Chapitre 13
Gabrielle retira son épée exorcisante du cœur de Tyki Mikk. Le sang du Noah jaillissait à flot tendis que son corps s’écroulait lamentablement au sol. La brune marqua une pause, puis fit basculer son regard à droite et à gauche. Elle vit son frère lutter de toutes ses forces contre Lulubell, des exorcistes et des corbeaux se battre contre une nuée d’Akumas tous plus déchaînés les uns que les autres. Des corps étaient piétinés comme s’ils faisaient parti intégrante du sol de la bataille, d’autres étaient mutilés, déchirés, dépecés. Certains étaient toujours animés d’un léger souffle de vie et peinaient à se retirer, ils criaient en vain comme des fantômes.
Alors qu’elle regardait un peu plus loin devant elle, son cœur loupa un battement lorsqu’elle vit le vieux Bookman et Mari se faire transpercer par des pointes tout juste envoyées sur eux. Des akumas de niveaux trois en étaient les destinateurs. Les deux exorcistes s’écrasèrent au sol, toujours vivants mais à bout de forces. Derrière elle, le corps de Reever gisait au sol près d’une machine décomposée. Lavi était sérieusement blessé mais tout comme elle, il s’en remettait vite grâce à Miranda qui les tenait dans son champ depuis quelques minutes. La pauvre était pâle, tremblante, suffocante. Elle ne tiendrait sûrement plus très longtemps.
Gabrielle réfléchissait, ne sachant plus trop où son camp en était. Il tombait tendis que les ennemis ne cessaient d’affluer comme si leurs effectifs ne s’épuisaient jamais.
_ « ALLEN ! »
_ « QUOI ?! »
_ « LE COMTE, IL EST OU ?! »
_ « MAIS COMMENT VEUX-TU QUE JE LE SACHE ?!! »
_ « IL FAUT QU’ON LE TROUVE MAINT… enant… »
La brune ne put finir sa phrase, elle tomba à genoux et son ventre se mit à saigner abondamment. De plus en plus de plaies apparaissaient, des coups, des bleus, des blessures diverses. Allen et Lavi étaient tous deux dans le même cas, crachant des amas de sang et de chaire.
L’anglaise se retourna difficilement pour tomber sur une Miranda inconscience, à l’innocence désactivée.
_ « Allen… »
_ « Gab, on est finis… »
OoOoOoOoOoO
Flash back
Tous les Noah se trouvaient en tête de lignes. Allen remarqua cependant l’absence de la petite Road Kamelot. Derrière eux se trouvaient un nombre inconcevable d’akumas de tous niveaux. Leur quantité représentait un nombre si colossal que personne, pas même un scientifique, ne fut capable de l’évaluer à mille machines près. La pièce était vaste, comme sans limites, sans murs.
_ « Gabrielle. »
_ « Je t’écoute. »
_ « Comment ont-ils été prévenus ? Nous étions sensés les prendre par surprise et nous préparer à une arrivée tardive d’akumas. »
Personne n’osait lever le petit doigt, tous étaient parfaitement immobiles, comme si le moindre mouvement allait déclencher une bombe nucléaire. Seul le comte ne semblait pas s’en soucier. Il se trouvait devant ses congénères, au milieu de tous, et chantonnait une mélodie légère sur laquelle il sautillait de droite à gauche avec un air fleur bleue.
_ « Comment veux-tu que je le sache ? Ils ont dû envoyer un espion ou soutirer l’information à un membre de la congrégation en le menaçant. Après tout, s’il ne s’agissait pas d’un exorciste, aucune chance qu’il devienne un déchu. »
Soudain le comte millénaire disparu au beau milieu de ses troupes, s’enfonçant dans les abîmes de ses créatures comme un enfant qui trottinerait gaiement pour longer un bois de printemps. C’est alors que sans prévenir, le clan Noah se mit à foncer droit sur l’armée sainte, entraînant les machines de guerre à leur suite. Ainsi les combattants de la congrégation furent contraints de s’engager d’une façon des plus désorganisées dans un combat suicide. Une bataille des plus violentes s’en suivit. Les jumeaux en première ligne se retrouvaient confrontés aux Noah avec quelques autres exorcistes tendis que la majorité des autres soldats durent s’occuper des akumas.
