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Le dernier été
Par SarahCollins
Originales  -  Mystère  -  fr
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L'hôtel Plaza

1

L'hôtel Plaza

Il y aura toujours quelque chose pour détruire nos vies. La question est qu'est-ce qui va nous tomber dessus en premier. On est toujours au bord du gouffre. Charles Bukowski.

Lorsque Megan Sheridan rendit son dernier souffle, les invités dînaient dans le restaurant du Charlton Plaza, quelques étages plus bas.

Le plus renommé des hôtels new-yorkais rouvrait ses portes après plusieurs années de travaux et un changement de propriétaire. Tout ce que la ville comptait de célébrités et de personnages influents se pressait dans le palace.

Seul le temps désastreux avait failli gâcher la fête. Après plusieurs jours de canicule, la pluie se mit à tomber sans discontinuer, des heures durant et avec une telle force que la nuit s'abattit sur New York avec quelques heures d'avance, enveloppant la ville d'un voile gris maussade.

Puis vint l'orage.

Pendant que les invités dégustaient leur salade de jambon cru et de saumon fumé dans la salle principale du restaurant, la pluie continuait de crépiter contre les sombres et hautes fenêtres. Un nouveau coup de tonnerre ébranla les vitres et un éclair illumina les assiettes.

Sally Ann Van der Bildt, la fille du nouveau propriétaire, se redressa et parcourut du regard la salle.

— Qu'est-ce que tu cherches ? lui demanda Kyle, son ami et cavalier pour la soirée.

— Megan. Elle vient d'essayer de m'appeler mais elle n'a pas laissé de message. Tu la vois ?

Un serveur se matérialisa devant leur table et débarrassa le plat. Elle n'y avait presque pas touché.

— Non. Je croyais que vous veniez ensemble ?

Elle acquiesça rapidement, mal à l'aise.

La salade fut remplacée par des homards flambés au cognac et aux chicons mais Sally Ann y prêta à peine attention et Megan ne se montrait toujours pas.

À quelques places d'elle, elle entendit la voix inquiète de la mère de Megan, préoccupée, elle aussi, par l'absence de sa fille. Mme Sheridan se pencha vers elle, les sourcils froncés.

Lorsqu'elle lui demanda si Megan et elle étaient arrivées ensemble, elle s'en sortit par une pirouette.

— Euh ... En fait, on est arrivées ensemble mais on s'est perdues de vue à l'entrée de la salle, inventa-t-elle.

— Ne te fais pas tant de soucis, intervint M. Sheridan d'une voix lente et apaisante. Elle est sans doute ressortie pour prendre l'air ou parler à quelqu'un. On la verra d'une minute à l'autre.

Moins d'une heure plus tard, après le dessert, on invita les convives à se rendre dans la salle de réception, une pièce spacieuse, décorée avec le même luxe raffiné et teinté de sobriété qui caractérisait tout l'hôtel. Mais Megan ne se montrait pas.

OOoOo

Leila MacEwan regarda avec satisfaction la foule qui depuis près de deux heures se pressait dans la salle de réception du New York Charlton Plaza. Cette soirée était une réussite, incontestablement et c'était à elle qu'on la devait. Elle savait qu'elle marquait des points auprès de son patron, M. Van der Bildt. D'ailleurs, ne s'était-il pas arrangé pour qu'elle dîne à la table d'honneur, en compagnie de sa famille et de ses amis proches ?

Dans un coin de la salle, sur une estrade prévue à cet effet, l'orchestre engagé pour la soirée débutait une valse.

Leila avait été absolument enchantée de constater qu'elle se trouvait à la table d'honneur. C'était elle qui avait défini le plan de table et réparti la centaine d'invités, mais ce matin, en entrant dans le Palm Court, elle avait remarqué que son nom figurait à la table principale. M. Van der Bildt avait voulu la récompenser, de manière discrète, comme à son habitude, en échangeant sa place avec celle d'un autre.

La jeune femme se remémora le dîner. Dire que quelques heures plus tôt, elle courait dans tous les sens, affolée à l'idée d'avoir raté ou oublié quelque chose, supervisant les décorateurs, les cuisiniers et les répétitions des musiciens en même temps. Et le soir même, elle déambulait dans l'hôtel le plus couru de la ville, un large sourire sur les lèvres, sublime dans sa robe fourreau noire.

