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Avant de te dire adieu
Au lieu de chercher qui est coupable des erreurs du passé, tâchons d'assumer nos responsabilités pour l'avenir. John F. Kennedy
La voix furieuse de sa femme résonnait encore dans la tête de Peter Westerfield lorsque, plusieurs heures après leur dispute, il ouvrit les stores de son bureau.
Le regard fixe et hagard après une nuit presque blanche, il se demanda si ses parents se disputaient également avant que son père ne quitte sa mère. Etait-ce pour cette raison qu'il était parti ? Parce qu'il ne pouvait plus supporter les disputes incessantes, les éclats de voix et la vaisselle cassée ? Ou simplement parce qu'elle était enceinte et qu'il se sentait piégé ?
Il n'avait aucun moyen de le savoir, de toute façon, puisque ces tristes événements s'étaient déroulés avant sa naissance. Gordon, l'homme qui l'avait plus tard adopté et qu'il considérait aujourd'hui comme son père, lui disait souvent que, sans toutefois renier son passé, il fallait qu'il tire un trait sur cette pénible période de sa vie et se tourne vers l'avenir. C'était quelques semaines avant qu'il n'épouse Claudia.
De l'autre côté de la fenêtre, un petit garçon et son père se disputaient dans la lumière bleutée des vitraux. Le garçonnet pleurait en réclamant une glace à grands renforts de cris et de larmes. Il donna même un coup de pied à son jeune père qui semblait ne plus savoir où se mettre. Une vieille dame passa près d'eux en leur lançant un regard désapprobateur et s'éloigna en marmonnant, sans doute sur l'impolitesse des enfants et les jeunes parents trop laxistes.
Peter sourit en pensant à son propre fils. A six ans, Thomas se considérait déjà comme un grand et avait – heureusement – passé l'âge de ce genre de crise de nerfs. Hélas, il était assez grand pour comprendre que quelque chose n'allait pas entre ses parents et plus assez jeune pour ne pas être affecté par l'atmosphère glaciale qui régnait entre Claudia et Peter les rares fois où ils ne se disputaient pas pour des broutilles.
Mais Thomas était loin à présent. A Richmond, Virginie, loin de New York et loin de lui.
La secrétaire n'était pas encore arrivée quand Peter s'installa derrière son bureau mais il ne s'en plaignait pas. En réalité, il appréciait cette solitude qui lui permettait de faire le point.
Surtout, se répéta le jeune homme, ne pas penser à Claudia, à leur mariage qui battait sérieusement de l'aile ou à leur possible séparation.
Il fallait se concentrer.
Son père n'avait pas été très précis hier soir. Il l'avait appelé depuis l'aéroport JFK pour lui dire que Margaret, la grand-mère adoptive de Peter, venait d'avoir un accident et qu'il fallait qu'il se rende en Angleterre – où elle résidait depuis son remariage et demeurait malgré son récent veuvage – pour s'occuper d'elle. Peter l'aurait volontiers accompagné mais Gordon l'en avait vite dissuadé.
Comprenant l'urgence de la situation, il avait accédé à la requête de son père : s'occuper de l'agence durant son absence et se charger de l'affaire de sa vieille amie Nicole Sheridan.
Dire que Claudia n'avait pas été ravie de le voir repartir pour New York était un doux euphémisme. Mais plutôt que de laisser éclater sa colère, elle s'était contentée de lui opposer une glaciale indifférence, chose qu'elle faisait également très bien. Lorsqu'il avait quitté la maison, après un dernier baiser pour son fils qui dormait déjà à poings fermés, elle était au téléphone. Sans doute avec sa mère. La belle-mère de Peter, Mme Yang, ne l'appréciait et ne manquait jamais une occasion de souligner le caractère imprévisible de la vie de détective privé, tout en soulignant que tout irait mieux s'il exerçait un « vrai » métier.
Bien entendu, sa chère belle-mère n'avait en revanche pas noté le sacrifice consenti par Peter lorsque Claudia et lui avaient emménagé à Richmond, laissant son père gérer seul l'agence et vendant leur agréable appartement de Manhattan. Rien non plus sur le fait qu'il avait accepté d'abandonner sa clientèle new-yorkaise.
