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La brume
Par LordJud
Harry Potter  -  Romance  -  fr
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Chapitre 5

Chapitre 5

20 Avril 2002 - Appartement Draco Malfoy

Cela faisait une semaine qu'Harry vivait chez Draco. Une semaine qu'il s'ennuyait et tournait en rond dans l'appartement. Draco refusait qu'il lise la plupart de ses livres. Hermione refusait qu'il voit d'autres gens. En fait il avait l'impression d'être en quarantaine, d'être puni pour quelque chose qu'il n'avait pas fait. Hermione lui avait dit que Ron savait qu'il était vivant et qu'il mourrait d'envie de le voir mais qu'il comprenait que cela pouvait causer un trop grand choc. Apparemment Draco, Hermione et même Severus Rogue passaient tout leur temps libre à chercher une solution pour que sa mémoire revienne.

Il en avait marre, il pensait que revoir toutes les personnes qu'il avait oublié pourrait déclencher ses souvenirs.

Draco et Hermione étaient d'accord mais ils avaient peur que le choc soit trop violent et qu'il tombe dans le coma ou pire. Harry s'en fichait, il voulait juste faire quelque chose, agir.

Hermione était présente dans le salon, elle lisait un livre. Draco avait été appelé d'urgence à l'hôpital. Ils étaient donc tous les deux.

- 'Mione ?

- Oui ?

- Il faut que je m'occupe.

Hermione reposa son livre en marquant sa page. Elle chercha ses mots avec soin, elle savait qu'Harry était comme un lion en cage. Elle savait qu'il ne pouvait pas rester sans rien faire. Le simple fait qu'il soit rester une semaine dans l'appartement et ne déroge pas aux règles qu'ils avaient fixé tenait du miracle.

- Je sais que vous ne voulez pas que je vois des gens mais dans ce cas là apprend moi la magie.

- Pardon ?

- Je ne me souviens des sorts qu'à partir du moment où j'en ai besoin. Comme des réflexes. Je ne peux pas aller chercher ça dans ma tête mais je peux réapprendre.

Hermione n'en revenait pas. Harry Potter lui demandait du travail, il devait vraiment s'ennuyer.

- C'est une bonne idée. On devrait commencer par les sorts simples et puis on pourra ensuite travailler sur la métamorphose. Tu n'auras qu'à demander à Draco pour les potions. Je vais faire un planning de cours et on se relaiera.

Hermione sortit immédiatement un parchemin et une plume et commença à préparer un programme d'apprentissage et un planning.

Harry sourit, il aimait vraiment être en compagnie d'Hermione. Elle le rassurait, elle prenait toujours les choses en main et avait l'air de savoir exactement ce qu'il fallait faire. Ce n'était pourtant pas suffisant. Il avait perdu trois ans de sa vie dans les brumes, puis un an dans le monde moldu dans lequel il ne s'était rien passé. Il ne voulait plus gâcher sa vie.

Hermione tapota sur le parchemin pour donner différentes couleurs aux matières qu'elle pensait nécessaire d'aborder et confia le document à Harry.

- Commence par me dire ce que tu sais faire.

- Je connait quelques sorts simples, accio, lumos etc.

Pendant deux heures, Hermione et Harry s'exercèrent à différents sortilèges. Hermione s'était rapidement rendue compte que le brun savait exécuter parfaitement chacun des sorts, il fallait juste lui rappeler leur nom et leur fonction.

Quand Draco rentra chez lui, il fut relativement surpris de voir que son canapé avait changé de couleur et que sa table était réduite à la taille d'un jeu d'enfant.

- Mais qu'est-ce que vous avez fait ?

Harry parut penaud et Hermione s'empressa de tout remettre en ordre de quelques coups de baguettes.

- Nous nous sommes exercés à quelques sorts.

- Je suis désolé… Je n'aurais pas du m'exercer sur ton mobilier.

- Ca ne fait rien.

Il s'assit dans son canapé qui avait repris sa couleur originale.

- C'est bon Granger, le baby-sitting est terminé. Rentre chez toi.

Hermione ne se formalisa pas de ce ton sec, Draco était de plus en plus taciturne et passait son temps à bougonner ou à la médire.

Le repas se passa en silence et Draco s'assit dans son fauteuil après le dîner. Il ne décrochait pas un mot et la pression commençait à monter en Harry. Il faisait des milliers d'efforts pour se montrer gentil mais il n'en pouvait plus. Il ne supportait plus de rester enfermé. Surtout avec lui.

