Hermione se réveilla un peu désorientée et mit quelques secondes à se remémorer les événements de la nuit. Le brouillard qui encombrait son esprit se dissipa peu à peu et les souvenirs lui revinrent en mémoire. L'attaque du Manoir de Voldemort, le sauvetage d'Harry et leur fuite... Elle se souvenait des faits, de ce qu'elle avait ressentit, mais elle peinait à se remémorer quoi que se soit après qu'elle eut franchi le portail du Manoir de Voldemort.
Après avoir extrait son bras de sous les couvertures, la jeune Gryffondor jeta un coup d'œil à sa montre. Les aiguilles lui apprirent qu'il était près de quatre heures de l'après-midi. D'après ses calculs, elle devait dormir depuis au moins onze heures. La jeune Gryffondor bougea ses membres pour évaluer les dégâts mais aucune réelle douleur ne se manifesta. La bataille l'avait relativement épargnée.
* Merci Felix *
Elle se redressa doucement et repoussa les couvertures au bout du lit. La chambre étant vide, elle supposa que les garçons étaient déjà réveillés. Soucieuse de savoir s'ils allaient bien, elle se glissa hors du lit. Après s'être habillée rapidement, elle quitta la chambre pour rejoindre la salle principale de l'entrepôt. A son grand soulagement, le reste du groupe était présent et aucun ne semblait gravement blessé. Son soulagement se transforma rapidement en surprise quand elle se rendit compte de la tension qui régnait dans la pièce. Elle s'arrêta net sur le seuil et observa ses compagnons. Neville, le visage fermé, et Ron, l'air extrêmement contrarié, faisaient front face à Wilkes. Leur chef de groupe se tenait debout face à eux, les bras croisés sur la poitrine.
Les vestiges des combats étaient toujours présents sur elle et Hermione supposa qu'elle n'avait pas eu l'occasion de se changer, ou même de dormir. Ses longs cheveux bruns qu'elle avait attaché pour l'occasion étaient emmêlés et poisseux et quelques mèches s'étaient détachées, ce qui la rajeunissait de quelques années. Sa cape noire était souillée de sang à plusieurs endroits et déchirée à d'autres. Mais malgré cet état, elle restait droite et les toisait d'un air agacé. Hermione ne put s'empêcher d'être impressionnée par sa résistance, mais cela provenait probablement de son entraînement d'Auror.
- Je ne peux rien faire, lâcha Wilkes.
- Ce n'est pas juste ! S'écria vivement Ron.
Le ton était furieux mais il ne provoqua aucune réaction chez leur chef de groupe.
- Shacklebolt a pris une décision et il ne m'appartient pas de la contester. Vous devez l'accepter, c'est tout.
La voix était ferme et ne laissait pas place à la discussion. Ron sembla comprendre que Kara ne céderait pas car il donna un coup de pied rageur dans une chaise avant de tourner vivement les talons. Il passa devant Hermione pour rejoindre leur dortoir sans même lui adresser un regard. En fait, elle n'était pas certaine qu'il ait remarqué sa présence. Neville le suivit sans un mot en haussant simplement les épaules dans sa direction, comme pour s'excuser de la réaction de Ron.
* Qu'est-ce qui peut bien se passer ici ? * Songea-t-elle en les regardant disparaître.
Quand la porte de leur chambre fut refermée derrière les deux garçons, la jeune Gryffondor reporta son regard sur Kara, curieuse de connaître le sujet de la dispute. Sa chef de groupe la fixait d'un air peu commode.
- Je ne suis pas d'humeur pour un second round, Granger. Le premier qui me prend encore la tête, je l'ensorcelle...
Quand elle commençait par l'appeler par son nom de famille, c'était mauvais signe. Cela signifiait que sa patience avait été dangereusement entamée. Hermione jugea préférable de calmer le jeu et leva les mains dans un geste d'apaisement. Elle doutait que sa chef de groupe bluff à propos de ses intentions, ce n'était pas le genre à lancer des paroles en l'air.
- Je n'ai pas encore ouvert la bouche.
