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A Coeurs Perdus : 2e Génération
Par Natalea
Harry Potter  -  Romance/Amitié  -  fr
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    Chapitre 17     Les chapitres     48 Reviews    
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Nouvelle Vie

A l’approche de la fin février, Rose fut appelée dans le bureau de Minerva McGonagall. On était vendredi soir, aussi c’était avec un certain soulagement que Rose avait reçu la convocation qui lui permettait d’échapper à son cours commun d’Astronomie.

A présent, patientant seule dans le bureau de la directrice, Rose contemplait avec une curiosité certaine cet espace qu’elle n’avait pu visiter que quelques fois, et qui regorgeait d’objets étranges et merveilleux. De ce qu’elle en savait, McGonagall n’avait jamais vraiment osé remplacer les vieilles affaires d’Albus Dumbledore, et le bureau était pratiquement resté tel qu’il l’était au moment de la mort de l’illustre sorcier.

Son portrait somnolait d’ailleurs au milieu des autres, au-dessus de la cheminée. Comme à chaque fois qu’elle était confrontée à cette partie de l’histoire du monde de la magie – l’Histoire avec un grand « H » - Rose ne pouvait s’empêcher de penser à son oncle, à sa mère et à son père, et à ce qu’ils avaient vécu. Cela lui semblait presque irréel d’imaginer qu’à son âge, sa mère avait tout abandonné pour vivre dans une tente, sous la menace permanente des Rafleurs, en portant autour de son cou une partie de l’âme de Voldemort, et en s’efforçant de réunir les trois autres. De s’imaginer qu’avec Harry et Ron, ils avaient cambriolé la banque de Gringotts, chevauché un dragon, et éliminé les Horcruxes les uns après les autres, jusqu’à la grande bataille de Poudlard, jusqu’à la mort de Lord Voldemort.

Sa mère avait été torturée, marquée à vie… Contrainte d’effacer son propre souvenir de la mémoire de ses parents…

Hermione ne parlait pas souvent de ces choses-là, du moins, pas spontanément. Encore moins depuis qu’elle était mariée à Malefoy. Rose supposait que cela ramenait à la surface une époque où ils avaient été ennemis, une époque de profonde terreur, où tous deux, l’un et l’autre, avaient risqué de perdre plus que leur vie : leur humanité, leur innocence…

Malgré tout ce qu’elle avait pu reprocher à ses parents et à son oncle, Rose avait toujours éprouvé un immense sentiment de respect envers les héros de guerre qu’ils avaient été. Elle ignorait si, placée dans la même situation que sa mère, elle aurait été à la hauteur. Elle avait du mal à prendre la mesure de ce que ces évènements avaient modifié, façonné en elle. Hermione avait beau lui dire qu’elle la trouvait sauvage et indépendante… Rose savait très bien de qui elle tenait cette force.

Pensive, Rose soupira. Pour Malefoy, les choses étaient un peu différentes. Rose avait toujours refusé de lire son autobiographie, en partie pour ne pas le légitimer, mais surtout parce que ce livre décrivait la dislocation du mariage de ses parents. Et du point de vue du pire protagoniste, en plus : du point de vue de l’amant… Aussi, Rose s’en était-elle tenue à ce que le grand public savait du rôle qu’il avait joué, le tout agrémenté des remarques vénéneuses de Molly Weasley. Elle avait donc toujours éprouvé le plus grand dégoût pour « l’idée » qu’elle se faisait de Drago Malefoy : mesquin, lâche et retors, sans la moindre dignité ni amour-propre. Et pourtant, dès qu’elle l’avait rencontré, dès qu’elle avait dû vivre au quotidien avec lui, Rose avait été frappée par le paradoxe qui existait entre ce que l’on disait de lui, et l’homme qu’il était vraiment. Elle n’arrivait pas à concilier ses préjugés avec le gentleman froid, dur et intelligent qu’elle avait rencontré. Malgré toutes ses provocations, toutes ses démonstrations de haine, elle n’était jamais parvenu à l’intimider, ni à le faire fléchir. Au contraire, combien de fois ne l’avait-il pas prise au jeu de sa propre colère ? Malefoy avait toujours eu un don certain pour démonter ses arguments et la faire apparaitre comme une gamine égoïste et puérile. Et elle l’avait haï pour cela. Mais, dans le même temps… Elle en était venue à le respecter, d’une certaine façon.

Rose chassa ces pensées de son esprit. Elle avait gagné suffisamment en maturité et en recul aujourd’hui pour savoir que Drago Malefoy était un homme plus complexe qu’elle n’avait voulu l’admettre, aussi complexe que son fils. Mais savoir comment sa mère avait pu tomber amoureuse de lui demeurerait toujours un mystère pour elle.

« Un peu comme toi et Scorpius », souffla la voix dans son esprit.

Mais Rose n’écouta pas.     