Le jeune détective s'étira longuement. Malgré toute la déception et l'inquiétude que lui inspiraient sa situation conjugale précaire et l'éloignement de son fils, il était content d'être de retour à New York, de se voir donner la possibilité de redevenir le détective. D'être autre chose que le mari qui avait accepté de suivre sa femme dans un autre état pour tenter de sauver leur mariage, mettant ainsi sa carrière de côté, et pour un résultat pour l'instant décevant.
Un léger bruit lui fit lever la tête. La nouvelle arrivante, cheveux noirs coiffés en arrière et maquillage discret rehaussant la beauté naturelle de ses traits, se tenait sur le pas de la porte, un petit sac beige à la main. Impériale et apprêtée jusqu'au bout des ongles malgré le deuil intolérable qui venait de la frapper.
Peter ne voulait même pas imaginer se retrouver dans pareille situation. Deux ans auparavant, des amis de Claudia avaient organisé un barbecue pour le 4 juillet. La fête avait failli tourner au drame quand le petit Thomas avait voulu récupérer le ballon qu'il venait de faire tomber dans la piscine et avait fini par tomber à l'eau. L'incident avait été sans conséquences et Thomas immédiatement repêché sain et sauf par son père, mais il lui arrivait encore de trembler en y repensant. Il aurait juste fallu que Thomas tombe pendant que les adultes étaient dans la cuisine ou qu'il se cogne la tête contre le rebord de la piscine dans sa chute et tout aurait été différent.
En fin de compte, la vie tenait à peu de choses et Peter mesurait la chance qu'il avait de ne pas être dans la situation de Nicole Sheridan.
Son alliance emprisonna quelques rayons de soleil quand elle lui serra la main. Après les salutations d'usage et des questions sur l'état de santé de sa grand-mère, il lui indiqua le fauteuil en face de son bureau.
— Eh bien ... Je suppose que Gordon vous a fait part de ma requête avant de se rendre en Angleterre. — Il l'a fait, répondit succinctement Peter, et je dois avouer que ça m'a surpris. Pourquoi souhaitez-vous que j'enquête sur la mort de votre fille ? La police n'a-t-elle pas déjà conclu à une overdose accidentelle ?
Mme Sheridan émit un son que Peter aurait qualifié de « délicat soupir » et ajusta les manches de sa blouse rose saumon.
— Je n'y crois pas une seconde, trancha-t-elle, pas une seule. Écoutez, je ne suis pas naïve, je sais comment sont les adolescentes. Secrètes, cachottières, avides de nouvelles expériences ... J'étais aussi comme ça à cet âge, croyez-moi. Megan ne me disait pas tout de sa vie, j'en ai bien conscience, mais je la connaissais et je ne peux pas l'imaginer se faire une injection d'héroïne quelques heures avant une réception à laquelle elle devait assister avec sa famille et ses amis. — Sans vouloir vous offenser ou même vous rendre responsable de quoi que ce soit, dans des situations pareilles, les parents sont souvent les derniers au courant et ... — Vous ne voyez pas de quoi justifier une nouvelle enquête, acheva-t-elle à sa place.
Il secoua doucement la tête, le regard rivé au sien, troublé par ce qu'elle lui disait, ou plutôt, il le devinait, ce qu'elle ne lui disait pas. Toute amie de Gordon qu'elle soit, il doutait que son père eût accepté cette affaire avec si peu de nouveaux éléments. Il attendit patiemment et fut récompensée lorsque qu'elle reprit la parole :
— Je vous ai dit que je ne croyais pas que ma fille se droguait mais je n'ai pas été tout à fait honnête. Vendredi dernier, une de mes amies m'a appelé pour me dire que circulait sur Internet une vidéo de ma fille et de sa meilleure amie en train de ... faire la fête, avoua Mme Sheridan avec une grimace.
Peter tendit la main vers son ordinateur et lui demanda si elle connaissait le lien de cette vidéo mais elle secoua la tête en signe de dénégation.
— Inutile. Dès que j'ai été alertée, j'ai appelé mon mari et nos avocats se sont arrangés pour que cette vidéo disparaisse aussitôt.
