Chapitre 7

« nngh ! »

Lavi était plaqué contre le mur, à une vingtaine de centimètres du sol. Il crachait du sang. Une lamelle de l’innocence de Gabrielle lui transperçait le ventre et le maintenait en l’air.

_ « GABRIELLE ! »

Elle avait les yeux dans le vague et l’air impassible, ce qui n’empêcha pas une larme de s’écraser sur sa joue. Allen et Lenalee voulurent courir vers eux mais elle les en empêcha grâce à son crowned clown et les plaqua au sol. Les deux adolescents choqués ne bougèrent pas. Gabrielle resta comme ça quelques secondes puis désactiva son innocence, laissant le rouquin s’écraser au sol, du sang giclant de son abdomen. Il se releva difficilement et fit signe à ses deux amis de ne pas bouger.

_ « Gabrielle pourquoi t’as fait ça ?!! Je peux savoir ce qui t’as pr… hé ! Tu m’écoutes ?!!!»

Allen hurlait contre elle mais c’est à peine si elle s’en rendait compte.

Alors que Lavi en profita pour faire un pas en avant, la  jeune exorciste se jeta sur lui et lui mis un coup de pied monumental en pleine face.

_ « ça fait mal ? »

Lenalee fit un bond en avant.

_ « Non ! Reste là où tu es, ne t’en mêle pas. Vous deux, ne vous en mêlez pas… »

_ « Mais tu ne te défends même pas ! »

_ « Elle a ses raisons, j’ai les miennes. »

Ils firent donc un pas en arrière et attendirent la suite.

_ « Fais ce que tu veux… tu pourras te calmer quand tu considèreras que nous serons quitte.»

Cette dernière phrase lui valu un autre coup, dans le genou cette fois ci, pliant sa jambe dans le mauvais sens.

_ « HAAAAAAA !!! »

_ « Nous ne serons jamais quittes. »

Les deux spectateurs se levèrent d’un bond et coururent sur Gabrielle pour la maintenir.

_ « Crevez… crevez tous… vous n’aviez pas le droit…»

Lenalee relâcha l’anglaise à cette phrase. « Crevez… crevez tous… le troisième, roux… Je lui en voulais de ne pas réagir alors qu'il semblait être là contre son gré… ne sorti de ma bouche qu’un… murmure… »

_ « Je n’arrive pas à croire que tu sois un exorciste… Les exorcistes sont censés être humains… des élus de Dieu… comment Dieu a-t-il pu choisir quelqu’un comme toi… Tu ne mérites que de mourir… JE TE TUERAIS !!! Je te tuerais…»

_ « Je suis désolé Gabrielle… désolé… »

_ « Tu ne crois pas que tes excuses ne valent plus grand-chose à présent ? »

Gabrielle s’effondra à genoux et s’avança doucement de Lavi, pleurant toutes les larmes de son corps. Elle leva doucement une main vers lui et la posa vers son épaule. Puis bifurqua jusqu’à son coup dont elle se saisit violemment. Elle le maintenait sans bouger. Au bout de deux longues minutes, Allen parvint enfin à éloigner sa sœur de son ami à l’aide de son innocence.

_ « Lenalee assomme la ! »

_ « Quoi ?! »

_ « Tes bottes vas-y ! »

_ « Mais… je… ». Elle ferma les yeux et donna un coup sur la tête de Gabrielle à l’aide de son innocence.

_ « NON !!! »

OoOoOoOoOoO

 Gabrielle émergeait doucement. Elle se trouvait à l’infirmerie et… visiblement ligotée de partout et… d’étranges papiers avec des inscriptions japonaises flottaient autour de son bras gauche, l’empêchant d’ailleurs d’activer son innocence. Son  frère et Lenalee étaient assis à côté d’elle l’air en colère, les bras croisés, la fusillant du regard.

