Au 12, Grimmauld Place, alors que l'aube pointait à peine au-dessus des toits de Londres, Hermione et Ron se préparaient nerveusement à passer à l'action. Ils avaient estimé tous les deux qu'il était temps d'agir, qu'ils étaient prêts. Les deux Gryffondor n'avaient eu besoin que de quelques jours pour établir le plan qui leur permettrait de récupérer le médaillon de Serpentard. Ne possédant plus la cape d'invisibilité d'Harry, il était devenu trop dangereux de continuer à observer les allées et venues près du Ministère. Par ailleurs, ils disposaient déjà d'assez d'informations pour réussir leur entreprise. Repousser l'échéance davantage ne servait à rien, à part prendre le risque qu'Ombrage se débarrasse du médaillon.
Hermione passa en bandoulière son sac en perles, doté d'un sortilège d'Extension indétectable, qu'elle avait soigneusement préparé la veille en y fourrant un assortiment d'objets utiles à leur mission. Il s'agissait principalement de farces et attrapes des jumeaux Weasley qui pourraient leur servir de moyens de diversion en cas de problème. Elle jeta un coup d'œil à Ron, le visage livide, qui se préparait également.
- Qu'est-ce que je ne donnerais pas pour un peu de Felix Felicis, marmonna-t-il dans sa barbe avec un sourire.
Hermione laissa échapper un rire étranglé mais ne répondit pas, ne faisant pas vraiment confiance à sa voix à ce moment-là. Après avoir échangé un bref regard, ils se dirigèrent vers la porte de la maison et sortirent sur le perron. Devant eux, des silhouettes sombres regardaient dans leur direction sans les voir. Les Mangemorts campaient là depuis plusieurs semaines. Mais grâce au Sortilège de Fidelitas, ils ne pouvaient pas voir Grimmauld Place, et donc ne pouvaient pas y entrer. Les occupants de la maison devaient simplement veiller à rester dans la zone de protection du sortilège lorsqu'ils sortaient.
Avec un sourire narquois à leur égard, Hermione transplana sans attendre en emportant Ron dans son sillage. Ils atterrirent dans une ruelle sombre et malodorante, totalement déserte si l'on excluait les deux poubelles qui encombraient le passage. Sans un mot, ils se mirent au travail. Hermione s'approcha d'une porte qui servait d'issue de secours à l'un des deux bâtiments encadrant la ruelle alors que Ron se plaçait à l'angle du même bâtiment pour surveiller les environs.
- Alohomora, murmura-t-elle en pointant le cadenas qui protégeait la porte.
La porte s'ouvrit avec un bruit sourd, dévoilant un long couloir sombre. Sans y pénétrer, elle fit volte-face et alla se dissimuler derrière l'un des deux gros conteneurs. La première partie de leur plan consistait à récupérer une mèche de cheveux de deux fonctionnaires du Ministère - dont ils allaient emprunter temporairement les identités - pour les ajouter au Polynectar. Leurs semaines de surveillance du mois d'août leur avaient permis d'apprendre qu'une employée du nom de Mafalda Hopkrik transplanait quotidiennement dans cette ruelle à 8h05 précise, soit dans à peine quelques secondes.
Un coup d'œil à Ron lui apprit qu'il s'était désillusionné efficacement. Tout se passait parfaitement pour le moment. Peu de temps plus tard, un pop résonna dans la ruelle. Une sorcière aux cheveux gris apparue tout près d'Hermione. La jeune fille n'hésita pas une seconde avant de lever sa baguette.
- Stupefix ! Chuchota-t-elle de façon inaudible.
Le sortilège frappa la sorcière de plein fouet qui bascula en arrière, raide comme un balai. Ron apparut soudainement avec un sourire crispé, mais sincère.
- Bien joué, la félicita-t-il en attrapant la sorcière stupefixé sous les aisselles pour la soulever facilement.
Hermione sourit fièrement avant d'attraper les pieds.
- Un, deux, trois.
Ils soulevèrent au même moment l'employée du Ministère et la transportèrent vers la porte, puis le long du couloir sombre. Celui-ci menait à un vieux théâtre abandonné et ils utilisèrent les coulisses pour cacher la sorcière. Hermione arracha quelques-uns de ses cheveux et les plongea dans le Polynectar. Puis, elle leva le flacon dans un simulacre de toast:
- A la mienne, grimaça-t-elle avant de vider le breuvage dans sa gorge.
