« Tenessy ! Tu sais quoi ? On a retrouvé du sang dans les toilettes du personnel. Adam est persuadé qu’un autre cadavre va bientôt faire surface. » ; « Ou ça t’as dit ? » ; « Dans les toilettes du personnel… » Mon regard se fixa sur Adrian postait derrière son PC portable. « Euh… Non, ça n’a rien à voir avec un des meurtres de la secte. » ; « Qu’est-ce que tu en sais ? » ; « Je le sais c’est tout. » Adrian daigna enfin lever ses yeux vers moi. « Est-ce que ça a un rapport avec le morceau de coton que tu as dans le nez ? » ; « Probable. » Il fronça les sourcils, baissant l’écran de son ordinateur ; « Raconte-moi. » ; Laissant échappé un soupire, je m’asseyais en face de mon meilleur ami. « J’avais une envie pressante d’allée aux toilettes, alors j’ai ouvert la première porte avec un dessin de toilette dessus. J’ai fait ce qui fallait faire et manque de pot, je suis restée coincée. Alors j’ai hurlé, j’ai frappé des points, mais personne n’est venu. Non, je n’avais pas mon portable sur moi… Bref, j’ai attendu deux bonnes heures avant que quelqu’un arrive. On a discuté, et il a eu l’idée de me faire passer par-dessus la cloison des toilettes. Et s’est en retombant dans ses bras que j’ai perdu l’équilibre et que je me suis fracassée le nez contre les toilettes en l’entrainant dans ma chute. Voilà » ; Adrian ne se priva pas d’exploser de rire. Reprenant peu à peu son souffle il croise mon regard. « Mais c’est les toilettes des profs… » ; « Oui, s’était pas volontaire. Je lui ai dit que j’étais femme de ménage pour me justifier… » ; « Alors le mec qui t’a aidé, c’est un prof ? » ; « Ouais, un nouveau… » ; « T’en manque pas une Tess ! » ; Je ne répondis pas me dirigeant vers la machine à café. Chose que je détestais, mais me forçait à boire pour tenir le coup ces derniers temps. « Depuis combien de temps on n’a pas eu de nouvelle de cette putain de Secte ? » me questionna Adrian en s’approchant. « Je dirais trois semaines… » ; Ouais, trois semaines que le cadavre de Marina avait été retrouvé devant le dortoir principal des filles. Trois semaines de calme. Trop calme. La secte aurait-elle abdiqué ? Je n’y croyais pas. Impossible. De toute façon, je n’abandonnerais pas tant que je n’aurais pas trouvé qui est le coupable, quitte à y laisser ma propre vie. Dingue. C’est le mot qui doit sans doute vous venir à l’esprit en pensant à moi. Et pourtant, si vous saviez. Je ne sais strictement rien de la secte, je n’ai aucune piste, et je ne suis pas diplômée en criminologie… Pourtant, j’en ai fait une affaire personnelle depuis que Mickael le grand frère d’Adam fait parti de la triste liste des victimes de la secte. « Adrian, tu crois qu’on va tous y passer ? » ; Il hocha la tête en signe de négation « On les aura trouvé bien avant, t’en fais pas Tess. » Ne pas m’en faire. C’est difficile à dire. Car même le mec le plus détendu de la terre serait en train de s’inquiéter à l’heure qu’il est. « Ou est Adam ? » ; « J’sais pas. » ; Adam, celui grâce à qui nous étions réunis dans cette pièce aujourd’hui. Celui qui avait perdu son frère récemment… Celui qui tenait à se venger, absolument. Celui pour qui on faisait tout cela. « Et ton frère ? » me demanda Adrian. « Probablement en train de corriger des copies ». Mon frère, Esteban Knox, professeur de littérature ici même. Adrian l’avait comme professeur, moi pas, ou bien j’assistais à ces cours des fois, pour le plaisir... « Je crois qu’il a fait des pates à manger pour ce soir, je pensais quitter ma chambre universitaire et passer chez lui. Tu veux venir avec ? » C’était toujours assez amusant d’aller manger chez Esteban. Il y avait sans cesse un double jeu. Quand je ramenais des amis comme Adrian qu’il avait comme élève et qui était aussi ses amis, ou quant il invitait des collègues qui peu à peu devenait aussi mes amis. Il faut dire qu’Adrian faisait parti de la famille, comme Adam. On se connaissait depuis nos 5 ans, jour ou je les avais courageusement séparés lors d’une bagarre. Depuis, on ne se lâchait plus. Du coup, Esteban les avait vus grandir et il était un peu comme leur grand frère à eux aussi. « Ouais, peut-être que si je le fais boire, je pourrais lui tirer les réponses du prochain devoir » ; Sur ses mots, Adrian attrapa son blouson imitation cuir qui lui donnait un air de garçon rebelle et m’empoigna la main, m’incitant à le suivre. « Tu viens d’abord avec moi ? Faut que j’aille me changer. » ; « Génial je vais pouvoir mater Roméo torse nu ! » Ajoutais-je super enthousiaste en fermant la porte du local derrière moi. Roméo ? Le mec ultra canon qui partage la chambre universitaire d’Adrian. Et quand je dis ultra canon, c’est genre le mec qui pourrait s’afficher dans les magazines et défiler sur les podiums ! Tu vois le genre de mec qui a toutes les meufs qu’il veut à ses pieds…
