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Les sorciers de l'ombre
Par Ansha
Harry Potter  -  Action/Aventure/Suspense  -  fr
22 chapitres - Complète - Rating : T (13ans et plus) Télécharger en PDF Exporter la fiction
    Chapitre 1     Les chapitres     5 Reviews    
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La disparition

Assise à la table de la cuisine de Grimmauld Place, Hermione se tenait devant une liasse de feuilles griffonnées et de cartes tracées à la main. Il s'agissait des notes qu'elle avait prises pendant ses recherches sur les Horcruxes. Mais elle n'y prêtait plus attention depuis déjà deux bonnes heures. Ses doigts chiffonnaient un parchemin qui n'avait pourtant rien fait de mal alors qu'elle guettait le moindre bruit provenant du hall.

Elle se rendait a présent compte de la folie de leur entreprise. Certes, lorsqu'elle avait décidé de ne pas retourner à Hogwarts pour sa dernière année et d'accompagner Harry dans sa recherche des Horcruxes, elle savait qu'il s'agissait d'une mission dangereuse. Bien plus dangereuse que les autres aventures qu'elle avait pu vivre aux côtés de ses amis. Mais depuis qu'ils s'étaient installés entre les murs protecteurs de Grimmauld Place, après l'attaque lors du mariage de Bill et Fleur, tout cela était devenu moins... réel. Même si elle était parfaitement consciente de ce qui se passait à l'extérieur, la cocon protecteur qu'était devenue la maison des Black, leur offrant le gîte et le couvert, avait fait disparaître peu à peu l'angoisse qui ne la quittait pas depuis qu'elle avait quitté ses parents.

Mais son angoisse était ré-apparue quand, grâce à Kreattur et à la participation involontaire de Modingus Fletcher, les trois Gryffondor étaient parvenus à localiser le médaillon de Salazar Serpentard. Cet Horcruxe s'avérait être désormais en possession de Dolorès Ombrage, leur ex professeur détestée de Défense contre les Forces du Mal. Pressés de les récupérer, ils avaient décidé d'espionner les abords du Ministère pour recueillir le plus d'informations possibles, afin de les aider à s'infiltrer à l'intérieur des locaux en passant inaperçu.

Harry, Ron et elle se relayaient donc chacun leur tour pour espionner les allers et venues des sorciers travaillant au Ministère de la Magie. Ce matin, c'était le tour d'Harry. Comme d'habitude, il avait quitté la maison des Black à l'aube pour être présent quand les premiers fonctionnaires iraient travailler. Mais il n'était pas revenu à l'heure convenue pour échanger sa place avec Ron. Cela faisait maintenant deux heures qu'il aurait dû être de retour, deux heures pendant lesquelles Hermione n'avait cessé de prier pour entendre le bruit des pas de son ami dans l'escalier.
Derrière elle, Ron faisait les cent pas en marmonnant, apparemment décidé à creuser un sillon dans le sol de la cuisine.

- Il devrait déjà être là, lâcha-t-il pour la dixième fois consécutive.

L'inquiétude d'Hermione la rendait de moins en moins patiente et elle claqua sa langue contre son palais en signe d'agacement.

- Arrêtes un peu Ron. Cela n'aide pas.

Celui-ci lui jeta un regard noir et se figea brusquement.

- Ça suffit. Je vais au Ministère pour le trouver.

Il amorça un pas en avant, mais Hermione le retint par le bras.

- Ne soit pas stupide. C'est beaucoup trop dangereux. Harry a toujours la Cape d'Invisibilité et nous ne pouvons pas seulement transplaner dans la rue comme ça. Je te rappelle que tu es censé être en train de mourir d'éclabouille chez toi. Cela n'arrangera pas nos affaires si tu te fais capturer. En plus, on ne sait même pas ce qui a pu se passer.

