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Par tokyofrance
Eragon  -  Romance/Action/Aventure  -  fr
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    Chapitre 11     Les chapitres     7 Reviews     Illustration    
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Comme un père pour moi

 Jéna et Eragon chevauchaient de front, échangeant de temps à autres des regards qui se voulaient réconfortant. Le dragonnier était trop épuisé pour parler, pourtant des questions brûlaient ses lèvres, qui était réellement ce Murtagh, pourquoi traquait-il les Ra’zacs, d‘où venait-il, quels étaient ses objectifs? Il voulait également connaître l’avis de la jeune fille. En l’absence de Brom, et de Saphira il ne pouvait compter que sur elle. Il sourit un peu. Compter sur elle… comme sa vision des choses avait changé en quelques heures! Elle ne pouvait lui vouloir du mal, pas après avoir risqué sa vie pour l’aider. Désormais il le reconnaissait. Il avait confiance en elle. Sans s’en apercevoir, il s’était habitué à l’avoir à ses côtés, à suivre les conseils qu’elle lui donnait sur la magie ou le maniement de l’épée. Elle semblait anticiper tous ses gestes et ceux de Brom, et devait être une excellente épéiste, dommage qu’elle ne pût s’entraîner avec lui. Parfois son regard paraissait ailleurs, perdu, une douce mélancolie affectait son visage, et elle ne bougeait plus, on aurait dit une belle statue de marbre blanc.

Il se tourna vers elle, ses épaules étaient affaissées par l’épuisement et l’inquiétude. Il étendit son esprit vers le sien, pénétrant une seconde fois dans son univers: une fine bruine tombait, rendant morne la nature déjà éternellement plongée dans l’obscurité. Elle pivota vers lui, croisant son regard, il inclina légèrement la tête. 

« Eragon?

Il entendit clairement sa voix, de la même façon qu’il pouvait entendre celle de Saphira.

« Oui. Est-ce que ça va ?

« Je m’inquiète pour Brom.

« Il est en sécurité pour l’instant. Nous le rejoindrons bientôt…. Peut-on faire confiance à Murtagh? Je lui ai permis de rester avec nous, mais je ne suis pas certain que ce soit une bonne idée.

« Brom le saurait… Je pense qu’il n’y a rien à craindre de lui. Il nous a tous sauvé. Et puis, je ne sais pas pourquoi, mais j’ai le sentiment qu’il ne nous fera aucun mal…

« J’espère…

 

L’aube approchait. Au pied d’un imposant promontoire de gré, Saphira les attendait.

- Il y a une grotte là-haut où nous serons à l’abri, les informa Eragon.

Les trois jeunes gens mirent pied à terre et commencèrent l’ascension de la colline via un chemin tracé par la dragonne. Ils durent tirer et pousser les chevaux dont les sabots glissaient sur la roche lisse. Jéna progressait avec lenteur, maudissant sa jambe et les difficultés qu’elle entrainait. Ils mirent une heure à atteindre l’entrée de la caverne. Elle était assez profonde, obscure, mais son entrée, étroite, les protégerait des intempéries et des regards indiscrets.

Jéna conduisit Puceron près des autres chevaux, se tenant à l’encolure de la bête d’une main afin de minimiser le contact de son pied avec le sol. Elle défit ses affaires de la scelle, les jeta un peu plus loin et se dirigea en boitant sérieusement vers le Conteur.

Saphira avait déposé la civière au fond de la caverne, sur un rebord de pierre. Eragon s’était lui aussi approché du vieil homme, et lui tenait la main.

- Je crains qu’il ne se porte pas mieux, marmonna-t-il.

Jéna contempla le visage émacié de Brom avec tristesse.

Ils restèrent tous les deux, là.

Puis, elle prit la main d’Eragon dans la sienne:

- Viens, dit-elle, laissons-le se reposer.