Minerva McGonagall entra sur ces entrefaites, porteuse d’une lettre décachetée :

- Bonjour, miss Weasley, dit-elle de ce ton affable qui exprimait à la fois la distance et l’affection.

Rose sourit et s’assit en face d’elle, de part et d’autre du large bureau sculpté :

- Vous vouliez me voir, madame ?

- En effet. Je préfère vous prévenir tout de suite : il s’agit d’une affaire personnelle, c’est pourquoi j’ai préféré vous en référer en privé.

- Je vous écoute, fit Rose, intriguée et vaguement inquiète.

- Voilà…

McGonagall déposa la lettre et croisa ses mains sèches et ridées devant elle :

- J’ai reçu cette lettre de la part du psychiatre en charge de votre père, à Sainte-Mangouste.

Rose retint sa respiration.

- Il souhaiterait s’entretenir avec vous de l’état de votre père, mais, comme il sait que vous êtes encore élève à Poudlard, il a préféré me demander mon autorisation au préalable.

Rose haussa les épaules :

- Pourquoi ne m’a-t-il pas écrit, tout simplement ?

- Il dit qu’il serait préférable de vous en parler face à face. Que ce ne sont pas des affaires de nature à être traitées par voie épistolaire.

- Mais pourquoi veut-il me voir ? Pourquoi moi et pas ma grand-mère, ou Hugo ?

- Il ne l’a pas précisé.

Rose laissa son regard errer dans la pièce, indécise. McGonagall perçut son trouble :

- Il souhaiterait vous rencontrer demain. Je peux vous autoriser, exceptionnellement, à utiliser notre réseau de cheminées pour vous rendre à Sainte-Mangouste. A condition que vous soyez rentrée pour les cours de la semaine prochaine.

- Vous m’autorisez à sortir de Poudlard ? s’étonna Rose, stupéfaite.

McGonagall rajusta ses lunettes sur son nez :

- Vous êtes majeure, Rose. La décision vous appartient. C’est pourquoi je n’ai pas averti votre mère, même si je vous conseille de le faire.

Rose acquiesça distraitement :

- Je voudrais y aller, alors. Demain.

- Très bien. Votre rendez-vous est fixé à dix-huit heures. Retrouvez-moi dans mon bureau vers dix-sept heures trente.

Confuse, Rose remercia la directrice et s’en alla. Tout au long du chemin jusqu’à son dortoir, elle rumina la nouvelle et l’angoisse que cela lui inspirait. Son père avait-il rechuté ? Etait-il sur la mauvaise voie ? Elle ne s’endormit que très tard cette nuit-là, et le lendemain, elle pria pour que la fin de l’après-midi arrive au plus vite.

XXX

A dix-huit heures piles, Rose fut introduite dans le bureau du docteur Lynch, un homme d’une soixantaine d’années à l’air fragile, le crâne visible sous ses fins cheveux poivre et sel, les yeux larmoyants et le visage expressif. En lui serrant la main, Rose lui trouva l’air d’un chiot abandonné grelottant sous la pluie, et elle fut partagée entre l’amusement, la sympathie immédiate, et la circonspection vis-à-vis de ses compétences.

Il la rassura néanmoins tout de suite sur ce dernier point : il avait beau ressembler à un gentil grand-père amateur de cookies, sa voix calme et tranquille et ses airs compatissants en faisaient en réalité un médecin attachant, auquel il était facile de se confier.

Pour Rose, qui avait toujours trouvé les médecins froids et impersonnels, c’était une grande qualité.

- Asseyez-vous, miss Weasley, lui proposa-t-il poliment en extirpant de ses tiroirs une véritable boîte de cookies.

Rose se retint de sourire et en grignota un.

- Est-ce que mon père va bien ? demanda-t-elle sans le moindre préambule.

Cela pouvait paraître brutal, mais l’inquiétude tournait en cage dans son esprit depuis bien trop longtemps.

- Oui, il va parfaitement bien, répondit le médecin de son air apaisant. Je suis navré si ma lettre vous a alarmée. Ce dont j’ai à vous parler est malheureusement trop important pour faire l’objet d’un simple courrier, et dans des circonstances comme celles-ci, je préfère m’adresser à la famille directement.

Rose acquiesça, attendant qu’il en dise plus :

- Voyez-vous, d’ici deux semaines, votre père arrivera au terme de sa cure de désintoxication avec nous, reprit sévèrement le docteur Lynch. Il espère donc, et c’est bien naturel, rentrer chez lui au terme de cette échéance.

- Il m’en a parlé, oui.

- Seulement, voyez-vous, miss Weasley…

Le médecin retira ses lunettes et en croisa nerveusement les branches devant lui :

- Je désapprouve cette sortie, dit-il finalement.

Rose haussa les sourcils :

- Pourquoi ?

- Physiquement, votre père se remet bien. Il a repris du poids et son addiction semble, pour l’instant, derrière lui. Cependant, je m’inquiète de ce qu’un retour à son précédent quotidien pourrait avoir comme effets sur sa résolution.