Cela ne sembla pas convaincre Ron qui tenta de se dégager d'une secousse. Hermione parvint difficilement à ne pas le lâcher et resserra sa prise, affrontant le regard énervé de son ami face à sa résistance.

- Bien sûr que si, on sait ce qu'il s'est passé. Il s'est fait capturé ! Harry ne nous laisserait jamais dans cette situation sans prendre la peine de nous prévenir. S'il n'est pas là, c'est qu'il s'est passé quelque chose. Qu'il a eu un problème.

Hermione ne pouvait pas répliquer. Ron avait raison. Harry n'était pas du genre à les laisser sans nouvelles. S'il était allé volontairement quelque part, il serait repassé à Grimmauld Place ou aurait trouvé un moyen de les prévenir.

- Très bien, concéda-t-elle en lui lâchant finalement le bras. Tu as raison. Il a probablement été enlevé. Par qui ? Le Ministère ?

- Peut-être. Ou des Mangemorts.

Ron s'interrompit un instant, l'air confus.

- En fait... Le Ministère, les Mangemorts... C'est un peu la même chose maintenant...

La réalisation laissa un froid dans la pièce. Ron se racla la gorge et enchaîna :

- Dans tous les cas, des gens susceptibles de le livrer à Tu-Sais-Qui.

Hermione hocha doucement la tête et inspira profondément en tentant d'oublier la boule qui se formait dans sa gorge.

- On doit y aller, dit doucement Ron. On ne va pas rester là à attendre Harry indéfiniment.

- Je le sais. Demandons à Kreattur d'aller y faire un tour et vous ce qu'il peut glaner comme information.

- Non, répondit-il d'un ton catégorique. Je n'ai pas confiance en Kreattur. Pas en ce qui concerne Harry.

- Ron...

- Non, Hermione. Kreattur appartient à Harry, et il a déjà du mal à le faire obéir. Il n'a aucune obligation envers nous. Si on lui laissait le choix, il filerait immédiatement dans le camp adverse.

Hermione réfléchit un moment et dû avouer qu'il était probablement plus sage de laisser l'Elfe en dehors de tout cela. Même si ses principes lui soufflaient le contraire, elle qui défendait avec tant d'acharnement les droits des Elfes de Maison, Kreattur avait déjà prouvé qu'il était capable de trahir son Maître, malgré le lien qui les unissait. Une leçon apprise douloureusement avec la mort de Sirius.

- Tu as raison, concéda-t-elle finalement à contrecœur. On ne peut pas se permettre de nous fier totalement à lui. Nous ferions mieux d'y aller nous-mêmes.

- Nous allons utiliser le Polynectar que tu as pris au Terrier, proposa Ron qui bougeait nerveusement, impatient de se rendre à Londres.

Après une brève discussion pour établir un plan, ils transplanèrent dans le Londres moldu et récupérèrent les cheveux de plusieurs passants en les bousculer accidentellement. Après avoir finalisé et bu la potion, ils se rendirent près du Ministère de la Magie. Il était près de 15h00 de l'après-midi et les rues grouillaient de monde.

Les deux jeunes Gryffondor se rendirent à l'endroit où chacun d'eux se dissimulait habituellement pour observer les lieux. Main dans la main, l'air de s'offrir une promenade entre amoureux, ils marchaient d'un pas lent en faisant semblant de discuter de tout et de rien. Furtivement, ils regardaient tout autour d'eux, à la recherche de n'importe quel indice à propos d'Harry.

- Il n'y a rien, souffla Ron. Pas de trace de bagarre ou quoi que ce soit.

- Soit ils ont fait le ménage, soit il a été pris par surprise, en déduisit Hermione en laissant son regard balayer la rue.

- Surveillons les sorciers qui passent, suggéra le jeune homme. On captera peut-être une information intéressante.

