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Le dernier été
Par SarahCollins
Originales  -  Mystère  -  fr
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    Chapitre 18     Les chapitres     2 Reviews    
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Amitié mortelle

18

Amitié mortelle

Personne ne peut pendant très longtemps se montrer un visage à lui-même et en présenter un autre au reste du monde sans finir par s'y perdre et se demander lequel des deux est le vrai. Nathaniel Hawthorne

— Comment avez-vous découvert où j'habitais ? lui demanda Delgado d'un ton morne.

— Comme vous, sans doute. Vous me laissez entrer ?

Visiblement à contre-coeur, le policier s'effaça et Peter entra.

Vu du salon, l'appartement semblait plutôt petit mais somme toute, joliment décoré. Les murs recouverts de papier peint vert pâle agrandissait la pièce et s'accordait bien avec le canapé. Il s'assit et attendit que Delgado fasse de même. Mais il demeurait debout, près de la porte, les bras croisés. Il voulait le voir partir le plus vite possible et ne s'en cachait pas.

— Qu'est-ce que vous voulez ?

— Vous ne voulez pas vous asseoir ? proposa Peter. Je crois qu'on a une longue conversation devant nous. Non, vraiment pas ?

— Qu'est-ce que vous voulez ? répéta Delgado, le visage fermé et la voix dure.

— Et vous, vous voulez quoi ? Découvrir qui a tué Megan Sheridan ou prouver à tout prix que Robin Van der Bildt était mêlé à sa mort ?

— Les deux semblent aller de paire, non ?

Peter secoua la tête sans le quitter des yeux.

— Je suis allé sur le blog d'un certain Martin Hilton ce matin et il semblait savoir des choses au sujet de Sheridan et Van der Bildt. Des choses que je n'ai partagées qu'avec une seule personne : vous. Et ne me dites pas que c'est une coïncidence.

Il s'attendait à des protestations de la part du policier mais rien ne vint. Sans même lui faire l'aumône d'un regard, il éteignit la télévision et l'image du présentateur de CNN s'évanouit.

— Que vous soupçonniez Sheridan à cause de ce que Megan avait découvert sur sa banque, je peux le comprendre. Mais Van der Bildt ? Vous semblez lui vouer une haine sans limite. Au début, je ne comprenais pas pourquoi alors j'ai échafaudé quelques théories, expliqua Peter d'un ton badin. Assez ridicules, je dois avouer. Comme vous m'aviez dit que Sheridan était homosexuel, je me suis dit que vous l'étiez aussi, que peut-être aviez-vous fait des avances à Van der Bildt par le passé et qu'il vous avait repoussé, je ne sais pas … Que c'était par rancoeur que vous agissiez ainsi.

Seul le silence lui répondit.

— Mais ça ne collait pas, parce que rien ne prouvait que Van der Bildt et vous ayez pu vous croiser avant la mort de Megan. Alors, j'ai continué mes recherches, poursuivit Peter, et j'ai découvert que votre sœur avait un fils de dix-neuf ans, étudiant au MIT. Il s'appelle Andrew. Le certificat de naissance n'indique pas le nom du père et Andrew porte le nom de famille de votre sœur. Comme si on voulait cacher une partie de sa filiation.

— Vous avez une imagination débordante, répliqua Delgado, qui voyait où il voulait en venir.

— Votre sœur Veronica a été stagiaire chez VDB peu de temps avant de tomber enceinte, continua Peter, sans tenir compte de l'interruption. Je me suis souvenu que Sally Ann Van dr Bildt m'avait dit le week-end dernier que ses parents n'arrêtaient pas de se disputer parce que sa mère avait découvert qu'il avait un fils caché. Qui a comme par hasard le même âge et le même prénom que votre neveu.

— Je pense qu'il y a des dizaines d'autres jeunes étudiants qui s'appellent Andrew dans ce pays, railla Delgado.

