- Malfoy...
- Espèce de sale petit...
Mais un violent coup dans le dos fit taire Hermione et elle dut lutter pendant de longues secondes pour reprendre sa respiration. Des larmes lui montèrent aux yeux sous l'effet de la douleur, mais elle cligna furieusement des paupières pour les faire disparaître. Elle n'offrirait jamais la satisfaction de son ennemi d'enfance de la voir pleurer.
- Soit poli, Sang-de-Bourbe.
Hermione sentit une vague de colère l'envahir, mais elle se força à rester calme. Elle savait que Malfoy profiterait du moindre prétexte pour la frapper. Il était en position de force et dans un cadre légal si cela avait encore un sens aujourd'hui. Et elle avait besoin de rester aussi lucide que possible pour se sortir de ce mauvais pas. Elle préféra donc serrer les dents et ne pas répliquer à ses provocations.
- Si tu savais à quel point je voulais être celui qui te trouverait... Chuchota le jeune Serpentard à son oreille.
Une impression de déjà-vu, ou plutôt, de déjà entendu, la frappa brusquement. Mais elle n'eut pas le temps d'y penser d'avantage. D'un mouvement brusque, Draco la fit pivoter pour qu'elle lui fasse face, attrapa la baguette de la Gryffondor et lui emprisonna les mains pour qu'elle ne puisse pas bouger.
- Hermione Granger... Résistante, amie du Golden Boy et sang-de-bourbe de son état. Jackpot, jubila-t-il, les yeux brillants.
Sans hésiter et avec une impulsivité que ne lui ressemblait pas, Hermione lui cracha au visage avec toute la haine qu'elle ressentait à cet instant. Et sans hésiter non plus, l'héritier des Malfoy lui colla une violente gifle du dos de la main, l'envoyant durement sur le sol. Un filet de sang s'échappa de sa lèvre fendue et coula sur son menton. Elle l'essuya avec sa manche, ses yeux toujours fixés sur le visage de l'Auror.
- Tellement... Gryffondor... Ricana-t-il. Et si peu original.
Malfoy s'accroupit sur le sol et la regarda avec un sourire qui glaça aussitôt le sang de la jeune femme. A cet instant, il ressemblait beaucoup trop à son père à son goût.
- Tu as passé toute ta misérable vie à essayer de copier ton père. Qu'est-ce que tu connais à l'originalité ? Répliqua Hermione d'un ton mordant qu'elle regretta aussitôt en voyant l'expression sadique qui se dessina sur les traits de son ennemi.
- Je pense que l'on va passer pas mal de temps ensemble dans les prochains jours, Granger. Je suis certaine que tu as des tas d'informations intéressantes pour moi. Je vais me faire un plaisir de te les arracher une à une.
Hermione avala péniblement sa salive. Oh, non... Malfoy du lire la panique dans ses yeux, car son sourire s'accentua.
- Je vais laisser les autres s'occuper de tes petits copains. Toi et moi, on va faire un petit tour au Ministère. Une jolie cellule t’attend.
Hermione jeta des regards paniqués autour d'elle, espérant que quelqu'un avait remarqué sa situation et viendrait à son secours. Mais Ron et Kara étaient trop occupés à se débarrasser de leurs assaillants.
- Ne t'inquiète pas pour ton pouilleux de copain. La belette te rejoindra bientôt.
Il se pencha un peu plus vers elle, une lueur étrange dans le regard.
- Si tu es gentille, dit lentement en retraçant les contours du visage d'Hermione avec sa baguette, je vous mettrais dans la même cellule.
Toute couleur disparue du visage de la jeune fille qui se recula par réflexe.
- Va te faire foutre, Malfoy.
Ses yeux brillèrent dangereusement et il pointa baguette sur entre les deux yeux de la jeune fille. Mais un cri perçant soudain détourna l'attention de son adversaire et Hermione profita aussitôt de l'ouverture sans même chercher à savoir à qui appartenait ce cri. Elle ne reconnaissait pas la voix, donc, elle ne s'en souciait pas. La jeune Gryffondor ramena l'une de ses jambes contre sa poitrine et la détendit brusquement vers l'un des genoux de son adversaire en essayant d'y mettre tout son poids. Sa basket atteignit sa cible et percuta avec force la rotule du jeune Serpentard.
