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Les sorciers de l'ombre
Par Ansha
Harry Potter  -  Action/Aventure/Suspense  -  fr
22 chapitres - Complète - Rating : T (13ans et plus) Télécharger en PDF Exporter la fiction
    Chapitre 7     Les chapitres     5 Reviews    
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Gringotts

Hermione en avait entrepris des aventures risquées depuis son entrée dans le monde sorcier. Tout au long de sa scolarité à Hogwarts, par exemple, elle avait même arrêté de les compter à un moment. Et à peine quelques mois plus tôt, elle s'était introduite au sein du Ministère de la Magie et avait attaqué un haut fonctionnaire. Pourtant, jamais elle n'avait autant appréhendé. Ce n'était pas faute d'avoir un plan, pourtant. Wilkes et elle y avaient passé deux semaines pour être certaine de ne pas aller se faire tuer et elles en étaient toutes les deux satisfaites.

Mais il s'agissait de Gringotts et par extension, des gobelins. Et dès que l'or était concerné, ils devenaient redoutablement dangereux. Ils avaient une réputation qui n'était plus à faire quant aux sorts des voleurs. Il n'était donc pas étonnant que la jeune fille soit un peu paniquée à l'idée de les voler. Elle avait presque l'impression d'être une hérétique en tentant de s'introduire frauduleusement à Gringotts et de forcer un des coffres. Surtout en sachant ce qui protégeait les coffres situés au dernier sous-sol, ceux des riches et anciennes familles, dont faisait partie celui des Lestrange.

- Tout va bien se passer, Hermione. Respire, suis-moi et ne parle que si c'est nécessaire.

A côté d'elle, une Bellatrix Lestrange aussi ressemblante que l'originale la regardait avec cette expression de dédain qui la caractérisait. Sa chef de groupe était déjà entrée dans la peau du personnage et balayait les environs d'un regard calculateur. Les deux jeunes femmes faisaient face à la devanture discrète du Chaudron Baveur, s'attirant quelques regards curieux de moldus bien que la majorité d'entre eux passaient à côté d'eux sans même leur jeter un coup d'œil.

Hermione passa une main hésitante dans ses cheveux devenus blonds foncés pour l'occasion et emboîta le pas de Wilkes. Elles n’eurent quelques secondes après leur l'entrée avant que leur présence ne soit remarquée. Les conversations baissèrent clairement d'un ton et la plupart des sorciers évitèrent de regarder dans leur direction. Visiblement, Bellatrix Lestrange mettait toujours mal à l'aise – voire faisait carrément peur – à la plupart des sorciers.

Le patron du pub, Tom, qui se trouvait malheureusement sur leur chemin, se mit à bredouiller quand elles arrivèrent à sa hauteur.

- Bonjour Madame Lestrange...

Wilkes lui lança un regard hautain et dégoûté sans prendre la peine de répondre et continua sa route vers l'arrière du bar. Arrivée dans l'arrière cour, Hermione aperçu l'ombre d'un sourire sur les lèvres de Bellatrix. Sa chef de groupe s'amusait apparemment comme une folle dans la peau de cette psychopathe. Étrangement, cela rassura un peu la cadette qui redressa les épaules et franchit le mur séparant le Chaudron Baveur du Chemin de Traverse.

- Merlin, murmura Hermione.

Cela faisait un bout de temps que la jeune Gryffondor n'avait pas mis les pieds ici et elle eut l'impression de s'être trompée d'endroit. Il n'y avait plus ce brouhaha incessant des sorciers qui arpentaient les rues, cette explosion de sons et de couleurs, ces cris des enfants et ces voix fortes appartenant aux marchands ambulants. En réalité, Hermione n'avait jamais connu le Chemin de Traverses aussi calme et aussi vide. La plupart des sorciers présents n'élevaient pas la voix et marchaient d'un pas vif comme s'ils ne voulaient pas s'éterniser. Seuls quelques-uns se déplaçaient avec l'assurance de ceux qui savent qu'ils n'ont rien à craindre.

Mais ce qui choqua le plus la jeune fille, ce fut les sorciers aux vêtements élimés et troués, serrés les uns contre les autres sous le porche des bâtiments. Certains étaient blessés, d'autres amorphes. Ceux qui pouvaient marcher mendiaient auprès des passants. Hermione sentit sa gorge se nouer et elle accéléra le pas.

