Johannes était remonté dans sa chambre, ne passant même pas voir son frère. Il se sentait mieux, maintenant qu'il avait tout déballé à son cadet, la torture qu'il subissait à la fin des cours, la hantise de revoir ces lycéens odieux, la peur de souffrir, le goût amer dans sa bouche, cette chose répugnante dans sa gorge, ces rires désagréables, les coups, les blessures cuisantes.
Plus tard, les pervers qui lui faisaient subir ces tortures quotidiennes avaient vu Fabian, ils avaient trouvé amusant d'infliger une douleur de plus à Johannes.
Ils l'avaient menacé : si il ramenait encore son petit frère devant le lycée, ou si celui-ci était au courant des horreurs qu'il subissait, il s'occuperaient personnellement du pucelage du jeune collégien.
Cette menace avait effrayé Johannes, au plus au point. Pour éviter tout cela, il avait commencé à se montrer distant envers Fabian. A chaque fois que le jeune batteur émettait le souhait d'aller chercher son frère au lycée, Johannes repoussait vivement cette idée.
Fabi n'avait pu lui parler de ses sentiments, la distance que Jo mettait entre eux l'en empêchait. Un jour, Fabian alla chercher son frère au lycée sans prévenir celui-ci. Johannes le vit avec horreur et l'attrapa par le bras et le ramena chez eux en courant.
Trop tard, ils l'avaient vu, le lendemain, ils n'allèrent pas voir Jo à la fin des cours, ils allèrent au collège et embarquèrent son cadet.
Arriva ce qui devait arriver.
Fabian fut ramené chez lui vers 20 heures, avant le retour des parents Halbig, Johannes se rongeait les sangs, il tournait en rond comme un lion dans sa cage, se maudissant, se frappant, hurlant son désespoir. Lorsqu'il entendit la sonnette, il se précipita vers la porte, en l'ouvrant, il découvrit un jeune garçon de 13 ans dans un état pitoyable, le cheveu sale, les jambes tremblantes, les yeux et le visage ravagés par les larmes, la figure blafarde, il était secoué de spasmes. Fabian.
Mais le jeune Fabi ne savait pas que Jo voulait le protéger, il ne savait rien, juste qu'il venait de perdre son innocence, ou plutôt, qu'on lui avait volée, et par la faute de son grand frère.
Maintenant qu'il connaissait la version de celui-ci, Fabi pouvait pardonner. Johannes ne put s'empêcher de sourire.
Tout ira mieux à présent, ils vont enfin pouvoir reprendre leur relation où elle était restée, comme s'ils avaient appuyé sur le bouton "pause" d'une quelconque télécommande magique.
La mère des deux frères les appela pour manger.
Pour la première fois depuis longtemps, les deux adolescents descendirent en courant.
L'appel de la nourriture les avait sortis de leurs rêveries respectives.
Pour la première fois depuis longtemps, les frères Halbig s'adressaient gentiment, voire amoureusement, la parole à table.
Les conversations allaient bon train.
Pour la première fois depuis longtemps, les deux jeunes musiciens montèrent ensemble se coucher.
Le sourire aux lèvres, ils visionnèrent un bon vieux film comique.
Pour la première fois depuis longtemps, Fabian et Johannes dormirent ensemble.
Fabian se blottit contre son grand frère, profitant de sa chaleur.
Pour la première fois depuis longtemps, les deux bruns s'endormirent avec un sourire accroché aux lèvres. |