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au 31 Mai 21 :
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Par Lykeios
Harry Potter  -  Romance/Amitié  -  fr
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Chez Harry

 

Le retour au square Grimmaurd replongeait Harry directement dans le souvenir de sa dispute avec Ginny. Le manoir était déjà plutôt terne habituellement, mais si on y ajoutait l'absence de sa petite-amie, il devenait alors clairement morose.

Dire qu'il avait à peine pensé à elle dans les dernières 24 heures. La culpabilité l'envahit à ce constat. Être avec Drago lui avait permis de s'échapper quelque peu, mais il était désormais de retour sur le lieu de leur altercation. Il ferma les yeux douloureusement.

« – Harry, cette fois c'est la fois de trop. Je pensais pourtant avoir été claire, je n'en peux plus. Je ne peux pas vivre comme ça. avait crié la rouquine, hors d'elle en se levant de son canapé pour se mettre face à lui, de l'autre côté de la table basse.

Je suis vraiment désolé, Malefoy m'a traîné à un concert, j'ai été pris au dépourvu et j'ai zappé le hibou. Excuse-moi Ginny ! avait répondu Harry, penaud.

Un concert ?! Un putain de concert ! Et c'est pour ça que tu m'oublies : pour sortir avec Drago Malfoy ?! » La jeune avait semblée sur le point de le pulvériser du regard.

Harry avait grimacé au sous-entendu et détourné les yeux vers le sol.

« – Enfin Ginny, tu sais bien que ce n'est pas comme ça. On bloquait depuis des heures sur un problème, il a proposé ça pour détendre l'atmosphère. Je suis vraiment désolé de ne pas t'avoir tenue au courant. » avait-il essayé de justifier, même s'il se savait impardonnable. Ce n'était pas la première fois, ni la seconde, qu'il se conduisait de la sorte.

Ginny eut l'air atterrée, elle avait mis ses mains en coupe autour de sa bouche et les avait laissées retomber immédiatement. Harry avait remercié mentalement la présence du petit meuble qui les séparait car sa petite-amie semblait hésiter à venir le secouer violemment.

« – Mais enfin Harry, tu es donc si aveugle ? Tu crois que c'est juste parce que je t'ai encore attendu que je suis en colère ?

Ce n'est pas ça ? » Harry l'avait dévisagée sans comprendre.

L'expression et le ton de la rouquine se durcirent.

« – Non Harry, je suis en colère parce que tu ne tiens pas à nous.

Le brun avait encaissé durement le reproche et s'était défendu.

« – C'est faux ! J'ai vraiment essayé d'améliorer les choses dernièrement. J'ai fait des efforts ! Ça ne compte pas ? avait-il plaidé.

Certes, tu as fait des efforts, avait admit la jeune femme, mais tu ne comprends pas. Ce n'est pas en préparant des repas de temps en temps et en écoutant docilement l'autre quand il parle qu'on répare un couple. Tu n'es pas présent ! » Elle avait fait retomber ses bras sur ses flancs. « Je ne parle même pas de ton absence physique d'hier ou des autres soirs, je te parle de celle émotionnelle. Je veux parler de ta distance, de ta froideur, de ton manque d'entrain. C'était déjà dur avant, mais depuis que to côtoies Malefoy, c'est pire encore. Il t'accapare complètement. C'est comme si je n'existais plus ! » avait-elle finit, avec de la tristesse dans la voix.

Harry avait froncé les sourcils, pensant que Ginny exagérait, elle semblait réagir comme une femme bafouée. La situation n'avait pourtant rien à voir.

« – À t'entendre, on pourrait presque croire que tu es jalouse de Malefoy. C'est complètement insensé. avait-il pointé, légèrement accusateur.

Bien sûr que je suis jalouse de Malefoy ! avait riposté Ginny avec fougue. Tu t'es beaucoup plus impliqué avec lui en quelques semaines qu'avec moi en plusieurs années.

Ne dit pas n'importe quoi ! s'était agacé le jeune homme avec un mouvement de bras.

Harry, mais ouvre les yeux enfin ! Tu sors volontiers en sa compagnie, en oubliant même ta petite-amie, tu travailles à longueur de semaine avec lui et tu traînes le soir avec lui ! Dis-moi ce que je suis censée en déduire parce que, visiblement, nous n'avons pas la même manière d'interpréter tout ça. avait étayé Ginny, tentant de faire réaliser à Harry la situation dans laquelle elle se trouvait.