- Bon je crois qu'on va arrêter les frais.

- Pardon ?

Draco avait relevé les yeux, foudroyant Harry de ses prunelles gris acier.

- J'ai mes souvenirs te concernant et concernant Hermione. Parce que je vous ai revu. Tout dans ma tête m'indique que je devrais te détester, tous mes souvenirs, ma raison me dit de fuir d'ici ou de te casser la gueule…

Draco se releva avec humeur.

- Eh bien vas-y qu'est-ce que tu attends ?

Ses poings serrés étaient le seul indice de sa colère, son visage était de marbre, il était impossible de décrypter ses pensées.

- Ce serait facile, tu n'as pas l'air de faire le poids.

- Tu veux parier ?

Le défi était dans sa voix. Harry ne voulait pas partir dans cette direction. Il voulait juste cesser cette mascarade. Cesser cette fausse camaraderie, se libérer de cette aide réticente. Le ton et l'attitude de Draco l'avait énervé. Une seule étincelle pouvait le faire sortir de ses gonds et c'était exactement ce que lui offrait le blond, une échappatoire à cet ennui mortel.

Il s'avança vers lui de manière à se trouver à un seul mètre de distance.

- Pas la peine de parier, cracha Harry.

Draco eut un rictus moqueur. Harry était plus petit que lui, pas de beaucoup mais il devait lever ses yeux émeraudes pour plonger dans l'orage.

Draco ne savait pas se battre, il n'aimait pas ça mais là il se sentait près à remettre le couvert. A recommencer leurs bagarres d'étudiants, d'enfants. Son sang brûlait dans ses veines et il sentait son coeur cogner contre sa poitrine comme s'il voulait en sortir. La rage le consumait et il voyait exactement la même chose dans les yeux de son homologue.

La bataille pour l'instant était purement mentale. Une guerre des regards.

- Tu es ridicule.

La façon dont Draco prononça ces quelques mots était tellement insultante qu'Harry préféra réagir physiquement plutôt que par la parole. Il lui fallu à peine une seconde pour étaler le blond par terre d'un coup de poing en plein visage. Il n'attendit pas que le Serpentard se lève et se jeta sur lui.

Draco s'attendait au geste du Gryffondor trop impulsif et il réceptionna le brun d'un coup de genou dans le ventre. Pendant qu'Harry se pliait en deux, Draco se releva et lui balança un coup de poing dans l'épaule. Cela ne suffisait pas, le visage d'Harry était déformé par la colère et celui de Draco reflétait une concentration extrême. Les deux hommes échangèrent coup de poing, coup de pieds, de genoux et de coudes. Roulant par terre et renversant la table basse, faisant tomber les livres des étagères et brisant tous les objets à portée de main.
Ils finirent essoufflés, à genoux, sur le tapis, chacun reprenant son souffle avec difficulté. Draco crachait du sang et Harry avait le nez cassé. Le tapis était recouvert de tâches écarlates et la plupart des meubles renversés.

Draco reprenait son souffle, il trouvait cela complètement dingue. Il venait littéralement de se battre comme des forcenés avec son ancien meilleur ennemi. Il jeta un coup d'oeil sur Harry, il n'était pas dans un meilleur état que lui. Ils étaient tous les deux ridicules, recouvert de bleus et de sang, le souffle court et les côtes douloureuses. L'hilarité de la situation commença à le faire rire, d'abord doucement puis dans un fou rire incontrôlable. Il s'assit avec difficultés et s'adossa au canapé, se tenant les côtes, riant à en pleurer.

Harry le regardait avec stupéfaction. Il avait mal à en pleurer, son visage lui paraissait brûlant et le lançait. Il n'avait pas gagné, il n'avait pas perdu non plus. Il avait beau souffrir dans toutes les parties de son corps, il se sentait bien. Il s'était défoulé comme jamais, il avait tellement eu besoin de cette violence, de ce corps à corps. Il trouvait ça un peu stupide et finalement il comprit pourquoi Draco riait. Il fut gagné par le rire du blond et ses épaules finirent par se secouer d'un rire tremblant. Chaque secousse le renvoyait à sa douleur, et à sa stupidité, le faisant rire de plus belle.

Il s'adossa au mur du salon face à Draco. Ce dernier attrapa sa baguette et remis le nez d'Harry en place.

