Chapitre 9
Allen se dirigea vers la chambre du kendo ka et frappa à la porte à l'aide de violents coups. Au bout de quelques secondes, elle s'ouvrit d'un coup et Allen, qui avait déjà élancé son poing, cogna le brun au niveau de la mâchoire.
_ « Oups. »
_ « Moyashi ? Tu préfères mourir maintenant ou être torturé et en ressortir avec de graves séquelles ? »
_ « Heu… je venais juste… heu… pour… »
_ « Pourquoi ? »
_ « Heu… non rien je… »
Allen afficha un petit sourire nerveux et fit demi-tour, ayant perdu toute détermination face à Kanda.
_ « Non. »
Le brun avait parlé de façon autoritaire et avait dans le même temps attrapé le bras du blandinet pour le tirer vers lui.
_ « Maintenant que tu es là et que tu as commencé, finis. »
_ « Heu… mais je… »
Le kendo ka lui lança un de ses fameux regards noirs, et le maudit parût blême un instant avant de reprendre un peu de consistance. Il se racla la gorge et reprit plus sereinement :
_ « A vrai dire, il y a quelque chose qui me turlupine depuis quelques temps. »
_ « Je t'écoute. »
_ « Ce n'est pas ton genre de vouloir entendre quelque chose venant de moi. Bref, je vais te poser une question. Et j'aimerais que tu y répondes. Pourquoi passes-tu ton temps à m'éviter ? Je n'ai pas eu l'air de te dégouter tant que ça à la fête de bienvenue de ma sœur. »
_ « Ecoute, ça, c'était à la fête de Gabrielle, et ça y restera. Tu es toujours le petit moyashi niais et impulsif que nous connaissons et je reste le Kanda froid et asocial dont tout le monde a l'habitude. C'est très bien comme ça, et ça le restera, quoi que l'on puisse désirer ou ressentir. »
_ « P'tit con. »
_ « T'es plus petit que moi. »
_ « Ranafout' »
Il fit une moue boudeuse qui arracha un demi-sourire au brun. Ce dernier ébouriffa les cheveux neiges du jeune Walker et s'approcha de lui pour enfin déposer un léger baiser sur ses lèvres.
_ « Aller, file. »
Il referma sa porte sur un Allen perplexe. Ce dernier se retourna, dos à la porte, et se repassa la scène. « Quoi que l'on puisse désirer ou ressentir… » L'aimait-il au final ? Oui… comme Gabrielle, il n'emploi jamais ses mots par hasard. Il voyait les images défiler de plus en plus vite, il sentit les murs se resserrer et la douleur monter. Il glissa contre la porte jusqu'au sol, ferma les yeux, puis laissa libre cours à ses larmes. Il tentait difficilement d'étouffer ses sanglots pour que Kanda ne les entende pas. Il resta ainsi près d'une minute, trop longue minute à son gout, et réussit enfin à se relever. Il baissa la tête en direction de sa main gauche qu'il levait légèrement, et retira son gant. « Qu'est-ce qui m'a pris… ? », Au final il était bien égoïste d'agir ainsi, et d'avoir espéré quelque chose du kendo ka alors que lui allait bientôt quitter tout le monde. Gabrielle avait eu raison de conseiller à Allen d'arrêter là. Mais s'y résoudre était une autre affaire qu'en parler. Il aimait le brun… et ces mots n'étaient pas vides de sens à ses yeux.
« Clic »
Le maudit sursauta. Il se retourna vers la porte de Yû, qui venait de s'ouvrir doucement, tout en cachant sa main derrière son dos. Il baissa la tête pour que ses cheveux retombent sur son visage humide de larmes, et attendit.
_ « Ne te cache pas de ta main. Elle fait parti de toi, et c'est un cadeau du ciel que tu as là. »
_ « Un cadeau du ciel d'être condamné à mourir sous peu ? »
_ « Ce n'est pas ta main qui te condamne, c'est le 14ème, ne confond pas tout. Ta main, elle, servira à anéantir le Conte. Et sans cette innocence, il me semble que tu es plutôt mal en point non ? »
Allen sortit sa main de derrière son dos et l'avisa à nouveau. Il est vrai que lorsque son innocence l'avait quitté, il s'était senti dépérir, et n'avait plus aucune raison de vivre. Ce bras n'était pas une partie de lui, il était une partie de ce bras qui prônait en maître dans son existence. Un sourire mélancolique se dessina sur son visage en pensant à cette chance qu'il avait eu d'avoir pu la récupérer. Seule leur innocence à sa sœur et lui avaient été capables d'un tel miracle.