Peter doutait qu'on puisse réellement faire disparaître quoi que ce soit d'Internet mais garda le silence, un peu déçu de ne pouvoir regarder cette vidéo, seul indice que son interlocutrice daignait lui fournir pour le moment.
— Et c'est aussi bien, continua Mme Sheridan, car je ne souhaite pas que vous regardiez ce torchon. Tout ce que avez à savoir, c'est qu'on y voit ma fille très peu vêtue, ivre et probablement sous l'influence de substances interdites. On la voit même avaler des pilules colorées. De l'ectasy sans doute. — De l'ecstasy ? répéta le jeune homme, un sourcil levé.
Discrètement, il sortit du premier tiroir son fidèle calepin et de quoi écrire.
— Enfin ... Je ne suis pas vraiment spécialiste mais je suppose que ça pourrait être ça. — Et vous ne pensez pas que cette vidéo accrédite plutôt la thèse de la police, celle de l'overdose ? — Cela accrédite surtout la thèse selon laquelle ma fille avait changé au cours de cet été. Je veux savoir pourquoi et Gordon, ou vous, pouvez m'y aider. Je ne suis pas sûre pas d'arriver un jour à faire mon deuil mais je suis persuadée d'une chose : je ne pourrais même pas essayer si je ne connais pas les circonstances exactes de sa mort. — Bon ... Si Megan n'est pas morte d'une overdose accidentelle, ça veut dire qu'on l'a tuée. Je suppose que vous n'avez pas non plus la moindre idée de qui a pu faire ça ? demanda Peter, avec une agressivité qu'il n'avait pas eu l'intention de lui manifester.
Aussitôt, il s'en voulut et s'excusa à mi-voix, lui-même surpris par son mouvement d'humeur.
— Je ne voulais pas ... C'est juste que je n'ai pas l'habitude de démarrer une enquête avec si peu d'éléments probants. Pour être honnête, je ne suis pas sûr d'arriver à un résultat, Mme Sheridan. — Gordon m'a dit que vous étiez excellent et que s'il y avait quelque chose de louche à trouver, vous trouveriez forcément. — Et s'il n'y a rien à trouver ? Si la police avait raison et que votre fille avait fait ne overdose, tout simplement ? — Alors je devrais vivre jusqu'à la fin de mes jours avec le poids de la culpabilité, en plus de tout le reste.
Son visage renvoyait une telle douleur qu'il détourna son regard, trop ému pour parler ou même essayer de la réconforter.
— Il y a George aussi, murmura Mme Sheridan d'une voix si basse qu'il se demanda s'il avait bien entendu. — George ? Qui est George ? interrogea Peter en se penchant vers elle. — Mon mari.
Sa voix n'était plus qu'un souffle. Aucun d'eux ne parla et enfin, quand elle leva les yeux, ils brillaient étrangement, mais elle ne pleurait pas.
— Est-ce que vous pensez ... Voulez-vous dire que votre époux a quelque chose à voir avec la mort de votre fille ? demanda-t-il dans un murmure à peine audible.
Il s'efforça de ne pas regarder la photo de son propre enfant posé sur le coin du bureau.
— Non, je ne crois pas, souffla-t-elle enfin, mais ... il ne réagit pas. — Chez certaines personnes, cette absence de réaction en est une, surtout après un décès aussi soudain, répondit prudemment le détective qui ne se rappelait que trop bien sa propre attitude à la mort de sa mère, plus de vingt ans auparavant. — Oui, le déni ... les étapes du deuil. On m'a déjà parlé de tout ça, déclara Mme Sheridan, mais ça n'a rien à voir. Ou en tout cas, ça n'explique pas pourquoi George accepte si facilement l'idée que Megan ait été une droguée. Alors qu'à mes yeux, les deux sont aussi improbables l'un que l'autre. — Vous lui en avez parlé ? A votre mari ? — Non et c'est aussi pour ça que j'ai besoin de vous, Peter. Je veux la vérité mais je ne suis pas sûre d'avoir le courage nécessaire pour poser les bonnes questions, envisager toutes les possibilités le moment venu. C'est trop difficile ... Mais vous, ... vous avez l'habitude, vous savez comment vous y prendre et les gens qui connaissaient et aimaient Meg, vous parleront plus facilement qu'à moi.
