Me revoilà... Plus diabolique que jamais ! HAHAHAAA !
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Je ne suis plus une petite fille. Je n’ai jamais réussi à me sentir réellement « adolescente ». Je ne me sens pas femme non plus. Non. Je me sens juste… Perdue.
Un mouton de poussière. Voilà comment je me sens, un pauvre mouton de poussière, valdingué sur le carrelage par les courants d’air.
J’ai couché avec un type hier soir.
Je l’ai rencontré dans un pub, dans une rue désertée de Pré-au-Lard. Les maisons cachaient la lune sinistre. J’avais envie de m’amuser. Alors, avec des amies, on s’est discrètement enfuies du château, quelques gallions en poche. Tu as du mal à me croire, hein ? Et pourtant, aussi surprenant que cela puisse paraître, oui, on peut sortir de Poudlard. Et en plus, c’est d’une facilité désarmante. Il faut juste savoir quels chemins emprunter, et ce vieux balourd de Rusard n’y voit que du feu.
Alors on est sorties. On était toutes excitées, comme à chaque fois. Sauf que cette fois, par cette nuit tiède, on a eu envie d’aller dans un endroit différent, un de ceux que l’on dit « mal famé ». C’est moi qui ai eu l’idée et elles m’ont suivi toutes les deux. Au début, les rues étaient éclairées, joyeuse cacophonie d’adultes qui ne nous remarquaient pas, débarrassées de nos uniformes. Et puis, nous avons fait exprès de nous perdre, parce que c’est souvent comme cela qu’on trouve les endroits intéressants. Les rues étaient plus propres puisque personne n’y venait jamais.
Des maisons de vieux, des magasins fermés, une succession inepte de vies restées en sommeil.
On en avait assez de marcher, ça aurait été tellement facile si on avait pu transplaner !
Et puis, de la lumière, progressivement. Une lueur d’un jaune malade, qui se vautrait sur les pavés. Des éclats de voix comme de fausses pierres précieuses, celles dont on voit sans peine qu’en plus d’être mal taillées, elles sont moches. Pourtant, cela nous fit sourire, triomphantes. On l’avait enfin trouvé, notre joyau crasseux ! Nous allions peut-être pouvoir nous amuser. On s’est approchées timidement, notre allure contrastant avec notre attitude. Pour être sûres de pouvoir entrer, nous nous étions toutes les trois maquillées, grimées comme des femmes. Décolletés abyssaux et talons trop hauts, khôl noir et parfums sirupeux. J’étais incontestablement la plus jolie, malgré ma petite poitrine et ma silhouette frêle.
Finalement, le corps ne sert pas à grand-chose : il suffit que les autres voient une fille à l’aise, gracieuse, abordable et un brin mystérieuse, et je te jure que ta jolie copine aura l’air d’un gorille à côté de toi.
Mes amies étaient jolies.
J’étais splendide.
On est entrées et je n’ai pas fait attention au nom du pub. C’était un nom composé, je crois. Nous avons laissé nos manteaux dans le petit vestibule étriqué, comme de vieilles peaux, entrant totalement dans nos personnages, exposant aux regards notre jeune chair. Nous nous sommes dirigées vers le bar, pendant qu’un homme encapuchonné faisait voleter distraitement une plume à papote dans les airs, un gros chat assis en face de lui. Partout ce n’étaient que coups d’œil dérobés, conversations chuchotées, bavardages joviaux et voix sous tension. L’animation sourdait ici comme une langue affairée. Des mains qui disparaissaient précipitamment entre les plis d’une lourde cape. Des tapes dans le dos.
Cet endroit me mettait mal à l’aise, et je l’aimais.
Le gars avec qui j’allais m’envoyer en l’air, je l’avais déjà repéré. Et lui aussi. Il était assit au bout du long comptoir, un verre minuscule contenant un alcool noir dans la main. Il devait avoir la trentaine, peut-être plus, peut-être moins. Je ne suis pas très douée pour dater les gens. J’ai fait comme si je n’avais pas remarqué qu’il me dévisageait.