_ « Je t'ai entendu pleurer de ma chambre… j'en suis désolé. J'ai… Je n'ai pas encore vraiment réfléchi mais… »
_ « Qu'est-ce que tu cherches ? »
_ « … »
_ « … »
_ « Je ne sais pas. Je crois que… j'abandonne…»
_ « Quoi ? »
_ « Au point où j'en suis… »
_ « Hein ? »
Allen ne comprenait pas vraiment où le Kendo ka voulait en venir, partagé entre espoir et colère. Il laissa s'échapper une nouvelle perle salée qui coulait lentement sur sa joue, comme si elle n'allait jamais atteindre le sol. Kanda s'approcha de lui et déposa un baiser sur le front du maudit. Il lui sécha cette dernière larme et lui offrit un sourire éclatant. Le blandinet aimait ces sourires qu'il n'avait eu l'occasion de voir qu'une ou deux fois auparavant. Ils lui donnaient un air angélique. Le jeune Walker se jeta alors littéralement dans les bras du brun.
_ « Pourquoi est-ce que tu passes ton temps à me faire mariner ? Je ne sais jamais à quoi m'attendre, ni ce que tu penses. »
_ « J'aimerais le savoir moi-même. »
_ « Est-ce que je peux te faire confiance ? »
_ « Je ne sais pas… »
_ « … »
Allen sourit tout de même, se détacha de l'étreinte du kendo ka et soupira longuement pour se calmer.
Yû attrapa alors sa main gauche et l'entraîna dans sa chambre.
_ « Tu as encore de l'énergie j'espère. »
OoOoOoOoOoOoO
Au petit matin, Gabrielle se réveilla doucement. Lenalee avait les yeux ouverts et la regardait en souriant. Elle lui adressa la parole.
_ « Bien dormi ? »
_ « Oui et toi ? »
_ « Oui. »
_ « Allen… »
_ « Quoi ? »
_ « J'ai l'impression qu'il s'est passé quelque chose pour lui. J'ai ressenti un truc bizarre cette nuit, enfin hier soir. »
_ « Tu crois que… »
_ « Je ne sais pas. Peut-être qu'il a finalement réussi à faire craquer Kanda. Heum… enlève moi un doute, nous sommes bien le trente mars aujourd'hui ? »
_ « Oui. »
_ « Demain je m'absenterai un moment. »
_ « Pourquoi ? »
_ « Parce qu'on sera le 31 mars. »
_ « Et ? »
_ « Je te l'expliquerai plus tard. »
_ « Heu… d'accord. »
A midi, les filles qui avaient passé la matinée ensemble étaient au réfectoire. Lorsqu'Allen les rejoignit, Gabrielle lui ébouriffa les cheveux et le questionna.
_ « Alors ? Il s'est passé quelque chose en particulier hier soir ? »
_ « Heu… et bien… »
_ « Alleeeeeer, dit nouuuus ! »
A ce moment là, le kendo ka arriva derrière le blandinet et posa ses mains sur ses épaules. Il se baissa afin de lui déposer un baiser sur le sommet du crâne et regarda les deux filles qui avaient les yeux écarquillés. Tous les employés de la congrégation eurent la même réaction. L'intéressé partit chercher un repas et revint s'asseoir à côté d'Allen. Ils mangèrent tranquillement et Kanda participa pour la première fois activement à la conversation.
En début d'après midi, ils furent convoqués chez Komui.
_ « Je passerai une annonce et je ferai envoyer une lettre à chaque personne concernée, mais je voulais vous prévenir étant donné que j'en sais un peu plus maintenant. L'attaque aura lieu dans trois jours. Ils n'ont pas perdu de temps. »
_ « Merci beaucoup de nous avoir prévenu Komui. »
_ « C'est normal. »
_ « Dit moi, j'avais une question, où plutôt un problème à t'exposer. Heu non en fait deux. Enfin bref. »
_ « Je t'écoute Gabrielle. »
_ « Allen, Komui, que savez vous sur l'épée que peut fournir nos bras ? Jusqu'à maintenant je l'avais toujours prise pour une simple épée et pourtant dans la forêt de Sainte Colombe je l'ai vu traverser la cheville de Kanda en passant au travers, sans que ça ne lui fasse rien. J'ai d'abord cru à une hallucination donc j'ai oublié cette histoire un moment mais mon cerveau me dit que je ne suis probablement pas vraiment renseignée sur le sujet. »
Allen prit la parole.
