L'été fut mouvementé pour les trois jeunes Gryffondor. Kingsley avait décidé de les éloigner du terrain pendant quelques temps. Mais son idée n'était pas de leur offrir des vacances, loin de là. Une semaine après l'arrivée de Neville, le chef de la Résistance les avait envoyé tous les trois dans l'un des centres d'entraînement de la Résistance durant les deux mois d'été.
Ces centres avaient été crées pour entraîner les résistants au combat et ainsi tenter de limiter les pertes parmi eux. Des instructeurs, pour la plupart des sorciers expérimentés, les formaient non seulement aux actions éclairs comme Hermione avait pu faire au Ministère ou à Gringotts, mais aussi aux assauts de plus grande envergure. Neville avait fait remarquer avec perspicacité que le centre les préparait à la fin de la guerre, quand ils devront se heurter de front aux partisans de Voldemort.
Des vacances comme celles-ci, Hermione s'en serait bien passée pour être honnête. Deux mois à s'entraîner sans relâche, deux mois de duels, d'exercices physiques et de cours en tout genre. Ils avaient appris une bonne quinzaine de nouveaux sortilèges, d'attaques principalement, dont certains qu'elle ne comptait pas utiliser, même contre des ennemis. Il s'agissait d'armes extrêmes, plus destinées à faire mal qu'à neutraliser. Elle ne voulait pas avoir à en arriver là.
Bien qu'elle pestait à propos du sadisme de ses instructeurs, elle ne pouvait nier que la méthode était efficace. La jeune fille ne s'était jamais sentie aussi en forme. Mais elle n'avait jamais souffert autant de toute sa vie non plus, si on excluait les Doloris.
C'est donc avec bonheur qu'Hermione avait retrouvé son vieil entrepôt et leur chef de groupe qui avait échappé au « camp d'été ». Pendant quelques semaines, ils abandonnèrent la chasse aux Horcruxes pour donner un coup de main aux groupes chargés d'arrêter l'épuration. La politique du Ministère s'était considérablement durcies pendant les derniers mois – de nouvelles mesures d'interdiction de quitter le territoire pour les nés-Moldus avait été mises en place, ce qui avait bien entendu poussé ceux-ci à fuir le pays - et la Résistance se retrouvait débordée. Heureusement, ils réussirent à stopper la plupart des exécutions et beaucoup d'opposants au Ministère furent sauvés et intégrèrent la Résistance. Face à ces échecs, les Aurors semblèrent se calmer car ils ne furent pas alertés pendant le reste du mois. Le groupe d'Hermione revint donc à leur activité habituelle, c'est-à-dire, attendre et ne rien faire en attendant le prochain rapport de Dobby.
- J'ai une bonne et une mauvaise nouvelle, annonça Kara un jour en rentrant dans l'entrepôt trempée, l'air de s'être trouvée sous une bonne averse.
Hermione se redressa aussitôt sur son siège et abandonna le vieux livre poussiéreux qu'elle était en train de lire. Ron et Neville, qui s'entraînaient ensemble à l'autre bout de la salle, cessèrent leur duel pour écouter Kara.
- Commence par la bonne, lâcha Hermione.
Elle entendit les pas des garçons se rapprocher et vit Ron s'arrêter à côté de son fauteuil.
- L'informateur qui nous avait révélé que Potter était toujours en vie a informé la Résistance de la localisation de Vous-Savez-Qui, et par extension, de celle de votre ami, annonça-t-elle sans préambule.
La main de Ron empoigna le bras d'Hermione en le serrant de toutes ses forces, mais la jeune fille se moquait éperdument de la douleur. Elle savait, tout comme son ami, ce que cela signifiait. La localisation de Voldemort était la dernière information qui leur manquait pour aller sortir Harry des griffes de Voldemort.
- Donc... C'est bon. On va pouvoir le sortir de là ? Demanda Ron avec espoir.
- Le chef souhaite confirmer la présence de Vous-Savez-Qui avant de tenter quoi que ce soit, répondit Kara avec une expression d'excuse.
- Pourquoi ? Vous n'avez pas confiance en cet informateur ? S'enquit Hermione en fronçant les sourcils.
