17
Nouvelle alliance
Juger autrui, c'est se juger. William Shakespeare
Allongé sur son lit, Peter se retourna et tendit le bras, s'attendant à trouver le corps chaud et douillet de Claudia. Mais tout ce qu'il rencontra, ce fut le vide.
Il se souvint alors … Il roula sur le côté et enfouit son visage sous l'oreiller. Tout ce qu'il désirait, c'était revenir en arrière et oublier la soirée de la veille. Si seulement il était resté à New York. Lui et ses idées.
Il ne dormait pas dans le lit conjugal, en compagnie de sa femme, mais dans la chambre d'amis. Il se rappelait maintenant.
La veille au soir, une violente dispute avait éclaté entre Claudia et lui. Il en était même venu aux mains avec l'autre type, celui qu'il avait surpris en sa compagnie. Paul quelque chose, professeur de chimie dans la même fac que la jeune femme.
Finalement, Claudia avait réussi à le raisonner, Paul était rentré chez lui – après s'être rhabillé – et ils étaient montés se coucher. Cela aussi, la jeune femme avait dû le négocier. Il serait volontiers allé dans un motel, le plus loin possible de cette traîtresse mais elle avait su le convaincre. Et puis, pour être complètement honnête, il n'avait pas d'argent à dépenser dans une chambre d'hôtel en ce moment.
Alors il dormait ici.
Il se retourna et ouvrit les yeux.
Comme ils venaient d'emménager et qu'ils utilisaient rarement cette pièce, Claudia et Peter n'avaient pas encore eu le temps de décorer la petite chambre. Malgré son aménagement primaire – un lit, une commode et une chaise près de la fenêtre – la pièce dégageait un charme paisible.
Pendant plusieurs minutes, il se contenta de contempler par la fenêtre leur quartier de Richmond qui s'éveillait lentement en ce dimanche matin. Bientôt, la rue serait envahie par des gosses jouant au football ou à la dînette, les pères de famille comparant la taille de leur voiture et les mères surveillant leur adorable progéniture. Bon, il exagérait peut-être un peu le tableau parfait de la vie en banlieue là.
On toqua doucement à la porte et l'instant d'après, Claudia se tenait devant lui, les mains dans les poches de sa robe. Elle était déjà habillée de pied en cape et chaussée de bottines noires.
— Tu sors ?
— Je dois aller chercher Thomas, lui expliqua-t-elle. Mais avant, je voulais qu'on discute. Je crois que je te dois des explications.
— Des excuses aussi, ajouta-t-il sèchement.
Elle ferma les yeux avant de lentement hocher la tête.
— D'abord, commença-t-elle en s'appuyant contre le mur beige, je veux que tu saches que Paul et moi, nous ne sommes pas … Enfin, c'était la première fois que ...
Elle s'arrêta, prit une profonde inspiration et reprit :
— C'est un vieil ami mais on n'est pas en couple. On s'était perdu de vu après nos études. Je ne suis pas venue m'installer à Richmond pour le retrouver, insista-t-elle.
— Alors, c'est une étrange coïncidence, railla Peter. Comme par hasard, ce type est un vieil ami. Comme par hasard, tu te retrouves ici à Richmond, à enseigner dans la même fac et comme par hasard, je vous surprends ensemble, sur le point de vous envoyer en l'air !
Sans même s'en rendre compte, il s'était mis à crier. Mais cela ne servait à rien, il le savait. Claudia et lui avaient déjà passé beaucoup trop de temps à crier. En vain.
— Je suis désolée, murmura-t-elle d'une voix tremblante.
Il leva les yeux vers elle, la femme qu'il avait passionnément aimée pendant plusieurs années, pour laquelle il avait quitté Jenny. La femme qui lui avait donné ce qu'il avait de plus beau dans la vie, son fils.
Il connaissait les traits de son visage par cœur, aussi sûrement que les siens ou ceux de leur fils Thomas. Ses yeux sombres et bridés étaient brillant de larmes. Il savait qu'elle se retenait de pleurer, elle à qui on avait appris à détester les manifestations d'émotions trop vives. Même devant lui, elle s'était rarement laissé aller. Un reste de sa stricte éducation sans doute.
Il se redressa légèrement et ajusta son oreiller, pour éviter de la regarder.
— Quand tu rentreras avec Thomas, on devrait lui parler, murmura-t-elle.
Elle acquiesça d'un hochement de tête et quitta la pièce.
