Tout à sa détresse qu'il s'efforçait de réprimer tant bien que mal, Venceslas avait complètement oublié la nature de la première épreuve que son père et lui devraient franchir pour parvenir à atteindre la Pierre Philosophale. Et la réalité lui sautait maintenant à la gorge, le clouant sur place sous l'effet de la terreur.
Le chien à trois têtes…Comment avait-il seulement pu oublier le chien à trois têtes ? Ses gueules béantes, présentant d'impressionnantes rangées de dents, s'approchaient de lui alors qu'il se retrouvait incapable de bouger ou de s'enfuir, terrifié par le canidé géant et monstrueux.
La musique…La musique était supposée les endormir, non ? Mais…Mais Venceslas n'y connaissait rien…Il aurait pu siffloter quelque chose, vaguement, si seulement il avait eu le moindre savoir dans ce domaine. Mais ce n'était pas le cas.
Et le chien était là, en face de lui, grognant, visiblement prêt à le dévorer. La vision de Venceslas se brouilla et le canidé prit la forme vague de Fenrir Greyback et de sa cruauté atroce. Le jeune sorcier ne s'en était pas rendu compte, mais il pleurait.
Les larmes roulaient sur ses joues et il ne pouvait que les laisser couler, incapable de bouger, d'agir, de hurler…Sous la peur, Venceslas s'était statufié.
Ses souvenirs le submergèrent au point de le noyer et le Prince des Ténèbres perdit tout contact avec le monde qui l'entourait. Il oublia sa mission, son père, sa destinée, ses sacrifices…Il n'y avait plus que la terreur.
La terreur déraisonnée, puissante, incontrôlable…Elle le ramenait à une enfance qu'il aurait préféré effacer de sa mémoire, à un cachot sombre, humide et malodorant, à sa mère qui ne voyait en lui que son père et au loup-garou.
Ses crocs menaçants qu'il rêvait de planter dans la chair du petit garçon…Ses griffes acérées qui lacéraient sa peau jusqu'à l'agonie qui, jamais, ne débouchait sur la mort salvatrice…Son regard plein de haine, de gourmandise et de convoitise…
Une souffrance soudaine envahit Venceslas, qui écarquilla les yeux, alors qu'une sensation de brûlure s'étendait le long de son dos. Il s'effondra dans un cri muet, parcouru de tremblements, revenu à la réalité.
Après la douleur, son ouïe fut la première à se manifester, lui laissant entendre un ronflement profond et les notes d'une petite musique…Ses yeux lui permirent enfin de voir la réalité et il distingua alors l'instrument magique qui laissait échapper cette mélodie, une harpe qui semblait être d'une grande valeur.
Son père le tira par le bras sans ménagements pour le relever, posant sur lui un regard aussi furieux que déçu. Venceslas ne put que se ratatiner sur place, son cœur ratant un battement.
Il évita obstinément de poser ses yeux sur le Cerbère endormi, le corps secoué de tremblements de peur et de douleur.
« Le Prince des Ténèbres n'a pas à craindre un stupide chien. Est-ce clair ? »
Venceslas hocha silencieusement la tête, mais cela ne suffit pas à Voldemort, qui utilisa Quirrell pour lancer un autre sort cuisant à son fils, qui laissa échapper un couinement douloureux.
« Est-ce clair ? siffla le Mage noir, la voix chargée de colère.
-O…Oui, Maître… »
Il s'inclina légèrement, tentant de faire abstraction de la souffrance sourde qui continuait à le parcourir, les larmes aux yeux. D'un sort, le Seigneur des Ténèbres dégagea la trappe sur laquelle le chien reposait, avant de pousser son fils à avancer le premier. Celui-ci n'hésita guère, conscient qu'attiser l'impatience de son père risquait de pousser ce dernier à le punir de sa lenteur. Il prit une profonde inspiration et se laissa glisser dans le trou.
La chute fut longue et Venceslas eut l'impression déplaisante que son cœur s'arrêtait de battre, tandis que ses organes semblaient décidés à danser au sein de son être. Après une poignée de secondes, le jeune garçon atterrit sur une surface molle. Son père le rejoignit peu de temps après.
