Petit cadeau pour la Saint Valentin… Je crois que ça tombe à propos ;D
Bonne lecture !
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Le lendemain matin, Rose serra longuement sa petite sœur Alice dans ses bras avant de dire au revoir à sa mère. Elle gratifia ensuite Malefoy d’une poignée de main un brin plus chaleureuse que celles qu’ils avaient déjà échangées, bien qu’elle se sente vaguement gênée par ses aveux de la veille. Malefoy ne lui en tint pas rigueur. Il arborait ce petit sourire indulgent qu’elle aurait pu détester, mais qu’elle comprenait aujourd’hui, tout simplement. Elle se sentait au seuil d’un bonheur parfait et absolu. En plus, Drago et Hermione avaient été ravis d’apprendre la naissance d’Ariane, alors l’ambiance n’était définitivement plus à la guerre.
Entrant dans la cheminée du salon, Rose se dématérialisa dans le bureau de Minerva McGonagall. La directrice ne manifesta en guise de salut qu’un haussement de sourcil :
- Ah, miss Weasley, dit-elle en rajustant ses lunettes. Vous arrivez juste après monsieur Malefoy.
- Nous nous sommes croisés à l’hôpital.
- Vraiment ?
Sans manifester davantage d’intérêt, la directrice enchaîna :
- J’espère que votre entretien a été fructueux.
- Très, en effet. Merci madame.
McGonagall la congédia d’un petit sourire affectueux. Rose avait tout juste le temps de courir enfiler son uniforme avant le début des cours.
Durant les deux premières heures – Histoire de la Magie – Rose raconta à Emily ses décisions vis-à-vis de son père, mais elle ne parla pas de Scorpius. Elle estimait qu’il devrait être le premier à qui elle s’adresserait. Et puis, quelque chose au fond d’elle avait le désir de garder sa résolution secrète, encore un peu. Être la seule à savoir – avec Scorpius d’ici peu – cela lui donnait vaguement le sentiment… d’être seule au monde. De détenir une vérité que tous les autres ignoraient. Une délicieuse vérité.
A midi, Rose crut défaillir lorsqu’Albus vint s’asseoir lourdement à sa table, accompagné de tous les autres Préfets de maison :
- J’ai eu une idée lumineuse, déclara-t-il sans même lui dire bonjour.
Cela ne laissait rien présager de bon. Lorsqu’Albus était si satisfait de lui-même, des ennuis étaient à prévoir.
- Je cherchais quelles festivités organiser avant les vacances de Pâques, enchaîna-t-il, réquisitionnant la tablée entière pour lui et ses sbires. J’ai enfin trouvé. Notre école manque cruellement… de divertissement, tu ne trouves pas ?
- Je ne vois pas où tu veux en venir, répondit Rose en cherchant désespérément le soutien d’Emily.
- Une pièce ! s’exclama Albus.
- Une quoi ?
- Je veux jouer une pièce, et pas n’importe laquelle : Roméo et Juliette, s’il te plait !
Rose eut l’impression d’avoir basculé dans la cinquième dimension :
- Tu plaisantes, j’espère ?
Albus lui retourna un sourire qui aurait presque pu paraître cruel :
- Pas du tout. Il y aura une fête célébrée sur le même thème. Et pour ouvrir la soirée, un casting de notre cru rejouera la pièce. J’en ai déjà parlé à McGonagall, elle est ravie.
- Mais… Mais d’où est-ce que ça sort, cette idée ?
- Fais-moi confiance.
- C’est la dernière chose que je…
Albus l’interrompit en lui volant son verre de jus de citrouille :
- J’ai lancé le projet vendredi soir. J’ai dit aux élèves qu’ils avaient tout le weekend pour postuler. Les rôles sont ouverts à tous à partir de la quatrième année.
- Oui, et bien ce sera sans moi.
- Que tu dis, petite Rose.
Rose se figea :
- Qu’est-ce que je suis censée comprendre ?
