Chapitre 10 : Retrouvailles enflammées
Le regard baissé, il s’avérait plutôt compliqué pour un garçon aux cheveux roux cuivrés d’assumer le départ brusque d’une personne précieuse, et de scruter celle-ci s’éloigner progressivement de lui. Plus la distance entre elle et lui était longue, plus la vue du jeune homme devenait brouillée, floue. S’il ne flanchait pas légèrement sa tête vers le sol, des vertiges l’auraient à coup sûr achevé, selon lui. Il savait qu’elle ne se révélait pas irritée entièrement à cause de lui. Néanmoins, il se sentit tout de même coupable de lui avoir subitement parlé d’un jeune homme blond qui était sensé représenter un de ses meilleurs amis…Comment pouvait-il être au courant qu’à présent, la haine la hantait inlassablement lorsqu’elle entendait, même par simple mégarde, le prénom Jonathan ? S’il avait soudainement évoqué ce dernier, la raison en était tout simplement le souhait de vouloir absolument garder Ellen auprès de lui. Ce souhait lui avait fait dire en quelque sorte n’importe quoi.
Laissant échapper une série consécutive de soupirs mélancoliques, Yann plongea ses mains dans les poches de son jean, puis marcha en direction d’une rue très fréquentée, la nuit commençant à se manifester par ses petites et infinies billes brillantes dans le ciel. Il aperçut brièvement une bande comprenant des délinquants n’ayant pas l’air très nombreux, cependant ayant l’air impitoyables envers leurs futures victimes… Il n’y prêta guère attention, se répétant un certain nombre de fois que cela ne servait strictement de s’attirer davantage de problèmes. La scène qui s’était déroulée précédemment s’avérait bien assez pénible et déstabilisante pour qu’il se permette d’en créer une nouvelle encore plus déprimante…
Les illuminations de la ville, sensées faire apparaître des sourires sur la figure de tous les passants, ne surprirent pas tant que ça l’intéressé. Sur le moment, il désirait faire régner une aura de banalité autour de lui, autrement dit, ne pas se faire remarquer des autres était son unique objectif. Il se contenta donc juste d’avancer, droit devant lui.
[…]
Sous un pont situé au dessus d’une rivière, Ellen, allongée sur l’herbe suivant le doux rythme de la brise du printemps, profita de celui-ci. Ses cheveux courts ténébreux virevoltaient de droite à gauche, quelques mèches couvrant à plusieurs reprises ses yeux au passage. Avant cet instant de paix, la jeune fille avait au moins parcouru deux kilomètres à pied, n’ayant apparemment pas préservé pas ses efforts. Horripilée il y avait environ une vingtaine de minutes, l’adolescente au regard ambré parvint finalement à se calmer, à retrouver paisiblement ses esprits. Car un silence divin régentait les lieux. Pas si facile de se révéler particulièrement bruyant dans un endroit tel que celui-ci… Ellen, d’humeur euphorique dès qu’elle avait osé mettre un pas dans cette zone, était même capable de prouver sa joie en sifflotant. Ce qu’elle fit d’ailleurs volontiers. De toute manière, personne ne pouvait l’ouïr, elle s’en fichait donc éperdument. Un sentiment de pure liberté emplit tout son être. Il s’agissait de la première fois qu’une telle sensation la faisait vibrer de bonheur. Toute excitée, elle se hâta à dévoiler son plus grand sourire au monde. Mais, subitement, la perturbante sonnerie de son portable l’interrompit dans sa démarche guillerette. Jonathan. Visiblement, lui, se souvenait toujours du numéro de la concernée. Elle répondit directement, mais pas aussi agréablement que le blond l’avait prévu… La voix était plutôt froide, dénuée d’émotions…
« Allô, Ell…
- Ne cherche plus à m’appeler, ne cherche plus à me parler. CRETIN. »
Ne voulant absolument pas effacer son sourire pour une raison aussi sordide, elle jeta énergiquement son téléphone dans la rivière de façon tout à fait irréfléchie. On aurait dit qu’elle se moquait de la future réaction de ses parents lorsqu’ils apprendront qu’elle avait balancé un objet coûteux dans l’eau… Elle avait finalement déniché sa liberté, et n’avait aucunement l’intention de laisser cette dernière prendre la fuite… Ses tuteurs ne s’avéraient pas symboliser sa préoccupation du moment.
