Chapitre 7 17 août 2002
Harry marchait dans la rue, cela faisait deux semaines que son anniversaire était passé, deux semaines qu’il faisait des cauchemars toutes les nuits. Il n’en avait parlé à personne. Hermione travaillait sept jours sur sept et Ron était de nouveau en mission. Il n’était pas assez proche des autres pour leur confier ses petits problèmes. Il dormait donc très peu et la journée il s’ennuyait à mourir.
Il avait repris le Quidditch et s'entraînait seul ou avec Dean quand il était disponible. Il lisait beaucoup, notamment des journaux et toute autre chose qui pouvait décrire les années qu’il avait perdues. Cela lui permettait d’être plus à l’aise dans les conversations et de se sentir moins mis à l’écart.
Des cernes sous les yeux et l’air hagard, il ne faisait pas vraiment attention à là où il était. Il devait juste faire quelques courses pour manger. Il allait toujours dans le Londres moldu et le Londres sorcier pour ses courses. Il aimait trop les produits des deux mondes pour pouvoir se passer d’un seul. Une question d’habitude, il imaginait.
Il fit tout au radar, prenant mécaniquement chaque article, passant à la caisse sans un mot superflu et sans prendre garde aux regards des autres.
Arrivé chez lui, au bord de l’épuisement, il s’affala dans son canapé. Il s’endormit quasiment aussitôt.
Il marchait dans les brumes, blanches, légères, il les connaissait par coeur. Il y avait passé plusieurs années après tout. Il n’avait pas à aller très loin pour voir la fillette. Elle était recroquevillée par terre et les brumes autour d’elle étaient tellement sombres qu’on ne la voyait pratiquement plus. Les ombres tournoyaient autour d’elle et semblaient l’attaquer. Cette fois, il n’y avait personne pour l’aider. Parfois un homme était là, restant à côté sans rien faire, parfois la fillette était seule.
Là, elle était seule, une baguette blanche reposait sur le sol. Harry savait que c’était la solution, il avait l’impression qu’il pouvait prendre cette baguette et sauver la fillette mais il n’y arrivait jamais. Il essayait depuis deux semaines, deux foutues semaines pendant lesquelles il se battait la nuit pour attraper un petit bout de bois qui pouvait sauver une enfant. Mais seul l’homme pouvait le faire. Il devait retrouver cet homme.
Harry se réveilla en sursaut. Il avait la nausée et de nouveau mal au crâne. Il ne savait plus quoi faire pour éviter ces cauchemars. Il refusait de prendre de la potion sans rêves trop souvent. Cette potion était addictive et il n’avait pas envie d’être dépendant. Il décida de ressortir après avoir pris une douche.
Il se rendit dans la boutique d’Hermione en fin d’après-midi. Ravie de le voir, elle ferma la porte et il put ainsi discuter avec elle sans une horde de clients impatients.
Elle avait les cheveux encore plus décoiffés que d’habitude et les yeux un peu hagards. Elle préférait de loin les mois calmes pendant lesquels elle créait plutôt que toute cette agitation.
- Ça va Harry ? Je suis désolée de ne pas avoir eu beaucoup de temps pour toi ces jours-ci. Entre la rentrée, Eliott et Fred, je n’ai plus une minute.
- Ne t’inquiètes pas, c’est normal, je comprends. D’ailleurs si tu as besoin d’aide, ici ou pour garder Eliott, n’hésite pas.
- Oh c’est gentil Harry ! Nous avons déjà une nounou mais à la boutique oui je pourrais avoir besoin de ton aide. Pas en vente directement, sinon ce serait la cohue ici mais en arrière boutique.
- Ce serait super.
- Non… Hermione secoua la tête et eut un sourire fade. C’est juste du rangement, du tri et faire la liste de tout ce qu’il me manquera pour refaire des baguettes. Enfin tu vois ce n’est pas très intéressant…
- C’est toujours mieux que tourner en rond toute la journée ou de faire ces cauchemars.
- Quels cauchemars ?
Harry s’empêcha de sourire mais sa réaction était exactement la même que celle de Ron. L’air légèrement paniqué et en même temps la voix ferme d’une personne prête à agir.
