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Par tokyofrance
Eragon  -  Romance/Action/Aventure  -  fr
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« Pauvre Capitaine »

Jéanna attendit la nuit pour partir ; avant de monter à cheval, Murtagh posa une main sur son épaule et lui murmura à l’oreille :

-          Tu sais que ce que je t’ai demandé ne me plait pas. Je le regrette maintenant. Tu peux encore changer d’avis. Je peux venir avec toi…

-          Ne t’en fais pas, je ne t’en veux pas, ce n’est pas une si mauvaise idée, et puis, je sais me faire respecter. Je me débrouillerai.

Elle sauta en selle et après un dernier salut partit en trottant en direction de Gil’ead. Elle laissa Puceron dans un bosquet aux abords de la ville et continua son chemin à pied. Il y avait encore du monde qui passait les grandes portes ne fermant pas la nuit, aussi put-elle se fondre facilement dans la foule. Les maisons étaient toutes identiques, et ce n’était pas une ville que Jéanna aurait qualifiée de charmante.

Elle trouva aisément l’auberge du Lys d’Or, encore un nom en « or », se dit-elle ; l’enseigne était propre et l’établissement semblait vivant et chaleureux. Plusieurs soldats y pénétrèrent, ils portaient tous une tunique rouge vif ornée de l’emblème de l’Empire, elle entra à leur suite.

La salle principale était spacieuse et assez bien éclairée par des lustres en fer forgé et des bougies posées sur la soixantaine de table éparpillée en un apparent désordre. Chacune d’entre elle comptait environ cinq chaises, ce qui faisait de l’établissement une grande auberge. Il y avait des hommes de tout âge, voyageurs pour ceux portant une capuche et mangeant leur bol de soupe, habitués pour les buveurs de bière, mais les plus bruyants étaient sans nul doute les soldats facilement reconnaissables par leur tenue, qui étaient rassemblés en petits groupes dispersés de ci de là. Jéanna s’arrêta au comptoir et contempla l’endroit, cherchant la personne qui en saurait le plus. Malheureusement, tous les gardes présents ne semblaient être que des fantassins braillards et sans éducation. Ils pouvaient certainement lui dire ce qu’elle voulait, mais elle préférait parler à quelqu’un de plus courtois et amical, même s’il faisait partie de l’Empire.

-          Que me vaut le plaisir de voir une si jeune et jolie personne ici, Mamselle ? L’interpella-t-on.

Jéanna se retourna, l’aubergiste se tenait derrière elle, un torchon propre dans les mains.

-          Vous ne devriez pas traîner ici, ce n’est pas un endroit pour une jeune fille, dit-il aimablement.

C’était un homme assez corpulent, vraisemblablement amateur de bons vins et de repas copieux, ses cheveux étaient quasi inexistants et ses yeux pétillaient, l’exemple même d’un aubergiste tel qu’on se le conçoit.

-          Donnez-moi ce que vous avez de meilleur s’il vous plait, dit Jéanna sans se soucier de l’avertissement.

Le patron haussa les épaules en souriant et lui servit une bière mousseuse qui était délicieuse. Elle s’accouda au comptoir et attendit, écoutant les conversations à porté d’oreilles.

-          Ah ! Capitaine ! Sergent ! S’exclama soudain l’aubergiste. Heureux de vous voir ce soir, que prendrez-vous ?

Jéanna tourna la tête. Deux officiers venaient de paraître à l’entrée. Ils portaient tous deux une tenue plus élégante que les simples soldats, et l’un d’eux avait plus d’insignes, ce devait être le capitaine. C’était un bel homme, très jeune pour avoir un tel poste, il ne devait pas avoir vingt ans, il faisait bien une tête de plus que Jéanna, mais, se dit-elle, ce n’était pas difficile d’être grand à ses côtés. Ses cheveux châtains clairs étaient retenus par un ruban noir brodé de fils dorés et rouges.

-          Comme d’habitude Gerel ! Répondit-il.

-          Bien Messires.

Les deux hommes s’accoudèrent également au comptoir et se mirent à discuter en attendant d’être servis.

-          N’empêche, dit le sergent, qui crois-tu que ce soit pour que le roi lui-même désir sa capture ?