Mais lui-même ne semblait pas croire ce qu'il disait. Le ton morne et sans grande conviction, il évitait son regard.

— Arrêtez Delgado. Andrew, votre neveu, est le fils biologique de Robin Van der Bildt. Mais j'ai regardé les dates. Il est né quelques mois seulement après son mariage avec Ellen. Il était déjà fiancé à l'époque et n'a pas levé le petit doigt pour aider votre sœur à élever leur fils.

Il y eut un silence puis :

— Je suis allé le voir après la naissance. Veronica ne voulait pas mais elle avait besoin d'aide et j'estimais que c'était son devoir. Il ne pouvait pas juste la sauter et ensuite se tirer sans tenir compte des conséquences.

— Qu'est-ce qui s'est passé ?

— Rien. Je suis allé le voir à son bureau pour lui parler de son fils mais il n'en avait rien à faire. Il a même menacé ma sœur de lui envoyer ses avocats si elle continuait de le harceler. Vero m'a dit qu'elle préférait mourir plutôt que lui demander de l'argent. Depuis, elle élève Andy seul. C'est un gosse formidable, ajouta-t-il à voix basse. Il tient ça de sa mère.

— Et de vous aussi, j'en suis sûr.

Il était certain que Delgado s'était totalement investi dans l'éducation du jeune Andrew et qu'il n'était pas étranger à sa réussite.

— Bon, d'accord, Robin Van der Bildt s'est conduit comme le dernier des derniers avec votre sœur et votre neveu mais ça ne fait pas de lui un meurtrier. D'ailleurs, la dernière fois qu'on s'est parlés, vous pensiez que Linda Thompson et lui protégeaient leurs enfants.

Delgado haussa les épaules et se rendit dans la cuisine.

— Vous voulez manger un morceau ? lui demanda-t-il soudainement en ouvrant son frigo.

— Qu'est-ce que vous avez ?

— Hum … Un reste de pizza. Je crois qu'il date d'il y a quelques jours déjà, ajouta-t-il en se retournant.

Peter grimaça et secoua la tête.

— Je crois que je vais passer mon tour. Mais vous n'avez pas répondu à ma question. Pourquoi avez-vous tout d'un coup changé d'avis sur la mort de Megan ?

Le policier prit le temps de placer une part de pizza dans le four à micro-ondes avant de lui répondre.

— Eh bien, je vous ai écouté et vous avez sans doute raison, répondit-il en haussant légèrement la voix pour couvrir le bruit de l'appreil. La mort de Megan semble avoir été bien pensée et préméditée. Ce n'est pas le résultat d'un coup de folie, d'une dispute qui dégénère. Et puis, j'ai pensé à tous ces liens.

— Quels liens ?

— Les liens familiaux, les liens avec les banques. Elle était la fille du PDG d'une des plus grandes banques du pays, son parrain dirige une autre grosse entreprise. Tout comme la mère de son petit ami. Et on sait qu'elle avait découvert des choses compromettantes sur chacun d'entre eux.

— Sur la banque de son père seulement, rectifia Peter.

— Dont Mme Thompson est la vice-présidente. Et vous m'avez vous-même dit qu'elle a essayé de pirater le système informatique du groupe VDB. Elle cherchait quelque chose sur leur banque, Bank of New York.

— Ce quelque chose n'existait peut-être pas. Peut-être que Van der Bildt respecte la loi et ses clients.

Delgado éteignit le four et se tourna vers lui, un sourcil levé.

— Sérieusement, insista le jeune détective. Megan a envoyé des e-mails à un prof d'éco et aucun ne mentionnait le groupe VDB, ni Bank of New York.

— Elle n'avait peut-être rien trouvé à ce moment-là mais elle avait déjà des soupçons.

Malgré lui, Peter ne put s'empêcher de penser à ce que Ryan lui avait dit. Il n'avait réussi à récupérer qu'une partie du disque dur de l'ordinateur de Megan. Que contenait l'autre ? Des informations secrètes sur le groupe VDB ? Il secoua la tête.