Si le Seigneur des Ténèbres eut le réflexe immédiat de se dégager, ce ne fut pas le cas de Venceslas, qui n'était pas spécialement connu pour sa rapidité de réaction.
Il s'avéra que le matelas sur lequel il pensait avoir atterri était un Filet du diable, une plante qui avait pour particularité d'emprisonner et d'étouffer toute personne ayant le malheur d'être en son contact un peu trop longtemps.
Les lianes s'enserrèrent autour de son être et, instinctivement, Venceslas ne put que se débattre. L'étau se resserra encore sur lui et, bientôt, l'air ne parvint plus à ses poumons. Il posa son regard sur son père, qui l'observait avec un sourire amusé.
« Tu es inutile…Honteuse progéniture. Je me demande si je ne devrais pas laisser cette misérable plante t'ôter la vie… »
Il recula d'un pas. Venceslas parvint à laisser échapper un râle, alors que sa vision se teintait d'obscurité. Était-ce ainsi que cela allait se finir ? C'était…ridicule…Tellement…ridicule…
Il n'avait même pas eu le temps de devenir le Prince des Ténèbres, tel que son destin le lui promettait. Il…Il n'était rien d'autre qu'un petit garçon…Un faible enfant qui n'avait pas sa place en ce monde…Mourir…C'était douloureux…
AAAAAA
Venceslas avait disparu. La situation n'était pas vraiment nouvelle. Pourtant, Jeremiah ne pouvait s'empêcher d'être inquiet pour le jeune garçon, depuis que ses camarades lui avaient signalé sa brillante disparition du cours de Potions. Où était-il encore allé se fourrer ?
Penché sur sa copie d'examen de sortilèges, le quatrième année ne parvenait pas à se concentrer, l'esprit tout accaparé par le gamin décalé qu'il avait décidé de prendre sous son aile au début de l'année.
Il griffonnait distraitement quelques réponses qu'il savait pertinemment être fausses, trop occupé à réfléchir au sujet de son camarade. Ces derniers temps, le jeune Poufsouffle l'avait clairement évité, comme si Jeremiah avait subitement contracté la peste.
Cedric lui avait dit de ne pas s'en préoccuper et de se focaliser sur ses études, ses résultats scolaires étant loin d'être brillants, mais le jeune homme s'en fichait éperdument. Un mauvais pressentiment le tenaillait, broyant son cœur sensible et l'empêchant de se consacrer à cette stupide chose qu'on nommait examen.
À quoi cela servait-il, de toute manière ? Tant qu'on était en mesure de lancer des sorts, on était un bon sorcier, non ? Quel intérêt de savoir que le sortilège d'Expulsion avait été inventé par un certain Gontrand Beaucourt, qui avait vu rouge après avoir surpris sa femme au lit avec un autre homme ? Est-ce que cela allait l'aider à le lancer ?
Non ! La preuve, le plus intelligent des Poufsouffle de leur année, un certain Bart que Jeremiah ne pouvait pas supporter, était aussi doué avec une baguette magique que le serait un mulot.
Le jeune homme grogna et massa ses tempes d'un geste agacé, essayant de remettre ses pensées en place et de réfléchir correctement au problème le plus important : la disparition de Venceslas. La dernière fois qu'il s'était volatilisé, le gamin s'était retrouvé dans une galère monumentale, enfermé dans un placard, en proie à une dépression qui ne l'avait quitté que difficilement. Que lui était-il arrivé, cette fois-ci ? Depuis son retour à Poudlard, Venceslas s'isolait et était au plus mal. Vulnérable comme il l'était, quelqu'un aurait bien pu en tirer parti…Quelqu'un…
Jeremiah se leva brusquement de sa chaise, cette dernière basculant au sol dans un bruit assourdissant. Son geste attira nombre de sursauts et de regards désapprobateurs.