Le jeune homme soupira et le suivit près du feu que Murtagh avait allumé. Ils s’assirent, la mine sombre, mangèrent un peu, et tentèrent, en vain, de faire boire le vieil homme. Exténués, ils préparèrent leurs couches pour dormir.

Jéna regardait le feu crépiter, éclairant de ses flammes la sombre caverne dans laquelle ils s’étaient réfugiés. Dehors, le soleil ne brillait pas encore, mais de toute façon, l’entrée de la grotte était trop étroite pour que les rayons du jour n’éclairassent assez l’intérieur. Jéna tenta d’oublier la douleur qui étreignait son âme, cette douleur qui était bien plus puissante que celle qui handicapait sa jambe. Elle ne voulait pas perdre Brom. Pas lui. Pas maintenant. Cette pensée hantant son esprit lui donnait le vertige, compactait sa tête sans qu’elle put y remédier. Des larmes brûlantes coulèrent de ses yeux clos. La fatigue la submergea…

 

Un rugissement effroyable résonna dans la grotte. Jéna se réveilla en sursaut, ainsi que Murtagh et Eragon. Ce dernier se leva en vitesse et courut jusqu’à Saphira qui était penchée sur Brom. Le conteur était parcouru de spasmes violents.

- Aide-moi, cria-t-il à Murtagh. Il va se faire mal!

Ensemble ils immobilisèrent Brom, ne pouvant qu’attendre que cessent ses convulsions. Ensuite ils le remirent sur le brancard duquel il avait roulé.

Jéna s’agenouilla auprès du souffrant et posa une main sur son front, il était brûlant. A l’aide de linge mouillé, Eragon et elle humectèrent son visage.

- Ne peux-tu rien faire? Demanda Eragon.

Jéna ne répondit pas immédiatement. Elle regardait Brom, se demandait si elle avait la force, le courage de le soigner, de le guérir. Elle expira lentement, la question ne devait même pas se poser.

Alors, elle souleva la chemise abîmée du vieillard, et y appliqua ses deux paumes. Le plus calmement possible, elle articula des mots, qui se transformèrent en phrases. Instantanément, elle sentit sa force vital la quitter pour tenter d’éradiquer le mal vicieux qui rongeait le corps de Brom. Tout d’abord une violente fatigue l‘envahit. Puis, ses mains furent saisies de tremblements. Son cœur s’accéléra. Sa vue se brouilla. Des gouttes de sueur froide inondaient son dos. Elle n’osait plus respirer. Elle se sentait partir. Elle n’avait presque plus d’énergie… Soudain, un bras se plaqua contre son buste et la projeta vers l’arrière, une main derrière sa nuque l’empêcha de se cogner la tête contre le sol. Elle inspira brusquement une grande goulée d’air; de fortes pulsations martelaient ses tempes.

- Mais qu’est-ce que tu fais ?! S’exclama Eragon, elle avait bientôt fini !!

La tête lui tournait, elle ne savait plus trop exactement où elle était, ce qu’elle faisait…

- Si elle avait continué, elle en serait morte! S’écria une autre voix.

La vue lui revint. Murtagh la tenait dans ses bras, il était furieux, autant qu’Eragon qui s’était relevé et les regardait de haut.

Murtagh la fixa de ses yeux bleus:

- Est-ce que ça va ?

- Il, il faut que je continue…

Jéna se redressa repoussant Murtagh, et plaça de nouveau ses mains sur le ventre de Brom. Des sanglots montaient de sa gorge, mais elle les refoula avec toute la détermination qui lui restait. Car elle avait peur. C’était la même terreur que celle de ses rêves, la terreur de la mort.

Murtagh empoigna son épaule:

- Ne fais pas ça.

Elle ferma les yeux, ignorant les suppliques du jeune homme.

Elle inspira lentement.

Elle allait faire appel à la magie, à la force résidant en elle, quand une main froide et rugueuse couvrit les siennes, elle rouvrit les paupières, surprise.

- Arrête Jéna, souffla Brom, il est trop tard.

