Disclaimer : Les personnages appartiennent à Katsura Hoshino, sauf Gabrielle, Nara et Gabbô qui sont à moi."
Prologue
« J’ai faim », pensa Allen, tout comme environ 99% du temps. Il n’avait presque pas dormi et s’était entraîné tôt, cherchant à fuir ses pensées et le désordre chaotique qui régnait en maître dans son esprit, ainsi que dans les couloirs où Komurin 16 avait laissé la trace de son passage. Des pièces mécaniques et des tronçonneuses initialement intégrées à la « chose » étaient éparpillés dans une bonne partie de la congrégation, merci Kanda, merci.
« Kanda »… Allen s’était arrêté en plein exercice, songeant à ce nom, puis préféra se mettre en route pour le réfectoire avant que son ventre n’implose.
_ « Moyashi !! »
Le dit Moyashi stoppa tout mouvement, puis se retourna lentement, un regard noir solidement accroché à sa figure.
_ « Allen » rétorque-t-il d’une voix calme avant d’enchaîner un peu plus violemment : « Je m’appelle, ALLEN !!! »
_ « C’est pareil, commence pas à m’emmerder, je suis venu parce que Komui m’a chargé de ramener tes petites fesses de blandinet dans son bureau. Alors bouge toi, j’ai pas que ça à faire, vois-tu… Moyashi » Yû lança ce dernier mot avec un regard sadique, sachant qu’il allait provoquer une forte réaction sur le maudit.
C’était toujours la même chose. Une telle inconsidération de la part de l’homme impassible en face de lui le rendait malade, et lui faisait quelque fois monter les larmes aux yeux... de colère, de frustration. Il n’eut même pas la force de le frapper ou d’engager une de leurs bagarres habituelles tant il en était épuisé. Il le suivit alors sagement jusqu’au bureau de l’intendant où Lenalee était déjà présente.
_ « Une nouvelle mission ? » s’enquit Lenalee à l’adresse de son frère. Toujours très enthousiaste à cette idée, tout comme le garçon aux cheveux blancs.
Leurs visages rayonnaient toujours alors qu’à chaque mission ils risquaient d’y laisser la vie. Kanda ne les comprenait définitivement pas, partagé entre l’exaspération et quelque part, l’admiration d’une telle joie de vivre, surtout envers Allen, vu les circonstances de son passé et de son destin en tant que hôte du 14ème à qui il devrait plus tard céder son corps, sa vie.
Komui se leva de sa chaise pour se déplacer difficilement vers sa mapmonde, piétinant les tas de feuilles accumulées sur le sol. Il désigna un lieu, quelque part dans le sud de la France, puis les briffa sur leur mission. Ils seront envoyés tous les trois, pour secourir des finders pris dans une attaque d’akumas furieux que la congrégation ait encore mis la main sur une innocence. Ils partiraient le lendemain à l’aube.
Le jeune garçon rentra dans sa chambre sans même passer par le réfectoire, l’entrevue avec Kanda lui ayant coupé l’appétit. Il s’assit sur son lit et commença à laisser libre court aux pensées qu’il avait fui toute la matinée. Il se sentait vide, incomplet. Comme si la moitié de son cœur, et la moitié de son âme n’étaient pas là. Il était brisé, sans savoir pourquoi, il pensa que son esprit commençait tout simplement à batailler pour encaisser les épreuves qu’il traversait tout au long de sa vie, et bataillait pour encaisser son destin. Ce n’était pas faux, mais au fond de lui il le savait, des éléments manquaient au puzzle. La plus part des pièces manquaient, il avait l’impression de n’avoir aucun recul sur les choses et les évènements. Tout le dépassait, il était perdu. Il savait que plusieurs grands pans de son existence ne lui étaient pas accessibles. Sa plus grande épreuve fut d’admettre qu’il ne ressentait pas que de la haine pour le kendo ka, ce qui n’était pas très étonnant. Mais en réalisant cela il avait également réalisé qu’il pouvait définitivement renoncer à vivre une quelconque histoire avec le brun, se rappelant les sentiments de ce dernier à son égard. Ce qui l’intriguait le plus, c’était que le manque de Kanda était énorme, mais qu’il savait que quelque chose d’autre manquait. Une moitié. La moitié du puzzle. Ce n’était pas un sentiment, c’était une réalité.