_ « C'est une épée exorcisante, elle ne touche que la matière noire. Les akumas et les Noah. Enfin, les Noah qui possèdent les corps de tous ceux que nous connaissons, Road, Tyki, Etc. Le compte, lui, est un Noah pur et n'a pas été réincarné comme les autres, donc ça le tuerait. Enfin, s'il succombait aux coups bien sûr. Mais tu sais, je crois qu'elle n'est pas suffisamment développée. Une fois j'ai touché Tyki avec. Et au lieu de mourir, le Noah en lui s'est complètement réveillé un moment. »
_ « Mais aujourd'hui notre taux de synchronisation est bien supérieur, et puis, une fois le cœur uni, il doit être plus puissant je suppose. »
_ « Où est-ce que tu veux en venir ? »
_ « Vous croyez qu'il y aurait un moyen de tuer le 14ème lorsque celui-ci reviendra ? »
_ « … »
_ « Et si jamais on y parvient, y a-t-il une chance pour qu'on y survive ? »
Komui sembla réfléchir un moment.
_ « Je pense que vous avez une chance sur dix d'y survivre si vous tentez ça. Tu as eu raison de soulever ce problème. »
Les quatre exorcistes se levèrent et se dirigèrent vers la sortie. Kanda partit le premier, suivi d'Allen et de Lenalee. Mais lorsque Gabrielle arriva près de la porte, elle resta à l'intérieur et la ferma.
_ « Gabrielle ? »
_ « Komui, je t'avais parlé de deux problèmes, hors je ne t'en ai exposé qu'un, en plus d'une simple question. »
_ « Je t'écoute. »
_ « Est-ce que… est-ce que si je survis au combat il y aurait moyen que tu accueilles une personne ici à la congrégation ? Une personne qui ne soit pas exorciste ou employée quelconque ? »
_ « Heu… je ne sais pas heu… je… tu me demandes ça, moi je suis d'accord, mais l'ennui c'est que la congrégation ne dépend pas seulement de moi et que les supérieurs refusent ceux qui sont extérieurs à l'ordre en théorie. De qui s'agit-il ? »
_ « Je ne peux pas te le dire pour l'instant, je voudrais juste savoir si j'ai une chance de faire entrer quelqu'un ici. »
_ « Cela dépend de tout, on ne peut pas accueillir n'importe qui. Mais… si jamais c'est réellement nécessaire, on ne manque pas de chambre ni de nourriture donc je pourrais essayer d'arranger ça. Avec des risques bien sûr. »
_ « Merci. »
_ « Tu as réveillé ma curiosité, je veux savoir maintenant. »
_ « Tu le sauras bien assez vite. »
Elle quitta le bureau et partit directement à la recherche d'un certain roux.
Elle le vit près des labos au bout d'un quart d'heure de marche et s'avança derrière lui.
_ « Lavi. »
_ « … »
L'intéressé ne pu rien répondre en reconnaissant la voix de Gabrielle.
_ « Tu m'as donné les adresses, je suppose que tu savais ce que j'en ferais, et que je viendrais te voir n'est-ce pas ? »
_ « Oui. »
_ « Je pars demain. Viens avec moi, et nous serons quittes. »
_ « … »
_ « Tu acceptes ou tu n'acceptes pas. Au choix. »
_ « Je ne comprends pas exactement le but de ta manœuvre, mais je marche. »
_ « Bien. Demain, 08h00 à la sortie de la congrégation. Prévois quelques vêtements de rechange, on peut en avoir pour deux jours.»
La brune fila ensuite dans sa chambre et prépara une sacoche avec de l'argent qu'elle avait en réserve dans sa valise et des vêtements. Elle prit le petit papier, le déplia, et mémorisa les noms et les adresses, bien que le roux avait dû le faire, avant de le remettre dans la corbeille afin de ne pas éveiller les soupçons de Lenalee sur la nature de son excursion si celle ci décidait de vérifier.
Allen et Kanda étaient assis sur un banc de la pièce centrale. Le maudit était appuyé contre le brun.
_ « Trois jours. »
_ « Raison de plus pour en profiter. Puis j'ai une petite chance de survivre apparemment. »
_ « On va dire que tu as raison. »
_ « Tu as toujours été très rassurant. »
_ « Je sais. »
Il l'embrassa doucement et le serra contre lui.