- C'est la deuxième fois que tu me le casses.

- Et à chaque fois tu l'avais mérité.

Draco n'en fit pas plus, il ne voulait pas atténuer les douleurs du brun, ni les siennes. Leur rire s'était estompé et ils étaient restés assis à se regarder fixement. La tension qui était retombée avec leur bagarre commençait à remonter mais d'une manière différente. Ils ne se lâchaient pas du regard, sans animosité, juste ayant besoin de fixer quelque chose. La bouche d'Harry s'assécha, l'orage s'était calmé dans les yeux de Draco, le gris se transformait en un bleu pâle, plus doux. L'intensité de ce bleu de glace le transperçait et il ne savait pas s'il voulait se soustraire à ce regard ou au contraire ne plus jamais le quitter. Son coeur qui s'était calmé après les coups recommença à battre trop fort.

Draco se passa la langue sur les lèvres et cela n'arrangea pas l'état du brun. Le serpentard lui se contentait de dévorer du regard ce visage qu'il croyait ne plus jamais voir. Il se contentait de sa présence, s'en gavait comme il n'avait pas pu le faire depuis qu'il avait recroiser sa route. Leur cohabitation distante le tuait et il avait eu l'impression de se retrouver et de le retrouver en le frappant et en se faisant frapper.

Il savait que rester là, assis par terre, les jambes étendues croisant celles du brun, était dangereux. Il avait envie de franchir cette distance, envie de le toucher d'une manière plus douce.

Il se mit à genoux, s'avançant brusquement, déclenchant un sursaut chez Harry. Il passa sa main sur la joue du brun, ne le lâchant pas des yeux.

- Bonne nuit Harry, sa voix, presque réduite à un souffle était étonnement douce.

Le blond se leva avec plusieurs grimaces et rejoint sa chambre en titubant. Harry resta assis dans le salon quelques minutes, la main posée sur sa joue gauche. Tous ses souvenirs réunis lui criaient de haïr cet homme, de recommencer à le frapper, de l'insulter et de le détruire. Pourtant, chaque cellule de son corps avait frissonné à ce contact, son coeur battait plus vite quand il pensait à lui et son intuition lui faisait croire que sa raison avait tort.

Il était perdu et il préféra rejoindre sa chambre. Il avait mal partout et se dit que Malfoy abusait, il était guérisseur, il aurait pu le soigner. D'ailleurs il n'y avait pas de raison qu'il ne le fasse pas. Il refusait de se coucher en ayant aussi mal.

Il se dirigea vers la chambre de Draco et ouvrit la porte sans attendre après avoir frappé. Il s'arrêta après un seul pas dans la pièce. Elle était immense, de la moquette grise et épaisse recouvrait le sol et deux grandes fenêtres devaient laisser le soleil entrer en journée. Le lit de Draco était carrément gigantesque et ses draps semblaient être fait de satin. Des bibliothèques recouvertes de livres, un grand bureau, deux fauteuils et une armoire en bois massif complétaient le mobilier.

Draco était de dos, torse nu, sa chemise en tas à ses pieds. Des ecchymoses commençaient à se dessiner sur la peau pâle et Harry s'avança pour glisser sur ses doigts sur les bleus. Draco sursauta et se retourna brusquement. Le brun resta interdit, ne sachant pas pourquoi il avait fait ce geste.

- Tu ne pouvais pas juste aller te coucher… soupira le blond. Il faut toujours que tu compliques tout.

- Je… Tu… j'ai mal, finit par avouer Harry.

Draco resta immobile à le regarder, jusqu'à ce que le brun se sente réellement mal à l'aise. Il se balançait d'un pied sur l'autre la tête basse se sentant ridicule.

- Je ne soigne pas les gens gratuitement.

- Je… Quoi ?

Là Harry hallucinait carrément. Il voulait qu'il le paye peut-être. Est-ce qu'au moins il avait de l'argent ?

- Je dois avoir de l'argent, je pense…

- Évidemment que tu as de l'argent, enfin si les gobelins n'ont pas garder tout ce qui t'appartient. Mais je suis cent fois plus riche que toi, ton argent ne m'intéresse pas.

- Pourquoi tu travailles si tu es riche ?

- Ne change pas de conversation.

- Tu veux quelque chose en échange de tes soins et tu me loges et nourris gratuitement, je ne comprends pas la logique.

- Je n'ai jamais dit que tu restais chez moi gratuitement.

