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Prince of Darkness
Par Lerena
Harry Potter  -  Humour/Drame  -  fr
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    Chapitre 15     Les chapitres     5 Reviews     Illustration    
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Chapitre 15

                   

Severus Rogue pensait sincèrement que les choses auraient progressé après son incursion forcée dans l’esprit de Venceslas. Et ils avaient avancé, nul doute là-dessus. Le Poufsouffle avait recouvré la parole, s’exprimant d’une voix éraillée et cassée, l’usant avec précaution pour réhabituer ses cordes vocales à une activité plus régulière. Mais ils étaient à présent revenus à la case départ.

Venceslas avait décidé de retourner dans le dortoir de Poufsouffle, maintenant qu’il n’avait plus de raison pour demeurer aux côtés du professeur, et il l’évitait autant que possible, se plongeant à corps perdu dans les devoirs ou les grimoires que la bibliothèque pouvait lui fournir.
Toutefois, en l’observant lors du cours de Potions que la maison de Poufsouffle partageait avec Serdaigle, Rogue ne put que constater que les choses n’étaient pas redevenues exactement comme avant.

Venceslas était seul. Tout seul. Il fuyait ses amis pour travailler avec les Serdaigles et Severus était persuadé qu’il faisait la même chose en-dehors de ses leçons. Finch-Fletchey, Bones, Macmillan et Abbott fixaient leur professeur avec un regard perdu, attendant sans doute qu’il leur offre une réponse à ce sujet. Mais lui-même n’y comprenait rien.

Un instant, Venceslas Malefoy le suppliait de ne pas le laisser, de ne pas l’abandonner…et, quelques temps plus tard, il faisait tout pour se retrouver dans la solitude et fuir toute personne qui tentait de l’aider ou de le comprendre. Severus n’était pas simplement inquiet pour lui. Il était exaspéré. Foncièrement exaspéré.

Voyant que le jeune homme s’apprêtait à jeter dans son chaudron une quantité alarmante d’épines de porc-épic, il arriva à ses côtés et retint son poignet juste à temps. Un peu plus et le chaudron aurait explosé, déversant une mixture aux propriétés affreusement urticantes sur les victimes qui avaient le malheur d’être à proximité… 

Venceslas ne leva même pas les yeux vers lui, se contentant de se dégager pour poser les épines sur la table. Puis le Poufsouffle se rongea les ongles, le regard perdu dans le vague, semblant indifférent à tout ce qui venait de se passer. Si Severus n’avait pas senti le tremblement qui avait agité son poignet au moment où il l’avait saisi, il aurait presque pu croire que Venceslas était reparti dans son petit monde, loin de toute chose…

« Je retire dix points à Poufsouffle pour votre inattention bornée et j’enlève également dix points à Serdaigle pour laisser sans surveillance le danger public qui vous sert de camarade. »

Le Maître des Potions voulait le voir réagir. Qu’il lève vers lui un regard indigné, qu’il dise quelque chose, manifeste une quelconque émotion après ses propos qui déclenchèrent diverses réactions chez les élèves de Poufsouffle. Les Serdaigles étaient plus posés, plus intelligents…Ils avaient accepté les sautes d’humeur de leur professeur et savaient qu’ils rattraperaient bien vite cette petite perte.
Mais les Poufsouffle étaient démesurément loyaux et voir leur camarade être puni et insulté de la sorte les obligeait à intervenir. Macmillan fut le premier à le faire.

« Je ne dénie pas le retrait de points, mais vos propos sont inadmissibles, Professeur ! Vous n’avez pas le droit de traiter Venceslas comme cela, il… »

Le Prince des Ténèbres se leva brusquement, interrompant la parole de son ami par son simple geste. Il rassembla ses affaires rapidement et se dirigea vers la porte. Passé l’instant de surprise, Severus déclara d’une voix sévère :

« Où croyez-vous aller, Mr Malefoy ? Le cours n’est pas terminé. »

Justin quitta sa table et alla rejoindre Venceslas, lui prenant le bras avec douceur pour le ramener à sa place, pensant sans doute qu’il s’agissait seulement d’une des petites bizarreries de son ami. Un geste qui crispa le Prince des Ténèbres, au point qu’il repoussa avec force son camarade, s’exclamant d’une voix pleine de colère :

