Le silence régnait dans la petite pièce du premier étage, à part les respirations des deux jeunes hommes qui y dormaient, on n'entendait rien, pas un bruit. Soudain, l'un d'entre eux, le plus jeune, fit un mouvement brusque dans son sommeil, ce qui eut pour effet de produire le premier son de la matinée. Le bruit d'un poids relativement lourd s'écrasant sur la moquette verte de la chambre. Cette chute eut pour effet de réveiller celui qui, à présent, était allongé dans une position inconfortable sur le sol. Johannes, l'esprit à peine éveillé, se releva en titubant. Imaginez-vous, le matin, après vous être couché assez tard, réveillé sur le sol de votre chambre, vous massant et les fesses, cuisants d'une douleur due à la précédente chute et, ajouté à ça, une irrépressible envie de bâiller et de retourner dans les bras de Morphée. Voyez à présent l'état dans lequel se trouvait l'aîné des frères Halbig en ce dimanche matin. Prenant son courage à deux mains, Johannes se décida à descendre la longue pente de l'escalier afin d'aller dans la bénie cuisine, qui, au sein de ses placards, renfermait les plus beaux trésors : tout ce qu'un adolescent moyen désire ardemment pour commencer une journée, aussi longue soit-elle. Ouvrant donc ce coffre aux trésors qu'était le placard à petit-déjeuner, Johannes se servit avec des gestes lents. Après un grand bol de café et quelques brioches au Nutella (dans lesquelles on sent plus le Nutella que la brioche), il se leva et rangea son bol. Il partit ensuite s'installer devant la télévision, à regarder les émissions abrutissantes dont raffolent les ados. Quelques minutes plus tard, il entendit des pas dans l'escalier, puis, des bruits provenant de la cuisine, le même brouhaha que Johannes avait fait en déjeunant. Johannes supposa qu'il s'agissait de son petit frère, venant de se lever. En effet, celui-ci arriva dans la salle à manger, dans la même tenue que son aîné, c'est-à-dire, un t-shirt et un caleçon. Il avait avec lui un petit paquet de gâteaux au chocolat et s'assit à côté de son frère. Johannes sourit face à la tête que faisait Fabian le matin. Il demanda l'autorisation de picorer dans les gâteaux. Accès refusé par un gémissement de mécontentement, le propriétaire du paquet ayant la bouche trop pleine pour exprimer un quelconque autre son. Cela fit rire le plus vieux qui reporta son attention sur la petite boîte à images. Ils restèrent quelques minutes comme ça, l'un regardant la télévision en silence, l'autre la regardant en s'empiffrant de biscuits chocolatés. Johannes sentit son cadet frissonner, il ne s'empêcha pas de passer un bras autour des épaules de Fabian et le serra contre lui. La soudaine chaleur humaine en plus du contact avec cette peau douce fit sourire le jeune homme qui consentit, en remerciement, à partager ses précieux gâteaux. Johannes ne put réprimer un sourire ému, des moments de complicité fraternelle tels que celui-ci lui manquaient et il décida d'en profiter tant que ça durait. Car lui savait que son frère n'occupait pas vraiment la bonne place dans son cœur, il n'occupait pas la place du petit frère, mais celle de l'être aimé et convoité. Il soupira de dépit. Ce soupir attira l'attention de Fabian, qui, à présent, était parfaitement réveillé. "Ça va pas, Jo ?" demanda-t-il Le dénommé Jo sursauta, ne s'attendant pas à cette question. "Euh… Oui oui, très bien, je…je suis juste un peu fatigué." Fabian, ayant deviné que quelque chose tracassait son grand frère, ne dit rien, mais se promit de mettre les choses au clair. Fabian, ayant finit son paquet de gâteaux, partit le jeter à la poubelle, lorsqu'il revint, Johannes n'avait pas bougé d'un poil. Il eut alors très envie de se blottir dans ses bras protecteurs et chauds. Il faisait froid tout de même ! Et lui, il n'était qu'en tenue de nuit ! Ni une, ni deux, il se lova discrètement dans les bras de son frère. Celui-ci mit quelques secondes avant de se rendre compte qu'il y avait un jeune homme de quinze ans blotti contre lui. Il sourit face à la moue enfantine que Fabian, malgré son âge, affichait à cet instant. Il lui rendit son étreinte, arrachant un soupir de contentement à son petit frère. Ce léger soupir, parfaitement innocent, eut un effet bœuf sur le plus vieux des deux. Un effet qui lui mit le rouge aux joues et qui lui donna très envie d'acheter des caleçons plus grands. Il croisa les doigts pour que Fabian, assit sur ce genoux, ne remarque rien. C'était sans compter sur les mains baladeuses et discrètes de celui-ci… |