Chapitre 11 : Ennuis imminents
Sarah et Jonathan se demandèrent d’où provenait cette voix inhabituelle, quelque peu biscornue. Leur main toujours liée l’une à l’autre, tous deux cherchèrent vainement par les nombreux détournements incessants de leur regard, la personne qui se permettait de les féliciter, de cette manière peu banale. Au bout d’un certain moment, ils abandonnèrent, néanmoins profitèrent ainsi à nouveau de leur intimité. Leur lien se resserra encore plus, et leur sourire s’étendit. Ils poursuivirent alors leur route, avec une pointe de romantisme, vers les rues de la ville.
La jeune fille à la chevelure ténébreuse, après avoir osé leur crier des mensonges sur sa vision du couple, avait en réalité immédiatement fermé la fenêtre puis s’était diligemment accroupie, pour ne pas qu’on réussisse à trouver des indices et qu’on la reconnaisse de cette façon. Elle se recroquevilla, tout en positionnant d’un air mélancolique sa tête entre ses genoux. Restant longtemps dans cette posture, elle finit par s’endormir, bercée par le silence.
[…]
Deux jours plus tard, les cours reprirent enfin. Pour une fois, Ellen était arrivée à se réveiller en avance. Car elle n’avait en fait pratiquement pas fermé l’œil de la nuit. Une foule de cauchemars s’étaient inlassablement incrustés dans son esprit, qui s’avérait avant déjà confus. Avec une mine assez démotivée, elle se dirigea vers la salle de bain, et scruta son reflet déprimant dans le miroir. Néanmoins, suite à une douche tout du moins revigorante, elle récupéra un peu de sa forme et développa progressivement de l’optimisme vis-à-vis de la journée qui allait se dérouler. S’étant ensuite vêtue de sorte à pouvoir être en communion avec la magnifique saison que représentait le printemps, l’adolescente au regard ambré descendit énergiquement les escaliers et courut jusqu’à la cuisine, le but s’avérant de prendre un croissant et de le savourer tout le long de la route. Elle jeta un coup d’œil aux alentours avant de se rendre au lycée. Tandis que le père ronflait indiscrètement sur le canapé et que la mère en faisait autant dans son lit, cependant plus sagement, Emily était déjà partie. Un bref soupir de soulagement s’échappa lorsqu’Ellen se dit qu’elle n’aurait peut-être pas à engendrer d’autres conflits avec elle aujourd’hui. Mais elle n’était pas en mesure de tirer des conclusions trop hâtives. Tout était possible. De peur de s’égarer dans ses pensées, la lycéenne s’en alla, ne manquant pas de déguster en même temps son petit déjeuner.
« Ellen !! »
Cet appel provenait d’une personne plutôt essoufflée, ayant apparemment du mal à utiliser la plupart de ses forces dans sa phonation. La jeune fille à la chevelure ténébreuse se retourna, remarquant alors que l’individu en question n’était autre que Yann.
« Eh ben, même quand tu cours pas, tu vas vite ! Impressionnant ! ,fit semblant d’être admiratif le garçon roux cuivré.
- …Pourquoi tu me suis ?
- Hé, je t’aime à la folie, ça c’est vrai, mais j’vais pas aller jusqu’à te harceler à longueur de temps ! Moi aussi, j’vais au lycée, j’te signale !
- HEIN ? Ah oui, c’est vrai, tu restes…
- C’est quoi cet air déçu ? Faut bien te faire une raison ! Ah au fait, hier soir, t’as ignoré tous mes appels ! Je voulais m’excuser pour ce qui s’était passé ! J’passais vraiment pour un imbécile à insister en voulant te joindre ! Pourquoi t’as pas répondu ?
- ZUT ! Mon…Mon portable, c’est vrai… »
La panique s’emparant brusquement de sa raison, Ellen se rappela d’un détail qui serait capable, une fois de plus, de faire régner l’acrimonie chez son père, outrageusement susceptible. A quel point pouvait-elle agir de manière aussi inconsciente ? Telle se révélait la question hantant prétentieusement et infiniment l’esprit de l’adolescente. Yann s’interrogea très sérieusement sur ce qu’il jugeait être une soudaine et incompréhensible réaction. Il exigea quelques petites explications à ce propos.
