Ron les rejoignit vers 20h00, pile pour l'heure du dîner, ce qui lui attira quelques vannes amicales de la part de ses camarades. Mais son visage fermé et inquiet les poussa à ne pas insister. Pendant que Neville s'affairait aux cuisines, Hermione l'attira vers la chambre pour lui parler.
- Je pars, lui annonça-t-elle sans détour quand elle eut fermé la porte.
- Quoi ?
- Je pars rejoindre Harry, répéta-t-elle. Les gens avec qui il se trouve en ce moment n'arrivent pas à obtenir de réaction. Il n’y a visiblement aucune amélioration de son état depuis qu’on l’a récupéré. Pomfresh pense que le fait d’avoir à ses cotés une personne proche de lui pourrait le l’aider. Donc, je pars ce soir pour la France.
Hermione vit un défilement de sentiments dans les yeux de son ami. Il semblait tirailler entre l'envie d'aller aider son meilleur ami et l'envie de participer à la récupération de son frère. Une longue minute passa alors qu'il se livrait à une lutte intérieure puis il releva des yeux brillants vers elle.
- Je ne peux pas partir.
Hermione, bien qu'effrayée à l'idée de se séparer de Ron, comprenait son point de vue et ne pouvait pas lui demander d'abandonner Fred. Elle lui adressa un mince sourire.
- Je sais, dit-elle d'une voix cassée.
- Je reste là. Je veux tirer mon frère de leurs griffes.
- Je sais, lui souffla-t-elle à nouveau rapprochant son visage de celui de son ami.
- Fais attention à toi 'Mione.
Elle était si proche de Ron à cet instant qu'elle sentit son souffle chaud sur sa joue.
- Toi aussi. Ne fais rien d'inconsidéré, ok?
- Tu me connais, répliqua-t-il avec un sourire espiègle.
- Justem...
Mais elle ne pu terminer sa phrase car les lèvres de Ron s'écrasèrent sur les siennes. Son corps se pressa contre celui du jeune homme et elle répondit avec fougue à son baiser alors que ses yeux se fermaient pour apprécier les sensations qui l'envahissaient. Elle passa ses bras autour de son cou alors que les doigts de Ron remontaient le long de sa colonne vertébrale avant se mêler à ses cheveux. Instinctivement, ses lèvres s'entrouvrirent permettant ainsi à leurs deux langues de se découvrir dans une danse lente.
Essoufflée, elle rompit le baiser au bout de quelques minutes et pressa son front contre celui de Ron.
- Sept ans, Ron...
- Je sais, dit-il dans un chuchotement. J'ai toujours été un peu long à la détente.
Un bruit ironique sortit de la gorge d'Hermione qu'il interrompit d'un nouveau baiser. Il se détacha ensuite à contrecœur.
- Allons dîner, dit-il en attrapant sa main et en la tirant vers la porte.
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Le repas fut animé, bien que chacun ressentait une certaine gêne, engendrée par la perspective du départ d'Hermione. Les sujets évoqués furent les plus légers possibles et le dîner traîna volontairement en longueur.
Une demi-heure avant l'heure du départ, Hermione se rendit dans sa chambre pour préparer ses affaires, y compris la Carte des Maraudeurs. Pas qu'elle allait en avoir besoin, mais ses camarades non plus. Elle préférait donc le rendre à son véritable propriétaire.
Quand elle revint dans la salle principale avec son sac à dos, sa chef tenait dans une main le coffret contenant le médaillon de Salazar Serpentard et dans l'autre l'Épée de Gryffondor, qu'elle avait rétréci pour l'occasion. Hermione empocha les deux objets sans un mot et étreignit Neville qui lui souhaita bonne chance.
- Prends soin d'Harry, lui souffla Ron alors qu'elle l'étreignait aussi.
Il déposa un léger baiser sur ses lèvres et se recula d'un pas. Kara se racla la gorge derrière elle et la jeune Gryffondor pivota sur ses talons.
- Allez, dégages ou tu vas être en retard. Et fais attention à toi.