- Non, ne dis pas ça…

Ses yeux s’embuèrent alors que le vieil homme posait sur elle son regard perçant et sage.

- Tu ne peux rien faire…

Un faible sourire éclaira son visage blême, puis dégageant avec douceur ses mains, lui signifia qu’il voulait qu’elle le laissât seul. Murtagh éloigna la jeune fille du mourant, son corps tremblait légèrement, et ses épaules se soulevaient au rythme des sanglots qui l’étouffaient.

- Laisse-moi, lâcha-t-elle.

Elle s’extirpa du bras de Murtagh et se retint contre la paroi rocailleuse. Le jeune homme la contempla, surpris et vexé d’un tel comportement, il voulait simplement la soutenir, physiquement, et moralement. Jéna s’en rendit compte, et n’osa pas croiser son regard; se prenant la tête entre les mains, elle se laissa glisser jusqu’au sol.

- Excuse-moi, dit-elle, excuse-moi je…

Elle ne put terminer sa phrase, des pensées diverses se bousculaient dans son esprit, une peur grandissante refermait son étau sur elle.

Il ne répondit rien. Il aurait voulu faire quelque chose, mais une barrière invisible l’en empêchait.

Elle ne voyait que ses jambes devant elle. Durant plusieurs secondes elles ne bougèrent pas, puis, elle s’éloignèrent sans un bruit.

 

Eragon s’approcha du conteur.

- Pourquoi refusez-vous qu’elle vous soigne? S’indigna-t-il.

Le vieil homme soupira.

- Préfères-tu qu’elle meure et que je survive?

- Mais…

- Chasse cette colère de ton cœur Eragon, je suis vieux, il est temps pour moi de donner ma place aux jeunes tels que toi. J’ai vécu bien plus longtemps que tu ne peux l’imaginer, bien plus longtemps que beaucoup d’autres hommes. Il faut que tu saches Eragon…

 

 

De longues minutes s’écoulèrent. Les larmes coulaient sur ses joues enflammées par le chagrin. Elle renifla.

- Jéna.

Elle releva la tête. Eragon l’appelait.

Elle se leva, grimaçant de douleur quand elle appuya sa jambe par terre. Elle boita jusqu’à lui.

- Il veut te parler, murmura-t-il.

Une expression indéfinissable couvrait son visage affligé.

Jéna lui toucha le bras quand elle passa à côté de lui. Puis, elle s’assit auprès de Brom.

Immédiatement elle se remit à pleurer, des larmes brûlantes s’échappaient de ses yeux sans qu’elle put les contrôler.

- Pourquoi ne m’avez-vous pas laissée continuer! Sanglota-t-elle.

- Tu me vouvoies maintenant? Ironisa le vieil homme d‘une voix faible. Allons, arrête de pleurer, la mort est le but ultime de notre vie, il faut savoir la surmonter.

- Vous, tu dis ça comme si ce n’était qu’un évènement sans conséquences.

- Tu es jeune, il te reste encore de belles choses à vivre, tu ne dois pas perdre ta joie ni sacrifier ton bonheur en pensant à ma mort.

- Ce n’est pas facile.

- Non, mais les amis sont là pour ça… Ne fais pas la même erreur que moi, ne te laisse pas abattre par des remords et des souvenirs…

- Ne partez pas, ne me laissez pas seule, vous êtes tout ce qui me reste, vous…

Sa voix se brisa, elle appuya sa tête contre l’épaule de Brom. D’une main tremblante, il lui caressa les cheveux.

- Jéna, souffla-t-il à son oreille. Ecoute-moi, il ne me reste plus beaucoup de temps maintenant, je veux que tu saches que tu es quelqu’un de très spécial. Que tu as un rôle dans la quête d’Eragon. Que tu dois faire les bons choix, tu dois trouver l’équilibre entre le cœur et la raison, ne pas faire comme moi… Tu n’a pas à t’inquiéter, tu n’es plus seule… Il faut que je te dise que ton passé n’est pas si loin de toi. Je souhaitais t’y emmener. T’emmener là où tout aurait ressurgi. Tu n’es pas seule Jéna… tu n’es pas seule Jé…

Le souffle se perdit. La jeune fille releva brusquement la tête, les yeux de Brom s’était fermé, il respirait encore, mais si faiblement…

- Eragon, hurla-t-elle paniquée.