— Vous voyez ? s'exclama Peter, agacé. Vous recommencez ! Vous essayez à tout prix de mêler Van der Bildt à cette affaire. Vous n'êtes pas objectif, Delgado. Bon sang, c'est un homme d'affaires, pas un type capable d'assassiner de sang-froid une adolescente. Et puis, à quoi ça servait de mettre votre ami blogeur au courant ?

— De cette façon, Van der Bildt ne peut pas me faire de mal. S'il essaie de s'en prendre à moi, les infos que je détiens ne mourront pas avec moi. C'est une assurance vie, si vous préférez.

Peter leva les yeux au ciel, en marmonnant qu'il avait rarement rencontré quelqu'un d'aussi paranoïaque.

Le policier était sur le point de lui répondre quand son téléphone portable sonna. Il ne lui fallut que quelques minutes de conversation pour comprendre la gravité de la situation.

Sa perplexité devait se lire sur son visage car Delgado l'assaillit de questions dès qu'il eut raccroché.

— C'était le professeur Besbe. Celui à qui Megan ...

— Oui, le prof d'éco de Columbia, je me souviens. Que voulait-il ?

— Il pense que son appartement a été cambriolé pendant qu'il donnait ses cours. Il a cherché partout mais il ne retrouve pas la clé USB qui contenait les copies des comptes truqués de la Sheridan Brothers. Tout a … disparu, conclut-il d'une voix atone.

OOoOo

Au volant de sa fidèle Corvette rouge, Peter étouffa un bâillement.

La nuit avait été longue. Après son entrevue avec Carlos Delgado, il s'était immédiatement rendu chez le professeur Amar Besbe.

Celui-ci avait décidé, sur les conseils de Peter, de ne pas prévenir la police. À quoi bon, de toute façon ? Son appartement n'avait pas été mis à sac et en-dehors de la fameuse clé USB, rien ne manquait. Peter avait bien conscience de se montrer légèrement paranoïaque mais la situation semblait l'exiger.

Il avait toujours beaucoup de mal à envisager que Robin Van der Bildt et/ou George Sheridan soit mêlé à la mort de Megan mais ce cambriolage …

Et puis, il y avait autre chose dont il n'avait pas encore parlé à Delgado. Depuis quelques jours, il se demandait comment George Sheridan avait pu découvrir qu'il enquêtait sur la mort de sa fille. Sa femme Nicole jurait ne pas lui en avoir parlé. Peter était certain que Sheridan ne l'avait pas appris par Sally Ann ou Callie Wilson, l'ancienne employée du Charlton Plaza.

Mais Robin Van der Bildt était au courant. Nicole lui faisait confiance au point de l'avoir mis dans la confidence dès le début de son enquête. Donc, il avait peut-être prévenu Sheridan, lequel avait décidé de le convaincre de toutes les manières possibles de mettre fin à son enquête.

Il n'était plus qu'à quelques mètres de l'agence quand il entendit le nom Callie Wilson. Avait-il parlé à haute voix ? Non, c'était juste la radio. Il augmenta légèrement le son pour écouter le reste des informations.

— Le corps de Callie Wilson, vingt-huit ans, a été découvert hier soir par sa mère, disait la présentatrice. La jeune femme a été frappée à l'arrière du crâne avec un objet contondant, peut-être une batte de base-ball. Le chef de la police a indiqué qu'il s'agissait vraisemblablement d'un cambriolage ayant mal tourné.

Seul dans sa voiture, sous le choc, Peter esquissa une grimace. Un cambriolage ? C'était peut-être logique pour la police du Queens, qui ne savait rien des ennuis de la jeune femme avec son ancien employeur, mais pas pour lui.