Beaucoup de magasins avaient fermé leurs portes, de lourds panneaux en bois obstruant les vitres. D'autres avaient été remplacés, comme l'animalerie magique qui avait fait place à une boutique de magie noire. A travers la vitrine, on pouvait observer des objets étranges à l'aspect repoussant, un peu comme ce qu'elle avait vu dans l'Allée des Embrumes, chez Barjow et Beurk.

Sur les murs des bâtiments, de nombreux avis de recherches avaient été placardés. Certains sorciers étaient recherchés pour avoir violé les nouvelles lois sur le statut des Nés-Moldus. D'autres étaient recherchés pour trahison, ce qui devait signifier, grosso-modo, qu'ils agissaient pour le compte de la Résistance. D'ailleurs, sa propre tête figurait sur l'une des affiches, ressemblant à tous point à l'affiche qu'elle avait vu dans la Gazette des Sorciers il y a peu de temps. Hermione ne savait pas si elle devait en être fière ou se mettre à flipper.

Les deux jeunes femmes passaient devant l'apothicaire, l'un des rares boutiques encore ouvertes, quand une voix les interpella:

- Bellatrix !

Wilkes pivota sur ses talons, imitée par Hermione. Un homme dont le visage lui était familier, portant l'uniforme des Aurors, s'avança vers elles. Bien que le visage de Bellatrix soit figé dans une expression d'impassibilité, elle était presque certaine d'avoir vu brièvement son visage se crisper. Cela lui arrivait souvent quand elle croisait un des nouveaux Aurors et c'était compréhensible. Les criminels qu'elle avait pourchassé en tant qu'Auror se pavanaient dans cet uniforme pendant qu'elle-même ne pouvait plus sortir à visage découvert.

- Avery, la salua-t-elle froidement.

Wilkes jouait son rôle à la perfection et Hermione se rendit compte qu'elle avait dû croiser un certain nombre de fois la Mangemort pour arriver à un tel niveau d'adaptation. Que ce soient ses gestes, ses expressions ou encore l'intonation de sa voix, elle aurait pu convaincre n'importe qui, à quelques exceptions près.

- Qui est-ce ? Demanda-t-il.

Il désigna Hermione d’un mouvement sec du menton.

- Natalia Czeslawa, répondit Wilkes d'un air ennuyé. Elle vient d'Europe de l'Est et appartient à un groupuscule militant pour la pureté du sang.

- Et elle n'a pas de langue ? Demanda-t-il d'une voix moqueuse.

- Je suis venue observer ce que le Seigneur des Ténèbres a accompli ici, répliqua Hermione d'un ton mordant.

Avery se contenta de hocher la tête avant de reporter son attention sur celle qu'il croyait être Bellatrix Lestrange. Visiblement, il se moquait royalement d'Hermione et elle éprouva pour la première fois de la gratitude envers un Mangemort. Ses talents d'actrices étaient plus que limités et elle utilisait déjà toute sa concentration pour ne pas se mettre à trembler.

- Devines donc qui j'ai croisé ce matin.

Il n'attendit pas de réponse, ce qui semblait plutôt perspicace de sa part selon Hermione.

- Ta nièce.

- Je n'ai pas de nièce, cracha Wilkes sous son déguisement.

- Bien sûr, lâcha Avery avec un rictus entendu. Pour ton information, malgré tout, cette saleté de Métamorphage nous a semé. Oh, et elle est enceinte...

Hermione comprit enfin de quoi Avery parlait. Il s'agissait de Tonks.

- Vous vous êtes fait avoir par cette petite gourde, ricana la voix de Bellatrix. Une petite gourde enceinte, par-dessus le marché ?

Une lueur de colère traversa les yeux sombres de l'Auror qui serra les mâchoires.

- Ils sont bien organisés, ces rats, dit-il comme pour se justifier. A cette heure là, elle a probablement traversé la manche. Traître à son sang et lâche.

Hermione se contint pour ne pas ensorceler Avery. Elle n'appréciait pas du tout la façon dont il parlait de Tonks. La jeune Métamorphage ne manquait certainement pas de courage, elle devait simplement être très enceinte. Si elle comptait bien, elle était déjà à six mois de grossesse, et donc, plus du tout en état de combattre.

- Nous la rattraperons tôt ou tard, lâcha soudainement Wilkes.

- Certainement. Bon, je vais vous laisser à vos affaires.

