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au 31 Mai 21 :
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Par tokyofrance
Eragon  -  Romance/Action/Aventure  -  fr
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    Chapitre 12     Les chapitres     7 Reviews     Illustration    
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Paix

Tout comme dans le livre, ce chapitre marque la fin d'une "première partie" avec Brom, et le début d'une autre... bonne lecture =)

 

 

 

Un homme se tenait dans l’encadrement d’une fenêtre. Il faisait nuit. Une lune blanche éclairait la silhouette de l’inconnu. Il se retourna. C’était Brom. Un sourire illuminait son visage, mais quand il la vit, ce sourire retomba, il fronça les sourcils. Un masque de sévérité maquilla sa face. Lorsqu’il parla, sa voix était dure, pleine de reproches:

- Pourquoi m’as-tu abandonné.

Elle était stupéfaite. Une vague de culpabilité l’envahit.

- C’est de ta faute si je suis mort. Rien que de ta faute Jéna.

- Non, non c’est faux, j’ai essayé de t’aider, mais tu n’as pas voulu que j’aille plus loin.

- Tu aurais du insisté, me désobéir. Je ne suis pas ton père!

- Je suis désolée, si désolée Brom, je te jure.

- Tout est de ta faute. Maintenant Eragon est seul. Tout est de ta faute.

- Non, tu te trompes, je voulais t’aider, je ne souhaitais pas que tu meures !!

Elle fondit en larmes.

- Tu es seule responsable de ma mort. C’est de ta faute. Rien que de ta faute….

 


Jéna se réveilla brusquement. Le regard impitoyable de Brom encore présent à l’esprit. Un flot de pensées amères l’assaillit, mais elle secoua la tête pour les chasser. Des picotements dans les yeux, elle se leva.

Le jour éclairait à peine le ciel, Murtagh et Eragon dormaient encore, Jéna avait presque l’impression que rien n’avait changé. Ils étaient quatre, comme avant. Mais le quatrième était différent… Elle observa le dragonnier. Son sommeil était agité.

Une présence familière pénétra sa conscience:

« Comment te sens-tu? lui demanda Saphira.

« Brom me manque.

« A moi aussi…

« C’est à cause de moi, de mon incompétence qu’il n’est plus là!

« N’écoute pas les paroles d’Eragon, . Il est triste et en colère. Nous le sommes tous.

«  Ce qu’il a dit était vrai… 

« Non, ce n’est pas ce que pensait Brom. Alors toi non plus tu ne dois pas y penser. Eragon s’en veut d’être la cause de sa mort. C’est pour le protéger lui qu’il s’est sacrifié.

Jéna sortit dehors. Un vent rafraichissant souffla dans ses cheveux, lui apportant des paroles qu’elle ne comprenait pas. Elle se laissa bercer par ce souffle irrégulier.

« Le vent ne parle pas. Il apporte des odeurs ou des bruits proches, c’est tout…

«  Oui, tu as sans doute raison, mais je ne peux m’empêcher de croire qu’il dit autre chose.

Les larmes roulèrent silencieusement sur ses joues.

Elle ravala ses sanglots.

« Pleurer apaise l’âme.

« Je dois me faire à son absence. Au fait que jamais plus je ne le reverrai, sauf en rêve… Je ne veux pas me morfondre. Je subis déjà ça toutes les nuits.

« Il t’appréciait énormément.

« Vraiment?

« Il me l’a dit.

« Je l’aimais beaucoup également…Hier, Eragon a écrit, « ci-gît Brom, dragonnier »… Je ne savais pas qu’il était dragonnier.

« C’était quelqu’un de mystérieux…

« Oui.

« Un peu comme toi.

« C’est différent, je suis un mystère pour moi-même. Brom savait qui il était au moins.

« Il ne t’avait jamais rien dit à son sujet?

« Je sais deux trois choses…

 Un bruit de pas derrière elle coupa court à la discussion muette. Murtagh apparut à l’entrée de la caverne un arc à la main:

- Est-ce que tu vas mieux ? Demanda-t-il.

- Pas vraiment, dit Jéna en haussant les épaules.

Elle le regardait dans les yeux, la mine sombre et fatiguée, son visage était revêtu d’un masque impassible où seuls ses yeux d’or reflétaient les émotions qui devaient étreindre son âme.

- Je vais chasser, à tout à l’heure.

Murtagh passa près d’elle et dévala avec agilité le chemin tortueux dégagé la veille. Elle le suivit du regard un moment…

Un souffle chaud dans le dos la fit sursauter.

