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au 31 Mai 21 :
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Sorry, I Fell In Love With You
Par Orina-Chan
Originales  -  Romance/Drame  -  fr
14 chapitres - Complète - Rating : K (Tout public) Télécharger en PDF Exporter la fiction
    Chapitre 9     Les chapitres     0 Review    
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Nouveau Face à Face

Chapitre 9 : Nouveau face à face

 

« Hé mais…qu’est-ce que tu me fais, là ? Arrête ! »

La voix d’Ellen ne s’avérait malheureusement pas assez puissante pour stopper Jonathan dans son élan. Celui-ci avait l’air d’avoir perdu toute raison…Il la poussa acerbement sur le lit, ses intentions semblant effroyablement imprévisibles. La réaction choquée de la jeune fille ne lui fit pas prendre le temps de s’échapper. Il était à présent trop tard. Le regard du blond dévoilait une certaine agressivité, ce qui fit violemment tambouriner le cœur de la victime, ne sachant visiblement pas quels mouvements effectuer afin d’être en mesure de résister.

« T’es…t’es devenu fou ou quoi ? C’est bien ce que je disais ! T’es qu’un salopard, un obsédé qui ne pense qu’à passer du bon temps, même si c’est bref, avec une fille, n’importe laquelle, du moment qu’elle peut satisfaire tes désirs ! »

Le jeune homme n’écoutait strictement aucune parole daignant sortir de la bouche de celle qui était sensée être son amie. Au lieu de s’exprimer avec des mots, Jonathan préférait apparemment se servir de gestes impétueux pour se faire comprendre… L’adolescente à la chevelure ténébreuse s’apprêtait à hurler pour qu’on lui vienne en aide, néanmoins se ressaisit en se disant que personne ne se donnerait la peine de répondre à ses appels au secours… Si sa sœur décidait de métamorphoser son caractère et de prendre l’initiative d’aller s’excuser auprès de l’intéressée en allant lasauverafin de se faire pardonner, cette dernière ferait assurément une crise cardiaque. L’espoir ne possédait donc absolument pas sa place à cet instant. Ellen devait se contenter de sa propre force pour se libérer de la présence pondéreuse du blond. Elle ne pouvait compter que sur elle-même…

« Petit con ! Tu crois vraiment que j’vais gentiment me laisser faire ? Que j’vais me comporter comme une charmante jeune fille et que j’vais te dire « D…d’accord, vas-y doucement, hein… » Tu veux que je te donne un coup dans tes parties personnelles pour apaiser d’une certaine manière tes…envies ? Même si tu refuses, je vais pas avoir le choix ! Donc au final, le résultat sera le même ! »

Toujours aussi têtu, le jeune homme persévéra dans son idée malsaine et continua ainsi de persécuter vicieusement sa soi-disant camarade, qui elle, s’avérait maintenant incapable d’accepter d’être considérée comme telle par lui. Comme elle l’avait précisé précédemment, elle n’avait pas le choix… Ce qui était avant irréalisable se réalisa. Jonathan sursauta, dominé par la douleur de l’impact du au coup offert gratuitement par la jeune fille. Se remettant difficilement de sa souffrance, Ellen en profita pour lui présenter une paire de claques de bonne qualité au niveau de l’affliction qu’elle procurait à l’individu visé, avant de prendre la fuite. Ce fut exactement à ce moment que le blond retrouva à peu près ses esprits. Quand il devint seul, sa folie s’évapora. Se rendant compte des faits, qui se révélaient particulièrement honteux et inexcusables, il tomba lamentablement à genoux et mit sa tête entre ses deux mains, comme s’il souhaitait à tout prix effacer la scène qui s’était produite sous l’effet de son étrange démence.