Là-dessus, Peter ne pouvait que l'approuver.
— Si ce n'est pas indiscret, puis-je vous demander où vous avez fait la connaissance de mon père ? lui demanda-t-il quelques instants plus tard, une fois qu'ils eurent réglé les détails liés à sa rémunération. Je dois avouer que ça m'intrigue beaucoup. — Eh bien, précisément, c'est indiscret, répliqua-t-elle sèchement avant de se lever et de quitter la pièce sans un regard pour lui.
OOoOo
Après le départ de sa nouvelle cliente, Peter essaya d'appeler son père puis sa femme mais aucun des deux ne répondit. Gordon devait être à l'hôpital ou en train de dormir et Claudia ... Il soupira et jeta un coup d'œil la liste de noms que lui avait laissée Mme Sheridan.
Un lundi matin, la plupart des amis de Megan devait être en cours mais il avait largement le temps de se rendre au Charlton Plaza Hotel avant midi. C'était là que s'était déroulé le « crime » après tout.
Malgré le scepticisme qu'il n'avait pas tenté de cacher à Nicole Sheridan et qui l'habitait encore, Peter ressentait le fourmillement agréable qui parcourait toujours son corps lorsqu'il débutait une nouvelle enquête. Cette affaire avait au moins le mérite de le tirer de la torpeur qui l'avait envahi dernièrement et de le détourner, même momentanément, de ses problèmes personnels.
Les toits du palace perçaient la voûte céleste et le détective songea, en se garant sur la 5ème Avenue, que ce style architectural n'était pas sans rappeler celui des châteaux français de la Renaissance que son père et lui étaient allés voir des années plus tôt. Il devait être adolescent à l'époque.
Peter traversa au pas de course le large hall, sans prêter attention aux clientes qui papotaient à l'ombre des palmiers, ni au jeune groom qui ployant sous le poids des bagages.
Un homme d'une trentaine d'années, qui devait sensiblement avoir le même âge que lui, lui adressa un sourire aussi artificiel que les plantes du hall lorsqu'il s'approcha de la réception. Il le regarda d'un air franchement méfiant et Peter comprit qu'il le prenait pour un journaliste.
Effectivement, ce fut la première question qu'il lui posa. Peter nia et demanda à rencontrer Craig Warren, le responsable de la sécurité de l'hôtel.
— Comment savez-vous que M. Warren est le responsable de la sécurité ? voulut savoir le dénommé Paul. — C'est écrit sur votre site internet. — Oh … Et pourrais-je savoir pourquoi vous désirez le voir, monsieur ..? — Cooper, le renseigna Peter avec un sourire. Ah … C'est un peu embarrassant. Voyez-vous, je suis venu ici, i peu près deux semaines. J'étais avec une femme. Mais ce n'était pas ma femme. Enfin bref, je ne me souviens pas de grand-chose … Je me suis réveillé seul dans une de vos chambres le lendemain matin, nu, délesté de quelques centaines de dollars et de ma montre, expliqua Peter en agitant son poignet débarrassé de la montre qu'il avait glissé dans sa poche quelques minutes plus tôt. C'est une Rolex, un cadeau de mon épouse pour nos cinq ans de mariage et j'aimerais bien la retrouver. Et … — Vous voudriez avoir accès à notre système de vidéosurveillance pour retrouver cette femme ? devina-t-il. — C'est ça, expliqua Peter en feignant un immense soulagement. Vous comprenez, je me vois mal expliquer à ma chérie que j'ai perdu son cadeau de mariage, surtout dans ces circonstances. Elle me tuerait.
Paul le considéra avec un sourire goguenard.
— Vous savez, il n'est pas dans les habitudes de la maison de laisser les clients consulter nos enregistrements, déclara-t-il.
Peter sourit intérieurement. Au moins, cela signifiait que l'hôtel conservait les vidéos un certain temps. Il avait un instant craint que l'enregistrement de la soirée du 28 août ait déjà été effacé. Il reprit son numéro et affecta un air profondément ennuyé.
— Oh, allez, soyez chic …
Après un soupir théâtral et sans doute aussi travaillé que le numéro de Peter, Paul consentit à tendre la main vers son téléphone et marmonna qu'il allait voir ce qu'il pouvait faire.