- Mais à quoi tu joues.

Draco s'avança et se planta devant Harry, baissant légèrement la tête pour croiser son regard.

- Il faut que tu comprennes que je ne suis pas une gentille personne. Je ne fais pas la charité et je ne te laisse pas rester chez moi par pure bonté. Je suis un Malfoy. Actuellement tes souvenirs entrent en conflit avec l'image bienveillante que tu as de moi depuis quelques jours. Tes souvenirs ont raison Potter. Je ne suis pas fréquentable. Je suis moi et je ne changerais pas pour devenir ton ami. Je ne suis pas Granger, je ne fais rien par altruisme. Il faut que tu comprennes que tu ne dois pas me faire confiance. Tu ne dois pas entrer dans ma chambre comme ça et ne t'avises plus jamais de me frapper. Cette fois je devais me défouler mais la prochaine fois je serais moins clément. Je connais toujours plus de sorts que toi.

Sur ces mots, il sortit sa baguette et visa Harry. Ce dernier ne recula pas et le regarda avec un air de défi. Il ne sentit rien.

Les lèvres de Draco se levèrent en un rictus moqueur.

- Dans ta salle de bain, placard du haut, fiole bleue claire. Maintenant sors.

Harry ne se le fit pas dire deux fois. Il quitta les lieux sans prendre son reste et alla dans sa salle de bain. Il y avait effectivement une fiole bleue claire. L'étiquette indiquait "Anti-douleur et soin superficiels". Il avala le liquide et alla se coucher. Il se sentait mieux physiquement mais beaucoup moins bien psychologiquement. Il se demandait s'il ne vivait pas chez un sociopathe. L'attitude et l'humeur de Draco changeaient trop rapidement pour qu'il puisse les suivre. Il ne comprenait pas non plus ce qui provoquait ce changement. Malgré tout ce qu'avait dit le blond, Harry ne voulait pas le détester. Il ne voulait plus détester qui que ce soit. Il ne voulait plus perdre de temps. Il était mort ou presque pendant si longtemps qu'il voulait vivre pleinement, même si c'était dangereux. Même si cela voulait dire qu'il devait vivre avec un serpent venimeux enroulé autour du cou. Il était prêt à prendre tous les risques pour se sentir vivant comme il s'était senti pendant que les coups pleuvaient sur le tapis du salon.

26 Avril 2002 - Maison Granger-Weasley

Hermione fouillait dans sa bibliothèque, les livres s'entassaient à ses pieds et Eliott évoluait à quatre pattes au milieu des ouvrages. Elle voulait absolument trouver une solution pour Harry, elle savait qu'il n'en pouvait plus. Et elle ne pouvait pas le laisser chez Malfoy. Elle savait que pour sa sécurité c'était ce qu'il y avait de mieux. Chez eux, il serait exposé à trop de monde, trop de risque que quelqu'un le découvre et parle autour d'eux. Elle n'avait même rien dit à Fred. Elle en avait parlé à Ron bien sûr mais ils n'avaient pas pu en rediscuter depuis.

Elle ouvrit un énième livre et feuilleta à la recherche d'informations sur les troubles de la mémoire. Elle ne trouvait rien et cela l'horripilait. Si seulement elle pouvait accéder à la bibliothèque de Poudlard, elle était sûre que là-bas elle pourrait trouver les réponses à ses questions.

Eliott se mit à geindre, il voulait qu'on lui accorde de l'attention. Hermione le prit sur ses genoux pour le calmer. Elle reposa son livre avec un soupir et alla coucher Eliott, c'était l'heure de sa sieste.

Elle était à peine redescendue dans le salon avec une pile de livres que l'on frappait à la porte. C'était Ron, il lui avait promis de venir la voir en ce samedi après-midi. Ses congés terminés, il reprenait les enquêtes mais il piétinait. Alors il avait repris l'habitude de passer du temps avec sa meilleure amie, surtout quand son frère était au magasin. Il trouvait plus simple de la voir seule. Il n'avait pas de soucis quand ils étaient tous ensemble mais être juste tous les trois était étrange.

Il embrassa son amie sur la joue et s'assit sur le canapé.

- Alors ? Il survit à la cohabitation avec le serpent ?

- A vrai dire, je n'en sais rien, soupira Hermione. Il semble aller bien mais il ne parle pas beaucoup de lui.

- Il n'a pas vraiment changé… J'aimerais bien le voir.

