Elle entendait, à défaut de voir – ses yeux étant fixés sur le plafond – les pas de son ancien professeur se rapprocher. Son visage impassible apparut dans son champ de vision alors qu'elle sentait la cape glisser sur sa peau, la révélant aux yeux de Snape. Les yeux de l'homme s'agrandirent alors qu'une brève expression de stupéfaction traversait ses traits. Visiblement, il ne s'attendait pas à la voir, elle.
Contre toute attente, elle sentit le sortilège qui l'immobilisait prendre fin. Abasourdie, elle verrouilla son regard dans les yeux de son ancien professeur en se relevant doucement. Face à un serpent, la prudence dictait de ne pas faire de mouvement brusque.
- Avez-vous une idée de ce que vous risquez, petite idiote, en venant ici, siffla-t-il soudainement avec colère.
Avec une attitude typiquement Gryffondor, Hermione releva le menton et se redressa, ses yeux le fusillant du regard. Son ancien professeur ricana en réponse à son comportement.
- J'en ai une assez bonne idée, oui, répondit-elle d'une voix calme alors que Snape cessait immédiatement de rire.
Oh oui, elle était parfaitement consciente de ce qu'elle risquait en pénétrant à Hogwarts. Bien que la situation puisse paraître familière, bien des choses avaient changé. Elle risquait bien plus qu'un retrait de points et une retenue. Elle était une résistante, Née-moldu de surcroît et meilleure amie officielle du Survivant. Sa tête était mise à prix. Chaque partisan du Seigneur des Ténèbres rêvait de la lui livrer.
Mais Snape ne faisait pas mine de l'attaquer. Il l'observait avec hésitation, comme s'il ne savait pas quoi faire d'elle. Cela rendit Hermione perplexe. Se demandait-il à qui il devait la livrer ? Voldemort ou le Ministère ? L'homme sortit de ses réflexions et lui jeta un regard froid.
- Si vous vous faites attraper, je n'interviendrais pas... Dit-il de sa voix traînante.
Il lui lança sa baguette qu'Hermione rattrapa en vol par reflexe. Cela aurait du la soulager, mais elle était bien trop surprise pour cela.
- … Si vous vous faites attraper, vous êtes morte.
Il tourna alors brusquement les talons et s'éloigna d'un pas vif sans un regard en arrière.
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Hermione, figée, mis quelques secondes à se rappeler qu'elle était en territoire ennemi et se s'enveloppa rapidement dans la cape d'invisibilité. Pour une raison ou une autre, Snape avait décidé de l'ignorer.
* Non, il t'a sauvé la peau en te dénonçant pas * rectifia-t-il dans son esprit.
Mais elle n'avait pas le temps de s'interroger sur le comportement de son ancien professeur. Elle devait déguerpir au plus vite avant de tomber sur quelqu'un qui ne lui ferait pas une telle fleur. Un coup d'œil à la carte lui apprit que Snape était déjà retourné dans son bureau, Merlin sait comment, et que Carrow avait finalement abandonné le palier du cinquième étage pour rejoindre les cachots. Sa sœur n'était nulle part en vue et le chemin vers le troisième étage et la statue de la sorcière borgne semblait dégagée.
Sans perdre de temps, elle dévala les marches, mais dut rapidement freiner son enthousiasme de peur de perdre la cape. Comme prévu, elle atteignit facilement le troisième étage et s'engagea dans le couloir obscur. Essoufflée, le cœur battant la chamade, elle tapota la statue de la sorcière borgne en murmurant « Dissendium » et s'engouffra aussitôt dans le passage secret. Sans prendre le temps de souffler, elle courut à travers la galerie étroite et monta les escaliers au pas de course. Elle ne s'arrêta qu'en haut des marches pour s'assurer que personne ne l'attendait de l'autre côté et poussa la trappe qui la ramenait dans la cave d'Honeydukes. Discrètement, elle quitta le magasin et transplana aussitôt, sans se soucier du couvre-feu et des alarmes qui pourraient alerter ses ennemis. Après tout, elle serait déjà loin quand ils interviendront.
Au moment même où Hermione referma la porte de l'entrepôt, ses jambes se dérobèrent et elle tomba durement sur les fesses. Son corps entier tremblait alors qu'elle s'adossait à la porte et ramenait ses genoux contre sa poitrine. La jeune Gryffondor ferma les yeux alors que toutes les émotions qu'elle avait refoulées à Hogwarts la frappèrent de plein fouet.