- S’il retournait chez lui, vous voulez dire ? Mais cela n’arrivera pas. Ma grand-mère insistera sûrement pour qu’il aille vivre chez elle.

- Précisément. J’ai parlé à votre grand-mère, et elle m’a effectivement proposé cette solution. Qui, à mon grand regret, ne me convient pas.

Rose ne cacha pas son incompréhension.

- Laissez-moi vous expliquer, miss Weasley, dit patiemment le médecin. Votre père a fait d’immenses progrès depuis son arrivée ici. Il a petit à petit commencé à s’ouvrir en thérapie, et à se confier sur son ressenti. Ceci me permet de vous dire, sans briser le sceau du secret, bien évidemment, qu’au stade où en est votre père, il serait dangereux de le laisser retourner à son quotidien prématurément. Votre père expérimente, et depuis plusieurs années déjà, une sévère phase de dépression. Il commence tout juste à le reconnaître lui-même, et pour l’instant, il n’a pas encore trouvé le moteur qui lui permettrait d’y remédier. A l’heure actuelle, et sans vouloir paraître alarmiste, votre père manifeste de graves tendances à l’autodestruction, voire même des pensées suicidaires. Il serait dangereux de le laisser sortir de cet hôpital sans que ces problèmes aient été traités. Il serait dangereux de le laisser seul.

- Mais, s’il habitait avec ma grand-mère…

- Ce ne serait pas non plus bénéfique. Votre père a besoin de retrouver confiance en lui-même. Il a besoin de retrouver une estime de soi, de se convaincre qu’il est capable de bâtir quelque chose à lui seul, sans avoir à s’appuyer encore et toujours sur sa mère. Le renvoyer, passez-moi l’expression, « dans les jupes » de votre grand-mère, ne ferait qu’appuyer la faible estime de lui-même qu’il entretient. Et il est hors de question de le laisser habiter seul.

Rose demeura silencieuse quelques instants. Son cerveau tournait à plein régime, mais ne trouvait pas de solution :

- Qu’a dit ma grand-mère ? demanda-t-elle finalement.

- Elle a très mal pris mes arguments, répondit le médecin d’un air affecté.

Rose n’en fut pas surprise.

- C’est pourquoi je me tourne vers vous, miss Weasley, poursuivit-il. En dehors de ses parents, vous êtes sa plus proche parente majeure. Et je sais à quel point vous êtes proches. Si vous annonciez la nouvelle à votre père, posément, comme je viens de le faire, il vous écouterait. Il ne verrait pas la prolongation de son séjour comme un échec. Et vous pourriez même peut-être faire entendre raison à votre grand-mère.

Il la considéra d’un air sincèrement compatissant :

- Je suis désolé de faire porter ce poids sur vos si jeunes épaules, dit-il. Mais au final, la décision revient à votre père, et je crois qu’il serait dans son intérêt que vous le fassiez fléchir.

Rose secoua la tête :

- Je ne sais pas quoi vous dire, avoua-t-elle. Je comprends votre point de vue, mais mon père se faisait une telle joie de quitter cet hôpital… Il ne parle que de ça dans ses lettres.

- Je le sais bien.

- Et il me voit comme son unique soutien sur cette Terre. Si je venais à entrer en désaccord avec lui et à lui recommander de rester à l’hôpital… Je ne crois pas que ce serait très bénéfique pour son estime de lui non plus. Sans oublier le fait qu’il se sentirait trahi et abandonné.

- Tout est dans l’approche, miss Weasley. Je vous demande simplement d’y réfléchir. Quand devez-vous retourner à Poudlard ?

- Au plus tard, lundi matin.

- Très bien. Profitez donc du weekend pour y réfléchir, et peut-être parler à votre père. Savez-vous où loger ?

- Non… Je comptais rentrer dès ce soir.

Et Rose refusait catégoriquement d’écrire à sa mère pour la mêler à tout cela…

- L’hôpital a un espace de repos, proposa le médecin, avec des douches et des lits. Au deuxième étage, à côté de la maternité. Je serai de garde tout le weekend. N’hésitez pas à revenir vers moi dès que vous aurez pris votre décision.

Rose acquiesça. Elle avait l’impression que sa tête bourdonnait. De retour dans le couloir, elle se laissa dériver au milieu des infirmières débordées et du chassé-croisé incessant des brancards, incapable de réfléchir, repoussant les décisions terribles que l’on attendait d’elle tout au fond de son esprit. C’était comme si la réalité l’avait brusquement rattrapée, pour lui coller son amertume en pleine figure. A nouveau, elle culpabilisa de ses intrigues puériles avec Scorpius. Tout cela semblait avoir si peu d’importance désormais… Ici, autour d’elle, dans cet hôpital, des gens souffraient et mouraient, des gens se battaient pour leur vie, d’autres pour les sauver, et son père était l’un d’entre eux.

