Chapitre 5 Espions et réveil douloureux

Mrs Pomfrey, aussitôt les blessés entrés dans son domaine, avait renvoyé toute personne susceptible de la gêner. Pour ne pas être pris dans la tornade guérisseuse, les nouveaux arrivants durent s'installer sur un lit chacun en attendant son bon vouloir.

Aucun d'entre eux ne virent leurs sauveurs s'éclipser.

L'infirmière examina brièvement chacun d'entre eux avant de s'intéresser au cas le plus sérieux, c'est-à-dire Narcissa Malfoy. La femme avait été visiblement torturée et de nombreuses plaies, d'où coulait généreusement du sang, menaçaient de s'infecter. Par miracle, elle était encore consciente mais ne laissait rien voir de sa souffrance.

Les miracles de l'éducation de Sangs Purs.

Pour ne pas lui faire plus de mal que nécessaire, Poppy Pomfrey lui fit boire une potion contre la douleur avant tout autre chose. Voyant qu'elle avait du mal à l'avaler, elle lui massa doucement la gorge pour l'aider à déglutir. La blessée réussit à l'engloutir et un soupir de soulagement vint remercier la femme en blanc. Celle-ci attendit quelques instants avant de lui faire boire une potion de Régénération Sanguine ainsi qu'une autre refermant les plaies bénignes. De sa baguette magique, Mrs Pomfrey entreprit de refermer les blessures les plus graves. Bientôt, tout cela ne fut qu'un mauvais souvenir. Par mesure de sécurité, elle lui donna également une potion pour combattre les effets de l'Endoloris avant de lui donner une potion de Sommeil Sans Rêve. Quand elle eut enfin rejoint les bras de Morphée, Mrs Pomfrey se tourna vers ses autres patients.

Les dégâts avaient l'air moins grave que le sang ne le laissait présager. Chacun d'entre eux avait reçu quelques Endoloris en plus de quelques coups mais rien de bien méchant. Devinant leur état d'épuisement nerveux comme physique extrême, elle leur ordonna à tous de prendre une potion de Sommeil Sans Rêve. Très vite, quatre autres personnes rejoignirent la première endormie qui n'avaient pas eu le courage de protester.

Plaçant une alarme sur leurs lits, Mrs Pomfrey alla prévenir par le réseau de cheminées interne le directeur de la fin des soins. Quelques minutes plus tard, celui-ci entra dans l'infirmerie.

-Alors ? demanda Albus

-Narcissa est arrivée juste à temps, soupira Poppy. Encore un ou deux Endoloris et elle mourrait.

-Était-ce si grave ?

-Si Severus ne lui avait pas donné les premiers soins au péril de sa vie, j'en suis sûre, elle aurait succombé.

-Et les autres ?

-Lucius et Severus, en tant que Death Eaters, ont l'habitude de ce type de traitement. Ils ont donc plus ou moins bien résisté. Cassiopée reste la fille d'Abraxas et nous savons tous les deux qu'il n'était pas un tendre quand il s'agissait de l'éducation de ses deux enfants. Elle a relativement bien accepté les sorts. Celui pour qui je m'inquiète le plus, c'est Draco.

-Pourquoi ?

-Contrairement aux apparences, Lucius n'est pas son père et donc Draco n'a pas reçu l'éducation très stricte qu'ont reçu ses parents. Je ne t'apprends rien mais ce jeune homme n'est pas encore devenu Death Eater. Ce qu'il a vu ces derniers jours a largement dépassé son entendement.

-Tu veux dire que tu t'inquiètes pour son état psychologique ?

-Exactement. Il reste très fragilisé par cet évènement.

-Très bien, je comprends.

-Qui les a sorti de là ?

-Sirius.

-Comment ?

-En comprenant tout de suite pourquoi Lucius avait choisi Andromeda pour l'équipe d'extraction.

Devant l'air perdu sur le visage de sa vieille amie, le directeur lui expliqua ce que Sirius lui avait fait comprendre dans son bureau.