Moins de deux heures plus tard, il quittait définitivement Richmond, au volant de sa fidèle Corvette. Il savait qu'il reviendrait, ne serait-ce et sans doute uniquement pour voir Thomas, comme il l'avait expliqué au petit garçon.
Claudia et lui ne s'étaient presque pas adressé la parole.
Ils avaient expliqué la situation à leur fils en des termes simples, lui assurant que son père reviendrait le voir aussi souvent que possible, l'emmènerait à New York et que ses parents l'aimaient toujours. Ils ne vivraient simplement plus ensemble.
Pendant qu'il chargeait le reste de ses affaires dans le coffre de sa voiture, Peter avait alors réalisé que ce n'était pas Claudia qui lui avait manqué, mais l'illusion de stabilité et de bonheur qu'elle lui avait apporté.
Il ignorait pour quelles raisons son mariage n'avait pas marché mais il savait qu'il aurait du y mettre fin plus tôt. Claudia et lui s'étaient acharnés à réparer ce qui était irréparable, définitivement cassé et cela avait conduit à son infidélité.
Il savait qu'il lui faudrait beaucoup de temps, des années peut-être, pour surmonter ce gâchis et penser à lui pardonner mais il y arriverait sans doute. Et puis, il y avait Thomas. Que cela lui plaise ou non, il lui faudrait bien trouver un moyen de surmonter son sentiment de deuil et sa colère. Son fils risquait de traverser des moments pénibles, inutile d'en rajouter en lui montrant à quel point il en voulait à sa mère.
La fatigue qu'il ressentait lorsqu'il arriva à New York n'avait rien à voir avec les longues heures passées derrière le volant. Dire qu'il n'était même pas dix-huit heures, se dit-il en déchargeant son coffre. Et il n'avait déjà plus qu'une seule envie : se coucher.
Mais évidemment, les choses ne se déroulèrent pas comme il l'avait espéré.
Il se demandait s'il aurait la force de monter les deux lourdes valises à travers les étages – l'ascenceur était en panne depuis plusieurs jours et ne serait pas réparé avant la semaine suivante – quand une voix retentit derrière lui.
— Besoin d'un coup de main ?
Il se retourna. L'homme se tenait à quelques mètres derrière lui, vêtu d'un jean et d'une chemise à manches courtes, tendue sur son embonpoint. Lorsqu'il s'approcha, Peter remarqua son visage arrondi au teint mat mais bienveillant, surmonté d'une touffe de cheveux grisonnants.
— Qui êtes-vous ?
— Carlos Delgado, se présenta-t-il. Il faut que je vous parle.
— Parfait. Ecoutez, je viens à peine de surprendre ma femme avec un autre homme et je me prépare à un divorce éreintant, alors quoi que vous ayez à me dire, faites vite. Si vous êtes là pour me menacer ou me donner de l'argent, dépêchez-vous.
Delgado le regarda quelques secondes, interloqué et muet. Puis il lui tendit une plaque de police.
— Je suis l'inspecteur qui s'est occupé de l'enquête sur la mort de Megan Sheridan, l'informa-t-il avec un sourire avenant. En fait, vous vous êtes pratiquement fait passer pour moi auprès des amis de Megan, non ?
Peter garda un silence prudent et s'abstint de le contredire. Il n'avait jamais prétendu être policier mais il savait que la majorité des personnes qu'il interrogeait pensait qu'il l'était – et il comptait sur cette confusion.
— On devrait rentrer, finit-il par proposer.
L'inspecteur Delgado l'aida à monter ses valises et s'effondra sur le premier canapé dès que Peter eut ouvert la porte. Son teint était plus rouge que mat à présent.
Il lui proposa une canette de bière que le policier accepta avec un soupir de soulagement, en s'essuyant le front. On lui donnait une cinquantaine d'années.
— Vous êtes allés voir Jake Thompson et Sally Ann Van der Bildt en vous faisant passer pour un policier. Mais vous êtes détective privé en réalité.
Ce n'était pas une accusation, seulement un simple énoncé des faits. Le regard que dardait sur lui l'inspecteur Delgado était davantage curieux qu'en colère. Il semblait intrigué et un peu amusé peut-être.
— Qui vous a engagé ? demanda Delgado d'un ton un peu plus brusque, voyant qu'il ne répondait pas.
— Qui vous dit qu'on m'a engagé ?
— Allez savoir pourquoi mais j'ai du mal à vous imaginer vous lever un matin avec l'envie d'enquêter sur une mort accidentelle.