Nous nous sommes assises, et celle qui semblait être la patronne s’est avancée vers nous et nous a demandé ce que nous voulions boire. On s’est regardées, surprises : cette fille avait l’air d’être cinq ans plus jeune que nous ! Elle était maigre (un vrai sac d’os), de taille moyenne, portait une robe banale, noire, et tenait sa baguette en main. Elle avait de grands yeux vides, et sa chevelure, châtain terne et frisée, semblait trop lourde et grosse pour sa tête atrophiée de petite fille. Elle disparaissait littéralement sous ses cheveux.
Pourtant, ses mains étaient énormes et calleuses comme celle d’un fermier, et sa voix bourrue.
Je commandais un whisky Pur Feu. Je n’aime pas les alcools forts, mais une vraie femme se doit de boire une boisson d’adulte. L’étrange fille en face de nous agita sa baguette et mon verre se remplit. Nous avons trinqué, puis le liquide puant s’est glissé dans ma gorge. J’ai réprimé une grimace, sachant qu’une paire d’yeux m’épiait. J’ai coulé un regard vers lui, soulevé mon verre dans sa direction. Il a répondu à mon salut.
De plus en plus à l’aise, j’ai parlé naturellement avec mes amies, oubliant où nous étions, l’heure qu’il pouvait bien être, et quel genre de sorciers traînaient dans ce pub glauque. Au bout d’un moment, il s’est enfin décidé à m’aborder. Il s’est approché de moi, s’est assis sur le siège vacant à mes côtés et m’a proposé un verre. Toujours jouant à la jeune femme un peu hautaine, j’ai accepté, mais cette fois j’ai pris quelque chose de moins fort.
Les copines étaient vertes de jalousie ! Je suis sûre que tu vois leur tête. En plus il était mignon, pour un type dégoté dans ce genre d’endroit. Je leur ai tourné le dos et j’ai entamé la conversation. Il était drôle, assez cultivé pour retenir mon attention et possédait un sourire qui m’intriguait. Il y avait quelque chose de nostalgique chez lui, comme quand on attend quelque chose depuis tellement longtemps que, lorsqu’enfin, on l’a entre les mains, on est déçu. On en veut plus. On regrette. Je ne me souviens plus de la couleur de ses yeux, ni même de la façon qu’il avait de me regarder. J’avais envie de lui.
Alors, quand il m’a proposé de sortir, j’ai fait mine d’hésiter, et j’ai accepté. J’ai dit que je n’en avais pas pour longtemps, elles m’ont regardé, ont regardé l’homme qui déjà s’éloignait, ont haussé les épaules. Elles devraient payer leur verre, alors que lui m’en avait fait cadeau.
Dehors, les étoiles avaient du mal à briller. Je le suivis dans une ruelle étroite qui sentait le moisi, et au moment où il se retourna, j’eu peur.
Est-ce que j’avais bien fait ? Si ça se trouve c’était un fou, un taré qui allait me torturer avant de me transformer en insecte et m’écraser ? Peut-être allait-il faire pire ? Peut-être que ses copains m’attendaient, tapis dans l’ombre. J’étais à deux doigts de crier « Lumos ! » pour voir des faces grimaçantes qui n’espéraient qu’un signe pour se jeter sur moi.
Mais il n’en fut rien, à mon grand soulagement et peut-être à ta grande déception, qui sait…
Il s’est contenté de me tendre la main. De m’envelopper dans ses bras d’homme, caressant mon cou et ma gorge, baisant mon visage. Il m’a demandé quel âge j’avais, j’ai dit la vérité.
- C’est vachement jeune.
Je n’ai rien répondu. Je l’ai embrassé tandis qu’il avançait sur moi, me contraignant à reculer vers un mur. Il ne s’est pas du tout occupé de mes seins, même pas par politesse envers moi. Il a soulevé ma jupe noire d’une main, cherchant de l’autre quelque chose dans sa robe. Il m’a tendu une fiole, que j’ai bu sans hésitation. C’était une sorte de préservatif sorcier, sucré, pour se prémunir contre les maladies, infections et toutes les merdes liées au sexe. Il en a bu aussi.
Ensuite, il a ôté mon collant d’un sort, le faisant disparaître je ne sais où. Je me souviens que sur le moment ça m’a stressée parce que je ne savais pas comment faire pour le récupérer par la suite. Je ne connais pas de sort pour invoquer une paire de collants.