« Qu’est-ce qui m’a pris, mais qu’est-ce qui m’a pris, bon sang … »,se répéta-t-il constamment tout en plongeant son visage au sol, de telle sorte qu’on était en mesure de croire qu’il suppliait une personne imaginaire de le laisser en vie. Jonathan se maudit d’adopter une attitude aussi méprisable lorsque les mauvaises nouvelles s’accumulaient, telle larébellionde Sarah et d’Ellen envers lui. Il était sur le point de s’éloigner, doucement mais sûrement des personnes qu’il jugeait très importantes. Perdre celles-ci, ce serait comme si un des fragments de son être se brisait, ce qui provoquerait une intensité dramatique élevée dans l’esprit du jeune homme… Chose malheureusement accomplie… Une aura de sinistre déprime, plana…

[…]

Une fois après avoir atterri à l’extérieur, la jeune fille au regard ambré ne désira pas conclure sa course, et au contraire, la poursuivit. Elle ne remarqua donc pas qu’elle bousculait au passage un tas d’énergumènes ne se lassant pas de gémir en attendant des justifications accompagnées d’excuses. Parmi cette foule d’êtres, se trouvait un adolescent aux cheveux roux cuivrés. Ce dernier scruta d’un air inquiet Ellen. Malgré qu’elle soit passée devant lui à une vitesse fulgurante, Yann avait parfaitement observé un détail frappant sur l’expression de la concernée. Celle-ci, selon lui, paraissait complètement bouleversée, déboussolée. Comme si une vague d’évènements l’avaient tout à coup submergée et que cela avait chamboulé sa vie, ce qui l’avait poussé à courir, courir, afin de ne pas se noyer et de perdurer à la surface. Souhaitant avoir le cœur net sur l’état d’esprit actuel de l’adolescente à la chevelure ténébreuse, le jeune homme en question se hâta en sa direction, bien qu’il savait éperdument que l’intéressée se révélait le plus souvent imbattable lorsqu’il s’agissait degaloper…

« Ellen, attends ! »

Ellen s’avérait bien trop occupée à miser la plupart de ses forces dans ses jambes, pour oser tendre ses oreilles et écouter ce que les gens avaient à lui dire, même si on voulait lui faire part d’une urgence. Néanmoins, Yann ne désespéra point, et enchaina les tentatives afin d’obtenir finalement l’attention de son ex petite amie.

« Hé, s’il te plait, arrête-toi ! Je n’abandonnerai pas tant que tu ne m’auras pas…répondu ! »,cria-t-il d’une voix perdant rapidement de sa fraicheur à cause de l’effort. L’épuisement ne tarda pas à prendre possession de son être. Mais il ne flancha pas pour autant. Il tenait coûte que coûte à consoler la jeune fille de sa peine, de la réconforter en la prenant dans ses bras…Bref, il n’avait en tête que des scènes romantiques qu’il serait capable de mettre en pratique, l’objectif étant uniquement de capturer le cœur d’Ellen et de recommencer à zéro leur relation, qui s’avérait autrefois, d’une certaine manière, excitante. Décidant au bout d’un moment de ne plus faiblir et d’atteindre vaillamment son but, Yann parvint, presque miraculeusement, à attraper la main de la jeune fille au regard ambré. Ce regard s’écarquilla lorsqu’elle vit la silhouette de celui qui s’était délicatement emparé d’une de ses parties du corps. Le garçon roux cuivré sourit, comme pour réchauffer, attendrir le cœur mélancolique de la concernée.

« T’as vraiment pas l’air dans ton assiette, on aurait dit que tu voulais fuir quelque chose…Tu veux pas me dire ce qui s’est passé ?