Albus lui offrit son air le plus angélique :
- Je me suis dit que ce serait bien d’impliquer toute l’école. Donc, les rôles sont attribués au vote. Et il est possible de voter pour n’importe quel élève, mais ceux qui ne se sont pas proposés spontanément.
Rose haussa les épaules :
- J’ai d’autant moins de chances de participer à ton projet stupide. Toi en revanche, tu peux déjà apprendre tes répliques, Roméo.
Albus secoua la tête :
- Tu sous-estimes ta renommée, chère cousine.
Sur ce, il se leva et l’embrassa sur la joue, l’empêchant de protester.
- Ne me dis pas que tu as proposé mon nom ! s’écria Rose en s’efforçant de le retenir.
- Moi ? Bien sûr que non. Emily en revanche…
Rose se retourna vers son amie, qui lui rendit un vague sourire d’excuse. Elle semblait aussi amusée qu’Albus, et Rose se dit que ces deux-là faisaient définitivement trop bien la paire.
- Evidemment, nous avons aussi proposé le nom de Scorpius, reprit Albus d’un air désinvolte.
Rose se retint de soupirer. C’était donc ça. Albus était décidément prêt à tout et n’importe quoi… Elle n’aimait pas qu’on lui force la main, mais, en l’occurrence, Rose se félicita intérieurement d’avoir un coup d’avance sur Albus dans ses petites manigances :
- Je t’assure que tu fais tous ces efforts pour rien, déclara-t-elle.
Mais Albus ne saisit pas l’allusion et répondit simplement :
- Je te conseille d’aller surveiller le décompte, Rosy. Il est affiché dans le hall, et il s’arrête ce soir. Celui qui obtient le rôle a l’interdiction de refuser.
Sur cet effet de manche, Albus se retira avec toute sa troupe. Furieuse, Rose se tourna vers Emily :
- C’est complètement ridicule, décréta-t-elle. Qu’est-ce qu’il s’imagine ? Qu’il va nous obliger, Scorpius et moi, à rejouer une version moderne des Montaigu et des Capulet ?
- Avoue que c’est drôle, sourit Emily.
- Parle pour toi…
- J’ai aussi mis mon nom, répondit la jeune fille en haussant les épaules.
- Vraiment ?
Emily se fendit de son air carnassier :
- Si Albus devient Roméo, il est hors de question que je laisse qui que ce soit d’autre faire Juliette…
Devant son air sérieux, Rose ne put s’en empêcher : elle éclata de rire. Les fantaisies d’Albus avaient au moins un avantage : elles rendaient le monde autour d’elle plus pétillant, plus léger. Vivre dans l’entourage d’Albus, c’était comme évoluer dans le rêve insensé d’un enfant de six ans sous LSD. Rose se fit sourire elle-même et, terminant son repas, elle abandonna Emily pour vérifier ce fameux décompte dont son cousin avait parlé.
Au beau milieu du hall, sur une longue table, une vingtaine de petites urnes – une pour chaque rôle – étaient alignées. Sur le mur au-dessus d’elles, un parchemin tenait magiquement les comptes des votes pour chaque candidat.
Rose s’arrêta, bien évidemment, devant Roméo et Juliette. Sans surprise, Albus tenait la première place du rôle masculin, avec déjà plus de deux cents voix. Juste derrière, sans surprise également : Scorpius, qui, même s’il n’était pas particulièrement populaire, passait quand même pour le « prince de Gryffondor ». La liste des postulants s’étendait à une quinzaine de noms : grosso modo, les quinze plus beaux élèves des quatre maisons. Un vrai témoignage de superficialité. Rose secoua la tête en songeant qu’Albus venait sans doute de déclencher une guerre des people à Poudlard. En cinquième place, elle fut néanmoins surprise de découvrir son frère, qui n’avait sûrement pas postulé par lui-même. Cela la fit sourire. Avec soixante-dix voix, Hugo jouissait d’une popularité qu’elle n’avait jamais soupçonnée.
Passant ensuite à Juliette, Rose constata avec un rictus amer que Lily tenait bien évidemment la première place : deux-cents-quarante-cinq voix. En revanche, la deuxième et la troisième place manquèrent de la faire s’étouffer. Il s’agissait, encore une fois, d’Albus et Scorpius.