« Laissez-moi tranquille ! »

C’était la première fois que Venceslas manifestait une telle violence. Habituellement, il débitait une phrase insensée, s’adonnait à une activité incompréhensible ou se contentait de partir et de rejoindre un lieu quelconque. Mais là…là, il n’avait pas hésité à le repousser. Son ami.
Quelque chose n’allait pas. Ce n’était plus seulement évident, c’était criant…

Venceslas partit en courant. Severus sentit qu’il allait le regretter, mais il confia la surveillance de sa classe à un élève de Serdaigle avant d’aboyer aux Poufsouffles de rester dans la salle. Il la quitta à son tour, se lançant à la poursuite de son élève.

Venceslas n’était pas rapide. Ses pas étaient maladroits, comme s’il avait du mal à maîtriser son corps. Il ne tarda pas à trébucher et à s’étaler de tout son long, permettant au professeur de Potions de le rattraper sans encombre. Il l’empêcha de s’en aller, le ceinturant d’une manière qui, il le reconnaissait, n’était pas très professionnel, avant de le traîner dans la première salle vide qui se présenta à eux.

Venceslas se débattait, sans oser crier, mais il ne pouvait rien faire. Les couloirs étant vides, aucun obstacle ne leur barra le chemin et Severus put donc s’enfermer avec lui, afin d’espérer obtenir des réponses quant à son comportement.
Après avoir verrouillé la porte d’un coup de baguette magique, le Maître des Potions posa un regard peu amène sur le garçon, sifflant d’une voix furieuse :

« À quoi jouez-vous, Mr Malefoy ? Vous fuyez toute chose, vous qui clamiez avoir besoin de moi à vos côtés. Qu’est-ce qui vous prend ? » 

Venceslas gardait obstinément le regard baissé, rongeant ses ongles d’un geste lent. Il murmura d’une voix absente :

« Vous avez remarqué que le sol de cette salle est couvert de poussière ? Je me demande combien de temps il faudrait à Rusard pour nettoyer tout ça… »

Plongé dans des calculs dont Severus ignorait la logique, il semblait avoir rejoint son propre petit monde. Severus serra les poings devant cette constatation. Il devait le tirer de là…Obtenir des réponses.  Avant qu’il ne soit trop tard…

« Cessez immédiatement cette mascarade ou je me charge de mettre à jour tous vos secrets à l’aide de la légilimancie. »

Un sursaut secoua Venceslas à ses propos, qui se décida enfin à lever les yeux vers lui. Le Maître des Potions n’aima guère ce qu’il y vit. Il n’y avait ni tristesse, ni colère, ni quoi que ce soit d’autre. Un regard vide. Perdu.
D’une voix neutre, Venceslas se contenta de souligner : 

« Vous aviez promis de ne pas le faire. »

Severus leva les yeux au ciel à ses propos, réfrénant comme il le pouvait les bouffées de violence qui cherchaient à s’emparer de son être. Non, s’en prendre au garçon n’arrangerait rien au problème, bien au contraire…
Venceslas haussa les épaules face à son manque de réponse et continua de cette voix affreusement atone, comme si l’explosion de colère précédente l’avait laissé vidé de toute émotion :

« Vous devriez rejoindre vos élèves, vous avez un cours à tenir, M’sieur… 

-À ce que je sache, Mr Malefoy, vous êtes également un de mes élèves. Qui pensez-vous être pour vous abstenir de vous rendre à ma leçon ? » 

Venceslas ouvrit la bouche, la referma et opta finalement pour le silence. Un silence que Severus ne supportait plus de sa part…

« Chaque jour, vos camarades viennent me harceler pour comprendre la raison de votre isolement soudain. Chaque jour, je dois les renvoyer en les menaçant de retenue et de retraits de points car je ne peux pas leur apporter cette réponse. Cela vous laisse-t-il indifférent ? »