Elle entendait à peine les voix inquiètes autour d'elle mais sentit la couverture que l'on posa sur ses épaules. Elle ouvrit docilement la bouche quand quelqu'un pressa une fiole contre ses lèvres et avala le liquide. Aussitôt, son esprit s'éclaircit, les silhouettes devinrent plus nettes, les voix étouffées plus reconnaissables et ses tremblements perdirent une partie de leur intensité. Avec un soupir, elle se concentra sur la personne la plus proche, tombant sur le visage angoissé de Neville.
- Qu'est-ce qu'il s'est passé? Demanda Hermione d'une voix tremblante.
Ron s'accroupit à ses côtés et posa une main réconfortante sur son bras.
- Tu faisais une crise de panique. Neville t'a donné une potion calmante.
- Respire profondément, ajouta Kara qui se tenait derrière le jeune Gryffondor. Tu es en sécurité maintenant.
Hermione obéit et batailla pour reprendre le contrôle de son corps. Elle se concentra sur sa respiration pour la rendre plus profonde et plus lente en inspirant lentement par le nez puis en expirant par la bouche. Soulagée, elle offrit un sourire qui se voulait rassurant à ses camarades et tendit une main à Neville qui l'aida à se remettre sur ses pieds.
- Ça va aller, les rassura-t-elle une nouvelle fois alors que tous la regardait comme si elle allait de nouveau s'écrouler.
Mal à l'aise, elle coupa court à la situation en plongeant la main dans sa poche pour en sortir le diadème. Des exclamations de joies retentirent dans la pièce et cela aida Hermione au moins autant qu'une potion calmante. Les sourires joyeux de ses camarades firent disparaître les dernières traces de sa crise et seule la fatigue résultant de son éprouvante nuit demeura. Mais elle savait qu'elle allait d'abord devoir se faire débriefer. Il était plus facile de décrire les événements lorsque les souvenirs étaient encore chauds. Elle se résigna donc et se laissa lourdement tomber dans la chaise la plus proche.
Quand tout le monde fut assis autour de la table, elle relata les faits depuis son arrivée à Pré-au-Lard. Elle raconta son périple de façon objective, en laissant de côté de qu'elle avait pu ressentir, se concentrant sur les faits. Son discours bien que détaillé était débité d'une voix monocorde, comme si elle avait été le spectateur extérieur de cette aventure.
A la fin de rapport, elle conclut en direction de Kara qui l'observait, impassible:
- Je crois que j'ai deviné l'identité de ce mystérieux informateur.
Ron s'agita sur sa chaise.
- Je ne comprends plus rien, avoua Neville. De quel côté est Snape finalement?
- Sûrement pas du nôtre ! Il a tué Dumbledore, merde ! Et maintenant, il dirige tranquillement Hogwarts en la transformant en école de magie noire, cria Ron.
- Il m'a laissé partir, Ron, contra Hermione. Il pouvait me livrer à qui il voulait. Mais il ne l'a pas fait. Il m'a rendu ma baguette et il est parti.
- Il devait avoir un plan, je ne sais pas, bredouilla Ron.
- Il transmet des informations à la Résistance, fit remarquer Neville.
Ron ricana.
- Les informations qu'il nous a donné n'ont pas encore été confirmées, je te rappelle.
Neville ne put rien répondre.
- Qui était le mieux placé pour accéder à l'épée de Gryffondor ? Et pour en créer une copie ?
- Dumbledore, peut-être ? Répliqua Ron.
- Ca suffit, intervint brusquement Kara. La loyauté de Snape, on s'en fout. Ce n'est pas à nous de nous inquiéter de cela.
Elle se leva et désigna le diadème plus si perdu que cela d'un doigt.
- En revanche, la destruction de ce truc nous concerne directement. J'ai besoin d'un volontaire pour manier l'épée de Gryffondor.
Ron, l'air contrarié, se leva.
- Je m'en charge, dit-il.
Alors que le jeune Gryffondor et Kara se préparaient pour détruire l'Horcruxe, Hermione sentit une pression sur ses épaules.
- Allez, viens t'allonger, lui conseilla Neville d'une voix douce. Tu as besoin de dormir.