Le vacarme lourd mais cinglant du métal déchiré, de l’acier qui explose, et des fers qui s’entrechoquent frôlait l’insupportable. La réverbération des cris émis par les akumas vibrait dans l’air et résonnait comme une onde de choc assourdissante. Certains combattants ne s’entendaient même plus hurler leur rage. Mari, l’exorciste à l’oreille absolue ne tenait qu’à peine debout, assommé par toutes les informations sonores qui l’accablaient de façon anarchique.
Les machines volaient, couraient, déferlaient de toute part avec de telles puissances et vitesses qu’on ne les voyait presque pas, sinon par flash. Devant les yeux pourtant attentifs des exorcistes, tout était semblable à une pluie d’étoiles filantes. Des éclairs, des flammes, des décors vivants et bien trop instables qui se perdaient à chaque seconde pour laisser place à un nouveau chaos.
Le maréchal Cloud, belle femme au charisme écrasant et au singe blanc se réfugia sur le dos de son innocence déployée. Son animal avait atteint une taille impressionnante et débordait d’efficacité. Elle maniait son arme vivante avec une précision meurtrière. Elle venait d’abattre Jasdebbi, l’union de Jasdero et Debbito, et éliminait avec rapidité les akumas autour d’elle qui revenaient toujours en surnombre.
Dans un coin éloigné de la pièce, des finders se servaient des talismans pour créer un bouclier autour d’une petite zone où se repliaient ou étaient déposés les blessés. Des scientifiques s’y trouvaient afin de soigner comme ils le pouvaient et des sentinelles étaient placées devant les barrières en renfort, en cas d’attaque ils défendraient le refuge.
Allen sautait d’akumas en akumas en les tranchant tous afin d’arriver vers les cibles premières que sont les Noah. Il entama alors une bataille acharnée contre la puissante Lulubell. Attaquant, esquivant, luttant de tout son être contre cette femme qu’il haïssait. Tout en combattant, il put apercevoir des corps non loin de lui gisant morts au milieu des coups et des explosions. Son cœur brûlait vif, il avait vu Kanda gravement blessé à quelques dizaines de mètres de lui, Lenalee volant à son secours. Il ne pouvait se défaire de son actuelle adversaire, il se contenta alors d’ignorer et de se concentrer sur son innocence qui bouillonnait en lui comme un poison ardent, comme si elle résistait.
Gabrielle était rivée sur Tyki, l’assaillant de coups plus puissants les uns que les autres tout en se protégeant des attaques d’akumas à l’aide de sa cape. Le Noah lui filait entre les griffes, toujours plus rapide. Elle s’éloigna et disparu quelques instants au beau milieu de la scène du combat, soufflant un instant à l’abri du regard de son ennemi. A quelques pas d’elle, Lenalee ressortait de l’infirmerie improvisée pour se lancer à nouveau dans la foule de machines et d’hommes acharnés, confiante, sûre d’elle.
Alors que le maréchal Cloud Nine s’occuper de deux akumas de niveau trois, un autre vint exploser presque sur elle. Des débris de machines aussi pesantes que du plomb vinrent directement s’écraser avec force contre elle. L’exorciste n’avait pu l’éviter. Et ce fut les deux jambes cassées et la tête complètement sonnée qu’elle s’accrocha du peu de force qui lui restait à son innocence pour se protéger. Le choc de l’explosion avait été tel que la jeune femme n’entendit plus qu’un bip suraigu et insupportable pendant quelques minutes. Mais lorsque celui-ci s’effaça lentement, il ne laissa place qu’au silence. La combattante de l’ombre jeta plusieurs regards autour d’elle et constata que l’agitation n’avait pas diminué, pourtant elle ne percevait plus qu’un silence hurlant, un silence effroyable, un silence de mort. Tandis qu’elle s’agrippait le plus fermement possible au singe qui la soutenait d’un bras, elle enfouit son visage dans la fourrure douce et candide de l’animal pour y laisser s’échapper une larme et un sanglot d’angoisse qu’elle ne perçut pas elle-même. Elle souffrait, les pics intenses de douleur que lui envoyaient ses multiples fractures lui compressaient la cage thoracique. Elle ferma les yeux et sentit ses forces la quitter, son innocence se désactiva et le singe reprit sa taille initiale. Le maréchal s’écrasa au sol. Elle rouvrit brièvement les yeux en un effort surhumain et vit des scientifiques, une barrière de talismans, ainsi qu’un un homme aux longs cheveux rouges s’éloigner d’elle pour repartir au combat. Elle sourit tout aussi brièvement et sombra à nouveau dans les ténèbres de l’inconscience, son tout petit animal blanc veillant sur elle.