Je lui donne juste un coup de main. Qu'est-ce que tu vas t'imaginer ! » avait répliqué le brun, ne voyant pas le problème.

Alors que les mots de la jeune femme résonnaient à nouveau dans son esprit, Harry commença à entrevoir vaguement ce que Ginny avait voulu dire. Ce fut à ce moment seulement qu'il réalisa qu'avoir invité Drago chez lui n'était peut-être pas une bonne idée, pas une bonne idée du tout. Particulièrement après l'article de la Gazette. Il se frappa le front, il avait été complètement stupide de ne pas y avoir pensé plus tôt.

Il décida de passer rapidement voir Ron et Hermione, il avait besoin de conseils... et d'aide.

oOo

« C'est sûr que ce n'est pas le plus malin, » commenta Hermione, debout derrière son conjoint, lui-même assis sur la grande table de la salle à manger.

Les deux faisaient face à Harry. Ils étaient ravis de le recevoir car ce dernier ne venait pas souvent leur rendre visite dans leur grande maison située non loin de Loutry Ste Chaspoule. Ils avaient fait le choix de ce lieu-dit du compté de Devon pour le confort de la vie à la campagne dans un village semi-magique, ainsi que pour la proximité avec le Terrier dont ils avaient souhaité être des voisins assez proches, particulièrement depuis que des projets d'enfants avaient été abordés. La pièce, tapissée de boiseries en chêne jusqu'à mi-hauteur, pouvait accueillir de nombreux convives – pratique pour les grandes réunions familiales – et comprenait un grand vaisselier ainsi qu'une longue table au bout de laquelle les trois amis s'étaient installés pour discuter.

«Je suis vraiment trop con, se lamenta le brun, la tête entre les mains.

– Je t'adore Harry, mais il est vrai que question petit-copain, tu laisses à désirer. renchérit Ron.

– Vous avez parlé avec Ginny ? s'enquit Harry, toujours recroquevillé sur la table, en levant le visage pour apercevoir les deux hôtes entre ses doigts.

– Bien sûr, répondit Hermione, elle est passée ici peu après votre dispute. Elle était effondrée. Tu sais, elle fait ça parce qu'elle tient à toi, elle essaye de recoller les morceaux. tenta-t-elle de le rassurer.

– En me quittant ?! s'exclama Harry en se redressant brusquement.

– Disons qu'elle se protège aussi. fit doucement Hermione. Et si c'est dans de telles extrémités qu'il faut aller pour sauver votre relation, elle est prête à le faire.

Elle fit le tour de la table pour venir masser doucement les épaules de son meilleur ami et continua :

« Profites du temps que tu as pour faire le point. Il est évident qu'avoir Malefoy chez toi n'est pas vraiment l'idéal pour ça, mais il est important que tu le fasses. insista-t-elle.

– Sérieusement, je ne sais pas à quoi tu pensais quand tu lui as fait cette proposition. décréta Ron en scrutant le brun.

– Ce n'est pas comme s'il avait beaucoup d'options à l'heure actuelle. se défendit Harry.

– Ses parents possèdent un manoir d'au moins quarante-sept pièces, marmonna le roux.

– Ce n'est pas aussi simple Ron ! répliqua son ami froidement.

– Ça va, pas la peine de t'énerver. C'est juste que tu mets beaucoup d'énergie à le défendre. Comprends que ça puisse blesser ma soeur. fit le rouquin en levant les bras.

– Mais enfin, cela n'a rien à voir avec elle ! Pourquoi vous ressentez tous le besoin de mettre ça en comparaison ?! s'écria le brun en faisant claquer une de ses mains sur la table.

– Harry. tenta de l'apaiser Hermione. Essaye vraiment de tirer parti de la situation, ne la vit pas comme une punition. Tu t'es engagé auprès de Malefoy, donc tu vas honorer cet engagement, mais ne le fais pas au détriment de Ginny. Pense à la tenir au courant de l'évolution de la situation. Cela ne va pas lui plaire, du tout, mais c'est encore le mieux à faire. Et de notre côté, Ron et moi irons également lui parler, parce que j'imagine que tu n'iras pas au Terrier. » Elle lui jeta un regard interrogateur.