Callie Wilson menaçait le groupe Van der Bildt d'un procès et se faisait tuer quelques semaines plus tard. Suspect. Peut-être lui avait-elle menti. Peut-être avait-elle vu quelque chose le soir de la mort de Megan depuis la salle de vidéo surveillance. Quelque chose qu'elle n'aurait pas dû voir et qui impliquait Robin Van der Bildt.

Il était tellement bouleversé par cette nouvelle qu'il faillit ne pas entendre le reste. Or, le plus important était à venir.

— Dans le reste de l'actualité, un article du Wall Street Journal met le feu aux poudres en évoquant ouvertement une faillite de la banque Sheridan Brothers, l'une des plus importantes du pays. Nos confrères affirment cependant que le déopôt de bilan n'est pas la seule issue.

Là-dessus, la présentatrice donna la parole à un « spécialiste ».

— En ce moment, deux possibilités se dégagent, expliqua-t-il. La première, c'est une aide de l'Etat à travers une intervention de la Réserve fédérale. Cette solution a déjà été utilisée au plus fort de la crise, deux ans plus tôt, et a donné des résultats mitigés. Mais si la situation l'exige, elle sera sans doute réutilisée. L'autre solution – et c'est celle cité par cet article du Wall Street Journal – c'est un rachat pur et simple de la Sheridan Brothers par une autre banque. Dans le cas présent, Bank of New York, filiale du groupe Van der Bildt, est en bonne position.

Peter gara sa voiture, éteignit la radio.

Une horrible théorie germait peu à peu dans son esprit. Il entra dans les locaux de l'agence et alluma les lumières.

Jusqu'à présent, l'idée de Delgado, à laquelle il n'adhérait que moyennement, était que Megan détenait des informations sensibles sur la Sheridan Brothers – les e-mails envoyés à Besbe en attestaient – mais aussi sur Bank of New York.

Thompson, Sheridan et Van der Bildt avaient décidé d'agir en éliminant la source du problème : Megan. Ils avaient peut-être engagé quelqu'un pour faire l'injection mortelle d'héroïne. Callie Wilson avait surpris quelque chose de compromettant alors on l'avait renvoyée et espéré qu'elle ne parlerait pas en échange d'argent. Mais Callie avait contre-attaqué et menacé le groupe d'un procès retentissant. Et maintenant, elle était morte.

Peter se balança d'avant et en arrière sur son siège, dos à la fenêtre.

Non, il ne prenait peut-être pas les choses dans le bon sens. Sheridan n'était peut-être pas le père biologique de Megan mais il l'avait élevé comme sa fille. Il ne lui aurait pas fait de mal.

Il se leva et se mit à faire les cent pas.

— Imaginons autre chose, dit-il à voix haute. Megan tente de pirater le système informatique du groupe VDB. Robin comprend qu'elle cherche à prouver qu'il escroque des clients. D'une manière ou d'une autre, il sait que la SB fait la même chose et suppose que Megan l'a découvert. Alors il ordonne le meurtre de Megan et le cambriolage de l'appartement de Besbe. Ou s'en charge lui-même.

Il reprit sa place, derrière le bureau.

— Pour ne prendre aucun risque, continua-t-il, il se débarrasse de Callie Wilson. Avec ou sans l'aide de Linda Thompson. Mais Sheridan soupçonne peut-être quelque chose. Alors, Van der Bildt conclut un deal avec lui. Je sauve ta banque si tu gardes le silence au sujet de Megan. De toute façon, tu n'as pas de preuves, seulement des … Ah ! s'exclama-t-il, manquant de tomber à la renverse.

— Hé, ce n'est que moi, lui dit Ryan en éclatant de rire.

— Comment tu es entré ?

— C'était ouvert. Tu parles tout seul maintenant ?

— Oui. En fait, ça m'aide à réfléchir, mettre mes idées au clair.

L'air entendu, Ryan hocha la tête, un large sourire sur les lèvres.

