Un peu en avance cette semaine, parce que j'étais inspirée ^^
Enjoy !
Nat'
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Rose n’avait pas eu le temps de reprendre son souffle. Apparemment, être le sauveur du monde sorcier avait ses avantages : Harry avait tout juste pris le temps de tirer Hugo de son lit, après quoi, il les avait fait transplaner, directement dans un couloir de l’hôpital Sainte-Mangouste où presque toute la famille Weasley semblait déjà rassemblée.
- Qu’est-ce que ça veut dire ?! cracha Rose comme un fauve pris au piège.
- Je suis passé chez ton père aujourd’hui, répondit Harry sans se laisser démonter, la prenant à parti. Je voulais vérifier si la maison tenait toujours debout en son absence. Relever le courrier, peut-être arroser quelques plantes vertes… Et devine ce que j’ai trouvé ?
Rose ne dit rien. Elle voyait la porte de la chambre à présent. Harry avait au moins eu la décence de la faire transplaner dans le couloir, et pas directement devant le lit d’hôpital. Cette porte close l’appelait, muette, opaque, avec tout ce qu’elle dissimulait. Son père se trouvait derrière, elle le savait. Seigneur, dans quel état allait-il être ?
- C’est vrai, Rose ? intervint soudain son grand-père, Arthur Weasley.
Rattrapée par les évènements, la jeune fille regarda autour d’elle, hébétée. Elle fut engloutie par ces visages familiers et cette mer de cheveux roux. Elle vit sa grand-mère, Molly, tous ses oncles et tantes : Charlie, Bill et Fleur, Percy et Audrey, George et Angelina, et bien sûr, Ginny. Elle vit aussi ses cousins et cousines plus âgés : Victoire, Dominique, Louis, Molly, Lucy, Fred, Roxanne et James. Ils étaient tous là. Même Teddy Lupin, le petit ami de Victoire et filleul d’Harry, était venu. Elle en conçut soudain un tel besoin de fuir qu’elle poussa rageusement la porte de la chambre et la claqua derrière elle.
Elle entendit des cris derrière la porte, mais son grand-père les empêcha d’entrer. Elle lui en fut reconnaissante pour cela. Il fallait qu’elle soit seule, avant que la tempête se déchaine.
Se retournant vers la pièce, Rose découvrit son père assis dans son lit, qui l’observait. Il avait l’air lucide. Terriblement amaigri, comme d’habitude, mais sobre. Il la dévisageait, un petit sourire triste aux lèvres, l’air de dire : « Ҫa a bien marché jusqu’à présent, Rosy. Mais c’est terminé. Nous sommes découverts. »
Alors qu’elle s’approchait, il lui ouvrit ses bras :
- Comment vas-tu, ma chérie ?
- Papa…
Elle l’embrassa, savourant l’étreinte protectrice de ses bras frêles, le fait de le savoir en vie, en bonne santé – relativement – et non en colère contre elle.
- Que s’est-il passé ? demanda-t-elle.
- Ce qui devait se passer, répondit-il, effroyablement résigné.
Il lui prit les mains :
- Tu n’as rien à te reprocher, ma chérie. Mets-toi bien ça dans la tête. Je sais que tu as fait tout ce que tu as pu. Je sais que c’était un secret que tu n’aurais jamais dû avoir à porter. Ne les laisse pas te dire le contraire.
A cet instant, la porte se rouvrit, et la famille Weasley déferla. Harry était visiblement rouge de colère, et ne tenait son sang-froid qu’au respect qu’il nourrissait pour ses beaux-parents :
- J’espère que tu es contente de toi ! Tu sais comment je l’ai trouvé ? Est-ce que tu sais dans quel état je l’ai trouvé ?!
Il se retourna sur son auditoire, comme possédé :
- Avachi devant la fenêtre ouverte, à moitié nu, sans rien à manger ! Puant d’alcool : c’est à peine s’il a su me reconnaitre !
Muets, Arthur et Molly Weasley restaient perdus devant la scène, saisis d’horreur. Harry brandit les lettres que Rose lui avait écrites :
- Trois ans ! Trois ans que Ron est censé m’écrire depuis les quatre coins du monde, faisant étape pour escalader les plus grands sommets, ne revenant que pendant les vacances pour voir ses enfants ! Trois ans que Rose me ment, nous ment à tous, sciemment ! Non mais qu’est-ce que tu avais dans la tête ? Tu es devenue folle ?
Rose recula. Elle s’arracha aux mains de son père qui tentait de la protéger. Au milieu de la foule, elle aperçut le visage de son frère, où elle lut de la crainte mais aussi de la compassion. Ecartant ses cousins, Hugo vint s’interposer entre elle et Harry :
- Tu ne devrais pas t’en prendre qu’à elle, déclara-t-il. Je savais moi aussi, et je n’ai rien dit.
- Oh ne t’en fais pas, je m’occuperai de ton cas à toi aussi !