Kara se débarrassa de sa cape ensanglantée, dévoilant un bandage sous son pull qui avait dû avoir des jours meilleurs.
- Tu vas bien ? S'inquiéta Hermione.
Kara suivit le regard de la jeune Gryffondor.
- Rien de grave. Je m'en sors bien.
Hermione se mordit la langue avant de parler :
- La Résistance a subi des pertes lourdes ?
La jeune fille était réaliste. Un tel assaut avait forcément engendré des morts de leur côté, c'était inévitable. Elle espérait simplement que leur nombre n'était pas trop élevé et que les rangs s'étaient également clairsemés dans le camp adverse.
- Lorsque j'ai quitté Kingsley, nous étions à dix-huit morts, répondit Kara d'une voix lasse. Et je ne te parle pas du nombre de blessés qui ont dû être évacués en France. Beaucoup de résistants ont été détachés de leur groupe pour aider les passeurs.
Hermione se massa la nuque d'une main, le regard fixé vers le sol. Dix-huit personnes, dix-huit, morts, cela lui semblait beaucoup. Pourtant, sur le nombre de résistants ayant participé à l'attaque, c'était relativement peu. Depuis quand s'était-elle habituée aux morts, depuis quand cela ne la choquait plus... Elle n'en savait rien. C'était arrivé subrepticement, sans qu'elle ne s'en rende vraiment compte. Et parfois, cela l'horrifiait.
Elle déglutit péniblement et s'empressa de changer de sujet.
- Que s'est-il passé hier ? J'ai un trou noir à partir du moment où j'ai franchi le portail du Manoir pour transplaner à l'abri.
- Tu as prit un mauvais sortilège dans le dos qui t'a fait tomber.
Hermione fronça les sourcils alors que sa mémoire revenait peu à peu grâce à l'indication de Kara. Elle se souvenait d'une vive douleur dans le dos et d'une chute brutale sur le sol. Visiblement, la chance liquide de Felix Felicis avait ses limites.
- J'ai vu arriver un autre sortilège et... Relata-t-elle en grimaçant sous l'effort qu'elle faisait pour se remémorer ce qui lui était arrivée.
- Tu as fermé les yeux, acheva pour elle sa chef de groupe, une expression désapprobatrice sur le visage. Un réflexe dont on reparlera, d'ailleurs. J'ai réussi à nous faire transplaner avant qu'il t'atteigne.
Hermione hocha simplement la tête.
- Merci.
Kara ne commenta pas.
- Je t'ai déposé ici et je t'ai laissé entre les mains de Weasley et Longdubat qui étaient en bonne forme. Je suis allée rejoindre Kingsley juste après.
- Et Harry ? S'enquit Hermione, soucieuse de connaître l'état de son meilleur ami. Comment va-t-il ?
Kara plissa soudainement les yeux et Hermione comprit que l'affrontement précédent concernait son camarade.
- Je ne l'ai pas vu, avoua-t-elle prudemment. Kingsley veut limiter les contacts. Deux médicomages s'occupaient de lui quand je suis arrivée. Ils ne sont sortis de la chambre que vingt minutes plus tard.
Elle s'arrêta un moment.
- Leur rapport n'était pas vraiment optimiste.
Hermione sentit les battements de son cœur s'accélérer et ses paumes devenir moites.
- Il a dégusté physiquement. Ce qui n'est pas étonnant vu la durée de sa captivité. Mais il semblerait malgré tout que Tu-Sais-Qui a voulu le préserver un minimum. Aucun des pensionnaires de Ses cachots n'a survécu aussi longtemps que Potter. Il a eu beaucoup de chance.
Hermione fronça les sourcils. Elle ne pensait pas que la chance avait quelque chose avoir avec la relative bonne santé d'Harry. Voldemort avait une raison de le garder en vie et en assez bonne condition physique. Et ignorer cette raison ne lui plaisait pas.
- Il n'a aucune blessure permanente, continua Kara. De ce côté, il s'en remettra après quelques semaines de soins.