Harry se tortilla sur son siège, mal à l'aise, et détourna les yeux.

« Bien, c'est ce que je pensais, continua-t-elle, mais tu sais, un jour, il faudra bien que tu te confrontes à tout ça. Tu ne pourras pas fuir la tribu Weasley éternellement, » finit-elle avec un sourire.

Il y répondit faiblement.

«Je sais, merci Mione. Merci Ron. Je vais filer du coup. A bientôt.

oOo

Il ne restait plus beaucoup de temps à Harry pour aménager le Manoir. En plus de sa petite visite chez ses amis, il en avait perdu beaucoup dans la rédaction d'un message pour Ginny. Il faut admettre qu'il n'était pas simple de présenter les derniers événements d'une manière qui ne donnerait pas raison aux reproches qu'elle lui avait adressés. Il lui affirma que l'article de journal n'était qu'un tissu de mensonges et l'informa que Malefoy et lui travailleraient désormais au square Grimmaurd, pour être au calme. Il ne s'étendit pas trop sur ce dernier point, histoire de ne pas enfoncer le clou inutilement. Il avait aussi ajouté avoir pleinement conscience de la situation de leur couple et qu'il utiliserait le temps de séparation pour se remettre en question.

Il fit un rangement et un ménage rapide du Manoir. Vu le temps qu'il lui restait, le projet de déblayer une des pièces inutilisées du premier étage pour en faire une chambre d'ami était inenvisageable. Il reporta donc cela au lendemain, il dormirait dans le canapé ce soir et il laisserait sa chambre à Drago pour la nuit. Connaissant son sommeil habituel, il y avait de grandes chances qu'il doive se lever et c'était donc plus simple de procéder ainsi. Il ne dérangerait pas le blond.

Drago apparut dans la cheminée alors qu'il installait un espace de travail dans le salon sur une grande table qu'il avait descendu du premier.

Le Serpentard posa ses affaires au sol et laissa son regard voyager dans la pièce, il ne s'attendait vraiment pas à ça. Il avait gardé le souvenir des tablées des Gryffondors joviales, bruyantes, chaleureuses et désordonnées. Mais, en dehors de son aspect peu organisé, le salon qui s'offrait à lui en était à peu près tout l'opposé. Les murs d'un blanc défraîchi tiraient vers le grisâtre et le peu de mobilier, en bois sombre, achevait de rendre l'ensemble plutôt sinistre. Il y avait bien un peu de décoration, deux vieux canapés en bois et velours rouge défraichi ainsi que quelques étagères pleines de livres encadrant une vieille télévision, mais cela ne respirait pas la vie pour autant. Il avait du mal à croire que Ginny vivait ici avec Harry. Il avait d'ailleurs du mal à croire qu'Harry vivait là.

Sur la gauche, une baie vitrée donnait directement sur ce qui semblait être une grande serre. Cela le surprit, car cela dénotait avec l'architecture d'un manoir aussi ancien, ce devait être un réaménagement récent. D'ailleurs en y regardant de plus près, la disposition des pièces avait probablement été modifiée – il soupçonnait la destruction d'un couloir – car le salon comportait de nombreuses portes et donnait visiblement directement sur l'entrée.

« Oh, tu es là, dit Harry en levant les yeux de sa tâche. Parfait, tu peux déposer tes affaires dans la chambre et je vais te faire visiter. »

Il attrapa une partie du chargement de Drago et se dirigea vers la pièce qui faisait face à la cheminée. Il poussa la porte révélant un lit double, entouré de deux petites tables de chevet et d'une grande armoire en bois foncé. Il y avait des photos sur la tablette de droite, principalement des membres de la famille Weasley. En dehors de cela, il n'y avait pas de décoration particulière pour venir couvrir les vieux murs fatigués. Drago pensa d'abord qu'Harry avait vaguement délaissé cette pièce, faute de visite, cependant quand son regard tomba sur les photos, il comprit que c'était en fait la chambre principale et non celle pour recevoir les amis.

« Mais… c'est ta chambre ?! réalisa Drago, surpris. Je ne vais pas dormir ici.

– Ne t'inquiète pas, c'est juste le temps que j'aménage une autre pièce, je n'ai pas eu le temps de le faire pour l'instant. Je m'y attaquerai demain. Et comme je me lève souvent la nuit, il vaut mieux que ce soit moi qui dorme sur le canapé. lui expliqua Harry.

