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La fureur du fleuve
Par SarahCollins
Originales  -  Mystère  -  fr
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    Chapitre 7     Les chapitres     2 Reviews     Illustration    
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Les heures noires

Madonna - Like a prayer

7

Les heures noires

 

Le temps emporte tout. Le temps efface tout et tout ce qui reste à la fin ce sont les ténèbres. Jules Supervielle

— C'était un accident, répéta David d'une voix sourde.

— David, que s'est-il passé ? demanda à nouveau Fran Lansky.

Sa voix était plus douce à présent, comme celle d'une mère s'adressant à un enfant.

— Le début de la soirée s'est passé comme on vous l'a dit mais ensuite … tout a dérapé, dit-il d'une voix sourde.

Samedi soir

— Qu'est-ce que c'est ? demanda Michelle à voix basse.

Ses yeux sombres ne quittaient pas ceux, d'un bleu soutenu, de Gregory.

— Du LSD.

Il esquissa un petit sourire puis prit la main de la jeune fille.

— Juste pour changer la routine et nous amuser un peu. C'est une expérience nouvelle et je veux la partager avec toi. Ça va être génial, assura-t-il.

Simple spectateur de la scène, David tenta de se faire oublier. Installé à l'autre bout du canapé, il se pencha vers la table basse et entreprit de rassembler les livres et les feuilles éparpillés. Mais, même sans le vouloir, il ne perdait pas une miette de la conversation.

— C'est dangereux, murmura Michelle sans regarder son petit ami. Je … je ne pense pas que ce soit une bonne idée.

David sentit son hésitation. Intrigué, il regarda son ami se pencher vers Michelle. Greg lui chuchota quelque chose, ses lèvres fines pressées contre le lobe de son oreille. Il ne pouvait saisir ce qui se disait mais quelques instants plus tard, les deux autres se levèrent. Il remarqua qu'ils se tenaient par la main à présent. La jeune fille paraissait nerveuse. Et, était-ce une illusion due à la lumière ou avait-elle rougi ?

Se faisant l'effet d'être un voyeur, il les regarda quitter le vaste salon. Greg se retourna promptement et lui adressa un clin d’œil avant de prendre Michelle par la taille. Ils montèrent l'escalier majestueux. Tous deux déchaussés, ils semblaient s'enfoncer dans l'épais tapis bordeaux. Il ignorait alors qu’il voyait Michelle vivante pour la dernière fois.

Lorsqu'ils eurent disparu à l'étage, David alluma la télévision et s'allongea de tout son long sur le canapé. Il s'efforçait de ne pas tendre l'oreille mais c'était inutile : quoique fassent Michelle et Gregory (et il avait sa petite idée sur la question), il ne pourrait pas les entendre depuis la chambre d'invités. Celle-ci se situait au dernier étage de la demeure des Fitzgerald, à l'abri de toute oreille indiscrète.

Il zappa de chaîne en chaîne, dans l'espoir de tomber sur quelque programme intéressant mais peine perdue. Son cerveau enregistrait difficilement les images qui défilaient sur le large écran plat.

Sans savoir pourquoi, il ressentait une certaine frustration. Imaginer Michelle et Greg ensemble dans la chambre ne l'aidait pas à s'en défaire.

Étouffant un soupir, il se tortilla sur le canapé et continua de changer de chaîne. Match de NBA … Émission de télé-réalité … Bulletins d'informations ...

Peu à peu, son bras s'affaissa puis se mit à pendre par-dessus le canapé alors qu'il plongeait dans le sommeil.

Quelques heures plus tard, il se réveilla presque en sursaut.

La télévision, toujours allumée, projetait un éclairage blafard sur son visage au teint cireux. Dans la semi-pénombre de la pièce, les ombres de l'appareil paraissaient menaçantes, tapies dans l'obscurité mais prêtes à jaillir.

Il était inconfortablement installé sur le canapé, aussi David se redressa-t-il avec lenteur. Les yeux grands ouverts et l'oreille tendue, il était aux aguets. Il se demandait aussi ce qui pouvait bien expliquer la brutalité de son réveil.

Il lui semblait avoir entendu un bruit, une sorte de choc sourd … Peut-être s'agissait-il simplement des Jones, le vieux couple qui entretenait depuis des années déjà la maison des Fitzgerald.

Il se leva, traversa d'un pas qui se voulait décidé l'opulent salon et écarta les lourds rideaux. Rien, il n'y avait rien, pas un seul mouvement de l'autre côté de la pelouse impeccablement tondue. La petite maison occupée par Gary et Susan Jones était plongée dans l'obscurité.