Ron pouffa de rire et son rire s'accentua encore plus lorsqu'elle se mit à se transformer en la petite sorcière grisonnante. Hermione lui lança un regard noir, bien que le cœur n'y était pas vraiment, avant de le tirer par la manche avec autorité vers la sortie. Leur deuxième cible n'allait pas tarder à arriver et ils ne pouvaient pas se permettre de la manquer. Une fois dans la ruelle, elle poussa Ron vers l'une des poubelles derrière laquelle il se cacha puis se mit elle-même bien en évidence. Elle fit semblant d'épousseter ses vêtements jusqu'à ce qu'un nouveau pop retentisse, laissant apparaître un homme à la tête de fouine. Celui-ci la vit aussitôt, son visage exprimant une certaine surprise avant de lui adresser un sourire poli.
- Bonjour Mafal...
Mais l'homme ne put finir sa phrase qu'il tomba en avant, droit vers Hermione qui fut obligée de reculer pour ne pas se faire écraser. Ron sortit de sa cachette, un sourire contrit aux lèvres, et tous deux répétèrent le même trajet que précédemment. Ils posèrent l'homme, Reg Cattermole d'après ses papiers d'identités, employé à la maintenance magique, près de sa collègue. Pendant que Ron se transformait et revêtait la tenue de travail de l'homme, Hermione ligota magiquement les deux sorciers pour plus de précaution.
- Bien, je crois qu'il est temps d'y aller, lâcha Hermione d'une voix mal assurée.
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Les deux Gryffondor n'eurent aucun problème à pénétrer dans le Ministère en utilisant les toilettes publiques qui permettaient d'y accéder. La jeune fille aurait même pu s'amuser du petit toboggan qui la propulsa dans l'atrium, mais elle était bien trop angoissée pour cela. Rapidement, elle se déplaça pour ne pas gêner le passage et balaya les environs du regard. L'atrium grouillait de sorciers qui entraient, sortaient, discutaient avec leurs collègues. Bizarrement, l'ambiance n'était pas celle qu'elle avait imaginé. Elle s'attendait au même climat de peur et d'insécurité qu'à l'extérieur, mais cela ne semblait pas être le cas. Sans être totalement serein, les employés n'avaient pas l'air non plus d'être sous le joug d'un mage noir...
Lorsqu'elle leva les yeux vers l'immense sculpture qui trônait au milieu de la pièce, une nausée soudaine la prit et elle relativisa son impression précédente. La sculpture avait changé depuis la dernière fois où elle s'était rendue au Ministère, à la fin de sa cinquième année. A l'époque, qui lui semblait tellement lointaine maintenant, il s'agissait de la fontaine de la Fraternité Magique. Une fontaine dotée de statues en or représentant un sorcier avec sa baguette pointée vers le ciel, une sorcière, un centaure, un gobelin et un elfe de maison. De l'eau jaillissait des baguettes magiques des deux sorciers, ainsi que de la flèche du centaure, du chapeau pointu du gobelin et des deux oreilles de l'elfe de maison, pour retomber dans le bassin circulaire central. C'était l'image de l'entente entre les peuples, même si la réalité était loin d'être ainsi.
Aujourd'hui, la représentation de l'entente entre les peuples avait disparu au profit d'une sculpture bien plus sombre. Ce n'éttait pas la représentation des deux sorciers assis sur des trônes ouvragés, bien qu'affichant une expression peu amène, qui la rendait malade. Mais plutôt les centaines de femmes, hommes et enfants, totalement nus, qui soutenaient les deux sorciers et qui semblaient crouler sous leur poids. Des moldus, bien entendu.
Une main lui effleura le bras, lui insufflant un certain réconfort. Elle tourna son regard vers le visage méconnaissable de Ron et lui offrit un pâle sourire. Puis, d'un accord tacite, ils suivirent le flot d'employés du Ministère jusqu'à de grandes portes en or et entrèrent dans une salle plus petite qui leur permirent de rejoindre l'un des ascenseurs. Profitant de ces quelques dizaines de secondes en tête-à-tête dans la cabine, Hermione chuchota:
- On va directement à l'étage du bureau d'Ombrage.