– Tu es sûr ? insista le blond, incertain.

– Mais oui, j'y dors souvent de toute manière, je ne vais pas être dépaysé. » plaisanta le Gryffondor avec un peu d'amertume. Cela clôt la discussion.

Harry attrapa les cadres photo et les glissa dans le premier tiroir du chevet.

« Pose juste tes affaires, je te fais faire le tour du propriétaire, ça ne va pas être long.

– Ok, je te suis. dit Drago en laissant son chargement près du lit.

– Tu as déjà pu voir le salon, dont une partie constitue également l'entrée. » expliqua Harry en ouvrant la porte donnant sur le perron.

Le blond pu avoir un aperçu rapide du Square Grimmaurd, en contrebas des quelques marches menant à un petit carré de pelouse encerclé de grilles métalliques, on pouvait voir la rue pavée, déserte. De l'autre côté, se trouvait un tout petit parc rectangulaire, lui aussi entouré de grilles, avec quatre bancs en pierre le long d'un chemin transversal. Il était lui aussi vide. Drago n'eut pas le temps d'en voir plus car Harry refermait déjà la porte.

«Je vois. dit-il. Et cet escalier juste à côté donne sur le premier, j'imagine. commenta le Serpentard en jetant un rapide coup d'œil à l'enfilade de marches poussiéreuses qui disparaissaient dans l'obscurité.

– Oui, mais c'est le bazar là haut, je n'ai rien aménagé pour le moment. Il y a une tonne de choses qui datent des anciens propriétaires et que je n'ai pas eu le courage de ranger depuis que je suis arrivé. Évite d'y aller, je ne suis même pas certain que ça soit sûr. »

– Ok. » Bien que sa curiosité fut piquée, le blond n'insista pas.

« – Juste derrière toi, ce sont les w.c. et la cuisine. » continua Harry en ouvrant rapidement les portes, laissant entrevoir à Drago des pièces d'une atmosphère similaire à celle du salon avec les mêmes murs grisâtres et des meubles de rangements en bois sombre.

La cuisine semblait cependant légèrement plus colorée avec quelques touches de rouge et d'orange dans les ustensiles exposés et les éléments de rangements. Malefoy leva un sourcil interrogateur en les voyant.

« Ginny, expliqua simplement Harry. Vu qu'elle a tendance à passer plus de temps ici que moi, je n'ai rien dit. Elle est assez attentive à avoir une alimentation saine et ça prend donc du temps… » Il eut l'air pensif une seconde mais se repris aussitôt. « Et sinon, la dernière pièce intéressante, c'est la salle de bain, juste ici. » termina Harry en désignant la porte entre la chambre et la cuisine.

Il donna encore un aperçut rapide au blond. La salle d'eau était carrelée de mosaïque bleu électrique en forme d'écailles, peut-être d'origine. Au fond se trouvait une baignoire entourée d'un rideau blanc, devant, il y avait un large lavabo carré en émail, bleu également, surplombé d'un petit meuble à miroirs. Au milieu, deux patères pour mettre les serviettes, dont une vide, au dessus d'un petit meuble bas avec des tiroirs.

« Et j'ai vu que tu avais une serre aussi ? demanda Drago.

– Ah oui, c'est vrai. Mais ça ne compte pas vraiment dans les pièces intéressantes. dit Harry en refermant la porte et retraversant le salon pour se diriger vers l'endroit en question.

– Tout dépend des critères. » répondit à mi-voix le Serpentard.

Harry lui jeta un regard interrogateur alors que le blond pénétrait dans la serre. Ce dernier fit lentement un tour sur lui-même avant d'oser s'aventurer parmi les plantes, laissant leurs feuilles caresser ses épaules. Sa silhouette ne fut bientôt plus qu'une multitude de taches colorées dans l'épaisse résille verdoyante, sa voix s'éleva parmi les végétaux.

« Depuis quand as-tu la main verte Potter ?

– Je ne l'ai pas. Dobby, ton ancien elfe de maison a monté une entreprise de jardinage et il est ravi de pouvoir me donner un coup de main pour maintenir toutes ces plantes en vie.

