Fin 1997 - Poudlard
En ce lundi matin, la Grande Salle de Poudlard était emplie d'étudiants prenant leur petit déjeuner. Le ciel magique était gris et pluvieux, il était triste à l'image de la plupart des élèves attablés. Les portes s'ouvrirent avec fracas et dans le contre jour apparurent deux hommes. Ils étaient roux et parfaitement identiques. La plupart des étudiants les connaissaient bien et tout ceux qui avaient assisté à leur départ spectaculaire se mirent à applaudir.
A dix-neuf ans passés, ils revenaient à Poudlard en septième année. Ils étaient plus vieux, ils avaient déjà un métier, ils gagnaient leur vie et plutôt bien. Pour revenir, ils avaient dû confier leur boutique à Verity. Ils se fichaient complètement de passer leurs ASPICs même si leur mère était ravie. Ils voulaient juste redonner le sourire à Poudlard. Faire rire, se moquer, faire des farces, les idiots, tout cela ils savaient faire. Ils allaient rempiler pour un an. Et même s'ils avaient déjà fait une grosse partie de la septième année, la directrice pensait que la refaire ne serait pas du luxe.
Ils se dirigèrent vers la table des Gryffondors et s'assirent avec les septièmes années.
- Pourquoi vous êtes revenus ?
Au moins Seamus était toujours aussi direct et malpoli.
- Pour tes beaux yeux darling. Le sourire de Fred était enjôleur.
- Moi je suis revenu pour Severus, il me manquait trop.
Georges avait posé ses bras sur le table et avait mis son coude dans le bol de Lavande. Du lait dégoulinait sur la table mais il faisait comme si de rien n'était et battait des cils en direction du professeur Rogue.
Lavande éclata de rire, rapidement suivi par Dean, Seamus et Parvati. Ceux qui n'avaient pas vu la pitrerie levèrent le nez et cherchèrent à savoir d'où venait cette hilarité.
Hermione souriait encore quand elle demanda quels cours ils avaient pris.
- Botanique et Potions.
- Potions ? Mais vous êtes fous ! Vous n'y êtes même pas obligés !
- Oui Ronnie mais c'était pour être avec toi…
- … Pour voir de nos propres yeux la catastrophe que tu es devant un chaudron.
- Le niveau de Ron a beaucoup augmenté.
- Hermione ne soit pas si sérieuse, ça te fait une petite ride là. Et Fred posa son doigt sur la peau entre ses sourcils. Hermione eut un petit mouvement de recul.
- Alors avec qui on sera en cours ?
Georges changeait de sujet, il avait remarqué la gêne d'Hermione.
- Et bien moi j'ai Botanique, Métamorphose et Sortilèges, intervint Neville.
- Je suis en Sortilèges, Métamorphose et Potions, dit Ron, et Hermione aussi. Nous avons aussi Défense contre les Forces du Mal.
- Oui et j'ai aussi pris Botanique finalement, ajouta Hermione, enfin en plus de mes autres options…
- Je suis juste en Sortilèges avec vous.
- Pareil.
Seamus, Dean et Parvati avaient parlé en même temps. Avec Lavande, ils avaient tous les quatre pris les mêmes options. Ils étaient également en Défense contre les Forces du Mal.
- Oh je suis sûre que vous seriez intéressés par l'Alchimie ! Hermione avait eu une illumination. Il n'y avait qu'elle, Terry Boot et Théodore Nott qui voulaient suivre des cours dans cette matière en septième année. C'était trop peu, mais peut-être qu'avec cinq élèves, ils voudraient bien rouvrir la classe.
- Et bien nous n'y avions pas pensé.
- Nous ne voulons pas un emploi du temps trop chargé
- On a un métier tu sais…
- Vous n'avez que deux cours !
La voix d'Hermione était scandalisée, comment pouvait-on être débordé avec douze heures de cours par semaine ?
- Messieurs Weasley, votre emploi du temps.
MacGonnagal avait interrompu leur petite conversation et déposa deux feuilles devant les frères Weasley.
Hermione attrapa une des feuilles dès que la directrice eut le dos tourné.
- Vous n'avez cours que les lundis et jeudis !
- Ce n'est pas de notre faute si les cours de Botanique et de Potions sont le même jour.
Et Georges lui tira la langue sous le regard goguenard de son frère.