_ « Gabrielle… comment tu te sens ? »

_ « C’est à l’autre rouquin qu’il faut demander ça… »

_ « Est-ce que j’ai bien compris, est-ce que c’était bien lui qui faisait parti des quatre criminels il y a 5 ans ? »

_ « Bien joué Sherlock. »

_ « Chère loque ? Je ne suis pas une loque ! »

_ « Laisse tomber, c’est… un personnage, enfin bref. »

_ « Il est toujours endormi, on n’a pas pu en savoir plus mais… tu l’as dit toi-même, il semblait être là contre son gré. Je ne peux pas croire qu’il ait… enfin… qu’il y soit vraiment pour quelque chose. »

_ « Ouais t’es bien gentille mais tu veux que je réagisse comment moi en voyant un des quatre connards qui nous ont torturé et qui ont tué Nara. Que je lui dise « Tiens, salut, ça va ? Quoi de neuf depuis la dernière fois ? » ! Ce mec, je ne sais pas ce qu’il faisait avec eux, mais ça n’empêche qu’il y était. Je te rappel qu’il a vu Nara se faire violer et tué, qu’il m’a vu me faire violer sauvagement à plusieurs reprises, tout ça sans bouger le petit doigt. Et je rappel également qu’il a activement aidé à nous attraper et à nous ligoter. Enfin je dis ça, je ne dis rien. S’il avait un minimum d’humanité en lui il aurait réagit. Et ne se serait pas contenté de me lancer un petit regard désolé. »

_ « Ce n’est pas tout ce que j’ai fait. »

_ « TOII !!! »

La porte s’était ouverte sans qu’ils le remarquent sur Lavi, le corps bandé ici et là, la jambe toute emplâtrée et deux béquilles pour le tenir debout.

_ « Cross ne t’a jamais dit comment il t’as trouvé ? »

_ « Il m’a dit qu’il était à la recherche de Nara et moi depuis quelques temps, qu’il nous avait enfin repéré, et qu’il était arrivé à ce moment là, à temps pour me sauver, mais trop tard pour elle. »

_ « Cross… je vais le tuer… je ne sais pas si il se rend compte de l’ampleur que peuvent prendre ses petites blagues pour embêter le monde. »

_ « Explique toi sans déblatérer trois heures des trucs inutiles où je te garanti que la prochaine fois je ne te rate pas. »

_ « Heu… en fait c’est moi qui l’ait appelé. Bon écoutez, voilà ce qu’il s’est passé. Je ne pouvais rien faire. Je n’avais aucun moyen de défense. Pour garder notre couverture, Bookman et moi avions dû cacher que nous étions compatibles, et par conséquent nous séparer de nos innocences respectives durant un temps. Vous savez que mon grand père et moi sommes chargés de retranscrire tout ce que nous voyons de la guerre, nous somme en quelques sortes spectateurs. A la base nous devons être neutres et ne pas prendre parti, hors nous avons décidé de creuser un peu et de voir ce qu’il se passait vraiment des deux côtés, donc avant d’être ici nous avons passé un temps chez les Noah. Le compte ayant appris l’existence d’une sœur jumelle d’Allen, il s’est douté que l’âme du 14^ème devait se trouver dans les deux, et il a décidé de vous faire tuer, toi et Nara. Il n’avait pas encore émit l’hypothèse de l’éventualité de faire du 14^ème son allié, et voulait à tout prix l’éliminer à cette époque. C’est ainsi qu’il a pris anonymement contact avec des anciens prisonniers pour vous faire tuer, il leur a dit de faire ce qu’ils voulaient à condition que le travail soit fait, contre une somme ahurissante. Et il se trouve que le compte a jugé intéressant de m’envoyer moi pour superviser l’opération et veiller à ce que le travail soit effectivement fait. Il m’a mit au courant de l’opération seulement quelques heures avant, j’ai donc appelé Cross, avec qui j’avais déjà eu contact avant. Je leur ai dit où vous vous trouviez et l’ait supplié d’arriver vite. Hors, le trajet a été long, et il n’est arrivé que lorsque tout était fini, mais a quand même pu te sauver. Quand la voiture de la voisine est arrivée, les autres s’en foutaient, c’est moi qui leur ai dit de déguerpir. Au moins comme ça il y avait une chance que tu survives. »

_ « Et là je suis censée te remercier ? »

_ « J’en espère pas autant, mais au moins que ta haine envers moi soit atténuée, ne serais-ce qu’un tout petit peu. »

_ « Crève petit con, si je pouvais je te casserais en deux pour te faire bouffer tes couilles !»