Elle se laissa guider vers la chambre, et après un rapide examen de Neville, elle se laissa aller dans les bras de Morphée.
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Quelques jours après la « virée » d'Hermione à Hogwarts, Kara informa le groupe que la localisation d'Harry et de Voldemort avait été confirmée, grâce à Charlie Weasley et Nymphadora Tonks, tous deux membres du groupe de McGonagall assigné la recherche du Survivant. Hermione n'avait pas manqué de faire remarquer à Ron que l'information donnée par Snape s'était révélée juste. Mais son ami avait aussitôt répliqué qu'il s'agissait peut-être d'un piège et que Voldemort les attendrait avec tous ses partisans. Le ton était monté et Neville fut obligé de jouer les diplomates pour éviter qu'ils n'en viennent à se lancer des sorts.
Ce genre de disputes illustrait bien la nervosité qui régnait dans l'air. Chacun appréhendait les semaines à venir. Le moment où la Résistance irait récupérer Harry, en attaquant Voldemort de front, se rapprochait inexorablement.
Soucieuse que son groupe en revienne vivant, Kara les obligeait à s'entraîner régulièrement pendant tout le mois de novembre. Hermione suspectait sa chef de groupe de les tenir occuper pour qu'ils ne pensent pas trop à l'assaut imminent.
Au grand soulagement de tous, l'attente prit fin le jour d'Halloween. Kara rentra à la planque après une journée d'absence, l'air épuisée, mais l'air plus déterminée que jamais. Les trois Gryffondor arrêtèrent leurs duels pour lui porter attention. Ils devinèrent tous ce qu'elle s'apprêtait à leur dire avant même qu'elle n'eut ouvert la bouche. Son visage se lisait pour une fois comme un livre ouvert. Hermione voyait dans ses yeux cette lueur particulière, qui apparaissait quand elle s'apprêtait à relever un défi difficile.
- La date a été fixée, annonça-t-elle de but en blanc.
- Quand ? Demanda Neville.
- Dans une semaine. Nous donnerons l'assaut sur le repaire de Vous-Savez-Qui et nous récupérerons Potter.
- Je vous donnerai les détails du plan demain matin. Continuez à vous entraîner, ordonna-t-elle en allant dans sa chambre.
Les trois Gryffondor se regardèrent un moment, échangeant un sourire complice bien qu'un peu crispé, et reprirent leur combat en deux contre un.
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C'est une armée de plus de cinquante sorciers encapuchonnés et masqués qui apparurent soudainement dans une plaine de l'Île de Skye et qui se fondirent dans l'obscurité. Les troupes s'approchaient de l'imposant Manoir, à l'apparence abandonnée, qui se dressait en haut d'une colline. Silencieusement, ils s'arrêtèrent à une centaine de mètres à couvert de la végétation. Parmi eux, accroupit derrière un buisson, Hermione serrait sa baguette entre ses doigts assez fort pour que ses jointures blanchissent. Elle vida le contenu d'une fiole contenant un liquide doré dans sa gorge, grimaça au goût et attendit la suite des événements avec appréhension.
Quelques secondes plus tard, elle vit une silhouette sortir de sa cachette, en traînant par le bras une seconde personne, et s'approcher du portail d'un pas décidé. La silhouette imposante braqua sa baguette sur l'otage et lui murmura quelque chose à l'oreille. La réaction ne se fit pas attendre, le mis en joue prononça une formule, leva son bras gauche dans un simulacre de salut et le portail s'ouvrit devant eux. Comme un seul homme, les résistants quittèrent leurs abris et se précipitèrent à l'intérieur de la propriété. Seuls une demi-douzaine de sorciers restèrent en arrière, dissimulés à des points stratégiques pour garder l'entrée.
Le gravier crépitait sous les semelles de ses baskets alors qu'Hermione courrait le long de l'allée, bordée par deux haies entremêlées de ronces. La pensée incongrue que Voldemort n'entretenait pas sa propriété lui traversa l'esprit. Mais cette réflexion ne dura que quelques secondes alors que ses capacités de concentration reprenaient le dessus. Le cœur battant à tout rompre, s'attendant à voir Voldemort surgir devant eux à tout moment, elle vit avec une certaine crainte la porte d'entrée du Manoir se rapprocher.