- C’est pas vrai…, laissa-t-elle échapper.
Malgré elle, elle éclata de rire, doutant que son tortueux cousin ait prévu ce cas de figure. L’imagination des élèves n’avait pas de limite… Et qui mieux que les mythiques Potter et Malefoy pour incarner Roméo Montaigu et Juliette Capulet ? Malheureusement, ce raisonnement s’appliquait aussi à Lily Potter…
Rembrunie, Rose chercha son nom dans le bas de la liste, trouva celui d’Emily en cinquième place, et, en quatrième place… Le sien. Quatrième place : Rose Weasley. Cent-soixante-trois voix.
Rose en demeura bouche bée. C’était moins que Lily, assurément, mais… C’était dix fois plus que tout ce qu’elle aurait osé espérer.
Trois élèves de troisième année passèrent soudain devant elle, déposèrent un bulletin dans l’urne de Juliette, puis détalèrent en riant. Rose contempla le parchemin. Trois nouvelles voies venaient de s’afficher à côté de son nom. Elle soupira, incapable d’y croire, inquiète malgré elle.
A présent qu’elle y réfléchissait, le petit projet d’Albus excitait son anxiété. Elle n’avait aucune chance de l’emporter face à Lily, mais en revanche, Scorpius, lui, pouvait gagner le rôle de Roméo… D’autant plus que si Albus arrivait en tête, il refuserait sans doute de donner la réplique à sa sœur, et cèderait sa place à Scorpius.
Rose fronça les sourcils. Elle comprenait mieux la réaction d’Emily à présent. Elle n’avait aucune envie de jouer, mais jamais elle n’accepterait de voir Scorpius jurer amour éternel à sa garce de cousine. Et Lily serait trop heureuse de lui faire cet affront…
Se mordant les lèvres, Rose cherchait déjà un moyen de se sortir de ce piège, lorsqu’elle sentit une présence familière se glisser dans son dos. Elle éprouva un frisson à l’idée d’être si réceptive à sa présence… Elle aurait pu deviner qu’il se tenait derrière elle rien qu’à son odeur.
- Tu as entendu parler du nouveau projet d’Albus, apparemment, déclara Scorpius en se plaçant à côté d’elle, les bras croisés.
- En effet, répondit Rose sans le regarder.
- Il nous prend vraiment pour ses jouets, hein ?
Ils échangèrent un regard, et éclatèrent de rire.
- Qu’est-ce que tu en penses ? demanda Rose tandis qu’elle le dévorait des yeux.
Scorpius haussa les épaules :
- Je mène campagne depuis ce matin. Je me suis montré très clair. Je n’accepterai de jouer qu’à certaines conditions.
- Lesquelles ?
Rose s’inquiétait déjà qu’il ait mentionné son nom, ce qui n’aurait fait que lancer des rumeurs. Mais non, une fois encore, Scorpius avait anticipé ses attentes :
- Je veux qu’Albus souffre autant que moi, sourit-il.
Alors, sous ses yeux médusés, Rose vit deux autres élèves déposer le nom d’Albus dans l’urne « Juliette ». Elle rit une nouvelle fois :
- Je crois que le diable s’est mordu la queue cette fois.
- Ça lui fera les pieds.
Rose sourit.
- Comment vont ta mère et ta sœur ? demanda-t-elle.
- On ne peut mieux, répondit posément Scorpius.
Il avait l’air serein lui aussi, bien qu’encore fatigué.
- Et ton beau-père ?
- Sur un nuage. Je crois qu’il n’a pas encore réalisé.
- Ça viendra bien assez tôt.
- Probablement.
Ils se turent quelques instants, contemplant les urnes qui se remplissaient doucement.
- Tu sais qu’il fait tout ça pour nous, n’est-ce pas ? reprit alors Scorpius.
- Oui. Je lui ai dit qu’il se donnait du mal pour rien, mais il ne m’a pas cru.
Scorpius sourit :
- Ça s’est bien passé avec tes parents ?