[…]
Un vase fut, tout à coup, abruptement réduit en morceaux. Jonathan se doutait bien que la jeune fille à la chevelure ténébreuse était sérieuse à propos du fait qu’elle ne désirait plus avoir quelconque rapport avec lui… Etant conscient de cette douloureuse, cruelle réalité, le blond ne pouvait malheureusement s’empêcher de causer un enchainement de dégâts dans sa maison. Non seulement un vase, qui avait l’air de posséder une valeur inestimable, s’avérait victime de sa souffrance, mais également des assiettes, des verres, des cadres…ne furent pas vraiment épargnés.
On frappa à la porte. L’adolescent sentit son cœur battre à une vitesse fulgurante, extrêmement craintif vis-à-vis de celui ou ceux qui voulaient franchir le seuil du domaine. Peut-être sa mère ou son père…Si jamais eux deux découvraient le remue-ménage qui s’était rapidement formé, de quelle manière allaient-ils interpréter ce fait ? Rien qu’à y penser, l’intéressé s’en rongea violemment les ongles. Ils feraient inéluctablement un commentaire négatif sur l’état mental de leur fils, et douteraient fortement de l’éducation qu’ils avaient donné à celui-ci… La porte continuant de subir des coups répétés, Jonathan s’évertua à ouvrir cette dernière, pour enfin connaître l’identité de ce fameux visiteur, car le suspense l’horrifiait, lui faisait avoir des sueurs froides. La surprise n’avait alors pas fini de représenter le principal thème de ses pensées…
« Toi ? Je pensais que tu ne voulais plus me voir…Je commençais à perdre espoir…Pourquoi tu es là ?
- …Tu sais, j’ai réfléchi, et finalement, je me suis dit que c’est idiot, la façon dont j’agis. Peu importe le nombre de fois que j’essaie de t’éviter, je peux pas m’arrêter de penser, de vouloir être avec toi. Pourtant, ça fait longtemps maintenant qu’on ne s’est plus vraiment fréquenté, mais là, je ne sais pas pourquoi, c’est sûrement parce que tu t’es m’as adressé la parole il y a peu de temps…Car depuis, je n’arrive plus à t’oublier, et ça m’énerve… »
Sarah et Jonathan se fixèrent longuement, presque langoureusement. On pouvait croire qu’ils se mettaient à jouer un rôle primordial qui s’avérait déterminante pour la suite deleurhistoire, comme dans une véritable pièce de théâtre. Sauf un détail : il n’y avait pas de spectateurs pour assister à cette scène. Mais cela leur convenait parfaitement. Personne n’avait besoin de savoir qu’un acte, inévitable dans ce genre de situation, allait se produire. Quel type d’acte ? Un baiser. Tous deux ne pouvant s’exprimer à l’aide de mots, ils décidèrent donc de se faire comprendre par ce geste purement sentimental. Ce baiser contenait de la tendresse, de la passion, du désir, refoulés pendant si longtemps… Ils comptaient bien rattraper le temps perdu en faisant interminablement fusionner leurs lèvres. Lui, n’hésitait pas à s’emparer de la brune à la queue de cheval en tenant celle-ci par la taille, tout en empêchant ses instincts pervers d’aller plus loin, tandis qu’elle, passait ses bras autour du cou du blond afin de s’assurer qu’il ne ferait pas en sorte de se volatiliser sans qu’elle ne s’en aperçoive. Cependant, le concerné n’avait pas du tout prévu de s’éclipser, au contraire, le souhait d’entrer dans son jeu l’envahissait, peu importe si celui-ci se révélait dangereux ou pas…
« Je croyais que tu étais sous le charme du prof d’anglais… »,murmura Jonathan à l’oreille de Sarah, avant de lui offrir une autre série de bécots jusqu’à la nuque de cette dernière, se laissant gentiment faire.
« J’étais tellement désespérée que je me suis jetée sans hésiter dans les bras de Mister Holloway pendant ses cours de soutien ! Je suis vilaine, hein ? Nan t’inquiète, je plaisante, j’aurais jamais été aussi loin avec lui, tu crois quoi ? Ce n’est qu’un fantasme, rien de plus. Tu sais très bien que je te préfère largement à lui, imbécile ! »,répondit la jeune fille après plusieurs secondes passées à accueillir avec plaisir la douce sensation des lèvres de l’adolescent sur elle.