Sachant qu'un au revoir plus chaleureux ne risquait pas d'être bien accueilli de la part de leur chef de groupe, elle se contenta de lui offrir un sourire sincère.
- Vous aussi. On se revoit bientôt, dit-elle avant de sortir de la place pour transplaner.
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La traversée de la Manche en compagnie de Remus et son groupe de passeurs composé d'Amos Diggory, Angelina Johnson, Justin Finch-Fletchley et d'une sorcière d'une trentaine d'année, nommée Cassidy Maxwell, qu'elle ne connaissait pas, ne dura qu'une petite heure. Hermione utilisa ce temps pour échanger quelques informations avec eux, mais garda la raison de sa venue pour elle, comme lui avait demandé sa chef de groupe. Revoir ses visages connus lui donna cependant du baume au cœur et elle profita de chaque instant qu'elle passa avec eux.
Quand elle mit pied à terre sur une plage déserte du Nord de la France, on lui confia un portoloin qui la mena dans les terres, en pleine campagne. La maison qui se dressa alors devant elle était typiquement moldue, cela ne faisait aucun doute. Il n’y avait pas cette sorte d’architecture propre aux maisons sorcières, sans angle droit comme au Chemin de Traverse ou biscornue comme le Terrier. Curieuse, elle s'avança prudemment du perron et frappa quelques coups à la porte. N'obtenant aucune réponse, elle pénétra à l'intérieur sans se poser de questions.
La première chose qu'Hermione perçut en entrant dans la demeure fut les pleurs d'un bébé. S'arrêtant dans l'entrée, elle hésita un moment puis se dirigea en direction des cris qui s'étaient finalement tu. La pièce dans laquelle elle pénétra se révéla être la chambre d'un bambin. La jeune femme laissa courir son regard le long des murs ornés d'un papier peint aux couleurs pales, s'arrêtant momentanément sur les constellations de la frise murale qui barrait les murs à hauteur de ses hanches. Ses doigts frôlèrent la table à langer, alors que son esprit se délectait d'un décor si banal mais pourtant si lointain de sa vie actuelle.
L'épaisse moquette bleue clair s'affaissait agréablement sous ses pieds alors qu'elle faisait quelques pas timides dans la pièce. Debout près d’un berceau qui occupait le centre de la pièce, une femme ressemblant à s’y méprendre à Bellatrix Lestrange berçait un bout de chou d'un an tout au plus, confortablement calé dans ses bras. La Gryffondor eut un mouvement de recul, troublée par l'apparence de son hôtesse.
La femme finit par remarquer sa présence et un sourire illumina ses traits, faisant disparaître aussi sec la ressemble avec Bellatrix.
- Tu dois être Hermione?
L'inconnue s'approcha d'elle, calant le bébé dans un bras pour soulager l'autre, et lui tendit une main.
- Andromeda Tonks.
Les traits de la jeune Gryffondor se détendirent et elle serra la main de son hôtesse. Puis, elle posa ses yeux sur le bambin qu'elle supposa être Ted, le fils de Lupin et Tonks. Celui-ci semblait s'être calmé dans les bras de sa grand-mère et regardait la nouvelle arrivante avec curiosité. Elle lui sourit et il lui rendit son sourire avec « areuh » qui la fit fondre.
Lorsqu'elle releva les yeux, une question muette semblait graver sur le visage d'Andromeda.
- Ils vont bien. Tous les deux, la rassura-t-elle.
Le soulagement envahit ses traits avant que son expression ne se referme.
- Harry est en haut, dans la première chambre à ta droite. Il ne la quitte que très rarement. Nous avons tout essayé, mon mari et moi, mais il ne réagit pas. J'espère que tu auras plus de chance que nous.
- Mme Pomfresh n'est pas là ?
- Elle est partie il y a deux jours. Les médicomages manquent un peu et le centre de soin avait besoin d'elle. Mais nous pouvons la contacter au cas où.