« Niveau 7, Département des Jeux et Sports Magiques, Siège des ligues britanniques et irlandaises de Quidditch, Club officiel de Bavboules, Bureau des Brevets saugrenus. »
Par précaution, ils s'arrêtèrent de parler, mais personne n'entra dans l'ascenseur qui se remit en mouvement. Hermione cacha ses mains tremblantes dans les poches de sa robe, sa main tenant avec force sa baguette.
« Niveau 6, Département des Transports Magiques, Régie autonome des transports par cheminée, Service de régulation des balais, Office des Portoloins, Office des Portoloins. »
Les grilles dorées s'écartèrent brusquement révélant une sorcière trapue bien familière, ses doigts courts et boudinés tenant un bloc-note contre sa poitrine. Hermione du retenir un hoquet de surprise. A côté d'elle, elle sentait que Ron s'était soudainement tendu à cette apparition imprévue.
- Mafalda ! Justement, je vous cherchais. J'ai besoin de vous pour consigner les interrogatoires, aujourd'hui, clama Ombrage d'une voix enjouée en s'engouffrant dans l'ascenseur.
Hermione se contenta d'acquiescer d'un mouvement de tête, peu sur de pouvoir contrôler sa voix face à cette horrible femme. Ombrage posa ensuite son regard sur Ron qui sembla de tendre encore plus, à la grande joie de son ex-professeur.
- Cattermole... Cracha-t-elle avec une pointe de dégoût alors que les grilles de la cabine se refermaient et que l'ascenseur se remettait en branle.
Un sourire malsain se dessina sur ses lèvres et elle continua d'une voix suave:
- Il me semble que votre femme fait partie des interrogés. Je pense qu'elle aura besoin de votre soutien.
« Niveau 5, Département de la Coopération Magique Internationale, Organisation internationale du commerce magique, Bureau international des lois magiques, Confédération internationale des sorciers, section britannique. »
Hermione se retint d'intervenir et se força à garder un visage impassible. Elle n'était pas censée haïr Ombrage et elle devait se contrôler pour ne pas faire de faux pas.
Deux sorcières entrèrent alors dans l'ascenseur et Ombrage se désintéressa soudainement de Ron et d'elle. Hermione en profita pour détailler l'horrible femme qui n'avait absolument pas changé depuis la dernière fois qu'elle l'avait vu. La même face de crapaud, le même style vestimentaire à vomir, les mêmes breloques...
Elle allait détourner le regard quand un reflet au niveau de la poitrine d'Ombrage attira son attention. Les yeux de la jeune femme s'écarquillèrent légèrement quand elle reconnue l'objet qu'elle portait autour du cou, à moitié dissimulé par sa veste rose bonbon. Le médaillon de Salazar Serpentard, là, juste devant elle.
« Niveau 4, Département de contrôle et de régulation des Créatures Magiques, Sections des animaux, êtres et esprits, Bureau de Liaison des Gobelins, Agence de conseil contre les nuisibles, Commission d'Examen des Créatures dangereuses. »
Les deux sorcières sortirent de l'ascenseur, laissant de nouveau les deux Gryffondor seuls avec Ombrage. Prise d'une impulsion soudaine, et sans penser aux conséquences d'un acte aussi insensé, Hermione fit glisser la baguette de sa manche jusqu'à sa main. Ombrage dut capter le mouvement, car elle posa ses yeux sur elle, puis sur sa main. Les yeux de son ex-professeur s'élargirent mais Hermione ne lui laissa pas le temps de réagir, et lui lança un sortilège de stupéfixion qui la frappa en pleine poitrine.
- Mais... ! T'es folle ou quoi? S'écria Ron en regardant tour à tour sa meilleure amie et son ex-professeur allongée sur le sol.
- Probablement, marmonna-t-elle en arrachant le médaillon du cou du crapaud géant avant de le glisser dans la poche de son pantalon.
- On va se faire griller dès qu'on sortira de l'ascenseur... Gémit Ron.