Il continua sa journée de façon banale. Et la nuit tombée, il se mit à rêver, comme d’habitude, de la personne qui lui retournait les tripes à chaque confrontation, Kanda. Et comme d’habitude, juste avant de se réveiller, une image apparaissait. Il se voyait lui, flottant dans les airs à côté d’un autre lui, les cheveux un peu plus longs, d’un noir corbeau, et son innocence identique à la sienne, de cette couleur ébène également. Ces deux lui côte à côte dégageant une aura de puissance si intense qu’il avait l’impression d’étouffer sous le poids d’un bloc de plomb.
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« Le comptage des cartes. Calculer chaque probabilité, se rappeler de l’emplacement exact de chaque carte, qui à un moment à été montrée, en déduire le jeu de ses adversaire, analyser les pensées et intensions de ceux ci grâce au décodage du langage du corps, rester concentrée à fond durant tout le jeu, prendre du recul sur chaque action… Tout ça pour payer les dettes de mon maître ! Foutu Cross ! »
_ « Elle a encore gagné ! Je suis sûre qu’elle a un deuxième jeu et qu’elle triche ! », S’écria, fou de rage un homme aux grosses lunettes rondes et aux cheveux en bataille qui venait de se faire dépouiller par la jeune femme au visage masqué en face de lui. Une grande capuche ombrageait sa figure de sorte à ce que les autres ne la voient pas, tout en laissant libre son champ de vision.
_ « Nous avons vérifié tout le monde et surveillé très attentivement tout mouvement suspect monsieur. » Répliqua l’homme qui remplissait les fonctions de croupier et attentif surveillant prêt à déceler la moindre tricherie… Mais visiblement trop peu assidu pour déceler une tricherie telle le comptage des cartes.
_ « J’ai encore gagné les gars ! Je repars avec la totalité de vos mises et vous, bah… retournez donc à la table d’apprentissage. Personne ne pourra jamais me battre au poker. » La jeune fille débita ces paroles d’une voix affirmée et quelque peu sadique.
_ « Petite peste ! Tu me fais penser à un jeune homme aux cheveux blancs qui autrefois nous avait plumés de la même façon. Je ne saurais dire pourquoi, mais mon intuition me fait dire que je te reverrais à l’avenir. Quel est ton nom ?
_ « Gabrielle Walker » dit-elle en se retournant, faisant voler son long manteau ouvert, et tomber sa capuche avant de prendre la tangente avec son pactole d’un pas droit et rapide.
« Et dire que je n’ai pas réussi à te tuer toi non plus cette nuit là »… pensa l’homme avec un regard mi furieux mi amusé…
Le grand Tyki Mikk avait tenté de la tuer elle aussi, cette nuit là. La nuit où Suman Dark avait cessé de vivre, et où Allen s’était senti le rejoindre. Il avait essayé de la même façon, il lui avait transpercé le cœur, et tout comme le garçon aux cheveux blancs, elle avait été sauvée par son innocence qui avait fini par se reformer et évoluer en le clown couronné actuel. Mais à la différence de l’autre, son clown couronné à elle était aussi noir que ses cheveux ébène.
Arrivée là où elle logeait actuellement, elle lâcha nonchalamment les billets sur la table devant son maître, vautré sur le canapé à la façon d’une parfaite loque, les bras croisés et un air satisfait plaqué sur le visage. Gabrielle ne dit pas un mot et fila vers la petite pièce sombre qui lui servait de chambre. L’argent, elle aurait pu en garder pour elle, avec tout ce qu’elle ramenait, mais à quoi lui aurait-il servi. « Quand on a rien, on a besoin de rien ». Elle s’était déjà acheté quelques vêtements neufs, et une paire de chaussures potables, ainsi qu’une valise pour son départ qui aurait lieu le lendemain. Cross lui avait fait parvenir des uniformes adaptés. Et puis, quand elle s’ennuyait, elle parlait ou s’amusait avec Gabbôniru, le golem argenté de son maître. Aussi étrange que cela puisse paraître, le golem avait son caractère. Elle avait entendu parler de Timcampy qui se laissait sans problème approcher par les autres. Gabbô, lui, n’approchait que deux personnes : Gabrielle et son maître. Il était même plus loyal avec elle qu’avec son propre créateur. Elle s’occupait mieux de lui. Les autres, il ne les approchait pas et les fuyait même, ou bien les ignorait.