« Monte, lui dit Saphira.

Jéna avisa la dragonne, perplexe quant à l’idée de grimpa sur le dos de la créature volante.

« Ne t’inquiètes pas, la rassura-t-elle.

La jeune fille monta sur la selle, bien plus haute que celle du plus grand destrier. Elle déglutit, les hauteurs n’étaient pas son fort, et bien qu’elle avait entièrement confiance en Saphira, elle ne put s’empêcher d’appréhender le vol à venir.

« Pourquoi? Où m’emportes-tu?

« Au sommet, pour que tu lui dises adieu.

Et sans prévenir, elle décolla, bondissant souplement de ses puissantes pattes arrières. Jéna sentit son cœur remonter dans sa poitrine, s’emballer, puis une intense sensation de félicité se mit à couler dans ses veines, une impression de liberté et d’extase que jamais elle n’avait ressentie, que jamais elle n’aurait pu ressentir, même dans ses rêves les plus merveilleux.

Juste avant de chuter, Saphira étendit ses vastes ailes membraneuses, et plana quelques secondes avant de s’élever dans les airs.

Un peu plus bas, Murtagh leva la tête quand il sentit des secousses dans le sol et vit des cailloux dégringoler de la pente. La dragonne bleue s’envolait dans le ciel; d’étranges fourmillements dans sa nuque le fit frissonner…

 

Elles atterrirent devant la tombe de pierre. Saphira s’allongea afin de permettre à la jeune fille de descendre sans trop de difficultés.

Une fois à terre, Jéna contempla la dernière demeure de Brom. Ses yeux rougirent et son visage se crispa de chagrin. Elle s’approcha lentement du tombeau et l’effleura, repensant à la vieille Mona, au chagrin qu’elle avait éprouvé les quelques jours qui avaient suivit sa mort et son enterrement. Mais cette tristesse avait été moins forte que celle qui lui oppressait l’âme actuellement.

Une vague de culpabilité ressurgit, et elle ne put contenir les larmes douloureuses qui ne cessaient de jaillir. Elle tomba à genoux, posant brutalement son front contre la pierre dure; elle martela avec rage le socle en gré, la douleur dans ses poings ne l’affectait nullement.

Saphira grogna, mais très doucement attira la jeune fille contre elle.

« Arrête de te faire du mal. Il faut que tu acceptes sa mort.

« Même si c’est moi qui en est la cause!?

« Sors cette idée stupide de ta tête Jéna, ne la laisse pas te consumer.

« J’aurai du continuer.

« Au risque de mourir ? Personne n’est sûr que Brom aurait survécu après tes soins, la blessure des Ra’zacs était bien trop profonde et un poison se répandait dans son corps. Va parler à Eragon, il est aussi triste que toi.

« Jamais il ne m’écoutera, mais je ne peux non plus l’abandonner. Je dois rester avec lui, pour son bien, le tien, et parce-que Brom me l’a clairement signifié.

« Je lui ferai entendre raison. Je ne veux pas que ce différend vous éloigne alors qu’il est évident que vous avez besoin l’un de l’autre, comme moi j’ai besoin de vous. Je t’aime beaucoup Jéna, Brom m’a dit énormément de choses sur toi. Ta puissance nous sera utile pour survivre. Alors souviens-toi de lui, honore sa mémoire, mais ne culpabilise pas sur sa mort inévitable.

Jéna serra la tête de la dragonne contre elle, savourant la chaleur de ses écailles.

Elle pensait à Brom. À ce qui leur était arrivé avec les Ra’zacs. Si elle avait empêché Eragon d’entrer dans la cathédrale. Si elle l’avait forcé de rester auprès d’elle à l’auberge. Si elle avait dit à Brom de surveiller ses arrières au palais. Si elle avait réagit plus rapidement quand ils s’étaient fait capturer. Si, si, si, si, … Brom ne serait pas mort !

«On ne peut refaire le passé, alors cesse ces conjectures inutiles. Brom ne l’accepterait pas.

- Mais je ne peux m’en empêcher.

« La blessure va tôt ou tard se refermer, mais pour le bien de tous, le plus tôt sera le mieux. C’est d’accord?

Jéna réfléchit. Elle arrêta de pleurer, respira calmement. Brom n’était plus. Par sa faute. Non, elle devait oublier ce détail ou jamais elle ne s’en remettrait. Mais jamais elle n’y arriverait. Alors il fallait qu’elle le mette de côté. Ils devaient continuer leur chemin. Mener Eragon en sûreté, le garder en vie. C’était ce qu’Ils espéraient tous. Elle soupira, de nouveau sereine. Si elle s’était trouvée un but, il fallait à présent l’appliquer. Elle s’écarta de la dragonne bleue.