Il a mit sa main dans ma culotte, comme ça, avec précipitation, sans m’effleurer à travers le tissus. J’aurais bien aimé, moi, pourtant. Je sentais son sexe sur mes mains, tout contre sa robe, qui enflait lentement. Je crois bien que lorsqu’il a touché mon pubis nu, il a souri. Mais je n’en suis pas sûre, il faisait tellement sombre. Il m’a caressée un peu avant de passer à la partie qui lui tenait le plus à cœur. J’avais soulevé sa robe et enflammé son sexe entre mes mains chaudes, mais il ne sembla pas non plus y porter grande attention.
Je savais ce qu’il voulait.
Doucement, plongeant son regard dans le mien, il me prit par les épaules et je compris qu’il voulait que je lui tourne le dos. Prenant appui sur mes mains, je me rendis compte que c’était le mur que j’avais sous le nez qui exhalait cette odeur rance. Quelqu’un avait dû pisser ou faire pire, juste à l’endroit où je me trouvais.
Quelle chance.
Je me penchais légèrement et écartais les jambes, les pieds bien campés sur le sol moite. J’étais excitée à l’idée qu’il me prenne, là, cet inconnu sans visage. Qu’il utilise mon corps comme un défouloir, une machine à éjaculer. C’était un sentiment que je ne connaissais pas.
Ce n’était pas ma première fois. Il y en avait eu d’autres avant lui. Mais le premier, ça, non, je ne te l’écrirai jamais. C’est la seule chose que je te cacherais, je te dirais tout le reste. Tu ne sauras jamais son nom (ou même s’il en avait un) , si j’ai aimé ou non, si j’ai eu mal. C’est non, n’insiste pas.
Il me pénétra. Lentement, sans vouloir me brusquer, alors que déjà il me faisait mal. Je n’avais pas suffisamment mouillé, ça c’était passé trop vite. A chaque coup qui le poussait plus loin en moi, j’étais projetée en avant, je sentais mes seins tressauter.
De plus en plus vite.
Et ses doigts, qui agrippaient mes fesses, de plus en plus fort. Timidement d’abord, puis s’enhardissant, le plaisir commença son sauvage effeuillage dans mon corps balloté. Me faisait-il du mal ou du bien ? Je ne le savais même plus moi-même. Sûrement les deux, comme un cyclone envoutant, n’en finissant plus de tourbillonner. Je me souviens qu’il était réceptif au moindre de mes gémissements, surveillant mes petits cris de chaton blessé, réduisant la cadence lorsqu’il s’apercevait que j’avais trop mal. Et pourtant, on ne pouvait pas non plus dire qu’il m’accordait une attention particulière. C’est une sensation étrange, d’être considérée à la fois comme un meuble et comme une femme. C’est sans doute mon âge qui l’a refroidi.
Il a jouit, alors que je commençais enfin à prendre mon pied. Ça m’a laissée frustrée, excitée, quand je l’ai senti se retirer. Il a déposé un baiser au bas de mon dos, rajustant sa robe. Je me suis rhabillée, moi aussi, puisqu’il n’y avait plus rien à faire, et il a fait réapparaître mes collants. Super.
Il a attendu que j’aie terminé pour proposer de me raccompagner. Quel charmant garçon.
J’ai accepté quand je suis retournée chercher mon manteau : mes amies avaient disparu, leurs affaires avec elles. Elles avaient dû rentrer sans m’attendre. Ce fut à mon tour de hausser les épaules.
Bah, tant pis.
Ni lui ni moi n’avons prononcé un mot durant le retour. Je ne lui ai même pas dit que j’étudiais à Poudlard, il l’a comprit tout seul. Il ne s’est pas perdu dans ce dédale qui m’effrayais, il n’a pas non plus utilisé sa baguette, même pas pour nous éclairer.
Quand je suis rentrée au dortoir les autres faisaient mine de dormir, alors que je voyais très bien que sous les draps rouges, elles n’avaient pas eut le temps de se déshabiller.
Le lendemain, c’est-à-dire aujourd’hui, elles m’ont paru tendues. Tu sais pourquoi, toi aussi, hein ? Depuis ce matin, je sais que leurs questions muettes ne pensent qu’à dégouliner de leurs lèvres serrées. Mais je ne leur dirais rien.
Si aucune ne se décide à venir me voir, moi, je ne dirais rien.
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Qu'en avez-vous pensé, cette fois ? |