– Dobby ? fit la voix surprise du Sang-Pur avant d'éclater de rire. Qui aurait pu imaginer ça? Il fait un travail remarquable en tout cas. »

Le blond déambula dans la jungle multicolore, contemplant la beauté des spécimens d'Harry.

«C'est sûr que sans lui cette pièce aurait une toute autre allure. » concéda le brun en embrassant lui aussi la pièce du regard.

« – J'aime bien, ça me rappelle les jardins d'hiver du Manoir Malefoy, mais en plus sauvage. Je pourrais passer des heures dans des lieux comme ça. » dit pensivement la voix du blond qui semblait s'être encore un peu éloigné.

« Oui moi aussi, » répondit Harry doucement.

Il imaginait sans mal un Drago plus jeune, plongé dans un livre, au beau milieu des plantes. Il n'était pas surpris que ce dernier aime la compagnie végétale, fascinante et tranquille.

« – Qu'est-il arrivé à cette fontaine ? Elle a l'air d'avoir passé un sale quart d'heure. » demanda Drago en réapparaissant.

Il examina le petit édifice en pierre de taille dont tout un côté était béant et noircit. Harry sursauta et rougit, perdu dans ses pensées, il n'avait pas vu le blond approcher de la sculpture.

« – Hum… C'est à peu près ça. Disons que je ne suis pas toujours de bonne compagnie quand je suis en colère… Je n'ai pas réussi à la réparer. » expliqua-t-il vaguement, gêné.

Drago porta sur lui un œil surpris, il savait le Gryffondor fougueux et sanguin, mais il ne le connaissait pas colérique et violent. Il ne parvenait pas à se représenter le Harry actuel, plus apathique que bouillonnant, en train de se déchaîner dans la serre.

– Je vois. » répondit le blond sans insister, par soucis de politesse.

Il était hypnotisé par l'aspect délabré de la pauvre fontaine, il se demandait bien quels sortilèges avaient pu lui infliger de tels dégâts. Il laissa ses doigts courir le long d'une pierre fendue aux bords rugueux, le picotement au bout de ses phalanges lui donna de petits frissons le long du bras. Le brun était plein de mystères et il semblait toujours révéler de nouvelles facettes, aux antipodes des attentes de Drago. Cela ne faisait qu'aiguiser sa curiosité, il avait envie d'en savoir plus. L'espace d'une seconde, il apprécia que la tournure des événements l'ait amené chez le Gryffondor, avant de se rappeler ce qu'il l'avait amené à accepter l'invitation. Il sorti de sa contemplation et reprit :

« – Je vais aller m'installer, sinon je sens que je pourrais m'attarder ici longtemps.

– Je vais aller nous faire du thé, » déclara Harry en l'accompagnant hors de la pièce dont il referma la porte avec un léger soupir.

Il était soulagé que le Serpentard ne lui ait pas posé davantage de questions à propos de la fontaine. Il y avait bien longtemps qu'il avait oublié la raison de sa colère destructrice. Sa phase d'agressivité aigüe était désormais loin derrière lui et il n'était pas spécialement fier de cette période ni des accès de fureur dans lesquels il avait pu entrer parfois. Le dépit et le désespoir face à la sensation de fatalité qui le quittait pas à l'époque lui avaient donné l'impression d'asphyxier et, régulièrement, il avait fini par exploser pour un rien. Avec le temps, la mélancolie avait finit par prendre le pas sur la hargne, espaçant ces épisodes de crises, puis la venue de Ginny avait contribué à l'apaiser, les faisant alors disparaître complètement.

Son angoisse sourde gronda plus fortement au creux de son estomac. Malefoy risquait de bousculer des choses durant son séjour, il craignait de ne pas être capable de les encaisser, quelle qu'elles soient. A peine quelques minutes après son arrivée, le blond avait déjà pu avoir un aperçu de sa destructivité passée, de sa part sombre. Harry craignait d'imaginer ce qu'il risquait de découvrir ou mettre en lumière en plusieurs jours…

Le Gryffondor s'était installé sur la grande table de travail du salon et avait commencé à reprendre ses notes en sirotant prudemment son thé brûlant. Drago le rejoint en lui tendant un vêtement sombre.

« Ta cape, tu l'avais laissée chez moi après le concert.