Elle ignora l’aile de psychiatrie et parcourut distraitement les différents services, gravissant ou descendant les étages, cherchant une réponse au milieu du chaos ambiant. Personne ne l’arrêta pour lui demander ce qu’elle faisait là. Au final, elle suivit les recommandations de Lynch et partit à la découverte de l’ère de repos du deuxième étage.

Elle découvrit une espèce de petit salon où des poufs s’entassaient autour d’une machine à café, suppléés par trois canapés et quelques lits groupés dans le fond. La salle était totalement vide. A côté, une salle de bain offrait des cabines de douche individuelles au parfum d’eau de Javel. Cela semblait tellement sordide que pendant un bref instant, Rose se demanda où était passée la magie, dans sa vie. Peut-être ses soucis l’empêchaient-ils de la voir.

Elle s’allongea malgré tout et s’endormit sans vraiment s’en rendre compte, toute habillée, la lumière allumée.

XXX

Elle rêva de son père, de sa grand-mère qui hurlait, de sa mère… Elle rêva du jour où ses parents avaient signé les papiers du divorce. Elle rêva du jour où, à cinq ans, elle avait passé dix minutes à supplier son père de revenir à lui, alors que sa mère et son frère gisaient dans la neige… Elle rêva de toutes ces fois où sont cœur s’était serré d’angoisse et de résignation mêlées : encore une dispute, encore une épreuve, encore une crise toujours pire que la précédente… A partir de ces instants, sa vie n’était devenue qu’une succession de guerres, qu’interrompaient épisodiquement quelques moments de paix. Elle avait appris à vivre avec cette épée de Damoclès au-dessus de sa tête, sans jamais relâcher sa vigilance un seul instant, sans croire aux brèves accalmies lorsqu’elles se présentaient, toujours convaincue qu’un jour, le couperet tomberait à nouveau, et qu’alors, il faudrait être prête, faire face, et se relever, comme elle l’avait toujours fait… C’était une façon assez triste d’envisager l’existence. Partagée entre le malheur et le non-malheur, mais jamais rien de plus. Aujourd’hui, Rose appréhendait la prochaine crise, et comme toujours, elle avait terriblement peur d’y participer.

Elle s’éveilla dans le noir, baignée par les lumières de Londres. Quelle heure pouvait-il être ? L’horloge murale indiquait deux heures du matin. Ses yeux lui paraissaient glacés, et elle se rendit compte qu’elle avait pleuré dans son sommeil. Elle essuya rageusement ses larmes et sortit faire un tour dans les couloirs.

A l’extérieur, le service de la maternité était calme. Deux rangées de nourrissons dormaient dans leurs couveuses en plissant leurs petits traits froissés. Rose les contempla sans que cela ne lui inspire grand-chose, une pensée pour sa sœur peut-être…

Elle s’apprêtait à faire demi-tour lorsqu’elle tomba soudain sur une silhouette familière faisant les cents pas devant une porte close. Rose s’arrêta net. Lui aussi. Il la dévisagea comme si elle venait de surgir du sol, incapable d’aligner un seul mot. Au final, Rose s’entendit demander :

- Mais qu’est-ce que tu fais là… ?

Scorpius Malefoy avala sa salive. Il finit par retrouver le contrôle de son esprit, la fixant sans y croire :

- Ma mère…, balbutia-t-il. Elle va avoir son bébé.

Astoria. Rose l’avait complètement oubliée. Astoria devait accoucher courant février. Ils étaient le 20 février…

- Mon Dieu, tout se passe bien ? demanda-t-elle, oubliant aussitôt l’irréalité de leur situation.

- Pas vraiment. Ça dure depuis des heures et on ne me donne pas de nouvelles. C’est pour ça que McGonagall m’a laissé venir.

Ses yeux s’arrêtèrent alors sur elle, recouvrant leur lucidité :

- Et toi, qu’est-ce que tu fais là ?

- Le médecin de mon père voulait me parler.

- Il va bien ?

- Moyennement. Mais bon, aucune importance… Tu as mangé ?

Scorpius fit non de la tête, les yeux fixés sur la porte.

- Va t’asseoir, lui intima Rose, à peine remise de son choc. Je vais te chercher quelque chose. Surtout ne bouge pas.

Encore étourdie, Rose partit en quête de protéines comestibles. Elle s’aperçut que la cafétéria restait ouverte toute la nuit et acheta sans réfléchir deux sandwichs, deux paquets de chips et deux grands cafés. Elle se fit la réflexion en remontant les bras chargés de victuailles qu’elle était en train de rêver tout ceci. Que Scorpius ne serait plus dans ce couloir lorsqu’elle serait revenue, qu’elle se réveillerait seule sur le lit de la salle de repos, transpercée par son idiotie. Mais non, il était bien là. Il guettait son retour d’un air anxieux comme si lui aussi doutait de sa santé mentale. Rose le força à s’asseoir sur l’un des bancs inconfortables qui longeaient le couloir et lui fourra un sandwich dans la main. Puis, comme elle ne trouvait rien à dire, elle mastiqua maladroitement le sien sans pouvoir s’empêcher de le quitter des yeux.