Mais au bout d'une heure, les deux Gryffondor durent s'avouer vaincus. Le fait est qu'ils n'avaient ni vu, ni entendu quoi que ce soit qui aurait pu les mener sur les traces d'Harry. Hermione avait l'impression d'avoir pris un gros coup derrière la tête. Elle ne savait pas ce qu'elle avait imaginé en se rendant ici... Que si Harry avait été découvert, une grosse pancarte aurait été accrochée sur la devanture du Ministère pour en informer tout le monde. Ou qu'ils seraient tombés comme par hasard sur une conversation à ce propos au milieu des clameurs de Londres en plein après-midi.

- Rentrons, la potion ne va pas tarder à se dissiper, soupira-t-elle en tirant Ron vers la ruelle la plus proche.

Dès qu'ils furent à l'abri des regards, Hermione transplana vers Grimmauld Place en entraînant son ami derrière elle.

- Attendons l'heure de sortie des bureaux, nous repartirons avec une autre apparence, lâcha Ron en se laissant tomber sur une chaise de la cuisine.

Hermione acquiesça d'un signe de la tête et s'attabla à son tour à la table. D'un geste las, elle attrapa la Gazette du Sorcier qu'ils avaient réussi à subtiliser à un sorcier sortant du Ministère durant leur escapade. Ses yeux se posèrent sur la une du journal et elle lâcha brusquement un cri de surprise en tombant sur un visage familier. L'article titrait :

Severus Snape confirmé comme Directeur d'Hogwarts.

- C'est un cauchemar. Comment ce bâtard peut s'approprier le siège de Dumbledore, cria Ron d'une voix emplie de haine.

Hermione, peu désireuse de découvrir l'article en lui-même à cet instant, repoussa la Gazette et posa une main apaisante sur le bras de Ron.

- Laisse tomber, Ron. Nous devons nous concentrer sur Harry.

A 17h00, ils transplanèrent de nouveau près du Ministère avec une bonne quantité de Polynectar dissimulé dans le sac d'Hermione. Ils s'installèrent sur un banc, dans la rue abritant le Ministère, qui leur offrait une vue dégagée sur les escaliers menant aux toilettes publiques. Grâce à leurs semaines de surveillance, les deux Gryffondor savaient que tous les fonctionnaires passaient pas ces toilettes, en dehors de quelques grandes pontes qui pouvaient utiliser le réseau de cheminette.

Leur idée était d'une simplicité enfantine. Si certains membres du Ministère étaient au courant de ce qui était arrivé à Harry, il était très probable qu'ils en parlent entre eux. En tant qu'Indésirable n°1, le jeune Gryffondor était l'homme le plus recherché du pays. Sa capture aurait forcément crée un ramdam d'enfer parmi les employés. Et comme ils sortaient par là, les deux Gryffondor avaient de bonnes chances d'en apprendre plus.

Hermione s'accrochait à cette idée alors qu'elle regardait le premier sorcier émerger des escaliers. Il s'agissait d'un homme trapu d'une quarantaine d'années qui transplana aussitôt que possible sans parler à qui que ce soit. Quand les sorties commencèrent à s'intensifier, ils quittèrent leur point d'observation et se rapprochèrent peu à peu, en faisant semblant de regarder les vitrines. Deux sorciers à l'allure sévères passèrent à côté d'eux, débattant avec animation sur la surveillance des réseaux de cheminettes.

- Bon à savoir, murmura Hermione en faisant semblant de regarder une paire de chaussures hors de prix.

Ce n'est qu'une bonne heure plus tard que la chance leur sourit. Ron remarqua deux employés du Ministère qui discutaient à voix basses tout en jetant des regards apeurés par-dessus leurs épaules. Il montra les deux sorciers à Hermione et l'entraîna dans leur direction. Ils étaient encore à une bonne dizaine de mètres d'eux lorsque deux hommes portant l'uniforme des Aurors accostèrent les deux sorciers comme sortit de nulle part. Par réflexe, elle détourna les yeux de la scène et les plongea dans ceux de son ami.

- Cela n'a peut-être aucun rapport avec Harry, lâcha Ron.