Le dragonnier accourut. Jéna se redressa, s’éloignant des deux hommes.

 

Toute la journée, elle pleura en silence, tournant de temps à autre la tête vers là où gisait Brom. Eragon le veillait, dans le même état qu’elle.

Au crépuscule, Eragon cria à Murtagh de venir l’aider.

Le cœur de Jéna se mit à battre frénétiquement, refoulant la douleur, elle se précipita au fond de la caverne…

elle ne put qu’assister au dernier souffle de son ami, de son père.

Eragon ferma les yeux du conteur, les doigts tremblants, Saphira poussa une plainte déchirante qui se répercuta longtemps sur les parois de pierre.

Alors, ils décidèrent de l’enterrer, dignement.

Murtagh emporta le corps de Brom en sommet de la colline, Eragon, Jéna et Saphira le suivaient, formant une procession.

Le dragonnier creusa la roche à l’aide de la magie, formant un tombeau de gré où ils déposèrent Brom ainsi que son bâton et son épée. Eragon scella le caveau, et grava en dernier hommage:

Ci-gît Brom

Dragonnier

Qui fut comme un père

pour moi

Que son nom soit toujours glorifié!

 

Il tomba à genoux, consumant son chagrin.

Jéna s’avança, des traces de larmes essuyées sur les joues.

- Eragon, je, je suis désolée, arriva-t-elle à articuler.

- Tu ne devrais pas l’être, répliqua-t-il en se tourna face à elle. Si tu l’avais soigné il ne serait pas mort!

Il vit son visage se décomposer. Des perles scintillantes déborder de ses yeux aux paillettes flamboyantes. Ses narines se dilater.

Mais elle ne dit rien.

Elle s’éloigna.

La culpabilité la rongeait. Eragon avait raison, c’était de sa faute si Brom était mort.

Elle descendait le chemin escarpé qu’ils avaient emprunté à l’aller.

Aurait-elle du poursuivre? Donner ses dernières forces pour cet homme qu’elle aimait tant? Elle aurait du. Elle aurait du.

Des larmes de désespoir, de chagrin, de culpabilité, de colère contre elle-même inondèrent son visage. Leur goût salé s’insinua entre ses lèvres qui aspiraient l’air par à-coups.

Elle dévala la pente raide avec rage. A chaque pas une violente secousse traversait sa jambe, comme si on lui plantait une longue aiguille du talon au genou.

Soudain, son pied fit une embardée sur le côté, et elle dérapa, s’écorchant sur les roches saillantes et les buissons épineux; elle tomba lourdement sur une plate forme terreuse, et pleura.

Pleura comme une enfant.

Se vidant de sa tristesse. De sa colère. De sa douleur.

Quelqu’un la prit dans ses bras, elle se laissa aller contre sa poitrine. Mouillant ses vêtements de ses larmes. Combien en avait-elle versé aujourd’hui? D’où les sortait-elle?

Elle sentit ces bras la serrés. Ce visage contre ses cheveux.

Elle pleura.

Après plusieurs minutes, le puits de ses pleurs se tarit. Sa gorge était nouée. Des sanglots montaient encore, mais ils restaient coincés.

Elle relâcha la chemise qu’elle avait agrippée et regarda son propriétaire.

C’était Murtagh.

Il la releva, et sans un mot l’aida à redescendre dans la grotte.

Son esprit était vide.

Il n’y avait rien.

Aucune émotion.

Aucune pensée.

Elle ne regarda pas Eragon quand il rentra le soir. Elle ne pouvait pas supporter de le faire.

 

 
 
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