Rose écarta Hugo. Pour la première fois depuis le divorce de ses parents, son frère avait pris son parti. Le parti de leur père. Cela lui procura une telle émotion que cette fois, elle saisit son courage, et elle ne le perdit pas :
- J’ai menti pour éviter que nous nous retrouvions dans cette situation ! cria-t-elle, désormais indifférente à la colère de son oncle, aux regards de sa famille, aux nouveaux arrivants qui continuaient d’entrer. Parce que je savais ce que tu lui ferais endurer si tu découvrais tout ! Oui, il a eu un moment de faiblesse, c’est vrai ! Oui, il a rechuté ! Mais je pouvais gérer ! J’ai géré…
- On voit comment !
- J’ai fait plus que tu n’en as jamais fait ! J’ai été là pour lui, je l’ai soutenu ! Toi, tu l’as laissé tomber ! Vous l’avez tous laissé tomber ! Vous avez trouvé cela plus facile de fermer les yeux, et aujourd’hui vous vous étonnez devant la vérité ?
N’y tenant plus, elle éclata d’un rire hystérique, terrifiée par l’amertume qu’elle sentait en elle mais incapable de la juguler :
- Non mais réveillez-vous… Vous n’êtes qu’une bande d’hypocrites. Et toi le premier !
Elle pointa son doigt sur Harry :
- Tu n’as jamais essayé de l’aider autrement qu’en l’envoyant en thérapie, en l’expédiant voir des médecins, n’importe où, du moment que ce soit loin de toi et de ta petite vie bien remplie !
- Tu n’as pas le droit de dire ça !
- Ah non ? Alors comment expliques-tu que tu n’aies pas découvert la vérité plus tôt ? Que personne ne l’ait découvert ? En ton for intérieur, tu étais soulagé par ces lettres. Soulagé de croire mon père parti, rétabli, qu’il ne soit plus un problème à régler ! Et même maintenant, tu l’envoies ici, pour le confier à d’autres, au lieu de prendre le problème à bras le corps par toi-même !
- Mais qu’est-ce que tu voudrais que je fasse, Rose ? Ron est alcoolique ! Et dépressif ! Admets-le ! C’est toi qui te voile la face, ma pauvre… Tu espérais que la situation continue ainsi indéfiniment ?
- Non ! Jusqu’à ce que je devienne majeure. Jusqu’à ce que tu ne puisses plus nous enlever à lui.
Harry recula à son tour, comme si elle l’avait frappé :
- C’est de ça que tu as peur ?
- Evidemment !
A cet instant, Rose éclata en sanglots, mais elle ne pouvait plus retenir sa colère de s’exprimer :
- Tu ne comprends pas ! Tu n’as jamais voulu comprendre, aucun de vous ! Vous l’avez tous abandonné ! Simplement parce qu’il était malheureux… Il était seul ! Hugo et moi, nous sommes tout ce qui lui reste. Et toi, tu vas te faire une joie de nous enlever à lui…
Harry soutint son regard :
- Ce n’est pas par choix. Ron est un adulte responsable. Il a rechuté, il vous a consciemment mis dans cette position Hugo et toi… Il a besoin d’aide.
- Notre aide !
- Non. Je crois que tes trois petites années de mensonge nous ont démontré le contraire. Hugo et toi, vous êtes les enfants. Vous devez passer en priorité.
- Je ne te laisserai pas faire ! Personne ne m’interdira de le voir, tu entends ?!
- Personne ne t’interdira de le voir.
Rose se retourna brusquement. C’était une autre voix qui avait dit cela. Une voix féminine, qu’elle ne reconnut que trop bien. La voix de sa mère.
- Qu’est-ce que tu fous là ? cria-t-elle, brisée et folle de colère.
La réaction de la famille Weasley fut perceptible. Molly Wasley se tendit, Arthur la prit dans ses bras. Ron riva son regard au sien, tandis qu’Harry, lui, se crispait.
- Cette affaire de garde n’est qu’une question juridique, Rose, fit Hermione Malefoy en s’avançant dans la pièce. Je ne t’empêcherai jamais de voir ton père, tu le sais bien. Et tu auras dix-sept ans dans quelques mois. Alors, cette décision ne sera plus valide.
Rose secoua la tête :
- Toi non plus tu ne comprends rien. Ce n’est pas une question de garde. C’est une question d’honneur. De dignité. Toi espèce de sale garce, tu lui as déjà tout pris, et tu vas les laisser lui retirer notre garde à présent ? Regarde-le ! C’est à cause de toi qu’il est dans cet état ! C’est à cause de toi s’il va si mal ! Comment supportes-tu de te regarder dans une glace ?!
