Bonus n°1

Cadre temporel: Cette scène se déroule au QG de la Résistance, juste après l'attaque. Elle se situe entre le chapitre 12 et le chapitre 13.

Personnages: Les Résistants

Remus ferma la porte de la chambre où logeait habituellement Kingsley et lança un regard hanté vers les deux personnes qui l'attendaient dans la pièce principale. Il se pinça l'arête du nez et parla d'une voix éteinte sans croiser leur regard.

- Le bilan de Poppy n'est pas bon. Il souffre de malnutrition et de déshydratation sévère, il a une clavicule brisée à plusieurs endroits, des lacérations et des contusions multiples... Mais Il voulait apparemment le préserver un minimum, heureusement. Quelques semaines de convalescence devraient lui suffire pour se remettre, physiquement.

Il relave finalement les yeux vers Kingsley et Minerva qui avaient saisit la nuance dans sa dernière phrase. D'un même mouvement, il se laissèrent tomber sur une chaise et Kingsley invoqua sa bouteille de Fire Whisky. Pour une fois, l'ancien professeur de Métamorphose ne fit aucun commentaire ni regard désapprobateur, ce qui poussa le chef de la Résistance à servir trois verres.

Remus fit tourner le liquide ambré dans son verre avant d'en prendre une longue gorgée. Ses yeux se fermèrent brièvement quand l'alcool glissa le long de sa gorge et le réchauffa intérieurement. Après quelques secondes de silence, il reprit:

- Son état psychologique m'inquiète bien plus. Lorsque nous l'avons trouvé dans sa cellule, il a tenu des propos incohérents. Il n'a pas décroché un mot, ni esquissé un seul geste pendant que nous traversions le Manoir jusqu'à la sortie. Il a simplement perdu conscience lorsque nous avons transplané jusqu'ici.

- Ce n'est guère surprenant, Remus. Il a passé une année dans Ses cachots, à Sa merci. Il est en droit d'être secoué.

- Mais il s'est réveillé il y a quelques minutes, révéla Remus. Il n'a eu aucune réaction. Et ses yeux...Ils étaient ouverts mais ils semblaient...

Le mot eu du mal à franchir ses lèvres.

- Vides. Poppy et moi avons essayé d'établir un contact, mais il n'a pas semblé remarquer notre présence. C'est presque de la catatonie.

Sa voix se brisa sur ces derniers mots et il entreprit de vider le reste de son verre. Un silence pesant s'abattit dans la pièce alors que chacun se plongeaient dans ses pensées. Une deuxième tournée fut servie avant que Shacklebolt ne prenne la parole. S'appesantir sur le sort de Potter n'allait pas les aider à avancer, ni à le guérir. Ils devaient aller de l'avant.

- C'est un coup dur, c'est certain, dit-il d'une voix posée. Mais vous avions envisagé cette possibilité. Nous allons suivre notre plan et sortir Potter du pays quelques temps. Remus, c'est ton groupe qui s'en chargera, vous avez l'habitude. Vous sécuriserez son voyage jusqu'à Brighton.

Remus hocha simplement la tête.

- Il sera pris en charge là-bas par nos passeurs, je te fournirai le lieu de rencontre précis dans les deux prochaines heures. Il sera amené dans un endroit protégé par un sort de Fidelitas. Les gens qui y habitent prendront soin de lui, ils ont mon entière confiance.

Kingsley s'abstint de révéler le lieu et les personnes concernées pour une question évidente de sécurité. Mais aussi parce que Lupin connaissait parfaitement les futurs gardiens du Survivant et serait tenté d'y aller. Or, Kingsley avait besoin d'un Remus lucide, concentré sur ses objectifs.

- Dites à votre groupe de se tenir tranquille ensuite et de limiter leurs déplacements. Notre situation à tous risque de s'aggraver radicalement dans les prochains jours. Restez sur vos gardes, nous ne pouvons qu'attendre Sa réaction.

Remus acquiesça de nouveau et se leva, conscient que la conversation était terminée pour lui. Il jeta un bref coup d'œil à la porte de la chambre et salua ses deux camarades avant de transplaner vers son groupe. Kingsley se tourna alors vers Minerva:

- Il nous a dit la vérité. Sur Potter et le lieu où il se trouve. Et il nous a fourni une potion opérationnelle.

Minerva n'eut pas besoin de demander de qui parlait l'homme. Severus... L'espion renié de l'Ordre. Et qui poursuivait son rôle sans obligation. Il était du coté des vainqueurs et il aurait pu les abandonner. Mais non, pour une raison ou une autre, son ancien collègue avait rendu l'assaut possible.

- Nous pouvons écarter l'hypothèse du piège. Il ne se doutait pas de notre arrivée, sinon, son armée de Mangemort nous aurait attendue. Et jamais il n'aurait laissé Harry s'échapper. Je pense donc qu'il n'a pas fait passer l'information à son Maître.