« Euh, tu peux me dire pourquoi t’es en train de t’affoler, là ? J’ai du mal à saisir…Quelque chose de grave s’est produit ?
- Mon portable…JE L’AI JETE A L’EAU ! Tout ça à cause de…lui…
- Lui ? Me dis pas que tu parles de…qui je pense ?
- A ton avis ? Je ne voulais plus avoir affaire à ce crétin, alors…ben, j’ai pas réfléchi et du coup…tout s’est passé vite, j’me suis pas rendue compte de ce que je faisais…Désolée ! Mais c’est surtout mon père qui va pas me pardonner ! »
Histoire d’apaiser sa détresse, le jeune homme donna une gentille tape sur la tête de la concernée, avant de lui caresser vivement les cheveux, comme s’il la considérait comme une chienne envieuse de ces gestes. Ellen bouda brièvement à cette pensée, divertissant ainsi, cependant sans qu’elle ne s’en aperçoive, Yann. Du moment que ce dernier avait le privilège d’être en mesure de lui adresser la parole en face, peu importe qu’elle possède un téléphone ou pas. Pour le père de la lycéenne, un sentiment de compassion envers celle-ci l’envahit, mais sachant qu’elle n’appréciait guère la pitié d’autrui à son égard, il décida ne pas dévoiler son inquiétude. De toute façon, un autre sujet venait déjà d’être lancé par la jeune fille au regard ambré…
« Ah oui, je souhaitais savoir…Comment t’as fait pour convaincre tes parents à propos du fait de rester ici ? Ils n’ont pas du te laisser t’en aller aussi facilement, non ?
- Ca, c’est grâce à mes grands-parents, qui habitent dans la ville. Eux au moins, ils comprenaient bien ce que je ressentais. Comme ils ont une grande force de persuasion, ils ont réussi à me faire vivre chez eux. D’ailleurs, je leur en suis très reconnaissant, ils sont toujours aux petits soins pour moi…S’ils étaient pas là, je sais pas comment j’aurais fait, héhé. »
Observant l’apparition d’un léger sourire, miroitant à la perfection la joie dissimulée du garçon aux cheveux roux cuivrés, Ellen ne put s’empêcher de copier cette expression agréable du visage. Suite aux dernières paroles de l’intéressé, celui-ci avait tout de même un peu de mal à contenir ses émotions, ce qui entraina ce résultat attachant. L’adolescente ne lui avait pas complètement accordé sa confiance, néanmoins cela se rapprochait véritablement à grands pas. Elle le pressentait. A vrai dire, elle se devait d’avouer que Yann détenait les atouts nécessaires pour obtenir spécifiquement ce qu’il désirait. Et il les exploitait à très bon escient. Comme un acteur qui savait convenablement user de son talent… S’imaginant cette comparaison, elle en devint complètement subjuguée. Mais elle n’avait pas le temps de se préoccuper de ceci, la sonnerie annonçant le début des cours, résonna dans son esprit. Ellen se hâta vers sa salle de classe, suivie de près par son ex petit-ami.
[…]
Accoudée à sa table tout en fixant, d’un air ennuyé, la professeur de biologie entrer dans le laboratoire, gardant son sérieux devant ses élèves, Ellen soupira déjà de lassitude, alors que l’heure venait à peine de débuter. Ces derniers, principalement ceux de sexe masculin, naturellement, adoraient scruter l’anatomie de l’enseignante, qui elle, ne se retenait pas le moins du monde au niveau de ses sanctions vis-à-vis de cette attitude inexcusablement vicieuse.