- Nous sommes en train de parler d'un assaut massif contre le QG de Vous-Savez-Qui. Il s'agit d'une opération trop délicate et dangereuse pour croire n'importe qui sur parole.
Les sourires des trois jeunes Gryffondor se fanèrent un peu. Mais l'espoir était là et c'est tout ce dont les trois jeunes gens avaient besoin.
- Mais ne vous inquiétez pas, continua la chef de groupe pour les rassurer. Le groupe de McGonagall travaille déjà à confirmer l'information.
Neville, qui s'était tenu en retrait jusque là, s'avança pour intervenir.
- Et la mauvaise nouvelle?
- Dobby a été découvert et tué, lâcha Wilkes comme une bombe.
Cette fois, les sourires s'éteignirent complètement. Ron ouvrit la bouche avant de la refermer brusquement et se laisser tomber sur une chaise, la tête entre les mains. Hermione qui partageait sa peine, mais aussi sa culpabilité, posa sa main sur l'épaule de son ami et la pressa légèrement, sans lâcher Kara des yeux.
- Comment ? S'enquit Neville d'une voix blanche.
- L'informateur n'était pas au courant. D'une manière ou d'une autre, il s'est fait repéré et en a payé le prix.
Hermione sentait que sa chef de groupe passait sur les détails, probablement pour ne pas les accabler davantage. Et pour être honnête, elle n'était pas certaine de vouloir les connaître, ces détails. Dobby était mort et leurs espoirs de retrouver le Diadème de Serdaigle avec. Sept mois de travail avaient été réduit à néant... Cela signifiait qu'ils allaient devoir trouver un autre plan pour localiser et récupérer l'Horcruxe. Hermione se sentit honteuse d'avoir une telle pensée et elle relégua aussitôt ces pensées dans un coin de son esprit.
- Donc, la Résistance a quelqu'un à l'intérieur de l'école, devina Hermione avec pertinence.
- Oui. Mais j'ignore son identité, répondit Kara pour anticiper la prochaine question. Shacklebolt veut la garder secrète, par précaution. Cela peut être un atout considérable d'avoir quelqu'un à l'intérieur et il est primordial que Vous-Savez-Qui n'apprenne pas son existence.
- C'est une source fiable?
- Shacklebolt et McGonagall estiment que oui.
Un silence pensif accueillit la réponse. Kara balaya l'air de sa main, comme pour chasser les dernières traces de cette conversation.
- Laissons ce genre de problème à Shacklebolt, c'est son boulot. Nous devons nous consacrer à notre tâche et trouver ce foutu diadème.
Mais comme personne n'avait la moindre idée, chacun se replongea dans ses occupations. Neville et Ron reprirent leur duel et Kara se mit à bidouiller un vieux scrutoscope, les pieds sur la table, et la chaise en équilibre sur les deux pieds arrières.
Hermione la regarda faire pendant un moment avant qu'une idée farfelue ne traverse son esprit fatigué. Sans un mot, elle se leva et alla prendre la Carte des Maraudeurs dans son sac, avant de retourner auprès de sa chef de groupe.
- Kara ? Je voudrais te montrer quelque chose, dit-elle d'une voix forte pour la tirer de sa concentration.
La chef de groupe leva la tête et Hermione posa délicatement la carte de son meilleur ami sur la table. Elle pointa ensuite sa baguette sur le parchemin et prononça d'une voix presque révérencieuse.
- Je jure que mes intentions sont mauvaises.
Kara laissa échapper un sifflement appréciateur alors que le parchemin vierge laissait apparaître les plans d'Hogwarts.
- Respect à ces messieurs.
Hermione sourit. Elle savait à l'avance que sa chef de groupe admirerait le travail des Maraudeurs en matière de sortilèges. Dès les premiers jours de leur cohabitation, elle avait vu la jeune femme « bidouiller », selon ses propres termes, certains objets magiques. Fascinée, elle l'avait observé pendant des heures ôter un à un les sortilèges recouvrant ces objets, qui allait du médaillon au coffret ouvragé en passant par des artefacts qu'elle aurait été bien incapable d'identifier. Ce n'était pas le genre de choses que l'on apprenait à Hogwarts, ni le genre de talent donné à n'importe qui. Mais elle n'avait jamais osé lui poser de question à ce propos, la jeune femme n'était pas vraiment du genre à se confier.