-          Je ne sais pas. Ce n’est qu’un gamin en plus. Même s’il a l’air costaud, il ne doit pas être bien dangereux.

-          Il paraît qu’il est magicien, c’est pour ça que Durza a exigé qu’on le drogue.

-          En parlant de Durza, ce personnage ne m’inspire vraiment rien de bon. Il transporte avec lui une aura malsaine, vivement qu’il s’en aille.

-          Ils doivent la transporter dans quelques jours à Urû’Baen. Il partira certainement avec elle.

-          J’espère que tu as raison. Merci Gerel.

Ils arrêtèrent de parler pour boire, Jéanna avait suivit leur court échange avec intérêt, le « gamin » était Eragon, elle n’en doutait pas, mais qui était ce Durza, et cette « elle » ?

-          Je n’aime pas ce que tu m’as dit à propos des Urgals, c’était le capitaine cette fois. Pourquoi doit-on collaborer avec eux ? Ce ne sont que des monstres barbares et infectes. Ils mériteraient plutôt d’être exterminés.

-          Le roi doit leur donner la basse besogne à faire, réjouissons-en-nous.

-          Hmm... Tiens, regarde.

Du coin de l’œil, Jéanna vit que le capitaine la pointait du doigt. Puis, il chuchota quelque chose à l’oreille de son second qui souffla un rire amusé et complice avec, Jéanna n’en doutait pas, un sous-entendu licencieux. Le capitaine s’approcha d’elle tandis que le sergent rejoignait un groupe de soldats plus loin.

-          Que fait donc une si jolie créature dans un endroit tel que celui-ci ?

Encore cette question. Elle releva la tête, une soudaine bouffée d’angoisse fit accélérer son cœur, elle devait tenter sa chance dès maintenant.

-          Capitaine je crois ? Dit-elle en en souriant.

-          C’est exacte Mademoiselle, Capitaine Kagan, pour vous servir.

Il s’inclina courtoisement devant elle. Il semblait intelligent, et il en savait beaucoup, ce ne serait pas facile de lui faire dire ce qu’elle désirait.

-          Puis-je savoir pourquoi une si belle jeune femme fréquente un lieu si sordide ? Répéta-t-il.

-          Je suis en voyage, et ai décidé de faire une halte pour me reposer avant de reprendre la route.

Ce qu’elle disait, extérieurement ne semblait pas faux, en effet Jéanna portait une veste usée, adaptée pour les longs voyages, et un sac était posé à ses pieds. Elle n’avait cependant pas jugé utile de prendre son épée, elle était trop exotique et risquait d’attirer l’attention, elle avait alors opté pour les dagues, une, visible à la ceinture, et d’autres, mieux dissimulées. Elle s’était également coiffée de sorte qu’on comprenne qu’elle voyageait, ses cheveux étaient retenus en une longue tresse haute et légèrement ébouriffée.

-          Et vous ? Continua-t-elle avant que le capitaine ne pose d’autres questions.

-          Je viens me détendre ici après le service, la boisson n’est pas mauvaise et les serveuses très jolies, quoique vous n’ayez absolument rien à leur envier, conclut-il avec franchise.

Jéanna rougit, involontairement. Elle trouvait qu’il en faisait trop, mais la façon sincère dont il lui avait parlée la troublait. Au moins, se disait-elle, si elle paraissait conquise il ne la soupçonnerait pas.

-          Ces soldats sont sous vos ordres ? Elle désigna les différents groupes de tuniques rouges.

-          Une majorité. Je suis en charge de la garde de la citadelle.

-          Mais comment ce fait-il qu’un homme aussi jeune ait de telles responsabilités ? Vous devez être très doué, dit-elle une pointe d’admiration dans la voix.

Le capitaine tiqua, elle en avait fait beaucoup elle aussi, et le regrettait déjà, s’il suspectait quelque chose, elle pouvait dire adieux à sa meilleure tactique. Néanmoins, il lui répondit poliment.

-          Je tiens ce poste en partie de ma famille, depuis longtemps elle sert notre roi dans cette cité.

-          Vous aviez l’air tendu tout à l’heure, dit-elle en regardant dans le vide. Je suis désolée, j’ai un peu entendu votre conversation.