-J'ai toujours su que ce petit avait de la ressource malgré ses pitreries, sourit Poppy.

-C'est vrai, acquiesça Albus. Je vais te laisser à tes patients. Pendant ce temps, je vais dire quelques mots à notre héros et ses compagnons.

Sur ces mots, il la quitta et se rendit à son bureau où il avait demandé à ce que la petite famille l'attende quelques instants avant de partir.

-Merci pour votre patience, fit le directeur en les voyant tous les trois.

-Comment vont-ils ? demanda Harry

-Ils se portent mieux, grâce à vous, sourit Albus. Je voudrais vous remercier de votre aide. Surtout toi, Sirius.

-Si je peux servir à quelque chose, rit Sirius. Vous vouliez nous dire autre chose ?

-J'aimerai vous voir à dîner demain soir au château, pria Albus. Je voudrais que vous rencontriez les autres professeurs avant la rentrée. J'en profiterai pour faire passer quelques tests à Harry pour déterminer son niveau exact. Ça vous va ?

-Parfaitement, répondit Remus. Nous viendrons vers 17 h 30.

-Parfait, acquiesça Albus. Alors je vous dis à demain.

Après qu'ils l'aient salué, Remus, Sirius et Harry quittèrent le domaine d'Hogwarts puis regagnèrent leur maison.

Draco Lucius Malfoy se réveilla le lendemain matin très tôt en sursaut.

Il avait rêvé que sa tante Bellatrix Lestranges avait torturé sa mère sous ses yeux et qu'elle menaçait de la faire violer ainsi que sa tante Cassiopée Malfoy par les Death Eaters présents pour punir son père, sa mère, sa tante, son parrain et par extension lui d'avoir trahi le Seigneur des Ténèbres. Un long frisson lui parcouru l'échine en repensant à quel point ce cauchemar lui avait paru réel. Mais en ouvrant les yeux, il comprit.

Ce n'avait pas été un rêve. Cela s'était réellement passé.

Lentement mais sûrement, il se leva et s'assit sur une chaise au chevet de sa mère qui dormait paisiblement. Il lui prit doucement la main et mit sa tête sur son ventre. Sans qu'il ne le remarque, les larmes se mirent à couler et ce ne fut que lorsqu'une main vint lui caresser tendrement les cheveux qu'il s'aperçut de son état. Il se redressa et rencontra le sourire chaleureux de sa mère.

-Pardonne-moi, maman, souffla Draco.

-Qu'aurais-je à te pardonner, mon enfant ? murmura Narcissa

-De n'avoir pas su te protéger.

-Ce n'est pas grave. De toute façon, plutôt moi que toi, Draco.

-Mais tu as souffert !

-C'était pour te préserver et si c'était à refaire, crois-moi, je le referais sans hésitation.

-Mais ...

-Pas de mais, mon fils. Comprends que je t'aime et que je ferais tout pour toi pour te garder en vie. Absolument tout.

Comprenant qu'il n'aurait pas le dernier mot, il reposa sa tête tandis que sa mère lui murmurait des mots d'amour. Ce fut dans cette position que les trois autres blessés les retrouvèrent. Avec l'aide de Draco, Lucius redressa Narcissa puis se faufila entre la tête du lit et sa femme afin qu'elle repose sur lui. Le plus jeune plaça sa tête sur les genoux de sa mère pendant que Severus passait son bras autour des épaules de sa sœur de cœur Cassiopée, tous les deux assis sur le lit voisin. Tout doucement, comme s'ils n'étaient pas seuls, ils discutèrent. Ils n'amenèrent pas le sujet des évènements de la veille, chacun voulant les analyser individuellement avant toute chose.

-Quelqu'un arrive, dit soudainement Lucius, coupant sa sœur Cassiopée.

Chacun rejoignit le plus rapidement et le plus silencieusement possible son lit. Quelques instants plus tard, Albus Dumbledore passait la porte.