Il adressa un salut de la tête aux deux femmes avant de partir en direction du Chaudron Baveur. Wilkes et Hermione échangèrent un regard avant de se remettre en route en silence. Hermione sentait les battements de cœur se calmer, soulagée par la tournure de leur rencontre avec Avery. Elle avait bien cru qu'il n'allait jamais les laisser tranquille.

Bientôt, la silhouette imposante de Gringotts apparu devant elles. Elles grimpèrent sans hâte l'escalier de marbre menant à l'impressionnant portail de bronze qui gardait l'entrée de la banque des sorciers. Au niveau du portail, deux gardes étaient postés à chaque extrémité chacun tenant une sonde de sincérité, sorte de longue et fine canne en or. Wilkes lui avait expliqué qu'il s'agissait d'un moyen de détecter les sortilèges de dissimulation et les objets magiques dissimulés volontairement.

Le garde en face de Wilkes hésita un instant et celle-ci en profita, le détaillant de haut en bas comme s'il était une véracrasse.

- Qu'attendez-vous, aboya-t-elle. Une invitation ?

Le garde sursauta et se reprit. Celui en face d'Hermione, qui avait regardé la scène, s'avança en même temps que son collègue. Dans une synchronisation parfaite, au moment où les cannes s'approchèrent des corps des deux jeunes femmes, elles lancèrent chacune un sortilège de confusion sur le garde en face d'elle. Hermione vit le sien tressaillir et fit un pas en avant, en affichant une expression agacée.

- C'est bon nous pouvons passer maintenant ? Demanda sèchement Hermione

L'homme baissa les yeux vers la canne toujours en l'air et hocha la tête, l'air confus. Soulagée, la jeune Gryffondor franchit le portail et passa devant les deux gobelins qui gardaient la porte intérieure forgée en argent. Le majestueux hall de marbre apparu devant les deux jeunes résistantes et Hermione déglutit difficilement. Quelle idée à la con… Mais sa chef de groupe ne semblait pas vraiment ébranlée par l'avertissement car elle se dirigeait d'une démarche assurée vers le long comptoir derrière lequel plusieurs gobelins étaient assis sur de hauts tabourets. Elle s'arrêta face à un vieux gobelin qui examinait une bague à l'aide d'une grosse loupe. Celui-ci ne se pressait visiblement pas pour les servir.

Un grognement sortit de la bouche de Bellatrix Lestrange qui laissa tomber sa main d'un coup sec sur le comptoir, faisant lever les yeux du gobelin mécontent d'être interrompu.

- J'aimerais avoir accès à mon compte, susurra-t-elle d'un ton faussement poli.

- Votre clé, s'il vous plaît, Mme Lestrange.

C'était le moment de vérité. D'un geste, Wilkes décrocha la clé de son coffre, accrochée autour de son cou et la tendit au gobelin. Celui-ci sembla flairer l'arnaque car ses sourcils se froncèrent. Mais la baguette de Wilkes - qui ressemblait trait pour trait à celle de Bellatrix grâce à une illusion juste au cas où - glissa dans sa main. Hermione n'entendit pas la formule du sortilège impardonnable, mais elle vit les manifestations physiques caractéristiques de l'Imperium sur le gobelin. Son regard s'était ternit et il affichait un air absent. Il se leva lentement et se tourna vers un jeune gobelin derrière lui :

- Bengram, j'ai besoin des Tintamars.

Le subordonné s'exécuta aussitôt pour lui rapporter un sac de cuir émettant un tintement métallique agaçant et le plus vieux leur fit signe de le suivre. Ils marchèrent vers une porte au fond du hall qui menait à un couloir fait en pierre brute, éclairé par une série de torches enflammées. Hermione se permit de souffler un peu. Elles avaient passé une étape cruciale en convainquant le gobelin de les emmener jusqu'au coffre de Bellatrix Lestrange.

Arrivés sur la plate-forme de départ, le gobelin siffla pour appeler le wagonnet qui les rejoignit dans un bruit de ferraille. Les deux sorcières et leur guide grimpèrent à l'intérieur et quelques secondes plus tard, une violente secousse fit vaciller Hermione alors que le wagonnet démarrait. Elle s'accrocha au bord de celui-ci, les mains crispées de peur de tomber alors que leur moyen de transport tournait et virait dans le labyrinthe des tunnels. La jeune Gryffondor avait l'impression de se trouver dans un manège particulièrement remuant, le vacarme des roues métalliques sur les rails en plus. Alors qu'ils zigzaguaient entre les stalactites, entraînés par la pente des rails, Hermione se fit la réflexion qu'elle n'était jamais descendue si bas.

