Chapitre 11
Ron était plus loin, il avait tout vu, Bellatrix, l'explosion, son frère à terre et en sang, Hermione qui plongeait, les membres du Magenmagot éparpillés comme des quilles, les aurors blessés mais sur le qui-vive.
Il avait fermé les yeux pour ne pas être ébloui par l'explosion et sortit sa baguette tout en courant vers le lieu d'action. Il n'y arriva jamais, perdant connaissance après trois pas, un grand BANG et le trou noir.
Il avait mal, mal partout, tout son corps le faisait souffrir. Il avait l'impression qu'on l'avait battu, que chacun de ses membres avait été frappé avec une batte de Quidditch. Le pire était sa tête, il ne savait pas si c'était son cerveau qui poussait sur les rebords de son crâne ou si c'était sa boite crânienne qui rétrécissait, écrasant son cerveau mais il avait atrocement mal.
Le seul avantage c'est qu'il était encore en vie. Encore que, il se demandait sérieusement s'il ne valait mieux pas être mort.
Il voyait la lumière percer à travers ses paupières mais il ne voulait pas ouvrir les yeux. Ouvrir les yeux signifiait faire face à la douleur, pas seulement physique. Il se souvenait parfaitement des dernières choses qu'il avait vu et il voulait repousser le moment où on lui annoncerait la mauvaise nouvelle. Ou les mauvaises nouvelles.
Malheureusement, il fallait bien affronter le monde réel. Il finit par papillonner des paupières et cligna des yeux. Quelques larmes perlèrent dûes à la lumière blanche et crue.
Il tourna lentement la tête sur sa droite et ne vit qu'un mur blanc, de l'autre côté, il y avait un mur blanc également et une porte. Cette dernière s'ouvrit pour laisser entrer une femme avec les cheveux grisonnants.
- M. Weasley, vous êtes réveillé !
Elle parlait trop fort et il grimaça, ses oreilles n'étant pas prêtes à entendre ce son.
- Tenez, buvez cela.
Elle l'aida à boire un verre contenant une potion au goût fort désagréable.
- Je suis la guérisseuse Anna Madock. J'ai fait partie de l'équipe qui vous a soigné. Vous avez subi de nombreuses contusions suite au choc et le sort que vous avez reçu en pleine tête était assez violent. Néanmoins, vous n'aurez pas de séquelles.
- Depuis quand je suis ici ?
- Vous êtes arrivé dans la nuit du 21 au 22 septembre et nous sommes le 23 au matin. Il est… Elle jeta un oeil à sa montre qui ne portait aucune aiguille… 9h34.
- Quand est-ce que je pourrais sortir ?
- Si vous prenez toutes vos potions, que vous vous reposez, vous pourrez sortir demain dans la journée.
Il ne savait pas s'il était soulagé de sortir si tôt vu ses blessures ou irrité de perdre autant de temps.
- Les autres ?
La guérisseuse secoua la tête et soupira.
- Ce n'est pas à moi de vous annoncer tout cela. Votre famille veut vous voir et votre chef aussi.
Ron soupira, il ne savait pas qui il voulait voir en premier, de toute façon ce n'était pas vraiment à lui de décider.
La guérisseuse sortit et le laissa avec ses pensées. Cela fut bref puisqu'il fut assailli par une horde de têtes rousses.
Molly Weasley le prit dans ses bras et le serra si fort qu'il ne put retenir un cri de douleur. Elle le relâcha, l'air confuse, et s'excusa. Ses frères se contentèrent de lui tapoter l'épaule ou de lui serrer la main. Ginny l'embrassa sur la joue.
Ron avait beau regarder sa famille, ses frères, sa soeur, ses belles-soeurs, ses neveux, ses nièces, il en manquait.
- Comment ils vont ?
Les autres se turent avec un bel ensemble et se regardèrent. Ils n'avaient pas besoin de précision. Tout le monde savait de qui il parlait. Fred et Hermione.
- Eliott va bien, il était avec nous. Hermione n'a rien, uniquement des égratignures. Elle a récupéré Eliott et n'est pas sortie de chez elle depuis l'accident.
La voix de Bill tremblait. Fleur lui tenait la main et la serrait fort, ses grands yeux bleus avec l'air grave.
Ron continua à les regarder fixement attendant une réponse, la réponse qu'il voulait.
- Fred est… il est inconscient. Ils ne savent pas s'il va se réveiller ou non. Il était proche de l'explosion et le sort l'a atteint de plein fouet.