Hermione acquiesça d'un signe de tête, certaine que sa voix trahirait son soudain malaise. Il y a peu de temps, elle aurait fait n'importe quoi pour rejoindre son meilleur ami et l'aider. Mais maintenant qu'elle était là, à quelques mètres de lui, elle ignorait quoi faire. Elle avait peur, peur de ce qu'elle allait découvrir dans cette chambre.
Après une longue inspiration, elle quitta la chambre de Ted et monta les escaliers. Une fois devant la porte de la chambre temporaire d'Harry, elle frappa deux coups hésitants.
- Harry? Appela-t-elle d'une voix douce, mais distincte.
Aucune réponse ne lui parvint. Aucun bruit ne se faisait entendre derrière le panneau en bois. Elle enclencha la poignée, et poussa doucement la porte qui s'ouvrit sans un bruit. L'obscurité qui régnait dans la pièce la prit par surprise et elle dut attendre un peu que ses yeux s'habituent au manque de luminosité. Elle s'avança dans la chambre et avisa que les bougies étaient éteintes.
- Harry? Répéta-t-elle dans un chuchotement.
Une nouvelle fois, elle n'obtint aucune réponse. A pas feutrés, elle s'enfonça un peu plus dans la pièce, en observant autour d'elle. Elle finit par apercevoir la tignasse décoiffée de son meilleur ami de l'autre coté du lit. Elle franchit la distance qui les séparait et laissa échapper une exclamation.
Bien que lavé et habillé, Harry n'avait pas meilleur allure que le jour où Remus et elle l'avaient récupéré au fond des cachots de Voldemort. La gorge serrée, elle chassa les larmes qui lui montaient aux yeux. Elle se devait d'être forte, pour Harry.
S'accroupissant pour être au niveau du visage de son meilleur ami qui s'était adossé au lit, les jambes repliées contre sa poitrine, elle plongea son regard noisette dans les yeux éteints du jeune homme.
- Harry? C'est Hermione, tu m'entends?
Avec appréhension, elle posa une main sur son bras. Elle s'attendait à un sursaut, mais il n'eut aucune réaction. Cela l'inquiéta encore plus. Elle laissa sa main remonter jusqu'à son épaule et émit une légère pression.
- S'il te plait, Harry, le supplia-t-elle. Regarde-moi.
Mais les yeux ternes fixaient toujours un point droit devant lui et ne semblait pas remarquer sa présence. Abattue, elle se laissa glisser à ses côtés et laissa libre court à ses émotions. Les larmes dévalèrent ses joues alors que ses épaules étaient secouées par des sanglots étouffés. C'était injuste. Un an que la Résistance faisait de tout son possible pour le retrouver. Tous ces efforts pour ramener un Harry brisé. Inconsciemment, elle laissa glisser sa tête contre l'épaule de son ami et ferma les yeux.
C'est un léger mouvement qui la réveilla brusquement. Elle leva son regard embrumé pour le plonger dans un regard émeraude familier. Pas ternes, pas vides. Voilés, mais incontestablement verts.
- Harry? Chuchota-t-elle avec espoir, comme si le fait de parler fort pouvait briser ce moment de lucidité.
Celui-ci lui renvoya un regard perdu.
- Hermione? Où sommes-nous?
Elle en aurait presque pleuré de soulagement, mais elle se contenta de se jeter sur lui et de l'étreindre de toutes ses forces.
- Harry... Oh, Harry...
Elle le sentit se tendre dans ses bras et elle le relâcha aussitôt. Elle plongea à nouveau son regard dans les yeux troublés de son meilleur ami.
- De quoi te rappelles-tu?
Il plissa les yeux, signe qu'il se concentrait. Mais au vu des expressions qu'il affichait, il avait apparemment du mal à faire le tri.
- On a quitté Hogwarts, après nos A.S.P.I.C...
Hermione voulu protester, mais elle ne dit rien, le laissant continuer. Elle ne savait pas comment il réagirait. Depuis qu'elle l'avait revu, ce soir-là, et les explications de Kara, elle avait comprit que l'esprit de son meilleur ami en avait prit un coup. Malgré cela, bien qu'elle se soit préparée psychologiquement, son cœur se serra dans sa poitrine.
