Chapitre 2

_ « L’harmonie des sons et des âmes, permettra l’union du cœur, et l’annihilation des faucheurs d’âmes, par un frère et une sœur. Qu’est-ce que ça veut dire ?! »

Komui, Reever, et Gabrielle méditaient sur la question autour d’une table et de tasses de café. Allen était là mais n’écoutait que distraitement ce qu’il se disait à côté de lui. Le fidèle second du grand intendant commençait à émettre des hypothèses de plus en plus douteuses sur la signification de certains points de la prophétie.

_ « Les sons et les âmes… alors quoi, il faut que vous disiez la même chose en même temps ou quelque chose comme ça ? Je n’y comprends plus rien. Plus j’y réfléchis et plus je suis pommé. »

Komui lança un regard compatissant au beau blond avant d’enchaîner.

_ « Et les âmes ? Comment peut-on harmoniser des âmes ? Est-ce que ça fait référence aux akumas ? Aux âmes des deux jumeaux ? »

_ « ça pourrait faire référence à des âmes sœurs. C’est la seule union de deux âmes que je connaisse. Certains y croient, d’autres non. », Gabrielle avait répondu calmement, le regard dans le vide.

Ses deux interlocuteurs esquissèrent un sourire, puis répondirent ensemble : _ « Je ne pense pas non. »

_ « Est-ce que vous en êtes sûres ? »

Les deux autres se lancèrent un regard entre le doute et l’incompréhension. Peut-être était-ce vrai, quand on y réfléchit.

_ « Peut-être est-ce lié au cœur ? Et d’abord c’est quoi cette histoire de cœur ? » Komui avait lancé ça innocemment, puis la jeune fille fut sorti de ses réflexions. Elle venait visiblement d’avoir une illumination et regardait le brun comme si elle venait de trouver la solution de la plus grande équation du monde. Elle bondit de sa chaise, attrapa son frère par la manche et l’entraîna derrière elle en partant, laissant les deux scientifiques en plan.

OoOoOoOoOoOoO

_ « Qu’est-ce qui te prend ? » Gabrielle avait lâché sa manche, ils marchaient tous les deux dans le couloir, en direction d’un endroit tranquille pour parler.

_ « J’ai compris un truc, et inutile de se casser la tête à chercher le reste, on n’a pas tous les éléments, il faut attendre. »

_ « Et qu’est-ce que tu as compris au juste ? »

_ « Le c… »

Elle fut coupée dans son élan sous la surprise. Son frère venait de lui prendre la main et de la stopper dans sa marche. Elle lui lança un regard interrogatif et vit qu’il fixait la personne qui marchait en face d’eux. C’était Kanda, il avançait rapidement, une mauvaise humeur apparente.

_ « On peut changer de direction ? »

_ « Tu es sûre ? »

_ « Non. »

Les jumeaux restèrent immobiles tendis que le kendo ka arrivait à leur niveau. Il leur adressa un signe de tête et s’arrêta devant eux.

_ « Moyashi et Moyashi 2. Intéressant. » Allen bouillonnait. Jamais il ne s’arrêterait.

_ « Tu es sûre de vouloir nous appeler ainsi ? »

_ « Pourquoi cette question ? »

_ « Parce que j’ai malheureusement oublié ton nom. Par conséquent je pourrais t’appeler Mon Mignon à partir de maintenant. »

_ « T’oserai pas ? »

_ « Bah tiens ».

_ « Bon, ce n’est pas tout mais je dois y aller, Allen, Gabrielle, je vous dis à plus tard. ». Le grand brun repris sa course d’un pas beaucoup plus rapide, visiblement contrarié.

Allen regarda le kendo ka s’éloigner, puis se tourna vers sa sœur.

_ « Je n’arrive pas à le croire. Ça fait un an que je me bats pour qu’il m’appel par mon prénom, et toi, en deux phrases c’est plié. Pourquoi je n’ai jamais eu cette idée toute conne de faire pareil que lui. Est-ce que je suis vraiment aussi imbécile que ça ? »

_ « C’est juste que tu es impulsif, et on ne t’a jamais vraiment appris à raisonner. Tu as toujours agis sur le moment même et tu as surtout utilisé tes émotions et ta force pour t’en sortir. Mana était un clown, Nara une scientifique. Depuis tout petit tu t’es servi de ton corps, moi de mon cerveau. Ne t’inquiète pas, tu finiras par acquérir ça un jour si tu le veux. Enfin, pas à la même échelle. »

_ « Ceci dit je ne m’en remet pas. »

_ « On a la classe ou on ne l’a pas. »

_ « T’es tuante tu le sais ça ? » Allen avait dit ça à la fois blasé et amusé.