- J’essaierai de suivre tes conseils Saphira, je te remercie.

Son cœur n’était pas vraiment plus léger, mais elle voulait reprendre le dessus, faire face à toutes les difficultés de la vie. Elle regarda la sépulture de Brom, chassant les larmes de son visage, et se recueillit, sachant qu’elle ne reviendrait certainement plus jamais ici.

Plusieurs minutes s’écoulèrent.

Elle écoutait son cœur battre dans sa poitrine, véritable tambour qu’elle ne pouvait contrôler. Elle essaya de se vider l’esprit. D’apaiser son âme.

- Il faudrait faire quelque chose…

« Pour quoi ?

- Pour sa tombe.

Une rafale de vent siffla à ses oreilles.

- Pour qu’elle reste à jamais dans les mémoires, une tombe digne d’un roi, digne de Brom le Conteur. Malheureusement, je ne peux pas faire grand-chose… à moins que… Saphira! Déclara-t-elle vivement. Promets-moi que tu ne diras rien sur ce que je vais tenter!

« Pourquoi? Que veux-tu faire au juste ?

Jéna sourit, une étincelle de vie s’était rallumée dans ses yeux…

 

Elles se faufilèrent dans la grotte, Eragon et Murtagh discutaient autour d’un repas. Saphira se dirigea près du dragonnier. Ce dernier releva la tête et croisa le regard de Jéna. Elle lui sourit et vint s’asseoir devant le feu.

« Excuse-toi auprès d’elle, lui intima Saphira.

« Pourquoi?

« Parce-que tu la fais souffrir. Elle aussi était proche de Brom, peut-être même plus que toi!

« Il est mort par sa faute.

« Non. Pourquoi t’entêtes-tu ainsi?

Eragon ne répondit pas. Brom lui manquait déjà et il se sentait obligé de trouver un coupable à sa mort. Les Ra’zacs n’étaient pas suffisants. Il était convaincu que Jéna aurait pu faire plus. Mais les mots du vieil homme hantait encore on esprit. Aurait-il préféré qu’elle se sacrifie pour que son mentor vive? Il ne voulait pas savoir la réponse, car au plus profond de lui-même, elle le répugnait.

- Murtagh va nous accompagner, dit-il à la jeune fille. Nous ne sommes tous les deux pas assez en formes pour nous défendre si nous tombons face à des soldats, ou pire. Ça te va?

Jéna regarda Eragon, puis Murtagh qui semblait attendre son verdict. Cette pensée la fit sourire.

- Bien sûr. C’est très gentil à toi, assura-t-elle. Mais sache que notre cher dragonnier ici présent est très doué pour s’attirer des ennuis.

- Je tacherai de m’en souvenir et de le surveiller.

Les trois jeunes gens rirent un peu, apaisant l’atmosphère lourde et triste qui embaumait l’air.

Eragon les informa qu’il désirait se rendre auprès des Vardens, les ennemis de l’Empire et du roi et qu’ils devaient se rendre à Gil’ead pour trouver un certain Dormnad qui les renseignerait sut eux. Murtagh exprima son refus quant à rencontrer les rebelles, mais il accepta tout de même de les accompagné un moment.

Peu après, ils éteignirent le feu, rassemblèrent leurs affaires et sortirent de la grotte avec les chevaux. Eragon tendit les rênes de Cadoc et Feu-de-Neige à Murtagh:

- Je vous rejoindrai en bas, déclara-t-il.

Puis il prit la direction du sommet de la colline. Saphira était déjà partie un peu plus tôt.

Murtagh le regarda grimper, puis se tourna vers Jéna.

- Passe devant, dit-elle, je te ralentirai sinon et on n’atteindra pas le bas avant la nuit…

Le jeune homme partit donc en guidant sa propre monture et celles de Brom et d’Eragon entre les pierres glissantes et les buissons sec. Jéna suivait à son rythme, s’appuyant sur les rochers ou l’encolure de Puceron qui la guidait plus qu’elle ne le faisait. Par deux fois ils durent s’arrêter pour que Jéna soufflât et soulageât sa jambe meurtrie, néanmoins ils mirent moins de temps à descendre qu’à grimper, et en moins d’une heure ils purent reprendre la route en compagnie d’Eragon qui était redescendu avec Saphira. Cette dernière volait un peu plus haut afin d’éviter de se faire repérer.