Dav, mon vieux, tu te fais des films. A part toi, il n'y a pas un chat dehors, se dit-il. Tout le monde dort.

Il s'éloigna et éteignit la télévision. Il devait être minuit passé et il était temps pour lui de regagner ses quartiers. Il n'avait jamais été du style fêtard et aimait se coucher de bonne heure. Il laissait les longues nuits de beuverie et de sexe à Greg …

Il remontait lentement l'escalier quand il se souvint de la présence de son meilleur ami. Et de Michelle. Il fronça les sourcils et se demanda si la jeune fille se trouvait toujours chez lui. Mal à l'aise, il songea que le bruit entendu quelques minutes plus tôt provenait peut-être de leurs ébats. C'était fort peu probable, les chambres à coucher se trouvant toutes au troisième et quatrième étage, mais possible.

Arrivé au deuxième, il entendit un nouveau bruit.

Il se figea, le cœur battant à tout rompre et prêt à prendre ses jambes à son coup avant de réaliser qu'il s'agissait simplement … de l'eau. Le son provenait de la salle de bain, au fond du couloir. Greg – ou Michelle – devait prendre une douche bien méritée après les efforts consentis ces dernières heures. Tant sur le plan intellectuel que physique, d'ailleurs, ajouta David en son for intérieur.

Pourtant, finit-il par remarquer, quelque chose ne collait pas. Pourquoi, si Greg ou Michelle se douchait, la porte de la salle de bain était-elle grande ouverte ?

Décidé à en avoir le cœur net, il s'approcha et entra dans la pièce. Il eut un haut-le-cœur.

Étrangement, sa première pensée fut pour sa mère. L'eau débordait de la baignoire et s'écoulait inexorablement vers le sol, menaçant les précieux tapis d'Eleanor Fitzgerald. Dans un état second, il tourna le robinet et alors seulement, contempla le corps nu.

La tête sous l'eau, son épaisse chevelure sombre dissimulant son visage, Michelle Duncan gisait dans la baignoire. Et David n'eut pas besoin de s'approcher davantage pour savoir qu'elle était morte.

OOoOo

Gregory parut réaliser que quelque chose avait changé dès que l'inspecteur Becker revint dans la petite salle d'interrogatoire. De nouveau posté derrière la vitre sans tain, Matt ne manqua pas de voir les sourcils du jeune home se froncer brièvement avant que son visage ne recouvre son impassibilité coutumière.

Ron Becker ne le fit pas patienter plus longtemps que nécessaire. Il s'installa en face de l'étudiant et annonça de but en blanc :

— Votre petit copain David a fini par se mettre à table.

Gregory conserva un silence prudent mais la fixité et l'intensité de son regard indiquait qu'il ne perdait pas un mot de ce que le policier lui disait. Matt pouvait voir les rouages de son cerveau se mettre en marche.

— Autant vous dire que dans sa version de l'histoire, vous n'apparaissez pas sous votre meilleur jour, poursuivit Becker d'un ton nonchalant.

Comme Gregory ne répondait pas, il entreprit alors de lui rapporter dans les moindres détails ce que David venait de révéler à l'inspecteur Lansky et que la jeune policière leur avait ensuite raconté.

— Alors, conclut gravement Becker, c'est le moment ou jamais de nous donner votre propre version des faits.

Le teint livide, le jeune homme fit alors quelque chose que ni le policier ni le substitut du procureur n'avait prévu. Les traits de son visage affable se brouillèrent et il enfuit son visage dans ses mains, comme s'il … pleurait ?

Visiblement surpris, Becker le contemplait sans bouger. Oubliant que le policier ne pouvait pas le voir, Matt haussa les épaules, l'air de dire « voyons où tout ça va nous mener ».

Quand Gregory se redressa, ses cheveux, qui d'ordinaire lui donnaient l'air de sortir d'un magazine de mode, se dressaient en épis indomptables autour de sa tête. Par ailleurs, il avait l'impression que ses yeux étaient un peu plus rouges que tout à l'heure. Avait-il réellement pleuré ?

Pourtant, quand il reprit la parole, ce fut d'une voix claire et profonde.

OOoOo

Après un dernier clin d’œil pour David qui le regardait gravir l'escalier avec Michelle, Gregory se retourna et prit la main de la jeune fille.