— J'ai toujours su que t'étais totalement givré de toute façon.

— Ouais, c'est ça, tu voulais me voir pour quoi ?

— En-dehors de ce qui est évident, à savoir admirer tes yeux brillants et ta chatoyante chevelure ? Je voulais te dire qu'Aidan Dunn avait raison.

Peter se redressa.

— Quand il disait qu'il n'avait pas envoyé les derniers e-mails à Megan, qu'il ne lui avait pas donné rendez-vous à l'hôtel Plaza. Ces messages-là n'ont pas été envoyés depuis Harrisburg mais depuis New York.

— Comment est-ce possible ? J'ai moi-même vérifié la boîte mail de Dunn et les messages envoyés s'y trouvaient.

— C'est assez simple de pirater la messagerie électronique de quelqu'un, lui apprit son ami qui haussa les épaules. Pour Aidan Dunn, c'est encore plus simple parce que son adresse est disponible sur son site internet. Il suffit d'utiliser l'option « mot de passe oublié ». Il y a une question de sécurité dont seul l'utilisateur connaît la réponse. En théorie. Sauf que généralement, c'est une question bateau du genre lieu de naissance, nom du conjoint ou des enfants.

— Nom des enfants ? répéta Peter.

— Ouais, ou d'autres trucs dans le genre. C'est très facile à trouver s'il s'agit d'une personnalité publique dont la vie est connue.

Sauf qu'Aidan Dunn n'était pas une personnalité publique et que les faits de sa vie privée n'étaient pas connus de tout le monde. Son lien de parenté avec Megan était resté secret des années durant, à quelques exceptions près.

— Robin Van der Bildt savait que Megan était sa fille biologique, murmura-t-il pour lui-même. Il pouvait facilement pirater sa boîte mail.

OooOo

Allongée sur le lit, Sally Ann ouvrit les yeux et tourna la tête. Elle se trouvait dans la chambre de Megan. Rien n'avait changé depuis la mort de la jeune fille. La même photo trônait sur la table de chevet, la représentant entourée de ses parents sur le parvis d'une église. Souriante et visiblement heureuse, elle posait la tête sur l'épaule de sa mère.

Elle fronça les sourcils en se redressant. Elle venait de remarquer quelque chose.

La dernière fois qu'elle était venue ici, une autre photo était posée sur le meuble de bois ciré, juste à côté de la première. On y voyait Megan avec Jake et elle, lors de leurs vacances à Aspen l'hiver dernier. Elle soupira, comprenant avec tristesse que Megan elle-même avait du l'enlever en apprenant leur aventure. Elle ne pouvait pas le lui reprocher.

Mais elle n'était pas venue ressasser ses mauvais souvenirs, se souvint-elle.

M. Sheridan était au travail et Nicole à son club, pour superviser l'organisation du bal des débutantes. Elle était donc seule dans leur magnifique appartement et en profitait pour trier les affaires de son amie. La mère de Meg le lui avait demandé. Parce qu'elle n'avait pas encore eu la force de le faire.

Parfois, il m'est difficile de … simplement rentrer dans cette pièce, lui avait-elle confié, les larmes aux yeux, mais il faut bien que quelqu'un le fasse.

De manière surprenante, Nicole voulait donner la majorité des affaires de sa fille à des associations et autres bonnes oeuvres.

Sally Ann ne pensait pas garder des vêtements de Megan, elle désirait en revanche récupérer certaines de ses propres affaires. Et être ici, tout simplement. Elle sentait davantage sa présence qu'au cimetière ou devant son casier au lycée, demeuré vide depuis la rentrée.

Elle se leva et fit lentement le tour de la pièce, caressant du regard le lit impeccablement fait, les murs au papier peint crème et le bureau toujours soigneusement rangé. Combien de fois n'avait-elle pas discuté avec Megan, pendant que celle-ci faisait ses devoirs ou révisait pour un contrôle ? Elle avait toujours été la plus studieuse. Elle avait même commencé à s'inquiéter de ses inscriptions à l'université dès leur première année de lycée, malgré des résultats frôlant sans cesse la perfection.