Rougissant, il ne trouva pas d'autres excuses que la plus pitoyable d'entre elles, conscient que personne ne le croirait :
« Heu…Je…Je suis indisposé, excusez-moi ! »
Il balança sa copie sur le bureau du professeur chargé de les surveiller et courut vers l'extérieur de la salle, résigné au T qui s'afficherait sans nul doute sur sa copie de Sortilèges. Ses parents allaient le tuer…Même moldus, ils ne croiraient sans doute pas qu'un T équivalait à « Totalement génial »…
Mais il y avait plus important que cette futilité, qui allait sans doute lui coûter son argent de poche. Ven…Il savait où le trouver. Pourquoi n'y avait-il pas pensé plus tôt ? Quel imbécile…
Aidé par des tableaux complaisants, il finit par tomber sur la personne qu'il cherchait, un élève de première année du nom de Zacharias Smith. Son air épuisé ne lui attira aucune pitié. Le gamin en question n'était qu'un lâche imbécile, indigne des valeurs de leur maison. Il n'aurait jamais dû exploiter Venceslas…
Oubliant toute notion de retenue, Jeremiah saisit le garçon par le col et s'écria, furieux :
« Où est Ven ?
-Quoi ? »
Zacharias avait l'air terrifié, mais cela ne l'avait pas empêché de répondre d'un ton agressif. Il avait du cran, le mioche…
« Fais pas l'imbécile. Je te demande où est passé Venceslas et tu vas me répondre immédiatement !
-J'en sais rien ! Ce morveux ne m'a causé que des ennuis, je ne veux plus rien avoir à faire avec lui ! Lâche-moi ! »
Jeremiah semblait dépassé par sa propre colère. Il plaqua l'enfant au mur, indifférent au gémissement de douleur qu'il laissa échapper :
« Tu lui as fait du mal, je le sais. Où est-il ? »
Zachariah Smith grogna avant de se mordre les lèvres. Il répliqua alors d'une voix pleine de colère et de peur mêlées, les yeux brillants :
« C'est injuste ! Ce…Ce monstre est le fils de deux meurtriers, ses…ses parents ont tué mon oncle. Et…et vous tous, vous le soutenez, vous l'entourez, vous l'aimez…C'est…C'est injuste…
-Qu'as-tu fait de lui ? Qu'as-tu… ?
-Vingt points de moins pour Poufsouffle, Mr Hampton. Veuillez poser Mr Smith au sol. »
Jeremiah se retourna vers le Professeur Rogue, qui venait d'arriver sur ces entrefaites. Il resserra sa prise, tremblant de colère :
« Il lui a fait du mal, je le sais ! Il…
-Mr Smith est un idiot, mais il n'est pas masochiste, à ma connaissance. Il ne s'est pas approché de Mr Malefoy. Ce dernier est à l'infirmerie et non, Mr Hampton, vous ne pouvez pas aller le voir. Il a besoin de repos et de calme. Lâchez Mr Smith, à présent. »
La voix du Maître des Potions respirait une autorité pure. Jeremiah n'eut pas d'autre choix que de s'y soumettre. Il reposa le garçon à terre, qui massa son épaule en grimaçant avant de détaler sans demander son reste. Jeremiah, quant à lui, reprit son souffle, comme épuisé par ce qu'il venait d'accomplir.
Il avait malmené un élève de première année…Merde, alors…Il ne se serait jamais cru capable d'un acte pareil…
« Dans mon bureau, Mr Hampton. »
Jeremiah soupira, mais il ne s'opposa pas à cet ordre. Peut-être parviendrait-il à soutirer quelques informations à Rogue s'il se montrait habile…
« N'étiez-vous pas censé être en examen ? »
Un sourire s'étira sur les lèvres de Jeremiah à cette question. Son insolence naturelle ne tarda guère à se manifester, lui permettant d'oublier temporairement l'état de stress dans lequel il se trouvait :
« Et vous, M'sieur ? Vos cours ?