S’éternisant dans la même position, Jonathan commença à s’ennuyer. Sarah s’apprêta à supporter les conséquences de cette soi-disant lassitude… L’intéressée sentit des mains se balader aisément en dessous de son t-shirt. Contrairement à ce que le blond aurait prédit, la brune à la queue de cheval n’accepta pas qu’on se mette à latoucheraussi facilement, et surtout, sans en avoir la permission…
« Ah non, là par contre, laisse tomber, j’suis pas du tout prête pour faire ce genre de choses, moi. Les bisous, ça passe, mais là, faut pas abuser. Je veux faire les choses bien ! Ca signifie qu’il faut pas qu’on aille trop vite, même si t’en meurs d’envie ! Si t’es pas capable de te retenir, je vais vraiment te prendre pour un obsédé, tu sais ! »,protesta avec culot Sarah, les sourcils légèrement froncés, ceci démontrant son manque de naïveté par rapport à ce type de posture, en général très embarrassante pour la plupart des jeunes filles.
Au départ, le garçon ne prit pas ces derniers propos très au sérieux, et poursuivit ainsi son idée. Bien évidemment, la victime de ses envies le repoussa sèchement, essayant de renverser la situation.
« T’écoutes, quand on te parle ? »,ronchonna-t-elle, surtout lorsqu’elle vit un haussement de sourcil chez Jonathan, comme si celui-ci ne saisissait pas du tout le sens des précédentes paroles de Sarah. Cette dernière soupira alors d’exaspération.
Le blond haussa vaguement les épaules, tout en détournant son regard du visage de celle qu’il chérissait, signe de son embarras par rapport à son empressement exagéré. La brune à la queue de cheval, très observatrice au niveau des mimiques loufoques qui sortaient de l’ordinaire, ne put s’empêcher d’étendre un sourire, en quelque sorte par compassion pour le jeune homme. S’apercevant qu’il affichait discrètement une mine légèrement offusquée, contrariée, l’adolescente se rapprocha du concerné, et l’enlaça, comme pour lui assurer qu’une prochaine fois, ils feraient à coup sûr ensemble ce que lui, espérait accomplir en ce jour. Le jeune homme, comprenant automatiquement son message, répondit volontiers à l’embrassade et serra encore plus fort Sarah dans ses bras, au point qu’elle en était presque capable de suffoquer…
« Ca te dit qu’on se balade ensemble, dehors ? Y a des supers boutiques qui ouvrent uniquement en soirée !,proposa avec de bonnes intentions la jeune fille
- Tu veux juste que je te paie des vêtements, avoue ! Tu te servais toujours de moi pour ça, avant, parce que tu savais que je t’aimais jusqu’à faire n’importe quoi pour toi !,répondit Jonathan tout en exposant son rire.
- Pas faux, mais je veux aussi qu’on fasse tous les trucs qu’on n’a pas eu le temps de faire avant… »
Les yeux de la jeune fille se remplirent subitement de petites étincelles recélant de la tristesse, cependant le sourire affectueux de Jonathan la réconforta machinalement, et elle retrouva de cette manière la bonne humeur. Prenant tous deux l’initiative de se tenir délicatement la main avant de se diriger vers l’extérieur, ils constatèrent intérieurement que chacune se révélait toujours aussi chaleureuse par rapport au passé, ce qui les enchanta.