Cross rangea l’argent dans une commode déjà bien emplie et en garda une partie pour passer la soirée dans les bars. Contrairement à Allen, Gabrielle se servait de son cerveau et non de sa force pour payer les dettes de son maître. Ce qui était beaucoup plus efficace. Lorsqu’on était un tant soit peu intelligent, il n’était plus nécessaire de trimer.
Demain, elle partirait enfin à la congrégation de l’ombre, le moment était venu pour tout le monde de découvrir la vérité, et de regagner l’espoir d’en finir avec cette guerre, même si les chances que tout fonctionne étaient faibles. Et puis, elle n’aurait plus à payer les folies de son maître.
Assise par terre, dos au mur, elle repensait à tous ses combats, tous ses entraînements, toutes ses parties de poker, toutes les manipulations dont elle dû user pour ne pas avoir à payer certaines dettes, et pour ne pas avoir à en payer d’autres par la suite. Puis sa mémoire remonta plus loin d’elle-même, elle repensait à Nara, la femme qui l’avait trouvée et élevée jusqu’à ce qu’elle ne meurt assassinée. Nara était une scientifique et lui avait appris tout ce qu’elle savait. Elle n’avait pu se résoudre à laisser un tel cerveau sans instruction. Elle entreprit alors d’enseigner à Gabrielle tout ce qu’elle pouvait lui apprendre.
Flash back
Gabrielle errait seule comme d’habitude dans une petite ruelle. Elle était malade et titubait. C’était une enfant, sa peau était lacérée par endroits et ses cernes plus creusées que jamais. Elle n’avait pas cherché à trouver à manger ou à boire au près des villageois ces derniers temps. Elle en avait marre. Marre de dormir dehors, d’être obligée de se démerder pour obtenir de l’argent pour manger. Marre de marcher sans but. Marre de ne pas savoir qui elle était, si ce n’était son prénom. Gabrielle. La petite s’écroula alors malgré elle, et eu l’envie de dormir sur place, il était tard, et elle était à bout de forces.
Le lendemain, elle se réveilla dans un lit. Il lui fallu un moment pour prendre conscience de ce qu’il y avait autour d’elle, dans quelle situation elle se trouvait. Elle se leva d’un bond avant de retomber par terre, écrasée par une terrible chute de tension et un mal de crâne quasi meurtrier. Elle se leva doucement et quitta la chambre, à la recherche de la personne qui l’avait conduite ici. Elle entendit une voix provenant de la pièce à sa droite et regarda par l’entrebâillement de la porte. Elle vit une femme de dos, dotée de longs cheveux noirs, et parlant visiblement d’elle au téléphone.
_ « Je l’ai trouvée oui. Ça n’a pas été facile, mais tu m’avais donné une description plutôt exacte. C’est vrai qu’elle ressemble comme deux gouttes d’eau à son frère. Tu la verrais, elle est toute mignonne, bien qu’assez mal en point pour le moment, mais je vais me charger de régler ça. »
La petite fille se posa mille questions. Un frère ? Quel frère ? Et puis d’abord d’où la connaissait-elle ? Le claquement du téléphone la sorti de ses pensées. Puis la femme se tourna vers elle avec un grand sourire.
_ « Gabrielle ? »
_ …
_ « Enchantée de faire ta connaissance, je m’appelle Nara. Nara Walker.
_ …
_ « heu… si tu as faim, je t’ai préparé un petit déjeuner, tu peux aller te servir si tu veux, c’est sur la table de la cuisine juste à ta gauche. Il y a également une salle de bain derrière toi avec une serviette propre de sortie, et il y a aussi des vêtements de rechange neufs qui devraient être à ta taille. Mange un peu, prend une bonne douche et puis on parlera, d’accord ? »
_ …
Gabrielle se précipita alors sur la nourriture et avala la totalité de son petit déjeuné en un très court laps de temps, puis fila se laver. Elle ne voulait pas sortir de cette baignoire, elle ne voulait pas parler à cette femme qu’elle ne connaissait pas. Elle ne voulait pas parler, tout court.
Une fois sortie, elle se précipita dans sa chambre, ne voulant pas voir l’étrange dame qui connaissait son nom, et qui prétendait qu’elle avait un frère. Malheureusement pour elle, cela n’échappa pas à la brune qui entra à son tour dans la chambre. Gabrielle était recroquevillée dans un coin de la pièce. Nara s’approcha doucement de la petite et eut l’impression d’avoir à dompter un animal sauvage.