- Rien d’inquiétant, des brumes noires qui attaquent une fillette. Je pourrais la sauver si j’avais cette baguette blanche qui traîne par terre mais il n’y a que cet homme qui peut la tenir.
- Une baguette blanche ?
- Oui je n’en avais jamais vu. C’est fréquent ?
- Non pas tellement.
Hermione se tapotait les lèvres du bout des doigts, elle semblait pensive. Les sourcils froncés, elle jetait des regards vers l’étagère du fond. Harry savait qu’elle avait une idée en tête et il préférait attendre qu’elle parle d’elle-même. Seulement là, elle paraissait perdue dans ses souvenirs sans volonté d’en revenir.
- Euh ‘Mione ?
- Oh, désolée.
Elle n’en dit pas plus et se leva de son tabouret pour faire quelques pas sur le plancher propre du magasin. Elle s’arrêta dans le fond près des boites bleues foncées.
- J’ai vendu une baguette blanche il y a quelques mois.
Harry la regardait, elle avait l’air tellement perdu, il se leva mais ne fit pas un pas vers elle, préférant lui laisser son espace vital.
- Je l’avais créée pour toi Harry. J’avais pensé à toi chaque seconde pendant que je la créais. C’était ma première baguette.
Harry ne savait pas quoi dire. A l’époque où elle l’avait créée, elle devait le penser mort.
- Je l’ai vendue à Draco Malfoy, Harry.
Cette fois, sa voix tremblait et ses yeux étaient agrandis par la peur d’avoir fait une bêtise.
- Elle était faite pour lui, tu étais mort et elle… elle l’a choisi.
En quelques pas, Harry fut sur elle et la prit dans ses bras.
- Tu n’as rien fait de mal Hermione. Ce n’est qu’un rêve, rien de plus. J’irais voir Draco d’accord?
- Oui, dit-elle d’une petite voix.
Elle paraissait surmenée, Harry se dit que venir l’aider ne serait pas superflu. Il ne pensait pas que c’était très important qu’elle ait vendu une baguette à Draco, même si elle paraissait faite pour lui. Il avait toujours la sienne et il en était fort satisfait. Au contraire, il ne l’aurait échangée pour rien au monde puisque c’était un des rares objets qu’il avait retrouvé à son réveil.
Il ne rentra pas chez lui et alla directement chez Draco. Il préférait y aller à pieds, déjà il ne savait pas à quelle heure le blond finissait et il faisait beau, autant en profiter.
La route était longue mais il avait l’habitude de marcher et le temps passa rapidement. Une fois arrivé en bas de l’immeuble de Draco, il se sentit un peu stupide.
Il ne savait pas ce qu’il allait lui dire. “Ecoute j’ai fais un rêve, et apparemment c’est toi qui est dedans. Est-ce que tu pourrais sauver la petite fille qui se fait attaquer par les brumes ? Merci”. S’il disait ça, il allait être complètement ridicule ou bien Malfoy l’internerait à Ste Mangouste pensant qu’il était cinglé.
Il était en bas de l’immeuble en train de regarder ses pieds hésitant à rentrer ou non quand il entendit tousser derrière lui. Il se retourna brusquement pour se tenir face à Draco, sourire moqueur aux lèvres. Autant pour faire demi tour.
- J’imagine que tu me rends visite ?
- Euh oui ?
Draco ravala sa réplique. Il faisait beau et cela le rendait de bonne humeur. De plus il n’avait pas vu Harry depuis plus de trois mois et bizarrement cela lui avait manqué. Non il n’avait pas pensé cela, Harry Potter ne lui avait absolument pas manqué, il n’y avait même pas pensé.
- Oui je suis venu te voir, évidemment, je ne connais personne d’autre par ici, se reprit Harry.
- On monte alors ?
Harry hocha la tête, se sentant tout d’un coup mal à l’aise. Il avait pourtant carrément habité chez Draco pendant plusieurs semaines mais là c’était différent.
Dans l’appartement, il reprit ses marques et se détendit. Draco lui offrit une bierreaubeurre et ils prirent place sur le canapé. Harry ne put s’empêcher de sourire au souvenir de leur bagarre sur le tapis.