- Je me doutais que tu apprécierais.
La conversation avait du titiller la curiosité de Ron car elle n'entendait plus les bruits du combat amical derrière elles. Elle se retourna un instant et croisa le regard de son ami.
- Je t'expliquerais plus tard, mima-t-elle avec ses lèvres.
Ron du comprendre le sens général car il détourna les yeux pour reprendre son duel. Elle reporta à son tour son attention sur Kara qui observait toujours la carte.
- Cette carte a été crée par des élèves d'Hogwarts, expliqua Hermione.
- Les Maraudeurs, la coupa Kara. J'avais deviné.
Hermione acquiesça.
- Elle représente l'école dans sa quasi intégralité. Et surtout, elle indique chaque personne présente dans le château.
- J'aurais apprécié avoir une telle carte de Durmstrang, avoua sa chef de groupe. Cela m'aurait évité pas mal de retenues.
Hermione pensa au nombre de fois où Harry, Ron et elle l'avait utilisé pour échapper à Rusard ou aux professeurs et elle sourit d'un air entendu.
- Je me suis dit... Commença Hermione sans trop savoir comment le formuler. Que cela te donnerait peut-être une idée.
Kara l'observait maintenant d'un air indéchiffrable. Mal à l'aise, Hermione gigota sur sa chaise.
- Au point où on en est, je peux bien essayer, fit remarquer l'ex-Auror et Hermione sut que le message était passé.
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Hermione observa les traits fatigués de sa chef de groupe alors qu'elle sortait de sa chambre. La Gryffondor savait qu'elle n'avait pas dormi beaucoup ces derniers jours, trop occupée à travailler sur la Carte des Maraudeurs. Cela faisait une semaine qu'elle s'isolait dans ce but et elle ne se joignait à eux que pour manger. Et même à ces occasions, elle semblait avoir l'esprit ailleurs.
Au fil des jours, elle avait vu les cernes de sa chef s'agrandir et son humeur se détériorer. Au bout du troisième jour, plus aucun d'entre eux ne prenait le risque de lui parler ou de la contrarier. Et c'est avec un certain soulagement que le reste du groupe était parti en mission la veille, laissant Hermione seule en compagnie de Kara.
Mais aujourd'hui, une lueur nouvelle éclairait les yeux de la jeune femme et Hermione sentit une étrange sensation lui chatouiller l'estomac. C'est seulement lorsque Kara prit place à ses côtés qu'elle remarqua qu'elle avait retenu son souffle. L'ex-Auror, pour une fois, ne joua pas sur le suspense.
- J'ai eu le temps d'analyser les enchantements que les Maraudeurs ont posé sur la carte. Je dois dire que je suis impressionnée, c'est de l'excellent boulot pour des étudiants. Bref, je t'épargne les détails, mais j'ai pu superposé mes sortilèges aux sortilèges originaux.
La jeune femme posa la Carte sur la table et prononça la formule habituelle. La carte s'anima et le plan d'Hogwarts se dessina sans qu'Hermione ne puisse voir de changements. Elle observa les points représentant chaque personne, notant distraitement les noms familiers.
- Les sortilèges ne sont pas parfaits, avoua Kara avec une certaine réticence. Je n'avais pas vraiment le temps d'accomplir ce que j'avais en tête. Donc, je me suis concentrée sur la localisation d'un seul objet.
Et d'après ce qu'Hermione pouvait voir, sa chef semblait le regretter sincèrement. Probablement était-elle ennuyée de ne pas pouvoir profiter pleinement des avantages qu'elle pouvait tirer de la Carte.
- Le but était de faire apparaître, non le nom des sorciers présents à l'intérieur d'Hogwarts, mais les objets magiques. Il est évident que cela ne peut fonctionner avec des objets lambda. Il est nécessaire que l'objet dégage une magie assez puissante. Ce qui tombe bien, puisque l'on recherche un Horcruxe.
Kara baissa un instant les yeux vers la Carte puis remonta son regard sur Hermione. Celle-ci déglutit et hocha la tête avec appréhension. C'était le moment de vérité. Ils abattaient leur dernière carte.
- Montre-moi le diadème perdu de Serdaigle! Ordonna la chef de groupe d'une voix ferme.
