Courir, toujours courir, malgré la fatigue et les points de côté, malgré, surtout, les douleurs à l’extérieur, mais aussi à l’intérieur, de tout son corps. Courir pour fuir cet endroit si horrible, cet endroit de cauchemars, oui courir... Hélas ! cela, Greg Cornebuse ne le faisait que dans sa tête aux fusibles fondus. Car dans la réalité, il était toujours dans cette maison, attaché sur le lit, nu comme un ver, les deux soeurs diaboliques le torturant encore et toujours. Il s’était enfui dans un monde imaginaire, mais la souffrance, elle était bien réelle, et c’est sûrement elle qui de temps en temps le ramenait à la réalité.
Les soeurs, une empalée sur son sexe toujours dopé par le cocktail qu’elles lui avaient injecté, l’autre agenouillée à sa gauche et lui versant sur le corps de la cire fondue et encore bouillante à l’aide d’une louche. Car, oui ! c’était de la cire de bougie qui fumait dans la casserole que Marina avait étée chercher deux minutes plus tôt. Et, malgré le sédatif, la douleur se faisait tout de même ressentir, et pas qu’un peu. Greg vivait un enfer, le liquide en feu lui brûlant profondément la peau, et l’odeur de cochon grillé, qui s’en dégageait, était insoutenable. Puis Catherine se désempala de sur sa verge, attrapant à son tour la louche, elle fit couler une longue ligne de bougies fondues de son nombril jusqu’au bout de son phallus. Dans sa poitrine déjà en feu, une brûlure plus vive encore se fit sentir. C’était son coeur qui s’emballait. Greg s’en retrouva alors et de nouveau complètement lucide, peut-être par pur instinct de survie, mais on ne le sera jamais. Toujours est-il qu’il reprit ses esprits et essaya de calmer son organe devenu à son tour fou, mais, hélas, il n’y parvint pas.
Une lumière blanche l’éblouit alors un court instant, puis laissa place à un film retraçant toute sa vie qui malgré sa longueur se déroula bien vite. Il se revit enfant, période qu’il avait passé entre les bancs d’école et les seaux de lait qu’il devait prélever à la vache familiale tous les matins et tous les soirs. Puis il revécut sa courte et misérable vie d’adulte, passée entre son fauteuil d’écrivain raté à noircir d’histoires fadasses des feuilles qui auraient été mieux utilisées comme PQ que pour y recevoir ses merdes littéraires et les tabourets de bar, une bière dans sa main, une dans son estomac, une dans sa vessie et une à venir se faisant oppressante dans son cerveau. Enfin il revit son plus vieux et meilleur ami Franck, et eut une larme en pensant qu’il ne boirait plus jamais avec lui.
Il trépassa trente secondes après le début de sa crise cardiaque. Son coeur, déjà malmené par l’abus d’alcool, ne supporta pas la surdose d’excitants et de sédatifs, ni la torture que lui avaient infligé les deux soeurs foldingues.
Les deux soeurs foldingues, c’est ainsi qu’on les surnommait dans l’asile psychiatrique d’où elles s’étaient échappées deux jours avant et où elles étaient enfermées depuis quatre ans pour troubles mentaux ; troubles qui les avaient conduites jusqu’à tuer leurs propres parents et de façon encore plus monstrueuse que ce qu’elle avait fait subir ce soir-là à Greg.
Greg Cornebuse décéda donc au bout de trente secondes, mais elles lui parurent durer une éternité ; puis il s’éleva, quittant définitivement ce monde, son corps et surtout cet endroit de cauchemar, et puis il arriva devant les portes du paradis et...
|