– Oh c'est vrai, je l'avais complètement oubliée. Merci. » dit Harry en l'attrapant avant de la poser sur le dossier d'une chaise à côté de lui.

Ils se mirent à travailler en parlant peu, se resservant régulièrement des tasses. Drago ne savait trop comment interpréter ce silence. Vu que leur session de la veille avait été écourtée, Potter était présentement en train de découvrir en détail des éléments de sa vie dont il n'était pas vraiment fier. Même s'il n'avait été que peu impliqué dans le dur des combats et des affrontements et qu'il avait échoué à blesser Dumbledore il restait celui qui avait permis l'entrée des Mangemorts dans Poudlard, ce qui n'était pas rien.

Il se rappela sa dernière année dans l'école, ces longs mois d'angoisse et de terreur. Il avait tourné le problème dans tous les sens : il n'avait pas de moyen d'échapper à la pression du Lord Noir, mais il n'arrivait pas non plus à répondre à sa requête. Il avait craint à plusieurs reprises de devenir fou. Toutefois, il fallait qu'il tienne, la vie de sa mère était en jeu. Il ne pouvait pas échouer…

Non, vraiment, il n'était pas ravi de travailler sur cette partie de son dossier.

Harry, de son côté, vivait une expérience un petit peu moins pénible. Même si cela le ramenait dans de vieux souvenirs, il entrevoyait l'envers du décor et cela offrait un intéressant contrepoint à son propre vécu.

Bien qu'à l'époque il avait échafaudé des plans pour essayer de comprendre ce que le blond manigançait, il n'avait perçu que des bribes de ce qui se tramait réellement pour lui.

Il découvrait donc l'horrible stratagème que Voldemort avait mis en place pour « motiver » Drago : ni plus ni moins qu'un compte à rebours magique sur la vie de sa mère. Il comprenait mieux ses réactions, son stress et le désespoir dont il avait été le lointain témoin. La bonne nouvelle était que cette révélation jouait grandement en faveur de Drago, la mauvaise, comme pour plusieurs autres points de son dossier, était qu'il était pratiquement impossible de prouver catégoriquement sa véracité. Donc, encore le même problème que celui sur lequel ils bloquaient lors de leurs dernières sessions de travail : le manque de preuve. Et il ne fallait pas trop compter sur la bonne foi d'anciens Mangemorts qui ne souhaitaient que rarement témoigner ; témoignages n'ayant de toute façon que peu de valeur.

Les deux jeunes hommes travaillèrent plusieurs heures à extraire les éléments pouvant s'avérer pertinents pour constituer des axes de défenses, ainsi qu'à lister les faits incriminant pour pouvoir ensuite y opposer des arguments.

Quand la faim se fit sentir, ils envisagèrent de s'arrêter pour la journée. N'ayant pas de restaurant ou de traiteur à proximité chez qui prendre à emporter, ils tentèrent leur chance en cuisine. À deux, ils devraient bien réussir à réaliser quelque chose de correct.

Ils se lancèrent donc dans l'aventure de la confection d'un plat de pâtes avec quelques tomates et des lardons. Ils s'affairèrent de concert autour des fourneaux, comme une équipe rodée. Voyant qu'ils semblaient réussir à maîtriser la situation, ils s'autorisèrent un verre pour les soutenir dans l'effort. Harry n'avait pas d'alcool de la facture de ceux de Drago, mais du bon vieux Pur-Feu fit très bien l'affaire.

Ce n'est que lorsque la morsure de la boisson le réchauffa que le blond réalisa à quel point cette séance de travail l'avait tendu, il apprécia donc à juste titre la détente procurée par le digestif.

Une fois leurs aventures culinaires terminées, ils investirent grande la table du salon et débutèrent leur repas en bavardant tranquillement.

Cette installation provisoire et improbable dans le Manoir rappela à Harry l'époque de l'Ordre du Phénix avec ses tablées hétéroclites et ses réunions secrètes. Bien que le contexte de l'époque eut été sinistre et pesant, Harry avait gardé de bons souvenirs de ces moments de vie en communauté.

Alors que la lumière se faisait descendante, Drago suggéra d'allumer un feu dans l'âtre. Harry accepta, un peu décontenancé, il n'avait pas trop pour habitude d'utiliser le foyer pour autre chose que ses déplacements. Même en hiver, c'est plutôt Ginny qui faisait des flambées car il n'en ressentait que rarement le besoin.