C'est Georges qui avait repris la parole et sa voix était dénuée d'émotions. Son frère jumeau, son double, était dans un état critique et il se sentait désespéré, abandonné, terriblement seul.
- Je n'ai pas réussi à intervenir à temps… J'ai pourtant tout vu, j'aurais du réagir…
- Arrêtes, il y avait d'autres aurors, des membres du magenmagot, pleins de monde. Tu n'aurais pas pu réagir. Tu as fait ce que tu as pu mais tu n'aurais rien changé.
Arthur Weasley trouvait toujours les mots jutes mais il n'était pas certain que cela soit suffisant cette fois. Les mangemorts avaient détruit sa famille. Un de ses fils était inconscient, un second risquait sa vie chaque jour. Sans compter le reste de ses enfants qui avaient vécu l'enfer alors qu'ils n'étaient que des enfants ou des adolescents.
Ron acquiesça néanmoins de la tête mais tout le monde savait qu'à peine sortit, il repartirait sur les traces de Bellatrix.
Sa famille finit par sortir en lui promettant de revenir le lendemain et son patron entra dans la pièce d'un pas décidé.
- Bonjour Weasley,
- Bonjour Perkins. Quel est le bilan ?
- Deux membres du Magenmagot ont perdu la vie, tous les autres sont blessés mais seulement trois sont encore à Ste Mangouste. Severus Rogue a eu le bras cassé, un détail mais le Ministre voulait le retirer de l'affaire.
- Et Rogue a refusé, dit Ron.
- Évidemment, confirma Perkins.
- Que s'est-il passé ?
- Bellatrix a transplané devant le Ministère au moment où le Magenmagot sortait. On ne sait toujours pas si elle guettait quelque part ou si le moment de son arrivée est dû au hasard. Elle a lancé un sort d'explosion assez puissant, peut-être un Diffindo ou autre chose. C'est ce qui a touché quasiment tout le monde. Quand elle vous a vu courrir vers elle, elle vous a envoyé un sort en pleine tête.
- Mon frère ?
- Il était proche des bâtiments et un mur s'est écroulé en partie sur lui. Il était aussi très près du centre de l'explosion et son corps ne l'a pas très bien supporté.
- Alhena ?
- Toujours en sûreté avec Malfoy et Potter. Seuls vous et moi savons où ils sont. Nous ne les avons pas alerté pour l'attaque, inutile de les effrayer alors qu'ils ne peuvent rien faire.
- Et l'enquête ?
- J'ai repris la direction jusqu'à votre retour. J'ai mis tous les aurors disponibles sur le coup. La population est prévenue et j'ai du mettre quelques personnes sous surveillance. Votre famille et tout ceux qui ont participé à la chute de Voldemort ont vu les protections de leurs maisons augmenter. On leur a également demander de limiter leurs déplacements.
- Je reprendrais dès demain. La guérisseuse a dit que je pourrais sortir.
- Très bien Weasley. En attendant reposez-vous.
Perkins n'avait pas tergiversé, il savait qu'il était impossible de raisonner cet auror quand il avait pris une décision.
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Dans une maison perdu au milieu de nulle part, Harry Potter dormait paisiblement. Il était torse nu et blottit contre quelque chose de doux et de chaud. Ce quelque chose remua légèrement en grognant et Harry l'agrippa un peu plus fort pour qu'il cesse de bouger. Le quelque chose se mit à trembler et un rire sortit de sa gorge.
A ce moment Harry ouvrit les yeux pour se retrouver le nez collé à une peau blanche, tiède et terriblement irrésistible. Il l'embrassa avant de lever le nez vers deux yeux gris pâles et des lèvres à se damner. Il les embrassa aussi et le rire revint.
Draco passa son bras sous le brun et l'attira un peu plus à lui. Il prolongea le baiser et l'approfondit en glissant sa langue dans sa bouche.
Le brun gémit légèrement et répondit aux ardeurs du Serpentard. Malheureusement cela ne dura pas. Le soleil était levé et Alhena n'allait pas tarder à se réveiller. Ils ne pouvaient pas prendre le risque de se faire surprendre.
Draco s'extirpa des bras du brun à contre coeur et sortit du lit. Harry resta allongé, attrapa ses lunettes, et reluqua le postérieur de son ancien ennemi.
- Tu es un vrai voyeur Potter, le railla Draco.