      - Ah, euh…Non non, t’inquiète, c’est rien…rien du tout, je t’assure ! Je m’entrainais juste pour mon club d’athlétisme, je tiens à établir un nouveau record, alors…

      - Ellen, je te connais tu sais ! Tu ne me regardes jamais dans les yeux quand tu mens, et là c’est le cas ! N’empêche, t’es vraiment trop mignonne quand tu détournes ton regard dans tous les sens…Allez, je ne te laisserai pas tant que tu m’auras pas dit ce qui ne va pas ! »

Une fois de plus, Ellen eut des frissons reflétant à la perfection sa surprise. Dans ses souvenirs, la gentillesse de Yann ne semblait pas aussi béante, aussi revigorante. Oui, à partir du moment où il était revenu, elle avait l’impression que le jeune homme s’était littéralement transformé, comme s’il souhaitait jouer le rôle du prince charmant, du garçon idéal… Lui parler lui redonnait espoir, lui redonnait du courage. En y pensant, elle en rougit, ce qui ne passa pas inaperçu aux yeux divertis de l’ex petit ami…

« En plus, tu te mets à rougir ! Comme quoi, je suis tellement charmant que tu ne vas pas longtemps me résister ! C’est comme ça qu’on s’est mis à sortir ensemble auparavant… »

Ellen était consciente que ce genre de remarques n’avait pour but que de la taquiner, cependant elle ne pouvait pas s’empêcher de lui poser LA question à ne surtout pas poser…

« Tu ne devrais pas être en Amérique, en ce moment ? Qu’est-ce que tu fais là, à me causer, alors que tu as sûrement mieux à faire dans le pays des fast-foods ?

      - Tiens, je ne te l’avais pas dit ?

      - …Dit quoi ?

      - Si je suis revenu, ce n’est pas pour repartir. Comme je te l’ai déjà expliqué il y a un moment, j’ai envie que tu acceptes à nouveau de sortir avec moi ! Même si tu me réponds non, je te forcerai un jour à me dire oui, après tout, j’suis si irrésistible, héhé. Autrement dit…je reste ! Et pas question qu’on me fasse changer d’avis ! Alors, heureuse ? J’espère que tu boudes pas en apprenant mon retour définitif ! »

Cette parole fut rythmée d’un clin d’œil complice qui fit reculer machinalement d’un pas l’adolescente à la chevelure ténébreuse. Elle retirait tout ce qui était entré dans ses pensées précédemment. Yann se révélait pire que Jonathan. Même si la vantardise du jeune homme roux cuivré n’était qu’une infinie plaisanterie par rapport au blond, elle en restait tout de même exagérée, et cela vexa au plus haut point Ellen. Néanmoins, cette dernière se remettait difficilement de la réponse qui lui avait été apportée… Que le concerné prenne l’initiative de réemménager ici s’avérait une idée qui avait été jetée aux oubliettes il y avait de ça un sacré bout de temps. Elle avala craintivement sa salive, de telle sorte qu’elle crut que l’arc de Cupidon venait à nouveau transpercer l’organe se situant dans sa poitrine et donnant son pitié des coups abrupts sur cette dernière…

« Non, c’est impossible ! Jamais je… ! »

La pensée pouvait parfois accidentellement s’exprimer à voix haute. L’idée de retomber amoureuse de Yann la stimulait si négativement qu’elle avait inconsciemment libéré sa colère vis-à-vis de cette aberrante probabilité. L’intéressé s’esclaffa gaiement en observant la mine déstabilisée de celle se situant juste en face de lui.

« T’as quand même changé, pendant que j’étais pas là ! Maintenant, on dirait que tu ressembles plus à une fille…J’me répète, mais t’es trop mignonne !

      - Arrête, tu veux juste me flatter, pour ensuite me manipuler et me laisser tomber encore ! J’vois vraiment pas ce que tu trouves de…mignon, chez moi, mais je suis sûre que ce sentiment va pas tarder à disparaître…En plus, un jour, c’est certain, tu verras des filles beaucoup plus jolies et plus gentilles que moi, moi qui ne suis qu’une merde, qui suis tout le temps maladroite, qui râle tout le temps…