- Pff bien sûr, vous avez fait exprès de choisir ces cours là parce que cela vous arrangeait bien.
- Penses ce que tu veux Miss Préfète, mais on sait tous que…
- … Ton seul regret c'est que tu ne nous verras pas assez !
- Soit tranquille, nous petit déjeunerons avec toi tous les jours.
Et sur ces quelques paroles, les jumeaux se levèrent et se dirigèrent vers la salle de Potions. Pourquoi fallait-il que les cours de Potions tombent toujours le lundi matin ? Cela dit, avec le professeur Slughorn c'était déjà beaucoup plus supportable.
Ils furent assez surpris en arrivant de voir qu'il y avait plusieurs élèves. Les autres les rejoignirent rapidement et Hermione leur passa sous le nez dans leur accorder un regard. Elle s'assit au premier rang à sa table habituelle avec Ron, Terry Boot et Lisa Turpin. Une autre table était occupée par Draco Malfoy, Théodore Nott, Daphnée Greengrass et Ernie MacMillan. La fin de la guerre avait mis un terme aux tensions entre maisons. Certes ils étaient toujours en compétition pour la coupe des maisons et le Quidditch et ils évitaient les excès de politesse. Au moins, plus personne ne se faisait agresser pour cause d'appartenance à la maison ennemie. Les agressions étaient toujours d'actualité mais pour des raisons bien plus personnelles. Les adolescents restaient ce qu'ils étaient...
Ernie MacMillan et Daphnée Greengrass sortaitent ensemble depuis à peine deux semaines et même si cela arrachait une grimace à Draco Malfoy à chaque fois qu'ils se touchaient, un tel rapprochement était plutôt bon signe pour l'avenir.
Le cours se déroula sans accrocs, après ces trois heures de Potions, ils avaient une heure pour déjeuner avant le cours de Métamorphose. Bien sûr les jumeaux ne reprenaient qu'à quinze heures pour leur cours de Botanique.
Hermione et Ron discutaient sur le chemin qui les menait à la salle de classe de MacGonnagal.
- Merci d'avoir demandé à mes frères de revenir.
Hermione trébucha et se rattrapa à la manche de son meilleur ami.
- Tu n'as pas à me remercier, je n'ai rien fait du tout, et …
- 'Mione… tu es une très mauvaise menteuse. Je sais que c'est toi et c'est bien. C'est comme s'ils faisaient revenir de la normalité dans notre vie. Tu imagines ? Je passes mon temps à lire et à travailler, j'ai fais tous mes devoirs pour les deux semaines à venir ! Je deviens toi !
- Eh !
Elle lui frappa l'épaule avec son petit poing et Ron rigola. Il se rendit compte que cela faisait longtemps qu'il n'avait pas rit si spontanément et surtout pour rien.
- Je ne sais pas si c'était une bonne idée.
- Pourquoi ?
- Ils me font sortir de mes gonds, ils ne respectent aucune autorité, ils sont...
- Libres…
- Oui, finit par avouer Hermione.
- Ce n'est peut-être pas plus mal…
- Quoi ?
- Au moins ils nous font penser à autre chose. Quand tu t'énerves contre eux, quand ils se moquent de moi, quand tout le monde rit à leurs blagues, on ne pense plus à Harry.
- Il me manque…
Rien que d'en parler, Hermione sentait des larmes perler à ses yeux. Elle battit des cils rapidement pour les chasser.
- Moi aussi 'Mione, moi aussi.
Ron passa un bras autour des épaules de la brune et l'attira contre lui. Il ne pleurait plus. Plus depuis qu'il avait prit la résolution de venger Harry en envoyant tous les mangemorts à Azkaban.
Le cours de Métamorphose n'était pas en petit comité, tous les septièmes années avaient pris cette option, sauf les jumeaux. D'ailleurs c'était la même chose pour les cours de Sortilèges et de Défense Contre les Forces du Mal. Personne ne se voyait quitter l'école sans exceller en enchantement et être capable de se défendre. La Métamorphose était une matière qui leur serait à tous utile dans leur futur métier mais aussi dans la vie de tous les jours. On ne mettait pas les basiques de côtés. Et la Métamorphose était une des bases de la magie.
Ils s'assirent tous en silence. Même s'ils étaient tous présents, ils ne formaient qu'une classe de vingt-six.
Le professeur MacGonnagal les salua et entra dans le vif du sujet.