Les paroles de sa chef de groupe rassurèrent Hermione mais pas le « de ce côté » qu'elle avait employé. Kara sembla chercher ses mots avant de continuer et Hermione se tendit, attendant la bombe que l'ex-Auror allait probablement lâcher.
- Psychologiquement, il est plus difficile de poser un diagnostique. Il est dans un état de confusion avancée.
Hermione pâlit dangereusement et se laissa tomber sur une chaise. Kara se hâta de poursuivre d'une voix rassurante :
- Hermione, il a passé des mois dans un cachot, prisonnier de Tu-Sais-Qui. Ce n'est pas surprenant. N'importe qui en sortirait avec des séquelles psychologiques. Cela aurait pu être bien pire si on avait récupéré un légume.
La jeune Gryffondor la fusilla du regard pour son manque de tact, mais sa chef de groupe l'ignora superbement.
- Shacklebolt s'en doutait et avait pris les devants, expliqua Kara.
- C'est-à-dire ?
- Il avait prévu une telle hypothèse. Potter sera mis à l'abri loin de cette guerre, le temps de récupérer de son emprisonnement. Un médicomage qualifié s’occupera de lui et se chargera de le remettre sur pied.
- Où va-t-il aller ?
- Il sera confié à des gens de confiance qui se chargeront de l'héberger et de l'aider dans sa convalescence.
Et brusquement, Hermione comprit la raison pour laquelle Ron et Neville étaient tellement en colère ce matin.
- On ne le verra pas, affirma-t-elle.
- Non, confirma sa chef de groupe en se mettant sur la défensive. A cette heure-ci, il doit déjà être en train de quitter l'Angleterre. Lupin est chargé de le faire passer en France. Je suis désolée, Hermione, mais je ne peux rien faire.
Hermione inspira profondément pour ne pas hurler sa déception. Elle dut utiliser toute sa volonté pour ne pas se laisser submerger comme ses amis par la colère. La potion était tout de même difficile à avaler. Cela faisait des mois qu'elle s'inquiétait pour Harry, qu'elle continuait de se battre pour lui, qu'elle gardait espoir lors des moments difficiles, pour le jour où elle le reverrait. S'entendre dire qu'elle ne pouvait pas le voir, alors qu'il était de nouveau avec eux, était simplement injuste. Ron avait raison.
Mais elle ne pouvait pas s'en prendre à Kara. Comme la jeune femme l'avait fait remarquer, ce n'était pas elle qui avait pris la décision. C'était Kingsley. Sa chef de groupe n'était que le messager, rien de plus. Hermione se frotta les yeux.
- Tu sais qui sera le médicomage qui s'occupera d'Harry ?
- Pomona Pomfresh.
- C'est une bonne chose, dit-elle simplement.
Il était rassurant pour la jeune Gryffondor de savoir que l'ancienne, ou actuelle, elle ne savait pas vraiment, infirmière d'Hogwarts se trouvait auprès d'Harry. Elle était compétente et connaissait parfaitement Harry, qui avait passé probablement plus de temps à l'infirmerie que n'importe quel autre élève. Et elle pensait que la présence familière de Pomfresh aiderait peut-être Harry à se remettre.
- Kingsley a promis à de nous tenir au courant de son état, ajouta Kara d'une voix douce qu'Hermione n'avait jusque-là que peu entendu.
La jeune Gryffondor se leva pour cacher les larmes qui menaçaient de déborder et alla se préparer un thé pour se redonner une contenance. Elle se racla la gorge et reprit d'une voix neutre alors que sa main tremblante versait de l'eau dans une tasse.
- Ron et Neville...
- Ont du mal à accepter le fait qu'ils ne peuvent pas voir Potter, compléta Kara avec un soupir. Je comprends qu'après tout cela, ce soit dur à digérer. Mais Shacklebolt a ses raisons de restreindre les contacts avec lui.
- Kingsley ne compte toujours pas annoncer ce qui est arrivé à Harry.
Kara acquiesça simplement.
- Qu'avez-vous dit aux résistants pour les motiver à attaquer le Manoir de Tu-Sais-Qui, si ce n'est récupérer Harry ?