Un instant, elle pensa que la potion qu'elle avait ingéré était corrompue. Ce qu'elle ressentait à cet instant ne ressemblait pas à ce que lui avait décrit le professeur Slughorn ou Harry deux années plus tôt. Elle ne ressentait pas la sensation enivrante qu'un nombre infini de possibilités s'ouvraient à elle, comme si elle pouvait soudain absolument tout faire. Elle était juste nerveuse à l'idée de se confronter à Voldemort. Une petite voix dans sa tête, l'optimiste de service, lui soufflait que la situation était différente. Son meilleur ami cherchait un souvenir, elle s'apprêtait à pénétrer dans l'antre d'un Mage Noir. Une autre voix lui soufflait que le fabriquant de cette potion ne voulait peut-être pas que leur entreprise réussisse. Elle n'eut cependant pas le temps d'approfondir ses pensées – ce qui n'était probablement pas une mauvaise chose – car le groupe de résistants atteignit la porte du Manoir.
Un ordre fut aboyé et le Mangemort ayant ouvert le portail poussa les lourdes portes et fit quelques pas dans ce qu'Hermione identifia comme un hall d'une dimension impressionnante. Aussitôt, il fut assommé et ligoté et les sorciers pénétrèrent à l'intérieur. Ils eurent à peine le temps de parcourir deux mètres que des sortilèges fusèrent vers eux, faisant tomber deux des leurs.
Un rire froid et moqueur s'éleva et se répercuta dans l'immense salle, arrachant un frisson à Hermione et la majorité des résistants.
- Si j'avais su que vous vous jetteriez dans la gueule du loup, je ne me serais pas donné autant de peines à vous chasser.
Voldemort, la bouche étirée dans un sourire mauvais, ses yeux reptiliens brillant d'une lueur malsaine, glissa plus qu'il ne marcha vers le centre de la pièce. Devant elle, Hermione vit les sorciers des premières lignes se mettre en position de défense, prêt à répliquer en cas d'attaque. Elle se tourna vers Remus avec qui elle faisait équipe cette nuit dont les lignes dures de son visage démontraient sa concentration. Elle supposa qu'il faisait appel à tous ses sens, plus développés que la moyenne de part sa nature de loup-garou, pour tenter de localiser Harry.
La voix sifflante de Voldemort la fit sursauter et elle reporta son attention sur lui.
- Je respecte votre... obstination. Mais votre courage s'apparente plus à de la stupidité. Vous avez été fou de croire que votre pathétique armée pourrait prendre d'assaut mon Manoir !
Il jouait négligemment avec sa baguette pendant qu'il parlait.
- Je suis néanmoins curieux de savoir comment vous avez su où me trouver. Ainsi que le but de votre visite. Soyez certain que je le découvrirai avant de vous tuer !
Le Mage Noir leva sa baguette et une langue de feu en jaillit, fonçant en direction des résistants. Par réflexe, Hermione se jeta sur le côté et vit les boucliers combinés de certains de ses camarades absorber une partie du sort. Quelques résistants furent frappés par le sort mais sa faible intensité leur permirent d'être debout rapidement avec l'aide des médicomages présents.
Alors que les sortilèges commencèrent à fuser des deux côtés, Lupin jeta la cape d'invisibilité sur les épaules d'Hermione et se glissa à son tour dessous. Sans hésiter, il la guida vers l'un des couloirs partant du hall au moment même où une trentaine de Mangemorts venant de l'extérieur s'engouffrèrent à leur tour dans le hall. La gorge serrée, elle laissa le champ de bataille derrière elle et s'enfonça aux cotés de son ancien professeur dans le couloir obscur.
Quand ils furent à une distance respectable des combats, ils enlevèrent la Cape et se mirent à courir. Plus vite ils trouveraient Harry, plus vite ils pourraient faire signe aux autres de se replier. Ils traversèrent plusieurs couloirs, sans croiser personne, revenant parfois sur leurs pas. Les craintes de la jeune fille sur la qualité de la potion diminuèrent quand ils tombèrent sur les escaliers menant aux sous-sols et aux cachots. Ils les dévalèrent à toute vitesse, mais Hermione stoppa brusquement en bas des marches alors qu'une épouvantable odeur assaillait ses narines. Elle en suffoqua presque, utilisant futilement sa cape pour protéger son nez du mélange des pires odeurs pouvant exister.
- Je le sens, chuchota Remus. Il est ici.
- Je me demande bien comment vous faites, marmonna Hermione.