- Aujourd'hui je souhaiterais que l'on parle d'un sujet que vous avez abordé dès votre première année. La loi de Gamp sur la Métamorphone. Est-ce que quelqu'un peut me dire quelles sont les exceptions citées dans la loi de Gamp ?
Quelques mains se levèrent mais pas assez au goût du professeur.
- Vous êtes censés être diplômés à la fin de l'année, vous devrez passer des ASPIC et ensuite vous intégrerez le monde sorcier. Soit pour une formation plus poussée, soit pour travailler. Si vous ne savez même pas ce que vous pouvez créer ou non, comment pensez-vous vous en tirer ?
Les élèves se sentirent penauds.
- Vous pensez toujours à ce que vous pouvez faire, mais vous ne pensez jamais à ce que vous ne pouvez pas faire. Pourtant, ce n'est pas parce que vous êtes sorciers que vous êtes tout puissant. Vous avez chacun des prédispositions et des talents différents mais il y a des choses qu'aucun d'entre vous ne peut faire et d'autres que très peu peuvent.
Minerva MacGonnagal se tourna vers le tableau et écrit en grand : VIE - AMOUR - ARGENT - NOURRITURE - INFORMATIONS *
- Voici les cinq exceptions de Gamp. Vous me ferez un parchemin de soixante centimètres pour expliquer, d'après vous, pourquoi ce sont des exceptions. Et si cela n'en était pas, qu'elles en seraient les conséquences.
Elle prit une pause pour laisser le temps aux étudiants de noter leur devoir.
- Maintenant sortez vos baguettes, nous allons travailler sur la métamorphose d'êtres vivants. Prenez chacun une souris et métamorphosez là en ce que vous voulez.
Ils étaient tous un peu déstabilisés par cette entrée en matière. On leur rappelait les bases, enfin on leur rappelait surtout qu'ils ne connaissaient pas les bases pour les trois quarts de la classe. Ensuite on leur donnait un exercice avec beaucoup trop de libertés. Certains ne savaient pas quoi faire et d'autres se lançaient trop rapidement.
Ici, tout ce que Minerva essayait de faire, c'était de les confronter à la vie réelle, dans laquelle on doit faire des choix sans personne pour nous guider. Même si, disons-le, métamorphoser une souris en ce qu'ils voulaient était loin d'être une grosse décision.
A la fin du cours, Hermione conseilla à Ron de se rendre à la bibliothèque tout de suite pour faire son devoir. Elle fila en Botanique.
Le mois d'octobre passa rapidement et la soirée d'Halloween se déroula comme toujours avec le festin traditionnel et les centaines de citrouilles illuminées disposées dans le château.
L'hiver était bien présent et régulièrement le parc se couvrait d'une épaisse couche de neige. Bizarrement le retour des Weasleys avait eu l'effet escompté. Les élèves étaient moins tristes. Ou peut-être le temps faisait-il juste son effet ?
Ils se surprenaient à rire de plus en plus souvent, à parler de sujets légers et à flirter entre eux.
Un samedi de novembre particulièrement enneigé, la plupart des élèves avaient décidé de sortir faire une bataille de boules de neige. Hermione avait préféré rester dans la salle commune près du feu de cheminée. Pour une fois, elle ne faisait pas ses devoirs, elle était à jour de toute manière. Elle lisait un livre moldu, un roman policier plutôt divertissant.
Elle entendit des rires et se retourna, elle vit Fred et Georges avec des petites billes rouges dans les mains.
- Qu'est-ce que c'est ?
- Une de nos nouvelles inventions…
- Si tu les mets dans une boule de neige et qu'elle s'écrase sur quelqu'un ou par terre en fait, ça fait comme un mini feu d'artifice.
- C'est inutile mais très joli !
- Je regarderais ça par la fenêtre alors.
- Tu n'es pas drôle Hermione…
- Je n'ai pas envie d'avoir froid !
Fred se rapprocha d'elle et prit appui sur le dossier du canapé, son visage était proche du sien et il lui murmura :
- Je te réchaufferais.
Son sourire était toujours aussi enjôleur et son regard pétillant. Hermione fit ce qu'elle faisait toujours, elle évinça la phrase d'un geste de la main en levant les yeux vers le ciel. Il passait son temps à la taquiner. C'est d'ailleurs à ça qu'elle arrivait à les différencier. Au début cela la faisait rougir mais maintenant elle se contentait d'ignorer ses remarques. Il allait bien finir par cesser.