Elle reprit sa place sur le lit et s'empara de la jolie photo de famille. Elle avait été prise le jour du mariage de la filleule de M. Sheridan. Megan, radieuse dans une longue robe couleur lilas, était demoiselle d'honneur. Elle avait ensuite plaisanté avec Jake. On est les prochains sur la liste, lui avait-elle dit. Il avait répondu par un clin d'œil avant de lever les yeux au ciel.

Sally Ann n'avait perçu que bien plus tard l'amertume de la remarque, derrière l'apparente légèreté de son ton. Il avait fallu attendre cet été et leur inattendu rapprochement pour qu'elle comprenne.

Elle fit lentement courir ses doigts derrière le cadre avant de s'interrompre, ses sourcils froncés se rejoignant en une longue ligne mince. Elle percevait comme … une sorte d'irrégularité. Elle retourna le cadre photo et retira le carton. Plusieurs photos – une dizaine environ – en tombèrent.

— Qu'est-ce que c'est ça ? murmura-t-elle en se penchant pour les ramasser.

Elle plissa les yeux en examinant les photographies. Megan apparaissait sur chacune d'entre elles, en compagnie d'un garçon. Non, se corrigea-t-elle mentalement, d'un jeune homme plutôt. Plus âgé que Megan et elle probablement. Blond et mince, les yeux d'un vert limpide et tranquille. L'intimité de la relation qu'il entretenait avec Megan ne faisait aucun doute. Elle l'embrassait même sur l'une des photos, les bras noués autour de son cou. Elle songea qu'elle l'avait rarement vue agir de la sorte avec Jake.

Sally Ann fut surtout frappée par l'air épanoui de Megan. Elle ne se rappelait pas l'avoir vue aussi heureuse les mois précédant sa mort. Ce qui n'était guère étonnant, étant donnés ce qu'elle avait découvert. Sur son père biologique longtemps caché, les mensonges de sa mère, ceux de son petit copain et de sa meilleure amie aussi.

D'une certaine manière, elle se sentait profondément soulagée de constater qu'elle semblait avoir trouvé un peu de bonheur et de réconfort avant cette tragique nuit au Plaza.

Sally Ann avait beau examiné ces clichés, elle ne parvenait pas à reconnaître le jeune homme. Elle se demanda où Megan avait pu le rencontrer et s'il était le père de son bébé.

Sans trop savoir pourquoi, elle posa sur le bureau les précieux clichés et prit plusieurs photos à l'aide de son portable. Elle les envoya à Peter Westerfield. Elle n'était pas sûre que son geste soit d'une quelconque utilité mais il enquêtait sur la mort de Megan après tout. Il l'avait interrogée sur ses fréquentations lors de leur dernière rencontre, un éventuel petit ami secret.

Si cela pouvait être utile, il fallait tenter le coup.

OooOo

Peter se trouvait à quelques mètres du siège du groupe Van der Bildt, au moment où le conseil d'administration se réunissait pour décider du rachat ou non de la Sheridan Brothers.

Il se tenait non loin de l'entrée du restaurant Cipriani, debout les mains dans les poches. Son attitude devait être un peu étrange car de nombreux passants lui jetaient des coups d'œil agacés ou le contournaient avec moult renfort de soupirs et de regards furibonds. Ah, Manhattan ...

Le restaurant Cipriani. C'était de cet établissement qu'avaient été envoyés les derniers e-mails. Dont celui qui donnait rendez-vous à Megan au Plaza le soir de son meurtre.

Dunn avait nié depuis le début en être l'auteur et Peter ne l'avait pas vraiment cru … Jusqu'à la veille et sa discussion avec Ryan.