- Et toi un exhibitionniste, rétorqua Harry.
Le blond se retourna, entièrement nu, il était parfaitement à l'aise, et cela rendait Harry un peu jaloux. Lui il n'arriverait jamais à être aussi confiant avec son propre corps. Draco, lui prenait tout son temps pour choisir ses vêtements, se pavanant presque, avec un air hautain et de la grâce dans chacun de ses gestes. Harry ne bavait pas mais presque.
Draco enfila un boxer blanc, un pantalon droit gris et une chemise en soie bleue nuit. Harry ne comprenait pas comment il faisait pour être aussi classe. Il savait désormais que les vêtements jouaient, mais pas uniquement. Il avait cette façon de se tenir, de poser ses gestes, son regard.
Harry pensait que c'était quelque chose d'inné ou alors qu'il avait appris dès l'enfance. Il repensa à la nuit qu'ils avaient passé.
Après une journée à tourner en rond, à tenter de percer les brumes noires et à essayer de trouver des moyens de s'occuper, ils avaient couché Alhena et s'étaient mis au lit, épuisés par autant d'inaction.
Une fois allongés, les deux hommes en avaient profité pour s'embrasser, se toucher, se caresser. Une chose en amenant une autre, ils avaient fini par faire l'amour. Draco avait pris les choses en main et Harry s'était senti en confiance. Il avait toujours ce regard sur de lui, ces gestes mesurés, doux et fermes. Cette façon de bouger son corps envoûtante, captivante. Harry s'était laissé faire et n'avait fait que suivre le blond. Il avait tout de même participé, Draco avait été plus que surpris de sa prise d'initiative, notamment lorsque le brun avait passé sa tête sous la couette pour faire glisser sa langue le long de la verge durcie du Serpentard. Il avait pu expérimenter une chose qu'il n'aurait jamais cru faire et cela lui avait plu. Il avait adoré avoir le blond en son pouvoir, l'entendre gémir, sentir ses mains se crisper dans ses cheveux et perdre petit à petit le contrôle.
Cette perte de contrôle ne dura pas bien longtemps. Draco reprit les choses en main et fit l'amour à Harry comme il ne l'avait fait avec aucun autre homme. Pour la première fois de sa vie, il trouvait plus important que ce soit l'autre qui trouve du plaisir, le sien passant au second plan. Sachant pertinemment que le brun était complètement inexpérimenté de ce côté là, il avait voulu tout faire et cela ne lui avait pas déplu.
Ils avaient pris leur temps et s'étaient finalement endormis bien tard.
Harry revint durement à la réalité quand Draco lui balança un polo sur la tête. Le blond avait apparemment choisi ses vêtements puisqu'un jean suivit rapidement le polo.
- Habille toi Potter.
- Je n'ai pas de sous-vêtement, s'offusqua le brun.
Le sourire du blond s'étira en une mince ligne sadique et ses yeux se firent perçants.
- Je sais.
Il le scrutait tel un serpent devant sa proie, attendant patiemment qu'elle sorte de son terrier. Harry se faisait l'impression d'être un morceau de viande, de choix certes, mais un morceau de viande tout de même.
D'un côté, ce n'était que partie rendue, il avait lui-même bavé devant le corps nu du blond. Il écarta la couette un peu brusquement et se leva. Il n'avait pas anticipé la fameuse érection matinale, largement revigorée par la vision de tout à l'heure, qui fit encore plus s'étirer le sourire du blond.
Il finit carrément par éclater de rire et prit pitié du Gryffondor. Il l'embrassa tendrement avant de sortir de la chambre pour le laisser s'habiller et se remettre de ses émotions.
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La veille au soir, Alhena était allongée dans sa chambre, elle ne dormait pas, elle avait peur de dormir. Elle ne pouvait rien dire et pourtant elle le voulait. Elle savait que son père faisait tout pour l'aider. Elle savait qui était sa mère, contrairement à ce que les adultes pensaient. Elle savait qu'ils essayaient de la protéger. Malheureusement, elle ne savait pas pourquoi mais depuis son anniversaire, depuis ses cinq ans et depuis que sa magie était apparue, sa vie avait changé. Elle en venait doucement à détester la magie, à se dire que sans la magie, sa vie serait restée bien plus simple. Elle n'aurait pas eu de cauchemars, elle serait juste une petite fille normale.