      - Tais-toi…

      - J’ai plein de défauts et…j’mérite pas qu’on s’intéresse ou qu’on s’attache à moi. J’ai beaucoup aimé sortir avec toi avant, même si ça n’a pas duré longtemps, mais…je ne te méritais pas. Je ne te mérite pas. Et je viens de m’en rendre compte seulement aujourd’hui. La preuve que je suis vraiment une imbécile égoïste. T’es vraiment gentil comme garçon, et je tiens beaucoup à toi, même si je t’avoue, je t’en ai beaucoup voulu pour ton départ, bien que ce n’était pas de ta faute. Mais désolée, j’peux pas. J’peux vraiment pas, donc ça ne sert sans doute plus à rien que tu restes ici…

      - Tais-toi !!! »

N’acceptant pas les propos brusques d’Ellen, le garçon roux cuivré, voulant définitivement la faire taire, l’enlaça, et la serra ainsi de plus en plus fort contre lui. La jeune fille réclamait intérieurement du réconfort depuis le grossier malentendu avec Jonathan. Cependant, contre toute attente, elle réfuta ce besoin, voire cette obsession, en repoussant doucement celui qui était capable de lui dédier la tendresse dont elle suppliait sans cesse le retour il n’y avait pas si longtemps que cela…

« J’m’en fiche que tu me rejettes, j’veux juste que tu arrêtes de te critiquer, de te sous-estimer ! Je ne t’ai jamais connue sous cet aspect-là, je t’ai toujours senti forte, avec du caractère... ,affirma avec fierté Yann, mas qui fut immédiatement contredit par la concernée…

      - Ca revient exactement à ce que tu disais avant, j’ai changé pendant ton absence. Ou plutôt…Je dissimulais cette facette de moi pendant qu’on était ensemble, de peur que toi, tu me détestes. Mais maintenant, ça n’a plus d’importance... »

L’adolescent adopta une expression fâcheusement déçue, ayant beaucoup de mal à prétendre avoir bien entendu ce qu’il venait d’ouïr. Ellen, se questionnant d’abord sur ce qu’il se mit alors à chercher dans la poche de sa veste, se rendit ensuite compte qu’il finit par en ressortir son portable. Ce n’était pas véritablement le moment idéal pour décider d’envoyer des messages à qui que ce soit. C’était ce que pensait celle à la chevelure ténébreuse, qui ne manqua certainement pas de faire zigzaguer ses lèvres afin de mettre en évidence sa difficulté d’approbation et sa légère appréhension par rapport à cela. Néanmoins, trop concentré à reluquer l’écran de son portable tout en tapant à une rapidité phénoménale sur les boutons, il ne prêta aucunement attention à l’opinion, qui s’avérait assez médiocre, de son ex petite amie. Cette dernière croisa les bras, leva la tête au ciel, tout en se mordant gentiment la lippe. Un pied battait de manière rythmée le sol. Tous ces mouvements enchaînés n’aidaient malheureusement pas la jeune fille au regard ambré à se faire comprendre. Cependant, quelques secondes plus tard, un vif hoquet de surprise retentit, lorsque l’intéressée se mit enfin à regarder en face d’elle. Elle eut le privilège de lire un message plutôt encourageant, le garçon roux cuivré tendant le téléphone de façon à ce que cela soit suffisamment lisible. Même s’il ne s’agissait que de deux mots, ceux-ci avaient une valeur incomparable, et, étrangement, ils semblaient se démarquer particulièrement à l’écrit comparé à l’oral. Yann fut surpris d’apercevoir des larmes couler sur les joues d’Ellen, comme quelques gouttes de pluie glisseraient le long d’une fenêtre…

« Je t’aime. Alors s’il te plait, arrête de dire que tu mérites pas d’avoir des amis, ni que tu mérites pas d’être aimée. Parce que moi, peu importe ce que tu veux me faire gober, je suis têtu, comme toi, donc ça ne changera rien à ce que je ressens. Je veux te voir sourire, rire, et pour ça, ce serait bien que tu acceptes de te remettre avec moi. Pour que je te rende heureuse. Pour que je rattrape le temps perdu, car un an, c’est long… »

« Désolé de t’avoir fait attendre, ça prend du temps pour écrire un message de cette longueur ! Mais comme certains disent, les paroles s’envolent, les écrits restent…j’espère que cette fois, t’as bien compris mes sentiments, et au cas où ça ne serait vraiment pas le cas, je te remontrerai ce message, une dizaine de fois, une vingtaine de fois s’il le faut ! », promit le jeune homme, remplaçant sa mine vexée par un charmant sourire.