Une coupe de champagne à la main, Leila détailla l'assistance et y repéra Dominique Winter, un magnat des médias, James Charlton, l'ancien propriétaire de l'hôtel qui portait encore son nom et son épouse. Leila était sûre qu'ils discutaient des élections sénatoriales de novembre.

Elle repéra également le gouverneur M. Hamilton, accompagné de son épouse. Celle-ci était devenue l'année précédente la première femme à recevoir l'oscar de la meilleure réalisatrice. Leila songea que Mme Hamilton, habillée d'une longue robe rouge aussi flamboyante que sa chevelure, était encore étonnamment - anormalement ? - séduisante pour une femme qui devait frôler la cinquantaine avant de se rappeler que le gouverneur venait de se remarier.

Linda Thompson, la vice-présidente d'une des plus importantes banques du pays discutait avec un célèbre psychiatre qui animait sa propre émission tous les vendredis soir à la radio. Mais Mme Thompson ne quittait pas des yeux son fils aîné Jake, un jeune homme de dix-sept ans très propre sur lui auquel on promettait un bel avenir. Jake dansait avec la fille de Robin Van der Bildt, Sally Ann et lorsqu'elle vit la jeune fille éclater de rire, Leila ne put s'empêcher de leur envier leur insouciance et leur jeunesse.

Deux mots difficiles à associer pour elle. Ses premières années dans le quartier polonais de Philadelphie n'avaient pas vraiment été insouciantes, c'était le moins qu'on puisse dire.

Ses parents travaillaient pour les familles les plus riches de la côte est. Son père, serveur au Palace, avait quitté le domicile familial et la ville après une sombre affaire de vol de bijoux. Elle n'avait alors que dix ans et son frère Jeremy n'était même pas encore né. La rage au ventre à la pensée de la mère indigne qu'elle avait eu pour génitrice et de son bon à rien de père, la jeune femme serra les doigts autour de sa flûte à champagne. Son père, qui n'avait jamais redonné signe de vie, était resté avec eux juste assez longtemps pour exprimer sa haine et son mépris pour ses patrons et les clients du Palace ... Les gens de la haute, répétait-il en reniflant avant de se servir un verre.

Que dirait son cher vieux père s'il savait que ceux qu'il avait tant méprisés étaient à présent les patrons de Leila ? Il se demanderait sans doute par quel masochisme elle se mettait au service de cette bande de cols blancs, lui qui les avait détestés plus que tout. Pour la première fois depuis longtemps, elle se demanda ce qu'étaient devenus ses parents.

Tout en lissant machinalement le tissu de la robe qui épousait les formes de son corps sans être trop provocante, Leila se tourna vers le centre de la salle. M. Robin Van der Bildt, le roi de la fête, dansait avec son épouse, une célèbre décoratrice qui resplendissait dans ses bras. Ils évoluaient avec beaucoup de grâce.

Leila travaillait pour Robin depuis plusieurs années mais c'était la première fois qu'on lui confiait l'organisation d'une réception d'une telle importance. Bien que cela n'entre pas dans ses fonctions d'assistante et de responsable des stages, elle avait accepté avec une joie non dissimulée. Beaucoup de ses collègues la jalousaient et désiraient son poste. Cette soirée était une occasion unique de faire ses preuves et de montrer qu'elle méritait ce travail et la confiance qu'il plaçait en elle.

Elle finit d'une traite son verre et se promena parmi les invités, reconnaissant au passage quelques personnalités de la politique et du show business. Elle voyait leurs sourires mais savait, à leurs mines blasées, qu'ils cherchaient la petite bête à tout prix. Cette fête était somptueuse mais il fallait toujours trouver à critiquer, que ce soit les gens, les lieux, les repas. Ils avaient tous vu mieux ailleurs, plus riche, plus brillant.

Elle, qui venait des bas-fonds de cette bonne vieille Philly, observait avec un certain amusement ces gens de la haute, comme disait son père, qui se connaissaient depuis l'enfance, vivaient dans une ville de plus de huit millions d'habitants mais ne se mélangeaient jamais au reste de la population. Mêmes écoles, mêmes clubs, mêmes facs. Ils partageaient tout et pourtant, pour les fréquenter depuis plusieurs années maintenant, elle savait que bon nombre d'entre eux se détestaient cordialement.