Nouvel haussement d’épaules. Une flopée de sortilèges divers passa dans l’esprit de Severus, sans qu’il ne se décide pourtant à en lancer un seul…Il devait conserver son calme…Trouver un moyen de capter son attention…

« Pour quelle raison ai-je eu le déplaisir de croiser la route de Fenrir Greyback en m’aventurant dans votre esprit, Mr Malefoy ? »

La question le fit réagir et Severus put enfin contempler un semblant d’émotion dans le regard ocre de son élève. La peur. La peur sourde, angoissante, une peur qui devait exister en lui à chaque instant… 

« Répondez, Mr Malefoy. »

Venceslas gardait les lèvres closes, le regard fuyant et agité. Après un instant d’immobilité, il finit par se recroqueviller sur le sol, des tremblements le secouant progressivement. Severus soupira : 

« Mr Malefoy… »

Mais Venceslas était parti loin. Très loin. En proie à un souvenir qu’il n’avait pas la force d’affronter. Le Maître des Potions fut obligé de rendre les armes, craignant de voir son élève replonger dans l’état qu’il avait quitté avec tant de mal. Venceslas avait eu une réaction, mais pas celle que Severus escomptait…

Il l’aida à se relever comme il le pouvait avant de le conduire à l’infirmerie, le laissant entre les mains d’une Pomfresh visiblement inquiète pour un élève qui ne cessait de venir la voir en son antre. Mais Severus ne pouvait pas répondre à ses questions. Il ne pouvait rien faire.
Impuissant, agacé, il finit par retourner en classe, balayant les questions des élèves par des retraits des points et des paroles venimeuses.

 

AAAAAA

 

Allongé dans le lit de l’infirmerie, Venceslas fixait le plafond comme si c’était la chose la plus intéressante au monde. Il réagissait aux stimuli, manifestant sa voix quand Pomfresh lui posait des questions, sans pour autant lui fournir des réponses satisfaisantes.

L’infirmière ne savait plus quoi faire, si ce n’était chercher, encore et toujours, à établir un véritable contact avec son élève. Quelque chose qui lui permettrait d’avancer et de sortir Venceslas de la torpeur qui était la sienne…

« Vous n’aimez pas les potions, Mr Malefoy ? »

Mrs Pomfresh était assise aux côtés du lit de son patient, profitant de ce rare instant où son antre n’était pas envahi par d’autres élèves pour pouvoir s’occuper pleinement du petit Poufsouffle.

Celui-ci refusait obstinément de la regarder dans les yeux, pour une raison qui dépassait l’infirmière. Elle n’allait pas le pousser…Tant qu’il acceptait de converser, de former un lien avec elle, c’était déjà une bonne chose.

« Je n’aime pas en boire. Les cours, ça dépend…Ce n’est pas facile.

-Vraiment ? Dernièrement, je n’ai entendu que des éloges sur vos devoirs et vos facilités en cours. Il n’en va pas de même pour cette leçon précise ? »

Venceslas secoua la tête, avant de se redresser un peu, laissant son regard s’égarer sur sa couverture. Il tira le col de son pyjama rayé, commençant à détester ce vêtement qu’il portait trop souvent, avant de répondre, jouant distraitement avec un pan de sa couette :

« Du mal à me concentrer. J’ai…J’ai besoin de l’aide de mes camarades…

-Vos amis ? Ils sont très attentionnés. Vous avez beaucoup de chance, Mr Malefoy. »

Les poings du jeune garçon se resserrèrent brusquement. Un terrain sensible…

Une certaine hésitation saisit l’infirmière. Devait-elle continuer dans cette voie-là, au risque que Venceslas se referme sur lui, ou partir sur un autre sujet, tout en sachant qu’elle n’aurait aucune chance d’avoir une réponse à ses questions en agissant de la sorte ?

À sa grande surprise, le garçon l’empêcha de tergiverser plus longtemps, marmonnant d’une petite voix :

« Je n’ai pas d’amis. Tout au plus des connaissances. »

Pomfresh haussa un sourcil face à cette réponse :

« Vraiment ? Et Mr Hampton, alors ?

-Tout au plus une connaissance.