Les deux frères repartirent en riant bras dessus, bras dessous.
Hermione était replongée dans son livre quand elle fut dérangée une seconde fois. Ron s'écroula à côté d'elle, le visage en sang. Hermione reposa son livre sur la table basse et retira les mains de Ron de son visage.
Elle vit son nez en sang et bizarrement tordu.
- Mais qu'est-ce qui s'est passé encore ?
- Z'est Dean, il b'a enboyé ude bierre.
- Une bière ?
- Dan ! Ude bierre dure.
- Ah une pierre ! Mais il est fou ?
- Il d'a pas fait exprès.
- Ne bouge pas. Episkey
Hermione tendit sa baguette et lui remit le nez en place. Voyant le visage toujours ensanganté de son ami, elle remua de nouveau sa baguette :
- Tergeo.
Elle s'était approché de Ron pour bien lui remettre le nez en place et ils étaient extrêmement proche. Elle se surprit à rougir, elle pouvait voir la moindre tâche de rousseur sur le visage de Ronald. Bizarrement, ce fut lui qui franchit la distance qui les séparait. Il posa ses lèvres sur celles de la brune. Elles étaient glacées. Elles se réchauffèrent rapidement au contact des lèvres d'Hermione. Le baiser ne dura que quelques secondes et ils se reculèrent l'un et l'autre plutôt rapidement.
- Euh… Je… Je suis désolé.
La voix de Ron était un peu éraillée. Il avait rougit et se trouvait stupide.
- Non… enfin ne t'excuse pas. Je…
- C'est rien, c'était une mauvaise idée.
Hermione se mordit la lèvre inférieure.
- Non ! Je… J'ai aimé.
- Moi aussi 'Mione mais…
- Pas de mais…
- Si.
Ron n'avait jamais eu cet air aussi sérieux. Hermione commençait à paniquer. Elle avait réellement aimé ce baiser. Elle n'y pensait plus depuis longtemps mais ce baiser avait tout ravivé. Ses sentiments enfouis, ses désirs, son envie, elle voulait retrouver cette fusion et plus encore, de la passion.
- Hermione, tu es probablement la personne la plus importante au monde pour moi mais je ne suis pas le bon.
- Qu'est-ce que tu en sais d'abord !
Hermione avait haussé le ton. Il l'embrassait et maintenant il la laissait tomber, avant même que leur histoire ne commence.
- Je le sais. Je me connais. Je ne suis plus le même. Je n'arriverais pas à te rendre heureuse. Depuis la mort d'Harry, quelque chose s'est brisé en moi. Je ne suis plus capable d'aimer correctement.
- Mais…
- Attends, laisse moi terminer. Je me suis fixé un objectif, celui de combattre les forces du mal de toute mon âme. Et il n'y a pas de place pour le reste, pas pour les choses importantes, pour les vrais sentiments. Et tu es importante, tu mérites le meilleur, un homme pour qui tu seras le centre de sa vie. Je ne peux pas t'offrir ça, pas maintenant et sûrement jamais.
Hermione avait les larmes aux yeux. Elle ne comprenait pas, elle se sentait abandonnée. Harry était mort et maintenant Ron lui disait que jamais il ne pourrait l'aimer.
Il l'a pris dans ses bras. Et lui murmura à l'oreille :
- Je serais toujours là pour toi Hermione. Je ne serais juste pas le premier homme de ta vie mais je serais ton ami, toujours.
Mars 1997 - Pré au Lard
La troisième sortie à Pré au Lard s'annonçait plutôt bien, il ne pleuvait pas et on voyait quelques rayons de soleil percer les nuages. Les élèves s'étaient séparés en petits groupes, voire en couple pour se rendre au village.
Hermione marchait donc avec Ginny, les mains dans les poches car le vent restait tout de même frais. Les deux filles discutaient de choses et d'autres quand elles se firent dépasser par un groupe de quatrième années qui couraient en se lançant des sorts mineurs.
Ginny les traita d'abrutis et à juste raison puisqu'elle s'était pris un sort perdu et ses cheveux était désormais bleu fluo.
Hermione ne put s'empêcher de pouffer de rire et tenta un infinite sans succès. Ginny entreprit alors de courir après ces gamins stupides et immatures, selon ses propres dires, plantant Hermione au milieu du chemin.