En dehors, beaucoup d’exorcistes remarquèrent la présence plutôt inattendue du maréchal Cross de qui personne n’avait de nouvelles depuis que Gabrielle était arrivée, pas même elle.
Lenalee qui venait de déposer Kanda sortit en trombe du petit refuge.
_ « CROSS ! »
_ « Si tu veux bien m’excuser chère Lenalee, j’ai deux ou trois petites affaires à régler, nous pourrons parler de mes beaux yeux ultérieurement. »
_ « Comment as-tu su ?! Personne n’a réussi à te joindre depuis l’arrivée de Gabrielle ! »
_ « J’ai mes sources. En fait c’est une élève à qui je donne des cours particuliers qui m’a transmis l’info. »
_ « QUOI ?! CROSS ! QUI EST-CE ?! »
Le maréchal ne prit pas la peine de lui répondre et disparut au milieu du champ de bataille. La jeune exorciste abandonna l’idée de le suivre quand elle vit un homme blessé rampant vers elle.
_ « A l’aide… s’il vous plaît… »
La chinoise s’empressa alors d’attraper l’homme à terre par les épaules afin de le traîner difficilement vers l’infirmerie. La brune vit alors un sourire se dessiner sur le visage du secouru avant que celui-ci ne soit expulsé d’elle. Il fut violemment plaqué contre le sol, une lamelle blanche et une lamelle noire lui traversant le crâne. Lenalee se retourna brutalement vers l’endroit d’où provenait ces grandes lames et y vit Allen et Gabrielle, un regard noir accroché au visage de chacun et un œil rouge sang rivé sur le blessé qui s’avérait être une créature du comte millénaire.
L’exorciste au type cristallin était perdue. Elle observa un moment les jumeaux qui se remettaient en action. Soudain, une nouvelle vague d’akumas afflua. Les hommes de l’ombre se retrouvèrent soumis à la fatalité de ce déferlement catabatique de matière noire et d’acier. Ceux qui le purent esquivèrent, d’autre se protégèrent. L’anarchie était croissante, les pertes inévitables. On pouvait d’ores et déjà humer l’odeur de la mort.
Allen et Gabrielle se laissaient emporter par le courant des attaques, leur vitesse s’améliorait, leur force grandissait, leur concentration augmentait. C’était comme si un tourbillon croissant les aspirait.
Fin flash back.
Gabrielle scruta l’horizon inaccessible et vit, sans grande surprise, son maître flâner au milieu des coups et des projectiles azimuts.
Les jumeaux au sol sentaient leurs blessures continuer de se rouvrir comme si ça n’allait jamais s’arrêter. Le temps avait repris son cours normal. Kanda eut le temps de se régénérer en partie et sortit de l’infirmerie. Il avait l’impression de combattre une gueule de bois monstrueuse.
Soudain, pensant se laisser manipuler par son imagination, il aperçut une sorte de bille se dessiner loin de tout, dans les hauteurs de la pièce dépourvue de plafond. Le point grandissait lentement, se rapprochait, comme s’il arrêtait le temps et comme si rien ne pouvait l’atteindre.
Toujours absorbé, le kendo ka réalisa au bout de quelques minutes la nature de sa vision qui n’avait rien d’imaginaire. Cette étrange chose prenait peu à peu une forme plus concrète. Un énorme corps, un parapluie, et un chant qui glaçait l’air autour de lui.
Gabrielle sentait son esprit vaciller, elle ne répondait plus de rien. Elle savait que le comte arrivait, néanmoins l’anglaise sentait qu’elle ne pourrait pas assumer. Elle ne pouvait plus rien faire de son corps, et Allen n’était pas en meilleur état.
_ « KANDA ! »
Le brun détacha son regard de leur ennemi de toujours et posa ses yeux vides sur Lenalee.
_ « ALLEN ET GABRIELLE ! »
_ « … Quoi ? Qu’est-ce que… »
La jeune femme tourna brutalement la tête de Yû d’un coup de main en direction des Walker.
Lorsque le japonais réalisa la situation en voyant celui qu’il aimait presque inerte, son corps agit de lui-même et s’élança vers lui. La chinoise quant à elle rejoint sa petite amie en moins de temps qu’il n’en fallu pour le penser.