Rose acquiesça :
- Mon père va vendre notre maison. J’ai fait la paix avec ma mère. Peut-être même avec ton père…
Scorpius haussa les sourcils :
- Vraiment ?
- Vraiment.
Tous deux demeurèrent ainsi, à se regarder, debout au beau milieu du grand hall, remplis de leur contentement mutuel. Scorpius finit par se détourner, puis suggéra mine de rien :
- Tu me dois une discussion, je crois.
Rose sourit :
- Exact.
- Plus qu’exact.
- Allons dans la tour.
La tour. Lorsqu’ils seraient vieux et ridés, ce lieu demeurerait sans doute encore gravé dans leur mémoire, associé à tout ce qui les avait rapprochés.
Gardant une distance presque respectueuse, Rose et Scorpius s’engouffrèrent dans les escaliers jusqu’en haut de la Tour d’Astronomie. C’était le début de l’après-midi, et pour la première fois, ils saisissaient ce panorama en plein jour. Comme une reconnaissance de ce qu’ils s’apprêtaient à vivre. Comme le nouveau départ d’une nouvelle vision du monde.
Scorpius s’immobilisa face au muret, indécis, un petit sourire aux lèvres, se demandant sans doute s’il devait parler le premier ou non.
- J’écoute, dit-il enfin.
Rose hésita. Elle chercha ce qu’elle voulait dire, ce qu’elle était en train de vivre. Son cœur battait très vite et tout se mélangeait dans son esprit. Elle découvrit que dans ces moments éblouissants qui éclairent notre vie, si rarement, peu d’entre nous trouvent naturellement les bons mots. Au final, peut-être n’y a-t-il pas de bons mots. Rose saisit alors son courage à deux mains, et déclara :
- Je n’ai pas envie de parler finalement.
Puis, sans plus hésiter une seconde, elle s’approcha de Scorpius et l’embrassa, passant ses mains autour de son cou.
Scorpius reçut son baiser sans surprise, sans repli, dans une acceptation totale. C’était comme si, après avoir cherché si longtemps dans les ténèbres, ils se trouvaient enfin, comme s’ils étaient deux êtres respirant l’oxygène qui leur était vital, deux fragments d’un tout qui se réunissaient enfin. Scorpius l’enlaça en retour et la garda dans ses bras, même lorsqu’il recula pour lui demander :
- Qu’est-ce qui t’a fait changer d’avis ?
Il y avait de l’émerveillement dans ses yeux, même si elle l’avait prévenu la veille à l’hôpital. Il n’osait toujours pas y croire. Il avait peur d’être heureux. Peur que tout se brise, peur de toucher au bonheur puis de tout perdre, et quelque chose dans cette angoisse bouleversait Rose. Encore une fois, personne ne l’avait jamais regardée ainsi. Personne ne lui avait jamais donné la sensation d’être à ce point essentielle, nécessaire, de compter plus que le Soleil et l’univers tout entier. Elle l’aima un million de fois plus à cet instant, si c’était possible, et elle se demanda si sa vie ressemblerait à cela désormais : une chute perpétuelle, un amour plus profond, chaque jour, pour cet être dont elle ne se lasserait jamais.
Il y avait un monde dans les yeux de Scorpius. Une infinité. Il l’inspirait, l’enivrait, la comblait, l’amenait à se questionner comme personne d’autre ne l’avait jamais fait, à reconsidérer toutes ses croyances, tous ses choix, jusqu’à la façon dont elle menait sa vie. Il avait cet art de la surprendre, d’élargir son horizon par ses mots, sa vision et son intelligence, de plier le réel à l’angle d’autres points de vue, terres nouvelles, cieux sans limites, et en sa présence, elle se sentait constamment sur le point d’exploser, car il y avait trop de lui : il la remplissait, la grisait, l’étourdissait, mais elle en demandait toujours plus : elle l’aimait, elle l’aimait, elle l’aimait…
A la question qu’il lui avait posée, elle sourit et répondit simplement :
- Toi. C’est toi qui m’as fait changer d’avis. Et tu veux savoir le meilleur ? Tu ne l’as même pas fait exprès.