- On avait prévu de prendre des vacances, tous les quatre, avec Ron et Ginny. On est parti en Espagne.
Un sourire s'étala sur ses lèvres gercées, comme s'il revivait vraiment ces vacances imaginaires. Le jeune homme y croyait réellement, ce qui termina de déstabiliser la jeune femme. Tout à coup, l'expression présente sur le visage d'Harry changea du tout au tout, l'horreur et la confusion se peignant sur ses traits.
- Vol...
Dans un réflexe paniqué, Hermione plaqua sa main sur la bouche de son ami.
- Ne prononce pas ce nom. Crois-moi simplement, ne l'utilises pas.
Harry eu un froncement de sourcils, mais il hocha la tête pour signifier son accord. Elle retira donc sa main.
- Je me trouvais dans ses cachots, dit-il d'une voix blanche. Tu étais là et Remus aussi. Tu-Sais-Qui est revenu? Mais je croyais l'avoir tué, définitivement. A Hogwarts... On a fêté la victoire... Je ne comprends pas.
Il plaqua soudainement ses mains sur son visage et se balança d'avant en arrière.
- Je ne comprends pas, Hermione, murmura-t-il à travers ses mains. Je ne sais plus. Tout est si confus...
Hermione se plaça en face de lui et l'enveloppa dans une nouvelle étreinte.
- Je sais, Harry. Mais je te promets que tout cela va s'arranger. Je vais t'aider, ne t'inquiètes pas. Tu vas aller mieux.
Pour la première fois, le jeune homme répondit à son étreinte, s'accrochant à sa meilleure amie comme une bouée de sauvetage.
- Ne part pas, ne part pas. Ne me laisse pas, chuchota-t-il à son oreille.
Elle resserra son étreinte. Quelques secondes plus tard, elle sentit le corps d'Harry se détendre totalement et elle sut qu'il venait de s'endormir. D'un sortilège, elle le fit léviter jusqu'au lit et lui tourna le dos. Avec un coup de baguette derrière elle, elle fit disparaître ses vêtements, et d'un autre, lui mit son pyjama. Quand elle se retourna, elle avisa une potion nutritive sur la table de chevet qui n'était pas là auparavant et batailla pour lui administrer. Décidée à ne plus le quitter des yeux, elle s'assit dans le fauteuil en cuir occupant un coin de la chambre et laissa son esprit faire le point sur ce qu'elle venait de découvrir.
Son ami avait visiblement deux sortes de souvenirs: la terrible réalité et une espèce de monde imaginaire où la guerre était terminée et où il avait vaincu Voldemort. Il était clair que le second groupe de souvenirs prenait le pas sur les autres.
Elle n'avait pas besoin de réfléchir beaucoup pour savoir d'où venaient ses faux souvenirs. Des mois passés dans les cachots de Voldemort et Harry avait développé dans son esprit une fiction pour échapper à la réalité, inconsciemment très probablement. Une fiction où il avait vaincu Voldemort. C'était un réflexe de défense compréhensible dans une telle situation. Une sorte de déni de la réalité où il avait superposé à la réalité déplaisante, une espèce de production de son désir.
Mais il était clair qu'il subissait les effets pervers de sa propre technique de défense qui se retournait contre lui. Il ne semblait plus capable de dissocier ses vrais souvenirs des faits inventés par son esprit. Et c'est là qu'elle intervenait, elle allait l'aider à démêler tout cela. Pas pour la guerre. Pas pour qu'il soit de mesure de combattre Voldemort. Non, juste pour retrouver son meilleur ami et ne plus sentir son cœur se serrer à chaque fois qu'elle posait les yeux sur lui. C'était sa nouvelle mission...