Un crac révélateur que l'os s'était brisé fit grimacer Hermione. L'Auror laissa échapper un long hurlement de douleur qui avait probablement du s'entendre à dix kilomètres à la ronde. Il s'effondra sans douceur sur le sol, les mains crispées sur son genou et les dents serrées. Sans attendre, Hermione récupéra sa baguette et se releva d'un bond. Le Serpentard gémissait toujours de douleur et sans hésiter, elle colla un bon coup de pied au visage pour faire bonne mesure, l'envoyant aux pays des rêves.
La jeune Gryffondor fut prise d'une soudaine envie de prendre le temps pour lui rendre chaque coup et insulte qu'il avait pu proférer à son encontre depuis leur première rencontre, mais elle n'en eut pas l'occasion.
- Transplane, maintenant !
La voix de sa chef de groupe lui fit l'effet d'un coup de fouet et elle détacha aussitôt les yeux de la silhouette inconsciente de l'Auror à ses pieds. De toute façon, elle n'aurait jamais frappé un homme inconscient. Si un jour, elle devait lui rendre la pareille, elle comptait bien sur le fait qu'il soit conscient et alerte.
Peu désireuse d'attendre que les Aurors se réveillent, elle courut sur les derniers mètres qui la séparaient encore de la barrière anti-transplanage. Après un dernier coup d'œil pour s'assurer qu'elle ne laissait personne derrière elle, la jeune résistante transplana loin de Liverpool, en se focalisant sur leur lieu de repli.
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- Je vais tuer ce connard ! Hurla Ron alors que Kara soignait la lèvre fendue d'Hermione.
- Calme toi, Ron. Crois-moi, il a payé, dit-elle avec un sourire satisfait en se rappelant des deux coups de pieds qu'elle avait infligé à Malfoy.
- Je m'en fous. Si je lui mets la main dessus, il pourra dire au revoir à sa face de fouine.
Hermione sourit tendrement à la réaction de Ron. Elle connaissait trop bien Ron pour l'empêcher de se défouler. Cela lui rappelait la façon dont il la protégeait à Hogwarts contre les insultes du Serpentard. C'était une sensation étrange de voir leurs conflits d'écoliers se transposer à la vie réelle, étrange et flippante. Parce qu'elle avait pu voir que le Malfoy d'Hogwarts était différent du Malfoy Auror. Visiblement, l'uniforme et probablement la position de son père lui avait insufflé une confiance nouvelle.
- Sérieusement ! Comment ce crétin peut-il être devenu Auror ?
- Merci Papa, lâcha Hermione avec un sourire.
- Tu m'étonnes, murmura Ron.
Hermione retrouva son sérieux et se tourna vers Kara, décidant qu'elle avait déjà assez repoussé la discussion qui lui brûlait les lèvres.
- Comment ont-ils trouvé notre planque ?
La chef de groupe releva brièvement les yeux.
- Je l'ignore.
Elle murmura une formule et Hermione sentit sa lèvre se refermer.
- C'est bon, tu es de nouveau intacte, lui dit Kara en rangeant sa baguette.
Hermione la remercia d'un signe de tête.
- Le sortilège de Fidelitas n'est pas en cause, on le sait. Alors comment ?
- Peut-être que quelqu'un nous a reconnu quand on sortait ou quand on entrait dans la maison, je ne sais pas.
La réponse était sèche et Hermione comprit qu'il était inutile de poursuivre la conversation.
- Ça pue toujours autant, fit remarquer Ron, en reniflant autour de lui.
Hermione reconnue une tentative maladroite de changer de sujet.
- Si tu penses pouvoir faire mieux, je t'en prie, asséna l'ex-Auror d'un ton cassant.
Ron grommela quelques mots dans sa barbe, comme « inventaire » et « nourriture », avant d'aller vers la cuisine de l'entrepôt. Hermione lança un regard en biais à sa chef de groupe qui l'ignora superbement. La jeune fille soupira et se leva de sa chaise, observant pour la première fois avec attention leur nouvelle planque.
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Suite à l'attaque de leur maison de Liverpool, Kingsley n'avait mis qu'une heure à attribuer au groupe une nouvelle planque. Et il ne leur avait fallu que quelques secondes pour regretter leur bonne vieille maison délabrée. Leur nouveau « chez eux » était un ancien entrepôt situé à une vingtaine de kilomètre au nord de Stirling, en Écosse, autrement dit, au beau milieu de nulle part.