La jeune fille à la chevelure ténébreuse remarqua la présence de Yann dans la pièce. Une petite boule se forma immédiatement dans sa gorge, cela lui faisait tout drôle de le revoir ici, comme si son départ en Amérique n’avait jamais été prévu, ou alors que ceci ne se révélait être qu’un mauvais rêve. De plus, il se situait juste devant elle, ce qui embarrassa encore plus la concernée. Jonathan, se trouvant également à proximité de celle-ci, s’était retourné afin de la reluquer avec un regard, qui ne lâchait pas d’une semelle sa cible. Souhaitant définitivement rompre le contact avec le blond, Ellen l’ignora, affichant alors une mine crispée. La personne en question se sentit rudement rejeté. Mais cela ne l’étonnait guère. Après ce qu’il lui avait fait endurer précédemment…Cette réaction, selon lui, s’avérait tout à fait normale et intelligible. Se plaindre était considéré comme une interdiction. Il avait récolté ce qu’il avait semé. Il avait obtenu le traitement qu’il méritait. L’adolescent s’évertua à assumer ses actes, et se ressaisit en rivant à nouveau ses yeux vers le tableau. Ellen, libérée d’un poids affreusement pondéreux, fut soulagée et put ainsi se concentrer sur le cours.
« Alors…Où en étions-nous depuis la dernière fois, quelqu’un veut bien me montrer son cahier ? Ah merci Sonia. Donc…nous décrivions les différentes parties de notre tête, le cerveau, etc…Tiens, ça me rappelle que vous deviez en apprendre une bonne partie pour aujourd’hui ! De plus, Yann a besoin de se rattraper un peu au niveau de cette leçon. Oui, fais pas cet air étonné, Yann, j’ai bien remarqué que tu étais revenu, même si tu fais assez discret…
- Oh non madame, j’savais pas moi, qu’il fallait revoir c’truc !,protesta un élève assez extravagant, remarque faisant au passage ricaner certains individus à l’humour simple.
- Ce truc ? Eh bien, tu as de drôles de manières de décrire l’intérieur de notre tête ! Ben tiens, puisque c’est comme ça, fais-nous donc part de tes connaissances acquises, et prouve nous que ton intérieur a de la valeur ! »,répondit de manière aisée l’enseignante, réponse rythmée une fois de plus par les nombreux et incessants gloussements des autres, y compris ceux d’Ellen.
Le jeune homme qui s’était inconsciemment rendu ridicule s’avança tête baissée vers le support, avant de s’emparer à un rythme léger d’une craie, qu’il faillit de faire chuter à cause de sa subite tremblote. Cette fois-ci, plus personne ne pouvait se retenir, les rires éclatèrent, et, malgré les ordres de la scientifique qui consistaient à moins diffuser de chahut, le brouhaha intempestif persistait. L’élève visé savait qu’il ne devait pas se permettre de se laisser pathétiquement déstabiliser par ses camarades ; cela provoquerait davantage de moqueries à l’avenir, il envisageait même la persécution à son égard. Devenant excessivement pessimiste, cependant essayant de se conduire courageusement, il écrivit, de la manière la plus rapide qu’il puisse trouver, ce qui lui passa par la tête sur le tableau. D’une quelconque façon, il réussit à se faire de nouveau accepter de l’ensemble des adolescents se trouvant dans la salle. La raison se révélait être une plaisanterie particulièrement loufoque pour certains, et monstrueusement pitoyable pour d’autres, peu nombreux, tout en comptant parmi eux la jeune fille à la chevelure ténébreuse.
« Hé ! T’as écrit cervelas au lieu de cervelet, t’es trop fort, comment tu fais sérieux ? Haha !,fit remarquer un de ses amis aussi immonde au niveau de l’humour que l’intéressé, étonné qu’on ait une opinion de ses bêtises crédible pour enjoliver l’ambiance de la classe.
« Pff, bande de débiles. ,marmonna Ellen, aucun énergumène ne daignant ouïr le fond de ses pensées, mis à part Yann, qui fit instinctivement échapper un rire bref de sa bouche.
- T’as raison, y a pas pire qu’eux. »,répondit silencieusement le garçon roux cuivré, tout en lançant un clin d’œil complice à celle qui se plaignait du groupe qu’elle jugeait trop enfantin, très récemment.
