageurs se dirigea vers le bâtiment qui se trouvait au bout du chemin s'ouvrant devant eux. Ils gravirent les quelques marches formées par un nœud de racines et entrèrent dans une galerie d'arbres. Des centaines de branches s'entremêlaient pour former un plafond alvéolé. Sous cette voute, douze sièges étaient répartis de chaque côté. Sur les sièges étaient assis vingt-quatre seigneurs et nobles dames.

Leurs visages lisses, que les ans n'avaient pas marqués, rayonnaient de sagesse et de beauté. Les yeux brillant d'excitation, ils se penchèrent, les mains refermées sur les bras de leurs fauteuils, et posèrent sur Eragon et ses compagnons des regards emplis d'attente et d'espérance. Contrairement aux autres elfes, ils portaient à la ceinture des épées aux pommeaux incrustés de béryls et de grenats, et des couronnes ornaient leurs fronts. A l'extrémité de la salle, sur un trône de racines surmonté d'un dais blanc, siégeait la reine Islanzadi, majestueuse et fière. Avec ses sourcils noirs et obliques telles des ailes d'oiseau, ses lèvres aussi rouges et brillantes que les baies du houx, ses cheveux couleur de nuit retenus par un diadème de diamants et sa tunique écarlate, elle était aussi belle qu'un coucher de soleil en automne. Une tresse d'or lui ceignait les hanches, et une cape de velours répandait ses plis lourds sur le sol. Malgré son allure imposante, la reine donnait l'impression de fragilité de qui dissimule un profond chagrin. Elle tenait dans sa main gauche un bâton soutenant une traverse, sur laquelle était perché un corbeau blanc au plumage étincelant. L'oiseau s'ébrouait nerveusement et sautillait d'une patte sur l'autre. Avançant la tête, il darda sur le groupe un regard d'une troublante intelligence, poussa un long et bas croassement, puis cria : "Wyrda !"

Les nouveaux venus s'avancèrent vers la reine, et la porte se referma sur eux. Arya fut la première à s'agenouiller sur le sol couvert de mousse en s'inclinant. Eragon, Orik, Lifaen, Nari et Shaya l'imitèrent. Saphira elle-même, qui ne s'était jamais inclinée devant qui que ce fût, pas même Ajihad ni Hrothgar, courba la tête. Islanzadi descendit de son trône, sa cape traînant derrière elle. Elle s'arrêta devant Arya, posa des mains tremblantes sur ses épaules et dit avec une vibrante excitation :

Relève-toi !

La jeune elfe obéit, et la reine la fixa avec une intensité croissante, comme si elle tentait de déchiffrer sur son visage un texte au sens obscur. Enfin, Islanzadi la serra dans ses bras en s'écriant :

Ô ma fille, que de mal je t'ai fait !

 
 
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