Les deux résistantes retinrent le souffle en cherchant des yeux une modification sur la carte ou un signe que les sortilèges de Kara fonctionnaient. Alors qu'elles échangeaient un regard défaitiste, la carte émit une légère lumière bleue et une tâche rouge se mit à clignoter sur la carte. Hermione s'agita sur sa chaise en reconnaissant l'endroit.
- C'est le septième étage, dit-elle d'une voix excitée.
- C'est étrange. Il n'y a rien à cet endroit.
Kara examina la carte en fronçant les sourcils. Hermione devina que le fait que la tâche ne soit pas apparue dans l'une des salles représentées devait la rendre perplexe. En effet, la tâche représentant l'Horcruxe était apparue en plein milieu du vide. Sa chef de groupe avait l'air de penser qu'elle avait échoué. Mais Hermione savait que ce n'était pas le cas.
Hermione releva vers l'ex-Auror un regard flamboyant.
- C'est normal. Il s'agit de la Salle sur Demande.
La jeune Gryffondor se frappa durement le front. C'était totalement logique. Elle aurait dû y penser bien avant! Quel autre endroit pour cacher un objet à Hogwarts... Voyant le regard d'incompréhension mêlé d'agacement de sa chef, elle expliqua:
- C'est une sorte de salle cachée et probablement l'un des secrets les mieux gardés d'Hogwarts. On ne peut y accéder que si on en a vraiment besoin, pour un besoin précis. Il a dû y faire appel quand il cherchait un endroit pour cacher le diadème.
Kara sourit, soulagée et visiblement très fière d'elle-même, et se renversa en arrière sur sa chaise. Hermione, quant à elle, pensait déjà à la suite des événements.
- Y'a plus qu'à trouver comment le récupérer.
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Le soleil brillait encore quand une silhouette furtive, car invisible, longea les murs des bâtiments de Pré-au-Lard. Si Hermione avait eu le choix, elle aurait attendu la nuit pour s'y rendre. Mais le couvre-feu instauré par le Ministère aurait fait hurler les alarmes et aurait alerté ses ennemis de sa présence. C'est pourquoi il avait été décidé qu'elle transplanerait une dizaine de minutes avant le couvre-feu pour atteindre Hogwarts avant qu'il ne se déclenche. L'inconvénient était qu'elle risquerait de croiser plus de monde, même si elle devait avouer que les rues étaient quasiment désertes. Couvre-feu ou non, il était clair que les habitants de Pré-au-Lard, pour ce qu'il en restait, ne sortaient pas beaucoup.
Lorsque la jeune femme atteint son but, à savoir, la porte de service de Honeydukes, la fameuse confiserie, une partie de la tension qui pesait sur ses épaules disparut. Elle murmura un sortilège d'une voix quasiment inaudible et poussa doucement la porte désormais déverrouillée. Quand il fut clair qu'elle était seule, c'est-à-dire, quand elle eut le courage de lancer un « Hominum revelio », elle avança avec détermination vers l'escalier menant à la cave. Celle-ci abritait le passage secret qu'elle avait maintes fois pris avec Harry et Ron depuis leur troisième année.
Une vague de nostalgie envers une période d'insouciance désormais révolue la submergea mais elle la repoussa aussitôt dans un coin de son cerveau. Garder les idées claires, rester lucide et alerte, c'était les conseils que Kara lui avait donné avant de partir. Aujourd'hui, elle relevait sans aucun doute le plus grand défi de sa courte vie. Pénétrer à Hogwarts sous le (gros) nez de son directeur et des autres résidents. Le plus grand, mais surtout, le plus dangereux. Un frisson la parcourut alors qu'elle descendait avec prudence les deux-cent marches inégales qui se perdaient dans l'obscurité en contrebas.
Alors qu'elle progressait sur le sol défoncé du passage secret, Hermione plongea la main dans la poche de sa robe et ses doigts effleurèrent le parchemin qui s'y trouvait. Étrangement, ce simple contact avec le dernier objet la reliant à son meilleur ami la rassura. La Carte des Maraudeurs, si symbolique, la raccrochaient à Harry. Elle leur avait sauvé la peau un certain nombre de fois, et aujourd'hui, elle comptait dessus pour atteindre l'Horcruxe.