Il s'attendait à ce qu'elle change d'avis – il s'y était même préparé, pour être honnête. C'était une jeune fille sérieuse et réservée, encore « innocente » à bien des égards mais il avait dû se montrer suffisamment persuasif car quelques instants plus tard, elle se tenait à ses côtés, debout au pied du lit et dénudée. Leurs vêtements, retirés à la hâte, reposaient au sol.

Leurs verres étaient déjà prêts, posés sur la table de chevet. Il lui en tendit un, un sourire sur les lèvres.

— C'est juste un soda, lui dit-il pour la rassurer, en voyant qu'elle ne buvait pas.

— Et tu as mis le LSD dedans ?

Il hocha la tête, sans la quitter des yeux et but son verre le premier. Elle l'imita, lentement.

Bientôt, il se sentit tout drôle, comme si une tempête se déchaînait en lui. Ses mains étaient moites et il sentait des gouttes de sueur couler sur sa nuque. D'un pas léger et presque dansant, il s'éloigna d'elle et se rapprocha de la fenêtre. Il avait l'impression que ses pieds nus s'enfonçaient dans le tapis bordeaux. Il tira tous les rideaux de la chambre.

Tout son corps était tendu, tous ses muscles crispés, et il éprouvait une bizarre appréhension qui l'étranglait, le suffoquait. Quand il rouvrit les yeux, il s'aperçut qu'il s'agissait simplement de Michelle. Venue le rejoindre près de la fenêtre, elle agrippait son épaule.

— Ne t'inquiète pas, murmura-t-il. Tout va bien se passer.

Main dans la main, ils regagnèrent le lit et s'allongèrent dessus. Il caressa son visage et son cou, tendrement, sans cesser de lui murmurer des mots doux.

Il chuchotait mais il paraissait se répéter à l'infini, comme dans une chambre d'écho. Soudain, Michelle se mit rire comme une folle et il finit par éclater de rire aussi. Bon sang ! C'était la chose la plus drôle, la plus absurde qu'il n'ait jamais fait. C'était mieux que ce qu'il avait imaginé, que tout ce qu'ils avaient expérimenté, pour lui comme pour Michelle.

Étendu sur le dos à l'instar de la jeune fille, Gregory remarqua des motifs qui changeaient lentement au plafond.

Il l'attira contre lui et lui fit poser la tête sur ses genoux pendant qu'il regardait les couleurs se mélanger et tournoyer au-dessus de lui, de larges tâches rouges, bleues et blanches. Il repensa au feu d'artifice pour la fête nationale l'été dernier.

De manière surprenante, ce fut elle qui fit le premier pas. Elle se redressa et l'embrassa. Et ils n'étaient plus Greg et Michelle, ils étaient une essence à part, un merveilleux mélange de bras et de jambes, de chair et de sang. Ils ne faisaient plus qu'un. En la regardant onduler contre lui, il comprit que pour la première fois, elle n'avait plus de complexes. Elle se sentait belle. Grâce à lui.

Ses sens étaient devenus si aigus qu'il lui semblait entendre David aller et venir en bas, et qu'il sentait l'odeur du gâteau au chocolat qu'ils avaient partagé plus tôt dans la soirée.

Après une éternité – mais peut-être ne s'était-il écoulé que quelques minutes – ils retombèrent sur terre et s'endormirent paisiblement.

Lorsqu'il se réveilla plus tard dans la nuit, il voulut la prendre dans ses bras et se rendormir avec elle mais elle se dégagea doucement. Elle secoua la tête.

— Qu'est-ce qu'il y a ? lui demanda-t-il.

— Je dois partir, murmura-t-elle d'une voix un peu pâteuse, comme si elle avait du mal à parler distinctement. J'ai dit à mes parents que je révisais chez Mary et que je rentrais vers vingt-trois heures trente. Je vais prendre une douche, OK ?

Il hocha la tête et ses vêtements roulés en boule entre ses bras, elle quitta la chambre. Il entendit dans une sorte de brouillard l'eau couler à quelques mètres de lui et replongea dans le sommeil pendant que la jeune fille s'agitait dans la salle d'eau.

Plus tard, il se leva avec une irrépressible envie d'uriner. Il enfila un caleçon et sortit de la chambre. Passant devant la salle de bain, il jeta un coup d’œil à l'intérieur et se figea.

David était là, penché vers le robinet. Penché par-dessus le corps de Michelle.

Gregory se précipita et écarta d'un coup d'épaule son ami. Il sortit la jeune fille de la baignoire et étala son corps sur le sol. Il chercha son pouls. Rien.

— Mon Dieu … Elle est morte, annonça-t-il d'une voix blanche.