La brune n'était pas très sportive et elle refusait net de courir inutilement. Elle garda donc le même rythme, perdue dans ses pensées. Elle sursauta quand elle sentit un bras s'abattre en travers de ses épaules. Elle fut brusquement attirée contre un torse et sentit des lèvres se poser sur son front.
Fred Weasley.
Depuis quelques semaines, il était passé des taquineries et de la drague à distance à des contacts de plus en plus fréquents sans jamais franchir la limite.
Hermione ne savait pas pourquoi il agissait comme cela, et pire, elle ne savait pas comment réagir.
Elle fronça les sourcils et prit le parti d'être directe, après tout cela marchait parfois et c'était soi-disant une caractéristiques des Gryffondors d'agir sans réfléchir, soi-disant…
- Pourquoi tu te comportes comme ça avec moi ?
Fred enleva son bras des épaules de la brune et perdit son sourire.
- Tu veux que j'arrête ?
- Ce n'est pas la question.
Fred retrouva son sourire mais garda ses mains dans ses poches.
- Je ne me pose pas de question, j'ai envie de le faire alors je le fais, et il haussa les épaules l'air nonchalant.
- Tu peux me le dire.
Hermione ne se laissait pas berner par l'attitude faussement détachée de Fred, ni par celle de Georges d'ailleurs. Elle savait que les jumeaux passaient beaucoup de temps à dire, faire et inventer des bêtises mais qu'au fond ils étaient deux sorciers intelligents et pas complètement immature. Enfin elle croyait et espérait avoir raison.
Le sourire de Fred se fit plus authentique et Hermione le trouva beau. Elle faillit trébucher en le scrutant au lieu de regarder le chemin mais se rattrapa en passant inaperçue.
- Tu vois plus loin que les autres. Tu crois en nous, en moi. Dans tes yeux je vois le reflet d'un homme que j'aimerais être et que tu sembles être la seule à deviner.
Hermione resta sans voix. Elle ne s'attendait pas à ce type de déclaration, peut-être un "c'est pour embêter Ron", "je te trouve jolie" ou "je fais ce que je veux" mais pas un discours aussi honnête.
Ne trouvant pas les mots pour exprimer ce qu'elle-même ressentait, elle glissa sa petite main dans celle de Fred.
Parfois des relations n'avaient pas besoin d'être décrite avec des mots précis, parfois deux personnes se retrouvaient ensemble non pas à cause du destin ou d'un coup de foudre mais juste parce qu'à cet instant cela semblait être la bonne chose à faire, à vivre.
13 avril 2002 - Appartement Draco Malfoy
Harry venait de se réveiller et était revenu dans le salon avec les deux autres faisant ainsi baisser la tension.
- Harry, je suis vraiment désolée de t'avoir fait cet effet.
Harry sourit, il avait encore mal au crâne mais il ne pouvait pas en vouloir à sa meilleure amie. Après tout il l'avait cherchée pendant longtemps.
Il s'assit près d'elle et lui prit les main. Son contact ne lui faisait pas mal. Il avait comme rêvé de milliers de moments avec elle pendant sa perte de conscience. Malheureusement, il ne se souvenait pas de tout, il manquait des parties. En revanche, ses deux seules connaissances de son ancienne vie étant en face de lui, il avait revu un épisode qu'il avait trouvé fort drôle.
Hermione mettant son poing dans la figure du blond. Il ne put que sourire en repensant à ce moment.
- Je ne t'en veux pas. Ce n'était pas de ta faute. Et puis j'ai connu pire.
- Ah.
- Oui le réveil a été assez difficile…
Voyant son visage fermé, Hermione ne posa pas plus de questions. Elle fut même étonnée que Draco n'en profite pas pour se moquer.
- Il va falloir que Draco entre dans ta tête Harry.
Devant le regard d'incompréhension du brun, elle rajouta :
- Tu te souviens quand le professeur Rogue t'a appris l'Occlumencie ?
- Non.
- Évidemment… soupira Hermione. La legilimencie permet à un sorcier d'accéder à tes souvenirs et l'occlumencie permet de bloquer ce sorcier.
- Mais si j'ai appris l'occlumencie, comment Draco va-t-il pouvoir entrer dans ma tête ?