-Je vois que vous êtes tous réveillés, sourit Albus. Comment allez-vous ?

-Assez bien malgré ce qu'il s'est passé, répondit Cassiopée.

-Vous m'envoyez ravi, fit Albus. Vous sentez-vous en forme pour aller dans la Grande Salle ?

-Hors de question ! trancha Poppy en apparaissant. Je les garde jusqu'à cet après-midi, quoique tu en dises, Albus !

De discrets sourires effleurèrent les lèvres des patients en voyant l'un des plus puissants sorciers au monde se faire réprimander par son infirmière.

-C'est d'accord, capitula Albus. Mais pourront-ils venir dîner avec nous ce soir ?

-Cela dépendra uniquement si leur état s'améliore, répondit Poppy. Ce que nous saurons cet après-midi.

-Êtes-vous sûre, dame Pomfrey ? dit malicieusement Albus

-Sous-entendriez-vous que je ne connaisse pas mon travail, Mr le Directeur ? haussa un sourcil Poppy.

-Absolument pas, se récria Albus, voyant la menace

-J'espère bien, cingla Poppy. Je vous rappelle que ce lieu est une infirmerie et non un salon de thé donc, Albus, DEHORS !

Connaissant le caractère épouvantable de Poppy Pomfrey au sujet de ses malades, le grand Albus Dumbledore préféra battre en retraite au plus vite.

-Bien, à nous, fit Poppy en se retournant vers ses pensionnaires.

Elle les examina une nouvelle fois avant de les envoyer prendre une douche et changer de vêtements. Ensuite, elle leur fit ingurgiter à tous quelques potions pour leur permettre de se remettre sur pied au plus vite.

En début d'après-midi, et après avoir avalé un bon repas, elle consentit à les libérer de son antre.

Aucun d'entre eux ne se fit dire deux fois.

Malgré son âge, Mrs Pomfrey terrorisait absolument tout le monde, petit comme grand, quand il s'agissait de prendre soin de quelqu'un. Tous avait appris à ses dépends qu'il ne fallait jamais rester plus que nécessaire dans le domaine de guérison sous peine de s'y faire enrôler pour aider ou bien d'être gavé de potions et remèdes en tous genres.

Ce qui revenait à dire qu'elle était l'un des cauchemars permanents voire inhérents à l'école.

Mais elle restait douce, bonne et gentille avec tout le monde, sans être victime de préjugés. Elle était là pour tout le monde, élèves comme professeurs. Tous l'adorait malgré ses airs de dragon.

Les cinq espions se rendirent dans les appartements de Severus Snape, professeur de Potions à l'école. Ce fut avec un soulagement sans nom que tous troquèrent les tenues empruntées à l'infirmerie pour des vêtements convenant mieux à leur sens de l'esthétisme.

Depuis qu'ils étaient espions, ils avaient toujours fait en sorte de préparer plusieurs plans de secours au cas où ils seraient découverts. L'un d'entre eux, en cas d'extraction par l'Ordre du Phénix, voulait qu'ils aient des affaires de rechange dans les lieux où vraisemblablement on les emmèneraient, c'est-à-dire ou bien le QG de l'Ordre, ou bien Hogwarts. Draco était fier de lui car il s'agissait à la base de son idée. Sinon, ils auraient dû emprunter des vêtements aux membres de l'Ordre et qui sait, porter des vêtements de seconde main, ce que tout le monde dans sa famille se refuserait catégoriquement à faire !

Quand tous furent habillés d'étoffes soyeuses et précieuses, ils remarquèrent que c'était l'heure du dîner. Narcissa tenant le bras de Lucius, Cassiopée celui de Severus et Draco menant la marche, tous se rendirent dans la Grande Salle, un masque de marbre placé sur le visage.

Ils se doutaient que leur présence, surtout dans le mythique château, n'allait pas réjouir tout le monde.

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