- Nous avons passé du temps à trouver une bonne excuse, avoua Kara avec un sourire amusé. Nous nous sommes finalement mis d'accord sur une version. Il a été décidé de dire que nous attaquions Son Manoir pour récupérer une arme susceptible de le tuer.
- Un peu bancal, non ? Se moqua Hermione.
- Je te l'accorde, admit-elle de bonne foi. Mais il s'agit de l'excuse la plus plausible que l'on a pu trouver. C'était cela ou récupérer une arme qu'il aurait inventé pour asseoir sa domination sur le monde sorcier.
La jeune Gryffondor esquissa un sourire ironique. Que se soit l'une ou l'autre version, elle les trouvait d'une crédibilité douteuse. Elle trouvait cela chanceux que les résistants aient accepté cette excuse sans la remettre en cause.
- Vas-y, trouve-moi une excuse moins « bancale » si tu es si maline, la défia Kara en levant un sourcil.
Hermione se retrouva un peu conne sur le coup car rien ne lui venait à l'esprit. Rien qui ne puisse être gobé en tout cas. Elle roula des yeux face à l'expression moqueuse de sa chef de groupe et changea rapidement de sujet.
- Alors. On fait quoi maintenant ?
- Moi, là, maintenant, je vais aller dormir, lâcha-t-elle en étouffant un bâillement et en amorçant un mouvement vers sa chambre.
Mais Hermione ne comptait pas la laisser tranquille avant de savoir. Elle n'éprouvait aucune culpabilité à l'éloigner de son lit malgré les circonstances.
- A plus long terme, je veux dire.
Kara laissa échapper un soupir exaspéré en stoppant son mouvement.
- Pour le moment, on attend que Potter soit en mesure de parler Fourchelangue pour détruire le Médaillon de Serpentard.
- Et en attendant ?
- On se repose jusqu'à ce que Kingsley nous attribue une autre mission. A mon avis, on ne risque pas de s'ennuyer pendant les semaines à venir. Tu-Sais-Qui doit être en rogne de s'être fait voler Potter sous son nez.
- En rogne est un euphémisme, murmura Hermione en réprimant un frisson d'anticipation à l'idée de la vengeance du Mage noir.
- La bonne nouvelle, c'est que pour une fois, les intérêts de Tu-Sais-Qui rejoignent les nôtres. Il ne peut pas ébruiter l'évasion de Potter puisqu'il a dissimulé sa captivité, même à ses plus proches Mangemorts.
- Il ne les enverra donc pas à sa recherche ? S'enquit la jeune Gryffondor avec espoir.
- Pas directement, en tout cas. Mais il va lancer des représailles sur la Résistance, c'est certain. Je pense qu'il faut nous préparer car ils ne vont pas nous louper, lâcha gravement l'ex-Auror en se levant. On verra bien, ceci dit.
Elle bailla à nouveau à se décrocher la mâchoire.
- Maintenant, tu m'excuseras, mais je vais dormir.
Hermione vida d'une traite sa tasse de thé, froide à présent et partit rejoindre les garçons pour tenter de les calmer.
La tension perdura cependant pendant plusieurs jours au sein du groupe. Ron faisait clairement la gueule à Kara, en se montrant aussi odieux que possible, Neville soutenait son ami par principe bien qu'il semblait avoir compris la position de leur chef de groupe. Hermione, quant à elle, se retrouvait à faire le tampon entre les deux camps.
Mais l'enchaînement des événements dû à leur assaut contre le Manoir de Voldemort relégua leurs disputes au second plan. La Mage Noir, comme prévu, n'avait pas apprécié leur attaque et avait lancé des représailles contre la Résistance. La chasse aux résistants s'était accrue. L'ordre donné par Lucius Malfoy à ses Aurors était de tirer à vue. Kingsley avait donc jugé plus prudent de demander aux chefs de groupe de limiter les déplacements de leur groupe en dehors des opérations qui leur seraient confiées.