- Alors ? Comment vas-tu ?
- Bien merci. Et toi ?
- Bien également. Tu es venu uniquement pour une visite de courtoisie ou tu avais quelque chose en tête de plus précis ?
Harry ne put s’empêcher de rougir, le ton de Draco était sans équivoque et ce qu’il sous-entendait était bien trop proche des pensées qu’avait pu avoir Harry ces derniers temps.
Draco continuait de fixe Harry, il porta la bouteille à sa bouche et avala lentement une gorgée sans lâcher les yeux émeraudes des siens. La bierreaubeurre cachait son sourire, il finit de boire et haussa un sourcil, voyant que Harry ne répondait pas. Ce dernier rougit encore plus et Draco eut toutes les peines du monde à cacher son sourire. Merlin, cela lui avait vraiment manqué. D’autant plus que maintenant que Harry avait retrouvé tous ses souvenirs, le jeu n’en était que plus drôle. Il ne pouvait plus titiller ou jouer avec les gens, soit ils ne l’intéressaient pas, soit ils se jetaient à ses pieds immédiatement, par passion ou par crainte.
Harry déglutit lentement et avec difficulté avant de reprendre la parole.
- En fait, c’est assez stupide.
- Le contraire m’aurait étonné.
Cette fois, Draco n’avait pas pu s’en empêcher.
- Je peux partir sinon.
Harry avait immédiatement pris la mouche et se levait déjà.
- Reste.
Harry resta à demi debout, les jambes pliées et la main à mi chemin de la table basse pour poser sa bouteille. Il ne savait plus s’il devait finir son geste ou faire de mi tour. Il avait envie de partir pour l’emmerder mais le ton du Serpentard était tellement autoritaire qu’il n’arrivait pas à faire autrement que d’obéir. Il finit par reposer son séant sur le canapé. Son hésitation n’avait duré qu’une demi seconde mais Draco l’avait vu et cela lui suffisait. Il savait qu’il avait du pouvoir sur Harry et il en était satisfait.
Harry s’humecta les lèvres et lança un regard noir au blond.
- J’ai fait un rêve, enfin je l’ai fait toutes les nuits et à chaque fois que je ferme l’oeil depuis quinze jours. Une petite fille se fait attaquer par des brumes noires et je ne peux rien faire pour la sauver. Parfois il y a un homme à côté avec une baguette à la main, parfois juste la baguette. J’ai envie de la prendre mais je ne peux pas. Il n’y a que cette baguette qui peut la sauver et l’homme ne fait rien.
A ce moment de son discours, Harry jeta un oeil au blond, il ne se moquait pas de lui et en fait son visage restait de marbre. Incapable de savoir ce qu’il pensait, le Survivant continua.
- Hermione pense que c’est ta baguette dans mon rêve et donc que l’homme qui peut sauver la fillette c’est toi.
- Et la fillette c’est qui? Je ne suis pas un héros Potter.
- Je sais bien. Hermione s’inquiétait de t’avoir vendu cette baguette alors qu’elle l’avait faite pour moi. Elle pensait avoir fait une bêtise et je lui ai promis de venir.
- Granger ne fait jamais de bêtise.
- Je sais.
Le silence se fit pendant quelques minutes, les deux hommes finissant leur bierreaubeurre. Draco posa sa bouteille vide sur la table basse et passa sa langue sur ses lèvres. Il savait pertinemment que Harry suivait chacun de ses mouvements et il mettait toute la grâce et toute la sensualité possible dans le moindre de ses gestes. Il reprit la parole après avoir réfléchit aux propos du brun. Il trouvait toute cette histoire relativement étrange mais avec Potter plus rien ne l’étonnait.
- Et donc, tu penses que Granger a raison ? Que je suis cet homme et que je dois sauver une quelconque personne ? Je suis déjà guérisseur, je ne vois pas ce que je peux faire de plus. Si une petite fille arrive à l’hôpital, je la soignerais.
- Je ne sais pas quoi te dire. Je ne sais pas si cela a une signification ou non, si cette fillette existe ou si c’est mon imagination.
- Alors nous ne sommes pas beaucoup plus avancé, le ton de Draco était las.