-Mr Macmillan ? Miss Abbott ? Mr…

-Tout au plus des connaissances ! »

Le ton s’était fait agressif et Venceslas s’était brusquement crispé, le regard rempli d’éclairs. Pomfresh eut un sursaut face à la violence qui se dégageait du garçon. Une violence froide et cruelle qui n’avait rien à faire dans le cœur d’un enfant de onze ans…

« Mr Malefoy…Inutile de vous énerver, ce n’était qu’une question…

-Des questions, toujours des questions, encore des questions ! Pourquoi vous ne vous contentez pas de me laisser vivre ma vie de mon côté, hein ? »

Colère, détresse, désespoir…Venceslas oscillait entre ces trois émotions, semblant incapable de se décider pour l’une d’elles. À le regarder, on pouvait presque croire que c’était la première fois qu’il les expérimentait et qu’il n’avait aucune idée de la manière dont il pourrait les gérer.

Mrs Pomfresh commençait à le penser…Elle ne se laissa pas démonter et répondit, consciente que Venceslas avait sans doute besoin de voir les rôles s’inverser :

« Parce que vous êtes mon élève, Venceslas. Et que vous êtes malheureux.

-Je ne suis pas malheureux ! Pourquoi vous ne vous occupez pas de ceux qui en ont vraiment besoin ? Moi, je suis très bien tout seul ! Je… »

Il se mordit la lèvre, massant ses tempes d’un geste presque compulsif. Pomfresh s’empêcha de fouiller ses réserves, à la recherche d’une potion contre la migraine.

« Je n’ai besoin de personne. »

L’infirmière haussa un sourcil à cette remarque, qu’il semblait plus adresser à lui-même qu’à Mrs Pomfresh. Besoin de personne…Ce n’était pas ce qu’elle pensait, bien au contraire. De tous les élèves de Poudlard, Venceslas était bien celui qui ne devait pas rester seul et avait besoin d’aide. Mais lui dire ne ferait que le braquer un peu plus…

Soupirant, elle finit par revenir au jeune garçon, lui tendant une potion :

« Tenez. Pour votre mal de crâne.

-C’est inutile. Je n’ai pas…

-Ce n’était pas une proposition, Mr Malefoy. Buvez. »

Venceslas eut une grimace face à l’autorité débordante de l’infirmière. Brusquement, l’idée de lui désobéir et de continuer à s’énerver sur elle lui semblait beaucoup moins tentante…
Il prit quelques gorgées, avant de laisser sa tête se reposer sur l’oreiller, affichant une expression agacée.

Pomfresh lui adressa un sourire satisfait, semblant heureuse que son élève se soit enfin décidé à faire preuve d’un peu de bonne volonté. Jusqu’ici, ce n’était pas vraiment gagné…
Au moins avait-il su faire preuve d’obéissance et prendre cette potion qui ne pourrait que lui faire du bien.

Le regard de Venceslas était à nouveau rivé vers le plafond, auquel il semblait porter un intérêt d’une intensité tout à fait déplacée. Il ne réagissait plus aux tentatives d’approches de l’infirmière, ce qui ne manquait pas de l’inquiéter.

Avait-il développé une quelconque intolérance aux ingrédients de la potion qu’elle lui avait donnée ? Cela semblait hautement improbable, il n’y avait jamais eu de cas pareil auparavant, mais on parlait là de Venceslas Malefoy. Les normes pouvaient sans doute être bousculées lorsqu’il s’agissait de lui…

« Je vais retourner en cours. »

Pomfresh haussa un sourcil face à ses paroles soudaines, intriguée par ce revirement de situation inattendu.

Venceslas se redressa sur son lit, saisissant ses vêtements à la volée :

« Vous devriez rester, le temps que la potion fasse son effet. Vous pouvez vous permettre de… »

Le jeune garçon secoua la tête pour l’interrompre, avant de retirer le haut de son pyjama, visiblement inconscient de la portée de son geste. Son torse frêle se dévoila, sa peau d’albâtre recouverte de cicatrices et de diverses blessures qui ne dataient pas d’hier.

Pomfresh tira les rideaux pour lui offrir un peu d’intimité, songeant que Venceslas préférerait sans doute qu’elle n’ait pas à voir ce genre de choses.