Kara appliquait ces instructions à la lettre et les gardait soigneusement à l'intérieur de l'entrepôt. Hermione n'avait pas vu la lumière du jour depuis plus de deux semaines et elle enviait les garçons qui étaient partis en mission ce jour-là pour apporter du soutien au groupe de passeurs. Elle était coincée dans leur planque à tourner en rond. Le stock de potions était blindé, elle n'avait rien d'inédit à lire et son dernier duel amical avec Kara lui avait laissé assez de traces pour la dissuader de retenter l'expérience.
Elle s'était donc mise à nettoyer l'entrepôt, bien qu'elle l'ait déjà fait la veille et l'avant-veille. C'est donc avec soulagement qu'elle vit les garçons revenir. Mais l'expression peinte sur leur visage refroidit son enthousiasme.
- Que se passe-t-il? L'opération a mal tournée? Demanda Kara qui sortait du coin cuisine.
D'un regard inquiet, elle détailla chacun des garçons et sembla se détendre quand elle remarqua qu'aucun d'eux ne semblait blessé.
- Non, répondit aussitôt Neville. On a réussi à faire passer les familles en France sans encombre. Nos alliés les ont pris en charge.
L'ex-Auror ne continua pas ses questions, peu désireuse de jouer aux devinettes. Mais Ron fit un pas dans sa direction en sortant un parchemin de sa poche.
- J'ai reçu ça par hibou juste avant qu'on ne transplane, expliqua-t-il d'une voix rauque.
Le jeune Weasley tendit le parchemin à Kara alors qu'Hermione s'approchait d'elle pour lire par dessus son épaule. La missive, rédigée d'une écriture familière, était courte et on ne peut plus claire. Elle devina aussitôt qui l'avait écrite en voyant le dernier mot.
Ne pense pas être le seul concerné par les conséquences de tes actes, Weasel.
Accrochée à la missive, une photo sombre représentait un jeune homme aux cheveux roux dans une cellule crasseuse. Son visage était émacié et sale, ses vêtements en lambeaux mais son identité ne faisait aucun doute.
- Fred, murmura Hermione, partagée entre la joie de le voir vivant et l'horreur de le savoir entre les mains des Aurors.
Ébranlé, Ron se laissa tomber sur une chaise en se prenant la tête dans les mains. Kara, la mâchoire serrée, se rapprocha de lui et posa une main sur son épaule.
- Il est inutile de t'en faire pour le moment, Ron. Ils ont besoin de lui pour faire pression sur ta famille. Ils ne lui feront rien.
Mais cela ne sembla pas calmer Ron qui laissa échapper un long gémissement. Hermione aurait préféré qu'il se mette en colère contre Malfoy, qu'il l'insulte de tous les noms, que le voir aussi triste et abattu.
- Il faut mettre Shacklebolt au courant, intervint Neville. Il saura quoi faire.
- Je vais m'en charger.
Elle s'éloigna pour contacter Kingsley grâce à son portable pendant qu'Hermione, épaulée par Neville, soutenait son ami qui semblait au bord de la crise de nerf. Hermione n'en revenait pas que le sort s'acharnait autant que la famille de son ami. Son père, et maintenant l'un de ses frères. Ils payaient au prix fort leur appartenance à la Résistance.
- Ron, tu viens avec moi. On va voir Kingsley.
Hagard, il la suivit sans discuter et tous deux disparurent dans un pop qui se répercuta contre les murs de l'entrepôt.
Ron ne revint pas pendant plusieurs jours. Kara les informa le lendemain de son départ que sa famille avait été réunie auprès de Kingsley pour discuter de la situation. Il s'avéra que Fred détenait des informations importantes sur la Résistance et qu'il devait être récupéré au plus vite. Ils essayaient donc de trouver un moyen de le sortir des griffes de leurs ennemis. Grâce à un informateur infiltré au sein du Ministère, Kinsgley savait que Fred n'avait pas été envoyé à Azkaban et qu'il était retenu dans une cellule du Ministère.
- Hermione, ta potion déborde.
Avec un sursaut, la jeune femme revint à la réalité et se hâta d'éteindre le feu qui faisait bouillonner son chaudron de façon inquiétante. Il était trop tard pour sauver sa potion, elle venait de la rater misérablement. Dépitée, elle se tourna vers Neville.