Harry comprenait parfaitement la situation et il ne savait plus quoi dire. Il aurait du se lever et partir mais il n’en avait pas envie. Comment vouloir quitter cet appartement, ce salon, cet homme ? Surtout quand il était appuyé sur le dossier du canapé, la tête en arrière, le regard lointain. Il exposait la peau blanche de sa gorge qui semblait si douce et Harry ne pouvait s’empêcher de le fixer. Tant qu’il ne le regardait pas, il pouvait s’enivrer de cette vue.
Ce qu’il ne pouvait pas savoir c’est que Draco sentait son regard. Il devait faire un effort surhumain pour ne pas tourner la tête. Il avait l’impression qu’il faisait soudainement beaucoup trop chaud dans la pièce et sa position, confortable au début, commençait à devenir carrément désagréable.
Il patienta néanmoins, immobile, brûlant sous le regard émeraude. Il se retint de soupirer d’aise quand Harry se leva brusquement du canapé.
- Il faut que je m’en aille.
- Je comprend oui.
Draco se leva à son tour et tendit la main à Harry pour le saluer. Il fit comme s’il ne voyait pas l’hésitation du brun et serra sa main en le regardant droit dans les yeux.
Il ne lâcha pourtant pas sa main, il aurait du le laisser partir, lui dire au revoir et refermer la porte de son appartement sur son dos.
Il n’en fit rien, il se servit de leur contact pour l’attirer à lui, le retenant quand il tomba dans ses bras. Glissant une main sur ses reins, une sur sa nuque, il n’attendit pas que Harry ait la moindre occasion de le repousser et se saisit de ses lèvres avec un peu plus de violence que prévu.
Il s’attendait à se faire rejeter, à ce qu’il le frappe et l’insulte mais Harry répondit à son baiser avec une vigueur surprenante.
Enfin il se sentait en vie, Harry avait été plus que surpris par le comportement de Draco, il ne savait jamais sur quel pied danser avec lui. Il changeait si souvent de comportement vis à vis de lui, qu'il en était réellement perdu. Il n’était pas homme de réflexion mais plutôt d’action. Alors là il savait quoi faire. Il suivit son instinct, répondit à ses pulsions et laissa derrière lui toutes pensées ou idées, en se perdant dans les lèvres de son pire ennemi d’enfance.
Il prit lui-même l’initiative de glisser sa langue dans la bouche du Serpentard, de passer ses mains sous sa chemise et d’en arracher les boutons.
Draco n’en demanda pas plus et passa à l’action également. Il s’attaqua à la peau du cou du Gryffondor tout en remontant son tee-shirt sur son torse.
Les caresses violentes se transformèrent en gestes plus doux et les deux hommes se retrouvèrent allongés l’un contre l’autre sur le canapé. Torses nus, ils profitaient de la présence de l’autre, de toucher leur peau nue et de sentir leur souffle lourd apaisant leurs coeurs qui battaient trop vite.
Ils s’endormirent sur le canapé sans échanger un mot après de nombreux baisers et caresses. Draco n’avait pas osé aller plus loin, Harry n’avait pas paru être prêt ou en avoir envie. La situation avait été plus que frustrante mais il savait qu’avec Harry tout était spécial, unique.
Quand Draco émergea de son sommeil, il faisait nuit noire. Le corps endormi du Gryffondor reposait à moitié sur lui, il n’osait pas bouger de peur de le réveiller. Non pas qu’il se préoccupait du sommeil du brun mais plutôt parce qu’il savait que le réveil serait gênant et qu’ils ne sauraient pas quoi se dire.
Alors Draco resta là sans bouger, à réfléchir aux mots qu’il allait dire. A l’explication qui allait forcément venir, espérant qu’aucune dispute ne s’en suivrait. Quand Harry remua contre lui il retint sa respiration et résista à l’envie puérile de faire semblant de dormir. Il attendit que les paupières du brun dévoilent les yeux émeraudes.
- Bonjour, sa voix était plus rauque que prévu.
- Bonsoir plutôt non ?
C’était une découverte, Harry Potter était plus drôle de nuit que de jour, à retenir.
- Très bien, bonsoir alors. Cette fois sa voix était claire et le ton franchement sarcastique.