« Comment vous êtes-vous fait toutes ces blessures, Mr Malefoy ? »

L’enfant resta silencieux un long moment, ne laissant entendre que le froissement de ses vêtements. Pomfresh s’efforça de ne manifester aucune impatience pour éviter de le braquer, quand bien même aurait-elle souhaité pouvoir lui arracher toutes les réponses dont elle avait besoin pour lui apporter un peu de bien-être.

L’infirmière commençait à comprendre les mouvements d’humeur que son collègue avait pu avoir. Venceslas était une énigme qui ne se dévoilait pas facilement.
Mais elle devait savoir. Elle devait s’assurer que Venceslas vivait mieux auprès des Malefoy qu’il ne l’avait sans doute fait auprès de ses parents biologiques. Être éduqué par Bellatrix et Rodolphus Lestrange était loin d’être une chose anodine et le nom qu’il portait autrefois n’était pas de bon augure. 

Les rumeurs avaient indiqué que les Malefoy le traitaient assez misérablement, en raison de son statut de quasi-orphelin et du déshonneur qu’il attirait sur leur famille, mais Pomfresh avait décidé, depuis bien longtemps, que se contenter de prêter l’oreille aux dires n’avait rien de constructif. Elle voulait l’entendre de sa propre bouche, s’assurer que les Malefoy le traitaient correctement, qu’il était suivi et qu’il avait seulement besoin de temps pour s’en remettre…

C’était ce qu’elle souhaitait entendre. Mais était-ce la réalité ? Après une poignée de minutes qui semblaient s’être étirées douloureusement, Venceslas finit par souffler :

« Ma mère. Quand j’ai été emmené aux médicomages, c’était trop tard. Ça ne voulait plus partir… »

Venceslas effleura les marques de griffure et les cicatrices profondes qui saillaient son corps. Un frisson le traversa en pensant à leur origine. Il pouvait encore sentir le souffle de Fenrir Greyback sur sa nuque…et le « cauchemar » que son père l’avait obligé à subir n’avait fait que raviver un souvenir trop douloureux…

« Cela vous fait-il toujours souffrir, Mr Malefoy ? »

Une nouvelle fois, le silence. Venceslas semblait peser chacun de ses mots, comme s’il ne pouvait plus se permettre d’être spontané.

Qu’était-il arrivé à ce jeune garçon qui, quelques mois plus tôt, séchait un cours d’histoire de la magie en toute innocence, pour la simple et bonne raison que celui-ci ne l’intéressait pas ? Un geste sans réflexion aucune, poussé par l’ignorance des choses et par le cœur…Un geste qu’il n’aurait sans doute plus jamais…

Pomfresh n’était pas sûre de préférer la situation présente. Certes, il semblait plus éveillé qu’autrefois et manifestait des émotions fortes, une chose qui lui était sans doute bénéfique puisqu’il valait mieux que tout cela sorte et cesse de s’accumuler en son être.
Mais il ne semblait pas heureux. Il ne souriait pas, ne s’amusait de rien et se complaisait dans une solitude qui ne lui apporterait que le malheur. Les Poufsouffles, dans toute leur loyauté et leur amitié sans failles, s’efforçaient de le tirer vers le haut, mais ils n’étaient que des enfants. Que pouvaient-ils faire d’autre ? Pomona Chourave semblait elle-même impuissante.

Venceslas avait besoin d’aide, mais tant qu’il refuserait de l’admettre et de s’ouvrir aux autres, rien ne changerait.
La voix frêle du garçon se fit entendre à nouveau, alors qu’il posait pied à terre et tirait les rideaux d’un geste lent :

« Non. Je peux y aller, maintenant ? »

Il ajouta un « S’il vous plaît » dans lequel l’infirmière percevait une certaine supplique. Elle soupira. C’était peut-être ce qu’il y avait de mieux…Ainsi, il pourrait songer à autre chose qu’aux pensées tourmentées qui devaient lui traverser l’esprit. Il retournerait auprès de ses camarades. Peut-être que ceux-ci parviendront à quelque chose…

« Très bien, Mr Malefoy. Mais, au moindre signe de faiblesse, revenez ici. » 

Venceslas hocha la tête et Pomfresh se détourna de lui pour s’occuper des élèves qui venaient d’arriver. Un sortilège qui avait mal tourné, semble-t-il…Elle soupira, observant son nouveau patient et le troisième bras qui avait poussé sur son ventre. Comment s’y prenaient-ils pour provoquer ces catastrophes ?

