Ce troisième chapitre est plus un chapitre de transition pour la suite =)
Bonne lecture !! =)
L’hiver continuait, toujours aussi froid, toujours aussi long, ponctué de temps à autre de flocons blancs et cotonneux tombés du ciel.
Environ un mois après sa dernière visite, Jéna se rendit chez Brom, pour lui donner un peu de son énergie.
Alors qu’elle arrivait bientôt à la porte, celle-ci s’ouvrit, laissant place à Brom et à Eragon…
- … Adieu, prends garde à toi. Et si le nom du marchand qui racontait des histoires de dragon te revient, signale-le-moi à l’occasion…disait le vieil homme.
- Entendu…et merci, lança le garçon, et il partit.
En passant à côté de Jéna, leurs regards se croisèrent brièvement. La jeune fille perçut comme un bouleversement sur le visage d’Eragon, mais elle ne pouvait en expliquer la raison. Elle se retourna pour le voir se diriger vers la forge, l’air perplexe, Brom approcha d’elle.
- Que voulait-il ? Demanda-t-elle.
- …
- Brom ?
Elle se retourna vers le conteur. Ses yeux fixaient l’endroit où le jeune garçon était allé. Il paraissait vieux, plus que jamais, comme si des montagnes de souvenirs l’accablaient soudain. Il soupira. Néanmoins, de fines rides de joie se dessinèrent au coin de ses yeux.
- Il voulait en savoir plus sur les dragons… j’aime bien ce garçon, il a toujours des tas de questions à poser…
- Et toi, tu aimes bien y répondre, termina Jéna.
- Oui, c’est vrai… aller, viens, rentrons.
Jéna ne se posa aucune question sur la visite d’Eragon, elle savait qu’il venait voir Brom de temps en temps, et appréciait d’en savoir plus sur le passé d’Alagaësia.
Une fois à l’intérieur, Brom transposa l’énergie du pendentif dans son anneau. Il répéta ainsi l’opération chaque semaine durant les deux mois qui suivirent, satisfait de ne plus à l’avoir le faire seul. Bientôt peut-être, pourrait-il enseigner d’autres choses à Jéna, ses pouvoirs, immenses, ne demandaient qu’à se réveiller. Si seulement elle retrouvait la mémoire, se disait-il. Parfois, il hésitait, mais… il fallait qu’elle y arrive seule !
***
Un soir qu’elle se promenait au village, Jéna remarqua deux hommes qu’elle n’avait jamais vus. Ils étaient vêtus de noir, une épée pendait à leur ceinture, et leur visage était caché sous un capuchon. Une aura malsaine planait autour d’eux.
Ils étaient en train de parler à un villageois, qui de toute évidence aurait préféré être ailleurs à ce moment-là. Curieuse, Jéna se faufila entre deux maisons pour épier leur conversation.
- … Avez-vous vu une étrange pierre par isssssssi, résssssemment, siffla un des étrangers, une pierre, bleue…
- euh… non, pourquoi ? dit le villageois, le ton de sa voix trahissant son malaise.
- Ssssssi vous en entendez parler, venez nous voir, ssssss’est important.
- Oui, oui, d’accord…
Sans demander son reste, le villageois recula d’un pas ou deux, et partit d’un pas rapide et nerveux le plus loin possible des deux étrangers. Ces derniers émirent une série de cliquetis saccadés avant de s’éloigner d’une démarche souple et silencieuse.
Une étrange pierre, bleue…
Ce pouvait-il que ce soit … ?
Une sueur froide coulait dans le cou de Jéna. Elle avait déjà vu pareil pierre auparavant.
Non ! pensa-t-elle, l’œuf était en sécurité, ces hommes cherchaient certainement autre chose.
Elle essayait de se persuader qu’elle avait raison, même si tout son corps et toute son âme lui disait le contraire. Elle rentra chez elle, en proie au doute.
Cette nuit-là, l’image de l’œuf bleu hanta ses rêves. Bizarrement, il était accompagné de rires. De chants. De senteurs sucrées. Et douces. D’impression de légèreté. De bien-être. De caresse chaude… Puis, d’obscurité ! D’une voix criant ! Suppliant presque ! De la peur ! De battements précipités …
Jéna se réveilla en sursaut, le cœur battant la chamade, la sueur perlant à son front. Toujours le même cauchemar…
Quelques heures plus tard, elle partit chez Brom, comme toutes les semaines, mais aussi pour lui parler de ses inquiétudes.