_ « Allen ! ALLEN ! »
_ « Salut beau brun. »
Kanda ignora les paroles de l’autre exorciste et se contenta d’enchaîner.
_ « Ne t’endors pas Allen, reste avec nous. Le plus gros du boulot arrive. Reprends-toi ! »
Le blandinet tira son homme à lui et l’embrassa.
_ « Gabrielle ? »
_ « Comment tu te sens ma grande ? »
_ « C’est à toi qu’il faut demander ça… »
Une larme s’échappa furtivement d’un œil de la chinoise pour aller s’échouer sur le visage de l’anglaise.
_ « Il faut qu’Allen et toi trouviez maintenant comment unir le cœur, ou on est perdus. Tu dois bien avoir une idée, tu as toujours une idée. »
_ « Lenalee… »
_ « Oui ? »
_ « Je n’ai… strictement aucune idée… de la façon dont on doit procéder pour unir le cœur. »
Le demi sourire mélancolique de la jeune Lee s’effaça complètement pour laisser place à une grande douleur, mais tout de même transpercée d’une lueur d’espérance.
L’exorciste au type symbiotique posa une main sur la joue légèrement humide de sa petite amie avant de la laisser rencontrer le sol à nouveau, faute d’assez de force.
Le comte était à présent à quelques mètres au dessus de la bataille.
_ « Vous avez combattu bravement mes chers petits exorcistes, cependant je crains que vous n’ayez un petit problème. »
Gabrielle se tourna vers son frère et plongea ses yeux argent dans ceux de son homologue masculin.
_ « Debout sale bande de serpillères encrassées ! »
Les deux interpellés reconnurent sans problème la voix singulière de leur maître ne prirent même pas la peine de le regarder.
_ « Je me fiche de votre état espèces de loques, je veux vous voir en position verticale d’ici dix secondes ! »
Allen prit un air blasé.
_ « Il est sérieux là ? »
_ « La question n’est pas là gamin, mais SI VOUS ABANDONNEZ MAINTENANT C’EST LA FIN ! EST-CE QUE C’EST CLAIR ! »
_ « Cross… »
Les jumeaux étaient pourtant prêts à tout lâcher, prêts à sombrer.
La brune tendit une main vers son frère qu’elle ne connaissait que depuis peu de temps mais qu’elle aimait plus que tout. Ce dernier lui offrit un triste sourire et laissa rouler quelques perles salées le long de ses joues avant de saisir la main gauche de sa sœur à l’aide de sa main droite. Des mains profondément humaines.
Leurs regards entrèrent en résonnance au moment où leurs deux corps entrèrent en contact par le biais de ces deux membres liés. Les jeunes Walker étaient traversés d’une décharge électrique si intense qu’elle alimentait chaque cellule de leurs corps d’une énergie dévastatrice.
_ « … Mes chers akumas, vous pouvez être fiers de vous. Combien en avez-vous fait tomber ? Beaucoup. Mes belles créatures, j’en suis tout émoustillé… Quant à vous mes frères Noah, je suis si fier de votre acharné combat. Vos camarades qui nous ont quitté nous manquerons, et tout ça, vous le ferez payer à celle qui nous a trahis. Cette petite qui avait l’air si bien, il faut croire que le Noah en elle s’efface avec le temps. Road est une traîtresse et je vous autorise à lui faire ce que vous voudrez si la revoyez… »
Le maréchal Cross s’avança vers les jumeaux et d’une voix plus calme, leur adressa à nouveau la parole.
_ « Il n’y a aucun rituel, aucun protocole à suivre, aucune procédure. Vous devez le sentir en vous. Je sais que vous le sentez. Allez chercher encore plus loin, décidez-le ! C’est de l’union du cœur qu’il s’agit, alors prenez le au mot. »
Cette énergie qui les traversait par intermittence les faisait déconnecter momentanément, laissant pour un court instant la place au 14ème. Leurs yeux ne se quittaient pas, comme scellés, et vibraient de cette accroche qui les perdait. Le moment était venu. Le maréchal gagea Kanda et Lenalee de s’éloigner, ce qu’ils firent à contre cœur.
_ « Laissez vous transcender par cette sensation. Vous y êtes presque. »
Mais les deux adolescents subissaient un choc beaucoup trop violent pour leurs corps endommagés. Ils convulsaient, criaient. Le comte baissa enfin la tête vers les possesseurs du cœur précieux et étendit encore plus son large sourire.