— Je l'ai trouvée comme ça ! s'écria David. Merde, c'est pas vrai. Qu'est-ce qui s'est passé ?

Le souffle court, Greg se prit la tête à deux mains. Il n'arrivait plus à réfléchir, à penser normalement. Ses entrailles se tordaient. Il s'imaginait déjà, menotté, assis à l’arrière d'un véhicule de police, le procès, la honte jetée durablement sur leurs deux familles. La prison. Parce qu'ils iraient en prison, c'était certain.

— Non, souffla-t-il.

Désormais agenouillé à côté de lui, le corps de Michelle étendue devant eux, David sanglotait en se balançant d'avant en arrière.

— David, appela-t-il en le secouant. David, il faut qu'on se débarrasse du corps.

— Non, non ! On doit appeler la police ou les secours. Eux, ... eux, ils vont pouvoir la réanimer.

Gregory attrapa son ami par le bras et le secoua avec l'énergie du désespoir.

— David, elle est morte, il n'y a plus rien qu'on puisse faire. Je ne sais pas ce qui s'est passé, elle a dû perdre connaissance ou faire un mauvais trip et se noyer mais en tout cas, elle est morte. Et nous, on est dans la merde ! s'écria-t-il. Personne ne nous croira quand on dira que c'est un accident. Les flics penseront qu'on l'a tuée. Alors il faut qu'on agisse.

— Qu'est-ce que tu veux faire ?

— Il ne faut surtout pas qu'on découvre son corps ici. Elle était censée être chez son amie Mary alors … On doit se débarrasser du corps et faire croire à un accident. Allez, aide-moi. J'ai une idée qui pourrait marcher.

Gregory se leva et soulagé d'avoir l'ébauche d'un plan, récupéra les vêtements de Michelle, négligemment jetés sol. Sous l'œil incrédule de son ami et avec mille et une précautions, il rhabilla la jeune fille de pied en cape avant de l'enrouler dans le tapis de la salle de bain.

— Attends, c'est le tapis de ma mère. Qu'est-ce que je vais lui dire à son retour ?

Il fusilla David du retard. Ils étaient menacés d'une arrestation et peut-être d'un emprisonnent à vie, et la seule chose qui le préoccupait, c'étaient les tapis de sa mère ?

— On le remettra en place. Et puis de toute façon, on s’en tape mec ! Allez aide-moi.

Faire descendre le corps sans vie de Michelle jusqu'au rez-de-chaussée fut la partie la plus délicate. David suggéra de le faire rouler dans les escaliers mais Greg s'y opposa formellement. C'était bien trop risqué : en opérant ainsi, ils risquaient de laisser des marques et des bleus sur le corps de la jeune fille. Or, c'était justement ce qu'il fallait éviter à tout prix car selon son plan, la police devait conclure à une noyade accidentelle, due à l'alcool et au manque de visibilité sur le pont, une fois la nuit tombée.

Les deux étudiants portèrent donc le poids mort que constituait le corps de la jeune lycéenne dans les escaliers. Lorsqu'ils arrivèrent en bas, ils étaient en nage et essoufflés mais Gregory ne leur laissa pas le temps de se reposer. Il remonta dans la chambre d'amis et s'habilla à la hâte.

Le reste de leur « plan » se déroula sans accroc. Avec une facilité déconcertante, ils conduisirent jusqu'au pont et se garèrent. Greg lança un regard aux alentours mais il n'y avait personne.

— Parfait, murmura-t-il.

Ils sortirent le corps de Michelle toujours enroulée dans l'immense tapis du véhicule et le balancèrent dans le fleuve. Debout côte à côte, ils le regardèrent tomber avec un bruit sourd puis lentement disparaître sous les eaux noires de l'Hudson.

Gregory jeta un coup d’œil à David tout en enroulant le tapis de la salle des bains des Fitzgerald. Il tremblait de tous ses membres. Il le prit par l'épaule puis ils remontèrent dans le SUV noir du jeune homme.

OooOo

— Alors, qu'en pensez-vous ? lui demanda Fran Lansky.

La jeune policière et Matt tenaient un petit conciliabule devant le commissariat. Ils voulaient faire le point sur les événements du début de soirée. Il venait de lui résumer la fin de l'interrogatoire de Gregory, et les « aveux » de ce dernier.

— Je ne crois pas un mot de ce que disent ces deux-là, déclara aussitôt Matt. Surtout Gregory Dawson.