- Je pense qu'il faudrait oui. Peut-être demain ?

- Ce serait bien. Et les recherches ?

- Je n'avance pas. Tu sais qu'aucun sujet ne m'a jamais tenu en échec ! Mais là…

Elle paraissait réellement dépitée et fatiguée. Entre son travail et sa famille, elle n'avait déjà pas beaucoup de temps et elle devait mener des recherches et s'occuper d'Harry.

- Il faut dire qu'Harry a le chic pour faire des choses inédites question magie.

- Oui et c'est bien là le problème.

Hermione continuait de feuilleter les livres sous le regard de Ron. Il avait ouvert un ouvrage en plein milieu et n'avait pas encore tourné une seule page. Il ne voyait pas l'intérêt de chercher une réponse dans un vieux livre.

- Et Malfoy ?

- Quoi ? Hermione avait quasiment le nez collé sur le texte qu'elle lisait et n'avait même pas relevé les yeux.

- Il est comment avec toi ?

- Arrogant, insultant, Malfoy quoi.

- Il n'a pas grandi ?

- Si bien sûr.

Hermione reposa son livre en soupirant. Elle savait que quand Ron venait, elle ne pouvait pas étudier. Cela au moins n'avait pas changé.

- Il est différent, il aide vraiment Harry. Il fait des efforts pour rétablir sa mémoire, il le laisse loger chez lui. Il s'implique vraiment.

- Tu trouves que c'est étrange ?

- Je ne sais pas. J'ai l'impression qu'on n'a jamais vraiment connu Malfoy. Et si jamais il était vraiment cet insupportable gamin pourri gâté, il ne l'est plus. Il est guérisseur.

- Ça ne veut rien dire…

- Ron… Malfoy est riche, il n'a pas besoin de travailler. Et pourtant il le fait. Il soigne des gens, il donne de son temps pour les autres.

- Etrange.

- Je trouve aussi. Mais sa baguette l'a choisi.

- Il a acheté une nouvelle baguette ?

Ron s'était relevé brusquement, le livre sur ses genoux s'était renversé.

- Pourquoi tu ne me l'as pas dit ?

- On ne s'est pas beaucoup vu ces derniers jours. Et ce n'était pas un évènement notoire.

- Pourquoi il en a acheté une nouvelle ?

- On lui a cassé la sienne, il s'est fait agressé.

Ron fronça les sourcils, il n'avait pas entendu parler de cette agression au travail. Pourtant une nouvelle pareille aurait du faire le tour de tous les bureaux. Hermione sembla lire dans ses pensées parce qu'elle rajouta :

- Il n'a rien dit à personne.

- Sauf à toi, le ton de Ron était quelque peu acerbe. Il n'était pas réellement jaloux mais il n'aimait pas le fait que Malfoy se confie à Hermione.

- J'avais besoin de savoir pour le faire tester des baguettes.

- Alors ? Le résultat ?

- Tremble, crinière de Sphinx et Sang de Dragon. Pureté, intelligence, force. Je ne dis pas que la personnalité de chacun est identique à la signification de sa baguette mais là… Cette baguette était spéciale, unique. Elles sont rares avec deux coeurs.

- Je suis… surpris…

- Le temps nous dira si nous avons raison.

- Il faut tirer Harry de là.

- Pour le jeter en pâture aux journalistes ?

- On le protégera.

- On ne peut pas. Il faut au moins qu'il retrouve la mémoire.

Hermione discourrait sur toutes les techniques qu'ils avaient testé et tout ce qu'ils n'avaient pas fait. Elle ramassa le livre qu'avait fait tomber Ron et se tut.

- Oh c'est pas vrai.

- Quoi ?

- C'est la solution ! Je le savais.

Elle dit à Ron de rester là, il devait surveiller Eliott.

- Où tu vas ?

Mais elle n'entendit même pas sa question, elle avait déjà passé la porte pour transplaner. Elle revint à peine deux minutes plus tard avec un Harry ravi et un Draco bougon.

Ron était monté dans la chambre d'Eliott pour le surveiller. Il le regardait dormir et ne comprenait pas pourquoi il fallait qu'il le surveille d'aussi près. Il n'avait pas compris qu'Hermione lui demandait juste d'être là au cas où et qu'il n'était pas obligé de le fixer d'un air attentif pendant sa sieste.

- RON !

Celui-ci descendit à pas de loup et lança un regard noir à Hermione qui avait crié.