Puis, d'une voix plus forte, elle cria:
- Harry ! Harry, si tu m'entends, répond, je t'en supplie !
Ils tendirent l'oreille, mais aucune réponse ne lui vint. Lupin s'avança et Hermione lui emboîta le pas.
- Il y a trop d'odeurs pour que je puisse le pister. Il va falloir faire ça à l'ancienne.
Ils inspectèrent donc chaque cellule, notant avec horreur des cadavres dont la décomposition avancée témoignait de leur long séjour dans les cachots. Hermione fut très proche de vider le contenu de son estomac sur le sol, plusieurs fois, et elle pria pour trouver Harry et remonter le plus rapidement possible.
- Harry ! S'écria soudainement Remus.
Hermione se redressa aussitôt et se précipita vers lui alors qu'il tentait d'ouvrir la porte à coups de sortilèges, mais la porte ne se déverrouilla pas. De rage, il balança son talon dans la porte qui s'ouvrit avec fracas au grand étonnement des deux sorciers. Mais aucun des d'eux ne s'appesantit et Hermione s'engouffra en courant dans la cellule, s'arrêtant net quand ses yeux se posèrent sur son meilleur ami. Les larmes lui montèrent aux yeux sans qu'elle puisse les refouler et sa vision se troubla alors qu'elle tituba jusqu'à lui.
- Harry? Chuchota-t-elle.
Avec un soulagement énorme, elle le vit ouvrir les yeux et grogner avant de les refermer aussitôt. Derrière elle, Lupin baissa l'intensité de son Lumos et se rapprocha d'eux. Hermione posa délicatement sa main sur la joue sale et meurtrie de son ami.
- Tu peux ouvrir les yeux, Harry. Je suis avec le professeur Lupin, on va te sortir de là, dit-elle d'une voix secouée par des sanglots.
- Me sortir d'où? Qu'est-ce que... Tu n'étais pas sensé accompagné Ron à Pré-au-Lard?
Sa voix, plus faible qu'un murmure, et l'incohérence de ses propos frappèrent la jeune femme plus fort qu'un sortilège. Elle sentait les larmes glisser sur ses joues et quand elle tenta de répondre, rien ne franchit ses lèvres.
- Soutiens-le, je vais le libérer, lâcha la voix inquiète de Lupin.
Hermione s'exécuta et passa un bras sous les aisselles de son meilleur ami. Remus murmura une formule et elle sentit le poids d'Harry tirer sur ses muscles. Mais avec une surprise mêlée de peur, elle parvint à supporter, trop facilement, le poids d'Harry.
- Je vais le prendre. Dégage-nous le chemin.
Elle poussa gentiment Harry dans les bras de Lupin qui le souleva comme s'il s'agissait d'un enfant et le maintint fermement contre sa poitrine.
- On va te sortir de là, petit. On va tous sortir de cet enfer.
- Je vais vous couvrir de la Cape. Vous n'avez pas les mains libres et vous serez une cible facile quand on croisera des Mangemorts.
Potion de chance ou pas, ils étaient trop prêts du but pour prendre le moindre risque. Elle les couvrit soigneusement, en évitant de regarder l'aspect horrible de son ami. Puis, empoignant fermement sa baguette, elle ouvrit le chemin vers les escaliers et grimpa les marches quatre à quatre. Elle était gonflée à bloc par l'espoir et la rage – et accessoirement par la chance liquide qu'elle avait avalé au début de l'assaut - et balaya facilement les deux Mangemorts qui la virent remonter des cachots. Elle fit signe à Remus que la voie était libre et ils s'engagèrent dans le couloir. Les bruits des combats se firent de nouveau entendre bien qu'ils soient trop loin pour que cela ressemble à plus que des bruits étouffés.
Progressant lentement, elle se retrouva face à deux nouveaux Mangemorts au détour d'un couloir.
- Endoloris, hurla d'un d'entre eux dans sa direction.
Avec un réflexe dû à la pratique, elle se jeta à couvert derrière le premier objet venu, en l'occurrence, une statue représentant un Basilic et invoqua un bouclier. Sous l'effet du sortilège, elle se brisa, projetant des bouts de pierre dans sa direction, qui s'écrasèrent sans dommage sur sa bulle protectrice.