Harry se redressa sur un coude et fixa le blond. Dans la pénombre, il ne voyait pas grand chose mais cela lui suffisait. Il pouvait distinguer le contour de sa machoire, l’éclat de ses yeux et le plissement au coin de ses lèvres confirmant son ton sarcastique.
- J’imagine que tu vas vouloir discuter de ce qu’il s’est passé ?
- …
- Ce n’est pas la peine, on est adulte et en plus on a rien fait. On a tout de même le droit d’être attiré l’un par l’autre non ? Je n’ai pas envie qu’on se pose des milliers des questions. Si jamais tu veux me revoir, tu sais où me trouver et moi pareil, je sais où t’habites.
Draco n’avait pas eu le temps d’en placer une. Apparemment Harry avait pris la décision pour eux deux de ne pas se poser de question et de ne pas définir ce qu’il venait de se passer. Draco n’aimait pas tellement qu’on lui impose des choses mais pour une fois cela lui convenait. Il cherchait quelque chose à redire mais ne trouva rien alors il referma ses bras sur le corps du brun et l’enlaça en silence. S’ils avaient le droit de se comporter comme ils voulaient, autant en profiter. Il sentit Harry sourire contre lui, bizarrement sa satisfaction l’agaça.
Londres - Nuit du 18 au 19 août 2002
Ron était allongé dans l’ombre d’une haie. Heureusement pour lui, la lune était cachée derrière un rideau de nuages et il était invisible. Sa filature ne s’était pas très bien déroulée et il était sûr que sa cible l’avait repéré. C’est dans ces cas là qu’il regrettait de ne pas avoir de partenaire. Dans ces cas où il risquait de se faire tuer, au pire, capturer ou blesser, au mieux. Sa baguette sortie, il était sur le qui-vive. Sa cible l’avait bien repéré, Wilkes, un mangemort de peu d’importance mais un mangemort tout de même, était tapi un peu plus loin et l’attendait. Ron recula, traînant dans la boue, il ne voulait pas se lever d’un centimètre de peur de se faire repérer. Il allait pouvoir le prendre à revers. Il se releva et longea le mur jusqu’à la cachette de Wilkes. Il pensait s’en sortir rapidement mais cet enfoiré de mangemort était plutôt rapide.
Le combat qui s’engagea était inégal mais Ron galérait. Les sorts s’échangeait, les différentes couleurs, du vert pour le mangemort, du rouge pour Ron, étincelaient dans la nuit noire, brouillant la vision nocturne des deux hommes.
Wilkes avait changé de tactique, il ne cherchait plus à le tuer mais à le blesser. Ron esquivait.
- Diffindo !
Il était hors de question de se laisser découper.
- Sectumsempra !
- Stupéfix !
- C’est tout ce que t’as dans le ventre ? C’est vraiment minable !
- Rends toi ou je t’envoies à Ste Mangouste !
- Je vais te buter sale traître à ton sang !
Ron eut une demi seconde d’hésitation, les mangemorts n’étaient pas sensés le connaître. Cela faillit lui coûter la vie et il se prit un sort qui lui entailla le bras.
Il n’arrivait pas à se rapprocher assez du mangemort pour pouvoir l’immobiliser. Un sort fusa juste au dessus de son oreille et il plongea au sol d’un geste souple, il roula sur lui-même et se releva en jetant un sort de localisation doublé d’un stupéfix. Le mangemort était sur sa droite, il fuyait. Ron s’élança à sa poursuite, sa condition physique était parfaite et il rattrapa rapidement Wilkes. Il était assez énervé et son bras le lançait, il sauta carrément sur l’homme en fuite. Il le plaqua au sol et quand le mangemort réussi à se retourner pour lui faire face il lui envoya son poing en plein dans le nez. Du sang gicla sur le bitume mais Ron ne s’arrêta pas là, il se défoula encore un peu sur le visage du mangemort puis transplana sans lui demander son avis.
Ils atterrirent au Ministère et Ron traîna le mangemort jusqu’en cellule.
- Eh Weasley !
Jackson, un de ses collègues l’interpelait dans le couloir.
- Tu l’as sacrément amoché celui-là mon vieux.