La forte odeur d'essence qui emplissait l'air et les traces noires incrustées dans le sol avaient permis à Hermione de déduire que l'entrepôt devait servir autrefoisà entreposer des engins agricoles.Autrefois car il était évident que personne n'avait collé les pieds ici depuis des années. La jeune femme était certaine qu'il allait leur falloir deux fois plus de temps qu'avec leur planque de Liverpool pour assainir l'endroit.
- Autant s'y mettre maintenant, lâcha soudainement Kara. On a du boulot pour aménager cet endroit.
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Les trois résistants passèrent le mois suivant à s'habituer à leur nouvel environnement, sans vraiment faire quoi que ce soit de constructif pour leur mission. Kara passait beaucoup de temps avec Kingsley, soucieux de déterminer comment leur planque avait pu être découverte. Mais aucune réponse satisfaisante ne se dessina.
Dobby leur fit son premier rapport sur sa recherche de l'Horcruxe ayant appartenu à Rowena Serdaigle vers la mi-avril. Hermione était en pleine bataille explosive avec Ron quand un « crack » sonore avait retentit dans l'entrepôt, le bruit résonnant sur les parois métalliques en s'amplifiant de façon considérable. La jeune fille sursauta avant de poser les yeux sur Dobby et de mettre une main sur son cœur.
- Merlin, tu m'as fait peur, Dobby.
- Dobby est désolé, Miss.
- Ce n'est rien, le rassura-t-elle avec un sourire. Comment vas-tu ?
- Dobby va bien, Miss. Dobby a de bonnes nouvelles pour vous.
- Tu as du nouveau sur l'objet ? S'enquit Ron.
- Dobby a enquêté Miss. Dobby a découvert quelque chose. Et il a parlé avec Helena Serdaigle, la fille de Rowena Serdaigle.
Hermione resta bouche bée.
- Comment as-tu pu lui parler ? Balbutia-t-elle.
Dobby afficha un large sourire.
- La Dame Grise, Miss. Le fantôme des Serdaigle. La Dame Grise est Helena Serdaigle.
- Naaannnnn, souffla Ron. Par le caleçon de Merlin, comment peut-on ignorer cela après six ans à Hogwarts ?
Hermione ne trouva rien à répondre, stupéfaite elle aussi. Ce n'était même pas mentionné dans l'Histoire d'Hogwarts et cela, la jeune Gryffondor le vécu presque comme une trahison.
Dobby haussa simplement les épaules.
- Dobby l'ignore, Monsieur. Mais Dobby est certain que peu de gens sont au courant.
Probablement alertée par le bruit, Kara apparut dans l'encadrement de la porte et s'appuya contre le chambranle. Elle observa Dobby qui la regarda également, mais l'ex-Auror n'intervint pas et fit signe à Hermione de poursuivre.
- Continue Dobby, l'encouragea Hermione après s'être reprise.
- Dobby lui a dit qu'il cherchait un objet ayant appartenu à Rowena Serdaigle, un objet où elle aurait gravé l’emblème de sa maison. Dobby a sentit que la Dame Grise était mal à l'aise alors il a insisté. Elle a fini par avouer à Dobby qu'il s'agissait d'un diadème qu'elle avait volé à sa mère et qu'elle avait révélé un jour à Vous-Savez-Qui sa cachette, en Albanie.
Dobby, l'air extrêmement fier de lui, rayonnait d'avoir obtenu ces informations. Hermione échangea un regard avec Kara alors que Ron félicitait l'Elfe à grands coups de tapes dans le dos. Hermione afficha un large sourire en direction de sa chef de groupe. Ils venaient de faire un grand pas dans leur quête en identifiant le dernier Horcruxe.
- Le diadème de Serdaigle... On sait ce que l'on cherche, au moins, maintenant, dit Ron avec un large sourire.
- Dobby va le trouver Monsieur, affirma l'Elfe avec conviction en hochant la tête avec enthousiasme. Dobby sait ce qu'il doit chercher maintenant. Et il va fouiller le château jusqu'à ce qu'il le trouve.
- Merci Dobby, encore une fois. Pour tout. Tu fais un superbe travail, le remercia sincèrement Hermione.
Avec un dernier sourire, l'Elfe transplana.