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Un pas en avant, trois pas en arrière. Cela résumait à peu près les fruits des efforts que faisait Hermione pour aider Harry. Lorsqu'il s'était réveillé le lendemain de son arrivée, il avait le même regard vide que la veille, avant son bref moment de lucidité. Il avait fallu des heures de tête-à-tête pour lui arracher une réaction minime. A ce moment, elle l'avait interrogé sur ses souvenirs et la même confusion s'était peinte sur le visage du jeune homme avant de retourner dans son état quasiment autiste. Et chaque jour depuis lors, le même schéma se répétait. Et chaque jour, elle sentait le désespoir l'envahir.
- Tu as déjà obtenu plus que nous, Hermione, la réconfortait Andromeda à chaque fois qu'elle redescendait de la chambre.
- Mais je n'avance pas. Je ne suis pas une spécialiste. Je ne sais pas ce que j'ai imaginé... Je n'ai pas les compétences nécessaires, je ne vais faire qu'empirer son état, gémit-elle, faisant s'agiter Ted dans les bras de son grand-père.
Elle lui adressa un regard d'excuse qu'il balaya d'un geste de la main.
- Ne sois pas aussi dure envers toi-même. Sois patiente, tu es sur la bonne voie, la rassura le père de Tonks.
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Quelques jours après son arrivée, Mme Pomfresh revint du centre de soin pour faire le point avec Hermione. La jeune Gryffondor lui avait expliqué sa théorie, ainsi qu'aux Tonks qui étaient présents, soucieuse d'avoir un second avis. La médicomage avait confirmé ses soupçons en lui révélant qu'elle avait tiré les mêmes conclusions après le temps passé auprès d'Harry. Elle lui expliqua qu'il s'agissait en terme médical d'un déni psychotique, un type de déni caractérisé par une altération majeure de l'appréciation de la réalité. C'est ainsi que son meilleur ami avait crée un monde alternatif pour survivre à ses longs mois de captivité.
Mme Pomfresh lui avait fait quelques recommandations avant de partir et lui assura que si elle avait besoin d'aide, il lui suffisait de la contacter. Pour le moment, elles s'étaient mises d'accord pour utiliser des méthodes douces pour ne pas le brusquer et entraîner une mauvaise réaction définitive. Mais force est de constater que cela ne donnait pas vraiment de résultat.
- Peut-être a-t-il besoin d'un électrochoc, admit Hermione avec réticence.
Les habitants de la maison étaient assis autour d'une tasse de café pendant que la cible de leur conversation rattrapait le sommeil perdu.
- A quoi penses-tu? Questionna Andromeda.
- Lui montrer certains de mes souvenirs de ces derniers mois.
- C'est dangereux, intervint Ted. Cela pourrait faire plus de mal que de bien, c'est ce que Poppy a dit.
Hermione soupira et passa une main sur son visage.
- Je le sais et cela ne me plaît pas. Mais peut-être qu'il sera nécessaire d'envisager cette possibilité. Pas tout de suite, je vais continuer d'y aller en douceur. Mais si on devait en arriver là, possédez-vous une pensine?
Andromeda échangea un regard avec son mari.
- Nous en avons une. Mais donne-toi une semaine supplémentaire.
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Hermione avait décidé de suivre les conseils d'Andromeda et de se laisser un peu de temps avant d'avoir recours à la pensine. Incapable de trouver une autre méthode que celle qu'elle utilisait depuis son arrivée, elle se contenta de parler à Harry autant que possible pour l'encrer dans la réalité. Elle avait prit soin de refouler ses doutes dans un coin de son esprit, persuadée que si elle n'y croyait pas elle-même, il y avait peu de chances pour que son ami fasse des progrès.
Elle tâcha cependant de ne rien dire de la réalité à Harry, estimant qu'il devait lui-même faire le tri dans ses souvenirs. Avec tout ce qui bataillait dans son esprit, il n'avait pas besoin de nouvelles informations qui viendraient l'embrouiller encore plus. Elle se contentait donc de l'encourager et d'utiliser certaines techniques liées à l'Occlumancie, matière qu'elle avait étudiée quelques années auparavant, pour aider son ami dans son apprentissage avec Snape. Elle pensait qu'aider Harry à contrôler son esprit lui serait bénéfique dans la quête de ses souvenirs.