Craig Warren avait la carrure d'un ancien joueur de football et dans son costume italien croisé orné d'une pochette de soie, l'élégance d'un jeune avocat. Peter l'aurait davantage trouvé à sa place dans un tribunal ou une salle de marchés qu'à la sécurité d'un hôtel.
La salle de surveillance se trouvait au second étage. Pendant qu'il montait, Peter reprit son numéro de mari honteux de s'être fait plumer par une autre femme et lui expliqua sa requête, d'un ton qui mêlait à merveille l'embarras et la gêne.
C'était dans cette pièce, lui expliqua Warren, que tout se jouait. En voyant les quarante écrans de surveillance, chacun dirigé sur une partie de l'hôtel Charlton Plaza, Peter se sentit légèrement ... épié. Aucun des employés ne leur prêta attention. Tous leur tournaient le dos, l'œil rivé sur les écrans.
— Ça donne le tournis, n'est-ce pas ? s'enquit Warren avec un petit sourire. — Il y a besoin de tant de caméras que ça pour surveiller un hôtel ? — C'est surtout pour le casino à vrai dire mais n'oubliez pas que la majorité de nos clients sont fortunés. Très fortunés, dans des proportions que vous n'imaginez même pas. Il y a eu quelques regrettables incidents par le passé et ils pourraient ternir la réputation de notre établissement, s'ils venaient à se reproduire. Or, d'une certaine manière, conclut-il avec un sourire suave, notre réputation est ce que nous avons de plus précieux. — Ça doit demander beaucoup de vigilance, fit naïvement remarquer Peter. Combien êtes-vous à travailler ici ? — Une vingtaine. Dès qu'un de mes gars a un doute et qu'il faut enquêter sur quelqu'un qui nous paraît louche, il n'y a qu'à faire des recherches sur l'un des ordinateurs. On a accès à tout ici : images satellites, fichiers internes, fichiers de police …
Peter regarda autour de lui, l'air favorablement impressionné tout en se demandant comment il allait amener Warren à lui montrer la vidéo qui l'intéressait sans trop se dévoiler. Cela s'avéra plus simple qu'il ne l'avait espéré.
— Alors, dans quelle chambre séjourniez-vous le soir où on vous a volé ? lui demanda-t-il. — La chambre sept cent quinze. C'était le samedi 28 août. Je ne suis pas prêt d'oublier cette maudite soirée ! Warren lui lança un drôle de regard avant de reprendre la parole. — Vous avez mis du temps à vous réveiller. Ça remonte à plus de deux semaines ! — Oh, j'espérais l'avoir oublié ailleurs, mentit Peter en haussant les épaules. Au bureau ou à la salle de gym. Mais comme je ne la retrouvais pas, j'ai bien du me résoudre à venir ici. — Eh bien, vous n'avez pas beaucoup de chances, Monsieur ... Pardonnez-moi, je crains d'avoir oublié votre nom. — Cooper, compléta le jeune détective. Pourquoi ditez-vous que je n'ai pas de chance ? — À la chambre d'une fâcheuse erreur informatique, une grande partie des vidéos du cette soirée ont été effacées. — Je croyais que les vidéos étaient archivées et conservées un mois !
Le regard que lui lança le responsable de la sécurité était franchement suspicieux maintenant, même un simplet comme ce Cooper pouvait s'en rendre compte.
— Effectivement, d'ordinaire, nous les gardons un mois mais comme je vous l'ai dit, il s'agit d'une erreur. Si ça peut vous consoler, l'employée responsable de cette bévue a été renvoyée sur le champ, l'informa-t-il. — Vous devriez me donner son nom, histoire qu'elle m'aide à payer ma future pension alimentaire. Warren ne lui accorda pas un sourire, se contentant de le fixer. Peter se dit qu'il était sans doute temps de partir. — Si jamais vous divorcez, M. Cooper, je connais un excellent avocat qui a empêché mon ex-femme de me plumer … Si ça vous intéresse.
Soulagé, Peter se dit que Warren avait peut-être cru son histoire et n'avait pas trouvé étrange qu'il demande à voir les enregistrements du soir où Megan Sheridan avait trouvé la mort, dans une chambre voisine. |