Il avait l’air terriblement anxieux. Les traits tirés par la fatigue, les cheveux en désordre de quelqu’un que l’on a sorti du lit sans lui laisser le temps d’émerger. Touche pittoresque, il avait enfilé à la va-vite un pull sur ce qui avait tout l’air d’être un haut de pyjama. Rose trouva cela mignon, et se traita de tous les noms pour entretenir de telles pensées en un moment pareil. Il était évident que Scorpius était ailleurs. Il semblait à peine conscient de sa présence, obnubilé par la porte comme s’il pouvait la transpercer du regard, et il arrosait sa nervosité d’une bonne dose de café noir.

- Ça fait longtemps que tu attends ? se décida enfin à lui demander Rose d’un air timide.

- Deux heures, répondit-il. Mais elle est arrivée dans l’après-midi.

Rose hésita, puis, maladroite, lui pressa doucement l’épaule :

- Je suis sûre que ça va bien se passer, murmura-t-elle.

Piètre réconfort, mais que trouvait-on à dire dans ces moments-là ? Scorpius était inquiet pour sa mère et c’était normal. Rien ne pouvait le détourner de cette angoisse. Le mieux qu’elle pouvait faire pour lui, c’était simplement être là.

- Où est ton beau-père ? demanda-t-elle.

- A l’intérieur, avec elle.

- Ils ne t’ont pas laissé entrer ?

- Je ne veux pas les déranger…

- Qu’a dit McGonagall exactement ?

Scorpius soupira :

- Que je devais venir. C’est tout.

Rose replongea dans le silence. Gênée, elle laissa sa main glisser le long du bras de Scorpius dans l’espoir de la récupérer. Il l’attrapa au vol et la serra entre ses doigts :

- Je n’arrive pas à croire que tu sois là, dit-il soudain en la dévisageant vraiment pour la première fois.

Rose s’autorisa un sourire :

- Moi non plus.

Elle n’osa pas retirer sa main. En fait, elle n’était même pas sûre de le vouloir. Elle réfléchit quelques instants, puis déclara :

- Je ne connais pas vraiment ta mère… Mais je sais qu’elle ferait tout pour ses enfants.

Elle insista, pour que Scorpius la regarde bien en face :

- Tout se passera bien, Scorpius.

Il la contempla longuement, puis acquiesça. Elle crut qu’il se perdait à nouveau dans ses pensées, mais au bout d’un moment, il répondit :

- Ma mère est quelqu’un de spécial.

Sa voix était basse et très douce, telle que dans son souvenir, lorsqu’ils parlaient encore de choses plus profondes que leurs travaux d’astronomie.

- Par spécial, je veux dire… vulnérable, poursuivit-il. Pourtant, elle peut faire preuve d’une force extraordinaire. Peu de gens sont capables de comprendre ça.

Rose sourit :

- Elle a élevé un fils extraordinaire en tout cas.

Scorpius rit. Rose fut terrifiée de sentir à quel point elle était grisée par ce son… C’était tout simplement franc et incroyablement beau.

- Mon père aussi est quelqu’un de vulnérable, renchérit-elle. Je ne pense pas vraiment qu’ils soient comparables, mais… Il a beaucoup souffert, dans sa vie. C’est comme ça que je sais qu’il est capable d’endurer les pires épreuves, même celles qui marquent. Fort, et faible en même temps…

Scorpius secoua la tête :

- Ma mère a été meurtrie par son éducation, dit-il, très grave. Mes grands-parents sont des gens sans âme. Ils ont élevé ma mère et sa sœur aînée comme de simples poupées Sang-Purs à marier au plus offrant. Ma tante Daphnée était promise à mon père. Mais quand les Malefoy sont tombés en disgrâce… Les Greengrass ont retourné leur veste. Pour sauvegarder leur réputation, ils ont arrangé un mariage entre leur fille aînée et un Sang-Mêlé du Ministère, et ils ont « offert » ma mère à mon père en compensation, comme on le ferait d’une robe de seconde main.

Rose demeura interdite. Jamais elle n’avait entendu cette partie de l’histoire. Mais déjà, Scorpius continuait :

- Parce que c’était ce qu’on lui avait toujours appris à faire, ma mère a fait de son mieux pour être une bonne épouse. Une bonne Sang-Pur. Aimer mon père, se convaincre qu’elle l’aimait… Elle s’est rendue malheureuse à un point qu’il est impossible d’exprimer. Mon père n’est pas innocent dans l’histoire, mais… Je le comprends. Je les comprends tous les deux.    

Scorpius inclina la tête contre le mur et ne dit plus rien, comme rattrapé par son amertume.

- Mais elle est heureuse aujourd’hui ? demanda Rose.

- Oui. Dieu merci, elle a rencontré Henry.