- Mais qu'est-ce que tu faisais ?

- Toi qu'est-ce que tu fais à crier ? Tu vas le réveiller !

- Tu es monté pour le surveiller ?

- C'est ce que tu m'as demandé.

Hermione mit la main devant sa bouche, elle ne savait pas si c'était pour étouffer un soupir d'agacement ou un rire.

- Laisse tomber. Reste dans la cuisine. Il ne faut pas qu'Harry te voit tout de suite. On doit d'abord essayer ce qu'il y a dans le livre.

- Euh ok… Ron se retourna et marmonna quelque chose qui ressemblait fort à des reproches de l'avoir fait descendre pour le renvoyer dans la cuisine.

Hermione revint rapidement dans le salon. Harry était assis sur le canapé, les mains posées sur ses genoux et un sourire lumineux au visage. Il avait juste l'air heureux de sortir de l'appartement de Malfoy et était anormalement sage. Draco lui était accoudé à la cheminée, l'air nonchalant. Seul un léger rictus et un tremblement de la main trahissait son impatience et son irritation.

Se faire traîner comme un malpropre par Granger dans son affreuse maison. Bon d'accord sa maison n'était pas affreuse mais son salon n'était pas rangé et ça empestait le Weasley ici. Quand il n'y avait pas son mari, il y avait son amant. Le rictus de Draco s'agrandit, il allait pouvoir la titiller.

- Alors ton Weasley de remplacement se rhabillait ? Tu peux pas passer une journée sans voir un rouquin nu ?

Hermione ne répondit même pas à la pique de Draco et se contenta de lever les yeux au ciel. Elle lui plaqua contre le torse le livre que Ron avait trouvé de manière peut-être un peu plus brusque que prévue mais ne fit pas de commentaire.

Elle s'assit près d'Harry et lui offrit une tasse de thé. Malfoy n'avait qu'à se débrouiller s'il en voulait. Elle se fichait qu'il la trouve malpoli.

Draco ne prit pas la peine de s'asseoir ou de jeter un oeil au service à thé. Il lisait le livre à la page qu'Hermione lui avait indiqué d'un ton sec.

Son regard s'était éclairé mais ce fut bref. Il ne savait pas de quand datait cet ouvrage mais la description de cet acte magique était quasiment impossible. Il y avait une potion à réaliser et il doutait que même lui, avec l'aide de Rogue, y arrive. Et une incantation d'un autre temps était à prononcer. Elle était complexe, il fallait tracer une sorte de pentacle et le faire à une date précise.

- C'est mission impossible Granger.

Il regretta immédiatement sa phrase quand il vit les yeux d'Harry se voiler de déception. Il ne laissa rien paraitre mais ajouta tout de même.

- On peut toujours essayer, j'imagine.

Il s'en voulu de se sentir soulager sous le regard rassuré du brun.

Harry avait senti son coeur faire des montagnes russes. Il y avait cru, sa joie était à son paroxysme et d'une phrase le blond avait fait chuter son coeur au fin fond de ses entrailles. La rectification de Draco avait seulement ramené son organe vital à sa place normale. Il avait eu l'impression de faire un tour de manège et ce n'était pas du tout agréable.

Il se remettait de ses émotions pendant que Drago et Hermione listaient les ingrédients nécessaires pour réaliser la potion.

- D'après mes calculs, la bonne date tombe dans trois semaines.

- On n'aura pas le temps de faire la potion, rétorqua Draco.

- Elle ne doit reposer qu'une semaine,

- Peut-être mais il faudra du temps pour trouver les ingrédients. Certains ne se trouvent que dans des pays étrangers et il faut des autorisations pour obtenir le droit de s'y rendre.

Draco n'en revenait pas. Hermione savait ce genre de choses pourtant. On ne pouvait pas tout faire aussi vite. Certes avec ses contacts, il pouvait acquérir quelques ingrédients plus rapidement mais pas tous.

- Si l'on combine tes contacts et les miens, on devrait pouvoir trouver tout très rapidement.

Hermione paraissait si sure d'elle, Harry était une fois de plus relativement impressionné. Il comprenait qu'on ne le sollicite pas, il avait perdu la mémoire alors il devenait quantité négligeable auprès des autres. Il savait qu'ils ne le faisaient pas exprès. Ils voulaient juste le préserver et le materner, enfin Hermione du moins, pour Draco il n'était pas sur.