_ « hé ! Mes parties génitales à moi ne t’ont rien fait. »

_ « Mais tu n’as pas empêché celles des autres de me faire quelque chose… »

_ « … »

Allen et Lenalee commençaient à trop en entendre, partagés sur le sort de Lavi. Jusqu’ici ils l’avaient toujours considéré comme leur ami, il allait falloir le temps de digérer et de réaliser tout ça. La chinoise regardait dans le vide, passant sa main dans les cheveux de Gabrielle, les yeux humides.

_ « Je ne sais pas s’il en va de même pour Allen, mais sache, Lavi, que je compte prendre mes distances un moment pour réfléchir. »

_ « Il en va bien de même  pour moi Lenalee. »

_ « Bien, je vous comprends. J’espère que vous ne m’en voudrez pas trop. »

_ « N’en espère pas tant… »

_ « Bien. Je vous laisse. Bonne journée… »

Gabrielle tourna sa tête vers lui et prit une grande inspiration.

_ « Hé, le rouquin ! Je n’ai pas envie de rester attachée comme ça toute ma vie donc je te garanti que je ne lèverais plus la main sur toi. En revanche saches que je ne me gênerais pas pour te pourrir, et n’avise en aucun cas de m’adresser la parole. C’est ok ? »

_ « … »

_ « Ho bien, tu as déjà compris. Maintenant vire de là. »

Le dit rouquin sorti de la salle en fermant les yeux. Assumant ses erreurs. Il fallait bien qu’un jour il paye pour ça, et le prix était même plutôt vain comparé à ce à quoi il s’était préparé toutes ces années.

Les exorcistes n’avaient pas eu droit à une minute de repos, Lavi tout juste sorti, ce fut à Komui d’entrer dans l’infirmerie.

Lenalee rangea sa main et regarda Gabrielle d’un air plutôt inquiet.

_ « T’inquiète, de toute façon y’a pas de raisons, lance toi. »

_ « Après. »

_ « … Bonjour Komui, que nous vaut l’honneur de ta visite ? »

_ « Salut Gabrielle, heu… écoute… les généraux ont déjà été mis au courant de l’incident et ne sont pas vraiment contents. Je suis maintenant au courant de ce qu’il s’est passé, il y a des caméras et des micros ici. Mais ce n’est pas le sujet. Eux, ils ignorent les raisons de ton geste, et ont peur de te laisser libre. J’ai réussis je ne sais comment à les convaincre de me laisser gérer, mais au moindre pas de travers tu finis sous surveillance H24, et ton frère avec. Et par eux si eux ne le savent pas, du coup moi je sais que tu as vécu avec Nara qui est la sœur du 14^ème, ce qui me fait me demander si… vous ne seriez pas deux hôtes et pas qu’un comme on le pensait. Et j’aimerais que tu me dises ce que tu sais là-dessus, car je suis persuadé que tu sais ce qu’il y a à savoir. »

_ « Oui ce n’est pas un problème je pense pouvoir te faire confiance. Hum… effectivement tu as raison. Le 14^ème devait se réincarner en même temps que l’apparition d’une cellule œuf, en même temps que sa formation. Et il se trouve qu’il est tombé sur une cellule œuf qui s’est séparée, et son âme avec. »

Allen était soulagé de voir qu’elle n’avait pas évoqué son retour où son non retour parmi les vivants. Mais sil savait qu’il n’avait rien à craindre et que le cerveau de sa sœur carburait largement plus que le sien.

_ « D’accord d’accord. Donc je ne m’étais pas trompé, en même temps pas de quoi être fier, ça paraissait plutôt logique. »

_ « Bref, c’est bien tout ça mais du coup tu compte me détacher un jour ou pas ? »

_ « Ho, oui pardon. »

Lenalee profita de ce moment de silence pour glisser un :

_ « Au fait, nii-chan, il faudrait qu’on te parle d’un truc. Heu… G… »

_ « Tu devrais attendre qu’il m’ait détaché… S’il te plaît… »

_ « Ho, heu… oui. »

_ « Qu’est-ce que vous voulez me dire toute les deux. »

_ « Détache moi et on te le dis. »

Komui s’exécuta et eut un mauvais pressentiment.