Au bout d'une dizaine de minutes, la fin du tunnel se profila devant ses yeux. La jeune femme se débarrassa de la cape d'invisibilité que leur avait dégoté Kingsley, et s'assit en tailleur contre la paroi inégale du passage. Il était trop tôt pour pénétrer dans l'école, les couloirs devaient encore grouiller d'élèves. Elle devait attendre qu'ils soient dans leurs dortoirs pour qu'elle puisse circuler tranquillement. Pour patienter, elle sortit la Carte des Maraudeurs:
- Je jure que mes intentions sont mauvaises.
Hermione esquissa un sourire. Et comment !
Avec attention, elle chercha dans yeux la Grande Salle où tout le monde devait être en train de déjeuner. La plupart des professeurs semblaient présents mais beaucoup de noms lui étaient inconnus. A part Snape, Chourave, Bibine et à sa plus grande surprise, Hagrid, le reste du staff avait été remplacé.
Elle ferma les yeux un instant pour se reposer. Bien que sa position inconfortable ne lui permettait pas de dormir véritablement, elle glissa dans un état de demi-sommeil sans s'en rendre compte. Quand elle émergea, elle regarda sa montre qui lui indiquait 22h30.
Hermione se remit sur ses jambes en grimaçant et fit quelques mouvements avec ses membres pour les détendre. Elle jeta ensuite un coup d'œil à la carte abandonnée sur le sol. Snape se trouvait désormais dans le bureau directorial, Alecto Carrow était retranchée dans les cachots, probablement dans ses quartiers, et son frère Amycus se déplaçait actuellement au quatrième étage. Certains noms qui se baladaient dans les couloirs lui étaient vaguement familiers et elle supposa qu'il s'agissait des préfets et Préfets-en-Chef. Elles allaient devoir se méfier d'eux aussi. L'ambiance d'Hogwarts avait changé cette année. D'après les rumeurs, la délation était également à la mode à l'école, que ce soit pour obtenir des faveurs ou pour éviter des représailles. Or, son statut actuel faisait d'elle une cible de choix.
Déglutissant avec difficulté, elle s'assura une dernière fois que le couloir du troisième étage était vide et actionna le mécanisme de la statue de la sorcière borgne. Puis, avec une grande inspiration pour calmer ses battements de cœur, elle passa de l'autre côté. Figée au milieu du couloir obscur, tout à coup très consciente de la témérité d'une telle entreprise, elle regretta d'avoir convaincu Kara et Ron de la laisser y aller.
* Merlin, qu'est-ce que je fais là... * Gémit-elle dans sa tête.
Des tremblements parcoururent ses membres, l'obligeant à s'asseoir à même le sol pour se calmer, heureuse que le sortilège de fixation posé sur la cape lui laisse les mains libres. Contrôlant sa respiration, elle se répéta dans sa tête comme un leitmotiv:
* L'Horcruxe, tu es là pour l'Horcruxe.*
Avec toute la volonté dont elle était capable, chassant le sentiment de solitude et de crainte qu'elle éprouvait actuellement, elle se leva, mit un pas devant l'autre et progressa lentement dans le couloir. Elle avait beau être invisible, elle savait que la cape n'était pas infaillible. Après tout, Dumbledore et Maugrey pouvait voir à travers celle de son meilleur ami, et celle qu'elle utilisait à présent était de moindre qualité. Il était donc probable que d'autres sorciers, moins bien intentionnés, en soient également capable. Et c'était sans compter le fait qu'elle ignorait si de nouveaux sortilèges de protection ou d'alarmes avaient été installés. Elle s'attendait donc à se faire attraper à tout moment et cela ne l'aidait pas vraiment à se calmer. A ce moment, elle avait beau être invisible, elle était presque certaine que si elle croisait quelqu'un, elle serait trahie par le claquement bruyant de ses dents.
Hermione avait facilement rejoint le Grand Escalier sans avoir croisé qui que ce soit. Elle n'en croyait d'ailleurs pas sa chance, cela s'annonçait plus facile que prévu. Revigorée, elle grimpa deux à deux les marches jusqu'à atteindre le palier du 4ème étage, le dépassa et s'arrêta net. Sur le palier supérieur, une silhouette imposante se dressait, lui bloquant le passage. Un coup d'œil rapide à la carte lui apprit qu'il s'agissait d'Amycus Carrow. Dans son empressement, elle avait négligé de vérifier les positions de chacun. Heureusement pour elle, Alecto Carrow n'avait pas bougé et les autres patrouilleurs étaient soient dans leurs dortoirs, soient à l'autre bout du château. Par contre, pas de traces de Snape. Et cela, ce n'était pas bon signe.