Son aveu était risqué, mais mieux valait qu’elle soit sincère et qu’il éprouve de la compassion pour elle. De plus, en changeant de sujet, le jeune homme oublierait rapidement son excès d’admiration.

-          … Nous avons un peu plus de travail depuis ce matin, mais tout ira mieux d’ici quelques jours. Je vous remercie de vous inquiéter, vous n’étiez pas obligée, généralement les citoyens ne s’intéressent pas aux problèmes des militaires.

-          Mes parents étaient dans l’armée…

-          Ah oui ?

-          Oui, elle baissa la voix, ils ont été tués il y a quelques années.

-          Je suis désolé.

-          Ne le soyez pas, dit-elle en le regardant droit dans les yeux, c’est moi qui devrais m’excuser, je vous gâche votre soirée à vous parler de malheur.

-          Mais pas du tout, je passe un bon moment en votre compagnie, euh…

-          Jaenn.

-          Jaenn. C’est un ravissant prénom.

-          Merci ! Puis-je vous appeler Kagan alors ? Capitaine ?

-          Bien entendu. Gerel ! Héla-t-il à l’intention de l’aubergiste. Offrez à boire à Mademoiselle, et mettez sa note sur la mienne je vous pris.

-          Oui, Capitaine.

Jéanna aperçut le regard noir que le patron darda sur Kagan, il ne devait pas souvent payer ses dettes.

-          Dites-moi, comment est-ce dans la citadelle, il y a-t-il des magiciens ici ? Même si mes parents étaient militaires, j’ai été élevée loin des villes, à la campagne et là-bas on voit rarement des murs de cette taille et encore moins des soldats ainsi armés ou de personnes sachant utiliser la magie.

Elle avait pris une posture décontractée, la plus naturelle possible.

-          Et bien, réfléchit-il, oui il y a quelques magiciens, mais très peu, et ils se montrent rarement. Je n’en suis pas un moi-même, et je ne crois pas qu’ils fassent quoique ce soit pour protéger les soldats de la ville, comme ils devraient le faire si nous étions assiégés.

Au moins, il n’était pas protégé par de la magie. Jéanna décida donc de tenter de pénétrer dans son esprit, même si elle n’aimait pas entrer dans l’intimité des gens, surtout lorsqu’ils étaient si prévenant à son égard. Elle ne rencontra aucune barrière et se retrouva dans les pensées du capitaine. D’après ce qu’elle put en voir, c’était un homme honnête, fils d’une grande famille aristocratique.

-          … et en ce qui concerne la citadelle, elle n’est pas facilement prenable, les murs font près de dix coudées d’épaisseur, et deux herses peuvent être descendues pour la fermer. J’ai cependant longtemps essayé de faire réagir le gouverneur de la ville quant aux conduits de canalisations et d’aérations, ils sont suffisamment grands pour laisser passer un homme, même s’il doit ramper ; c’est toujours une brèche dans nos défenses…

-          Y a-t-il une prison dans la citadelle ?

-          Bien sûr. Cette question le fit sourire. Elle se situe au sous-sol, les fenêtres donnent sur la rue je crois, mais les simples passants pensent que ce ne sont que les égouts.

Dans son esprit, Jéanna visualisa le couloir des cellules, et la manière d’y accéder.

-          Avez-vous un bureau là-bas ?

-          Oui, tout en haut, à côté de la salle de garde, ce n’est pas toujours agréable d’y travailler lorsque les hommes mangent, mais bon, on s’y fait.

La salle en question était spacieuse, remplie de lourdes tables alignées en son milieu. Le toit était juste au-dessus.

-          C’est très intéressant, j’ai toujours rêvé de savoir dans quel environnement travaillait mon père. Au début il n’était que simple soldat, il a du avoir lui aussi des tours de gardes à assurer…

Tandis qu’elle parlait pour ne rien dire, Jéanna scrutait les pensées du capitaine. Apprenant tout ce qu’il fallait savoir. C’était vraiment trop bête et facile, il devait se douter de quelque chose quand même ! Mais non. Elle sentait sa naïveté, sa naïveté due au fait qu’il voulait lui faire plaisir. Elle rougit. Il pensait à elle. Au départ il avait simplement  voulu s’amuser en la séduisant, mais à présent qu’ils conversaient comme deux vieux amis, il souhaitait qu’elle l’estime et répondait sans réfléchir aux questions peu communes qu’elle lui posait. Cela en était presque cruel pour le pauvre Capitaine.