[…]
Se rendant compte, après une heure de folle extasie face à l’environnement naturel qui l’entourait, que l’heure s’avérait tardive, Ellen n’avait pas véritablement vu le temps passer. Lorsqu’elle jeta un coup d’œil sur sa montre, elle hoqueta d’étonnement. Ses parents lui poseraient une série infinie de questions sur la raison précise de son attardement dehors, si elle osait mettre un seul pas chez elle. Son corps se raidit. Un peu de sueur froide s’écoula de son front jusqu’à son cou. Et son père, quelle sanction allait-il lui donner ? La jeune fille à la chevelure ténébreuse connaissait à la perfection ses réactions, après tout, elle en avait énormément souffert dans ses souvenirs… Elle ne voulait pas rentrer chez elle. Elle ne cessait de se répéter cette idée, qui se mettait progressivement à la hanter. Néanmoins, elle se devait d’affronter la réalité, et non au contraire, de la fuir. Tentant d’acquérir une réflexion mature, elle se dit que le mieux serait de ne pas aggraver davantage son cas, alors elle entreprit de se hâter sur le champ à s’excuser convenablement auprès de ses tuteurs. Elle-même le regretterait si elle ne le faisait pas, même si elle était consciente de ce qui allait lui advenir suite à ses justifications vaines... Ne souhaitant pas s’égarer dans ses pensées les plus profondes, elle accourut, tel un cheval augmentant sa célérité en allant au triple galop avec grâce, vers sa destination : sa maison. Après avoir failli de trébucher et de chanceler vers le sol à de nombreuses reprises, l’adolescente au regard ambré parvint enfin à se dresser devant la porte menant à sa demeure. Mais elle ne se permit pas d’évacuer un grand souffle marquant son épuisement, et préféra pénétrer directement à l’intérieur. A peine eut-elle ouvert la porte qu’elle fut tout de suite accueillie par une voix qu’elle considérait comme tout à fait méprisable…
« Haha, tu vas te faire engueuler, tu vas te faire engueuler ! J’ai hâte de voir ça ! »,rappela sans arrêt Emily d’un ton spécialement enfantin, ce qui avait pour but d’irriter immédiatement Ellen, qui décida de l’ignorer, malgré ses démentielles envies de révolte. Cependant, il ne s’agissait pas réellement du moment idéal pour se donner le droit de répliquer, elle était chargée de fournir des explications spécifiques à ses parents, en particulier à son père, qui se révélerait certainement difficile à convaincre… A l’instant où elle entra dans le salon, elle obtint dans son champ de vision une mère faisant tout son possible pour retenir la fureur incontrôlable d’un père. Avalant sa salive de manière saccadée avant de s’apprêter à annoncer son retour, la jeune fille à la chevelure ténébreuse inspira ensuite, puis expira, néanmoins durement. Finalement, elle s’efforça à imposer sa présence…
« Maman, papa…Je suis là ! »
Le mâle, ayant reconnu la phonation de sa fille, avança sauvagement vers l’intéressée, qui s’évertua à le fixer dans le blanc des yeux, ne pouvant maintenant se résigner à faire demi-tour. La bataille débuta en fanfare.
« Quelle heure est-il, à ton avis. »,commença-t-il, pour le moment, de façon à peu près posée. Ne laissant pas le temps à l’adolescente de répondre correctement, il poursuivit, impitoyablement.
« Je viens d’te poser une question, sale gamine ! Combien d’fois on t’dit d’rester bien mignonne et bien sage ici, hein ? »,hurla-t-il tout en collant une baffe à l’intéressée, avec une rage si dévastatrice que l’impact fit machinalement chuter celle-ci à terre. La marque du coup devint excessivement repérable sur la joue enflée d’Ellen, même si l’on regardait de loin avec un handicap. La jeune fille au regard ambré tenta, grâce à toute sa force mentale, de prendre le dessus sur ses émotions. Ses lèvres tremblèrent, ces dernières ne sachant plus si le mieux était d’essayer de répondre quelque chose de cohérent, ou alors tout simplement de se taire, afin d’éviter tout malentendu, ou, pire, toute véhémence de la part du tuteur aux pensées dangereusement enflammées… Emily, reluquait discrètement cette scène aberrante en dessinant sur son visage un large sourire que l’on était facilement en mesure de qualifier de sadique. N’importe qui aurait sûrement réagi à cette monstrueuse situation, mais pas elle. Elle refusait catégoriquement de venir en aide à sa grande sœur, qui n’avait fait jusqu’ici qu’accumuler les soucis. La collégienne ne cessait de s’enthousiasmer à la vue de ce terrible spectacle. Ceci représentait pour elle une de ses sources de bonheur, voire même de survie. Sa vengeance commençait très sérieusement à affleurer… Emily en frissonna d’exaltation.