Hermione se figea sur place. Rose vit la peine qui l’avait touchée droit au cœur, et elle en fut heureuse, une joie amère et sourde, comme un poison dans ses veines. Elle était fatiguée. Fatiguée de la rancœur, fatiguée de haïr… Elle était entourée d’une horde d’ennemis, et ils venaient de prendre le contrôle de sa vie. Rose dévisagea ses oncles et ses tantes, ses grands-parents, ses cousins, un par un :
- Vous ne comprenez pas ? articula-t-elle avec l’énergie du désespoir. Pourquoi ne pouvez-vous pas vous mettre à sa place ? Sa femme l’a abandonné ! L’amour de sa vie l’a quitté, pour Drago Malefoy, pour un Mangemort ! Elle l’a trompé juste sous ses yeux, elle a porté l’enfant d’un autre homme, elle lui a fait croire qu’il pourrait se remettre ensemble, et puis elle l’a quitté ! Elle l’a forcé à subir l’humiliation d’une union publique avec cet espèce d’enfoiré ! Et comme si ça ne suffisait pas, elle lui a pris la garde, la moitié de la garde, chaque vacances de l’année ! Elle l’a obligé à envoyer ses enfants vivre sous son nouveau toit avec son amant ! Mais nom de Dieu, comment auriez-vous vécu cela ?
Elle haussa les épaules, tremblante, consciente de plaider ainsi comme pour sauver sa propre vie :
- Et vous, qu’avez-vous fait ? Vous avez détourné le regard. Parce que le malheur à la longue, cela devient lassant. Parce que c’est difficile de soutenir une personne qui va mal dans la durée. Parce que si l’on se détourne, ce ne sera plus notre problème, peut-être.
Elle jeta un regard désabusé à sa mère et son oncle :
- Regardez-vous. Le trio gagnant. Combien de fois vous voyez-vous dans l’année, à présent ? Les meilleurs amis de Poudlard n’existent plus depuis longtemps. Quelle bande d’hypocrites…
Elle fit le tour de l’assemblée, insistant particulièrement sur Harry qui semblait avoir abandonné la colère, pour un sentiment plus profond, plus grave, de la pitié peut-être… Une fois encore, cela la mit en rage :
- Alors oui, mon père a rechuté. C’est humain. Qui ne l’aurait pas fait à sa place ? Et oui, je l’ai protégé. Parce que je savais ce qui arriverait si on le découvrait. Je savais qu’on l’enverrait au loin comme un problème à expédier, mais surtout pas par soi-même. Qu’on s’empresserait de l’enterrer, de l’oublier, en se donnant bonne conscience… Tout ça, ce sont de fausses excuses. Mon père est dans cet état parce qu’aucun de vous ne l’a aidé. Aucun de vous ne l’a soutenu.
Vaillamment, Rose essuya les larmes qui coulaient sur ses joues :
- Tout ce que je voulais, c’était qu’il ne perde pas la dernière marque de confiance, d’amour et de loyauté qu’il lui restait dans cette vie…
Elle leva les yeux sur Harry :
- Mais à cause de toi, tout est foutu. Les autorités compétentes vont décréter qu’il n’est pas apte à prendre soin de ses propres enfants. Pire, qu’il est un danger pour eux. Mais ça tu t’en fous, pas vrai ? L’amour-propre de ton meilleur ami, c’est peu de chose, comparé à ta tranquillité d’esprit. C’est vrai que tu as tellement d’autres choses à gérer…
Harry se ferma devant ces accusations. Soudainement, Molly Weasley s’extirpa de l’étreinte de son mari, pour aller serrer la main de son fils, et prendre enfin sa petite fille dans ses bras :
- Je comprends pourquoi tu as fait ça, Rose, murmura-t-elle. Je comprends…
Rose se laissa aller dans les bras de sa grand-mère, mais se redressa lorsqu’elle l’entendit s’adresser à Hermione :
- Tu ne l’as pas amené ? disait Molly d’une voix de serpent. Où est-il, ce sale lâche ? Il n’a pas osé venir contempler son œuvre ?
A cet instant, Drago Malefoy écarta le battant et franchit le seuil de la chambre :
- Je suis là, déclara-t-il calmement.
Tous le dévisagèrent. L’hostilité dans la pièce monta aussitôt d’un cran, et Rose demeura pétrifiée par cette apparition. Comme toujours, Malefoy avait l’air sûr de lui. Si différent d’eux, dans son apparence, sa posture, ses vêtements. Aujourd’hui, il s’affichait clairement sur la défensive, mais sans provocation. Immédiatement, son regard se posa sur Rose, puis soutint celui de Ron, sans hésitation, sans détour.
Cette assurance, cette aptitude à aller au-devant du conflit, rappelèrent à Rose la force de caractère de Scorpius. Mais tout ce que cela lui inspirait pour l’instant, c’était une angoisse terrible. Non plus de la haine ou du dégoût envers les Malefoy, juste… Une terreur pure et simple de voir son père souffrir de cette rencontre.