- Il m’a énervé cet enfoiré.
- Je comprends, tu devrais aller à Ste Mangouste, ajouta-t-il en pointant du doigt le bras dégoulinant de sang de Ron.
Ce dernier jeta un oeil à la blessure. Avec la montée d’adrénaline, il ne sentait pas la douleur. Il fallait tout de même qu’il se soigne.
- Je vais y aller, je ferais mon rapport demain. Cette pourriture peut bien attendre demain.
- Il peut attendre plus que cela, je dirais au chef que tu l’as ramené, on s’en occupera.
- Merci.
Ron posa sa main sur le bras de Jackson et sortit du ministère.
Arrivé à Ste Mangouste, il se dirigeait vers l’étage des blessures magiques quand il croisa Draco Malfoy.
- Weasley! Tu t’es encore fait amoché ?
- Malfoy, tu pourrais m’arranger ça ?
- J’ai terminé là, soupira Draco.
- Très serviable pour un guérisseur, rétorqua le roux.
Draco ne dissimula pas son sourire parfaitement faut et ironique et fit un signe de la main à Ron pour lui indiquer une salle d’examen.
- Alors qu’est-ce qui s’est passé cette fois ? demanda Draco une fois installé.
Il n’était pas vraiment intéressé mais faire la conversation était un réflexe. Raconter aidait les patients à ne plus penser à la douleur et c’était parfois essentiel de savoir comment ils s’étaient blessés.
Ron avait retiré sa cape et sa chemise et exposait non sans fierté sa musculature. Draco ne fit pas le moindre commentaire, ni même ne jeta un coup d’oeil au corps de Ron. Il voyait des gens nus toute la journée et cela ne l’émouvait pas. De plus, il était loin d’être jaloux, se considérant lui-même comme un éphèbe.
- Secret professionnel, finit par répondre Ron.
Le haussement de sourcil de Draco le fit sourire.
- J’ai attrapé un mangemort.
- Encore ? Tu comptes battre le record de unes de la Gazette de Potter ?
- Je n’en suis qu’à douze, il m’en manque au moins une centaine.
- C’est sûr.
- Même toi, tu dois me battre… plaisanta Ron.
- Évidemment, je suis beaucoup plus intéressant que toi.
Le ton de Draco ne reflétait pas la moindre trace d’humour. Il était on ne peut plus sérieux.
Draco soigna rapidement le bras de Ron, la coupure était superficielle et le sort classique.
Pourtant Ron s’était aperçut qu’il avait passé facilement trois fois plus de temps que prévu. Il savait à quel point Draco était bon et rapide. S’il prenait son temps c’est que quelque chose clochait. Il savait que le blond était trop fier pour avouer une chose pareil. Il prit donc les devants.
- Tu veux boire un verre ? Proposa Ron.
Draco acquiesça de la tête et les deux hommes sortirent pour se diriger naturellement vers le bar dans lequel ils avaient déjà pu s’enivrer.
Assis à une table au fond de l’établissement, un verre de whisky pur feu devant eux, ils restèrent silencieux quelques minutes. Ce fut Ron qui brisa le silence. Il avait toujours été plus bavard.
- Alors qu’est-ce qui te tracasse ?
- Qu’est-ce qui te fais dire que quelque chose me tracasse ?
Draco n’avait pas quitté son verre des yeux. Le visage fermé, il n’avait pas du tout l’air d’avoir envie de parler. Et effectivement, il n’en avait pas envie. Il pensait à la veille et sa nuit avec Harry. Il n’avait pour ainsi dire rien fait mais c’est ce qui rendait la situation encore pire. Depuis quand Draco Malfoy laissait un homme l’approcher sans coucher avec lui ? Sans l’utiliser ? Sans le jeter comme un kleenex usagé au petit matin voire même avant ?
Il devenait soit vieux, soit sentimental et il n’aimait aucune des deux possibilités.
Ron éclata de rire, la tête de Draco était tout simplement à se tordre par terre. Pour une personne qui ne le connaissait pas, il avait un visage de marbre mais Ron voyait le léger froncement de sourcils, la crispation au coin de ses lèvres et son regard trop concentré. Il était perdu dans ses pensées et il n’aimait pas ce qu’il y voyait.