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La nuit était fraîche en cette fin de mois d'avril et la légère brise suffisait à faire frissonner Hermione. La jeune fille regardait vivement autour d'elle, observant le parking lugubre, encadré par quatre bâtiments abandonnés, au milieu duquel elle se trouvait. Kara, Ron et elle venaient d'apparaître dans cette zone industrielle désaffectée située dans la banlieue sud de Londres. A cet instant, la zone était déserte et aucun bruit ne venait troubler le silence. Cela devait faire bien longtemps qu'aucune activité, légale tout du moins, n'avait animé le quartier. C'était probablement pour cela que les Aurors avaient choisi cet endroit. Il s’agissait d’un endroit à l'écart qui permettait à leurs ennemis de commettre leurs crimes en toute impunité et hors de vue de tous.
Au début de l'après-guerre, alors que la résistance se formait, elle se souvenait avoir raconté à ses compagnons sorciers la seconde guerre mondiale moldue et la ressemblance entre les résistants de l'époque et eux. Elle leur avait dit que l'histoire ne faisait que se répéter. Les nés-moldus avaient pris la place des juifs, Hitler avait cédé la place à Voldemort. Mais plus tôt dans la journée, lorsque leur chef de groupe leur avait appris ce que les Aurors projetaient de faire, elle s'était rendu compte à quel point sa comparaison était juste. Car, comme les SS cinquante ans plus tôt, les partisans du Seigneur des Ténèbres passaient sous silence certains de leurs actes ignobles, de peur de perdre le contrôle de la population sorcière.
Hermione capta soudainement un mouvement sur sa gauche et vit une silhouette sortir de l'ombre d'un bâtiment et s'approcher silencieusement d'eux en observant autour d'elle. Lorsque la lune éclaira brièvement son visage, Hermione reconnue Hestia Jones, un membre de l'Ordre qu'elle avait rencontré durant l'été précédant sa cinquième année à Hogwarts. Les traits tirés, une expression sombre sur le visage, elle les salua d'un simple signe de la tête. Pour cette mission particulière, Kingsley avait jugé préférable de leur envoyer du renfort vu le nombre de membres restreint de leur groupe.
La jeune fille se tourna vers Kara, attendant ses instructions autant qu'elle les appréhendait. Il ne s'agissait pas aujourd'hui de collecter des informations, mais de se battre. De frapper, fort et rapidement.
- Dissimulez-vous tout autour de la place. Lorsque je donnerais le signal, attaquez le sorcier le plus proche de votre position.
Les trois sorciers acquiescèrent et chacun partit se placer en frôlant les murs. Hermione se dirigea vers le bâtiment le plus au nord et grimpa quelques marches de l'escalier de secours. Elle s'accroupit sur le premier palier et passa une cape d'invisibilité – de bien moins bonne qualité que celle de son meilleur ami - sur ses épaules. D'ici, elle avait une vue imprenable sur la place où aurait lieu l'exécution. Un frisson lui parcourut l'échine à cette pensée et elle resserra la cape autour d'elle. Car c'est ce qui allait se dérouler dans une dizaine de minutes, s'ils échouaient dans leur mission.
En effet, les nouveaux Aurors du Ministère allaient mettre à mort un groupe de sorciers composés d'opposants au Seigneur des Ténèbres et de sorciers d'ascendance moldue ayant tenté de se soustraire aux nouvelles mesures imposées par le Ministère. Malgré les dispositions légales prévoyant une peine de prison à Azkaban, Lucius Malfoy estimait visiblement que certains d'entre eux n'étaient pas assez important pour les garder en vie. L'épuration, comme ils disaient depuis peu. Une abomination que Kingsley voulait empêcher chaque fois qu'il le pourrait. Heureusement, il avait été mis au courant des projets des Aurors pour ce soir. Un contact au sein du Ministère avait obtenu l'information et Kingsley les avait chargés d'intervenir pour neutraliser les Aurors et récupérer les prisonniers. Hermione avait été surprise que son groupe se voit confier cette mission. Après tout, ce n'était pas vraiment leur attribution, leur boulot à eux était la recherche et la destruction des Horcruxes. Mais les groupes de résistants « spécialisés » dans ce type de sauvetage étaient, d'après les dires de Kara, débordés et en sous-effectifs. Et eux n'étaient pas spécialement débordés étant donné que leurs recherches de l'Horcruxe stagnaient.