Traversant l’université aux côtés d’Adrian, je regardais les couloirs se vider peu à peu. Les terrains et les allées complètement désertées… S’était comme ça depuis la série de meurtre, les gens faisaient plus attention et rares étaient les personnes à sortir seules la nuit tomber. Adrian joignit sa main à la mienne, m’incitant à me coller à lui. « C’est pas ta main qui va changer quelque chose. » annonçais-je en levant les yeux vers lui. « Je sais, mais au moins j’aurais le sentiment d’avoir fait quelque chose pour te protéger. Je veux pas te perdre Tess tu sais ? Ca me ferait beaucoup trop mal. » Son étreinte autour de ma main se resserra. « J’ai pas l’intention de me laisser faire tu sais ? » il hocha vaguement la tête en signe de négation. «Tu crois que les autres, Logan, Mickael, Holly… avaient l’intention de mourir ? Tu connaissais Mickael. Tu sais comme il était… Un battant, plein d’énergie. Il aurait tenu le même discours que toi… J’imagine qu’une fois que t’es fasse à la Secte, tu n’as pas le choix. » Les souvenirs de Mickael resurgirent. Adrian n’avait pas faux. Mickael et moi étions pareils, le même caractère, le même sens de l’humour… Mickael était un battant et Mickael se cachait derrière un sale caractère pour ne pas laisser paraitre ses sentiments. Mickael avait tout pour vivre, pour survivre, pourtant il comptait désormais parmi les premières victimes de la secte. Pourtant moi j’avais connu un tout autre Mickael… Un Super Mickael ! A la fois l’idéal du grand-frère et l’idéal du meilleur ami… Oh et l’idéal du meilleur amant. Mais ça, il n’y avait que Mickael et moi-même qui le savions. Il avait prit une petite part de moi-même. C’est à lui que j’avais offert ma première fois… Et en mourant, c’est comme si une petite part de moi-même s’était envolé avec lui. Mickael. « Il me manque. » finis-je par dire en un murmure. Adrian leva la tête vers moi. « Je sais. » Il enfonça la clé dans la serrure de sa porte. «J’étais pas le premier, hein ? » demanda-t-il en appuyant sur la poignée. J’hochais la tête en signe de négation, le suivant dans sa chambre universitaire. « Je le savais… » Ajouta-t-il en balançant son blouson sur son lit. « J’ai toujours su qu’il y avait un truc de spécial entre Mickael et toi. Et j’ai compris le jour ou on a couché ensemble. S’était le même truc… Le même truc qu’on voit quand tu es avec Roméo… Par contre qu’on ne voit pas avec Adam. » Estomaquée. Comment Adrian arrivait-il a déterminé en un seul regard avec qui j’avais couché ou non ? S’était donc si visible ? « Roméo s’était une erreur. Je suis passée te voir un soir, tu n’étais pas là… Je me suis laissée tenter par ses abdos et sa bouteille de vodka, c’est tout. » ; Rien ne m’obliger à me justifier de la sorte, pourtant, j’avais le besoin de le faire. J’avais la sensation de tout devoir expliquer et justifier quand il s’agissait d’Adrian. « Dire que ton frère te voit comme une sainte. » ; « Si t’ouvre ta gueule, je te fais voir le mur de près ! De toute façon, si jamais il vient à apprendre qu’on a couché ensemble, tu peux être certain de faire une croix sur ton avenir mec ! Maintenant va prendre ta douche je vais essayer de joindre Adam en attendant. » Un sourire aux lèvres, il approcha son visage du mien et me vola un baisé avant de quitter la pièce pour gagner les douches. Ouais, je sais déjà ce que vous vous dites. L’amitié ambigüe qui va finir en amour… Non, je n’y crois pas. Entre Adrian et moi, ça à juste toujours était très tactile. Je l’aime beaucoup en tant qu’ami, c’est tout.
Me laissant tomber sur le lit de mon meilleur ami, je sortis mon téléphone de la poche de mon jean. Un appel manqué de Jillian. Pas grave, je la rappellerais plus tard. Cherchant dans mes contacts, puis pressant la touche verte, le numéro d’Adam se composa. Quelques sonneries. « Bonjour, vous êtes bien sur la messagerie d’Adam Wellington, je suis pas là pour le moment, mais laissez moi un message ». |