La mère ne pouvait plus s’accommoder à ce carnage, au niveau des paroles virulentes du mâle, qui ne prêtait absolument pas attention à la mélancolie visible sur sa figure, ainsi que celle d’Ellen. Sa femme risqua assez gros, en décidant de prendre la défense de sa propre fille…
« Daniel !! Je suis tout à fait d’accord sur le fait qu’il faut bien élever son enfant, mais il faut tout de même savoir où sont les limites, et ne pas les dépasser ! Tu n’as pas honte, ne serait-ce qu’un peu ? Arrête de te focaliser sur ta petite personne, et essaye au moins d’entendre ce qu’a à dire ta fille ! Depuis tout à l’heure, elle tente de trouver une occasion pour se justifier, laisse-la faire, la pauvre ! Et puis, tu crois qu’Emily est mieux qu’elle, en parlant de bonne éducation ? Je préfère encore que tu la frappes, elle, au lieu de martyriser une jeune fille aussi adorable qu’Ellen ! NOTRE fille ! Au cas où tu l’aurais oublié ! »
Le père croisa prestement les bras tout en détournant sa tête d’un air quelque peu gêné, décontenancé, sans pour autant qu’il ne veuille faire démasquer ses sentiments à sa famille à ce moment. Toujours fâché, néanmoins ne dégotant pas les mots nécessaires pour oser contredire les propos réalistes de la tutrice ne camouflant pas sa fierté qui ne s’avérait toutefois non abusive, il vitupéra en silence. Ellen, reconnaissante envers cette dernière, n’oublia certainement pas de lui murmurer un« merci », avant de s’éclipser sur la pointe des pieds en direction de sa chambre. Avant d’atteindre celle-ci, elle croisa le regard plus que furibond d’Emily, qui serra très fortement ses poings en la fixant en train de monter les escaliers. L’adolescente à la chevelure ténébreuse avoua intérieurement qu’à cet instant, ce regard l’avait pratiquement pétrifiée. Elle n’avait jamais vu des yeux aussi noirs, aussi sinistres… Si on continuait à faire face à cette obscurité profonde, on se noierait sans doute dans une spirale sans fin…Ellen se disait toujours posséder une imagination débordante. Cependant, cela se révélait réellement représenter ses pensées…
« T’inquiète, tu sais bien que papa a un très sale caractère et qu’il peut s’emporter pour un rien…Il finira bien par te donner ce que tu mérites, un jour, et j’attends ça avec impatience…GRANDE SŒUR. »,chuchota la collégienne d’une manière à la fois faussement mielleuse et véritablement machiavélique. Mais, la jeune fille au regard ambré percevait en ces paroles une béante tristesse, que la concernée voilait à l’aide de ses vilaines intentions. Néanmoins, elle devait tout de même se méfier. La pitié pourrait bien la mener à sa perte. Elle ferma rudement la porte de sa salle personnelle, laissant encore dans son esprit les images de cetévènementqui venait de se dérouler. Si Emily se révélait être une personne ne faisant aucunement partie de sa famille, Ellen ne se gênerait pas à faire la morale de façon inextinguible à cette dernière, et ce, bien évidemment, dans le sens négatif… Seulement, cela n’était pas le cas. L’adolescente soupira, avant de s’avancer lentement vers la fenêtre. Elle l’ouvrit, et regarda attentivement les multiples facettes du paysage ensorcelé par les ténèbres de la nuit, les lumières aux alentours ne pouvant lutter contre celles-ci. Cependant, malgré ces ténèbres imposantes, elle parvint à distinguer la silhouette de deux énergumènes paraissant extrêmement proches…Lorsqu’elle se rendit compte de qui il s’agissait exactement, aucune surprise ne vint amocher l’expression de la jeune fille. Au contraire, elle sourit, néanmoins d’une manière vraisemblablement étrange. Elle se pencha un peu, avant de faire part à Jonathan et à Sarah le fond de ses pensées.
« Toutes mes félicitations ! »,cria-t-elle tout en variant le ton de sa voix du grave à l’aigu, révélant alors son manque évident de sincérité vis-à-vis de son réel état d’esprit. Bien qu’elle avait conseillé, voire ordonné au blond de faire un grand pas vers celle qu’il aimait, elle se sentait toujours un peu mal à l’aise par rapport à ce sujet. Mais c’en était fini. Ellen avait décidé de ne plus faire confiance à personne. Elle avait décidé de ne pluslesconnaître. |