Elle rit, tandis qu’il la dévisageait, décontenancé :
- C’est toi, Scorpius Malefoy, confirma-t-elle, légère. Que je le veuille ou non, il semblerait que je ne puisse pas me passer de toi.
Il rit à son tour, tremblant légèrement.
- Tu es sûre ? demanda-t-il une dernière fois.
- Pour une fois dans ma vie, oui, j’en suis sûre. Je n’ai jamais été aussi sûre de quoi que ce soit d’autre. Mais…
Il se crispa. Elle le rassura d’une caresse dans ses cheveux fins :
- Je ne veux pas que ça se sache, murmura-t-elle sans dissimuler l’excuse, dans sa voix. Désolée, je sais que ce n’est pas juste envers toi, que ça peut même paraître blessant, mais…
- Non. Non, je comprends.
Cette fois, ce fut au tour de Scorpius de la rassurer : il saisit son visage entre ses mains, dessinant la ligne de ses joues du bout des doigts :
- Je n’ai jamais aspiré à autre chose, avoua-t-il. Du moins, pas tout de suite. Ton père est sur le point de se remettre. Laissons-lui un peu de temps. A ton père, à ta famille, aux gens… Au final, je suis sûr que ça se fera naturellement, petit à petit. Ça paraitra comme une évidence.
Rose sourit. Irrésistiblement, elle fut aspirée par ce regard, ces iris verts très pâles, la proximité qui les unissait. Elle se sentait comme captivée, hypnotisée, toutes les fibres de son attention mobilisées sur une infinité de détails différents : la douceur de ses cheveux, le rose de ses lèvres, son parfum, tous les éléments d’un puzzle qu’elle croyait rêver, mais qu’elle réalisait, enfin.
Scorpius saisit l’intensité de l’instant. Plongeant une dernière fois ses yeux dans les siens, il lui apparut grave tout à coup, intense au point que cela lui fit peur, qu’elle se sentit trembler jusqu’au plus profond d’elle-même, à l’idée que oui : il l’aimait, elle l’aimait, et ce n’était pas qu’un amour d’adolescent. Ce qu’ils vivaient à cet instant ancrait ses racines loin dans les tréfonds de leur cœur, et résonnerait encore longtemps après ce jour. Sans un mot, Scorpius l’embrassa.
Cela n’avait rien à voir avec leur premier baiser, impulsif, dans cette même tour quelques semaines plus tôt. Cela n’avait rien à voir non plus avec le baiser de Rose, timide et réservé. Non, Scorpius l’embrassa pleinement, entièrement, capturant ses lèvres et son âme avec elles, son corps contre le sien, ses mains sur son visage, et Rose se sentit mourir sous la brûlure de ce baiser. Scorpius donna tout de lui, et lui déroba tout d’elle : il l’embrassa comme si elle était la dernière source d’air sur cette Terre, comme s’ils allaient mourir demain, comme si leur vie en dépendait. Il y avait de la passion dans ce baiser, un amour éblouissant et fort, surpuissant, maintenu sous des chaînes pendant des années, et qui à présent se déversait avec toute l’intensité de l’âme qui l’avait forgé.
Submergée, essoufflée et rouge de la tête aux pieds, Rose n’osait affronter les pensées que son esprit lui imposait. Elle reprit son souffle, déboussolée, hébétée, mais plus vivante que jamais. En face d’elle, Scorpius sourit, peut-être rattrapé par son élan lui aussi.
- Eh bien…, murmura Rose, taquine. Mais où est passé le gentleman si bien élevé ?
Scorpius repoussa ses cheveux en arrière et chassa toute nuance d’excuse de son visage : à la place, elle n’y vit qu’un épanouissement total, doublé d’une férocité pure :
- J’en ai marre d’être bien élevé, déclara-t-il, joueur.
Alors, il l’embrassa de plus belle, et cette fois, Rose lui rendit son baiser, son avidité, sa passion : amoureuse de lui jusqu’au creux de ses os, d’un amour à faire pâlir les dieux.
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