Curieux, Drago souhaitait en savoir plus sur l'aménagement de la serre, la question l'avait démangé toute la journée. Harry remplit à nouveau leurs verres avant de proposer une seconde visite de la pièce pour accompagner ses explications :

« Quand je suis arrivé ici, il y avait beaucoup à faire, et il y a toujours beaucoup à faire d'ailleurs. C'est pour ça que je me suis concentré uniquement sur le rez-de-chaussée. commença-t'il alors qu'il ouvrait la baie vitrée pour laisser Drago passer. Étant seul, je ne voyais pas l'intérêt d'avoir autant d'espace pour vivre, de toute façon. Et j'avais envie de verdure, d'un lieu accueillant, pour échapper à l'hostilité générale de la bâtisse.

– Hostilité, c'est exactement le mot. concéda son invité en s'adossant à une des parois vitrées de la pièce.

– Et encore, j'ai réussi à me débarrasser de tous les horribles tableaux et la décoration a beaucoup changé. C'était bien pire avant. Enfin bref, du coup je me suis renseigné pour aménager un jardin, mais c'était extrêmement technique et ça demandait beaucoup de magie. Sans parler du grand risque d'instabilité si c'était mal fait. En trois mots : c'était inenvisageable. J'ai donc du me rabattre sur quelque chose de plus simple, avec des murs et une structure : la serre était un bon compromis et ce serait beaucoup plus facile d'entretien, même pas besoin de créer de climat complet autour. »

Harry marqua une pause pour boire une gorgée avant de continuer :

« J'ai dû vraiment bosser très dur pour réussir à avoir le résultat que tu vois maintenant. dit-il avec un large geste de la main. Il y a eu pas mal de ratés, forcément. Mais au final, je ne suis pas mécontent du résultat. Cette pièce est une vraie échappatoire dans le Manoir.

– Tu peux en être fier, c'est un lieu agréable. » répondit doucement Drago en allant s'asseoir sur le rebord de la fontaine.

Harry s'assit à son tour, mais directement sur le sol, adossé à la margelle.

« Oui, enfin j'imagine que ce n'est rien à côté des jardins d'hiver de ton manoir familial. » avança le brun, pensif.

Le regard de Drago se perdit dans le vague.

« Tu peux me croire, ta serre a bien meilleure allure à l'heure qu'il est. Il n'en reste plus grand-chose. Entre la présence des Mangemorts dans la résidence quand elle servait de repaire au Lord et la saisie partielle de la fortune familiale, ils ont beaucoup soufferts du manque d'entretien et de soins. Sans parler de la maladie de ma mère... Ces jardins, c'était sa fierté, son domaine. Ils sont à l'abandon maintenant, quel gâchis. »

Le ton de Drago était amer. Harry ne répondit rien, sachant trop bien que la mélancolie ne se partage pas.

Ils restèrent un long moment à regarder le ciel et les premières étoiles apparaître en se laissant imprégner par la sérénité du lieu et de la végétation. Drago jeta quelques regards à son voisin. Il devait admettre apprécier de plus en plus la présence du brun. Il avait eu peur en arrivant dans le Manoir, en voyant l'aspect sinistre de l'habitation d'Harry, mais, si l'on faisait abstraction de cela, il avait plutôt bien vécu ses premières heures de cohabitation en territoire ennemi.

S'il faisait le bilan, la journée avait très mal commencé et malgré ça, il était bien, là maintenant. Harry lui rendait vraiment un service énorme en lui permettant d'échapper à la tempête qui s'était abattue sur son appartement. Il était aussi soulagé de n'avoir pas du retourner chez ses parents. Bien que la préservation de la santé de Narcissa soit son souci principal, le fait d'être à nouveau plongé dans les histoires familiales toute la journée ne l'aurait guère enchanté. Du coin de l'œil, il aperçut Harry se passer une main dans les cheveux, toujours aussi en bataille qu'à Poudlard – si ce n'est plus, maintenant qu'ils venaient carrément chatouiller ses oreilles. Ce geste familier l'amusa. Cela avait quelque chose de rassurant, de retrouver chez Potter des choses qui n'avaient pas changé, malgré tout ce qui avait pu arriver et les années passées. Être avec lui, c'était comme faire des allers-retours incessants entre le présent et le passé. Ça donnait l'impression à Drago d'ouvrir des portes des possibles et il avait le sentiment qu'avec Harry à ses côtés, un avenir devenait envisageable, le procès l'angoissait un peu moins.