_ « N’ai pas peur. Je ne te veux aucun mal. Tu comprends ce que je dis ? »
_ … « Reparles moi encore une fois comme à un animal débile et je brûle ta maison. »
_ « Ha heu… excuse moi. Tu veux bien venir t’asseoir sur la chaise ? »
_ « non ».
_ « Ecoute, je t’ai ramenée ici pour te sortir de la rue, et car on m’a chargé de le faire. »
_ « Tu prétend que j’ai un frère. Développe. Je veux des explications. »
_ « Tu as un frère jumeau, et tu sauras dans quelques années pourquoi nous ne pouvons vous réunir maintenant. Il s’appelle Allen et à été recueilli par mon propre frère. Mais lui n’est pas au courant de ton existence. Oubli le quelques années, fait comme si tu n’avais jamais entendu parler de lui. »
_ « Très bien. De toute façon je ne le connais pas. Avec ce que tu viens de me dire, j’en déduis que j’en ai pour un moment à devoir rester ici ? »
_ « C’est exact. Ça n’a pas l’air de te réjouir. »
_ « Bof, au moins je n’aurais pas à rester dans la rue. Qui t’a forcé à m’accueillir ? »
_ « Pas forcée, chargée. Et tu le sauras le moment venu. Je te laisse tranquille pour le moment, et si tu te décides enfin à sortir de ta nouvelle chambre, je serais dans le salon. »
Quelques mois plus tard
Gabrielle n’avait pas beaucoup parlé à Nara, la considérant toujours comme une étrangère. Ou plutôt se considérant elle-même comme étrangère par rapport à elle. Mais une nuit, elle fit prise de panique, suite à un cauchemar des plus réalistes, et n’arrivait pas à se calmer. Elle tentait par tous les moyens de rationnaliser au maximum, mais son esprit ne l’écoutait pas. Elle pleurait, elle paniquait, elle se sentait étouffer, et sa cage thoracique devint une prison, elle tremblait de tout son corps et chacun de ses muscles étaient crispés. Elle sanglotait et s’accrochait à tout ce qui lui passait sous la main, elle ne voulait que mourir à ce moment là. Puis entre deux larmes elle tenta de crier, et seul un murmure désespéré ne sorti de sa bouche.
_ « Na… ra… »
Alors qu’elle prononçait son nom elle la vit, déjà dans la chambre, s’avançant doucement vers elle. Gabrielle était en boule sur le sol de sa chambre, accroché à un des pieds du lit. La grande brune chuchotait calmement des mots que la plus jeune n’entendait pas tant ses oreilles sifflaient. Elle se baissa et prit doucement la petite fille dans ses bras, la berçant délicatement, et passant une main dans ses cheveux.
Au bout d’une dizaine de minutes, la petite fille était calmée. Les larmes coulant toujours silencieusement le long de ses joues. Des frissons survenaient toujours de temps à autres entre deux sanglots. Gabrielle, prenant conscience de ce qu’il se passait petit à petit, se sentit faible. Faible et honteuse. Elle se détacha de l’étreinte de Nara avant de s’asseoir sur le lit, les yeux dans le vide. La jeune femme resta assise par terre et fixa la petite brunette, d’un air calme et affectueux. Ne voyant aucune réaction de la part de sa protégée, elle retourna dans sa chambre, abandonnant tout espoir de communication.
Gabrielle ne savait pas trop quoi faire, perdue dans ses pensées, et toujours sous le choc de la crise. Elle voulut se rendormir, mais la peur et le reste d’angoisse imprimé dans sa chaire étaient toujours présents. Elle fit donc ce qu’elle ne crut jamais faire, et alla frapper à la porte de la chambre de Nara. Car au final, c’était le seul être humain à qui elle faisait confiance.
Nara ouvrit les yeux, l’esprit encore embrumé par le manque de sommeil, et un sourire s’étendit sur son visage en voyant un œil brillant dans l’entrebâillement de la porte, légèrement éclairé par la pleine lune qu’aucun rideau ne filtrait.
Fin flash back.
Chassant de son esprit les pensées et les souvenirs qui défilaient à trois cent à l’heure, elle s’arrêta devant le miroir à côté du matelas posé par terre, qui lui servait de lit. Elle contempla un moment son œil droit, avant de poser son regard sur son bras droit enlaidit et sur la croix qui ornait le dos de sa main. Observant, réfléchissant, et appréhendant le moment où elle devrait tout révéler à son frère jumeau.
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