Hermione grimaça, elle n'avait pas l'habitude d'entendre son meilleur ami appeler Malfoy par son prénom.
- Tu étais nul, tu n'as jamais appris.
Harry resta interloqué pendant que Draco fut pris d'un fou rire. Il tentait de rester discret mais le tremblements de ses épaules et les larmes qui perlaient à ses yeux le trahissaient.
- Ce n'est pas drôle !
Harry était carrément indigné. Il ne savait pas si c'était parce que le blond se moquait de lui ou parce que s'il avait plutôt l'air de rire avec lui que de lui.
- Très bien on se calme maintenant. Malfoy reprend ton sérieux.
Elle se tourna ensuite vers Harry.
- Tu es prêt ?
Il ne savait pas vraiment à quoi s'attendre alors il ne savait pas quoi répondre. Il hocha la tête pour donner son accord et vit Draco hésiter.
- Quoi Malfoy ?
- Ma baguette… Elle est neuve et le sort est compliqué. Je ne veux pas faire d'erreurs. Je n'ai jamais utiliser la légilimencie avec cette baguette.
- Et ?
- Sa mémoire doit être très fragile.
Le regard du Serpentard était appuyé. Hermione, elle, le regardait de travers. Elle avait compris où il voulait en venir.
- Il est hors de question que tu testes sur moi.
- Ce serait plus pratique. Tu le sais. Tu n'es pas obligée de me laisser à accéder à tout, tu es assez douée en occlumencie pour fermer ton esprit à ce qui te dérange.
- Très bien.
Hermione ferma les yeux et se concentra. L'occlumencie n'était pas son fort, contrairement à ce que semblait croire Malfoy. Elle n'avait aucune raison de s'entraîner et n'en avait jamais eu.
- Vas-y.
Elle savait qu'elle n'était pas prête mais elle ne pouvait pas faire mieux.
- Legilimens !
Draco avait sa baguette pointée sur le front de la brune et il avait l'air extrêmement concentré.
Il vit des centaines d'images défilées devant lui. Il pouvait choisir, il fit le tri, en choisit une.
Il vit une petite fille en pyjama, elle ne devait pas avoir plus de six ans. Elle était au pied d'un sapin de noël et s'émerveillait devant des livres, une mappemonde et un nécessaire de chimiste moldu. Génial, Granger était déjà une miss-je-sais-tout et ses cheveux était une vrai catastrophe. Cependant elle était mignonne. Draco cessa de regarder ce souvenir, cela l'atteignait gravement s'il trouvait Granger mignonne.
Il passa à un autre, dans celui-ci, il vit Hermione plus âgée, elle était à la bibliothèque et semblait concentrée sur un livre. Pas très intéressant.
Un autre, elle était assise dans la salle commune de Gryffondor, Merlin ce que c'était horrible tout ce rouge, elle pleurait. Ron la regardait et ne disait rien. Il se levait et partait. Elle continuait à pleurer. Draco ne comprit pas ce souvenir, vu leur apparence, ce devait être la dernière année à Poudlard. Il se demandait ce qu'avait fait Ron pour faire pleurer Hermione, ou alors c'était autre chose. Il n'eut pas le temps d'aller plus loin, il se fit carrément éjecter de la mémoire de la brune. Ce qui lui fit comprendre que ce souvenir était important et qu'elle ne voulait pas qu'il le voit.
Quand Hermione ouvrit les yeux, son regard noir le transperçait. Elle était furieuse mais se contrôla.
- Très bien, je pense que ta nouvelle baguette est parfaitement adaptée. Ce qui est plutôt logique puisque c'est moi qui l'ai faite.
Draco ne fit même pas de commentaire, il pensait toujours à ce qu'il avait vu dans les souvenirs de la Gryffondor.
- Très bien Harry, je vais y aller doucement. Laisse ton esprit ouvert. Legilimens.