_ « En fait Gabrielle et moi on est ensemble. »

_ « … »

_ « … »

_ « QUUOOOOOOIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII ?!!!!!!! »

_ « Gab… »

_ « Non mais c’est bon j’ai compris ! Mais… QUUUOOOOOIIIIIIIIIIIIIIIII ?!!! »

_ « … »

_ « Mais alors, ça veut dire qu’elle va… te toucher et tout ?! »

_ « Si tu savais. »

_ « Bouuuaaaaaahhhaaahaaaaaaa, je vais me suicideeeeeeeer !!! Pourquuoiiiii… Nooonnn… on ne touche pas à ma Lenaleeeeeeeeee… !!!!! »

Gabrielle avait la bouche grande ouverte devant ce Komui qui se roulait aux pieds de sa petite sœur en pleurant et en hurlant tout ce qu’il pouvait.

_ « Ha ouais quand même. »

_ « J’ t’avais dit qu’il le prendrait bien. » La chinoise avec un grand sourire et laissa la crise de son frère passer d’elle-même.

Gabrielle se leva doucement.

_ « Heu… je vous propose qu’on s’en aille discrètement et qu’on le laisse ici. »

_ « Bonne idée. On va où ? »

_ « bah… moi je dirais en premier lieu… manger ! »

_ « ça alors, Allen, que c’est étonnant venant de toi. Enfin ceci dit je ne suis pas contre. »

_ « Et après on a cas aller dans l’arche. »

Lenalee acquiesça d’un grand sourire et d’un signe de tête. Gabrielle paraissait sceptique.

_ « J’en ai pas mal entendu parler de cette arche, mais l’entrée est interdite si on a pas une dérogation de l’autorité de l’ordre et une bonne raison d’y aller non ? »

_ « Il y a une deuxième porte au labo, ils s’en servent pour faire des recherches, et vu qu’on connait tout le monde ils nous laissent y aller. »

_ « Pratique. »

_ « Bon, c’est parti. »

OoOoOoOoOoO

Une heure plus tard, ils se trouvaient tous les trois dans l’arche. Gabrielle la trouvait vraiment magnifique. Allen et Lenalee lui faisaient visiter les différentes pièces toutes plus étonnantes les unes que les autres. Ils gardaient celle du 14^ème pour la fin.

_ « Tu vas pouvoir entendre Allen jouer. »

_ « Jouer ? »

_ « Au piano. »

_ « Il joue du piano lui ? »

_ « … »

Allen et Lenalee bloquèrent sur ces paroles, n’étant pas vraiment habitués à ce que la nouvelle arrivante ignore quelque chose du 14^ème et de toute ces histoires.

_ « Ma chère sœur, c’est un élément capital que tu ignores. »

_ « J’aimerais bien savoir de quoi il s’agit.»

_ « Heum, chaque Noah a sa particularité, et bien le 14^ème, c’était la musique. Il était musicien et en étant son hôte je… attends un peu. Du coup vu que toi aussi tu es son hôte, tu devrais savoir jouer de la musique également. »

_ « Si je comprend bien c’est une sorte d’héritage du 14^ème. Je n’ai jamais essayé de jouer d’un instrument donc je ne peux pas te le dire. »

_ « Tiens on arrive devant la salle. »

Il poussa la porte camouflée et pénétra cette pièce dans la quelle il venait souvent lorsqu’il s’ennuyait ou lorsqu’il n’était pas bien. Toujours ce blanc de partout.  Le sofa, le piano, le petit banc du piano. Gabrielle se laissa tomber sur le sofa et rattrapa Lenalee qui fit de même. Allen se dirigea tel un automate auprès de son piano.

_ « Allen, tu nous joue la musique du 14^ème ? »

_ « J’y comptais bien. »

Le maudit posa ses mains sur les touches de son instrument, regarda la partition projetée par Timcampy et commença à jouer. Sa sœur connaissait cette musique. Elle la connaissait par cœur, et cette sensation de connaître quelque chose sans l’avoir appris quelque part l’effrayait. Elle écoutait attentivement cet air si beau et si bien interprété tout en serranr Lenalee contre elle. « L’harmonie des sons ». Cette phrase avait raisonné dans sa tête. Elle passait en boucle et lorsque son frère eut fini de jouer, elle se tourna vers lui d’un air blasée.