- J'étais ailleurs.
Neville lui offrit un sourire indulgent.
- Je serais mal placé pour te faire la morale vu mon niveau en potions.
L'auto-dérision fit mouche et Hermione émit un bref rire.
- Pour être honnête, je doute que tu sois réellement mauvais. Je pense juste que la présence de Snape ne t'aidait pas à travailler dans les meilleures conditions. Dans un contexte moins stressant, je suis persuadée que le résultat te surprendrait.
Neville haussa simplement les épaules.
- Je ne sais pas trop.
- Il y a un moyen de le savoir.
D'un mouvement de baguette, Hermione fit disparaître toute trace de la potion ratée que Kingsley lui avait commandée. En l'occurrence, une potion calmante. Elle ne savait pas bien à quoi pourrait servir une telle potion, mais elle soupçonnait Kara d'avoir demandé au chef de la Résistance de lui trouver une occupation susceptible de la distraire.
- Au boulot, l'invectiva-t-elle.
- Tu es folle ? S'exclama Neville en la regardant comme si elle avait perdu l'esprit.
- Pas du tout, viens !
Elle le tira par la manche pour le mettre face au chaudron.
- Je vais te donner la marche à suivre.
- Je vais gâcher des ingrédients.
- Arrête un peu, on a de quoi faire.
Neville abandonna l'idée d'y échapper et attendit les instructions avec la tête d'un homme qui allait provoquer Voldemort en duel. Hermione le guida tout au long de la potion, lui indiquant quels ingrédients utiliser, lui donnant des conseils au fur et à mesure, et bientôt, la potion prit la couleur bleue claire habituelle.
- Bah tu vois, ce n'est pas si compliqué, s'exclama Hermione.
Le jeune Gryffondor ne semblait pas du même avis, mais une expression satisfaite avait envahi ses traits.
- Avec ton aide, ça va. Mais je doute de pouvoir réussir seul.
- Ce n'est qu'une question d'entraînement, le rassura Hermione alors que la porte d'entrée claquait derrière eux.
Les deux Gryffondor se retournèrent pour saluer Kara qui se dirigea vers eux aussitôt.
- Tu pars pour la France, annonça soudainement Kara à Hermione. Tu vas rejoindre Potter.
N'en croyant pas ses oreilles, elle se tourna vers Neville qui lui fit un sourire. Hermione reporta son attention sur Kara.
- Pourquoi ?
- Les gens à qui Shacklebolt a confié Potter n'arrive pas à grand chose avec lui. Il est toujours confus et établir un contact est difficile. Le chef pense qu'une personne proche de lui aurait plus de résultat.
- Quand ?
- Ce soir, 23h, répondit la chef de groupe. Un groupe de passeurs t'attendra à l'endroit où nous avons déposé Ron il y a deux ans.
- Ron...
- Il ne va pas tarder. Je lui ai dit de revenir pour la soirée. Je te laisse le soin de lui expliquer ton départ.
Hermione se sentait mal à l'idée de laisser son ami alors qu'il était en train de vivre un enfer. Elle aurait tant voulu l'épauler. Mais elle était en même temps si soulagée de pouvoir enfin rejoindre Harry...
- Tu vas y arriver, lui glissa Neville, se méprenant sur son expression. C'est bien que tu ai été choisi, tu es la mieux placée pour l'aider.
- J'espère que tu dis vrai, chuchota-t-elle.
Neville ne répondit pas, mais lui offrit un sourire confiant. Il n'avait pas besoin de parler, elle sentait qu'il lui accordait sa confiance pleine et entière. Et c'est la raison pour laquelle elle appréciait tant son camarade. Il ne doutait jamais de ses amis, il avait une foi et une loyauté inébranlable en eux. Et cela lui insufflait une confiance en elle bienvenue qui la regonfla à bloc.
- Merci.
Neville sourit et lui donna un coup de main pour remplir des fioles avec la potion calmante que le Gryffondor venait de faire et nettoyer toute trace de leur travail.
A suivre... |