Mais Hermione, bien que totalement paniquée par ce qu'elle venait de faire, avait toujours le cerveau en plein ébullition. Elle traîna le corps d'Ombrage au fond de la cage d'ascenseur et se plaça devant. Si d'autres personnes rentraient dans l'ascenseur, elles auraient risqué de trébucher sur le corps, et ils seraient fichus pour de bon. Ensuite, elle jeta rapidement un sortilège de désillusion sur Ombrage qui se fondit aussitôt dans le décor.
- Vite, on redescend dans le hall.
Ron, dont l'étonnement était toujours inscrit sur son visage, réagit aussitôt et l'ascenseur se mit à descendre. Hermione, les mains tremblantes cachées dans ses poches, avait l'impression que le voyage durait des heures et que l'ascenseur s'arrêtait à chaque étage, ce qui était vrai, en l'occurrence. Lorsqu'ils atteignirent le hall, Hermione fit signe à son ami de laisser sortir tout le monde avant de sortir eux-mêmes.
La tension à son comble, ils traversèrent quasiment en courant le petit hall avant de pénétrer dans l'atrium. Au moment même où ils franchirent le seuil, un cri s'éleva derrière eux. Machinalement, Hermione jeta un coup d'œil derrière elle et vit les sorciers et sorcières présents se diriger vers la source de cette agitation. La main de Ron se referma alors sur son bras et la tira pour lui indiquer de marcher plus vite. Les deux Gryffondor s'engouffrèrent dans la première cheminée venue. Elle sentit son corps pivoter sur lui-même avant d'être recraché dans l'une des cabines des toilettes publiques. Elle inspira profondément pour se calmer puis sortit comme si de rien était, vite rejoint par Ron. Rapidement, ils rejoignirent la ruelle dans laquelle ils avaient transplané.
- On s'en va Hermione, maintenant !
Mais elle avait les yeux fixé sur la porte où se trouvaient leurs doubles.
- Je sais à quoi tu penses. Mais on a pas le temps.
- Ils risquent gros, Ron. On a bousillé leur vie en à peine une demie heure. S'ils vont au Ministère...
D'un geste ferme, il la fit pivoter pour plonger ses yeux dans les siens.
- Nous sommes en guerre, Hermione. Ce n'est pas le moment.
Mais la jeune femme n'était pas de cet avis. Elle sortit un parchemin et une plume de son sac et rédigea rapidement un mot. Puis, elle tapota le parchemin de sa baguette qui prit la forme d'un oiseau en origami qu'elle envoya vers la porte. Puis, elle se tourna vers son ami qui la regardait, mi-amusé, mi-consterné.
- Tu es incorrig...
Elle lui adressa un sourire tremblant et transplana vers Grimmauld Place en l'emmenant dans son sillage. Rien que la vue familière du heurtoir en forme de serpent lui permit de respirer un peu plus normalement. Ce qui ne l'empêcha pas de se laisser aller dans les bras de Ron dès qu'ils furent en sécurité dans la maison et de se laisser bercer par les paroles rassurantes de son ami.
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La réussite de leur mission fut fêtée brièvement par les deux Gryffondor, peu enclins à se féliciter alors que leur meilleur ami avait disparu et que l'atmosphère dans le monde magique était aussi oppressante. Ils passèrent donc à la phase suivante, à savoir, trouver un moyen de détruire l'objet. Comme à son habitude, Hermione avait aussitôt fait appel à ses bouquins et Ron avait maugréé avant de la suivre.
Ils étaient à cet instant assis à même le sol, entourés d'une dizaine d'ouvrages traitant des Horcruxes. Il s'agissait des livres, comme Hermione l'avait expliqué cet été à ses deux meilleurs amis, qu'elle avait réussi à récupérer dans le bureau de Dumbledore grâce à un sortilège d'attraction, peu de temps après son enterrement. En effet, l'ex-directeur d'Hogwarts les avait retiré de la bibliothèque des dizaines d'années auparavant, probablement de peur qu'un étudiant comme Tom Jedusor ne s’intéresse aux Horcruxes d'un peu trop près.
Hermione tira sur ses genoux un gros volume à la reliure de cuir noir usée qui s'intitulait « Secrets les plus sombres des forces du Mal. »
- Ce livre évoque les moyens de détruire un Horcruxe. Je l'ai lu en entier et... C'est vraiment abominable. J'ai vraiment dû m'accrocher pour ne pas le refermer et le brûler.
- A ce point ? Demanda Ron avec crainte.