Ce long message, comme Yann le citait si bien, l’adolescente en sanglots n’avait pas pris le temps de l’analyser complètement. Seulement ces deux mots, ces deux uniques mots, situés au début du texte hantaient agréablement son esprit. Si l’on devait retranscrire les émotions survenues dans celui-ci de manière métaphorique, ce serait comme si elle errait d’abord vainement dans les rues à la recherche de quelque chose dont elle ne connaissait pas le nom spécifique. Comme si elle se pressait à trouver une sorte de lumière impénétrable dans un tunnel obscur et sans issue. Comme si elle essayait de voler à partir d’une haute falaise mais qu’elle était pertinemment consciente qu’elle chuterait séance tenante vers la mer. Bref, le désespoir régnait partout en elle. Mais, elle avait enfin réussi à trouver ce qu’elle cherchait. Enfin. C’était comme si elle avait pénétré dans une espèce de temple, dont une atmosphère de paix, de divine sérénité, de béatitude, planait et semait ainsi d’authentiques ondes, celles-ci évaporant les regrets, les problèmes de la jeune fille.

« Oh non, si ça continue, je sens que je vais encore tomber dans le panneau…Faut que t’arrêtes de me dire des choses aussi touchantes !

      - J’me la joue peut-être un peu héros de série romantique, mais bon, tout ce que je viens de dire ( et d’écrire ), je le pense vraiment, donc…

      - Je sais. Je sais que tu ne m’as jamais menti, que tu as toujours été franc avec moi. C’est ça qui m’a tout de suite plu chez toi, je l’avoue.

      - Bah ! C’est pas comme si j’avais aucune qualité, hein ! Ca me fait plaisir que tu me dises ça. Toi aussi, si tu continues à me faire des compliments de ce genre, je vais pas résister, je te préviens ! J’vais sans doute pas tarder à me jeter à ton cou et te donner plein de bisous !

      - Pervers !,murmura Ellen d’un air modérément amusé.Mais…je suis peut-être un peu trop lourde, mais s’il te plait, laisse-moi encore un tout petit peu de temps. Rien qu’un tout petit peu. A partir de maintenant, j’vais vraiment réfléchir à ta proposition.

      - Parce qu’avant, tu n’y réfléchissais pas ? Ah, tu m’as blessé, là !

      - Haha, idiot ! Ben c’est pas ma faute, t’avais qu’à pas partir en Amérique sans me laisser de nouvelles, moi aussi, j’ai été longtemps blessée…

      - Ok, j’me tais. Du moment que tu me donnes une réponse un jour… »

Un petit sourire, reflétant de la compassion pour Yann en même temps que de l’enchantement pour s’être finalementréconciliéeavec lui, s’étira progressivement et fièrement sur son visage. Ellen avouait qu’il s’avérait insoutenable de rejeter son ex petit ami, de ne pas converser avec lui comme elle le faisait si bien auparavant. Un discret soupir de soulagement et de contentement s’échappa de manière vagabonde de ses lèvres.