- Sectumsempra ! Cria-t-elle alors que le sort destructeur filait vers l'un de ses adversaires qui se le prit de plein fouet. Le deuxième s'écroula après d'être pris un sortilège dans le dos, laissant apparaître une Ginny ensanglantée et échevelée, mais à l'air féroce.
- Timing parfait, Ginny, dit-elle avec un sourire.
La jeune Weasley lui rendit son sourire qui se figea quand elle regarda le couloir vide.
- Où est Harry?
- Il est dans mes bras, répondit la voix calme de Remus à quelques centimètres d'eux. Il est vivant.
Une lueur brilla dans les prunelles de la rousse, mais il s'effaça lentement. Après avoir jeté un coup d'œil dans son dos, elle débita rapidement:
- L'arrivée de Mangemorts a compliqué nos plans, mais Shacklebolt avait anticipé la situation. Une deuxième vague de résistants est arrivée et a plus ou moins équilibré les choses. On a subi des pertes, mais on a conservé notre position. La sortie est sécurisée pour le moment, mais on ne tiendra pas encore longtemps. Il faut quitter les lieux avant que d'autres groupes de Mangemorts n'arrivent.
Hermione hocha simplement la tête et se tourna vers l'endroit où elle supposait que Remus et Harry se trouvaient.
- Sortez d'ici, on va vous couvrir.
Un court silence s'imposa avant que la voix de leur ancien professeur ne s'élève.
- Quand j'aurais atteint la zone de transplanage, je donnerais le signal de repli. Ne traînez pas dans les parages. Fuyez. On se retrouve là-bas.
Les deux jeunes sorcières approuvèrent d'un mouvement de la tête.
- Allons-y. Bonne chance.
Hermione échangea un regard avec Ginny et toutes deux s'avancèrent dans le couloir. Il était clair que Voldemort se doutait du but de leur venue, car elles rencontrèrent plusieurs groupes de Mangemorts. Heureusement, elles n'eurent pas trop de problèmes pour s'en débarrasser, avoir Lupin sous la Cape les aidant grandement. Rapidement, ils atteignirent la porte donnant sur le hall et les bruits étouffés de la bataille se transformèrent en une cacophonie sonore.
Hermione s'approcha discrètement de la porte et évalua rapidement la situation. Les résistants avaient toujours sous contrôle la sortie du Manoir, mais les Mangemorts les avaient fait reculer. Et l'endroit où elle se trouvait actuellement se trouvait en territoire ennemi et rejoindre la première ligne des résistants lui paraissait impossible. La seule bonne nouvelle était que Voldemort n'était pas en vue, probablement repoussé dans une autre pièce. Cependant, il restait plus de dix Mangemorts entre eux et leurs camarades. Et si elle bénéficiait d'une protection certaine qui lui évitait les ennuis, ce n'était pas le cas de son amie.
Elle se tourna vers Ginny qui l'avait rejoint pour regarder la position de chacun des camps. Avec un regard entendu, elle sortit quelques fioles de potions de leur étui et lui en colla deux dans la main. Puis, elle se tourna vers Remus qui calait Harry de son mieux pour avoir le plus de liberté de mouvement possible.
- Courrez le long du mur. Il y a une vingtaine de mètres qui nous séparent des autres.
Soudainement, une explosion retentit au loin et le rire de Voldemort s'éleva. Mauvais signe...
- Il est temps d'y aller, pressa Ginny.
A côté d'elle, Hermione entendit la longue inspiration de son ancien professeur et sentit le léger déplacement d'air quand il la frôla.
- On attend le signal? Demanda Ginny.
Hermione ne put que hocher la tête, ne faisant pas confiance à sa voix. Elle était bien trop terrifiée pour sortir un son. Et la voix sifflante qui lui parvint derrière son dos n'arrangea pas les choses.
- Où est-il?
Le ton était chargé de fureur et la jeune Gryffondor sentit son sang se glacer dans ses veines et elle dû faire appel à toute sa volonté pour se retourner. Avalant difficilement sa salive, elle leva sa baguette vers Voldemort avec détermination.
- Loin d'ici, siffla à son tour Ginny avec témérité.