- Tu t’entends bien avec lui ?

Scorpius haussa les épaules :

- C’est quelqu’un de bien. Si je devais être tout à fait honnête, je le trouve horriblement banal. Mais il la rend heureuse, et c’est tout ce qui compte. Lorsque mon père a décidé de divorcer, pour ma mère, ça a été comme si le monde entier s’écroulait. Elle a passé beaucoup de temps à la place où se trouve ton père aujourd’hui. Mais au final, petit à petit, elle s’est reprise. J’ai envie de dire qu’elle s’est éveillée au monde. Qu’elle a commencé à vivre, vraiment, peut-être pour la première fois. Elle l’a fait en partie pour moi. Et en partie grâce à Henry.

Il sourit, en écho à la douceur pure de ses propos :

- Son psychiatre l’avait encouragée à commencer une activité créative par elle-même. Du coup, elle a développé une ligne d’accessoires en dentelle pour chat.

Il rit à nouveau, tant cela semblait à la fois ridicule et si propre à Astoria :

- C’est comme ça qu’elle a rencontré Henry, conclut-il. Un honnête gratte-papier du Ministère, qui cherchait une nouvelle collection de rubans pour son chat « Darjeeling ».

- Darjeeling ?

- Darjeeling.

Scorpius et Rose se regardèrent, puis, spontanément, éclatèrent de rire. C’était si naturel qu’en quelques secondes, ce fut comme si leurs quatre dernières semaines de silence avaient volé en éclat.

- Je n’ai jamais pensé à te demander comment tu vivais tout cela, de ton point de vue, confia soudain Rose, songeuse.

- Quoi, le mariage de ma mère ?

- De ta mère, de ton père… Le fait que tes parents soient séparés, le fait d’avoir à la fois un beau-père et une belle-mère, et bientôt une nouvelle demi-sœur…

Scorpius haussa les épaules :

- Je le vis très bien, je suppose. Je n’ai jamais connu que ça. Henry est sympa, ta mère aussi.

- Mais… ça ne te dérange pas ?

- Pourquoi ? Je sais très bien que mes parents auraient été bien plus malheureux tous les deux s’ils étaient restés ensemble. Pour moi, c’est une bénédiction qu’ils se soient séparés.

Rose demeura silencieuse, frappée par l’absolu de ces propos.

- Je sais que ça doit être difficile à comprendre, reprit doucement Scorpius, conscient de son trouble. Je sais que ta situation est différente. Mes parents ne se sont jamais aimés. Ils étaient prisonniers d’un mariage arrangé dès le début. Toi, tu penses que ta mère aurait dû reculer dès qu’elle a ressenti de l’ambiguïté envers mon père… Tu penses qu’elle avait le choix, et qu’elle n’a eu ni la force ni l’envie d’y résister. Qu’elle vous a sacrifiés ton père, ton frère et toi, pour vivre son amour.

Une fois encore, Rose ne dit rien. Elle était stupéfaite par la justesse du jugement de Scorpius.

- Je comprends ce point de vue, et je ne dis pas qu’il est faux, risqua-t-il alors doucement. Dans les faits, c’est vrai que nous avons toujours le choix, et que ta mère aurait pu réprimer ce qu’elle ressentait. Mais cela n’aurait pas fait disparaître ses sentiments. Crois-moi, j’en sais quelque chose.

Il lui jeta un regard d’excuse pour cette petite pique :

- Personnellement, et je ne dis pas ça pour t’agresser, crois-moi… Je pense que si ta mère avait agi exactement comme tu le souhaitais, si elle avait immédiatement pris ses distances avec mon père pour rester avec le tien… Votre famille ne s’en serait peut-être pas portée mieux, au final. Nos deux familles. Ta mère se serait rendue malheureuse d’un amour jamais vécu. Forcément, elle aurait rendu ton père malheureux, sans qu’il sache nécessairement pourquoi. Cela aurait été une égale forme de tromperie. Un adultère non pas dans la chair, mais dans le cœur, et c’est sans doute mille fois pire…

Scorpius soupira :

- Quant à mes parents… Mon père n’aurait sans doute jamais repris sa vie en main. Il serait resté marié à ma mère, et tous deux se seraient rendus malades de chagrin. Nous n’aurions pas à affronter les mêmes dilemmes, toi et moi, mais… avec des circonstances pareilles, je ne crois pas que nous aurions eu plus de chances de nous rapprocher.

Rose le dévisagea, longuement, sans rien dire. Une fois de plus, il avait trouvé les mots pour la bouleverser, sans même l’avoir prévu. Elle ne savait pas si elle était en colère ou horrifiée. Horrifiée par la portée de ses propos. Jamais elle n’avait envisagé les choses de cette façon. Jamais elle n’avait réfléchi aux conséquences qu’aurait eues une autre conduite de la part de sa mère. Si ses parents étaient restés ensemble… Auraient-ils été heureux pour autant ? Condamner sa mère à rester auprès de son père alors qu’elle en aimait secrètement un autre, était-ce cela qu’elle avait vraiment voulu ? Car si Rose savait bien une chose à présent, c’était que l’on ne choisissait pas vers qui battait notre cœur.