A son grand étonnement, vu les résultats désastreux qu'avait obtenu son ancien professeur avec Harry, ce dernier montrait des signes encourageant dans ce domaine. C'était épuisant pour lui, comme pour elle, mais le jeu en valait largement la chandelle.
A la fin de la semaine qu'elle s'était allouée pour obtenir des progrès, elle fit le point avec les Tonks tout en dînant :
- Il a fait des progrès, mais je ne sais pas si c'est suffisant.
- C'est très encourageant, lui fit remarquer gentiment Andromeda. Je pense qu'il est inutile de faire appel à la pensine. Je sais que cela peut te paraître long, Hermione, mais étant donné ce qu'il a vécu, c'est déjà un miracle de le faire réagir. Tu ne dois pas douter sur ce point, tu fais un très bon travail avec lui.
Hermione avala le morceau de poulet qu'elle mastiquait avant de répondre.
- Je n'en doute pas. Mais je ne sais pas du tout où je vais. J'ai peur de faire une bêtise à chaque fois que je parle avec lui, de lui faire plus de mal que de bien. J'en fais des cauchemars.
- Tu...
La conversation s'interrompit brusquement lorsque le bruit de pas dans les escaliers leur parvint. La tête décoiffée d'Harry apparut dans l'encadrement de la porte quelques secondes plus tard. Personne ne fit un geste, ni ne prononça un mot jusqu'à ce qu'Andromeda intervienne d'une voix naturelle.
- Viens manger, Harry. Tu dois en avoir assez des potions nutritives.
Le jeune homme hésita avant de se diriger vers eux.
- Vous avez raison, madame. Je meurs de faim.
- Voyons, pas de ça entre nous. Appelle-moi Andromeda.
- Très bien, dit-il en prenant place à coté d'Hermione qui lui adressa un sourire rayonnant.
Elle tendit la main vers le plat de poulet, mais la main de son ami sur son bras l'arrêta.
- Hermione, je suis peut-être un peu paumé, mais je suis encore capable de me servir seul, dit-il avec un mince sourire.
La jeune fille haussa les épaules sans se vexer.
- Comme tu veux. Mais vas-y doucement, ton estomac n'a plus l'habitude d'ingurgiter de la nourriture solide.
- Oui, Maman, lâcha-t-il d'une voix ironique.
Cela arracha un sourire aux Tonks qui recommencèrent à manger comme si de rien n'était. Chacun s'employa à éviter tout sujet délicat, ce qui en les temps actuels, réduisait considérablement les sujets de conversation. Hermione engagea la discussion sur le jeune Ted, ce qui laissait peu de chance à une éventuelle déviation.
- Comment vont Tonks et Remus ? Demanda soudainement Harry.
Ah tiens, elle aurait dû le voir venir celui-là.
- Ils vont bien, lui assura Hermione.
Elle ne voulait pas donner de détails, car Harry ne savait pratiquement rien de la situation actuelle et avait peu de chances de comprendre quoi que ce soit. Harry dû le sentir car il fixa son attention sur son assiette sans dire un mot. Impuissante, elle se tourna vers ses hôtes qui lui adressèrent un sourire rassurant. Après tout, il avait déjà fait un grand pas en descendant avec eux et en grignotant une aile de poulet.
A la fin du repas, il somnolait sur sa chaise, visiblement exténué par les efforts qu'il avait dû fournir en les rejoignant en passant le dîner avec eux.
- Tu devrais monter te coucher Harry, lui glissa Andromeda. Cela fait beaucoup d'émotions pour aujourd'hui.
Harry se leva sans se faire prier
- Merci pour tout, lâcha-t-il d'une voix endormie avant de monter les escaliers vers sa chambre. A demain.
Hermione, qui donnait un coup de main à la maîtresse de maison pour débarrasser la table, le regarda disparaître à l'étage. Un large sourire se dessina sur les lèvres des trois sorciers qui échangèrent un regard triomphant. la r
Mais il é |