Une seconde plus tard, le Mage Noir leva à son tour sa baguette et Hermione décida que le signal pouvait bien aller se faire voir. Rapidement, elle empoigna une fiole contenant une potion explosive et la lança de toutes ses forces sur Voldemort. Sans attendre le résultat, elle agrippa le bras de Ginny et se jeta hors du couloir, le corps penché en avant pour se protéger d'un éventuel sortilège. Entre Voldemort et une armée de Mangemorts, elle préférait tenter sa chance avec ces derniers. Un sortilège facilement identifiable par sa couleur verte fusa au-dessus de sa tête et percuta l'un des Mangemorts. Grâce à la confusion qui régnait et deux-trois potions explosives lancées en direction de leurs adversaires, les deux jeunes femmes purent parcourir la moitié du chemin les séparant de leurs camarades.
Mais Voldemort, particulièrement en rogne, n'était pas décidé à les laisser partir aussi facilement. Un Endoloris frappa Ginny dans le dos qui s'écroula en criant de douleur. Sans réfléchir, Hermione fit volte-face et lui balança sa dernière potion offensive. Mais au moment même où elle lança la fiole, elle sut qu'elle n'atteindrait pas sa cible, elle était bien trop loin. Derrière elle, quelqu'un dut se faire la même réflexion, car un sort fit exploser la fiole en plein vol. Ce fut assez pour couper le Doloris, car les cris de Ginny se muèrent en gémissement. Et assez pour engendrer une forte explosion qui fit tomber les Mangemorts les plus proches à cause de l'onde de choc.
Au même moment, des étincelles rouges et ors venant de l'extérieur illuminèrent la pièce. Profitant du moment de flottement parmi les Mangemorts, certains résistants, suivant le plan, se replièrent vers la sortie, pendant que d'autres les couvraient. D'un geste brusque, Hermione tira son amie sur ses pieds en lançant des sortilèges par-dessus son épaule. Alors qu'elle commençait à courir, elle sentit un bouclier inconnu mais puissant les englober et elle accéléra. Protégée efficacement par leurs camarades, elles parvinrent enfin à passer derrière leur ligne.
- Sortez d'ici, fuyez ! Leur parvint la voix tendue de leur ancien professeur de Métamorphose.
Mais Hermione ne comptait pas les abandonner, elle était bien moins vidée que les autres. Avisant Ron qui se repliait, elle lui confia Ginny puis se fondit dans la masse des résistants restants qui mettaient leurs dernières forces dans la bataille. Elle utilisa toute la haine accumulée pour faire tomber le plus d'ennemis possibles et remarqua à peine que la majorité de ses camarades avait quitté le hall.
- Maintenant ! Hurla soudainement la voix de Shacklebolt.
A côté d'elle, une litanie s'éleva et elle vit avec ébahissement un mur de feu se dresser entre eux et les Mangemorts. Elle se tourna vers Kara dont elle avait reconnu la voix, mais sa chef de groupe faisait déjà volte face.
- Cours ! Lui ordonna-t-elle en agrippant sa manche.
Sans demander son reste, Hermione tourna les talons et s'enfuit vers la porte. Elle ne se rappelait pas avoir déjà couru aussi vite de sa vie, mais c'était également la première fois qu'elle avait Voldemort aux trousses, littéralement. Elle sut que la barrière de feu s'était écroulée quand elle entendit les cris de ses adversaires se rapprocher et que les premiers sorts fusèrent dans son dos. Elle se retourna pour lancer un Reducto et reprit sa course, sans cesser de balancer des sortilèges derrière elle, à l'aveuglette. Courbée en deux pour se protéger des sorts ennemis et amis qui les couvraient du portail, les muscles tendus à l'extrême, elle sortit enfin de la propriété.
Alors qu'elle se pensait en sécurité, un sortilège l'atteint à l'omoplate et elle trébucha sous la douleur lancinante. Visiblement, sa chance avait des limites. Un gémissement s'échappa de ses lèvres, mais elle réussit à rouler sur le dos. Elle se redressa assez pour voir un groupe de Mangemorts et Voldemort se rapprocher dangereusement alors que des « pop » retentissaient derrière elle, lui indiquant que ses compagnons fuyaient. Elle sut alors que c'était fini pour elle quand un sort rouge vif, lancé par le Mage Noir, fila dans sa direction. Elle ferma simplement les yeux et attendit. Mais au lieu d'une douleur, elle sentit quelqu'un agripper ses épaules et ce fut la sensation familière du transplanage qu'elle ressentit. Son cerveau enregistra l'information et elle laissa les ténèbres l'engloutir. |