Un virage en épingle la prit par surprise et elle s'écrasa sans ménagement contre une des parois du wagonnet. Elle se releva juste à temps pour apercevoir une sorte de cascade asséchée qui l'intrigua. Une chute d'eau dans le sous-sol de Gringotts, quel intérêt ? Elle aurait voulu demander une explication au gobelin ou à Wilkes, mais le bruit provoqué par le wagonnet les empêchait totalement de communiquer. Quelques secondes plus tard, celui-ci s'arrêta brusquement et elle du se tenir de toutes ses forces pour ne pas perdre l'équilibre. Elle ne réprima pas un soupir de soulagement à l'idée de quitter enfin ce véhicule infernal.

- Terminus. C'est le dernier sous-sol, lâcha Wilkes d'une voix sérieuse.

Sa chef de groupe regardait droit devant elle avec une certaine appréhension sur le visage, ce qui était assez rare pour qu'Hermione sente ses battements de cœur s'accélérer. Elle savait ce qui les attendait. Doucement, elle se retourna et ne pu s'empêcher de hoqueter de surprise, bien qu'elle savait parfaitement ce qui gardait les coffres de ce sous-sol. Mais savoir et expérimenter, il s'agissait de deux choses différentes. Par réflexe, elle fit un pas en arrière, ses jambes butant contre le métal froid de la paroi du wagonnet.

Un énorme dragon leur faisait face. Hermione mit quelques secondes à s'apercevoir que la bête ne les avait pas encore remarqué. Avec précaution, elle suivit Wilkes hors du wagonnet sans lâcher le dragon des yeux. De là où elle était, elle pouvait désormais le détailler à loisir. Il ne semblait pas particulièrement en forme. Ses écailles étaient pâles et semblaient friables à certains endroits. Ses ailes hérissées de pointes étaient repliées contre son corps, ses jambes solidement attachées au sol par d'épaisses chaînes en métal. Ses yeux laiteux de couleur rose pâle fixaient le sol d'un air morne, tout du moins, jusqu'à ce qu'il remarque leur présence. Aussitôt, il poussa un rugissement mécontent et cracha une langue de feu dans leur direction. Heureusement, elles étaient assez loin pour échapper aux flammes.

- Débarrassez-vous de lui, ordonna Wilkes au gobelin sous Imperium.

Sous le regard intrigué d'Hermione, le gobelin sortît d'un geste presque mécanique du sac en cuir de petits instruments en métal.

- Ce sont des Tintamars, expliqua sa chef de groupe. Les gobelins les utilisent sur le dragon pour pouvoir accéder aux coffres.

Hermione ne comprit pas tout de suite. Puis, leur guide agita les instruments provoquant un vacarme épouvantable qui se répercuta contre les parois rocheuses. Par réflexe, la jeune femme se couvrit les oreilles avec ses mains pour se protéger du bruit quasiment insupportable. Le dragon recula le plus loin possible et s'enroula sur lui-même comme pour se protéger. Mais Hermione avait eu le temps de voir les cicatrices présentes sur le museau de la créature et comprit le rôle des Tintamars. Il avait été dressé à craindre des armes tranchantes lorsqu'il entendait le bruit des instruments de métal.

- Ouvres la porte du coffre, gobelin.

Le susnommé s'exécuta de nouveau. Il marcha vers l'un des coffres à l'air ancien et appuya sa main sur la porte. A ce contact, celle-ci se mit à fondre avant de disparaître totalement. Wilkes siffla en voyant l'intérieur du coffre. Celui-ci était si vaste qu'on aurait pu y caser la Grande Salle d'Hogwarts. Mais cela ressemblait plus à une grotte emplie de pièces brillantes et d'objets divers et variés tout aussi précieux.

- Ça paye d'être Mangemorts, marmonna Hermione en pénétrant dans le coffre des Lestrange après un rapide Lumos Maxima.

Wilkes ricana.

- Je doute que les Lestrange aient beaucoup rempli ce coffre. Bellatrix n'a jamais bossé de sa vie d'après mes souvenirs. Quant à son mari, il a dû à peine travailler quelques années au Ministère avant d'être envoyé à Azkaban.