-          Mais vous, dit-il subitement, ce n’est pas la place d’une jeune fille, ni de voyager seule ni de s’arrêter dans une auberge remplie d’hommes qui ne pensent qu’à boire et s’amuser !

Elle sentait dans sa voix un soupçon de moquerie, et elle l’appréciait, le capitaine désirait changer de sujet car il commençait à en avoir assez de parler de son travail qui le ramenait au prisonnier… Eragon ! Jéanna vit clairement l’image du jeune homme qu’on amenait inconscient dans une cellule.

-          Vous pensez que je ne suis pas capable de me défendre Kagan ? Rétorqua-t-elle amusée.

-          On peut voir les choses de cette façon. Bien que vous soyez fille de militaire, rien dans votre attitude ne laisse présagée que vous êtes dangereuse.

Elle le regarda et lui sourit, une lueur de défit dans les yeux.

-          Tenez-vous l’alcool Capitaine Kagan ?

Qu’était-elle en train de faire ? Elle avait tous les renseignements qui lui fallaient, elle pouvait partir maintenant. Mais il l’avait froissée dans son ego, et puis, elle ne s’était pas préparée pour rien, autant profité de la situation pour mettre un peu de piquant à cette soirée.

-          Si c’est le cas, je vous propose de voir qui de nous deux est le plus un homme.

Il approcha son visage du sien.

-          Vous êtes bien téméraire pour une jeune fille, mais je ne vais pas vous laisser le plaisir de me rabaisser. Que pariez-vous ?

-          Cent couronnes.

-          Cent couronnes, et une petite discussion en tête-à-tête.

Jéanna leva un sourcil. Elle ne s’attendait pas à ça de sa part, mais pourquoi pas, de toute façon, il ne gagnerait pas.

-          Entendu !

Elle tendit la main et il donna une tape dedans.

-          Messieurs, dit-il en haussant le ton vers le groupe de soldats amassés sur leur droite, cette jeune demoiselle m’a lancé un petit défit, libérez une table et deux chaises :

Des exclamations enthousiasmées suivirent ses paroles ainsi qu’une certaine agitation pour déplacer une table au centre de leurs réjouissances.

-          Aubergiste, deux verres et votre alcool le plus fort !

Jéanna s’assit en face de Kagan, des encouragements les entouraient, certains prenaient même des paris sur le vainqueur. Elle déposa les cents couronnes sur la table, le capitaine fit de même.

On remplit les verres une première fois. Jéanna et Kagan trinquèrent et avalèrent d’une traite le liquide transparent. La jeune fille sentit l’alcool lui brûler la gorge et lui apporter une chaleur relativement agréable. Elle sourit intérieurement.

-          Alors, pas trop fort ? Dit le capitaine d’un ton légèrement narquois.

-          Ne vous inquiétez pas pour moi Kagan, un large sourire illuminant son visage, vous verrez qui de nous deux tiendra le plus longtemps.

Les verres se succédèrent alors.

Il faisait de plus en plus chaud, les effluves d’alcool et les cris des clients rendaient l’atmosphère étouffante, à la limite du supportable.

Jéanna descendit un énième verre et le reposa violemment sur la table, ses pensées n’étaient plus aussi nettes qu’au premier, mais elle y voyait encore assez clair pour ne pas tomber trop bas. Ce n’était pas le cas du capitaine qui était devenu rouge et dont les mains tremblaient à chaque fois qu’il devait porter son verre à sa bouche. Il continuait néanmoins de la regarder, ses yeux verts ne voulaient pas défaillir, mais ils avaient de plus en plus de difficultés à rester brillants, sa lucidité était en train de disparaître à mesure qu’il buvait.

Il posa lui aussi son verre vide sur la table, ce qui provoqua un nouveau tollé dans l’assemblée.

-          Encore un, cria Jéanna.