Il fut confronté à des souvenirs récents, sa rencontre avec lui-même. Son travail à la discothèque, ses quelques rares amis, ses nombreuses balades dans Londres, rien de très intéressant. Bizarrement, l'ordre chronologique était inversé comparée à celui d'Hermione. Il vit Harry traverser l'Angleterre à pieds, sous sa cape d'invisibilité. Il le vit dans une petite maison, il était à terre à se tordre de douleur. Puis Harry fut dans une chambre devant Albus Dumbledore dans un fauteuil. Il semblait juste dormir mais Draco savait que ce n'était pas le cas. Et de nombreuses autres images furent soudain sous ses yeux, des images de lui et d'Hermione. Rien de plus. Les autres étaient embrumées. Il ne pouvait pas les voir, il ne pouvait pas y accéder. Il en prit une au hasard et tenta de percer le nuage de brumes. Il n'y arrivait pas. Il passa à une autre, non plus. Il tenta encore avec plusieurs souvenirs. Il finit par en débloquer un. Il vit alors Harry allongé dans l'herbe du parc de Poudlard. Il lançait un vif d'or en l'air pendant qu'Hermione lisait un livre et que Ron la regardait. D'accord, même amnésique Potter ne lui donnait pas accès à ses souvenirs importants. Il n'était pas digne de confiance peut-être.
Il finit par sortir de l'esprit d'Harry. Ce dernier semblait dérouté mais pas plus que lui. Il ne comprenait pas ce qui se passait.
- Alors ?
- Des brumes, ses souvenirs sont dans des brumes. Je n'ai pu en voir qu'un seul. Et il n'était pas important.
- Peut-être pas pour toi.
La voix d'Harry était un peu rauque. Il avait un souvenir, un seul, un normal, pas coupé, pas gâché par les brumes.
Draco resta silencieux quelques secondes puis proposa de recommencer. Cette fois il y alla plus fort, tentant de percer les souvenirs envahis de brumes. Il ne put rien faire, il alla même trop loin et Harry se plaignit d'une affreuse migraine après la séance.
Il fit promettre à Hermione de revenir le lendemain et alla se coucher.
Hermione resta interdite. Elle ne s'attendait pas à ce qu'Harry reste chez Malfoy et qu'il fasse comme s'il était chez lui. Elle pensait qu'il viendrait avec elle.
Draco la regardait avec un petit air supérieur. Il avait deviné le cours ses pensées en la voyant suivre du regard Harry.
- Alors Granger ? Déçue ?
- Que… Quoi ?
- Le petit Potter ne veut pas rentrer avec toi.
- Il vaut mieux qu'il reste ici, je ne voudrais pas qu'il ait un choc en voyant Fred par exemple. Au moins ici il ne risque pas de croiser qui que ce soit puisque tu n'as pas d'ami.
Granger avait de la répartie, il fallait bien lui accorder ça.
- C'est sûr et puis j'imagine le choc pour Fred, il doit déjà gérer au quotidien tes sentiments pour son frère alors je n'imagine pas si on y ajoute ceux pour Harry.
- Quand tu auras cesser d'imaginer des choses absurdes, on pourra parler de la situation d'Harry ?
- Oh non ! Tu pense que je vais laisser de côté ce que j'ai vu dans ta mémoire ?
- Tu n'as rien vu.
- Je t'ai vu en larmes devant Ron qui avait l'air plus que coupable. Il t'a dit quoi ? Qu'il ne t'aimait pas ? Et tu t'es rabattue sur le frère disponible ? Comment Fred le prend ? Comment il gère le fait de savoir que c'est le visage de Ron que tu vois dans ta tête quand il te baise ?
Hermione tremblait, à la fois de rage et de peine. Elle se leva et fixa le blond.
- Tu ne connais rien de moi Malfoy, tu ne sais rien de ma vie et de ce que j'ai traversé. Tu ne sais pas alors ne parle pas. Prend soin d'Harry. Je reviendrais demain avec Ron.
Elle prit son sac et se dirigea vers la porte.
- Je suis pas un putain de baby-sitter !
Draco avait à peine terminé sa phrase qu'Hermione claquait la porte. Il se rassit et se prit la tête entre les mains. Il avait visé juste. Hermione avait eu des sentiments plus que sérieux pour Ron. Il avait peut-être un peu abusé ensuite mais après tout il n'était pas quelqu'un de bien. Pas un total salaud mais pas un ange non plus.
Il dut d'ailleurs se faire violence pour ne pas aller voir Harry dans la chambre d'ami. Savoir que le brun de ses rêves d'adolescent dormait à quelques mètres de lui était compliqué. Il préféra aller fouiller dans sa bibliothèque pour se changer les idées. Il trouverait bien quelque chose dans ses ouvrages consacrés à la mémoire.
J'espère que ce petit tour dans le passé vous a plu et ne vous a pas trop perdu ! N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez ! |