Hermione sentait son angoisse monter au fil des minutes. Malgré les mois qui venaient de s'écouler, elle ne se faisait toujours à ce genre de situation. Elle tentait de garder son sang-froid autant que possible, mais elle ne pouvait empêcher la boule qui se formait dans son estomac ni les légers tremblements qui la parcouraient. Mais elle savait d'expérience que tous ces signes d'anxiété disparaîtraient au moment de passer à l'action. Pour l'instant, elle devait se concentrer sur sa respiration pour ne pas paniquer et attendre.
Des pops résonnèrent finalement dans le silence de la nuit alors que huit Mangemorts apparaissaient au milieu de la place, encadrant une demi-douzaine de personnes à l'air effrayé, voire carrément paniqué pour certaines. Ceux qui savaient parfaitement ce qui allait se passer. Bien qu'elle ne puisse entendre ce qu'ils disaient, Hermione pouvait voir certains prisonniers parler, affichant un air suppliant. Inutile, pensa-t-elle. Ils n'auraient aucune pitié. D'ailleurs, elle pouvait entendre les rires moqueurs et cruels des hommes aux longues capes noires, alors qu'ils alignaient les six personnes et les faisaient s'agenouiller. La gorge de la Gryffondor se noua sous l'effet de l'appréhension alors qu'elle attendait le signal de sa chef de groupe.
Soudain, un éclair vert venant du bâtiment opposé au sien heurta l'un des Mangemorts en pleine poitrine, qui s'effondra sur le sol. Voilà le signe qu'elle attendait. Aussitôt, Hermione pointa sa baguette vers l'un des partisans du Mage Noir, en faisait appel à toute sa haine, et murmura:
- Avada Kedavra !
Le rayon mortel s'échappa de sa baguette en même temps que deux autres sortilèges fusaient vers le milieu du parking. Incapable d'esquiver sous l'effet de la surprise, trois Mangemorts tombèrent sur le sol simultanément. Cela laissa du temps, cependant, aux cinq restants de réagir. Un sortilège impardonnable fila droit vers Hermione, et elle eut juste le temps de sauter par-dessus la rambarde pour l'éviter. Elle atterrit durement sur le sol bétonné, et par ce mouvement, perdit la cape d'invisibilité, se dévoilant par la même occasion. Mais, elle ne comptait pas laisser à son adversaire le temps d'attaquer à nouveau et lança un sortilège cuisant qu'il parvint à éviter en roulant sur le côté.
* Merde ! *
La jeune sorcière se releva et partit se mettre à couvert derrière l'escalier alors qu'un nouveau sort passa si près de son visage qu'elle put en sentir la chaleur sur sa joue. Le cœur battant à tout rompre, elle eut juste le temps de voir ses amis combattre les deux Mangemorts et les prisonniers courir pour se mettre à l'abri. Mais surtout, elle remarqua les trois autres silhouettes encapuchonnées qui étaient apparues en pleine zone de combat. Les résistants étaient désormais en infériorité numérique, ce qui allait clairement compliquer les choses. Elle sortit de sa cachette pour attaquer, mais son adversaire fut plus rapide.
- Endoloris !
Elle n'eut pas le temps d'ériger son bouclier. Le sortilège impardonnable la frappa de plein fouet et elle s'effondra sur le sol en criant, lâchant sa baguette qui roula sur le sol, loin d'elle. Chaque parcelle de son corps sembla s'enflammer, lui causant une douleur insupportable. Elle n'était plus en mesure de réfléchir, son cerveau s'était mis en veille alors qu'elle convulsait sous l'effet du sortilège. Ce dernier pris fin rapidement, à son grand étonnement, et elle releva péniblement la tête, prête à recevoir un autre sort. Mais elle vit alors l'un des prisonniers, un jeune homme familier aux yeux d'Hermione, en plein corps à corps avec son adversaire et compris que celui-ci n'avait pas levé volontairement son sort. Réagissant au quart de tour, elle leva sa baguette et la pointa vers le Mangemort, trop occupé pour se soucier d'elle. Le jeune homme, lui, comprit ce qui allait suivre et s'éloigna brusquement alors qu'Hermione lança:
- Expelliarmus !