Soupirant, elle retourna à sa tâche, se concentrant sur l’instant présent.

 

AAAAAA

 

Venceslas marchait à vive allure, tout en frottant ses tempes d’un geste convulsif. Mal…Il avait tellement mal à la tête…Son père était prêt à agir et sa voix résonnait dans son crâne à un point tel qu’il avait des difficultés à réfléchir à quoi que ce soit. 

Incapable de se réfugier dans le méandre de ses pensées, il avait tenté de se concentrer sur les propos de Pomfresh pour ne pas laisser paraître le tourment dans lequel son père le plongeait par son impatience et son agacement.

On y était. Lord Voldemort et lui-même allaient déjouer les épreuves qui les séparaient de la Pierre philosophale et préparer le retour du Seigneur des Ténèbres. Venceslas eut la sensation que son cœur s’arrêtait de battre. Il dut s’arrêter dans sa marche, se reposant contre un mur à proximité, les yeux écarquillés.

Il ne pensait pas que cela viendrait aussi vite…Il croyait qu’il allait avoir le temps de se préparer à cela, de faire ses adieux à tout ce qui avait composé sa vie depuis son arrivée à Poudlard, d’accepter l’inévitable…Mais ce n’était pas le cas. C’était…C’était là, devant lui.

Le Prince des Ténèbres…Le rang qu’on l’enseignait à tenir depuis son plus jeune âge…
Son identité. Son être. Son avenir. Outil dans les mains de Voldemort, il ne serait qu’un pion que ce dernier déplacerait volontiers sur l’échiquier politique pour assurer son pouvoir.
La nausée s’empara de Venceslas, mais il n’avait pas le temps de se laisser aller. Son père l’attendait. Et il ne devait pas le pousser à l’impatience… Sous aucun prétexte.

Il croisa Harry, Ron et Hermione, sans vraiment les reconnaître, tout à son angoisse. Ces derniers l’arrêtèrent, partagés entre curiosité et inquiétude. Ronald fut le premier à prendre la parole :

« Ça ne va pas, vieux ? T’es plus blanc que la barbe de Dumbledore…

-Tu ne devrais pas être en cours ? ajouta Hermione, haussant un sourcil sévère dans une expression qui n’était pas sans rappeler le Professeur McGonagall. »

Ce n’était pas le moment…Ce n’était vraiment pas le moment…
Même s’ils ne s’étaient pas beaucoup fréquentés, Venceslas avait appris à apprécier les trois Gryffondors, allant jusqu’à secourir Hermione lorsque son père avait introduit un Troll à Poudlard, même si la situation s’était inversée et qu’il avait fallu l’intervention de Ron et Harry pour que tout s’arrange.

C’était la dernière fois qu’ils pouvaient s’adresser à eux en tant que Venceslas Malefoy, élève de Poufsouffle un peu lunaire. La prochaine fois qu’ils se reverraient, il serait devenu le Prince des Ténèbres et Harry aurait endossé le rôle du Survivant, l’ennemi à abattre…

« Ven ? »

Le jeune garçon eut un sursaut. Il releva la tête vers ses trois camarades et articula, la gorge serrée :

« Je…Le professeur Quirrell m’a convoqué… »

Il n’avait pas réussi à dire autre chose que la vérité. L’idée de leur mentir clairement le répugnait. Pas maintenant. Pas lors de leur dernière entrevue en tant qu’amis…

Visiblement, cette explication leur suffisait. Ils s’apprêtaient à partir, quand Harry se retourna vers lui, lui demandant d’une voix interrogative :

« Tu étais souvent avec Rogue, dernièrement. T’aurais pas remarqué quelque chose de bizarre chez lui ? »