-Votre impertinence coûtera dix points à Poufsouffle. Mes cours se sont achevés il y a quinze minutes de cela, merci pour votre touchante sollicitude. »
Jeremiah grimaça, conscient qu'il devait concéder un point à Rogue pour ce coup précis. Difficile de tenir tête à un Professeur passé maître dans l'art du sarcasme, en plus de celui des potions. Quand Rogue l'interrogea à nouveau, Jeremiah haussa les épaules :
« J'ai écrit ce que je savais sur ma copie et je suis parti. »
Il anticipa la remarque venimeuse du Professeur et ajouta, d'une voix amusée :
« Comme vous devez vous en douter, mon savoir était particulièrement restreint…C'était ce que vous alliez dire, non ? »
Jeremiah haussa un sourcil en voyant une ombre de sourire se dessiner sur les lèvres du Maître des Potions. Voilà une vision inattendue…et sa réponse le fut plus encore :
« J'allais comparer votre intelligence à celle d'un singe, bien que cela soit insultant pour l'espèce animale, mais, puisque vous semblez adepte de l'auto-flagellation…»
Le Poufsouffle resta bouche bée devant cette réplique. Serait-ce donc possible… ? Severus Rogue avait-il une vague idée de ce que pouvait être le sens de l'humour ? Cedric ne le croirait jamais…
L'élève et son professeur finirent par arriver à destination et Rogue laissa Jeremiah s'installer sur une chaise, avant d'en faire de même, fixant l'adolescent de son regard noir d'encre.
Le semblant de complicité qu'ils étaient parvenu à s'établir s'évanouit pour laisser place à une tension palpable :
« Vous allez me punir, Professeur ? »
Rogue considéra son élève quelques instants, laissant à ce dernier le temps d'ajouter une autre réplique qui pointa du doigt le véritable problème :
« Pourquoi Ven est-il à l'infirmerie, Monsieur ? »
Le Maître des Potions soupira, semblant partagé entre agacement et lassitude.
« Non, je ne vous punirais pas. Mais n'approchez plus Mr Smith, le corps professoral se charge de sa punition, vous n'avez pas à vous en mêler. »
Jeremiah ne se le fit pas dire deux fois. L'idée de se montrer aussi brutal envers un jeune enfant le perturbait considérablement…Il valait mieux éviter Zacharias Smith autant que faire se peut.
« Quant à Mr Malefoy, il a jugé amusant de perturber mon cours et de le quitter sans ma permission. Je n'ai pas réussi à établir un contact avec lui et mes tentatives m'ont poussé à le conduire à l'infirmerie.
-Comment va-t-il ? Il n'est pas… ? »
Jeremiah suspendit sa phrase, le cœur serré. Voir Venceslas enfoncé dans ses troubles, au point de ne plus interagir que superficiellement avec le monde extérieur…
Cela avait profondément bouleversé l'adolescent. Cela ne lui rappelait que trop une situation douloureuse qu'il devait trouver la forcer d'endurer depuis des années…
« Non. Il a simplement besoin de repos. Mrs Pomfresh s'occupe de lui. »
Jeremiah laissa échapper un soupir de soulagement, rassuré par les paroles de son Professeur. S'était-il inquiété pour rien ? Cedric, si sérieux, si studieux, allait le tuer lorsqu'il serait au courant de toute l'histoire…Fuir un examen pour maltraiter un élève de première année, tout ça pour rien…C'était stupide…
Le silence s'installa entre les deux hommes, un silence inconfortable. L'adolescent s'efforça de le briser, mal à l'aise :
« Hem…Pourquoi m'avez-vous convoqué, Monsieur ? »
Rogue le scruta du regard, poussant Jeremiah à baisser les yeux, intimidé et mal à l'aise. Il avait beau être un élève plus que correct dans le domaine des potions, le Professeur parvenait tout de même à l'effrayer légèrement, d'une manière proprement irrationnelle…Son côté « Dracula à la manque », peut-être ?