Il était tard, elle voyait le ciel noir par la fenêtre de sa chambre. Elle savait que si elle dormait, la femme, sa mère, prendrait encore un peu plus possession de son esprit. Elle la sentait s'insinuer dans ses pensées, lui dire encore et encore à quel point elle était merveilleuse et unique. Elle lui répétait qu'elle avait un grand avenir devant elle et que les autres allaient tout faire pour brider sa destinée.
Alhena était perdue, elle avait juste terriblement peur et voulait que la vilaine dame arrête de lui parler dans ses rêves. Elle savait que c'était sa mère et avait vu comment Teddy aimait sa maman mais elle, elle n'y arrivait pas. Elle portait de l'affection à son père, à sa tante, sa cousine, son petit cousin mais sa mère, elle ne pouvait pas. Elle voulait juste qu'elle disparaisse. Des larmes coulèrent sur les joues de la petite fille, elle ne savait plus si elle était horrible ou anormale ou impuissante.
Elle finit malheureusement par s'endormir, épuisée, incapable de lutter plus longtemps.
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Bien plus loin, en Angleterre, Bellatrix caressait du bout des doigts son pendentif. Elle rageait d'avoir loupé sa sortie au Ministère. Elle avait attendu tard dans la nuit pour pouvoir y pénétrer et récupérer sa baguette. Elle détestait celle qu'elle avait volé au gardien, elle n'était pas stable et capricieuse.
Elle ne s'attendait pas à ce qu'il y ait autant de monde d'un coup. De voir ces sorciers et ces affreux sang-de-bourbe, cela l'avait mis hors d'elle et elle avait voulu tous les tuer. Les étriper, les faire souffrir. Elle n'était pas préparée alors elle avait lancé un sort au hasard et à cause de cette baguette hideuse, rien ne s'était déroulé comme prévu.
Elle savait que sans sa baguette, rien ne serait pareil mais elle pouvait toujours en trouver une autre. Une plus adaptée à sa nature que ce bout de bois. Le plus important était pour elle de récupérer sa fille. Elle se doutait que le Rogue, le traitre, s'était enfui avec elle et l'avait cachée. Elle avait un pouvoir que personne ne connaissait et elle allait la retrouver.
Flashback
Bellatrix était enceinte de neuf mois, elle détestait autant qu'elle aimait son ventre énorme. Elle avait tout fait pour avoir un enfant. C'était impossible avec le Seigneur des Ténèbres alors elle avait choisi comme géniteur le plus fidèle des mangemorts. Elle avait du user des pires artifices pour l'avoir mais elle ne reculait devant rien. Les autres lui importaient peu, seule elle comptait et sa future progéniture. Elle vouait un vrai culte au Seigneur des Ténèbres et voulait lui offrir un descendant, un héritier dont il serait fier.
Elle était sur le point d'accoucher, elle le savait, elle le sentait, la douleur lui sciait les entrailles et elle avait perdu les eaux. Elle devait pourtant terminer sa potion. Elle finissait tout juste d'ajouter les derniers ingrédients. Cette potion prenait six mois à faire et devait se finir à la naissance de l'enfant. Elle tourna une dernière fois sa baguette et s'écroula à terre.
Elle était seule et donnerait naissance à son enfant seule. Une vieille elfe de maison était à ses côtés mais pour Bellatrix elle ne comptait pas. Ces êtres étaient inférieurs pour elle, de simples outils.
Après de longues heures, elle finit par accoucher, l'elfe lui mit dans les bras un petit être vagissant, recouvert de sang. Bellatrix s'empressa de piquer la paume de sa fille et fit couler les quelques gouttes de sang dans la potion. Celle-ci fuma et et se concentra en une unique pierre.
L'elfe coupa le cordon et prit soin de l'état de santé de la mère et de l'enfant. Bellatrix était heureuse d'avoir une fille, une digne descendante à qui elle allait pouvoir transmettre tout son savoir.
Elle avait vécu en cachant sa fille pendant des mois, elle n'était pas présente quand le Seigneur des Ténèbres avait affronté cet infâme rejeton sang mêlé. Son chagrin avait été dévastateur quand elle avait appris. Elle rageait et avait voulu se venger immédiatement.
Elle avait fini à Azkaban, ayant juste le temps d'avaler la pierre la rattachant à sa fille. Elle savait que seul ce moyen lui permettrait de revenir.
Elle avait passé des années à attendre dans une cellule sombre et humide. Le jour où la pierre s'était éclairé faiblement, elle avait failli pleurer de joie.
