Le jeune Fabian Halbig, ayant alors atteint la tant attendue majorité, se baladait dans les rues de Munich, sans but particulier.

Il avait passé la fin de son adolescence sous le regard protecteur de son grand frère, mais, depuis cette nuit passée ensemble, ce matin l’un dans les bras de l’autre, rien de plus ne s‘était produit. Johannes ne voulait pas entacher son cadet plus qu’il ne l’était déjà, et Fabian approuvait fortement cette idée. Déjà il était honteux de cette première fois forcée avec son aîné, il n’avait pas envie de recommencer.

Aussi, ils s’étaient contentés de furtifs baisers, de caresses volées au coin d’un couloir. Ces gestes devenaient au fur et à mesure, comment dire ? Habituels.

Ils s’étaient rendus compte, que même en s’aimant, les deux frères n’étaient pas fait pour être ensemble. Et étrangement, cela les soulageait.

A l’entrée de Fabian au lycée, Johannes allait en sortir. Il n’avait jamais retrouvé les enflures qui leur avaient causé tant de tord. Il a donc décidé d’occulter ces souvenirs de sa mémoire, plus facile à dire qu’à faire. Ainsi, il avait noyé son chagrin dans les bras de Fabian, et dans ceux d’une jeune fille, gentille, intelligente, drôle, batteuse.

Fabian n’était pas gêné de partager son frère, au contraire, cela lui permettait de se détacher en douceur de lui. Même si Johannes n’avait jamais refusé un câlin, un moment de complicité, Fabian essayait de limiter les contacts physiques.

Il n’eut même plus besoin d’essayer, en vacances à Berlin, il avait rencontré un garçon, parce que oui, Fabian était bi.

Bref, il avait rencontré un garçon, de son âge, brun, yeux verts, gentil, intelligent, guitariste.

Les deux frères avaient alors chacun pris leur route. Johannes avec sa copine. Fabian avec son copain.

Et tout était mieux ainsi.

Fabian continua sa route, quand son portable sonna, un message.

De Megan, à 19h02 :

Hey p’tit Fabi ! T’as pas oublié le réveillon quand même ?

Le dit Fabi se frappa le front de sa main gantée. Il avait failli oublier, alors qu’il avait la bouteille de champagne qu’il était parti chercher à la main ! Quel idiot il faisait !

Il se mit à courir dans les rues couvertes de neige jusqu’à l’appartement qu’il partageait avec Paul, son petit ami.

Il entra chez lui, essoufflé, et brandit la bouteille en signe de victoire, prétextant la difficulté à en trouver une en cette soirée de Noël.

Il fut chaleureusement accueillit par son frère, Fiona, la petite amie de Jo, Max, Megan et Paul.

Décidément, le petit batteur qui avait bien grandit avait tout pour être heureux. Et la lourde porte de bois se referma sur tout ce petit monde qui s’apprêtait à faire la fête.

Parce que c’était bien.