La question le laissa pantois durant une poignée de secondes. Quelque chose de bizarre chez Rogue ? Oui, il y en avait des choses bizarres ! Des choses qu’il ne comprenait pas…

Rogue l’accueillant chez lui pour lui permettre de se réintégrer petit à petit, Rogue lui offrant toutes sortes de petites attentions qui lui mettait du baume au cœur, Rogue qui s’aventurait dans son esprit pour le tirer du danger, Rogue qui s’énervait parce qu’il refusait de s’ouvrir à lui…
Rogue, Rogue, Rogue…

« Tu vas bien ? »

Venceslas sentit ses yeux s’humidifier. Il prit une profonde inspiration, avant de répondre, réussissant à dissimuler les trémolos dans sa voix :

« Je n’ai rien vu de spécial. Il m’a soigné et m’a aidé… »

Désireux d’interrompre cet instant plus qu’embarrassant, il leur fit un rapide signe de la main avant de s’éloigner à toute vitesse. Trouvant un coin où s’abriter, il laissa éclater les sanglots qui voulaient s’échapper de son être.

Autant laisser cela sortir avant de se retrouver en face de son père…Lord Voldemort ne supporterait pas ses plaintes.

Venceslas prenait réellement conscience de tout ce à quoi il était en train de renoncer, pour un avenir sombre et terrifiant.

Ses amis, desquels il avait tenté de s’éloigner pour mieux supporter la séparation, les instants de détente qui avaient ponctué sa vie de collégien et l’avaient illuminée, les moments uniques qu’il avait partagé avec Rogue…ou même le simple fait de pouvoir penser par lui-même…

Adieu. Voilà, c’était dit. Adieu. Venceslas aurait aimé que Natschel soit à ses côtés, à cet instant. Le serpent devait être en train de chasser quelque part…Le jeune garçon devait accepter ce sacrifice dans la solitude. Il n’avait pas le choix…

Venceslas essuya ses larmes, prit une grande inspiration avant de se lever et de reprendre sa marche en direction du bureau du Professeur Quirrell. Sa main s’arrêta un bref instant, alors qu’il allait toquer à la porte. Il pouvait partir…Parler au professeur Dumbledore et…

« Dumbledore n’est pas là. Entre. »

La voix froide de Quirrell, ou de son père, s’était fait entendre. Venceslas déglutit. Il avait oublié que ses pensées n’avaient pas le moindre secret pour son père. Son dilemme, sa peur, sa tristesse…Il savait tout. Tout.

Venceslas ouvrit la porte d’un geste tremblant, la refermant vivement derrière lui. Dans un réflexe, il leva son bras devant lui pour se protéger inutilement d’un coup ou d’un sortilège. Mais rien ne vint.

Quirell le fixait d’un regard sévère, un regard que Venceslas n’avait pas la force de soutenir :

« Ton châtiment viendra. Pour l’instant, nous devons nous concentrer sur l’objectif présent : la pierre.

-O…Oui, pè…Monsieur… »

Venceslas ne savait plus comment il était censé l’appeler, comment il était censé le considérer…
Son géniteur ? Son Maître ? Son Seigneur ? La réponse viendrait bien assez tôt, il s’en doutait…

« Le doute n’est plus permis, Venceslas. Je n’ai pas besoin d’un pion qui peut basculer du côté du roi blanc à tout instant. Agenouille-toi devant moi et offre-moi ton allégeance. Ceci fait, nous partirons. » 

C’était l’instant ultime. Le choix qui allait décider de son existence…Venceslas Malefoy ou le Prince des Ténèbres. La lumière ou l’obscurité.

Un sourire empli de tristesse s’étira sur ses lèvres. La lumière n’était qu’un mensonge. Venceslas Malefoy n’était qu’un mensonge. La seule vérité, c’était le Prince des Ténèbres. L’ombre et l’obscurité.

La lumière le perdrait, l’effacerait, l’aveuglerait…Il n’y avait pas sa place. Tout ce qui le conduisait vers cette lumière n’était qu’un mensonge…

Alors, il fit le seul choix qui lui semblait approprié, se prosternant devant son père et son Maître.
Son destin était scellé.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

   

 
 
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