Ils allaient au pas car Eragon souffrait trop pour avancer plus rapidement. Jéna n’en était pas mécontente, elle supportait mal les secousses dues à la chevauchée qui semblaient résonner dans son tibia.

Elle soupira. Si elle ne s’occupait pas l’esprit, elle risquait de se laisser emporter par tous ces sentiments trop angoissants. Elle repensa à la tombe de Brom, se demandant ce que Saphira et Eragon avaient fait là-haut. Un léger sourire flotta sur son visage alors qu’elle revoyait la scène deux heures auparavant.

Elle cueillit une petite feuille sur un buisson épineux. Et elle chanta. Demanda à ce petit morceau de vie de se transformer. De devenir fleur. De s’épanouir. De rendre hommage au grand homme sur qui elle allait désormais veiller. Elle propulsa le peu d’énergie qui lui restait dans la plante, qui poussait, petit à petit, d’abord une tige s’éleva, puis un bourgeon en émergea, éclot, des pétales se développèrent harmonieusement, elles étaient blanches, lumineuses, le soleil les parait de reflets dorés et chatoyants. C’était une rose, sans en être une. Elle dégageait un parfum exquis. Jéna contempla sa création au creux de ses mains légèrement tremblantes. Elle la déposa doucement sur le tombeau, au niveau du cœur du défunt.

Lorsqu’Eragon était monté tout en haut du promontoire, Saphira l’attendait déjà. Ils s’étaient recueillis devant la tombe de Brom. Le jeune garçon n’avait pas immédiatement remarqué la noble fleur qui reposait sur le caveau.

Alors qu’il allait partir, Saphira avait toucher du museau le gré qui s’était soudainement transformé en véritable tombe de cristal et de pierres précieuses. La rose blanche avait elle aussi subi la magie ancestrale de la dragonne, et avait poussé, de longues racines dorées encerclaient la dernière demeure de Brom de chaque côté, et s’enfonçaient dans le sol désormais parcourus de veines blanches qui remontaient les flancs de cristal. En regardant de plus près, Eragon s’était aperçut qu’un flot lumineux traversait les veines argentées et semblaient alimenter la fleur épanouit. Aucun mot ne pouvait décrire les sentiments qu’il ressentait devant ce spectacle éblouissant.

 

 

Jéna se mit à fredonner, un air grave et solennel. La mélodie amplifia, embaumant l’âme des voyageurs d’une douce mélancolie. Eragon écoutait, envoûté par la voix merveilleuse de la jeune femme. Une voix qui ne paraissait pas humaine. Il comprenait vaguement la teneur des paroles en Ancien langage: un homme avait perdu la femme qu’il aimait, mais cette dernière, sur son lit de mort, lui avait fait promettre de ne jamais se renfermer dans le chagrin et la peine, de continuer à vivre sans elle. Il devait seulement lui garder une place, infime, dans son cœur, quelques souvenirs légers, des réminiscences joyeuses dans son esprit. Et cet homme avait poursuivit sa quête de la vie, chérissant l’être perdu, se remémorant le bonheur intense qu’il avait pu éprouver, puis, il s’était remarié, avait eu des enfants, les avait aimés, avait fini par oublié son premier amour…

La comptine se tut. Déçu, Eragon se tourna vers Jéna, de fines perles transparentes se formaient aux coins de ses yeux. Elle les essuya d’un revers de manche.

- Comment se termine l’histoire? Lui demanda-t-il.

- L’homme ne se rappela de la jeune femme qu’il avait aimée que le jour de sa mort. Il partit la rejoindre et on raconte que leurs âmes jumelles parcourent le monde et apaisent les cœurs attristés.

- Où l’as-tu apprise?

- … Dans un livre je crois.

- C’est une belle chanson.

- Oui.

Elle replongea dans ses pensées.

 

Ce jour-là ils parcoururent une très courte distance, n’échangeant que peu de mots entre eux. Ils s’arrêtèrent dans un sous-bois, bien avant que le soleil ne se couche.

Jéna défit les sacoches pendues à la selle de Puceron ; le cheval mâchait l’herbe sans se soucier de la jeune fille. Elle sentit soudain qu’on la poussait dans le dos, elle se retourna, c’était Tornac, l’étalon gris de Murtagh. Il s’était approché d’elle et semblait réclamer son attention. Jéna sourit tendrement, et caressa le doux museau du cheval, puis elle se mit à lui gratter la joue. A sa surprise ou au contraire, comme si elle n’attendait que cela, Tornac ferma les paupières à moitié, de plaisir. Il avait l’air ravi du traitement de la jeune fille.