- Peut-être, mais je préfère en être sûr. C'est quand même bizarre, non ?

Hermione s'autorisa un rapide coup d'œil vers les quatre sorciers et vit les Aurors faire signe aux deux employés de les suivre dans une ruelle. Les deux concernés ne semblaient pas très enclin à les suivre – et elle pouvait parfaitement les comprendre - jusqu'à ce que les baguettes des Aurors soient pointées dans leur direction.

- Viens !

Hermione entraîna Ron à l'opposé des quatre sorciers, décidée à rejoindre l'autre côté de la ruelle. Celui-ci ne broncha pas, ni quand elle le fit courir sur le trottoir, ni même quand elle le fit s'arrêter brusquement à l'angle d'un bâtiment. Elle posa un doigt sur ses lèvres pour lui intimer le silence et jeta un rapide coup d'œil dans l'allée. Les quatre sorciers s'étaient enfoncés de quelques mètres dans la ruelle, assez pour se protéger de la vue des passants.

- Ils sont occupés à se disputer, on peut se rapprocher, souffla-t-elle à Ron qui écarquilla les yeux à l'idée de prendre ce risque.

Mais sa détermination à retrouver Harry sembla prendre le dessus sur ses craintes, car il hocha gravement la tête. Elle lui offrit un sourire un peu crispé avant de sortir de sa baguette. Deux sortilèges de dissimulation plus tard, ils s'engouffraient dans la ruelle. Hermione pria que personne ne remarque leur comportement, qui pouvait sembler un peu étrange vu de l'extérieur. Ils progressèrent silencieusement le long du mur, l'oreille tendue pour capter la vive conversation à laquelle semblaient se livrer les quatre sorciers. Hermione indiqua du doigt la grosse benne à ordures juste devant eux et ils se planquèrent aussitôt derrière. La jeune femme s'immobilisa et se concentra sur les paroles des quatre sorciers.

- … ce matin, entendit Hermione sans avoir le début de la phrase.

- … comprend... ne dirait rien... vous assure, disait l'un des sorciers en uniforme bleu en bégayant légèrement.

- Vos baguettes, messieurs, ordonna l'un des Aurors d'une voix neutre et plus sonore.

- Vous n'avez pas le droit d'agir ainsi, s'indigna l'autre homme, apparemment bien moins docile que son collègue.

Il fit même un pas en avant vers les deux Aurors, sans se soucier des baguettes pointées sur lui.

- Pourquoi voulez-vous cacher la capture de Potter ?

Aucun des Aurors n'infirma ou ne confirma. Hermione échangea un regard entendu avec Ron qu'elle vit contracter les mâchoires. Ils pouvaient confirmer leur théorie maintenant. Le Ministère détenait Harry.

- Cela... concerne.. pas, intervint de nouveau le second Auror.

Hermione vit son collègue lever sa baguette un peu plus haut, visiblement agacé par la tournure de la discussion. D'un mouvement expert, il lança sur le plus virulent des deux sorciers ce que la jeune Gryffondor reconnue comme un sortilège d'Amnésie. Celui se détendit aussitôt et chancela un moment avant de prendre appui sur un mur. L'autre sorcier tenta de s'enfuir vers la rue principale, mais il n'échappa pas au second sortilège qui le percuta vicieusement dans le dos. Les deux Aurors se séparèrent pour rejoindre chacun un sorcier et leur parlèrent à voix basse, probablement pour leur faire entrer dans le crâne une autre version des événements.

- Partons, dit Ron avec fermeté, visiblement ébranlé par la scène. On a ce que l'on voulait.