La baguette de son adversaire vola jusqu'à elle alors qu'il se retrouva propulsé de plusieurs mètres en arrière. Sans hésiter, elle lança la baguette à celui qui venait de l'aider et resta un moment surpris en le reconnaissant. Puis, se reprenant et abandonnant les retrouvailles pour plus tard, elle se rua ensuite vers le Mangemort et lui envoya avec rage son pied en plein visage, le plongeant dans l'inconscience. Puis, elle observa autour d'elle pour se rendre compte de la situation. Hestia et Ron, dos à dos, combattaient chacun un Mangemort. Quant à Kara, elle semblait s'amuser face aux deux Mangemorts qu'elle combattait, à la grande incompréhension de la Gryffondor. Mais cela faisait bien longtemps qu'elle n'essayait plus de comprendre sa chef.
Bientôt, la situation tourna à leur avantage, car les prisonniers, imitant leur camarade d'infortune, récupéraient les baguettes auprès des cadavres et se joignaient au combat.Le silence reprit rapidement ses droits sur la place alors que les duels prenaient fin. Des corps jonchaient le sol, pour la plupart des Mangemorts à l'exception d'un des prisonniers, mais Hermione n'y fit pas attention. C'était tellement habituel désormais qu'elle ne ressentait plus rien. Elle se rappelait que dans les films, ils appelaient cela des dommages collatéraux. Et elle se souvenait qu'elle détestait ce mot à l'époque. Aujourd'hui, elle acceptait cet état de fait sans rechigner. Cinq personnes sauvées sur six, c'était une bonne moyenne. Et ce n'était pas comme si elle l'avait tué elle-même. Comme quoi, une bonne guerre pouvait changer bien des choses. Cela aurait du l'horrifier, de s'habituer à cela, mais en réalité, cela l'indifférait.
Les survivants se rassemblèrent au milieu du parking, sauf d'Hermione qui marcha vers le Mangemort qu'elle avait assommé quelques minutes plus tôt. Celui-ci commençait à bouger, mais elle plaça son pied sur sa poitrine et pointa sa baguette sur lui. Maintenant qu'elle le voyait de près, son visage lui semblait vaguement familier. Il était jeune, à peine plus âgé qu'elle, et elle se douta qu'elle avait dû le croiser dans les couloirs d'Hogwarts. Le Mangemort la fixait avec haine, mais cela n'atteint pas Hermione.
- Vous mourrez tous pour cet affront, cracha-t-il.
- Toi d'abord.
- Va en enfer !
- Garde moi une place... chuchota-t-elle plus pour elle-même que pour lui.
Deux mots mortels et le jeune homme s'arrêta de bouger, ses yeux sans vie continuant de la fixer. La mâchoire de la jeune fille se contracta, mais elle ne détourna pas les yeux. Quelques mois plus tôt, si quelqu'un lui avait dit qu'elle lancerait des impardonnables, elle lui aurait ri au nez. Mais la situation et son état d'esprit avaient changé. Fini le monde en noir et blanc, le Bien et le Mal, cette vision manichéenne de la vie qui avait si longtemps occupé l'esprit d'Hermione. La guerre l'avait changé, forgé, endurci. Elle voyait maintenant les nuances de gris et s'en servaient sans vergogne. Œil pour œil, dent pour dent. Voilà qui était sa nouvelle philosophie. Pour une chose, la liberté. Pour une personne, Harry.
Par ailleurs, elle savait que c'était nécessaire. Les résistants ne pouvaient pas se permettre de laisser un survivant qui irait raconter ce qu'il s'était passé à Malfoy ou à Voldemort. Ils avaient, pour la plupart, des familles qui pourraient être prises pour cible. Même si la sienne était en ce moment en Australie et que ses parents étaient convaincus de s'appeler Wendell et Monica Wilkins, couple sans enfant, elle ne préférait pas prendre de risques. Jamais elle ne se le pardonnerait s'il leur arrivait quelque chose à cause d'elle. Il n'était pas question que leurs familles payent pour ce qu'ils accomplissaient jour après jour.
Sans s'attarder, elle alla récupérer la cape d'invisibilité et rejoignit les autres. Elle adressa un sourire au Serdaigle.
« Je suis contente de te revoir, Boot.
- De même, Granger », répliqua Terry Boot en lui rendant son sourire.
- Allez, on se tire d'ici, ordonna Wilkes.