_ « Je suis une conne doublée d’une imbécile. »

_ « Heu… pourquoi ? »

_ « Enfin surtout toi d’ailleurs. »

_ « Hein ? »

_ « L’harmonie des sons. Le 14^ème était musicien, j’aurais dû percuter dès le moment ou tu me l’as dit. Mais ça m’étais sorti de l’esprit. »

_ « Tu pense qu’on devrait jouer ensemble ? »

_ « Je ne sais pas si je sais jouer, il faut tester. »

_ « Viens, essaie. »

Gabrielle s’approcha du piano.

_ « Je le sens pas ton truc. »

Et en effet elle ne le sentait vraiment pas. Elle posa ses mains sur le clavier noir, et chercha les touches un moment. Elle tenta de commencer mais seules les premières notes étaient justes. Elle ne parvenait pas à continuer. Elle ne pouvait pas jouer du piano. Sa théorie tombait à l’eau.

Se rendant à l’évidence, elle se retira et Allen rejoignit Lenalee sur le sofa, l’air de réfléchir. Gabrielle referma le couvercle des touches et commença à inspecter l’instrument sous plusieurs angles. Elle passa sur le côté pour voir l’arrière de l’instrument et là, elle se figea en voyant ça.

Allen et Lenalee s’étaient levés d’un bond et coururent pour voir ce qu’il se passait. Ils eurent la même réaction que la première et restèrent sans voix.

_ « Ce… ce n’étais pas là avant. »

Il s’agissait d’une viole posée contre le piano. Elle était aussi ébène que les cheveux de Gabrielle. Elle reluisait, tout comme l’archet posé à côté.

Une fois sorti de leur contemplation, ils se retournèrent et eurent un deuxième choc. Une chaise noire et un support concave dressé en hauteur par un grand pied noir également. Instinctivement, Gabbô alla s’y installer. Il était effectivement conçu à cet effet. Le golem argenté ouvrit sa petite bouche, et projeta une partition comme celle de Tim.

Gabrielle attrapa l’instrument par le manche et s’installa sur la chaise. Elle cala la viole entre ses genoux, posa ses doigts de la main gauche sur le manche, et saisit l’archet entre le pouce et l’index de la main droite. Elle avait le cœur chaud et entendait déjà ce qu’elle allait jouer rien qu’en regardant la partition. Elle prit une grande inspiration et commença à faire glisser les crains sur les cordes. La mélodie coulait comme de l’eau de source, elle était claire et sans accroche, fluide et transcendante. Gabrielle était comme en transe, mais alors qu’elle jouait, une phrase raisonnait dans sa tête. « L’harmonie des sons… ». Allen et Lenalee se laissaient emporter par la berceuse du 14^ème. Ils ne voyaient pas les secondes défiler, et la musique toucha bien vite à sa fin.

_ « Je suis une imbécile. Enfin non, Allen, Lenalee, vous êtes des imbéciles. Vous étiez au courant pour le 14^ème et la musique. »

_ « Heu… »

_ « L’harmonie des sons ! »

_ « Oups. »

_ « Allen, je te laisse t’installer au piano. »

_ « Heu… ok. »

Ses doigts se placèrent à nouveau sur les touches de son clavier. Sa sœur donna quatre légers coups lents et réguliers sur les cordes à l’aide de son archet, et ils purent commencer au cinquième temps. Leur synchronisation était parfaite, chaque note de l’un complétait l’air de l’autre. Si les deux interprétations distinctes qu’avaient donné les deux jumeaux avaient été exquises, ce n’était rien comparé à ce qu’ils faisaient en ce moment.

Au fur et à mesure qu’ils jouaient un trait noir fluide et fin comme un coup de pinceau se répandait sur une portion du mur derrière eux. Il traçait, se scindait, tournait, retournait au rythme de la musique, et emplissait de plus en plus la zone sur laquelle il courait. Lenalee ne put rien dire lorsqu’elle le remarqua, beaucoup trop absorbée par cette mélodie, et voulant voir de quoi il s’agissait. Elle observait en silence…