Chapitre 14 Un dîner virant au cauchemar Sirius transplana avec Severus jusqu'à un quartier huppé du Londres sorcier. Ce dernier fut étonné lorsqu'il reconnut l'endroit. Il était réputé pour être un lieu de rendez-vous incontournable des Sangs-Purs, allant pratiquement jusqu'à faire croire à tout sorcier lambda qu'il leur était exclusif. Sirius avait fréquenté assidument Hight Alley dans sa jeunesse, héritier Black oblige, jusqu'à ce qu'il fugue chez les Potter pendant les vacances entre sa sixième et sa septième année à Hogwarts et qu'il soit déchu de son titre d'héritier au profit de son frère Regulus, titre qu'il avait récupéré à la disparition de toute sa famille à la chute de Voldemort mais qu'il n'avait réellement repris et exploité qu'à son retour des USA. Severus l'y avait parfois rencontré quand sa mère Eileen Snape, née Prince, l'y emmenait pendant que son père, Quinn Snape, Death Eater de son état, partait se réunir avec ses semblables aux pieds du Dark Lord. Une ombre passa dans les yeux de Severus alors qu'il pensait à ses parents. Il haïssait son père, premier garçon de la dernière génération née dans la branche cadette de la mythique famille Snape, branche ruinée par le goût immodéré du jeu du chef familial, parce qu'il était extrêmement violent et qu'il n'hésitait pas à user de ses poings et de ses pieds comme de sa baguette pour martyriser et faire du mal à sa famille. Bien qu'il savait depuis toujours n'être que le fruit d'un devoir découlant d'un mariage arrangé, le maître de Potions avait toujours aimé sincèrement sa mère, voire l'idolâtrait de tout son être, et sa mère le lui rendait parfaitement et totalement cet amour en réponse de l'absence totale de sentiments de Quinn Snape envers sa femme imposée et son fils Severus qu'il ne voyait que comme l'héritier de son nom. Dernière enfant de la prestigieuse famille Prince, Eileen Prince avait incarné et incarnait toujours aux yeux de son unique enfant la parfaite Sang-Pur. C'était un peu grâce à cette image qu'il avait d'elle qu'il avait rencontré Narcissa Black, la cousine de celui qui allait devenir son plus grand rival pendant ses sept années à Hogwarts, Sirius Black, et Cassiopée Malfoy, la sœur jumelle de Lucius Malfoy. Narcissa, Cassiopée, Lucius et lui étaient très rapidement devenus d'excellents amis et aujourd'hui, Severus devait bien se l'avouer, il savait que s'il avait approché les deux blondes, c'était parce qu'il avait remarqué qu'elles avaient malgré leur jeune âge la même beauté éthérée que sa mère. Une mère qu'il avait découvert gisant dans son sang alors qu'il revenait tout juste de sa cinquième année à Hogwarts aux pieds de son géniteur qui tenait encore dans sa main le poignard dont il avait usé sur elle et qui avait au fond de ses yeux cette lueur démente qui attestait de son goût du sang. L'adolescent s'était précipité vers la femme la plus importante de sa courte vie alors que son mari se détournait déjà d'elle pour rejoindre son maître. En sanglotant, il avait accédé à la dernière promesse que lui avait arraché la mourante, celle d'être heureux et de croire à ses propres convictions et non à celles qu'on voulait lui imposer, avant de recueillir son dernier souffle. Il se souvenait, il avait pleuré toute la nuit sur le corps nu de sa mère - car non seulement il l'avait tué de sang-froid mais surtout avant cela il l'avait encore plus battu que d'habitude et l'avait violée de tout son saoul alors qu'elle lui refusait son lit depuis la naissance de son fils - avant d'être torturé par son géniteur "pour n'être qu'un faible pour pleurer une bonne à rien" et jeté dans le cachot le plus froid du manoir pour un mois, pour, disait-il, " s'endurcir et faire de lui un bon disciple du Seigneur des Ténèbres ". Il était d'ailleurs entré au service de Voldemort dès son diplôme en poche, à la plus grande "fierté" de son père, qui croyait que sa technique d'éducation avait porté ses fruits, pour pouvoir le tuer à l'aide d'un poison redoutable qu'il