Elle se fit discrètement remplir un autre verre et salua d'un signe de tête M. Sheridan, qui ne semblait pas la voir. L'ignorait-il volontairement ? se demanda la jeune femme. Non, il discutait avec sa femme Nicole.

La pluie s'était encore intensifiée, recouvrant les hautes fenêtres d'une surface grise et luisante qui s'était obscurcie au fur et à mesure que la nuit tombait et bientôt, seul l'éclairage des lustres illuminait la salle de réception en projetant la lueur incertaine des silhouettes des invités sur les murs.

Jeremy a peur de l'orage, songea-t-elle soudainement. Elle eut presque envie de l'appeler pour vérifier qu'il allait bien, mais résista à cette tentation. C'était ridicule, elle était ridicule. Jeremy était en parfaite sécurité à la maison et pouvait bien se passer d'elle pour quelques heures. L'appeler serait plutôt incongru. Après toutes ces années, il fallait qu'elle apprenne à lui lâcher la bride, à le laisser vivre.

— L'insaisissable Mlle MacEwan m'accorderait-elle une danse ? demanda une voix suave derrière elle.

Leila se retourna et adressa un sourire circonspect au nouvel arrivant. Craig Warren, divorcé sans enfant d'une trentaine d'années, travaillait lui aussi pour la même société qu'elle et par extension, pour le Charlton Plaza. À défaut de terme plus adéquat, on pouvait le présenter comme son petit ami. C'était le premier homme avec qui elle se sentait un tant soit peu en confiance. Avec lequel elle avait envie de construire une relation sérieuse. Le premier homme qui la détournait – un peu – de ses obligations familiales et professionnelles, ce qui ne l'empêchait pas de rester prudente, comme à son habitude. Mais peut-être Craig était-il capable d'abattre les murs qu'elle avait érigés autour de Jeremy et d'elle ces dernières années.

Elle accepta sa main tendue et ensemble, ils commencèrent à danser.

— Je pensais que tu travaillais ce soir, fit-elle remarquer alors qu'ils tournoyaient lentement au rythme de la musique.

— Je suis descendu voir ce que la soirée donnait. Ils peuvent se débrouiller sans moi pour quelques temps.

Craig était le responsable de la sécurité de l'hôtel. Avant de s'installer à New York, il s'était occupé d'un casino d'Atlantic City. Il appréciait son nouveau travail – et la paie qui l'accompagnait – mais n'éprouvait pas pour M. Van der Bildt la même loyauté, le même dévouement que Leila. Normal, il n'avait jamais eu besoin de Robin comme elle. Que serait-elle s'il ne lui avait pas tendu la main, alors qu'elle venait de perdre son précédent emploi ?

Craig ne resta pas longtemps. Il avait à faire, lui dit-il. Avant de prendre congé, il voulut l'embrasser mais au dernier moment, consciente du regard des autres invités dont certains étaient des collègues de travail, elle tourna la tête. Vexé, il tenta toutefois de prendre à la rigolade cette rebuffade. Elle entraperçut toutefois la fureur sur son visage d'ordinaire lisse et avenant. L'instant d'après, il était reparti vers l'étage où travaillaient les responsables de la sécurité.

Une scène attira son attention alors qu'elle s'emparait d'un nouveau verre. Dans le fond de la salle, les Sheridan, mari et femme, avaient une discussion qui semblait pour le moins animée. Le couple était ami avec les Van der Bildt depuis de nombreuses années. M. Robin Van der Bildt était d'ailleurs le parrain de leur fille Megan.

OOoOo

Sally Ann posa la tête contre l'épaule de Kyle. Il appliqua une pression sur le bas du dos de sa cavalière qui se rapprocha par réflexe.

Elle sentit son regard sur elle, rouvrit les yeux et lui sourit.

Contre toute attente, elle s'était plutôt bien amusée. Megan ne l'avait pas rappelée mais elle était plus ou moins convaincue qu'elle ne viendrait pas finalement. Elle avait dû changer d'avis et rentrer chez elle.

Elle se sentait à l'aise, jolie dans sa courte robe. Elle aimait sentir la main du jeune homme sur son dos, glisser agréablement contre le tissu pourpre.