— Certaines personnes – dont celle qui m'emploie – ne sont pas convaincues que cette mort est un accident.
— Et j'en fais parti.
Peter le jaugea du regard. Delgado disait-il la vérité ou tentait-il de lui soutirer des informations ?
— Je sais que vous vous méfiez de la police mais je suis de votre côté, M. Westerfield. Depuis que j'ai mis les pieds au Charlton Plaza, tout le monde essaie de me mettre des bâtons dans les roues, lui apprit-il. D'après ce que j'ai compris, c'est aussi votre cas. Vous avez reçu de l'argent ? Des menaces ?
— Les deux, confirma Peter. George Sheridan, le ... père de Megan, ne m'a pas ouvertement menacé mais c'était tout comme. Et il m'a donné de l'argent dans l'espoir de me voir abandonner mon enquête.
— Vous l'avez fait ?
— Je ne cesse une enquête qu'en deux circonstances : soit parce que mon employeur m'a demandé de le faire, soit parce que je l'ai résolue. Mais j'ai une question : si vous pensez que l'overdose de Megan n'était pas accidentelle, pourquoi avoir clos l'enquête ?
Delgado secoua la tête et reposa sa canette sur la table basse.
— Je n'ai jamais clos cette enquête, ni conclu à une overdose accidentelle.
— Pourtant, il était logique d'y penser, fit remarquer Peter. Il y a eu pas mal d'overdoses mortelles cet été à cause de la fameuse héroïne coupée avec du fentanyl, non ?
— Sauf que cette héroïne en question n'était pas coupée avec du fentanyl, le corrigea Delgado.
Evidemment, Peter le savait déjà. Son amie Jenny, médecin légiste de New York, le lui avait dit. Ainsi, le rapport d'autopsie « officiel », qui avait pourtant été amputée de quelques précieuses infirmations, mentionnait malgré tout l'absence de fentanyl. A quoi rimait tout cela ?
— Le lendemain de la mort de Megan, reprit l'inspecteur de police, à peine quelques heures après l'autopsie, mon chef est allé voir la presse et la famille pour leur dire que la gamine avait fait une overdose accidentelle. Comme les autres.
Ce qui signifiait que la personne qui avait tué la jeune fille bénéficiait de quelques soutiens haut placés, à commencer par le chef de la police new-yorkaise. Et d'après ce que Jenny lui avait dit, peut-être même le médecin expert général de l'état de New York.
C'était d'autant plus probable que le rapport d'autopsie officiel ne mentionnait ni la grossesse de Megan, ni la présence de flunitrazépam dans le sang de la jeune fille.
— Quelqu'un de haut placé ne veut pas qu'on découvre la vérité. Sheridan ou Van der Bildt peut-être ...
— Robin Van der Bildt ? s'étonna Peter.
Pour l'instant, le seul élément qui le reliait à Megan – en-dehors du fait qu'il était son parrain – c'était la tentative de piratage du système informatique du groupe VDB de la jeune fille. Et il doutait que le policier fut au courant.
— Il fait clairement parti de ceux qui voulait me voir déguerpir de l'hôtel le soir même du drame.
— Quoi de plus normal ? rétorqua le jeune détective. Il ne voulait pas voir la réputation du Charlton Plaza entaché par une affaire aussi sordide. Surtout le soir de la réouverture … On peut le comprendre.
— Ça va au-delà de ça. Il m'a traité de tous les noms quand j'ai parlé d'interroger les invités – ce qui est la routine en cas de mort suspecte – et il a insité pour être présent durant l'interrogatoire de sa fille.
— Vraiment ?
Certes, sa requête était légitime sachant que Sally Ann était mineure mais elle n'avait jamais été suspectée. Ni par la police ni par lui-même.
— Au début, je me suis dit que Van der Bildt faisait comme à son habitude un peu de zèle mais maintenant ...
— Quoi ?
— Vous avez parlé à Sally Ann et à Jake Thompson, non ? Je me fais peut-être des idées mais j'ai l'impression qu'il y a quelque chose de pas net entre ces deux-là.
— Comme s'ils étaient sortis ensemble ? fit Peter avec l'ombre d'un sourire.
Delgado acquiesça.
— Oui mais pas seulement. Réfléchissez : on sait qu'ils étaient tous les deux au Plaza quand Megan est morte et qu'ils sont sortis ensemble – dans son dos. Imaginez qu'elle l'ait découvert, qu'une dispute ait éclatée entre les trois et résulte par la mort de Megan. Un accident est si vite arrivé … Ensuite, Jake et Sally Ann paniquent, vont voir leurs parents qui prennent les choses en main. Ça expliquerait à la fois le comportement de Linda Thompson et de Robin Van der Bildt.