Sans même s'accorder, elles partirent dans une direction différente pour trouver l'épée de Gryffondor.

- Mais les Lestrange sont tout deux issus d'une vieille famille de Sang Pur, bien garnies de gallions. Ils peuvent se permettre de vivre sur les économies familiales, surtout qu'ils ont passé une grande partie de leur vie d'adulte à Azkaban, continua Wilkes.

L'allée dans laquelle se trouvait Hermione était bordée de tables sur lesquelles étaient entreposées toutes sortes d'objets précieux.

- Je pensais que les Mangemorts n'hésitaient pas à piller quand ils faisaient des raids.

Sur sa droite, une vieille table en bois poussiéreuse soutenait toutes sortes de bijoux et de coffrets sertit de pierres précieuses qui étincelaient sous la lumière provenant de sa baguette. Sur sa gauche, à même le sol, des pièces en or, en argent et en bronze formaient des piles lui arrivant presque au niveau des épaules.

- Certains, oui. Mais les Lestrange se moquent de l'argent. Ils suivent Tu-Sais-Qui pour ses idées et pour les occasions de mettre en œuvre toute leur perversité.

- Charmant, murmura Hermione pour elle-même.

La jeune Gryffondor s'avança de plus en plus dans l'allée et les tables laissèrent place à de très hautes étagères, l'obligeant à pointer sa baguette vers le plafond pour éclairer les objets déposés en haut. Elle reconnue certains objets mais il lui était impossible d'identifier la plupart. Un effet de lumière attira son attention et elle s'approcha de sa source. Un mince sourire s'étala sur ses lèvres lorsqu'elle reconnue l'artefact.

Sur une haute étagère, parmi en enchevêtrement de chaînes en or reposait l'épée de Gryffondor. La lumière sortant de sa baguette réfléchissait les rubis incrustés dans la garde. Hermione se mit sur la pointe des pieds et tendit les bras pour attraper la garde argentée de l'épée. Mais dès que ses doigts entrèrent en contact avec l'épée, elle sentit une vive brûlure sur sa peau.

- Aïe ! S'exclama-t-elle en laissant tomber l'épée.

Celle-ci s'écrasa sur le sol dans un bruit métallique, et sous les yeux ébahis de la jeune femme, se répliqua en neuf autres épées.

- STOP ! Cria Wilkes dans son dos alors qu'elle la rejoignait. Ne touche plus à rien. Tu te rappelles de l'original ?

Hermione hocha simplement la tête et lui désigna l'original du doigt. Elle ne l'avait pas lâché des yeux depuis qu'elle avait heurté le sol.

- Sortilèges de Flagrance et de Gemino, je présume. Tous les objets du coffre sont protégés. Comme tu as pu l'expérimenter, dès qu'un sorcier mal intentionné touche quelque chose, l'objet devient incandescent et se multiplie. Les voleurs les plus tenaces se retrouvent submerger d'objet brûlants et regrettent rapidement leur tentative.

Hermione grimaça en observant ses doigts rougis et cloqués.

- C'est efficace, je confirme. Comment va-t-on faire pour ramener l'épée sans qu'on puisse la toucher ?

Wilkes dégrafa sa cape de ses épaules, en enroula une partie autour de sa main, et l'approcha de la garde de l'épée.

- Gardes les yeux sur la véritable épée, au cas où mon hypothèse ne serait pas bonne.

Puis, elle agrippa la garde de l'épée. Une légère fumée commença à sortir de sous le tissu et une demi-douzaine de réplique apparurent alors que l'ex-Auror retirait sa main. Kara laissa échapper un juron sonore.

- Il faut briser les deux sortilèges.

Wilkes se tourna vers le gobelin qui les attendait à quelques mètres, raide comme une statue.

- Aidez-moi à briser les sortilèges de protection.

Comme un automate, le gobelin s'approcha des deux sorcières. Hermione, qu'une idée taraudait depuis qu'elle était entrée, décida de ne pas rester à rien faire.

- Je ne risque pas d'être utile, donc, j'aimerais fouiller un peu.

- OK, répondit distraitement Wilkes sans lever les yeux vers elle.