- Il y a des choses dans cette potion qui sont désormais illégales, Granger. Tu comptes contourner la loi ?

Le ton de Malfoy était franchement méprisant, il savait qu'elle aimait marcher dans la lumière et ne pas enfreindre le réglement.

- Ce ne serait pas la première fois qu'elle déroge aux règles, intervint Harry.

Les deux autres se tournèrent vers lui, ne s'attendant pas à ce qu'il intervienne. Hermione avait un sourire en coin et Draco était franchement surpris. Alors comme ça la Granger n'était pas aussi sage qu'elle en avait l'air ?

- Effectivement, mais là c'est différent. Je ne peux pas me permettre de me mettre à dos les affaires magiques étrangères vu mon métier. Tu t'en chargeras Malfoy.

Draco regardement fixement la brune, il en avait marre qu'elle lui file des ordres. Il en avait marre de cette situation. Il n'en pouvait plus d'avoir Harry chez lui, cela devenait beaucoup trop compliqué pour lui. Il ne pouvait plus inviter d'amis ou d'amants et il commençait à être sérieusement en manque.

- Granger. Va dans la cuisine.

- Pardon ?

Hermione était scandalisée du ton qu'il utilisait. Il n'avait aucun droit d'être aussi autoritaire sous son propre toit. Elle n'allait certainement pas se laisser faire, elle s'apprêtait à répliquer quand elle croisa le regard de Draco. Bleu gris, froid, transperçant comme une lance d'acier. Elle se leva et rejoignit Ron dans la cuisine sans un mot de plus.

Ron était debout, face à la table de la cuisine, les mains agrippées au rebord d'une chaise. Il serrait tellement les poings que ses jointures avaient blanchies. Sa mâchoire était crispée et il avait l'air assez terrifiant.

- Ron ?

- C'est trop dur, 'Mione. C'est trop dur de l'entendre parler, de savoir que tu lui parles, que même Malfoy lui parles et que moi je ne peux même pas le voir.

Hermione s'avança et posa sa main sur le poing fermé du roux.

- On va régler ça.

- A entendre Malfoy c'est mal parti.

- Il va tout faire pour.

- J'en suis pas si sûr.

Ron décrispa ses mains et s'assis sur la chaise qu'il avait cherché à massacrer. Il se prit la tête dans les mains, frottant ses poils de barbe du bout des doigts. Il se demandait s'il n'allait pas la raser.

- Garde-la.

Il regarda Hermione, sa meilleure amie, la femme qu'il avait rejeté mais qui était toujours là pour lui. La seule capable de lire dans ses pensées et capable de le comprendre. Il se demandait parfois à quoi ressemblerait sa vie s'il ne l'avait pas repoussée. Est-ce que c'est lui qui vivrait ici ? Est-ce que c'est son fils qui dormirait à l'étage et non son neveu ? Maintenant qu'Harry était revenu, maintenant qu'il savait qu'Harry n'était pas mort, il avait l'impression que toute sa vie s'écroulait. Plus de raison d'écarter Hermione, plus de raison de pourchasser les mangemorts en prenant tous les risques, plus de raison de vivre seul, plus de raison de se venger.

Il savait que quoiqu'il arrive, il serait devenu Auror, il aimait trop son métier et il était réellement bon mais pour tout le reste… Il se remettait en question. Il savait pourtant que c'était trop tard.

Hermione le fixait sans rien dire, il se demandait si elle devinait le cheminement de ses pensées. Probablement. Elle savait toujours tout. Elle savait les sentiments qu'il avait pour elle et qu'il ne lui avouerait jamais. Plus maintenant. Il avait passé son tour. Il aurait aimé avoir le même pouvoir qu'elle et être capable de deviner ses pensées et ses sentiments. Il ne pouvait pas et peu importe combien de fois il retournerait le problème dans sa tête cela ne changerait pas.

- Ils font quoi ?

Ron préférait changer de sujet. Il n'aimait pas penser à ça. C'est aussi pour cela qu'il se plongeait autant dans le travail.

- Je ne sais pas, avoua Hermione.

Elle était fatiguée soudainement. Elle voyait des choses dans le regard de Ron qu'elle ne voulait pas voir. Il avait fait son choix et elle avait fait sa vie. Il n'avait pas le droit de la regarder comme il le faisait, il n'avait plus le droit, depuis longtemps.

Eliott se mit à pleurer, offrant une diversion bienvenue à Hermione.