- Allez dis moi, de toute façon tu sais très bien qu’après trois verres comme ça, tu me déballeras tout. Autant le faire tant que tu contrôle ce que me tu me dis.
Draco grimaça, non seulement Weasley se foutait de lui mais en plus il avait raison. Il soupira en faisant tourner le liquide ambré dans son verre.
- J’aime ma vie telle qu’elle est actuellement.
- Tu veux dire en travaillant trop d’heures et en fréquentant cette bande d’abrutis de sang purs ?
Draco s’humecta les lèvres lentement et fit claquer son verre sur la table un peu plus violemment que prévu, quelques gouttes d’alcool se répandant sur le bois brut de la table. D’instinct Ron glissa sa main dans sa poche pour être en contact avec sa baguette. Il savait reconnaître un homme dangereux sur le point d’agir et là il était face à un tel homme.
- Tu parles de ma famille là, signala Draco. Son regard était sans appel, menaçant. Et de mes amis également.
- Peut-être. Mais tu détestes les autres. Tu crois que je ne vois pas ton regard dédaigneux lors des soirées de gala organisées par le Ministère. Tu les méprises parce qu’ils n’ont aucun but dans la vie à part gagner encore plus d’argent et être encore plus célèbres. Tu as toujours détesté les gens comme eux et c’est pour ça que tu ne supportais pas Harry quand on était à Poudlard. Tu pensais qu’il voulait la même chose qu’eux.
Draco ne répondit pas tout de suite, il prenait souvent Weasley pour un abruti. Sûrement parce qu’il jouait l’abruti à merveille. Il le connaissait mieux que ce à quoi il s’attendait. Il n’aurait pas du passer des soirées à boire avec lui.
- Cela ne te regarde pas. Peu importe ce que je pense des autres. Quand je dis que j’aime ma vie telle qu’elle est c’est que je n’ai pas envie qu’un élément perturbateur vienne y foutre le bordel.
- Quel élément peut bien perturber ta vie ?
- Quel est le plus grand élément perturbateur du monde sorcier ?
- Oh.
Ron but une longue gorgée, et attendit que la brûlure s’apaise dans sa gorge pour reprendre.
- Je ne savais pas que tu l’avais revu. Depuis que tu lui as rendu la mémoire je veux dire.
- Si. Hier soir.
- Et ?
- Je suis pas ta putain de copine Weasley, je vais pas te raconter la soirée.
- Ok ok, Ron leva les bras en signe d’apaisement. Parlons d’autre chose.
Ron savait quand laisser tomber. Draco lui en raconterait peut-être plus après quelques verres. Au pire il pourrait toujours demander à Harry. Les deux hommes parlèrent ensuite de sujets plus neutres si l’on peut dire comme la politique ministérielle ou les derniers résultats de Quidditch. Ils ne supportaient pas la même équipe mais tout deux s’accordaient sur les talents incontestables de Ginny, même si cela arrachait une grimace au blond.
Draco s’enivra plus que d’habitude et Ron fut forcé de le raccompagner. Il était hors de question qu’il transplane seul dans cet état. Il risquait de se désartibuler. Ron attrapa Draco par un bras, qui ne broncha pas au contact, signe de son état alcoolisé. Il transplana directement en bas de son immeuble et faillit tomber car Draco avait fait une embardée. Ce dernier explosa de rire et Ron soupira avant de partager son rire étonnement contagieux. Il le porta quasiment dans le hall.
Ils disparurent sous le regard blessé d’un homme un peu en retrait.
Harry avait décidé de revenir voir Draco, comme il n’était pas chez lui, il avait voulu l’attendre.
Il n’aurait jamais cru qu’il soit si proche de Ron. Il se sentait doublement trahi, par son meilleur ami et par un homme pour lequel il pensait avoir des sentiments.
Il transplana, ne souhaitant pas savoir ce qu’il se passait dans l’appartement. Ne voulant pas imaginer qu’à cet instant c’était Ron et non lui qui posait ses mains sur la peau douce du Serpentard. Il transplana, laissant juste une larme derrière lui qui s’écrasa sur le trottoir.
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