Aïe… Je ne pensais pas que ma solitude irait si loin, de me faire rêver d’une vie comme ça et d’en rêver tellement fort que j’y crois. Un dur retour à la réalité se prépare. J’ai peur…

Aujourd’hui nous sommes le 11 septembre 2011. Dix ans après les attentats des tours jumelles, j’ai l’impression que c’est dans mon intérieur que ça se détruit. Ça fait peur… J’ai mal au cœur et ai une boule au ventre. Je n’ai pas envie de retourner au lycée après la honte que j’ai eu hier. Mais il faut faire face aux cons qui s’en prennent à soi. Je ne suis pas triste finalement… Tous les jours se ressemblent, sans profondeur… On s’impose des onze septembre et on se détruit de l’intérieur nous même… On se fait peur et on ne tremble pas qu’en décembre, c’est tout les jours dans nos cœur…

La route vers le lycée parait plus longue que d’habitude… J’ai l’impression de marcher au ralenti et que tout ce que je vois autour de moi est accéléré. Je repense à mon rêve. J’ai les larmes qui me montent aux yeux. Je commence à courir mais mon ralenti se fait de plus en plus ressentir. J’arrive à un parc pour enfant, il est désert. Je continue de courir et j’arrive dans le bac à sable. Ici, je me prends les pieds dans le sable et tombe. Toutes mes larmes coulent le long de mes joues. Je suis en position de fœtus. Je ne bouge plus, je suis bien comme ça, je ne sens plus les lames dans mon cœur… J’aimerai rester ainsi pour toujours mais une maman arrive avec son enfant et me trouve comme ça. Elle me parle mais je ne comprends pas ce qu’elle dit. Elle fouille dans mon sac et récupère mon carnet de correspondance. Elle me relève et enroule mon bras autour de sa nuque pour me porter. Elle m’emmène à mon lycée et nous entrons dans le bureau du CPE. Ici, l’infirmière arrive et me donne quelques claques. Je me réveille. Ça y est, mon esprit est revenu et j’entends tout le monde comme il le faut.

La sonnerie sonne et je pars vers ma salle. Monsieur Keller arrive à toute vitesse et demande à me parler en privé. Tout le monde rentre sauf lui et moi. Il me dit :

-      Vous allez bien monsieur Obaque ?

-      Oui très bien pourquoi ?

-      Vous avez les yeux tout rouges !

-      Je viens de pleurer c’est pour ça…

-      Qu’est ce qu’il se passe ?

-      Je n’aurais jamais cru que m’imaginer un ami fictif puisse m’arriver…

-      Justement, je voulais vous parler de ça. Vous en avez beaucoup rêvé non ?

-      J’en ai tellement rêvé que j’y ai cru…   

-      Vous devez être médium ou quelque chose comme ça...

-      Quoi ?

-      Vous avez dit que votre ami imaginaire était arrivé le 11 septembre 2011, donc aujourd'hui, et qu’il s’appelait Jason.

-      Oui, pourquoi ?

-      Nous avons un Jason qui va arriver cet après midi dans la classe.

Je ne comprends pas mais au fond de moi un sourire se dessine.

Nous rentrons tous les deux dans la classe sous les yeux de mes camarades. Mes yeux brillent, j’ai envie que ce matin passe très vite pour faire la rencontre de Jason, du vrai Jason.