_ « Mes enfants… il était inévitable que nous nous rencontrions à nouveau n’est-ce pas ? »
_ « VA EN ENFER! »
_ « Hoooo. Nea… Mon ami. J’en pleurerais presque tu le sais ? »
L’innocence des deux Walker se déploya à nouveau, balayant les alentours. Les clowns couronnés portaient leurs propriétaires presque inconscients. Le frère et la sœur, toujours liés par ce regard et par cette main s’élevèrent dans les airs, les lamelles et les parcelles de leurs capes s’accrochant, s’entremêlant, naviguant de toute part. Les quelques akumas se trouvant sur leurs chemins n’y survivaient pas.
Ceux qui avaient cessé de se battre momentanément observaient impressionnés les point breaker qui se trouvaient maintenant en face du comte. Une sphère commença à se former autour d’eux, leur innocence les entourait tous les deux, on ne les percevait presque plus, perdus sous ce bouclier de fils noirs et blancs entremêlés qui ne cessaient de grandir et de s’enrouler.
Les regards étaient inexorablement absorbés par cette boule d’énergie à la fois éblouissante et ténébreuse. Tout ce qui se trouvait aux alentours finissait implacablement en copaux et lambeaux de métal. La grande aura de puissance que dégageait cette nouvelle arme forçait les hommes à s’éloigner. On pouvait voir cette coquille vibrer sous la force qui en émanait. Les milliers de brins d’innocence ébènes et neigeux, aussi tranchants que des lames de rasoir et aussi véloces que le son, offrait un crissement sévère à la rencontre de l’air en un ballet emprunt de rébellion.
Le prince millénaire semblait avoir dérobé les étoiles pour en faire ses yeux face à ce spectacle.
Quant aux possesseurs du cœur précieux, ils étaient dans un état de semi conscience. Leur esprit se mêlait à celui du 14ème, et ils purent entrevoir dans l’ombre de son âme les souvenirs qui rayonnaient en lui.
Flash back
_ « Manaaaa ! Naraaaa ! »
Deux enfants, un garçon et une fille, étaient cachés à l’angle traître d’un mur de béton. Un jeune garçon qui n’était pas beaucoup plus âgé qu’eux se dirigeait vers eux, cherchant désespérément une piste quelconque qui lui permettrait de les trouver.
Un pas de plus… puis deux… puis trois… et…
_ « BOUH !!! »
Le plus grand poussa un cri fort peu masculin et soupira de tout son être, soulagé.
_ « ça fait un quart d’heure que je vous chercher, maman va s’inquiéter ! Vous n’êtes qu’une bande de teignes. »
Le plus jeune des deux garçons prit la parole.
_ « C’est toi qui dit ça… Nea. Rappelles moi qui est-ce qui a peint le chat en jaune avec la peinture de papa. »
_ « Bon c’est bon, maman nous attend pour manger. Après on pourra jouer à cache-cache ! »
_ « Ouais ! »
La petite fille prit la main de son grand frère et hésita avant de dire quelque chose.
_ « Dis Nea… »
_ « Oui ? »
_ « Tu crois que ça va continuer encore cette vie ? Je sais qu’un jour ça s’arrêtera mais moi je ne veux pas. Je voudrais continuer de jouer avec Mana et toi pour toujours. »
_ « Moi aussi Nara ! Mais ne t’en fais pas, on a toute la vie devant nous ! »
OoOoOoOoOoO
_ « Nea ! Neaa ! »
Le plus grand arriva près de son petit frère et de sa petite sœur, tremblants et sanglotant sur un de leurs deux lits. Il les prit tous les deux dans ses bras et les berça doucement.
_ « Chut, ne vous inquiétez pas je suis là. »
Les cris cinglants que poussait leur mère à chaque coup qu’elle recevait de leur père les rendait angoissés et vulnérables, le cœur emplis d’un amère sentiment d’habitude. Ils sursautaient à chaque fois, le sang glacé et les larmes vagabondes.
_ « Je suis là, je ne vous laisserais jamais. »
_ « Nea j’ai peur. »
_ « Bouche toi les oreilles et chante une belle chanson. »
La petite fille s’exécuta alors.