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Quelques heures plus tard, les deux Gryffondor, Terry et Kara se retrouvèrent dans leur vieil entrepôt. Les survivants de l'exécution, en dehors du jeune Serdaigle, avaient été pris en charge par un autre groupe de résistants qui organiseraient le départ de ceux qui le souhaitaient, pendant que d'autres choisiraient de grossir leurs rangs. Hermione espérait que la plupart déciderait de se joindre à la Résistance pour les aider dans leur lutte. Malheureusement, les résistants étaient moins nombreux que les partisans de Voldemort et avaient une espérance de vie moins longue que celle de leurs adversaires. Les pertes dans leur camp au fil des mois, des attaques et des dénonciations étaient plus élevées que le nombre de personnes les rejoignant. Tous les volontaires étaient donc les bienvenus. Mais Hermione avait convaincu sa chef de groupe de retenir Terry une journée, car elle pensait qu'il pouvait leur être utile dans la recherche du dernier Horcruxe. Kara avait donné son accord, faisant confiance à la jeune Gryffondor.
Hermione se laissa tomber sur une chaise, épuisée et endolorie. Elle avait du mal à se l'avouer, mais elle ne pensait pas être capable de répéter ce genre de mission tous les jours. La jeune fille en tremblait encore, bien qu'elle sache que cela était certainement dû au Doloris reçu. Pour une part, tout du moins... Elle savait reconnaître un état de choc quand elle en voyait et encore plus lorsqu'elle en ressentait un.
- Bois ça, tu te sentiras mieux.
Elle obéit sans poser de questions à Kara et avala d'une traite la potion qu'elle lui tendait. Elle sentit le liquide au goût infâme descendre le long de son œsophage puis dans son estomac et la douleur diffuse qui persistait depuis l'attaque disparue, remplacée par une sensation de douce chaleur. Elle ferme un instant les yeux, prenant un peu de temps pour savourer cet instant.
- Tu as raison, ça va mieux. Merci Kara.
L'ex-Auror lui adressa un regard perçant et alla rejoindre Ron, affalé sur une chaise, le bras gauche en sang replié contre sa poitrine. La chef de groupe avait du boulot pour remettre tout le monde sur pied, mais elle s'en sortait bien. Personne n'avait de blessures graves, rien qu'une potion et une bonne nuit de sommeil ne puissent dissiper. Terry était d'ailleurs déjà parti au pays des rêves, récupérant probablement des événements qu'il avait dû vivre.
Psychologiquement parlant, c’était une autre histoire. Un silence pesant régnait dans la pièce, chacun ressassant les événements du jour. Maintenant que l'adrénaline se dissipait dans leurs veines, il ne restait que la triste constatation de ce qu'ils venaient d'accomplir. Même s'ils s'étaient habitués à la guerre et que chacun tentait de faire bonne figure, ils étaient tous secoués. Certes, elle avait déjà tué, à Godric's Hallow, mais c'était dans le feu de l'action, après que Ron ait été gravement blessé. C'était différent de cette nuit où elle avait délibérément lancé un impardonnable. Elle avait tué de sang froid. Deux fois.
- Vous avez sauvé la vie de cinq personnes ce soir, dit Kara en brisant le silence.
Hermione, le regard fixé sur le mur, sentait le regard inquisiteur de l'ex-Auror sur elle. Mais à cet instant, elle n'avait pas le courage de la regarder en face. C'est vrai, cinq personnes avaient échappé à la mort grâce à eux, et huit autres étaient morts, à cause d'eux aussi. Certes, il s'agissait de Mangemorts. Ils le méritaient, sans aucun doute. Elle ne doutait pas un instant qu'eux n'auraient pas hésité à les tuer s'il en avait eu l'occasion. Mais cela ne l'empêchait pas de se sentir mal. Ce qui la rassurait, d'un côté. Que cette guerre, malgré tout ce qu'elle avait dû accomplir et subir au nom de celle-ci, ne l'avait pas transformé en une machine dépourvue de sentiments.
- Vous pouvez être fiers de vous. Je sais que c'est le dernier sentiment que vous devez ressentir, mais vous avez accompli quelque chose d'important ce soir. Vous avez pris vos responsabilités dans cette guerre, et de façon admirable.
Hermione trouva enfin le courage de détourner les yeux du mur et de regarder la jeune femme à qui elle avait appris à faire confiance au fil du temps. D'un simple signe de tête, elle la remercia pour ses paroles. Kara plaça sa cape sur ses épaules.
- Je dois aller faire mon rapport, dit-elle avec réticence. Soyez prudent en mon absence.
- Vigilance constante, lança Ron en tentant de prendre la voix bourrue de Maugrey, ce qui arracha un sourire à l'ex Auror.
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