Elle l'avait attrapée entre ses doigts engourdis par le froid. Le petit pendentif palpitait d'une vie nouvelle, une vie que les détraqueurs ne pourraient pas lui voler.
Sa fille avait enfin développé sa magie et elle y avait accès, elle allait pouvoir lui parler, voir ses pensées, en partager avec elle.
Elle avait alors découvert que sa fille était heureuse, entourée par des traîtres, élevées par des traîtres et cela l'avait mis hors d'elle.
Elle avait tout fait pour s'assurer que sa fille ne croit pas ces personnes et lui donner de vrais valeurs. Il était hors de question qu'elle laisse sa précieuse fille grandir dans une famille au sang sale.
Elle avait ainsi pu regagner des forces, aspirer la force vitale et magique de sa fille. Elle en avait profité pour s'échapper. Voler une baguette à un gardien trop confiant avait été trop facile. Ils avaient l'habitude d'avoir des prisonniers hagards et faibles. Ce qui n'était plus son cas.
Fin du Flashback
Elle patientait depuis longtemps, plus d'une journée et une nuit, elle était sur le point de la retrouver. Elle s'approchait de sa fille, elle le sentait. Elle avait du transplaner encore et encore dans des milliers d'endroit jusqu'à voir la pierre s'illuminer un peu plus.
Elle n'était pas loin. Elle le savait mais elle avait beau errer dans cette campagne, elle ne la trouvait pas.
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Draco tournait une cuillère dans sa tasse de café en scrutant l'extérieur, il avait cru voir un mouvement dans la campagne pluvieuse. Le paysage était déprimant, des champs à perte de vue, et rien d'autre. Le ciel gris pâle était pesant et une bruine tombait, brouillant les carreaux et sa vue.
Harry essayait de communiquer avec Alhena. Il lui lisait une histoire, un truc moldu d'après les brides qu'entendait Draco. La petite avait l'air intéressée, pour une fois son regard était concentré et un peu plus lumineux.
Draco continuait de fixer l'extérieur, il avait un mauvais pressentiment.
- Harry, appela-t-il.
Le brun releva la tête immédiatement, Draco ne l'appelait jamais par son prénom, ni aussi sérieusement.
- Oui ?
- Tu as ta baguette ?
- Euh elle doit être dans la cuisine.
Draco posa sa tasse et jeta un oeil autour de lui, effectivement sa baguette était sur le plan de travail. Il l'attrapa et la tendit au Gryffondor.
- Garde-la avec toi, recommanda-t-il.
- Pourquoi ? Nous sommes en sécurité ici.
Draco s'était assis dans le fauteuil, à côté du canapé dans lequel les deux autres étaient installés.
- Je n'en suis pas si sûr.
Il fronçait les sourcils et n'avait vraiment pas l'air rassuré. Harry ne voulait pas s'inquiéter outre mesure pour éviter de faire paniquer Alhena.
Il attrapa la main du blond et la serra. Il tenta de le rassurer du regard.
Ils restèrent assis dans ce salon, Draco angoissant, Harry tentant de dérider Alhena et Alhena tentant de résister aux assauts dans sa tête.
Aucun des trois ne savaient que Bellatrix était à quelques mètres, tournant autour de la maison, cherchant à percer ses défenses.
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A Ste Mangouste, Ron dormait, paisiblement. Il se remettait de ses blessures. Il guérissait doucement. Hermione était à son chevet. Eliott assis sur ses genoux. Elle pensait tristement que cette veille ressemblait à celle de sixième année, cette année où tout était encore normal. Cette année où elle croyait encore finir sa vie avec cet homme. Elle le veillait de nouveau.
Elle le veillait lui, les larmes coulant sur ses joues, elle veillait Ron parce qu'elle ne pouvait plus veiller son mari, le père de son fils. Elle ne pourrait plus jamais le veiller, attendre qu'il ouvre les yeux et qu'il lui sourisse comme il savait si bien le faire, de cet air désinvolte et moqueur. Fred Weasley, époux d'Hermione Granger, père d'Eliott Weasley, était mort. Il n'avait pas survécu à ses blessures, il n'avait pas survécu à Bellatrix, la guerre, les mangemorts, tout avait fini par le rattraper. Hermione ne pouvait que pleurer, en silence, la perte d'un être cher, de sa raison de vivre. Elle ne pouvait que s'accrocher au bébé sur ses genoux, à cet enfant à moitié orphelin. |