— Oui, je savais bien que vous diriez quelque chose dans ce genre, sourit Fran qui fouillait la poche de son pantalon.

— Ne me dites pas que vous avez avalé cette histoire délirante.

— Admettez que ça pourrait s'être passé ainsi.

— Vous n'êtes pas sérieuse ? Il y a tellement de points douteux dans leur version des faits que je ne sais pas par où commencer. Alors, prenons le plus évident et imaginons que tout se soit passé comme ils l'ont dit jusqu'à ce qu'ils trouvent Michelle dans la baignoire. Vous trouvez normale leur réaction ? demanda Matt, les sourcils levés. Une jeune fille, à laquelle ils tenaient un peu et connaissaient depuis plusieurs mois, se noie et leur première idée n'est pas d'appeler la police ou les secours. Non, ils décident d'enrouler son corps dans un tapis et de le balancer comme un vulgaire déchet dans le fleuve. Ça n'a aucun sens !

— Ils ont paniqué tout simplement. L'espace d'une seconde, ils ont dû voir défiler toute leur vie devant leurs yeux et se dire qu'ils allaient passer les trente prochaines années au minimum derrière les barreaux.

Interloqué, il la regarda sortir un paquet de cigarette des poches de son pantalon.

— La panique, c’est bien beau mais ça n'explique pas tout, contra Matt. D'un côté, ils sont trop effrayés pour appeler la police et lui faire confiance mais de l'autre, Gregory a encore les idées suffisamment claires pour mettre toute cette histoire sur pied, rhabiller Michelle, l'enrouler dans le tapis, conduire jusqu'au pont et la jeter dans le fleuve. Tout ça presque sans se faire repérer. Et ça ne s'arrête pas là. Ils rentrent à la fac le lendemain et nous reçoivent, Ronnie Becker et moi, comme si de rien n'était. Ce n'est pas le comportement d'un jeune étudiant qui fait une grosse bêtise avec des conséquences tragiques et a un accès de panique. Non, ça, ça sent la préméditation à plein nez.

Fran alluma une cigarette et exhala une longue bouffée avant de répondre.

— Et d'un autre côté, ils ont fait une énorme erreur en nous disant qu'ils étaient allés au bar Stripp ce soir-là. S'ils avaient tout prémédité, ils se seraient arrangés pour y aller réellement et y être vus. Peut-être même auraient-ils commandé une boisson pour donner le change et se fabriquer un faux alibi en béton armé.

— Vous oubliez que cette histoire de sortie au Stripp découle du témoignage de Mme Jones, lui rappela Matt. C'est parce qu'elle les a vus revenir en voiture le soir de la mort de Michelle qu'ils ont dû nous raconter ça. Et arrogant comme il est, Greg a dû se dire qu'on ne penserait même pas à interroger les serveurs du bar ou à regarder les vidéos de surveillance.

Il s'interrompit avant de reprendre, d'une voix pleine d'une colère à peine contenue.

— Je vous parie ce que vous voulez que Gregory Dawson a drogué Michelle et qu'il l'a violée. Je ne crois pas une seule seconde qu'elle ait volontairement pris du LSD. Elle avait peut-être bu mais elle n'aurait pas touché de drogue.

— Et pourquoi David le couvrirait-il ?

— Parce que c'est son meilleur ami, plus que ça, je dirais même que c’est son son maître à penser. Vous savez, ils me rappellent ces duos de tueurs en série, avec un dominant et un dominé, fit-il songeur. David n'a sans doute pas touché un seul cheveu de Michelle, tout comme il n'avait rien à voir avec le viol de Carmen Ross, mais il ferait n'importe quoi pour plaire à Greg.

— Y compris mentir à la police et risquer la prison ?

— Oui. De toute façon, étant donné que Michelle état son élève et qu'elle était morte dans sa maison, il était déjà mouillé jusqu’au cou, quoi qu'il fasse. Greg a dû jouer sur ça … et je suis sûr que Becker sera d'accord avec moi, ajouta-t-il, d'un ton sans appel.

Fran fit la moue et s'apprêtait à répondre quand l'inspecteur Becker les interpella. Ils se retournèrent d'un même mouvement. Il paraissait tendu. Matt sentit son estomac se nouer à la vue des traits crispés du policier. Que s'était-il encore passé ?

— Je viens de recevoir un coup de fil des parents de Carmen Ross, annonça-t-il d'une voix sourde. Apparemment, elle n'a pas supporté d'évoquer les souvenirs de son agression avec moi. Elle a tenté de se suicider et … elle est dans le coma.

 

 
 
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