Jeremiah s'attendait à toutes sortes de questions de sa part, la majorité de ses suppositions concernant Venceslas, mais il n'avait pas vraiment anticipé celle-là :
« Que savez-vous du Professeur Quirrell, Mr Hampton ? »
Le Poufsouffle ne put que hausser un sourcil sous l'effet de la surprise, désarçonné par la nature de la question. Il ne s'attendait vraiment pas à ce que Rogue amène Quirrell sur le tapis… Le jeune homme se gratta le menton, en pleine réflexion, avant de répondre d'une voix hésitante :
« Ben…J'ai vu plus intéressant en matière de professeur de Défense contre les Forces du Mal. Il est effrayé par sa propre ombre et il lui faut deux heures entières pour qu'il parvienne à nous délivrer l'intitulé de son cours. À croire que nous lui faisons peur nous-mêmes…mais… »
Jeremiah constata que l'intérêt du professeur de Potions s'était accru à l'instant précis où il avait cessé de parler de Quirrell comme de l'être peureux qu'il apparaissait à tous. Ce qui signifiait qu'il y avait quelque chose de bizarre avec lui et que, de surcroît, cela concernait Venceslas…
« Mais il y a des rumeurs étranges qui circulent. Les élèves de première année de Poufsouffle le considèrent comme un « bon prof ». On pensait qu'ils faisaient preuve de charité, mais ce n'est visiblement pas le cas. Ils ont même l'air surpris lorsqu'on leur parle des cours que Quirrell nous file…Enfin, on n'en a pas trop discuté avec eux non plus, les examens, tout ça…On n'a pas vraiment le temps de traîner avec les élèves de première année.
-Venceslas vous a-t-il dit quelque chose à son sujet ? »
Jeremiah sollicita sa mémoire tant bien que mal, mémoire qui avait tendance à lui faire défaut depuis plusieurs mois, comme s'il avait subi un coup à la tête ou quelque chose dans le genre…
Ce qui, en raison de sa propre témérité et de son effarant côté « casse-cou », n'aurait rien d'étonnant…
« Rien de spécial. On ne parle pas vraiment de cela…En fait, il ne parle pas beaucoup. Je lui fais la conversation, la plupart du temps. J'essaie de le stimuler, d'attirer son attention, mais ça ne fonctionne pas toujours. »
Le Poufsouffle eut un petit sourire et crut voir un instant un éclat de connivence dans le regard sombre de Rogue. Mais il devait se tromper…La chauve-souris des cachots ? Compatissant et complice ? Impossible…
C'était aussi absurde que d'imaginer McGonagall en Wonder-Woman…Une pensée idiote qui tira un début de gloussement au Poufsouffle, gloussement qu'il transforma en toux, les joues rougies par l'embarras. Il devait se concentrer sur la situation présente !
« Vous pensez que Quirrell a quelque chose à voir avec le comportement de Venceslas ? Son isolement ? »
Le regard de Rogue était profondément intimidant, au point que Jeremiah ne put que se recroqueviller sur sa chaise, comme le ferait un élève de première année. Y a pas à dire, le Maître des Potions savait ménager ses effets…
« C'est un détail qu'il me reste à déterminer, Mr Hampton. Votre collaboration s'arrêtera ici.
-Quoi ? protesta-t-il, profondément outré. Mais… »
Rogue se fit plus impressionnant encore, mais Jeremiah s'efforça tout de même de tenir bon. Il ne pouvait pas le jeter ainsi, alors que Venceslas pouvait avoir besoin de lui !
« Professeur, je suis sûr que je peux vous aider ! Je connais Venceslas, je…
-Êtes-vous certain de le connaître, Mr Hampton ? demanda Rogue d'une voix glaciale. »
Jeremiah haussa un sourcil, aussi déstabilisé que déconcerté par la question du Maître de Potions. S'il pensait le connaître ?
« Venceslas est mon ami, M'sieur. C'est tout ce que j'ai à dire là-dessus. Et je n'abandonne jamais mes amis. »
Le jeune homme crut entendre Rogue marmonner quelque chose à propos de la stupidité légendaire des Poufsouffles, mais il préféra ne pas s'attarder là-dessus, s'évertuant plutôt à convaincre le professeur grâce à son plus beau regard déterminé. Il ignorait que l'effet de ce dernier était quelque peu raté…
Rogue poussa un soupir agacé, congédiant le Poufsouffle d'un geste de la main :
« Apprenez à vous mêler de vos affaires lorsque cela est nécessaire, Mr Hampton. Vous ne pouvez rien faire de plus dans cette histoire.