_ « Deux vagues bleues, en vagues qui dansent. Tu es comme un point, sur la mer immense. Reviens me chercher, mon bateau de papier. Reviens me chercher, je voudrais voyager… »
Chaque vers de la comptine que chantonnait Nara était rythmée par les pleurs de son frère et les hurlements de sa mère qu’elle percevait malgré sa voix et ses mains crispées. Elle ouvrit les yeux et pu voir se dessiner sur le visage de son grand frère un doux sourire qui la récompensait.
OoOoOoOoOoO
_ « Nea… qu’est-ce qui t’arrive ?! NEA REPOND MOI ! »
Mais l’homme était debout, le regard assassin et les mains tremblantes. Il ne répondait plus de rien. Sa peau vira peu à peu au gris et des croix se dessinaient le long de son front.
Soudain, un être plein d’étrangeté apparu mystérieusement dans la pièce. Il était énorme, portait des vêtements étranges et affichait un air diaboliquement enfantin. Son sourire était improbable et sa voix usée.
_ « Biiieeeen. C’est un nouveau compagnon qui apparait là. Cette scène m’emplit de joie à un point ! Nea c’est cela ? Viens avec moi. »
_ « Bien comte. »
Mana se leva d’un bond.
_ « Non ! Et t’es qui toi d’abord ?! Et qu’est-ce qui lui arrive à Nea ?! »
_ « Mon tendre garçon, sois gentil tu veux, et dit sagement au revoir à ton frère. Ha, et ne vous attendez pas à voir vos parents rentrer du travail ce soir mes petits anges. »
Nara ne réalisait pas. Elle ferma son esprit à toutes paroles et laissa son esprit s’emplir de toutes les pensées qu’elle pouvait avoir afin de se détourner des événements.
_ « Je suis le comte millénaire, tu n’as pas à t’en faire pour ton frère, il aura une belle vie auprès de moi. Tous les Noah me sont fidèles. Aucun ne saurait me désobéir. Nea ? Tue-les. »
Les pupilles du nouveau Noah grossirent d’un coup avant de se rétracter en deux petits points noirs anxieux.
_ « Nea… tue. »
Le nouvel esclave du comte s’approcha alors doucement de sa petite sœur qu’il ne reconnaissait plus. L’étudiante était assise par terre contre le mur, suffocante, tremblante. Nea saisit une boîte en acier sur le meuble à côté de lui et commença à lever sa main.
_ « NEA ! ARRETE ! C’EST MOI QUI TE LE DEMANDE ! C’EST MANA ! »
Le jeune homme se jeta sur sa sœur jumelle et la serra dans ses bras, implorant le grand frère du regard.
_ « NEAAAAA !!! »
La brune avait éclaté en mille larmes. Son cri déchira les entrailles du nouveau Noah qui laissa tomber l’objet à terre, laissant quelques perles orner ses joues.
_ « Nea ? Tu dois être fatigué mon brave garçon, cependant tu m’as déçu. J’espère que tu corrigeras ce vilain comportement. Aller viens. Tu ne me poseras pas de problèmes dis moi… »
Le grand homme surdimensionné fit apparaître une porte derrière lui et lança une gigantesque boule de feu dans la maison. Tous les meubles alentours alimentèrent les flammes assassines et la température se fit vite intenable. Du bois tombait, les murs emprisonnaient cette fournaise qui ne cessait de dévaster la maison. Nea regarda son frère et sa sœur puis se sentit tirer en arrière vers le passage que le comte avait ouvert.
_ « Je vous aime. »
Il pointa du doigt l’autre côté de la pièce que les flammes commençaient à atteindre, et où une fenêtre était présente. La fumée était de plus en plus aveuglante. Nea vit les jumeaux courir de l’autre côté et sauter par la fenêtre. Quant à lui, il atterrit dans un endroit qu’il ne connaissait pas, et qui ressemblait à ces grandes villes du sud surplombées de maisons blanches. Que venait-il de se passer ?
Fin flash back
OoOoOoOoOoO
Le comte se décida enfin à agir. Il voulait le cœur et il ferait tout pour l’avoir, tout pour le détruire. Il ouvrit ses mains et une boule de feu commença à y grandir. L’atmosphère était lourde, tout le monde était sous tension. Et cette nouvelle source d’énergie présente au creux des mains du comte millénaire apparaissait presque aussi dangereuse que les deux jumeaux. Elle grandissait, grandissait, et grandissait encore…
|