_ « Je ne m'attendais pas à ce que tu acceptes de t'afficher avec moi, comme quoi les miracles existent. »
_ « Bah… je me suis dit qu'il fallait bien que je remonte un peu ta réputation parce que là… AILLE ! Non, pas la tête ! Aille ! Désolé ! »
OoOoOoOoOoO
_ « Road ? Est-ce que ça va ? »
_ « Oui. J'attends. Je me demande quand est-ce que les choses vont évoluer. On s'ennuie un peu tu ne trouves pas ? »
_ « Qu'est-ce qui te fait penser que les choses vont bouger ? »
_ « Rien… »
La petite brunette au pouvoir de matérialisation s'affala sur son petit bureau. « Parce qu'en faisant apparaître la viole du 14ème et ses accessoires je leur ai donné la clé… »
_ « Road. Je ne veux pas t'accuser ou quoi mais j'ai l'impression que tu manigances quelque chose dans ton coin. »
_ « T'occupe Tyki ! Laisse-moi… s'il te plaît… »
OoOoOoOoOoO
Le matin suivant, à 07h35, Gabbô mordilla l'oreille de sa propriétaire afin de la réveiller comme elle l'avait souhaité, à cette heure ci. La jeune fille lui sourit et sortit discrètement du lit. Elle se dirigea vers la salle de bain pour se préparer sans réveiller sa belle. Elle avait passé toute la fin d'après midi dans les labos. Elle sortit de la salle de bain, prit sa sacoche et ses chaussures, et rejoignit Lavi à la sortie de la congrégation.
_ « Salut. »
_ « Salut. »
_ « Direction la gare. »
_ « Gabrielle, il y a une sorte de chaîne de collier qui menace de tomber de ta sacoche. »
_ « Ho, merci. »
_ « Qu'est-ce que c'est ? »
_ « Tiens, regarde. »
Elle lui tendit le collier. La chaîne était argentée et le pendentif vert émeraude. Il représentait une rose des vents avec ses quatre branches.
_ « C'est moi qui l'ai fait. J'avais gagné une émeraude il y a longtemps en jouant au poker, et hier après midi j'ai utilisé les machines de Komui pour l'usiner. La chaîne en argent, c'est Nara qui me l'avait offert. »
_ « Sympa. En fait c'est la marque au dos de ta main, mais en miniature. »
_ « C'est l'idée oui. »
_ « Et dans quel but as-tu confectionné ce collier ? »
_ « C'est un cadeau. »
_ « Pour qui ? »
_ « Tu verras. Viens, ce train là nous amène en ville. »
Après deux heures de train, ils arrivèrent dans une grande rue commerciale. Gabrielle se dirigea vers un petit magasin de jouets et en fit rapidement le tour avant de s'arrêter devant une poupée qui avait attiré son attention. Elle était simple, en tissu et représentait une femme au visage fin, aux longs cheveux noirs et lisses. Elle était habillée d'une couverture enroulée autour d'elle comme si elle avait froid. Elle était cousue d'une façon très artistique. L'air peint sur la poupée était nostalgique. Son allure était droite et charismatique. On aurait dit une poupée à l'effigie de Nara.
Elle l'acheta et demanda qu'on l'emballe dans un paquet cadeau. Lavi se posait mille questions. Ils sortirent du commerce et se dirigèrent vers un nouveau. Gabrielle n'y prit qu'un simple couteau. La destination suivante était une pâtisserie renommée où la brune acheta un gâteau à la vanille. Elle le fit emballer dans une boîte cartonnée et arrêta une calèche qui faisait office de navette. Elle donna quelques billets au cocher qui les conduisit devant un grand bâtiment gris aux allures de prison. Lavi crut d'abord à un centre pénitencier avant de lire la pancarte indiquant « Shadow's children »… Les enfants de l'ombre.
_ « Un orphelinat ? »
_ « Oui. »
Ils entrèrent et Gabrielle se présenta à l'accueil.
_ « Bonjour, je suis Gabrielle Walker, je viens voir… »
_ « Comme d'habitude. Allez-y elle est dans le parc. Profitez-en bien. »
Les deux exorcistes sortirent dans le parc en question où beaucoup d'enfants jouaient ensemble et couraient dans tous les sens. Une petite fille se détachait du lot et restait assise contre le grillage, le visage rivé vers l'extérieur. Elle semblait nerveuse, comme si elle attendait quelque chose. Gabrielle demanda à Lavi de rester là, à quelques mètres, et elle s'approcha discrètement de la petite brune.
_ « Joyeux anniversaire Laureline. »
L'intéressée tourna la tête en direction de l'exorciste et échappa un sanglot en lui sautant dans les bras.
_ « Maman ! »
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