- Il explique en détail ce qui arrive à l'âme du sorcier qui crée un Horcruxe. Je ne comprends vraiment pas comment quelqu'un peut envisager un tel acte.
Un long frisson lui parcourut la colonne vertébrale. Ron s'empressa de changer de sujet en voyant l'état de son amie.
- Alors, que dit-il concernant la façon de les détruire ?
Hermione se ressaisit et feuilleta machinalement le vieux livre tout en répondant à la question :
- D'après ce qu'il dit, la façon dont Harry a détruit le journal intime de Jedusor en deuxième année est l'un des rares moyens de se débarrasser définitivement d'un Horcruxe. Et qu'il faut prendre un maximum de précaution, car ils ne se laissent pas détruire facilement.
- Tu parles du crochet de Basilic ? Tu en as un sous la main toi ? Demanda-t-il d'un ton clairement ironique.
- Pas forcément un crochet, répliqua-t-elle en levant les yeux au plafond, mais n'importe quel objet enduit de venin de Basilic.
Ron lui lança un regard en biais.
- Ce que nous ne possédons pas non plus, admit-elle avec réluctance.
- Il n'y a pas d'autres moyens ?
- Explicite, non. Il dit simplement qu'il faut l'endommager de façon à ce qu'aucune magie ne puisse le réparer.
- Ce qui ne nous avance pas vraiment... Le reste de tes bouquins ne donnent pas d'autres solutions ?
Hermione secoua la tête.
- Non. Ils évoquent les Horcruxes de façon plus ou moins détaillée, mais ils ne mentionnent pas la façon de les détruire.
Ron laissa échapper un soupir.
- C'est normal. C'est de la magie noire très avancée.
- Il doit en exister d'autres, supposa Hermione. Mais c'est le genre de livres anciens et rares qu'on ne trouve pas à tous les coins de rue.
- Dans certaines librairies spécialisées, je suppose, mais je n'en connais aucune.
- Dans la bibliothèque de certaines familles de sang-pur, probablement, lâcha Hermione d'un ton qui se voulait neutre.
- Comme les Black?
Hermione vit une lumière s'allumer dans les prunelles de Ron.
- Mione, tu as déjà mis les pieds dans la bibliothèque? Ou même entendu une mention de celle-ci?
La jeune fille fouilla dans sa mémoire sans trouver une trace d'un tel souvenir. Quand elle se concentra de nouveau sur son ami, ce fut pour tomber sur un sourire narquois.
- Quoi?
- Hermione, tu es venue ici des dizaines de fois, et toi, tu n'as même jamais pensé à la bibliothèque. Dans une vieille et importante famille de sang-pur. Genre, une mine d'or pour quelqu'un comme toi.
- J'avais d'autres choses en tête, Ron, répondit-elle, agacée, et j'étais occupée... Mais tu as raison, il y a forcément une bibliothèque.
- Demandons à Kreattur, proposa Ron. Kreattur, viens là s'il te plaît.
L'Elfe apparu aussitôt dans un craquement. Après leur dernière discussion avec Kreattur et sa réaction face à Hermione, ils avaient décidé que ce serait Ron qui se chargerait de lui parler ou de lui demander une faveur ou une explication. Même si son comportement s'était amélioré, il restait assez désagréable envers Hermione.
- Nous voulons détruire le médaillon, comme le souhaitait ton maître. Mais nous ignorons comment. On se demandait s'il y avait une bibliothèque ici ? Nous espérons y trouver un livre qui nous aiderait dans cette tâche.
Kreattur se tritura les mains tout en regardant ses pieds.
- Il existe bien une bibliothèque. Mais il s'agit d'une pièce qui ne s'ouvre que devant un Black. La porte elle-même est invisible pour quelqu'un n'appartenant pas à la famille de mes maîtres. Kreattur ne peut pas y pénétrer non plus.
Ron fit la moue.
- Merci quand même, Kreattur.
L'Elfe s'inclina avant de disparaître.
- On n'est pas plus avancé, soupira Ron en se laissant tomber sur le canapé. On peut toujours tenter les sorts que l'on connaît, même s'il y a peu de chance qu'on y parvienne.