A leur retour à Grimmauld Place, ils dînèrent rapidement dans le silence et Hermione grimpa aussitôt se coucher. Elle était décidée à s'offrir une bonne nuit de sommeil avant d'analyser les événements de la journée et les commenter avec Ron. Elle repoussa donc ses pensées dans un coin de son esprit, et ferma les yeux. Mais Morphée ne semblait pas vouloir pas l'accueillir dans ses bras et lui accorder le répit de la nuit. Son esprit était focalisé sur la disparition d'Harry et analysait toutes les informations qu'elle détenait à ce propos. Et lorsqu'elle réussit enfin à s'endormir, ce fut pour se réveiller à l'aube à cause d'un cauchemar.

Peu encline à essayer de se rendormir, elle se leva de son lit pour trouver son ami à la table de la cuisine. Apparemment, elle n'était pas la seule à souffrir de troubles du sommeil. Ils mangèrent en silence, chacun plongé dans ses pensées, dans une ambiance tendue et pesante. Hermione parcourait la Gazette du Sorcier du jour, à la recherche de la mention de l'arrestation d'Harry. Il y avait pourtant peu de chance que le journal le rapporte.

Le Ministère avait envoyé des Aurors pour effacer la mémoire des employés ayant vu la scène. Et s'il avait toujours influencé la Gazette, depuis la prise de pouvoir de Voldemort, le journal était désormais clairement devenu pro-Ministère et donc pro-Voldemort. Donc si le Ministère tentait d'étouffer l'affaire, la Gazette resterait muette.

- Il n'y a rien là dedans sur Harry, dit-elle en jetant le journal sur la table. Le Ministère tient vraiment à passer sous silence sa capture. D'abord, les Aurors, puis la Gazette... Je ne comprends vraiment pas pourquoi ils tiennent tant à le cacher.

- Probablement pour le livrer à Tu-Sais-Qui sans faire de vagues, lâcha Ron amèrement au-dessus de son assiette de porridge.

Hermione lui jeta un regard noir pour son manque de tact et il se tassa un peu plus sur sa chaise avec un sourire d'excuse.

- Je suis déso... Commença Ron.

- Non, ne le soit pas, soupira-t-elle. Tu as probablement raison. Lupin nous a dit que Voldemort tirait les ficelles du Ministère depuis quelques temps. Ils doivent appliquer chacune de ses directives. C'est sûrement lui qui a donné l'ordre de ne pas ébruiter la capture d'Harry. Il doit probablement être entre ses mains, maintenant.

La dernière phrase avait été dite dans un quasi murmure, elle n'était même pas certaine que Ron l'ait entendu.

- En fait, je ne comprends pas plus que toi, admit Ron qui avait grimacé à l'évocation du nom du mage noir. Si j'étais Lui et que j'avais enfin mis la main sur mon pire ennemi, j'achèverais la communauté en annonçant sa capture ou sa... mort.

Hermione frissonna à cette idée, mais se reprit vite.

- Le fait qu'il reste dans l'ombre, qu'il entretienne la confusion et la peur au sein de la population, qu'il ne dévoile pas la capture d'Harry... Je pense que tout cela est lié. Qu'il a un plan. Et je pense qu'il tient à garder Harry vivant. Sinon, il ne se donnerait pas tout ce mal.

- Dans tous les cas, on ne peut pas rester là à ne rien faire. Il faut aller chercher Harry... Asséna Ron avec conviction.

Hermione se mordit la lèvre.

- Cela risque d'être difficile. On ne sait pas où il est. Et tous les témoins qui auraient pu nous aider ont ou vont subir un sortilège d'amnésie.

Ron se leva d'un bond et pointa vers elle un doigt accusateur.

- Tu ne peux pas envisager de le laisser tomber.

- Ce n'est pas ce que je fais Ron. Je veux retrouver Harry autant que toi mais j'essaie d'être réaliste. On est en train de parler de Voldemort là !

- Arrête de prononcer ce nom, cria-t-il à plein poumons.

- Non ! Sérieusement Ron, tu comptes aller le défier? Alors que tu n'es pas capable de prononcer son nom ?

Ron bafouilla quelques mots, le visage déformé par la colère. Puis son expression se transforma et ses épaules s'affaissèrent.