Bien entendu, il ne devait pas l'écarter de la liste des potentiels expéditeurs. Aidan Dunn était peut-être revenu à New York pour envoyer ce mail depuis le restaurant, ni vu ni connu. Peu probable étant donné que celui qui avait envoyé ce fatidique message était certainement le meurtrier et qu'il n'avait aucun mobile mais il ne fallait pas écarter cette hypothèse. Tout le monde mentait, ou avait menti, dans cette histoire.

Son portable vibra dans la poche de son jean. Il avait reçu un message de Sally Ann Van der Bildt. Il fronça les sourcils en regardant les unes après les autres les photos qu'elle lui avait envoyées. Elle les avait trouvées dans la chambre de Megan, dissimulées dans un banal cadre photo.

Il fit une nouvelle fois défiler les photos, plus lentement. Mais rien à faire, il ne reconnaissait pas le jeune homme qui accompagnait Megan sur chacune d'entre elles. Une chose était certaine : il ne s'agissait pas de Jake Thompson. Il avait donc la preuve qu'elle voyait bel et bien quelqu'un d'autre, sans doute celui qui l'avait mise enceinte. C'était déjà ça.

Il rangea son portable, avec l'étrange et désagréable impression qu'il aurait du reconnaître ce jeune homme, qu'il l'avait déjà vu quelque part.

Peter traversa la rue et contourna le restaurant. Il aurait pu directement interroger les serveurs mais il préférait user d'une autre méthode. En-dhors du fait qu'ils risquaient d'être débordés à cette heure-ci, il ne voulait pas être vu du patron de l'établissement pendant qu'il leur parlerait. La présence de leur supérieur risquait de les rendre moins loquace.

Comme il s'y attendait, il y avait une petite cour derrière l'établissement où les employés prenaient leur poses. Certains fumaient, adossés au mur d'une propreté douteuse.

Il repéra la plus jeune, une jolie blonde aux grands yeux verts, et se rapprocha, les mains dans les poches, son sourire le plus avenant sur le visage. Peter Westerfield, la décontraction faite homme.

— Bonjour, je m'appelle Sam Marlowe. Voilà, j'ai un gros problème et je crois que vous pouvez m'aider à le résoudre … euh, Coleen, lut-il sur son badge.

— Je vous écoute.

— Quelqu'un a envoyé un e-mail à ma femme et plusieurs de mes amis en se faisant passer pour moi. Il a carrément piraté ma boîte de messagerie ! ajouta-t-il d'un ton faussement indigné. Mais il n'a pas été assez malin. Je sais que les messages ont été envoyés le vendredi vingt-sept août, depuis ce restaurant.

Il s'interrompit avant de reprendre, croisant secrètement les doigts :

— Est-ce que vous avez travaillé cet après-midi-là ?

— En principe oui. Cet été, je travaillais tous les soirs de semaine mais je ne suis pas sûre de pouvoir reconnaître celui qui se fait passer pour vous, dit Coleen d'un ton incertain. On a pas mal de clients ici et pas que des réguliers.

— Je sais mais vous pouvez tout de même essayer, fit remarquer Peter qui sortit son téléphone portable. Vous me seriez d'une grande aide. Les messages ont été envoyés vers seize heures trente. Il ne devait pas y avoir trop de monde.

Lentement, il fit défiler des photos devant les yeux plissés par la concentration de la jeune serveuse.

À l'exception de Dunn, la plupart datait du soir de la mort de Megan, lors de la réouverture du Plaza. Des photos glamour et polissées, à qulelques heures de la tragédie qui allait balayer les fondations de leur monde parfait et faire vaciller les convictions de Nicole Sheridan à l'encontre de son mari. Et peut-être pire encore.

Coleen regarda les clichés de tous ceux qui avaient été impliqués dans cette affaire, qu'il avait un jour considéré comme suspect potentiel.