Rose repensa à cette répartie énigmatique de Scorpius : « On n’obtient pas toujours ce que l’on veut »… Et à présent, la voix dans son esprit lui soufflait autre chose :

« Méfiez-vous de vos souhaits. »

- J’espère que je ne t’ai pas vexée, reprit Scorpius devant son silence. Ce n’était pas mon intention, je t’assure.

- Non, non ! Je… Je ne sais pas trop quoi dire en fait. Jamais je n’avais vu les choses de cette façon.

Renonçant à intérioriser, Rose livra le cours de ses pensées à mesure qu’il lui venait :

- Je réalise qu’en fait, de la façon dont se sont déroulés les évènements… Seul mon père en a souffert. Je veux dire, vraiment souffert. Et ça m’a toujours révoltée, mais… Si les choses avaient été différentes, peut-être que nous aurions tous été malheureux ensemble. Cela aurait peut-être été plus moral, mais… A présent, j’ai du mal à croire que cela aurait été la bonne solution.

Rose secoua la tête :

- Il y a trente secondes, je me serais condamnée au bûcher pour avoir tenu de tels propos…

Scorpius sourit avec sollicitude :

- Je ne dis pas que j’ai raison, précisa-t-il calmement. Pour être honnête, je ne crois pas qu’il y ait de bonne réponse. Je pense simplement qu’il peut être bénéfique d’envisager tous les points de vue possibles. Et de faire de son mieux.

Rose acquiesça, pensive :

- Je trouve ça étrange que nous puissions nous trouver dans la même situation, demi-frère et sœur d’alliance, et vivre les choses si différemment… Tu vois le divorce de tes parents comme une bénédiction. Pour moi, c’est l’évènement qui a brisé ma vie.

- Je sais… Mais ça ne devrait pas te définir. Les conflits de tes parents ne regardent qu’eux. Tu devrais pouvoir faire tes propres choix, mener ta vie « en dépit » de la leur. Et je ne dis pas ça seulement par rapport à toi et moi. Même si j’admets que ma position n’est pas objective.

Une fois encore, Rose ne sut pas quoi dire. Elle n’aimait pas l’autodérision dont se teintaient les paroles de Scorpius, une sorte de dignité blessée dont elle était entièrement responsable…

- Parfois, on ne me laisse pas le choix, dit-elle simplement.

Et elle raconta à Scorpius sa conversation avec le médecin de son père, qui attendait d’elle qu’elle prenne parti dans son traitement. Scorpius serra les poings, furieux tout à coup :

- C’était cruel de te placer dans cette position…

- Je ne sais pas quoi faire…

Scorpius hésita :

- Je te dirais bien que ton père n’est plus un enfant… Qu’il a besoin de se confronter de nouveau à la réalité. De sentir qu’on lui confie à nouveau de vraies responsabilités, une vraie confiance… Mais c’est une question délicate. Je m’en voudrais de t’influencer, ou de te faire prendre la mauvaise décision…

- Non, je crois que je suis d’accord.

Rose soupira :

- Ce que j’aimerais, en fait, c’est qu’il se débarrasse de notre ancienne maison. Qu’il en achète une autre, une vieille coquille de noix à retaper peut-être… On a habité à la campagne quelques années quand j’étais petite, et il adorait restaurer les vieilles pierres… Comme pour ta mère, ça lui donnerait peut-être la sensation de créer quelque chose. De bâtir quelque chose de ses mains.

Scorpius acquiesça :

- C’est une bonne idée. Une belle idée.

Sans véritable raison, Rose se sentit rassurée rien que par son approbation. Par le fait de s’être confiée à lui. Par le fait de l’avoir retrouvé, tout simplement. Ni l’un ni l’autre ne prononcèrent plus un seul mot après cela, mais ils n’en éprouvèrent aucune gêne. Rose ressentait à nouveau cet intense sentiment de chaleur qui lui donnait la sensation d’être connectée, exactement là où elle devait être, ici à cet instant sur cette Terre. Elle serrait la main de Scorpius dans la sienne, et elle redécouvrait l’un après l’autre cette myriade de détails dont elle s’était privée pendant si peu de temps, un petit mois qui lui semblait maintenant une éternité…

Elle se sentait comblée, à nouveau. Entière. La présence de Scorpius remplissait la sienne comme s’il n’y avait rien de plus sacré au monde, retrouvant le chemin de son cœur par une voie ancrée en elle, un réseau filigrané qu’il avait creusé à son insu, malgré elle, mais dont elle n’avait aucun désir de se défaire.

Rose se rendit compte à cet instant qu’elle s’était fourvoyée, encore une fois. Tout comme sa mère avant elle, elle ne pouvait pas esquiver ses sentiments. Hermione avait essayé pendant des années et avait échoué. Rose, elle, n’avait pas tenu plus d’un mois.