-Je n'abandonnerais pas Venceslas. Mettez-moi en retenue, retirez tous les points de Poufsouffle s'il le faut, mais je ne laisserais pas tomber mon ami. Je ne le connais peut-être pas aussi bien que je le souhaiterais, certes, mais je sais qu'un jour viendra où il acceptera de partager ses secrets. Et je serais là pour l'écouter, pour l'aider… »
Rogue afficha un air sceptique, qui contraria profondément Jeremiah. Le jeune homme grogna et se décida enfin à se lever, déclarant d'une voix agacée en direction du Professeur de Potions :
« Vous me prenez pour un enfant inconscient, mais vous vous trompez. Je suis peut-être né-moldu, mais je sais qui sont les Lestrange et je me doute bien qu'ils n'ont pas été les meilleurs parents du monde pour Ven. Même si ses parents sont les pires monstres de la création, Venceslas n'est qu'un gamin qui n'a rien demandé à personne. Il baigne dans des histoires louches, non ? Quelqu'un cherche à lui faire du mal ? »
Jeremiah attendit une réponse de la part de Rogue, qui le détaillait d'un regard observateur et pénétrant, un regard à donner des frissons dans le dos…Il attendit en vain, car le directeur de la maison Serpentard ne semblait pas décidé à répondre à ses doutes.
« Très bien, faites comme vous le souhaitez. Je n'ai pas besoin de vous, de toute manière. Je vais aider Ven sans votre soutien, M'sieur, puisque vous avez l'air décidé à vous servir de moi pour mieux me jeter comme une vieille chaussette… »
Il partit sans un salut, ne se retournant que pour lui signaler son mécontentement, avant de s'éloigner en direction de l'infirmerie. Infirmerie de laquelle il fut immédiatement éjecté par Pomfresh, avant même d'avoir pu entrer…Venceslas avait besoin de calme, semblait-il. Contrarié, il retourna à son dortoir, cherchant à réfléchir à toute cette histoire.
AAAAAA
Venceslas ne comprit pas très bien ce qui s'était passé. Brusquement, la plante relâcha son étreinte et se recroquevilla, comme blessée. Le jeune garçon s'effondra à terre, la vision floue, le corps secoué de tremblements…Il leva lentement la tête, notant le sourire satisfait et amusé de son père :
« De la magie instinctive…Il faut croire que l'heure de ta mort n'était pas venue… »
Le Seigneur des Ténèbres força son fils à se relever et à se mettre sur pieds, là où le jeune garçon n'aurait rien demandé de mieux que de pouvoir se reposer, ne serait-ce que quelques instants…Mais ils n'avaient pas le temps. La Pierre Philosophale était si proche…Venceslas pouvait presque sentir sa puissance…
Le père et l'enfant poursuivirent leur chemin, Venceslas faisant au mieux pour ne pas céder à la langueur qui s'était emparée de lui. Chaque pas était une torture pour son corps malmené et son esprit terrifié. Il n'avait cependant pas d'autre choix que de continuer.
Il était le Prince des Ténèbres : suivre Lord Voldemort était la raison même de son existence sur cette planète. Être son ombre et le précéder à chaque pas, l'assister, lui obéir…N'être, au final, qu'une marionnette destinée à être agitée, maltraitée, secouée…
Venceslas grimaça de douleur et de peine. L'accepter…Il devait l'accepter. C'était la seule et unique vérité dans cette vie de mensonges qu'il avait mené jusqu'à présent. Sa destinée se traçait droit devant lui et il n'avait pas d'autre direction vers laquelle il pouvait avancer…
C'était la meilleure des choses. Venceslas devait endosser le rôle de Prince des Ténèbres. Sans cette identité, le garçon n'était plus rien…
Le jeune garçon abandonna un instant ses pensées sombres lorsque son père et lui-même parvinrent à la troisième épreuve qui les séparait de la Pierre Philosophale. Il écarquilla les yeux, proprement stupéfait. Des oiseaux…non, des clés…Des clés voletaient dans toute la pièce, formant un épais nuage fait de cuivre, de bronze, de dorure…
Lord Voldemort toisa cette vision d'un air profondément agacé.
