Je ne sais pas encore ce qui fait le plus mal. La douleur physique comme quand on se prend une porte en pleine gueule, ou bien la douleur morale, quand on perd un être qui nous important. Je crois que c’est la douleur morale… Parce qu’elle, même si il diminue avec le temps, contrairement à la plupart des douleurs physiques, elle ne s’efface jamais. Quant on repense au moment précis ou on s’est prit cette porte, on a pas mal. On s’imagine juste la douleur… Quant on repense à la personne qu’on a perdu, on a mal. Vraiment. Et j’ai mal comme ça, en continue depuis maintenant cinq mois. Cinq mois qu’Adam m’a passé ce fichu coup de téléphone. Cinq mois que la douleur ne s’estompe pas.
Assise face à elle. A lui parler, comme si elle allait me répondre. A attendre. C’est ceux à quoi se résument mes journées désormais. Je vais en cours quand j’en ai envie et le plus souvent, je n’en ai pas envie. Je n’ai plus assisté à un seul entrainement ces derniers mois et je peine à manger. Plus rien n’a de sens à vrai dire. La seule chose qui me parait acceptable, c’est de rester là, face à cette pierre grise et d’attendre. « Je veux rien dire, mais ces derniers temps t’as vraiment l’air cadavérique ! » lança une voix dans mon dos. Tournant la tête je vis Adam en train de donner un coup de coude dans les côtes à Roméo accompagné d’Adrian. Roméo esquissa un petit sourire timide « Désolé, c’est probablement pas ce qu’il fallait dire dans le contexte actuel. » ; « Probablement pas, non. » répondis-je en détournant le regard et replongeant mon regard sur la pierre tombale. Adam vint s’accroupir à mes côtés. « Tu sais, c’est pas en fixant son nom que ça la fera revenir. » ; C’était une évidence. J’avais envie de lui hurler dessus pour lui dire que je le savais et que ça ne servait à rien de me le dire. Au lieu de cela, un sanglot s’échappa. Il passa ses bras autour de mes épaules, m’attirant contre lui. Ma tête dans le creux de sa nuque. Ses lèvres déposant des baisés sur mes cheveux. « Elle me manque tellement. » ; « Je sais » Il était sans doute le mieux placé, avec Esteban pour comprendre ce que je ressentais à l’heure actuelle. Après tout, lui aussi avait perdu son frère il y a quelques mois. Mais il avait su se relever. Et même si il avait toujours mal, il était aujourd’hui capable de faire face à tout cela… Moi pas. J’avais la sensation d’avoir perdu toute force, toute envie de vivre. « Relève-toi Tenessy. C’est ce qu’elle aurait voulu. Que tu continue à mener ta vie comme avant. Que tu continue à nous casser les couilles comme tu le fais si bien et que tu fasses une connerie à chaque coin de rue… Relève-toi Tenessy. Soit plus forte. Et montre leur qui tu es… » murmura Adam à mon oreille. Sa main glissa de mon épaule jusqu’à ma main. Il caressa un moment le dos de celle-ci à l’aide de son pouce puis la prit dans les sienne. « Relève-toi Tenessy. » Levant mes yeux larmoyant vers lui, je n’avais qu’une seule envie, le suivre. Me relever et suivre son exemple. Reprendre le dessus et tout mettre en œuvre pour envoyer sous terre ceux qui ont fait ça. Me relevant et lui faisait face, je restais silencieuse. Ses mains s’emparèrent de mon visage, essuyant les larmes à l’aide de ces pouces. Il me regarda un moment puis me prit dans ses bras. « Ils ont peur de nous… terriblement peur. C’est pour ça qu’ils font ça, ils cherchent à nous affaiblir, à se débarrasser de nous, pour mieux agir. Mais on va leur prouver qu’on est plus fort qu’eux…on va leur prouver, d’accord Tenessy ? » ; « D’accord. » finis-je par répondre dans un murmure à peine audible. « J’ai pas très bien entendu… » Scrutant ses yeux à la recherche d’un peu plus de force, j’ouvris à nouveau ma bouche. « D’accord ! » ; Quittant les bras d’Adam je me tournais vers Adrian et Roméo restaient silencieux. « Je sais pas trop si c’est le moment… » commença Roméo sous le regard intrigué des deux autres « …mais fallait quand même que je te dise que t’as oublié ta petit culotte chez moi. » ; Avança droit vers lui, mon poing alla à la rencontre de son épaule. « Ta gueule Roméo ! » ; « T’as couché avec Roméo ? » s’exclama Adam ; « Et avec Adrian. » ; « Ta gueule Roméo ! » ; « Il a bu avant de venir » m’avoua Adrian. « Si on partait ? » proposa Adam. « Je trouve pas ça très saint de parler de cul dans un cimetière… » ; « Saint ou sein ? » demanda Roméo. Le tirant par le bras, Adrian l’incita à quitter l’endroit, Adam sur ses pas. Me retournant une dernière fois vers la pierre grise. Mes yeux parcoururent encore une fois les lettres gravées : Jillian Emily Knox. |