Kyle et elle se connaissaient depuis des années et elle avait été un peu surprise qu'il l'invite à la soirée mais elle l'aimait bien.

Elle l'avait embrassé l'année dernière mais ça ne comptait pas vraiment. Leurs amis les avaient plus ou moins forcés. Ils jouaient à action ou vérité sur la plage et elle avait eu la bêtise de choisir « action ». Le baiser avait été rapide mais doux. Elle ne savait pas vraiment si elle avait aimé à vrai dire.

La jeune fille regardait autour d'elle. Les visages étaient souriants, heureux. On portait des toasts, s'apostrophait d'un bout à l'autre de la salle, une flûte de champagne à la main, pendant que les serveurs circulaient entre les invités, presque entièrement masqués par les plateaux qu'ils tenaient au-dessus de leur tête.

Sa mère, au centre d'un petit groupe, discutait avec des amis.

Les lumières qui éclairaient la salle de réception s'éteignirent brusquement et quelques instants plus tard, un énorme gâteau fit son apparition, porté par deux jeunes serveurs. Ils avançaient avec précaution, comme s'ils marchaient sur une surface d'eau gelée pouvant à tout moment céder sous leur poids. Ils amenèrent la pâtisserie en la faisant rouler jusqu'au centre de la salle et l'orchestre se mit à jouer « Joyeux anniversaire ». Bientôt repris en chœur par les invités mais qui résonnait étrangement aux oreilles de Sally Ann. Sans doute à cause des violons.

En s'approchant, elle remarqua le quarante-cinq qui ornait le sommet de l'immense gâteau. Elle entendit quelqu'un dire en riant qu'on aurait dû l'enlever, pour ne pas vexer son père Robin.

Sous les yeux de ses invités et des photographes, son père découpa la première part qu'il donna à son épouse avant de laisser les serveurs s'occuper des autres convives.

Sans un mot, profitant de la quasi-obscurité, Kyle l'entraîna dehors. Il ne répondit pas à son regard interrogateur et se contenta de poser un doigt sur ses lèvres. En gloussant un peu bêtement, la jeune fille le suivit.

Ils quittèrent la salle de réception et traversèrent, main dans la main et au pas de course, le hall d'entrée.

La pluie ne s'était toujours pas arrêtée, tombant plus dru et plus fort. Elle redoublait même d'intensité et férocement, tambourinait le sol mouillé de la cour qui précédait l'entrée du Charlton Plaza. Heureusement, le tapis rouge qu'avaient foulé les invités en arrivant avait été enlevé. La pluie et l'orage avaient quelque peu rafraîchi l'atmosphère mais il continuait de faire chaud.

À quelques mètres de là, des employés de l'hôtel fumaient sous le porche, accoudés aux larges colonnes.

Soudain, Kyle vint se placer face à elle. Sally Ann, surprise, le regarda et découvrit, non sans en ressentir un délicieux frisson de plaisir, qu'il la dévorait des yeux. Sa main passa le long de ses cheveux roux qui barraient une partie de son visage avant de se loger sur sa nuque. Elle savait ce qu'il allait faire, et elle en avait envie également, alors elle s'approcha de lui et ferma les yeux, goûtant à ses lèvres chaudes en cette nuit estivale, dans un long baiser, sensuel et langoureux.

Quand ils retournèrent sur leurs pas, ils affichaient le même sourire qui semblait dire qu'ils partageaient maintenant quelque chose de plus que les autres. Le jeune homme avoua à Sally Ann qu'il en avait eu envie depuis qu'il l'avait vue descendre le grand escalier, magnifique dans sa robe de soirée et elle songea que peut-être, avec lui, elle parviendrait à oublier ces récentes déceptions. Elle eut l'impression très agréable qu'un lourd fardeau venait de disparaître au-dessus de ses épaules.

Les deux jeunes gens partageaient une dernière danse, les yeux dans les yeux, quand la porte à double-battant de la salle de réception s'ouvrit à la volée. Mme Sheridan, la mère de Megan, apparut sur le pas de la porte, l'air hagard et désorientée. À côté d'elle, se tenait un jeune homme boutonneux que Sally Ann reconnut comme l'un des serveurs de l'hôtel. Le silence pesant s'était intensifié quand enfin, il ouvrit la bouche :

— Il y a un corps là-haut …

 
 
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