* Je retire ce que j'ai dit. Les difficultés commencent... *
La jeune femme décida de s'attaquer au problème le plus proche. Elle réfléchit rapidement mais aucune solution ne lui vint à l'esprit. Aucun autre chemin ne menait au septième étage à sa connaissance, elle devait forcément utiliser ce palier pour continuer à grimper. La bonne nouvelle était que malgré la qualité moyenne de la cape, le Mangemort n'était pas en mesure de détecter sa présence. Si cela avait été le cas, il l'aurait déjà attaqué.
* Pas le choix... *
Aussi légèrement que possible, elle monta les quelques marches qui la séparaient d'Amycus Carrow, s'arrêtant à un bon mètre de lui. Comme elle s'en doutait, la carrure imposante de l'homme ne lui permettait même pas de le contourner. Si elle tentait de passer, elle le frôlerait surement et se ferait pincer. Ce qui n'était pas une option.
Résignée, elle fit quelques pas sur le côté pour avoir une visibilité sur les escaliers en contrebas et attendit. Un œil sur Carrow, elle faisait également attention que personne ne viendrait d'en haut. Priant pour que quelqu'un ou quelque chose intervienne, elle prit son mal en patience.
Sentant soudainement un regard sur elle, qui n'était pas celui de Carrow, elle observa discrètement les environs. Mais elle ne vit aucune trace d'un quelconque être humain et elle mit son impression sur le compte de l'angoisse.
- Mhh. Professeur?
La voix, bien que peu forte, la fit sursauter, mais la cape d'invisibilité ne glissa pas, à son grand soulagement. Elle en chercha l'origine, tout comme semblait le faire Carrow, et ses yeux se posèrent sur un le tableau d'un vieux sorcier accroché à côté de la porte devant laquelle le Mangemort se trouvait.
- Quoi?
La voix était dure et sèche, mais l'homme représenté sur le tableau ne semblait pas froissé. Il se contenta de répondre.
- Je suis passé dans le tableau de Violette tout à l'heure. Vous savez, la commère du premier étage, près de l'infirmerie. Elle m'a rapporté des allers et venues suspects.
Soudainement intéressé, Carrow se rapprocha du tableau pour mieux entendre le vieillard. Les yeux d'Hermione s'agrandirent de surprise mais elle ne mit pas longtemps à se ressaisir. Saisissant sa chance, elle monta les dernières marches en se collant à la rambarde, le plus loin possible du Mangemort. Le gardant dans son champ de vision, elle passa à côté de lui en retenant son souffle et franchit le palier.
Alors qu'elle jetait un denier coup d'œil reconnaissant au tableau, elle crut voir le vieux sorcier lui faire un clin d'œil discret. Mais le signe fut si rapide qu'elle douta un instant de l'avoir réellement vu.
Mais alors qu'elle grimpait les escaliers restants, elle se dit que le tableau lui avait probablement offert une diversion. Une étrange chaleur se propagea dans son corps, lui donnant la force de gravir les dernières marches qui la menaient au septième étage. Parce que si Hogwarts l'aidait, par le biais des tableaux ou autres - et Hermione connaissait suffisamment l'Histoire d'Hogwarts pour savoir que le château avait une conscience propre - elle avait une chance de sortir d'ici vivante, avec le diadème.
Hermione arriva sans encombre dans le couloir du septième étage où se trouvait la Salle sur Demande. Un flot de souvenirs datant de sa 5ème année l'assaillit alors qu'elle passait trois fois devant le fameux pan de murs.