avait mis au point dès son retour à l'école suivant la mort de sa mère pour la venger ce qui lui avait valu d'être remarqué puis accepté par Voldemort en tant que maître de Potions personnel du Lord. -Sev ? Est-ce que ça va ? Severus cligna des yeux pour se retrouver nez à nez avec Sirius. Celui-ci leva la main et lui caressa tendrement le visage. Il s'aperçut alors que les larmes coulaient librement sur ses joues. Il allait les essuyer d'un geste rageur mais son vis-à-vis le devança en prenant son visage en coupe et essuyer doucement de ses pouces les preuves flagrantes de sa tristesse. Lorsqu'il eut fini, Sirius déposa sur ses lèvres un baiser chaste avant de s'écarter de lui. Pendant ce temps, Severus n'avait pas osé bouger tant le moment lui avait paru irréel. -Sev ? s'inquiéta Sirius -Excuse-moi, souffla Severus. C'est que cet endroit me rappelle à la fois des choses que je chérirais toute ma vie et d'autres que je voudrais à tout prix oublier ... Il secoua mentalement et lui adressa un sourire à peu près sincère. -Tu es sûr ? -Certain. Si on y allait ? Sirius capitula à ce moment-là et conduisit Severus à travers le dédale de rues jusqu'à un restaurant discret mais réputé dans l'aristocratie sorcière à deux pas de Diagon Alley. -En arrivant directement sur Diagon Alley, nous aurions beaucoup trop attiré l'attention, se justifia Sirius. Mais Severus n'était pas un spécialiste en Légilimencie pour rien et bien que son compagnon ait de bonnes barrières d'occlumens, il savait que ce n'était pas la seule raison à ce détour. Il se promit de tirer cela au clair plus tard. Après avoir rencontré le maître d'hôtel du restaurant et confié leurs capes au vestiaire, ils furent enfin installés à la table que Sirius avait réservé pour eux deux. Ce ne fut qu'après un silence tendu qui dura jusqu'à ce qu'ils finissent le premier plat qu'ils se décidèrent à parler. Petit à petit, ils reprirent les habitudes qu'ils avaient lorsqu'ils se retrouvaient tous les deux chez l'un ou l'autre. Leurs corps se rapprochaient doucement, des caresses fugitives étaient échangées. En même temps, le monde s'effaça autour d'eux, les laissant dans leur bulle. Pour une fois depuis des années, ils étaient totalement heureux et en une compagnie à laquelle ils aspiraient depuis longtemps. Mais cela ne dura pas. Alors que Sirius riait d'un commentaire de Severus, toutes les vitres du restaurant volèrent en éclats. Aussitôt, Severus se jeta à terre avec Sirius pour le protéger d'éventuels débris. Les hurlements de terreur à l'intérieur et à l'extérieur du restaurant les convainquirent de se redresser avec toutes les précautions possibles. Tout en essayant de ne pas se faire repérer, les deux hommes se levèrent en sortant leurs baguettes et se dirigèrent vers la devanture pour voir ce qu'il se passait. Sous leurs regards horrifiés, ils découvrirent les flammes qui léchaient les magasins en face et sûrement également quelques autres de Diagon Alley même. Une silhouette passa dans l'extrême coin de leu champ de vision mais alors que Sirius allait se mettre debout pour voir ce que c'était, Severus le tira contre lui et il se retrouva dans ses bras. -Mais qu'est-ce que ... ? protesta Sirius tout en piquant un fard -Tais-toi ! intima Severus. C'est une attaque des Death Eaters ! Il faut se sortir de là ! -Tu as raison. Il y a des cheminées reliées au réseau ici, non ? -Sûrement, pourquoi ? -Occupe-toi de faire évacuer les lieux, je vais lancer une illusion pour nous protéger. -Excellente idée. Ils suivirent ce plan et bientôt, les nombreux clients du restaurant ainsi que le personnel quittaient les lieux pour se rendre dans un premier temps au Ministère pour faire leur déposition avant de rentrer chez eux. Mais alors que seulement les deux tiers avaient quitté la place, Sirius effectua un vol plané à travers la salle pendant que son illusion explosait littéralement. Severus se précipita vers lui. -Ça va ? -Simplement sonné. Les Death Eaters semblent avoir flairé la