Mais surtout, ses intrigues avec Scorpius n’étaient pas que des caprices puérils. Elle le sentait à présent, à la brûlure dans sa poitrine, à l’intensité douloureuse de ce qu’elle ressentait à chaque instant, en sa présence ou son absence. Elle avait beau n’avoir que dix-sept ans, son amour pour Scorpius cette nuit-là dans cet hôpital était sa plus ferme certitude au monde. Il l’avait prise au piège. Comme Albus, démoniaque sans en avoir l’air… Rose était tombée amoureuse sans s’en rendre compte, comme on tombe endormie : doucement d’abord, et puis d’un seul coup, brusquement. L’éloignement qu’elle s’était imposé avait eu pour seul effet de la rendre plus dépendante…  

Elle ne dit rien de tout cela à Scorpius, mais elle avait la sensation qu’il comprenait. Sans y faire attention, elle posa la tête sur son épaule, et alors, tous deux s’endormirent, main dans la main au milieu du couloir.

Une légère pression sur le bras de Scorpius les réveilla tous les deux, hébétés et surpris d’être ensemble. C’était le petit matin. Un homme que Rose n’avait jamais vu souriait d’un air ému :

- Félicitations, Scorpius, dit-il en essuyant deux larmes. Tu as une nouvelle petite sœur.

- C’est vrai ?! bondit Scorpius en se redressant brusquement. Comment vont-elles ?

L’homme éclata en sanglots :

- Très bien, toutes les deux. Tu peux aller les voir.

Rose demeura un instant dans le couloir, indécise, devant cet homme fou de joie qui devait être Henry Westfield. Il semblait si sonné qu’il ne se préoccupa pas une seule seconde de savoir qui elle était : il lui serra vigoureusement la main et répéta à plusieurs reprises :

- J’ai une fille !

Rose rit aux éclats puis, après quelques instants d’hésitation, elle risqua un coup d’œil par la porte que Scorpius avait laissée entrouverte.

Ils étaient toujours en salle d’accouchement, et les médecins étaient toujours là. Néanmoins, Astoria l’aperçut aussitôt et lui fit signe d’entrer :

- Rose ! Je ne savais pas que tu étais là !

Rose acquiesça doucement, intimidée, avec la sensation d’être une étrangère au milieu du tableau :

- Bonjour, madame, dit-elle doucement. Comment vous sentez-vous ?

- Epuisée, soupira la mère de Scorpius. Mais ça en valait la peine. N’est-ce pas ma chérie ?

Astoria tenait dans ses bras un minuscule nourrisson qui ne devait pas peser plus de deux kilos. Tant d’efforts pour une si petite chose… A côté d’elle, Scorpius contemplait l’enfant avec une expression de pure religiosité.

- Comment allez-vous l’appeler ? demanda Rose.

- Ariane, répondit Astoria en souriant. Ariane Westfield…

Regardant Scorpius, elle tendit les bras :

- Tu veux la tenir ?

Avec un sang-froid qui lui faisait honneur, Scorpius saisit l’enfant emmaillotée dans ses langes et la serra contre lui. Sans savoir pourquoi, Rose en fut profondément émue. Elle contempla ce garçon qu’elle aimait, intense dans tout ce qu’il faisait, dans tout ce qu’il éprouvait, et elle sentit l’instant résonner d’une perfection absolue.

Quelques minutes plus tard, les sages-femmes emportèrent le bébé pour lui faire une première toilette, mais l’empreinte de ce moment demeura ancrée dans l’esprit de Rose, sans doute pour toujours. Elle voulut soudain prendre la main de Scorpius, mais n’osa pas sous le regard d’Astoria. La mère de Scorpius paraissait toujours aussi belle, malgré sa nuit éprouvante… Rose retrouvait avec fascination la grâce éthérée de son fils dans son beau visage triste. Rose la salua une dernière fois avant d’embrasser Scorpius sur la joue :

- Je vais vous laisser en famille, murmura-t-elle.

Il acquiesça, la reconduisit dans le couloir :

- Je suis heureux que tu aies été là cette nuit, dit-il avant qu’elle ne parte. Je n’ai jamais cru au destin, ou à ce genre de chose, mais… Je crois que l’univers voulait qu’on se rencontre ce soir.

Rose sourit :

- J’ai quelques petites choses à régler avec mes parents de mon côté, répondit-elle. Mais… après, il faudra qu’on parle, toi et moi.

Alors, profitant de ce que les époux Westfield étaient tous les deux dans la chambre, elle se mit sur la pointe des pieds et déposa un baiser rapide sur ses lèvres :

- Tache de patienter d’ici là.

Scorpius la dévisagea, incapable d’y croire. Mais déjà, Rose s’en allait, satisfaite et plus certaine de sa décision qu’elle ne l’avait jamais été.  

 

 
 
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