Les gobelets furent remplis, elle prit le sien et le leva bien haut :

-          Santé Capitaine ! S’exclama-t-elle avant de le vider.

Elle ne sentait même plus le goût de la boisson. Kagan attrapa son verre d’une main peu assurée, le porta à sa bouche en faisant renverser la moitié de l’eau de vie. Il dérapa d’une façon ridicule de sa chaise et tomba par terre dans un bruit de verre brisé. Il y eut un silence, suivit d’un tonnerre d’applaudissements à l’encontre de Jéanna. Elle se leva et brandit un dernier verre en signe de victoire ce qui ne fit qu’attiser les exclamations, les cris et les rires. Les gens vinrent lui donner une tape dans le dos ou l’acclamer à grand renfort de paroles paillardes. Elle fit le tour de la table et releva le pauvre capitaine qui essayait pitoyablement de se redresser, mais il manquait trop d’équilibre et de discernement pour arriver à tenir seul sur ses jambes.

-          Venez Capitaine.

Elle le soutint et fendit la foule surexcitée.

-          Aubergiste, cria-t-elle, vous avez une chambre de libre ?

Ce dernier lui lança un regard indéchiffrable et lui tendit une clé.

-          Premier étage, dernière porte à gauche, grommela-t-il.

-          Merci !

Elle déposa sur le comptoir les cent couronnes de Kagan.

-          Le capitaine vous rembourse ses dettes ! S’exclama-t-elle en se dirigeant vers le couloir qui menait aux chambres.

Elle entendit au loin un « y’en a qui ont de la chance » et « j’me d’mande c’qui vont bien pouvoir faire, surtout lui, t’as vu son état, ah ah ! » Mais ne s’en formalisa pas. Ce que pensaient des ivrognes ne l’intéressait vraiment pas.

Le capitaine pesait lourd, et ne l’aidait pas à avancer, elle devait s’appuyer d’avantage sur sa jambe droite et cela ne plaisait pas à cette dernière qui lui hurlait de s’arrêter afin de stopper la douleur. Jéanna peina donc lors de l’ascension au premier étage et fut heureuse de pouvoir enfin lâcher son fardeau sur le lit. Le capitaine roula sur le côté en se tenant la tête entre les mains. Il était vraiment mal en point. Peut-être n’aurait-elle dut pas le pousser à tant boire… au moins, il ne se souviendrait pas de la conversation qu’il avait eue avec elle, mais seulement de leur rencontre. Néanmoins, la jeune fille préféra le vérifier.

Elle s’assit près de lui et le secoua gentiment.

-          Allons, allons, mon pauvre Capitaine, je vous avais dit que je tenais bien l’alcool.

-          Un peu trop bien à mon avis, gémit-il, ce n’est pas humain.

Ses propres paroles le firent rire.

Jéanna sonda sa conscience qui était bien embrumée. Elle trouva leur conversation et se concentra un instant afin de trouver les mots qui lui permettraient d’effacer le sujet de leur conversation. Ce ne fut pas chose facile car elle n’avait pas toute sa tête comme on dit. Mais elle finit par trouver. Elle murmura donc quelques phrases en Ancien langage et la mémoire du capitaine s’en trouva altérée. Il prendrait ce défaut comme une conséquence de sa beuverie.

La jeune fille retourna dans son corps et constata que le jeune homme dormait. Elle sourit, attendrie, puis, elle le plaça correctement sur le lit et rabattit une couverture sur ses épaules. Enfin elle sortit de son sac son carnet et un crayon et griffonna un mot pour que le capitaine ne soit pas trop désorienté à son réveil.

 

Kagan, merci pour cette soirée, j’ai été ravie de faire votre connaissance. Ne jugez pas les gens sur leurs apparences, cela peut vous perdre un jour, et pas uniquement face à un verre.

Je suis navrée, mais je dois continuer mon chemin, peut-être que nous nous retrouverons, si le destin en décide ainsi.

Prenez soin de vous.

Jaenn

 

PS : j’ai payé la chambre, avec votre argent.

 

Satisfaite de sa missive, Jéanna l’arracha de son carnet et la coinça entre la porte et le mur quand elle partit.

 

 

 

 

 
 
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