- Sortez d’ici ! glapit Arthur Weasley, au comble de la suffocation, mais son épouse le retint :
- Non, qu’il reste ! Qu’il reste et qu’il affronte enfin ce qu’il a fait ! Les vies et les familles qu’il a brisées !
- Je suis navré que vous le voyiez ainsi, répondit Malefoy.
Rose crut que Molly allait bondir sur lui, mais Ron intervint :
- J’apprécierais si vous pouviez tous arrêter de parler comme si je n’étais pas là, dit-il posément.
Lui aussi soutint le regard de Malefoy. Sa vision devait lui être un véritable coup de poignard en plein cœur, mais il ne le montra pas :
- Je suis fatigué, déclara-t-il. Je voudrais que vous me laissiez seul.
Puis, tournant son attention sur Harry :
- Il est inutile de provoquer de nouveaux conflits, décréta-t-il. Ce qui est fait est fait. Je suis aux mains des médecins à présent, et je serai forcé de faire ce qu’ils me disent. Pour ce qui est des lettres… Je suis responsable de mes actes. Rose a fait de son mieux pour ce qu’elle croyait être le mieux. Je refuse d’être le centre d’une énième querelle, et il est hors de question que ma fille en fasse les frais elle aussi. Est-ce que c’est clair ?
Harry ne répondit rien.
- Est-ce que c’est clair ? insista Ron.
Harry secoua la tête :
- Ta fille part en vrille, Ron. Aie au moins la présence d’esprit de voir ça.
Puis il quitta la pièce, s’arrêtant un instant devant Malefoy pour le saluer de la tête, avant de claquer la porte derrière lui.
Petit à petit, la chambre se vida. Cousins et cousines, oncles et tantes sortirent dans le couloir pour échanger leur ressenti. Il ne resta bientôt plus qu’Arthur et Molly, Rose, Hugo, Ginny, mais aussi Malefoy et Hermione. Ces derniers restaient en retrait, attendant que les grands-parents se retirent, mais Molly ne semblait pas décidée à leur accorder ce privilège. Finalement, crispant l’estomac de Rose, Malefoy décida d’intervenir :
- Je voudrais m’exprimer, dit-il.
- Ce qui se passe dans cette chambre n’est en aucun cas votre problème, vous n’avez pas votre mot à dire, contra aussitôt Molly, cinglante.
- Puisqu’on m’a répété toute la nuit que j’étais la cause de ce problème, si, je pense que j’ai mon mot à dire.
Molly ne trouva rien à répondre. Alors, Malefoy s’avança pour s’adresser à Ron. C’était sans doute leur première confrontation depuis que Ron avait découvert l’identité de l’amant de son épouse, plus de sept ans auparavant :
- Weasley, je ne vais pas prétendre que je t’apprécie, déclara-t-il. Je n’ai jamais souhaité ce qui t’arrive, mais je pourrais très honnêtement te dire que cela m’indiffère. S’il n’y avait pas tes enfants. Je ne sais pas si cette tendance… à l’autodestruction est une façon pour toi de nous punir, Hermione et moi. De laisser une trace noire sur notre mariage, pour que nous nous sentions toujours coupable…
- Tout ne tourne pas autour de toi, Malefoy, cracha Ron sans le regarder.
- Certes…
Cherchant ses mots, Malefoy se reprit :
- Le fait est que j’ai été alcoolique, moi aussi. Je buvais pour oublier ma vie. Ma lâcheté. Tout ce que je n’aimais pas chez moi.
- J’ai lu ton autobiographie.
- Alors tu sais. Les gens sombrent dans la dépression parce qu’ils savent, au fond d’eux, qu’ils ne mènent pas la vie qu’ils devraient mener.
- C’est toi qui m’as volé ma vie !
Ron avait hurlé. Son visage maigre, pâle, congestionné, se déformait de fureur à cet instant :
- Je sais pourquoi je bois, Malefoy, et je sais pourquoi je déprime. Je n’ai pas besoin de toi pour m’apprendre que la vie est injuste : tu t’es très bien chargé de me l’enseigner ! Tout ce que tu peux faire pour moi à présent, c’est foutre le camp ! Et ne t’avise pas de me dire ce que je suis censé devoir à mes enfants…
Malefoy hésita. Il voulut battre en retraite, mais son regard se durcit soudainement :
- Je suis fatigué de te laisser faire ta diva, dit-il d’une voix froide. Personne n’ose te le dire par égard pour toi, mais moi j’en ai assez, je vais te le dire en face. Parce que tu n’es rien pour moi. Alors oui : tu es un poids pour ta famille. Pour ton entourage, pour tes propres enfants. Tu es celui qui cause des réunions de famille au beau milieu de la nuit, qui provoque des engueulades, qui sème le trouble et l’inquiétude pour tous tes proches. Tout ça parce que tu ne supportes pas qu’Hermione soit heureuse. Tu voudrais la rendre aussi malheureuse que toi, alors tu te laisses sombrer, espèce de sale ivrogne, sans même te soucier d’entraîner tes enfants avec toi. Comment peux-tu te supporter ? Oui, c’est moi qui te dis ça. C’est moi le salaud qui t’ais volé ta femme, mais ça ne veut pas dire que je n’ai aucun droit. Je partage la vie d’Hermione et son bonheur me préoccupe. Le bonheur de tes enfants, que tu le veuilles ou non, me préoccupe. Et ça me révolte de voir ce que tu leur infliges…
Il prit une profonde inspiration, ne cachant plus son dégoût :
- Tu es la victime et tu as toutes les raisons de me haïr. Mais si tu veux te détruire, alors tu n’as pas le droit de nous entraîner tous avec toi. Fais ton choix. Sois tu te remets en selle, soit tu crèves comme une loque. Choisis vite. On en a tous plus qu’assez d’attendre.