Bien que tous deux pouvaient à partir de ce fameux moment s’adresser la parole mutuellement et librement, une mystérieuse atmosphère s’incrusta soudainement entre les deux individus. Décidément, il fallait croire que les éléments perturbateurs surgissaient en boucle, quels qu’ils soient… Si le garçon roux cuivré gardait les mains à la taille et faisait mine de préserver une position décontractée alors qu’en vérité, le stress le paralysait, Ellen, elle, ne cessait de tourner autour d’elle-même, de gesticuler ses bras, ses doigts, sa tête…Bref, elle devenait sans s’en rendre compte une spécialiste en mouvements incompréhensibles. Ses yeux papillonnaient, son corps se rendait inconsciemment victime de dynamiques frissons, son cœur battait comme si elle avait effectué plusieurs efforts plutôt considérables… Pourquoi elle se sentait si faible, si naïve, si stupide, quand elle faisait face au jeune homme ? Avec Jonathan, ce fut pareil…Cependant, avec Yann, elle avait toujours adopté une attitude posée, ce qu’elle trouva donc invraisemblable. Peu importe le nombre de tentatives, elle jugeait impossible de se comporter naturellement en compagnie de la personne en question, ayant également du mal à y donner du sien de son côté. Pourtant, il y avait à peine quelques minutes, l’ambiance s’avérait suffisamment sereine pour que les énergumènes se conduisent aisément… Depuis que les deux jeunes s’étaient échangés une expression assez malicieuse qui confirmait leur euphorie vis-à-vis de leur rapprochement évident, le trac s’instaurait tout de suite dans leurs esprits fragiles. Etant le plus souvent extrêmement sensible à ce type de posture, Ellen inventa de toutes pièces un prétexte, le premier qui lui venait sous la main, et qui fonctionnait à tous les coups.

« Ah euh…désolée, mes parents vont me gueuler dessus si jamais je traîne trop à l’extérieur…En plus, sérieusement, j’viens de me rappeler d’une urgence, donc…salut…

       - Ok…Euh non. Attends ! »

Visiblement, cet essai n’allait pas marcher cette fois-ci, au plus grand regret de l’adolescente à la chevelure ténébreuse. Celle-ci, intuitivement, n’arrêtait pas d’implorer intérieurement le jeune homme de la laisser partir, même si il le lui permettait seulement par pure pitié. La formule« Attends »,elle l’abhorrait. Particulièrement à cet instant précis. Cela signifiait probablement, voire sûrement, selon elle, qu’il était sur le point de lui annoncer quelque chose d’une importance capitale. Quelque chose qui la pousserait à rester, et à subir davantage la violence de son propre cœur, qui ne supporterait pas la manière dont est dite la chose. Après un avalement long et saccadé de salive, Ellen se prépara à se retourner de nouveau, lentement, vers Yann, le regard de celui-ci s’avérant difficilement descriptible. Il était sérieux, et à la fois hésitant…La jeune fille aux yeux ambrés se mit à avoir de drôles d’hallucinations en remarquant l’imprévisibilité de ses intentions…

« Bon, en fait, j’ai pas grand-chose à te dire…Ah si…Tu sais, Jonathan…A la piscine, il avait vraiment l’air inquiet pour toi quand tu t’étais noyée…J’ai l’impression qu’il a beaucoup changé, à tel point que c’en est presque effrayant. C’est dingue, ne sachant pas que je voulais te sauver, il m’a empêché de te faire du bouche-à-bouche, il agit un peu comme un gamin ! C’est peut-être la seule chose qui n’a pas changé en lui…Une minute, pourquoi j’te raconte ça, moi…

      - Je m’en fous de lui.

      - Hein ?

      - Je m’en fous, de lui ! Me parle pas de lui, ça me rend malade ! »

La colère la poussant à bout et dominant tout son être, Ellen, instinctivement, se mit à courir, s’éloignant du garçon roux cuivré sans au moins lui dire au revoir. A un moment, elle se stoppa, légèrement essoufflée, sortit son portable de sa sacoche puis, suite à un petit temps d’attente, effaça le numéro d’un certain blond. Ne souhaitant plus jamais avoir affaire à ce dernier, elle avait décidé d’employer les grands moyens…

 
 
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