Peter haussa les sourcils.
— Le comportement de Linda Thompson ? répéta-t-il.
— Elle a fait des pieds et des mains pour que son fils ne soit pas interrogé. Juste après la découverte du corps de la gamine, elle a prétexté un soi-disant malaise pour lui faire quitter l'hôtel. À chaque fois que je me pointais chez eux, elle trouvait une nouvelle excuse pour m'empêcher de le voir.
— Mais vous avez fini par lui parler ?
— Certainement pas grâce à elle. Je l'ai accosté sur le chemin du lycée et il avait franchement l'air nerveux.
On le serait à moins, se dit le jeune détective, qui se rappelait également la nervosité du jeune Jake lors de leur unique rencontre.
— Non, ça ne tient pas la route, finit par dire Peter. Megan n'est pas morte étranglée, à la suite d'une chute ou d'un coup violent. On lui a fait une injection mortelle d'héroïne. C'était forcément prémédité, pas le résultat d'un coup de folie ou d'une violente dispute.
— Peut-être que l'un des deux est accro et avait de la came et une seringue sur lui. La petite Sally Ann apparaît sur une vidéo plutôt olé-olé où on la voit consommer quelques substances illicites, comme on dit.
Dubitatif, Peter fit la moue. Delgado lui-même ne semblait pas totalement convaincu par sa théorie.
— Je ne dis pas que c'est ce qui s'est passé mais ça me semble plus plausible que l'overdose accidentelle. Mme Sheridan elle-même m'a dit que sa fille ne prenait pas de drogue et l'autopsie lui donne raison. Peut-être que Jake et Sally Ann étaient présents dans la chambre d'hôtel et que leurs parents ne veulent pas que ça se sache.
Il n'arrivait pas à réellement soupçonner Sally Ann Van der Bildt mais se souvenait que c'était elle qui lui avait parlé de la dispute téléphonique de Jake et Megan, peu de temps avant la mort de la jeune fille. Elle avait d'abord caché cette information à la police avant d'en faire part à Peter – qu'elle prenait pour un policier. Pourquoi ? Parce qu'elle, l'amie d'enfance, savait que Megan ne prenait pas d'héroïne et qu'on l'avait probablement assassinée ? Parce qu'elle croyait Jake capable de violence ?
— Bon, à votre tour maintenant, lui dit Delgado. Qu'avez-vous découvert ?
— Pas grand-chose de plus que vous, fit Peter avec décontraction. Megan ne se droguait pas, elle se comportait étrangement les mois précédent sa mort mais je crois savoir que c'était lié à des problèmes familiaux.
— Du genre ?
— Quelques trucs avec son père, éluda Peter qui ne savait pas encore s'il devait mentionner les malversations financières commises par la Sheridan Brothers et découvertes par Megan.
— Alors c'est pour ça que Sheridan vous a donné de l'argent ? Parce qu'il ne voulait pas que vous découvriez certaines choses sur lui ?
Peter lui lança un regard perçant. Pour la première fois depuis le début de leur entretien, il avait la sensation que le policier en savait plus que lui. Jusqu'à présent, il s'était contenté d'écouter et d'en dire le moins possible, pour ne pas violer le contrat qui le liait à Nicole Sheridan.
Delgado faisait-il référence au père biologique de Megan, l'ancien petit ami violent Aidan Dunn ou à autre chose ?
— A votre avis, qu'est-ce que j'aurais pu découvrir sur Sheridan de toute façon ? fint-il par demander.
— Eh bien ... Qu'il est homosexuel par exemple.
OOoOo
Le lendemain, Peter serait volontiers resté au lit toute la journée mais deux appels le tirèrent du lit plus tôt qu'il ne l'aurait souhaité.
Le premier fut de Claudia. Sa future ex-femme souhaitait prendre de ses nouvelles, savoir s'il était bien rentré à New York. L'impression qu'il en retirait c'était qu'elle se sentait coupable. Mais, comme il le lui avait sèchement fait remarquer, si elle cherchait l'absolution, elle avait frappé à la mauvaise porte.
Peu importait qu'elle n'ait pas couché avec ce Paul ou qu'elle n'ait pas quitté New York pour être avec lui, cela revenait au même à ses yeux. Elle l'avait blessé comme rarement avant et il lui faudrait des mois, si ce n'est des années, pour penser à lui pardonner.