* J'ai besoin de l'endroit où tout est caché. *
La porte se dessina alors devant elle et elle pénétra aussitôt dans la salle. La pièce devait être vaste, pourtant, elle donnait l'impression d'être minuscule tellement elle était encombrée. En effet, les objets entreposés pêle-mêle aux fils des années par les élèves formaient un bazar monstre qui ne laissait que peu de places aux déplacements. La jeune Gryffondor balaya la pièce du regard, s'arrêtant sur certains objets. Chacun d'entre eux devait avoir sa propre histoire et les circonstances auraient été différentes, elle aurait fouillé à sa guise, comme si elle parcourait un vide grenier sorcier.
Mais Hermione ne pouvait pas se permettre de lambiner si elle ne voulait pas subir le même sort que Dobby. La jeune fille plongea la main dans sa poche et en sortit un objet ressemblant à une baguette magique en moins long et en plus épais, fait dans un métal brillant. Il s'agissait d'un détecteur de magie noire que Kara lui avait fourni pour repérer l'Horcruxe. Si elle avait dû fouiller la salle, elle y aurait passé la nuit. Et ce n'était pas dans ses projets.
Tenant le Révélateur dans sa main, elle s'avança droit devant elle. L'objet était censé émettre un sifflement lorsqu'il détectait des traces de magie noire. Plus le sifflement était aigu, plus l'objet était imprégné de magie noire. Et plus le sifflement était long, plus elle s'approchait de l'objet en question.
Le Révélateur commença à siffler quelques secondes plus tard et elle suivit le « signal ». Elle ne tomba malheureusement pas sur le diadème de Serdaigle, mais sur un coffret à l'air inoffensif qui devait probablement être ensorcelé. Avec un soupir agacé, elle tourna les talons et reprit ses recherches. Le détecteur siffla encore plusieurs fois à cause d'objets planqués là par des élèves, appartenant probablement à des Serpentard.
Mais lorsque le Révélateur détecta l'Horcruxe, elle le sut aussitôt. Le sifflement était si aigu qu'elle en eut mal aux tympans et se dépêcha de désactiver le détecteur dès qu'elle localisa le diadème. Il était posé sur un placard, sur la tête d'un buste en pierre représentant un vieil homme coiffé d'une perruque. A côté, elle reconnut le livre de potions du Prince de Sang Mêlé qu'elle avait tellement détesté et résista à l'envie de lui lancer un Incendio bien senti.
Avec un sourire et une satisfaction sans égale, elle attrapa le diadème et le planqua dans l'une de ses poches. D'un pas vif, elle se dirigea vers la porte en balançant la cape d'invisibilité sur ses épaules. Par précaution, elle jeta un coup d'œil à la Carte des Maraudeurs et son sang se glaça dans ses veines quand elle vit un petit point noir dans le couloir. Un point fixe qui indiquait Severus Snape. Elle inspira profondément pour ne pas céder à une crise de panique.
* Réfléchis, réfléchis... *
Elle ne pouvait pas rester ici éternellement et Snape n'était pas réputé pour sa patience. Il ne tarderait pas à trouver une solution pour l'atteindre et en tant que Directeur, il devait pouvoir se servir du château. C'était probablement ainsi qu'il avait su que quelqu'un avait pénétré subrepticement dans l'école. Par ailleurs, la porte était l'unique sortie et le directeur ne manquerait pas son ouverture. La seule donnée positive était qu'il était seul et ne semblait pas avoir l'intention d'appeler des renforts. Peut-être avait-elle une chance de passer.
Elle souffla un bon coup pour se donner du courage, ouvrit la porte et se glissa à l'extérieur. A sa gauche, dissimulé derrière une colonne, Severus Snape fixait l'endroit où elle se trouvait dans la voir, sa baguette à la main. Il n'avait pas changé outre mesure depuis la dernière fois qu'elle l'avait vu.
- Montrez-vous, ordonna-t-il d'une voix froide et autoritaire.
* Sûrement pas * songea Hermione en levant sa baguette.
- Stupéfix, chuchota-t-elle.
Le sortilège heurta cependant un bouclier et se désintégra aussitôt. Snape répliqua avec un sortilège de désarmement et elle eut juste le temps d'ériger un bouclier pour bloquer l'attaque. Elle comprit aussitôt son erreur. Elle avait révélé sa position au moment même où elle lui avait lancé un sortilège. Par réflexe, elle s'éloigna de là où elle se tenait mais l'homme avait anticipé son mouvement. Elle prit le Stupefix de plein fouet et tomba sur le sol, le corps raide. |