- On ne peut pas l'abandonner.

- Je sais, souffla Hermione. Il faut prévenir l'Ordre de sa disparition, ils ont plus de moyens et de contacts que nous pour obtenir des informations.

Elle fit une pause avant d'ajouter douloureusement :

- Mais nous, nous devons continuer la mission et trouver les Horcruxes. C'est important.

Les deux amis s'affrontèrent du regard un moment, puis Ron détourna les yeux.

- Qui allons-nous prévenir et comment? Souffla-t-il, vaincu.

- Ta famille. Le Terrier est le seul endroit que l'on connaisse qui abrite des membres de l'Ordre.

Ron hocha la tête et se redressa. La perspective de voir sa famille semblait lui avoir redonné de l'énergie.

- Mais nous ne pouvons pas y aller comme cela, avec nos propres apparences. Ta maison doit être surveillée. Le Ministère doit se douter que ta famille appartient à l'Ordre. Mais je pense que le Polynectar nous offrira une sécurité suffisante.

- D'accord. Mais nous y allons tous les deux. Il n'est plus question de se séparer, dit Ron d'un ton catégorique.

Sa voix se brisa sur la dernière phrase et Hermione hocha vivement la tête en signe d'accord. Elle n'avait même pas envisagé l'éventualité de laisser Ron y aller seul. Elle aussi était heureuse de voir les Weasley et d'avoir un contact extérieur.

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Le lendemain, les deux Gryffondor transplanèrent au milieu d'un champ de maïs bordant la maison des Weasley. Traversant prudemment la végétation, ils jetèrent un coup d'œil vers la maison, encore dissimulée par les hauts épis de mais.

- Hominum Revelio, marmonna Hermione.

C'est avec soulagement, et un peu de surprise, qu'elle ne perçut aucune présence aux alentours. Les seules traces d'êtres humains se trouvaient dans la maison. Elle regarda Ron qui haussa simplement les épaules. Sans attendre plus longtemps, ils sortirent à découvert et se dirigèrent d'un pas vif vers la maison. Ils frappèrent quelques coups et la porte s'ouvrit brusquement, révélant la silhouette familière de Mme Weasley qui pointait une baguette vers eux. Hermione déglutit.

- Qui êtes-vous? Demanda-t-elle d'une voix menaçante.

- C'est moi, maman. C'est Ron.

Il amorça un pas en avant mais l'expression de la mère sembla refroidir son enthousiasme, car il recula aussitôt.

- Mon fils est à l'étage, il est malade.

- C'est la goule, Maman. Regarde l'horloge familiale, tu verras.

La femme se tourna légèrement et cria:

- Charlie, regarde l'horloge.

Hermione entendit un hoquet de surprise puis des pas précipités se rapprochant. La tête rousse de Charlie apparut dans la cuisine et se figea en voyant deux inconnus, braqués par sa mère. Il scruta chacun d'entre eux en parlant d'une voix lente.

- Elle dit que Ron est là... Comment?

- Polynectar, répondit son jeune frère.

Mme Weasley abaissa sa baguette et tira les deux adolescents à l'intérieur avant de refermer la porte derrière eux.

- C'est toi, Hermione, ma chérie ?

- C'est moi, Mme Weasley, souffla-t-elle, secrètement heureuse de voir un adulte.

Les deux Gryffondor se laissèrent aller dans l'étreinte de la femme sans même penser à protester. Mais celle-ci se retira brusquement, et les dévisagea avec inquiétude.

- Où est Harry?

Hermione baissa la tête vers ses chaussures, incapable de regarder la mère de son ami dans les yeux. C'était le moment qu'elle redoutait depuis qu'ils avaient décidé de se rendre au Terrier.

- On devrait s'asseoir, répondit Ron d'une voix sourde.