Il se sentait mal à l'aise et pas seulement à cause de Claudia.
Après que Carlos Delgado lui eut parlé de l'homosexualité cachée de Sheridan, il avait bien tenté de faire coïncider cette information avec le reste du puzzle mais n'y arrivait pas. En admettant que Megan ait pu le découvrir, il ne voyait pas le rapport avec sa mort. Il n'y en avait peut-être pas après tout. Il s'était passé tant de choses dans la vie de Megan entre la liaison de sa mère et Robin Van der Bildt, ses découvertes sur la banque de son père, l'arrivée dans sa vie de son père biologique et le reste que Peter avait du mal à faire la part des choses.
Selon toute vraissemblance, un seul de ces évènements avait mené au décès de la jeune fille. Il ne lui restait plus qu'à trouver lequel.
Assez stupidement, il avait parlé à Delgado de la tentative de piratage du système informatique de la VDB et des découvertes de Megan sur la Sheridan Brothers. Maintenant, il le regrettait et se demandait ce qui lui avait pris. Il sentait confusément que c'était une information trop sensible pour être divulgué au premier policier venu.
Il sortait de la salle de bain, vêtu d'une simple serviette de bain, quand son portable sonna à nouveau.
— Salut Ryan ! Quoi de neuf ?
— Je suppose que tu n'as pas eu le temps d'aller sur le net.
— Je viens à peine de me lever alors, non … Pourquoi ?
— Je préfère te laisser voir par toi-même. Va sur le site du blogueur Martin Hilton et tu vas vite comprendre. Bonne journée quand même.
Immédiatement après avoir raccroché, Peter alluma son ordinateur portable et se rendit sur le site de ce mystérieux blogueur. Le nom de Martin Hilton ne lui disait rien mais il n'était pas du genre à suivre ce qui se passait sur la blogosphère.
Bonjour, New York !
Aujourd'hui, j'ai quelques fraîches nouvelles à vous faire partager au sujet de ce qui, selon les standards de notre belle ville, est déjà de l'histoire ancienne.
Vous vous souvenez de Megan Sheridan ? Jeune, belle, riche et … morte.
Megan, 17 ans, avait tragiquement trouvé la mort, le soir même de la réouverture du Charlton Plaza, dans l'une des chambres du luxueux hôtel. La police avait rapidement conclu à une mort accidentelle, provoquée par une overdose d'héroïne.
Une version qui ne pouvait que nous convaincre, étant données les nombreuses et similaires overdoses qui ont émaillé l'été new-yorkais.
Depuis, une vidéo plus qu'embarrassante pour la réputation de la famille Sheridan et de l'école Notre Dame du Sacré Coeur est venue confirmée cette théorie.
Mais une source proche du dossier depuis le début de l'affaire fournit de nouvelles informations qui change la donne sur toute cette affaire.
Personne ne nie l'overdose à laquelle a succombé la jeune Megan mais je peux vous affirmer que l'héroïne qui l'a tuée n'était en rien similaire à celle utilisée cet été et contre laquelle policiers et médecins n'ont cessé de mettre en garde.
Etrange, non ? Je me rappelle pourtant avoir entendu le chef de la police de New York affirmer que l'overdose de Mlle Sheridan avait été provoqué par une overdose d'héroïne coupée au fentanyl. Eh bien, c'était un mensonge, mesdames et messieurs.
Plus surprenant encore, j'ai appris au cours de mes investigations que plusieurs personnes avaient pesé de tout leur poids pour que la police conclue rapidement à un accident, n'hésitant pas à soustraire certains témoins clés aux enquêteurs. Un abus de pouvoir caractérisé et sans aucun doute une obstruction à la justice.
George Sheridan, le père de la jeune Megan et Robin Van der Bildt, nouveau propriétaire de l'hôtel où le drame s'est déroulé et parrain de la victime, ont usé de leur influence pour faire pression sur la police.
Etant données les circonstances tragiques et quelque peu embarrassante du décès, on peut comprendre leur réaction. Ils cherchent à protéger la mémoire de Megan dirons-nous.
Mais la suite de cette triste histoire prouve que ce que ces deux-là cherchent à protéger, c'est avant tout leurs propres intérêts. Des intérêts financiers surtout.
Pour des raisons de confidentialité, ma source n'a pas pu m'en dire pour le moment plus mais il est certain qu'il est du devoir de la police de New York de rouvrir l'affaire.
La suite dans quelques jours, mes amis ! |