- Cela ne marchera pas, Ron. En plus, je pense que Kreattur a raison quand il a dit cet été qu'il est nécessaire de le détruire de l'intérieur. On doit l'ouvrir dans un premier temps.
- On ignore comment l'ouvrir également, Hermione. On ne sait ni comment l'ouvrir, ni comment le détruire, soupira Ron.
- C'est vrai. Alors, essayons de faire ce que tu as dis, consentit Hermione sans grande conviction. Bombardons-le de sortilège, on aura peut-être de la chance.
Hermione était à court d'idée et suivit donc Ron dans la pièce où se trouvait la tapisserie de la famille Black, sachant parfaitement qu'ils n'avaient aucune chance. Spacieuse, et relativement vide, la pièce leur offrait un endroit où lancer des sortilèges en toute précaution. Ron déposa le médaillon sur le sol et chacun sortit sa baguette qu'ils pointèrent sur l'Horcruxe.
- A toi l'honneur, Mione.
- Incendio !
Le médaillon s'enflamma un instant, mais les flammes ne semblaient pas l'atteindre, comme si un charme de protection faisait barrage.
- Diffindo ! Tenta à son tour Ron.
L'Horcruxe, touché de plein fouet, fut projeté deux mètres plus loin. Mais quand les deux jeunes Gryffondor s'approchèrent, ils remarquèrent que le médaillon n'avait pas une égratignure. Ron émit un grognement mécontent.
- Ça aurait été trop facile, hein ? Pesta-t-il d'un ton amer.
Mais Hermione n'était pas prête à laisser tomber. Maintenant qu'ils avaient commencé, elle avait bien l'intention de lancer tous les sortilèges qu'elle connaissait.
- Evanesco ! Destructum !
Mais les sorts rebondissaient sur l'Horcruxe ou le frappait sans faire de dégâts.
- Confringo ! Reducto !
Toujours aucun résultat. Ils essayèrent d'autres sorts, en vain. De dépit, Ron donna un bon coup de pieds dans le médaillon qui percuta bruyamment le mur.
- Lacornum Inflamaré, murmura Hermione sans conviction.
Les flammes léchèrent l'Horcruxe, mais comme avec l'Incendio, elles n’atteignirent pas l'objet.
Un peu abattus par leur manque de résultats, les deux Gryffondor redescendirent dans la cuisine où Kreattur s'affairait aux fourneaux. Hermione s'effondra sur une chaise et attrapa la Gazette du jour que l'Elfe avait dû ramener. Son visage se décomposa lorsqu'elle posa les yeux sur la Une.
- Merlin...
- Qu'est ce qu'il y a?
Avec une expression de profond dégoût, elle poussa le journal vers son ami, où un Lucius Malfoy dans toute sa splendeur les toisait depuis la première page.
- Lucius Malfoy a été élu Ministre de la Magie... Bah tiens, à qui vont-ils faire croire que les gens ont élu ce Mangemort. Ils ont dû truquer les élections anticipées.
- Qu'il ait été nommé avec ou sans trucage, cela revient au même. Il contrôlait déjà Hogwarts grâce à Snape et maintenant, le Ministère grâce à Malfoy. Les choses ne sont pas prêtes de s'arranger.
Un silence s'abattit dans la pièce, seulement brisé par les bruits que faisait Kreattur en préparant le dîner.
- Attends, écoute ça, dit Ron qui parcourait rapidement le reste du journal en quête d'une information concernant leur ami.
« Lors de sa première élocution, notre nouveau Ministre de la Magie a confirmé qu'il poursuivrait la nouvelle politique mise en place par notre dernier Ministre intérimaire. Il a affirmé que le Département des Mystères aurait toute latitude pour continuer ses recherches sur les nés-Moldu et mettre en lumière les manœuvres frauduleuses utilisées par eux pour acquérir leurs pouvoirs.[Voir « Rapport préliminaire de ces recherches » page 3] »
- Bah tiens, ça m'aurait étonné... Cracha Hermione.
« En attendant des réponses à nos interrogations, j'annonce dès maintenant qu'une série de mesures sera prise pour empêcher les Nés-Moldu de nuire à notre communauté. La première mesure consistera en l'organisation d'un recensement destiné à dresser une liste des Nés-Moldus. Des employés du Ministère se rendront chez les personnes concernées, qui auront reçu un avis par hibou préalablement. Toute absence injustifiée sera punie avec sévérité.