Alors il sortit, juste avant que Molly Weasley ne se lève pour l’étriper. Rose, elle, était stupéfaite. Comme son père, elle demeura muette devant la violence de ces mots, mais elle était incapable de décider si elle les rejetait en bloc ou non. Malefoy n’avait pas menti. Une part des choses terribles qu’il avait dites, elle les avait pensées, sans oser les dire. La frustration de se voir engluée dans une situation stagnante, une lente agonie, sans évolution ni progrès, sans décision. L’espoir de s’en voir libérer un jour, d’une façon ou d’une autre, par un choix…
Arthur coupa court à ses réflexions en emmenant Molly prendre l’air. Ginny sortit elle aussi, laissant Ron, Hermione, Hugo et Rose seuls dans la chambre, ensemble pour la première fois depuis des années. Hermione saisit la main d’Hugo, mais Rose la défendit de la toucher.
- Ça rappelle des souvenirs, murmura Ron.
Hermione acquiesça doucement. Elle souffrait visiblement de cette réunion, et de la vision maladive de Ron sous l’éclairage des tubes cathodiques. Pendant longtemps, aucun d’eux ne parla, paralysés par l’étrangeté de leurs rapports, le malaise qui s’était instauré entre eux. Au bout d’un moment, Rose n’y tint plus. Hugo tenta de la retenir, mais elle se leva et sortit de la pièce en silence. Elle aperçut Harry et Malefoy, seuls sur le balcon de l’hôpital, à l’autre bout du couloir. Irrésistiblement, elle s’approcha d’eux, mue par une curiosité que pour une fois elle estimait légitime, par son désir de justice et de savoir ce que l’on disait derrière son dos.
Les deux hommes se tenaient l’un à côté de l’autre, sans vraiment se faire face, comme deux diplomates habitués à se rencontrer mais incapables de se lier. Par la porte ouverte, Rose entendait ce qu’ils disaient, et aucun des deux ne l’avait remarquée :
- Je n’ai jamais voulu cela, disait Malefoy. Je n’arrive pas à croire qu’elle ait tenu ce secret pendant trois ans. Elle n’avait que treize ans à l’époque ! Quel poids cela a dû être…
- Ron l’a complètement braquée contre nous, argumentait Harry. Il ne se rend même pas compte que c’est néfaste pour elle. Elle est incapable de nous voir autrement que comme ses ennemis. Elle s’isole, et c’est pour cela qu’elle nous a caché la vérité. A tous, même à Molly.
Harry soupira :
- J’ignore comment la faire changer d’avis… D’autant plus qu’elle a en partie raison. Hermione, Ron et moi… Je croyais que ça durerait pour toujours. Je croyais qu’ils seraient les piliers de ma vie. Que rien ne changerait entre nous. Mais nous nous sommes détournés…
Interprétant le silence de Malefoy, il précisa :
- Je ne te blâme pas. C’est bien que tu aies… changé. Et je sais qu’Hermione est heureuse avec toi. Je sais que vous n’avez pas choisi de vous aimer… Que vous ne vouliez pas causer tous ces conflits.
Malefoy redressa sa silhouette interminable :
- J’en ai assez de me sentir coupable, déclara-t-il. C’est un sentiment avec lequel je suis bien trop familier. Nous avons fait souffrir Weasley, mais tous les torts ne peuvent pas être de notre côté. Il a aussi une part de responsabilité dans tout ceci. C’est sa décision de ne pas se reprendre en main. Je refuse qu’il nous fasse porter ce choix à tous. Et qu’il laisse ses enfants en suspens, surtout… Rose se bat parce que vous l’avez soi-disant abandonné, mais… C’est lui qui a abandonné ses enfants. Et elle ne s’indigne même pas contre ça.
- Elle a seize ans… Son père va mal et elle ne veut pas l’abandonner, c’est aussi simple que cela.
Malefoy haussa les épaules :
- Pardonne-moi si tu me trouves trop dur.