Ils s'assirent en silence à la table de la cuisine pendant que Mme Weasley préparait du thé pour tout le monde. Une fois que chacun fut servi, Ron commença à raconter la façon dont Harry avait disparu, sans toutefois mentionner la raison pour laquelle ils surveillaient le Ministère. Hermione vit Mme Weasley se décomposer au fur et à mesure avant d'éclater en sanglots. Charlie, qui s'était assis à ses côtés, passa un bras autour de ses épaules et tenta de réconforter comme il le pouvait.
Au bout de quelques minutes de silence seulement brisées par les reniflements de Mme Weasley, Ron reprit la parole.

- Au final, nous ne sommes sûr de rien, à part qu'il s'est fait capturé aux alentours du Ministère.

- Mais il est probable qu'il s'agisse du Ministère, ajouta Hermione.

- Et dans ce cas, il est à la merci de Vol...

- Non ! Chut ! Cria soudainement Mme Weasley.

- Aïe, cria à son tour Ron sans avoir fini sa phrase.

Il se baissa pour se masser le tibia, un air mauvais sur le visage alors qu'il fusillait son frère du regard.

- Désolé frangin, mais tu allais faire une énorme bêtise, expliqua Charlie.

- De quoi tu parles ? Grogna son frère.

- Tu-Sais-Qui a posé un sortilège de Tabou sur son nom.

- Pourquoi faire une chose pareille ? Demanda Ron.

- Parce que les seuls à l'appeler par son vrai nom, ce sont ses ennemis, répondit Hermione qui avait compris la manœuvre redoutable de Voldemort.

- Tout-à-fait. Plusieurs des nôtres sont tombés au début à cause du Tabou, avoua Charlie avec gravité.

- Alors, c'est comme ça que Dolohov et Rowle nous ont retrouvé après le mariage, compris Ron.

Hermione pâlit soudainement.

- A Grimmauld Place, on l'a prononcé un certain nombre de fois.

Mme Weasley posa sa main sur la sienne.

- Ne t'en fais pas. Le Sortilège de Fidelitas protège toujours la maison des Black. Le Tabou ne change rien.

- De toute façon, il sait déjà que nous sommes là-bas vu le nombre de Mangemorts qui surveillent la porte, la rassura Ron à son tour. Le principal, c'est que personne ne puisse entrer.

Ils prirent une seconde tasse de thé et Mme Weasley en revint à la disparition d'Harry.

- Nous allons prévenir l'Ordre pour savoir si quelqu'un à des informations. Vous pouvez rester quelques temps...

Hermione se tourna vers Ron. Elle pouvait lire dans ses yeux qu'il bataillait, certainement pour ne pas accepter la proposition de rester avec sa famille. Mais il sembla résister à la tentation, car il se recomposa un visage résolu et répondit à sa mère d'une voix ferme.

- Nous ne pouvons pas, Maman. C'est trop dangereux pour nous tous. De toute façon, nous devons continuer la mission que Dumbledore a confié à Harry.

Mme Weasley se renfrogna, prête à crier, comme à chaque fois que ses enfants tentaient d'entreprendre une tâche dangereuse. Et elle avait toutes les raisons du monde de le faire. La disparition d'Harry était la preuve que malgré leur bonne volonté, ils avaient fait une erreur. Elle était en droit de se servir de cet argument pour les empêcher de partir, de leur faire remarquer qu'ils étaient trop jeunes et inexpérimentés pour agir seuls. Mais au grand étonnement de tous, elle se reprit finalement.

Une partie de l'esprit d'Hermione fut soulagée qu'elle n'insiste pas. Elle n'était pas certaine que Ron, et même elle, aurait eu le courage de refuser de nouveau sa proposition. Accepter l'aide d'adultes expérimentés, partager une partie du fardeau que constituaient les Horcruxes, c'était si tentant. Mais une autre partie de son esprit était stupéfaite du comportement de la mère de Ron, voire carrément inquiète. Depuis quand Molly Weasley renonçait-elle aussi rapidement à la sécurité de ses enfants ?

 
 
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