J'invite la population à prévenir le Ministère s'ils détiennent des informations concernant des Nés-Moldu qui tenteraient d'échapper à ces mesures. Je rappelle qu'il s'agit d'un devoir civique pour chacun d'entre nous de traquer ceux qui essaieraient de se soustraire à l'autorité du Ministère. Je ne peux que vous mettre en garde contre ces usurpateurs de la puissance magique qui sont un danger pour notre société actuelle. »
- Un gouvernement qui prône la délation... La communauté magique est tombée bien bas...
- Avec Lucius Malfoy au pouvoir, rien d'étonnant, marmonna Ron en parcourant le reste de l'article. Ce n'est que le début.
L'intervention de Kreattur qui dressa la table mit fin à la conversation. Ron balança la Gazette sur un meuble avec les autres éditions précédentes et remercia l'Elfe lorsqu'il glissa une assiette devant lui. Le repas se fit en silence, chacun étant plongé dans ses pensées. Lorsque le repas fut expédié, Hermione relança le sujet des Horcruxes.
- Bon, récapitulons. Nous savons qu'il existe six Horcruxes: le journal de Jedusor et la bague d'Elvis Gaunt ne posent pas de problème. Le premier a été détruit lors de notre deuxième année à Hogwarts, dans la Chambre des Secrets, par Harry et Dumbledore s'est chargé de la seconde deux années plus tôt.
- Nous avons le médaillon de Serpentard bien que nous ne pouvons pas le détruire pour le moment. Et on ignore où se trouve la Coupe de Poufsouffle, enchaîna Ron.
- Nous savons que Dumbledore était convaincu que Nagini, le serpent géant de Tu-Sais-Qui, était un Horcruxe. Mais il est intouchable pour le moment. Ce sera probablement le dernier que nous devrons détruire.
- Ce qui nous laisse l'unique Horcruxe dont nous ignorons tout, conclu Ron.
- Mais Dumbledore était convaincu qu'il s'agissait d'un objet ayant appartenu à Rowena Serdaigle, étant donné qu'il avait déjà ceux ayant appartenu aux fondateurs de Poufsouffle et de Serpentard. Cela nous donne quand même une base pour nos recherches.
Ron approuva de la tête, sans grande conviction cependant. Hermione ne pouvait pas le blâmer. C'était peut-être une base, mais cela restait très mince comme point de départ. Le monde était vaste, surtout lorsque l'on cherche un objet sans savoir à quoi il ressemble.
- Reprenons, enchaîna Ron. Dumbledore pensait qu'Il avait laissé les Horcruxes dans des endroits importants pour lui.
D'un coup de baguette, elle conjura un parchemin et une plume Pour établir la liste des endroits susceptibles de cacher un Horcruxe.
- L'endroit où il a vécu pendant son enfance, c'est-à-dire, l'orphelinat, commença Ron.
Hermione inscrivit le lieu.
- Hogwarts, où il a fait ses études, dit-elle à son tour en l'écrivant.
- D'après ce que nous a dit Harry, il a travaillé chez Barjow et Beurk après sa scolarité.
- Je doute qu'il ait pris le risque de cacher un Horcruxe auprès d'un expert en Magie Noire, mais je le note quand même.
- Enfin, il y a l'Albanie où il a été exilé pendant un certain temps. Mais il avait déjà crée ses Horcruxes à ce moment-là, donc on peut oublier nos vacances là-bas, plaisanta Ron.
Hermine observa la feuille.
- Cela nous laisse Hogwarts et l'orphelinat. On sait qu'Il est revenu à Hogwarts pour demander le poste de professeur de DCFM et que Dumbledore pensait que c'était une excuse pour transformer un objet en Horcruxe.
- Ça fait beaucoup de suppositions. En plus, il n'a pas eu le poste, donc il n'a pas pu récupérer un objet. Et puis, ce n'est pas comme si on pouvait débarquer comme ça à Hogwarts pour fouiller les lieux. Surtout que...
Il avala sa salive.
- On a plus la Cape... finit-il dans un murmure. - Oublions Hogwarts, alors, dit rapidement Hermione. Et concentrons-nous sur l'orphelinat.
A suivre... |