Hermione retourna vers l'entrée du coffre en réfléchissant. Après tout, Voldemort avait déjà confié un Horcruxe à l'un de ses fidèles. Lucius Malfoy avait détenu le journal intime de Tom Jedusor avant de le glisser dans les affaires de Ginny. Or, les Lestrange étaient considérés comme deux de Ses plus fidèles partisans avant sa chute. Il n'était donc pas si difficile d'imaginer qu'eux aussi auraient pu se voir confier un Horcruxe même s'il en ignorait la nature véritable. Hermione voulait donc se mettre en quête de la Coupe de Poufsouffle ou d'un objet sur lequel serait gravé un aigle représentant l'emblème des Serdaigle.

Elle décida de visiter la partie du coffre qu'aucune des deux voleuses n'avaient exploré et s'engouffra dans une allée qui lui donna aussitôt la chair de poule. Partout où elle posait les yeux, elle tombait sur des armes en tout genre : épées, lances, masses, dagues... dont certaines gardaient des traces foncées qu'il n'était pas difficile d'identifier. A côté des armes, elle pouvait également voir toutes sortes d'armures, de boucliers et de casques. En un mot, flippant. Vraiment flippant. A l’image de leurs propriétaires.

Elle examinait une étagère qui montait jusqu'au plafond quand un objet attira son attention. Située à plus de deux mètres cinquante du sol, une coupe reposait sur l'une des étagères, coincées entre un bouclier gravé de runes et une armure en métal brillant.

- Merde !

Le juron de sa chef de groupe la fit faire volte face.

- C'est une putain de copie !

- Je t'ai désigné la mauvaise ? Demanda Hermione.

- Non, c'est bien celle que tu as attrapé. Mais elle est fausse. Le gobelin me l'a confirmé. Selon lui, la vraie épée de Gryffondor a été forgée par les gobelins, celle-ci, non.

Hermione se passa une main sur le visage. Une copie ? Où pouvait donc bien se trouver l'original ? Était-elle toujours à Hogwarts ?

- On est venu ici pour rien, pesta Wilkes en amorçant un coup de pied avant de se rappeler l'existence des sortilèges de protection.

- Peut-être pas, lâcha Hermione en éclairant l'étagère de sa baguette.

L'ex-Auror s'approcha et observa l'endroit indiqué par sa jeune camarade. Ses yeux s'élargirent un court instant sur l'effet de la surprise.

- Cela ressemble à la description que tu m'as faite.

- Tu peux me faire léviter ?

Wilkes lui tendit la fausse épée.

- Prends la coupe par une anse avec ça.

Hermione la glissa à sa ceinture le temps de monter pour avoir les mains libres. Wilkes se plaça en face d'elle, murmura une formule et Hermione sentit ses pieds décoller du sol.

- Pas de geste brusque. Garde les bras le long du corps et les jambes jointes. Tu ne dois rien toucher. Je vais essayer de te léviter le plus doucement possible.

La sensation de flottement aurait pu l'amuser dans un autre contexte. Mais le fait de voler l'un des coffres de Gringotts tout en s'efforçant d'éviter les centaines de milliers d'objets incandescents qui l'entouraient ne lui permettait pas d'apprécier la situation à sa juste valeur. Les bras collés le long du corps, la jeune femme lévitait doucement au-dessus des richesses de la famille Lestrange.

Tout se passait parfaitement jusqu'à ce qu'elle se sente tanguer. Un peu effrayée, elle se concentra pour rester la plus droite possible, pour retrouver le contrôle de son corps mais cela ne fonctionna pas vraiment. Pire, son corps pivota à 90 degré et son pied droit heurta involontairement une étagère. Un casque en or vacilla avant de tomber de l'étagère et de se transformer en une dizaine d'obus brûlants. Kara, concentrée sur le sortilège, n'eut pas le temps d'esquiver et prit l'un des lourds casques sur l'épaule gauche. Un grognement de douleur franchit ses lèvres mais elle garda le contrôle de la lévitation, évitant à sa camarade une douloureuse chute.

- Désolée ! S'exclama Hermione d'en haut.

La jeune fille s'éleva encore d'un mètre avant de faire signe à Wilkes de s'arrêter. Elle décrocha la fausse épée de sa ceinture et l'avança vers l'étagère ou se trouvait la Coupe de Poufsouffle. Avec dextérité, elle passa la lame à travers une anse et souleva délicatement l'objet. Elle l'approcha de ses yeux pour l'observer de plus près et laissa échapper un cri de victoire. Il n'y avait aucun doute possible. Il s'agissait d'une petite coupe en or, dotée de deux anses et surtout, de l'emblème de la maison des Poufsouffle, le blaireau, était gravé dessus.