_ « Héhé. »

OoOoOoOoOoOoO

Allen et Gabrielle étaient allés manger et sortaient du réfectoire. Ils restaient naturellement ensemble, ne sachant pas trop pourquoi, discutant de tout et de rien. Ils trouvèrent un banc dans le hall et s’assirent un moment. Au bout de quelques instants de silence, les deux jumeaux virent de nouveau l’homme aux cheveux longs passer non loin d’eux, en direction d’une des nombreuses portes présentes. Le visage d’Allen se fendit en un air douloureux. Gabrielle observait la scène, hésitante. Elle savait que la question qu’elle s’apprêtait à poser était inutile étant donné qu’elle connaissait déjà la réponse, mais elle voulait voir s’il était prêt à en parler.

_ « Tu l’aimes ? »

Le blandinet continua de fixer la porte par laquelle le kendo ka avait disparu.

_ « Oui. »

_ « Tu veux en parler ou… ? »

_ « Plus tard peut-être. Il n’y a pas grand-chose d’autre à dire de toute façon pour l’instant. »

_ « Ok. »            

Elle regarda tendrement son frère avec un léger sourire aux lèvres et plongea une main dans les cheveux neige pour les ébouriffer. Elle vit les yeux du jeune garçon briller de plus en plus, et attira sa tête contre elle, dans le creux de son cou. Allen échappa une larme et s’accrocha à sa sœur en l’attrapant par la taille, en la serrant de toutes ses forces. Il relâcha la pression au bout de quelques instants, mais ne bougea pas de l’étreinte de sa sœur, et se laissait bercer en appréciant le réconfort.

Au bout d’un moment, Gabrielle réalisa que son golem n’était plus dans son cou. Elle l’avait senti sortir sans y prêter plus d’attention. Elle jeta un coup d’œil en arrière et vit qu’il voletait tranquillement à côté de Tim. Il ne le fuyait plus, mais ne s’approchait pas trop pour autant.

_ « Tiens au fait, je suis arrivée hier et dans l’agitation j’ai oublié de te transmettre le message que Cross m’avait chargé de te faire passer. »

Allen leva la tête de son cou et regarda la fille, intéressé.

_ « Heum… tu vois Gabbô ? Il est à moi maintenant. Et tu vois Tim ? Il est à toi maintenant. Cross nous les a légués. Il reste leurs créateurs, mais nous sommes leurs nouveaux propriétaires. »

Le visage d’Allen s’illumina soudain. Un sourire vint s’accrocher à son visage et il tourna la tête vers le golem doré.

_ « Il a pensé que ça te ferai plaisir. »

_ « Il a eu raison. »

Allen appuya sa tête sur l’épaule de sa sœur et continua de regarder dans le vide, un sourire plaqué sur son visage, les yeux toujours brillants des larmes que lui avaient arraché Kanda.

OoOoOoOoOoOoO

Les deux jumeaux étaient retournés dans leurs chambres respectives. Gabrielle s’amusait avec Gabbô. Elle songeait à son golem qui était sorti de son cou tout à l’heure dans le hall. Peut-être qu’il s’entendrait bien avec Timcampy.

Toc, Toc, Toc

Elle leva la tête en direction de la porte et stoppa son mouvement envers la petite boule argentée.

_ « Oui ? »

_ «  C’est Lenalee, est-ce que je peux rentrer ? »

_ « Oui. »

La chinoise entra, et s’avança jusqu’au lit ou elle s’assit à côté de Gabrielle, avant d’engager la parole.

_ « Heu… je voulais te parler d’Allen, et te poser une question. J’ai vu que tu étais vite devenue très proche de lui alors je me demandais si toi aussi tu avais remarqué quelque chose à propos de … »

_ « Kanda ? »

_ « Oui. »

_ « Oui. »

Il y eut un blanc pendant un court laps de temps et Gabrielle décida de poursuivre.

_ « Tu le connais bien Kanda ? »

_ « Pas trop non. Il n’est pas vraiment bavard. »

_ « Tu pense qu’il y aurait une chance ? »

_ « Je ne sais pas. Je sais qu’il serait susceptible d’aimer un garçon, mais Allen, j’en doute. »

_ « Trop féminin ? » Les deux filles pouffèrent de rire, puis Gabrielle reprit.

_ « Plus sérieusement, je pense que j’ai une petite idée. Ou plutôt une petite suggestion à soumettre à ton frère quant à une certaine prochaine mission. » Elle avait un sourire démoniaque et des yeux pétillants.

_ « Dis je me demandais, pourquoi ignores-tu complètement les autres alors que tu nous parle normalement à Allen et moi ? »

_ « Allen est mon frère jumeau donc on est vite devenu très complices, et toi, je te connais un peu parce que je t’ai rencontré le même jour que lui, et étant donné que je t’apprécie, je n’ai pas envie de me montrer désagréable envers toi. »

_ « Ha… » La chinoise rosit légèrement sous le compliment.

OoOoOoOoOoOoO

Le soir venu, Gabrielle songeait. A Kanda, à son frère, à Lenalee, et eut du mal à s’endormir… comme d’habitude.

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