- Non. Tu es passé par des épreuves bien pires que celles de Ron. Je vous soutiens, et c’est bien pour cela que Rose me hait, d’ailleurs.
- Elle ne te hait pas…
- Elle me ment. Elle me craint. J’espère juste qu’elle n’est pas fermée à nous pour toujours…
Un silence méditatif suivit ces paroles, jusqu’à ce qu’Harry ne le brise, dans une volonté d’être plus léger sans doute :
- Comment va Alice ? demanda-t-il.
- Oh, très bien, sourit Malefoy. Je crois qu’elle ignore jusqu’à l’existence de sa sœur, mais… Elle s’entend bien avec Hugo. Et elle adore Scorpius. Scorpius serait littéralement prêt à fondre devant elle, mais il ne l’admettra jamais, bien sûr.
Il rit doucement. Son rire ressemblait à celui de son fils.
- Et comment va Scorpius ? s’enquit logiquement Harry.
- Il fait des projets. Il est pressé d’obtenir son diplôme. Terriblement intelligent, ce môme… Trop pour son propre bien, je crois.
Malefoy secoua la tête :
- Rose le traite comme un pestiféré, bien sûr, mais il n’a pas l’air de s’en formaliser.
- Albus l’apprécie beaucoup, répondit Harry. Hugo aussi.
- Oui…
Les deux hommes restèrent silencieux. Doucement, Rose décida de s’éclipser, troublée malgré elle par ce qu’elle avait entendu. Jamais elle n’avait vu son oncle et Malefoy s’entretenir ensemble. Jamais elle n’avait entendu le point de vue de l’opposition. Malgré elle, elle comprenait les tensions contraires qui les opposaient, non plus en noir et blanc, mais dans une palette de gris dont la complexité empêchait tout mouvement. Tous avaient une opinion valable. Tous avaient des torts et des attaches différentes. Et n’importe quel mouvement de l’une ou l’autre partie d’un bout à l’autre de la toile entraînerait le mouvement de tout le reste, avec, nécessairement, des fils brisés dans l’équation.
Ce constat la désespéra, et elle s’enfuit dans le labyrinthe de l’hôpital, espérant qu’on ne la surprendrait pas. C’était sans compter sur sa mère, bien sûr. Ne résistant pas à une occasion de l’entretenir en tête à tête, Hermione la trouva sur le toit, perdue dans la contemplation des étoiles au loin, qui lui faisaient irrésistiblement penser à la leçon d’Astronomie qu’elle avait dû quitter. Où était Mars, dans tout ceci ? Où était Scorpius ce soir ? Regardait-il les étoiles sans elle du haut des tours de Poudlard ?
- Rose ? appela sa mère.
La jeune fille ne se retourna pas. Elle attendit qu’Hermione la rejoigne près du garde-fou, surplombant les lumières de Londres et la vie trépidante qui ne s’éteignait jamais.
- Je suis désolée pour Harry…, commença sa mère, aussi douce que possible, osant à peine la regarder.
Rose secoua la tête :
- Ne t’excuse pas.
Malgré elle, la pression de cette nuit interminable lui tira des larmes d’épuisement. Elle entendit renifler. A côté d’elle, elle s’aperçut que sa mère elle aussi pleurait :
- Tu sais, je regrette tellement de ne pas avoir su être une mère pour toi, dit Hermione sans plus réussir à dissimuler ses sanglots. C’est sans aucun doute mon plus grand regret, et je le porterai toute ma vie. Tu es ma fille… Ma petite fille.
- Maman…
- J’étais supposée t’accompagner dans toutes les étapes de ta vie. Toutes tes premières fois. Grandir, devenir une femme, aimer, pleurer, et recommencer… J’étais censée être là pour toi. Te prendre dans mes bras quand tu étais triste, te rassurer dans tes doutes, t’encourager, te parler… Seulement voilà…
Hermione sourit tristement :
- Tu n’as jamais eu besoin de moi.
Rose ne s’attendait pas à une telle déclaration. Elle ouvrit la bouche, mais déjà, comme si elle ne pouvait plus contenir la douleur de toute une vie, sa mère continuait :
- Déjà quand tu étais petite, tu étais très indépendante. Tu n’as jamais eu besoin d’aide. Tu ne voulais pas qu’on t’aide. Et, avec tout ce qui s’est passé… Tu m’as purement et simplement rayée de ta vie. Sans difficulté. J’ai toujours su que je n’aurais plus aucun moyen d’y entrer. Je l’ai su, dès ce jour où nous avons discuté les termes du divorce avec ton père à la maison de campagne.
Hermione haussa les épaules :
- Ce n’est pas ta faute. Tu es faite ainsi. Mais c’est dur, tu sais, quand… Tu aimes à la folie quelqu’un qui ne te le rend pas au centième.