-    Il t’apprécie apparemment.

C’était Murtagh, Jéna n’avait pas remarqué que le jeune homme s’était avancé, frôlant le flanc de sa monture avant de s’arrêter près d’elle. Elle rougit violemment ; elle pouvait sentir ses vêtements contre les siens, la chaleur que dégageait son corps. Cette proximité la mettait mal à l’aise, elle se rappelait la façon dont il l’avait prise dans ses bras pour la consoler, comment il s’était interposé contre sa tentative de sauver Brom, elle voyait maintenant toutes les petites attentions qu’il avait eu à son égard… Une question prit le dessus sur toutes celles qui se disputaient dans son esprit, pourquoi Murtagh avait-il fait tout cela…

-    Comment as-tu su qu’il aimait qu’on lui frotte la joue de cette façon ? demanda Murtagh sur le ton de la conversation.

-    Euh… je ne sais pas.

Cette question avait sorti Jéna de ses pensées entremêlées et l’avait prise de court.

-    Je n’ai pas réfléchi à ce que j’ai fait, je crois, c’est venu tout seul, dit-elle, les joues toujours en feu.

Elle leva la tête vers le jeune homme, il caressait lentement la tête de l’étalon, l’air pensif, puis il se tourna vers elle, ses yeux bleu-clairs dardés sur elle accentuèrent son malaise. Elle détourna le regard. Cela dura plusieurs secondes qui parurent une éternité à Jéna. Elle sentait que Murtagh avait envie de parler, mais il ne dit rien, il se contenta de lui prendre ses sacoches des mains et de les emporter autour du feu déjà allumé.

Jéna resta encore quelques instants immobile, songeuse, que lui arrivait-il ? Pour quelles raisons était-elle si chamboulée ? et lui que voulait-il ? il semblait vouloir lui dire quelque chose, mais quoi ? Quelle idiote elle était, si elle ne se montrait pas si peu amicale jamais il ne lui confierait ce qu’il avait l’air d’avoir sur le cœur ! Elle ferma les yeux et soupira, puis, lentement, s’éloigna du campement pour réfléchir.

 

Une petite rivière coulait non loin, Jéna décida de s’y rafraîchir. Elle ôta ses bottes, plongeant les pieds dans le courant tranquille d’eau froide. Elle examina la contusion d’où s’échappait un filet noirâtre qui se diluait dans l’onde claire. La fraîcheur la soulageait de sa douleur. Elle replia sa jambe gauche contre elle, la droite ballottant au gré des flots.

Beaucoup d’évènements s’étaient succédés depuis qu’ils avaient séjourné à Dras-Leona. Trop d’événements.

« Tu ne peux rien faire. »

« Tu aurais du insisté, me désobéir. Je ne suis pas ton père! »

Ces deux phrases tournaient en boucle dans son esprit. La dernière que Brom avait prononcée, et celle du Brom de son rêve.

Une larme tomba dans l’eau calme de la rivière.

« Si tu l’avais soigné, il ne serait pas mort! »

Aurait-elle réussi ?

« Non, ce n’est pas ce que pensait Brom »

Les paroles de Saphira lui revinrent.

Elle ne devait pas se laisser abattre par les remords. Des remords non fondés. Elle n’aurait pas réussi à guérir Brom, même par sa propre mort. Eragon aurait été seul. Il fallait qu’elle reste avec lui. Qu’elle protège le nouveau dragonnier et sa dragonne,  ils étaient tout deux bien trop importants.

« Il faut que je te dise que ton passé n’est pas si loin de toi. Je souhaitais t’y emmener. T’emmener là où tout aurait ressurgi. »

Là où tout aurait ressurgi… Quel était cet endroit ? Brom savait qui elle était… Pourquoi ne lui avait-il pas dit ?

Une frustration profonde sortit Jéna de sa tristesse, mais aussi une détermination plus grande, plus forte. Elle ne devait pas se laisser abattre, pour découvrir qui elle était. C’était le souhait de Brom. Ainsi que d’aider Eragon dans sa quête. C’était son devoir. Elle ne prendrait plus garde aux allusions que le jeune homme pourrait faire, ni à sa mauvaise humeur. Elle ferait tout pour le protéger, le soutenir, et ils continueront leur périple durant lequel, elle l’espérait, elle retrouverait la voie de son passé.

 

En rentrant au campement, Jéna se tenait fière et droite, son visage était serein, plus beau que jamais, la paix semblait être revenue dans son cœur.

 

 
 
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