supercherie. Il faut protéger les personnes qui restent ! Comme un seul homme, ils se redressèrent et firent barrage de leurs corps pour ceux qui s'enfuyaient. S'engagea alors un combat sans merci entre les deux membres de l'Ordre du Phénix et les six Death Eaters. Tous les coups étaient permis et personnes ne s'en privait. Sirius et Severus avaient réussi à se débarrasser de trois de leurs adversaires mais le reste était coriace. Tous les deux avaient subi bon nombre de sorts et n'étaient pas dans leur meilleur état. Soudain, une sonnerie claire retentit dans la nuit. A ce signal, les Death Eaters restants battirent en retraite et transplanèrent aussitôt dehors. -On devrait partir d'ici nous aussi, conseilla Severus dans un souffle. -OK, acquiesça Sirius. Où ? -Étant donné que je suis sensé être chez moi et toi du coté moldu, le mieux serait d'aller chez toi. -Adjugé. Tu pourrais m'aider à marcher ? Boitant tous les deux, ils sortirent du restaurant avant d'immédiatement transplaner devant le manoir Black et d'y entrer avant qu'on ne les remarque. -Par Morgane, vous êtes là ! s'écria une voix. Mais dans quel état ! Ils aperçurent alors en face d'eux les Malfoy, Harry et Remus. Se sachant en sécurité, ils s'écroulèrent. -Remus, Lucius, emmenez-les dans les chambres du haut, ordonna Cassiopée qui prit la tête des opérations. Cissa, tu vas chercher de l'eau pour nettoyer leurs blessures. Draco, Harry, vous allez chercher toutes les potions que vous trouverez et vous allez commencer à préparer celles qui nous manquent. Exécution ! Tous obéirent et les deux blessés furent soignés avec les plus d'efficacité possible. Ils n'ouvrirent les yeux que quelques heures plus tard. Sirius voulut parler mais il fut pris d'une quinte de toux monstrueuse. Cassiopée s'approcha de lui et lui fit boire un peu d'eau. Elle attendit que tous les deux aient repris suffisamment leurs esprits avant de les interroger. -Que s'est-il passé ? demanda-t-elle -Une attaque sur Diagon Alley, répondit difficilement Severus. En voulant permettre aux clients du restaurant de s'enfuir par le réseau de cheminée, on a été repéré par des Death Eaters. -Ils vous ont reconnu ? s'inquiéta Lucius -Je ne crois pas, avoua Sirius. Ils avaient l'air plutôt jeunes, quelque chose comme quelques années de plus que Draco et Harry. Mais ils ont bien été entrainés. Ça ne m'étonnerait pas qu'ils soient des enfants d'anciennes familles sorcières. Ils savaient trop bien comment se battre. -Et les clients ? fit Narcissa. S'ils peuvent vous reconnaitre, vos signalements arriveront jusqu'à Dumbledore et c'est les problèmes assurés. -J'en doute, rassura Harry. Idy m'a montré un sort que je rêvais d'utiliser. Il permet de cacher l'identité de quelqu'un à tout le monde sauf aux personnes qui connaissent la supercherie. Très pratique. -Tu es un génie, Harry Potter ! s'écria Cassiopée -J'ai été élevé par deux Maraudeurs et pas des moindres, fils du troisième, sans compter une tueuse à gages sorcière, haussa des épaules Harry. Vous croyez sincèrement que je n'aurais pas appris quelques petits trucs entre temps ? -Et pour nos blessures ? demanda Severus -Rien de bien grave, rassura Narcissa. Les potions ont agi depuis le temps que vous dormez. -Quelle heure est-il ? sursauta Sirius -Pas loin de trois heures, pourquoi ? fit Draco -Dumbledore a dû essayé de nous contacter, expliqua Sirius en se redressant dans son lit avec peine. S'il n'a retrouvé personne à sa place, il va se poser des questions. -Je m'en suis occupé, répondit Remus en souriant. Pas d'inquiétude à avoir. -Vous devriez regagner vos appartements maintenant, conseilla Cassiopée. Il est assez tard pour que Dumbledore ne se doute de rien. -Tu as raison, acquiesça Severus. Chacun d'entre nous devrait aller dormir dans son lit. Tous hochèrent la tête. Lucius et Remus soutinrent les deux blessés pour les rapatrier jusqu'à leurs lits à Hogwarts. Après cela, tous allèrent prendre quelques heures de repos qu'ils n'avaient pas volé. |