Rose médita un instant sur ces paroles. C’était un effort qu’elle n’avait jamais concédé à sa mère jusqu’à présent. A dire vrai, cet échange était sans doute la première vraie discussion que Rose avait avec sa mère depuis qu’elle était en âge de comprendre. Et elle devait reconnaître que ses mots trouvaient un écho en elle. Jamais elle n’avait eu autant accès au point de vue des autres sur sa propre personne. Mais cette nuit-là, justement, elle reconnaissait volontiers la nature sauvage et libre que sa mère décrivait, sa mère qui avait su la cerner en fin de compte, mieux que personne ne l’avait jamais fait. C’est pourquoi, Rose articula doucement :
- Tu me crois indifférente, mais c’est faux. Je me suis toujours blessée moi-même à travers toi. Je ne suis pas aussi dure que tu le penses.
Hermione demeura muette d’étonnement face à cet aveu. Alors, Rose l’embrassa sur la joue, et avant qu’elle ne puisse réagir, elle articula :
- Je veux rentrer maintenant.
XXX
De retour à Poudlard, Rose fut l’objet d’œillades silencieuses tout au long de la semaine. La rumeur de son escapade du weekend, après qu’un Harry Potter excédé l’ait tirée hors de son cours, s’était répandue comme une traînée de poudre. Sans y prêter attention, Rose s’était laissée sombrer dans le silence.
Un changement s’opérait en elle. Une mutation, provoquée par le bouleversement des évènements, et par les conséquences sombres que lui promettait l’avenir. Pour la première fois, en repensant à sa discussion avec Scorpius à propos de ses projets post-Poudlard, Rose se rendit compte qu’elle n’avait jamais réfléchi à son futur parce qu’elle n’en voulait pas. Toutes les éventualités que la situation actuelle lui offrait, toutes lui faisaient horreur, sans exception, et provoquaient en elle angoisse et larmes. Tant qu’elle était à Poudlard, elle était coupée de tout ceci. Elle n’avait pas à y réfléchir. On prenait soin d’elle, on planifiait sa vie pour elle. Là-dehors, elle se trouverait confrontée à la vie réelle, forcée de faire des choix, et cette seule idée lui donnait des palpitations.
A présent que son père était à l’hôpital, l’angoisse avait décuplé. Il allait perdre la garde, c’était sûr et certain. Avant qu’Hugo et Rose ne soient autorisés à revenir à Poudlard, une assistante sociale avait tenu à les interroger et avait d’ores et déjà lancé la procédure pour confier la garde exclusive à Hermione. Rose n’avait rien dit. Elle avait attendu que le défilé complet des conséquences se déploie lentement devant elle. Un avenir où son père n’aurait plus le droit d’être son père. Où elle viendrait le veiller à l’hôpital en espérant qu’il irait mieux, où elle devrait endurer dans sa chair la victoire de Malefoy et de sa mère.
C’était d’autant plus douloureux qu’au cours de ce weekend, Rose avait pris conscience de voix qu’elle n’avait jusqu’alors jamais entendues en elle. Une voix qui n’éprouvait pas de la haine, mais du respect pour Drago Malefoy. Une voix qui souffrait de l’absence de sa mère, qui l’aimait et qui avait pitié d’elle. Une voix qui prenait conscience de sa propre ténacité, de son aveuglement parfois, de l’extrémisme de ses choix.
Rien n’était plus amer pour elle que de constater qu’elle se battait contre des ennemis qui lui voulaient de bien, et dont les motivations n’étaient pas aussi dénuées de compréhension qu’elle l’avait toujours cru. Leurs priorités étaient simplement différentes des siennes, c’était tout.
Mais c’était l’inquiétude pour son père qui remplissait ses pensées avant toute chose. Elle prenait corps en elle, remplissait son esprit, obturant tout le reste. Pendant les cours, Rose était incapable de se concentrer. Elle ne parlait à personne. Même à Emily, qui ne dissimulait pas son inquiétude, elle avait tu les évènements. Lentement mais sûrement, elle se sentait se refermer sur elle-même, telle une fleur protégeant son cœur trop fragile. Une part d’elle-même avait peur de cette solitude dans laquelle elle était sur le point de replonger. Une autre part au contraire, était soulagée de ce sentiment retrouvé.
Le vendredi soir, Rose succombait tellement sous l’assaut de ces intrigues intriquées qu’elle ne conçut aucune attente à l’idée de retrouver Scorpius. Toute la semaine, elle s’était rendue compte de l’attention soucieuse qu’il lui portait. Il semblait désireux de lui parler, sans vraiment oser, conscient de l’esclandre que cela risquerait de causer. Inconsciemment, Rose lui était reconnaissante de sa délicatesse, et furieuse aussi, car elle aurait aimé qu’il ose. Elle ne questionnait plus ces contradictions en elle. Le fait était qu’elle n’avait pas eu l’occasion d’aborder leur dernier cours désastreux avec Scorpius, et à présent qu’il se tenait devant elle, en haut de la tour d’Astronomie, elle ne trouvait plus les mots. Scorpius ressemblait tellement à son père qu’elle en perdait pied. L’estime qu’elle ressentait pour lui se mêlait soudainement aux évènements du weekend, à son père à lui, son père à elle, à tous ces conflits insolubles, et elle sentait son cœur se briser sous la pression de ces émotions contraires.