Le rougissement fut évidemment la première réaction qui lui venait à l’esprit. Comment était-elle en mesure de réagir autrement après un geste amical tel que celui-ci ? Elle s’imaginait même que cela symbolisait bien plus qu’un geste amical… Après tout, il éprouvait des sentiments pour elle, et elle en était pertinemment consciente… Cela devenait une habitude, à présent. Trop de pression la contraignit encore à se plonger dans des questions au départ assez intrigantes, par exemple au niveau de la réponse qu’elle allait bientôt donner à Yann, mais au fil du temps entièrement dénuées d’intérêt. Tout cela s’enchainait jusqu’à ce que la sonnerie de la prochaine heure de cours retentisse. Ellen se blâma intérieurement de devenir facilement aussi étourdie. Ça se passait toujours comme ça et ceci la frustrait péniblement. Elle se leva, pleine de rage surfaite, puis quitta sa paillasse pour se rendre dans une autre pièce d’étude. Le jeune homme amoureux d’elle, tenta aussitôt de suivre son rythme, tant bien que mal. Il abandonna assez vite, étant donné qu’il savait qu’il ne serait jamais capable d’égaler l’adolescente au regard ambré en matière d’accélération, et que de plus, sans qu’il ne s’en aperçoive, il l’avait déjà perdue de vue.
[…]
Assise seule sur une petite étendue d’herbe à la pause du midi, Ellen ne s’attendait pas à être interrompue dans un de ses uniques instants de tranquillité par Sarah. Surtout que d’habitude, cet endroit s’avérait peu fréquenté. La brune à la queue de cheval, histoire de la saluer gaiement, lui adressa une expression ne contenant que de la sympathie. Néanmoins, aucune réponse de ce genre ne lui fut donnée en retour. Elle haussa les épaules, se disant que le mauvais caractère de son amie en était certainement la cause, mais que cela n’allait durer que très brièvement. Elle ne se doutait absolument pas que la jeune fille à la chevelure ténébreuse avait entrepris de ne plus se mêler de ses affaires personnelles…
« On dirait que t’es un peu à l’ouest toi, je me trompe ? Pourquoi t’as l’air tendue, tout à coup ? Ah au fait, j’ai vu aujourd’hui que Yann était revenu, je ne le savais pas ! Pourquoi tu m’as rien dit ? »
Sarah se rendit compte que celle à qui elle parlait n’avait pas véritablement l’air d’acquérir le désir de coopérer avec ce lancement de conversation. Sa mine ignorante représentait la preuve même de ce fait. Croyant qu’elle était juste un peu trop pensive, la concernée décida tout de même de reprendre là où elle s’était stoppée.
« Bon, faut que je t’annonce quelque chose…Tu sais, euh…Maintenant, je sors avec quelqu’un, et c’est officiel depuis deux jours. Et puis…tu le connais très bien, je te laisse deviner… »,révéla timidement la brune à la queue de cheval à une jeune fille dont le visage semblait soudainement se rider de colère.
« Tu te fiches de moi, Sarah.
- Hein ? Qu’est-ce que tu veux dire ?
- Tu te fiches royalement de moi, là ! Tu me parles de ça alors qu’il y avait des années, c’était également officiel et apparemment, j’étais la seule à pas être au courant et à faire comme si de rien n’était ! Et…c’est maintenant que tu comptes me dire ça ? Aucun secret entre nous ? Mon œil, ouais ! Y avait que moi qui y croyais, à ça ! C’est bon, plus la peine d’être amies si on a une vision aussi différente des choses ! Dégage, va plutôt voir ton amoureux, il t’attend, sans doute !
- J’étais timide, avant ! J’étais pratiquement certaine que…que tu allais te moquer de moi et me taquiner à longueur de temps si je t’avouais ma relation avec…Jonathan ! Et puis, c’était assez compliqué…Bien sûr, j’ai un peu changé depuis, mais il n’empêche qu’à l’époque, je pensais vraiment de cette façon. Que tu me croies ou non, la vérité restera telle quelle.