« Quelle perte de temps… »
Venceslas remarqua alors les balais qui se trouvaient dans cette pièce, des balais qui étaient au nombre de trois. Il s'approcha de l'un d'eux, posant sa main dessus. Aussitôt, les clés s'agitèrent et foncèrent sur lui, visiblement dans le but de l'attaquer. Par réflexe, Venceslas ne put que lever ses bras en guise de bouclier, poussant un cri de détresse, mais la douleur ne vint pas l'assaillir.
Il ouvrit les yeux qu'il avait fermés, contemplant l'étrange spectacle qui se déroulait devant lui. Le balai qu'il avait touché semblait avoir décidé de le…protéger ? En effet, l'instrument magique s'était interposé entre l'enfant et les clés, avant de voler à travers la pièce. Toutes les clés le suivaient, ne prêtant plus la moindre attention à Venceslas ou à Lord Voldemort. Ce dernier laissa échapper un ricanement :
« Eh bien, il faut croire que le Prince des Ténèbres a plus de ressources que je ne le pensais…Quelle sorte de magie as-tu employé là ? »
Venceslas se tourna vers son père, atténuant ses tremblements comme il le pouvait. Il balbutia d'une petite voix :
« Je…Je ne sais pas, Maître…Je…J'ai juste touché ce balai et… »
Il avait appelé à l'aide. Et le balai magique était venu le secourir. Tout comme l'Etoile filante de son premier cours de vol l'avait écouté lorsqu'il lui avait demandé de bien vouloir sauter dans sa main. C'était…incompréhensible. Tout bonnement incompréhensible.
Mrs Bibine lui avait assuré qu'ils en reparleraient, mais ils n'avaient pas eu le temps de le faire. Toujours était-il que le balai magique semblait avoir décidé de venir en aide au garçon qui le lui avait demandé dans une supplique désespérée…
Voldemort profita de cette diversion pour aller observer la porte qui les séparait de la quatrième épreuve. Il détailla la serrure, avant de repérer la clé qui lui permettrait de l'ouvrir.
« Va la chercher !
-O…Oui, Maître… »
Venceslas s'exécuta aussitôt, s'emparant du deuxième balai pour le chevaucher. Les clés semblaient perdues, incapables de savoir quelle monture il leur fallait poursuivre. Pour cette raison, le Prince des Ténèbres n'eut aucun problème à s'emparer de la bonne clé, refermant son poing d'un geste tremblant.
A cet instant précis, toutes les clés se détachèrent du premier balai et foncèrent sur Venceslas pour l'attaquer. Le jeune garçon n'eut que le temps d'atterrir et de se précipiter vers la porte, l'ouvrant d'un geste rapide et anxieux. Son père et lui-même entrèrent alors et Venceslas referma précipitamment la porte, le souffle court. Il tituba quelque peu, pris d'un vertige suite à l'effort physique qu'il avait dû fournir et la peur sourde qui l'avait envahi.
Le jeune garçon parvint à se stabiliser en s'appuyant sur le balai qu'il avait machinalement entraîné avec lui, le contact l'aidant à retrouver un semblant de calme. Il ne put s'empêcher de s'inquiéter pour l'autre balai, espérant que les clés ensorcelées ne l'avaient pas détruit au passage.
Il fallut un maléfice cuisant de la part de Lord Voldemort pour que Venceslas recouvre ses esprits et daigne prêter attention à ce qui se passait autour de lui. Les larmes aux yeux, il vit alors ce que la quatrième épreuve leur réservait : une partie d'échecs. Une immense et mortelle partie d'échecs…
AAAAAA
Severus Rogue sortit du bureau de Dumbledore, passablement furieux. Suite à sa discussion avec Jeremiah Hampton, ce dernier ayant conclu leur entretien par une langue tirée pour le moins grossière et passablement puérile, le Professeur de Potions avait alors décidé de s'adresser au directeur de Poudlard, conscient que la situation ne pouvait plus durer.