Elle regardait la tour d’Astronomie, elle regardait Scorpius, et elle fut soudain bouleversée à l’idée qu’elle ne reverrait plus jamais ces choses comme avant. En l’espace d’une semaine, tout avait changé. Tout était différent.
Scorpius ne la questionna pas un instant. Il s’occupa du télescope et effectua la majorité des relevés cette nuit-là, présent non pas par la parole, mais par ses regards, son attention, la clairvoyance persistante dans ses traits. Contrairement aux autres, Scorpius ne la traitait pas comme un objet de curiosité ni de pitié. Sans doute parce qu’il savait quels conflits secouaient sa famille. Il ignorait tout de l’état de Ron, mais l’intervention d’Harry avait dû le mettre sur la piste. Il regardait à présent Rose avec sollicitude, la considération ferme et sincère d’un ami qui semblait dire : « Je suis là pour toi, mais je ne te forcerai pas ».
Lentement mais sûrement, ce comportement si singulier qui était le sien toucha le cœur engourdi de Rose. Même sans échanger un mot, elle se sentit comprise, plus intimement que par aucun autre. Lorsque Scorpius eut terminé pour eux le travail de la nuit, il s’agenouilla auprès d’elle contre le mur en face du télescope, et il posa cette seule et unique question :
- Tu veux en parler ?
Rose n’hésita pas :
- Non, dit-elle.
Pourtant, tant de complexité dans cette seule réponse. C’était un mensonge. Elle voulait en parler. Elle voulait lui en parler à lui. Parce qu’il avait ces opinions si précieuses, si particulières, si étranges, cette façon différente de voir la vie, ce point de vue à contrepied, qui savait toujours la surprendre, de façon délicieuse. Oui, Rose voulait lui en parler. Elle voulait se confier, déverser sa douleur, ses doutes, profiter des lumières que Scorpius lui inspirait. Mais elle ne pouvait pas lui en parler. Pas à lui. Pas alors que leurs deux pères se trouvaient au cœur de ce conflit, alors que chacune de leurs familles était responsable des blessures de l’autre. Elle ne pouvait pas faire porter à Scorpius la culpabilité de l’état de Ron.
Et dans le même temps, elle savait que ce « non » le blesserait. Qu’il symboliserait pour lui comme un nouveau refus venant d’elle. Alors, parce qu’elle était fatiguée de se battre contre elle-même, de tenir compte de paramètres auxquels elle ne contrôlait rien, Rose décida de se passer de mots. Elle voulait rassurer Scorpius, lui dire que ce « non » n’était pas contre lui. A la faveur de l’instant, elle posa sa tête sur son épaule et se laissa aller.
Pendant un bref instant, il se raidit. Pourtant, pas une seconde elle n’eut peur qu’il la rejette. C’était étrange, comme son cœur était devenu insensible à ces appréhensions futiles. Très vite, Scorpius se détendit et passa un bras derrière son dos pour la soutenir. Ainsi enlacés, ils contemplèrent les étoiles un long moment, silencieux, mais volubiles en esprit. Un fragment de la situation présente parvint à atteindre suffisamment Rose pour qu’elle prenne conscience de la présence physique de Scorpius, si proche d’elle : sa main autour de sa taille, ses cheveux blonds chatouillant son front, la chaleur de son corps. Pour la première fois de sa vie, elle se tenait suffisamment près de lui pour sentir son odeur : pas un parfum quelconque, mais l’odeur de sa peau, fraiche et saline, comme les embruns de l’océan. Elle aimait cette odeur forte, masculine, irrésistiblement attirante. Elle percevait les battements du cœur de Scorpius contre sa poitrine : lent, sourd, posé. Elle sentait son propre cœur s’accorder au sien, en parfaite harmonie.
Alors, Scorpius lui prit la main, et instantanément, elle comprit ce qu’il voulait lui dire. Qu’il avait compris pourquoi elle ne parlait pas. Qu’il savait que ce n’était pas contre lui. Qu’il souffrait d’être celui qu’il était : un Malefoy, l’empêchant de se confier du simple fait de son nom.
Rose garda la main de Scorpius dans la sienne cette nuit-là, stupéfiée par cet échange au-delà des mots, par la faculté qu’ils avaient de se comprendre, naturellement, sans effort.
Dans un monde où son esprit semblait indéchiffrable à tous les autres, Scorpius lisait dans ses pensées à cœur ouvert. Comme un pouvoir télépathique unissant leurs deux cœurs. Un lien indissoluble, invisible à tous, sauf à eux seuls.
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