Dans le salon, Draco ne lâchait pas Harry du regard. Il en avait marre d'attendre et il allait tout tenter.

- Ouvre ton esprit.

- Quoi ?

- Tu me fais confiance ?

- Oui.

Draco secoua la tête, il se demandait comment Harry pouvait être aussi idiot. Il se souvenait de lui, de tout ce qu'il s'était passé et pourtant il lui faisait confiance. Les Gryffondors étaient des abrutis. Il passa outre néanmoins, cela lui serait utile.

- Ouvre ton esprit, ne mets aucunes barrières.

- Je n'en mets jamais.

- Si. C'est inconscient mais tu le fais.

Draco s'assit près d'Harry sur le canapé, il se tourna vers lui, son genou droit touchant le genou gauche du brun. Il sortit sa baguette et Harry soupira. Ils faisaient ça tous les jours, voire plusieurs fois par jour. Ils tentaient de retrouver ses souvenirs avec la légilimencie mais ils n'y arrivaient jamais.

De la main gauche, Draco tourna le visage d'Harry vers lui. Il était beaucoup plus près que d'habitude, ce qui troubla Harry. Il laissait sa main sur la joue du brun, comme si ce contact avait un certain pouvoir la peau du Gryffondor prit une belle teinte rosée. Le visage de Draco restait tellement sérieux qu'Harry se demandait s'il ne se méprenait pas sur les gestes du blond.

Les doigts pâles glissèrent dans son cou, caressant la peau tendre et se logeant dans le creux entre son épaule et sa nuque.

- Ouvre ton esprit.

Harry ne savait plus s'il devait fixer les yeux de métal en fusion du blond ou ses lèvres roses si fines. Il ne voyait pas comment il pouvait se concentrer à ouvrir son esprit si Malfoy jouait avec lui. Il passait de l'un à l'autre et c'est quand il avait le regard plongé dans le gris nuage qu'il sentit un souffle sur ses lèvres.

- Legilimens.

Draco franchit les quelques millimètres qui les séparaient et embrassa le brun chastement.

Cela suffit à faire perdre pieds à Harry, il se sentit tomber à l'intérieur de lui-même. Son esprit partait à la dérive, il ne savait plus où il était ou même comment il s'appelait.

Draco était partout, à l'intérieur, à l'extérieur, autour, dedans, il était là et il n'y avait que lui. Draco voyait tout, savait tout, il était tout. Harry tombait encore et encore. Sa chute semblait ne jamais finir. Il traversait des brumes vaporeuses, des brumes impalpables, proches et lointaines à la fois. Il les traversait mais il n'était pas seul. Il y avait Draco Malofy. Il le guidait, il l'emmenait, il le faisait couler. Il le rattrapa, le repêcha et le sauva.

Harry rouvrit les yeux, il ne se souvenait pas de les avoir fermés. Il avait l'impression que cela avait duré des heures ou des jours ou une seconde.

Draco était toujours devant lui, ses mains reposant sur ses genoux et plus dans son cou. Son visage de marbre ne laissait rien deviner de ses pensées.

Harry écarquilla les yeux, il se souvenait. De tout. Ses parents, les Dursley, Hagrid, Dumbledore, Draco Malfoy, Ron, Hermione, Ginny, Poudlard, le Chemin de Traverse, les cours de Métamorphose, la Pierre Philosophale, Sirius, la Coupe de Feu, le Basilic, Cho Chang, Buck, la voie 9 ¾, le Terrier, Neville, Seamus, Dean, les cours de Potions, de Sortilèges, le Quidditch, Voldemort, la fin, sa fin. Il se souvenait de tout. Sa tête lui tournait, il avait des vertiges et il était content d'être assis.

Il surprit un sourire sur le visage pâle de Draco. Un vrai sourire, authentique, naturel, incroyablement beau et lumineux. Il avait envie de s'en saisir et de ne plus jamais s'en séparer.

Hermione revenait dans le salon avec Eliott dans les bras. Draco se leva avec un peu trop de précipitation.

- Au revoir Granger, Potter.

Et Draco fit un léger signe de tête vers Harry. Il se dirigea vers la porte. Harry était sûr d'avoir vu une étincelle dans son regard. Comme un regret, une phrase non prononcée, une hésitation. Il voulait se lever mais quand il y réussit c'était trop tard. Draco était parti.

Harry a retrouvé la mémoire !! Mais il a peut-être perdu Draco... 

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