- M’en fous de ta version ! Je t’ai dit d’aller voir ton chéri, grouille-toi ! Ou je vais vraiment m’énerver ! On était meilleures amies, que tu sois timide ou pas, on s’en moque ! Ce seul fait devrait exclure tout prétexte aussi stupide que celui-ci ! J’suis vraiment déçue, sérieux…Laisse-moi ! »
A cet instant, plutôt critique, le jeune homme qui symbolisait le principal thème de cette ravissante conversation arriva par pure coïncidence, ce qui donna l’étrange impression à Ellen qu’il prévoyait toujours bien ses entrées. Celle-ci n’avait strictement aucune envie de le rencontrer, néanmoins, elle refusait catégoriquement de se lever de sa place et de se retirer, comme si on la forçait subitement à quitter les lieux, et qu’elle obéissait en dévoilant alors sa pathétique soumission. Elle ne souhaitait pas du tout un scénario tel que celui-ci. Elle prit la décision de rester tout simplement là où elle était installée, et n’avait pas l’intention de déguerpir. Elle croisa les bras d’une mine toujours aussi boudeuse, et attendit, impatiemment, que le pire moment de sa journée passe, sans se retourner. Manque de chance, Sarah parut tout à coup immobile, à côté de sa soi-disant camarade, tandis que le blond stoppa sa démarche pour la saluer d’un tendre baiser.
« Salut, ma belle…On a pas eu le temps de se dire bonjour, aujourd’hui…On rattrape le coup ?,débuta avec beauté Jonathan.
- Tiens, salut Jo…Hé, mais où tu me touches, là ? Ce sont mes fesses, ça ! T’es vraiment irrécupérable, toi, hihi !
- J’y peux rien si mes mains bougent toutes seules… Désolé, je vais essayer d’éviter de faire trop ce genre de choses à l’avenir.
- T’as intérêt ! Sinon, je t’en ferai voir de toutes les couleurs !
- Dans quel sens ?
- Oh mais…t’es pas drôle, franchement ! »
L’adolescent, obsédé par l’amour qu’il portait envers la brune à la queue de cheval, n’avait visiblement pas détecté la présence d’Ellen, dont les froncements de sourcils s’avéraient excessivement repérables. Elle n’osait pas vraiment détourner le regard vers eux, cependant cela ne l’empêchait pas de laisser involontairement entrer des sons désagréables au plus profond de ses oreilles, ce qui, en quelque sorte, la nargua, mais surtout, l’irrita.Un peu, cela pouvait encore être acceptable. Néanmoins, trop, cela ne correspondait pas aux règles, selon la jeune fille au regard ambré. Ce regard contenait d’ailleurs de la rancune vis-à-vis de l’attitude, tellement naturelle qu’elle en était horriblement douteuse, du couple. Elle fut en un clin d’œil résignée à faire part au blond qu’elle était en train d’assister à ses petites scènes pitoyablement romantiques, du point de vue de la concernée.
« Ca va ? Je ne vous dérange pas trop ?,demanda ironiquement l’adolescente à la chevelure ténébreuse.
- A vrai dire, oui…Attends une minute. Ellen ?! Ah, euh…c’est marrant, je t’avais pas du tout remarqué…
- Oui, c’est très drôle, d’ailleurs, mon hypothèse à ce sujet est assez simple, tes instincts pervers t’ont guidé tellement loin que le reste, tu l’as totalement ignoré. Je pense ne pas avoir complètement tort, n’est-ce pas, Roméo ? »
Ne désirant pas user davantage de mots afin d’exprimer son dépit, jugeant cela comme une ridicule perte de temps, Ellen décida cette fois de s’en aller, le plus loin possible du duo passionnément complice… Sarah la fixa d’un air plutôt mélancolique, tandis que Jonathan ne regardait que sa petite-amie, comme si à présent, il s’était réellement résolu à ne plus avoir de comptes à régler avec l’intéressée, qui pendant ce temps, était, doucement mais sûrement, en train de s’éloigner d’eux…
[…]
Dans une ruelle isolée, au même moment, une bande de jeunes aux jeans déchirés, aux vestes de cuirs et aux coupes rebelles capitonnés de gel, entretenait une conversation quelque peu suspecte…
« Les gars, faut qu’on agisse. Ce soir, à dix-sept heures pile, rendez-vous devant la barrière du lycée. C’est à partir de là qu’on marquera notre retour… IL va bientôt regretter de nous avoir humilié comme ça… » |