Elle le rencontra dans le village, il retournait chez lui, sifflotant un air joyeux. Quand il la vit, un magnifique sourire illumina son visage patiné par l’âge, un sourire tel que Jéna n’en avait jamais vu.
- Bonjour Jéna ! alors comment vas-tu ?
- Euh, bien merci.
- Viens, il faut que je te dise quelque chose d’important.
Il la prit par le bras et l’emmena dans la maison. Il prépara du thé, l’air radieux et ce ne fut que lorsqu’il eut fini de le servir qu’il annonça :
- L’œuf a éclos.
- Qu…quoi ? Jéna était abasourdie. Tu es sur ? comment le sais-tu ?
- Absolument sur et certain, déclara Brom ravi. J’ai vu la marque, la gedwëy ignasia.
- Ici ? à Carvahall, mais sur qui ?
- Tu ne devine pas ? pourtant les indices étaient nombreux…
- Euh, non, je ne vois pas.
- Quand tu es venue il y a deux mois…
Jéna réfléchit un instant, elle aurait préféré que Brom le lui dise directement, mais il voulait la tester sans aucun doute… il y a deux mois, elle était venue, mais elle était venue presque une dizaine de fois depuis, ils étaient seuls tout le temps, mais cette fois-là… « Il voulait en savoir plus sur les dragons… j’aime bien ce garçon, il a toujours des tas de questions à poser… »
- Eragon ?! s’écria Jéna, incrédule.
Le visage du conteur devint encore plus lumineux à la mention de ce nom.
- Mais, comment ? Ce n’est pas possible voyons, l’œuf n’est jamais venu ici ?
- Je crois qu’il y a eu un incident, qu’on a essayé de protéger l’œuf en me l’envoyant à Carvahall, ou du moins dans les alentours… Eragon va souvent chasser sur la Crête, il a du le trouver là-bas.
Jéna n’en revenait pas. Après tant d’années ! Soudain, elle repensa aux deux étrangers, leur présence ici s’expliquait à présent.
- Il y a deux étrangers à Carvahall, je les ai vu hier soir, ils cherchent l’œuf.
Le regard de Brom s’assombrit.
- Je les ai vus aussi. C’est dangereux, s’ils apprennent que l’œuf a éclos, Eragon risque des ennuis.
- Que veux-tu faire ?
- Cette nuit j’irai voir ce qu’ils ont appris, quitte à les affronter s’il le faut !
Un éclair brilla dans les yeux du vieil homme, une flamme de détermination.
- Alors j’irai avec toi, déclara Jéna.
- Non, il n’en est pas question ! C’est bien trop dangereux !
- Mais je sais me défendre, répliqua-t-elle.
- A deux nous nous ferions repérer trop facilement. J’irai seul.
- Mais…
- Ce n’est pas discutable, trancha-t-il fermement. Puis il continua d’une voix plus douce, je te remercie de te soucier de moi, et d’Eragon. Je sais que tu veux te rendre utile, mais pour le moment, je te demande de rester là. Ce soir je me rendrai près de leur campement.
Son ton était sans équivoque. Un peu frustrée, Jéna n’essaya plus de le faire changer d’avis.
- Tiens, dit-elle.
Elle sortit son pendentif et le donna à Brom.
Le reste de la journée Jéna le passa chez le conteur, ils discutèrent longuement sur le nouveau dragonnier, le nouvel espoir de libérer Alagaësia de son tyran.
La jeune fille était toujours éberluée que se fusse Eragon le nouveau dragonnier. Elle se demandait ce qu’il avait eu de plus que tous les autres.
« Personne ne sait, comment ni pourquoi un dragon choisit d’éclore pour une personne en particulier et non une autre. C’est d’ailleurs un des nombreux mystères qui les entourent… » lui avait dit Brom.
Enfin ils parlèrent des deux étrangers, ils étaient sûrement venus sous l’ordre du roi, mais comment avait-ils su où chercher était encore une interrogation sans réponse…
Le soir arriva.
Deux heures avant minuit, Brom partit, laissant Jéna seule, et inquiète.
Il reviendrait bientôt.
Elle l’espérait. |