La jeune fille ne réagit pas devant les photographies souriantes de Jake et de sa mère Linda Thompson, de Robin Van der Bildt en compagnie de sa femme – et à seulement quelques mètres de sa maîtresse. Elle ne broncha pas non plus devant la mine un peu sérieuse de George Sheridan. Maintenant, Peter savait qu'au moment où la photo avait été prise, il venait de se disputer avec son épouse au sujet d'Aidan Dunn, le père biologique de Megan qui les faisait chanter pour financer son film.

Soudain …

— Attendez ! s'exclama-t-elle en se redressant brusquement.

À l'aide de son index, elle revint en arrière avant de s'arrêter sur la photo de Robin Van der BildtLe cœur de Peter battait un peu plus fort. Touchait-il enfin au but ?

— C'est lui que vous avez vu ? C'est lui qui a envoyé les e-mails ? demanda-t-il d'une voix pressante, le doigt sur le visage affable et séduisant du parrain de Megan.

— Non, non, pas lui … Je parle de l'homme au fond. Lui.

Il y avait foule derrière le couple star de la soirée, Robin et Ellen Van der Bildt. Peter regarda plus attentivement et enfin, reconnut le visage qu'elle lui montrait. Il s'agissait de Craig Warren, responsable de la sécurité au Charlton Plaza.

Sans montrer son émotion, Peter la remercia calmement et la laissa retourner au restaurant.

Tout en remontant dans sa voiture, le jeune homme se souvint ce ce que lui avait dit Callie Wilson peu de temps avant de mourir. On l'avait accusée d'avoir commis une erreur en effaçant une bonne partie des enregistrements de la soirée. Elle avait nié avec véhémence mais n'avait pu échapper au licenciement. Warren, lui avait-elle expliqué, avait tenté de la « dédomager » le soir-même en lui donnant une rondelette somme d'argent qu'elle avait immédiatement refusée.

La méthode rappelait indubitablement celle utilisée par Sheridan pour lui faire renoncer à son enquête.

La logique le poussait à croire que Warren n'avait fait qu'appliquer les ordres de son patron sans discuter, d'abord en envoyant l'e-mail à Megan, puis lorsqu'il avait voulu acheter la défunte Callie. Il était peut-être même lié à son meurtre.

Alors pourquoi Peter avait-il encore l'impression de passer à côté de quelque chose d'important ?

Il mit le contact et démarra avant de se garer aussitôt et de ressortir son portable, à la recherche du sms envoyé par Sally Ann.

Il avait déjà vu ce jeune homme blond quelque part, il en était certain. Mais où ?

Elle disait qu'elle prévoyait d'écrire un article pour le journal de son lycée à la rentrée. Mais, je ne crois pas que ce soit vrai. À mon avis, elle venait pour une autre raison.

C'était ce que l'une des secrétaires du département psychiatrique de Beth Israël lui avait dit. Megan passait beaucoup de temps à l'hôpital, pour se renseigner sur la schizophrénie et écrire un article sur la prochaine exécution d'Eddie Petterson.

Mais Peter pensait qu'elle avait trouvé d'autres raisons de revenir à l'hôpital durant l'été. Peut-être fréquentait-elle un infirmier ou un interne.

Il secoua la tête, les yeux rivés sur l'écran de son téléphone. À chaque fois qu'il posait les yeux sur ce jeune homme qui enlaçait tendrement Megan, ses pensées revenaient immanquabement vers l'hôpital Beth Israël. C'était là-bas qu'il l'avait vu.

Il redémarra, déçu de ne pas se souvenir mais convaincu qu'il détenait – peut-être – l'une des clés de l'affaire.

Il était presque arrivé à l'agence quand enfin il se souvint. Il avait effectivement déjà vu ce jeune homme à Beth Israël, à la sortie du centre hospitalier pour être plus précis. Il était alors accompagné de l'assistante de Robin Van der Bildt qu'il pensait être sa soeur, Leila MacEwan.

 
 
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