- S'en est un, précisa-t-elle à Wilkes, soulagée de ne pas avoir fait tout cela pour rien.

La descente fut bien plus calme et la jeune Gryffondor fut heureuse de retrouver le plancher des vaches. Elle leva l'épée pour montrer l'Horcruxe à sa chef de groupe qui hocha la tête avec un sourire. Celle-ci commença à briser les sortilèges de protection pendant qu'Hermione surveillait le gobelin, de peur qu'il ne se réveille de l'Impérium.

Dix minutes plus tard, Wilkes reprenait un coup de Polynectar et relançait le sortilège de l'Impérium sur leur guide. La Coupe de Poufsouffle planquée dans l'une de ses poches, Hermione emboîta le pas de sa chef de groupe hors du coffre des Lestrange. Le dragon ne posa aucun problème et ils purent atteindre le wagonnet. Ils refirent le chemin en sens inverse et repassèrent devant la cascade asséchée.

* Pas si asséchée que cela, finalement * Pensa Hermione en entendant un vrombissement derrière eux.

A quelques secondes près, ils auraient été trempés, et probablement éjectées étant donné la puissance du jet d'eau. Elle leva les yeux vers Wilkes qui lui fit signe de sortir sa baguette. Comprenant qu'ils venaient de se faire repérer, elle s'exécuta, la boule au ventre. Les gobelins devaient les attendre en haut. Elles allaient devoir réagir vite. Wilkes érigea un bouclier et Hermione l'imita.

En effet, plusieurs gobelins les attendaient sur la plate-forme de départ. Les deux jeunes femmes attaquèrent en même temps, sans laisser le temps à leurs adversaires d'agir. Deux d'entre eux tombèrent, stupéfixés. Les autres lancèrent à leur tour quelques sortilèges, mais l'arrêt brusque du wagonnet déstabilisa Hermione qui chuta, esquivant involontairement un sortilège qui filait droit vers elle. Wilkes se laissa également tomber pour se cacher derrière les parois métalliques.

- Ça aurait été trop facile, glissa l'ex-Auror avant de se redresser brusquement pour lancer un sortilège.

- La facilité ne me dérange pas, répondit Hermione en l'imitant.

L'échange de sortilège tourna en leur faveur et elles sautèrent sur la plate-forme dès que l'occasion se présenta. Mais à ce moment, les deux sorciers qui gardaient l'entrée se joignirent au combat, jetant des sorts à tout va. Hermione esquiva tant bien que mal en se planquant derrière une statue et balança un Expelliarmus qui heurta l'un des sorciers en pleine poitrine. L’homme se retrouva projeté en arrière sous la puissance du sort, dégommant deux gobelins sur son chemin, qui tombèrent comme des quilles.

Le second garde tomba sous la baguette de Wilkes. Mais les gobelins étaient plus résistants et disposaient d'une magie différente de celle des sorciers qui les rendaient dangereux et imprévisibles. Hermione se retrouva privée de sa baguette et immobilisée sans comprendre ce qu'il venait de se passer. Elle tenta de bouger mais chaque centimètre de son corps était figé, même ses yeux, qu'elle n'arrivait pas bouger. Obligée de regarder droit devant elle, elle vit un gobelin s'approcher d'elle, le regard flamboyant, et la jeune femme avala difficilement sa salive. Il leva une main menaçante, mais il se figea soudainement dans son geste avant de basculer en avant, révélant un sorcier d'une quarantaine d'année aux cheveux couleur paille. Libérée du sortilège, Hermione pu récupérer sa baguette.

- Vous tombez à pic !

A trois, ils purent se défaire des gobelins présents avant que les renforts ne pointent le bout de leur nez. Ils coururent vers le hall et Hermione balança de la Poudre d'Obscurité Instantanée et quelques leurres explosifs, des petits objets dotés de pattes remuantes et d'un corps en forme de trompette avec une poire à caoutchouc, pour couvrir leur fuite. Profitant de la panique et de l'incompréhension de leurs adversaires, ils prirent la fuite. Hermione franchit la porte intérieure, puis la grille et dévala les escaliers comme si elle avait Voldemort aux fesses. Dès qu'elle sortit de la zone anti-transplanage de Gringotts, elle transplana loin du Chemin de Traverse.

 
 
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