Minerva laissa échapper un soupir. Un début de migraine pointait son nez et penser à Severus, et tout ce qu'il représentait, ne l'aidait pas.

- J'aimerais que tu entres de nouveau en contact avec lui. Pour s'assurer qu'il ne s'est pas compromis à cause de notre petit exploit, tout d'abord. Je pense cependant avoir distillé assez d'informations pendant que nous Le combattions pour qu'Il ne le soupçonne pas trop.

Kingsley n'était pas vraiment un fan inconditionnel de l'homme mais il reconnaissait son utilité et sa contribution dans leur victoire. Assez pour ne pas le compromettre auprès de Voldemort. Ils allaient probablement avoir besoin de lui et de ses informations par la suite. Un espion mort ou en disgrâce ne leur servirait à rien.

- Profites-en pour récolter des informations. Il doit être furieux et j'aimerais savoir quelle sera Sa riposte.

- C'est d'accord.

Un pop se fit soudainement entendre dans l'entrée et Kara apparut sur le seuil de la porte. L'ex Auror les salua rapidement d'un signe de tête.

- Je tombe mal?

- Non, la rassura t-il.

Il se leva et Minerva l'imita.

- Même consigne que Remus pur ton groupe. Faites-vous oublier.

Minerva hocha simplement la tête et disparut dans un pop discret après un dernier regard vers la chambre ou reposait son ancien élève.

Kingsley se rassit alors que Kara s'avançait dans la pièce pour se poster face à lui. L'homme réprima un sourire devant cette scène familière et pourtant si différente de l'avant guerre. D'un geste de la main, il l'invita à laisser tomber le protocole et à s'asseoir. La jeune femme ne se fit pas prier et tomba plus qu'elle ne s'assit sur la chaise la plus proche.

- Comment vont les gamins?

- Choqués, mais relativement intact. Moralement, ils en ont prit un coup.

Elle replaça une mèche rebelle et ensanglanté derrière son oreille et demanda de but en blanc:

- Quelles ont été nos pertes?

Kingsley plongera ses yeux dans les siens, hésitant à partager ce chiffre. Juste après l'assaut, chaque chef de groupe avait envoyé via SMS le nombre de mort parmi leurs hommes. Il avait donc une estimation précise des pertes, mais devait-il l'en accabler. Il aurait voulu la ménager mais la situation ne le permettait pas. Et son ancienne subordonnée aurait d'ailleurs grincé des dents en entendant ses pensées à son égard.

- Assez lourdes. Pour le moment, 18 personnes.

Kara se massa la nuque, le regard fixé vers le sol. Elle déglutit et s'empressa de revenir au sujet précédent.

- Les gamins, en particulier Granger et Weasley, veulent voir Potter. Cela fait un an, chef. Ils ont surmonté cela pour lui.

Kingsley claqua sa langue contre son palais avec agacement.

- J'en suis conscient Wilkes. Mais ce n'est pas envisageable. Il va quitter le pays dans les heures qui suivent, comme prévu. Et le lieu où il se rend doit rester secret.

- Ce n'est pas vous qui devez supporter leurs plaintes et leurs humeurs, grogna-t-elle.

Il l'ignora.

- Par ailleurs, il est préférable que ses amis ne le voient pas dans son état.

Kingsley tourna la tête vers la chambre et Kara suivit son regard.

- Il est dans un état si déplorable?

Il ne lui donna aucune réponse, mais Kara n'en avait pas besoin. Elle travaillait pour lui depuis assez longtemps pour savoir décrypter ses silences.

- Pourquoi m'avez-vous fais venir, chef? Souffla-t-elle avec lassitude.

Le ton se sa voix, si différente de son assurance habituelle, lui apprit qu'elle était clairement épuisée, malgré le mal qu'elle se donnait pour le cacher. Ce n'était pas surprenant, il lui avait demandé beaucoup aujourd'hui et il oubliait parfois à quel point elle était jeune. Il s'était déchargé sur elle pour certaines choses, sachant qu'elle serait à la hauteur. Il l'avait poussé à lancer un puissant sortilège de magie noire à la fin de la bataille, après plus d'une heure de combat. Qu'elle tienne encore debout et arrive à aligner des pensées cohérentes étaient déjà bien. Il pensa un instant à la renvoyer directement dans son groupe pour un repos bien mérité, mais il balaya cette option. Il ne devait pas perdre de temps.

- Pour te donner mes directives pour la suite.

A cet instant, Poppy Pompresh et Marcus Dobbs, un médicomage réputé de Sainte Mangouste avant la guerre, sortirent de la chambre de Potter, l'air clairement ébranlés.

- Mais avant, tu as besoin de soins. Marcus, j'apprécierais que tu la remettes sur pied.

Puis, il fit signe à l'ancienne infirmière d'Hogwarts de le rejoindre et se concentra sur son rapport sur l'état de Potter.