Les pièces du puzzle se recoupaient peu à peu et Severus commençait à être certain de la culpabilité de Quirrell et de l'implication de Venceslas dans une machination dont les enjeux continuaient à le dépasser…
Quirell n'était pas celui qu'il prétendait être. Et Venceslas était lié à lui, d'une façon ou d'une autre. Le Professeur de Défense contre les Forces du Mal s'était trahi en adoptant auprès du garçon et de sa classe une attitude complètement différente à celle qu'ils présentaient aux autres élèves ou aux enseignants.
Imprudence de sa part ? Volonté de se faire reconnaître auprès de Venceslas ? Severus ne pouvait pas encore le dire avec certitude. Toujours était-il que Quirrell était loin d'être le professeur bégayant et incompétent qu'il apparaissait être aux yeux du reste du monde…
Severus s'était toujours méfié de lui, en particulier à la minute où il avait fait mine de pénétrer dans le couloir interdit, sous prétexte d'admirer le spécimen rare qu'était le Cerbère d'Hagrid. Dès le départ, il avait confié ses doutes à Dumbledore au sujet de l'admission de Quirinus Quirrell à Poudlard.
Ce n'était pas seulement parce qu'il aurait fait un bien meilleur professeur de Défense contre les Forces du Mal que lui, mais également parce qu'il avait un mauvais pressentiment, une sorte de…d'avertissement…Quelque chose qui lui soufflait que Quirrell n'était pas aussi innocent et effrayé qu'il semblait l'être…
Mais Dumbledore ne l'avait pas écouté. Il s'était contenté d'étirer son petit sourire mystérieux, un sourire qui inspirait à Severus des pulsions violentes des plus barbares, qu'il s'efforçait de réfréner tant bien que mal envers son supérieur hiérarchique et mentor. Albus savait quelque chose que lui-même ignorait et, pour cette raison, il tenait à conserver Quirrell dans ses rangs et à ne pas écouter ses avertissements.
Severus pensait néanmoins que le directeur se serait décidé à prendre ses remarques en compte, cette fois, après tout ce qui s'était passé avec Venceslas Malefoy, après les révélations de Jeremiah Hampton sur le comportement de Quirrell...Mais cela n'était toujours pas le cas.
Dumbledore était doté d'une éloquence habile. Chaque parole employée était vouée à mener la conversation comme il le souhaitait et Severus Rogue lui-même avait des difficultés à obtenir ce qu'il voulait du directeur. Ce dernier avait écouté son plaidoyer avec attention, avant de souligner, avec cet horripilant sourire, la proximité touchante qui existait entre Venceslas et lui-même.
Severus s'était énervé, tentant de l'avertir à propos de la situation actuelle, de la fragilité de l'enfant et de la possibilité qu'un événement d'une extrême gravité vienne à se produire, mais Dumbledore n'avait rien voulu savoir. D'après lui, il sous-estimait le jeune Malefoy et se mêlait d'une affaire dans laquelle il n'avait pas de rôle à jouer, pour l'instant.
Severus commençait à comprendre l'irritation de Mr Hampton, alors qu'il lui avait signalé, précédemment, qu'il ne pouvait plus rien faire pour aider son camarade. C'était tellement…frustrant.
Dumbledore ne s'était pas non plus gêné pour raccourcir leur entretien, alors que Severus tenait absolument à le convaincre. Il avait, disait-il, un rendez-vous important à Londres, ce soir…
Severus se figea alors dans sa démarche pesante, fronçant les sourcils. Un rendez-vous important…Ce soir, justement...L'école se retrouverait sans Dumbledore…Le moment idéal pour agir…
Pris d'un doute, le Maître des Potions se précipita à l'infirmerie. Et ses soupçons se confirmèrent. Venceslas Malefoy avait quitté ces lieux, quelques heures auparavant…
Pestant contre lui-même, il prit la direction du bureau du Professeur Quirrell, avant de se raviser. Ils ne devaient pas être là…S'ils étaient quelque part, c'était dans…
« …Le couloir interdit… murmura-t-il dans un grondement. »
Severus retourna à son bureau pour se munir de quelques potions, avant de se diriger vers ledit couloir. Dumbledore faisait la sourde oreille ? Soit…Mais il n'en ferait pas de même…Venceslas avait besoin de lui…et il avait promis de le protéger, d'être là pour lui. Il le lui avait juré… |