Quand il vit le brun frissonner, il proposa de retourner se mettre au chaud. Il serait bien resté toute la nuit ici, comme les nombreuses fois où il avait pu le faire dans le jardin d'hiver du Manoir familial et il quitta donc la pièce à regret. Ils allèrent chacun s'installer dans un canapé, profitant de l'espace disponible pour prendre leurs aises tout en se délectant de la chaleur de la cheminée.

Harry finit par rompre le silence, lui aussi avait des questions en suspens qu'il n'avait pas encore osé poser à Drago, il en choisit une des plus faciles à aborder :

« Dis-moi, tu n'as pas été très explicite sur la manière dont tu es arrivé à apprécier la culture moldue. Je veux dire, pour un Sang-Pur d'une famille comme la tienne, c'est une toute autre planète. Comment as-tu fait pour l'intégrer aussi vite ?

– Oh. » Le blond renversa son verre pour en boire la dernière gorgée. « C'est parce que c'est une longue histoire, c'est pour ça. Ça t'intéresse vraiment ? demanda-t-il, un sourcil relevé.

– Non, non, je ne pose la question que pour avoir le loisir de ne pas t'écouter ensuite. À ton avis ? » ironisa Harry en lui jetant un regard moqueur.

« Ok. » concéda Drago amusé. Il tendit son verre au brun qui le resservit d'un coup de baguette, puis il débuta son histoire :

« Quand j'ai quitté le Manoir, j'ai tout d'abord été en colocation avec un cracmol : Franck Treebles. Une personne adorable qui vivait dans l'appartement avant moi. J'avais pensé à cette solution pour réduire les coûts, mais aussi parce que je ressentais le besoin de connaître davantage de gens en dehors du cercle d'influence familiale. J'ai donc consulté les annonces et je suis tombé sur cet endroit, le mode de vie ne pouvait pas être plus éloigné de ce que je connaissais et ça m'a plut. J'ai donc emménagé avec lui. On est rapidement devenus amis et il m'a contaminé avec son amour des moldus. finit le blond en riant.

– Qu'est ce qu'il est devenu ? demanda Harry en se calant plus confortablement dans le canapé, avide d'entendre la suite.

– Et bien, il est tombé amoureux d'une étudiante de sa promotion de soin aux créatures magiques. À la fin de leur cursus, elle devait retourner aux États-Unis, d'où elle était originaire, il l'y a suivi. Mais le mal était déjà fait, poursuivit Drago avec un sourire. J'avais adopté aussi bien l'appartement que le mode de vie, alors j'y suis resté. J'ai tout d'abord cherché quelqu'un pour le remplacer, mais je me suis vite souvenu d'un détail : mon nom et ma personne importunaient beaucoup de sorciers. Avec Franck, je n'avais pas ce problème et j'avais fini par m'y habituer. »

Il eut un rire amer.

« –Enfin bref, j'ai finalement laissé tomber les recherches et, une semaine après, j'avais un chat gris qui miaulait comme un forcené devant une de mes fenêtres. Je l'ai fait entrer et il n'a jamais voulu repartir. J'ai pris ça comme un signe et il est devenu mon nouveau colocataire… Voilà, tu sais tout Potter. finit Drago posément.

– Au point où tu en étais, tu n'as pas voulu chercher carrément du côté des moldus ? questionna timidement Harry.

- Non, j'y ai pensé, mais ça aurait été beaucoup trop contraignant. Ce n'est pas parce que je leur emprunte leur technologie que je souhaite me priver complètement de magie… ou du moins de ce qui m'en reste.

– Je vois. Donc en fait, c'est Moon qui t'a choisi et non l'inverse, c'est drôle ça. sourit le brun.

– Comment ça ?

– La première fois que j'ai vu ton chat, je me suis demandé si le narcissisme qui t'avait conduit à le choisir était conscient ou inconscient. plaisanta Harry.

– Ah ? Tu trouves qu'il me ressemble ? il marqua une pause, songeur. Je n'y avais jamais pensé tiens.

– Inconscient donc. conclu le Gryffondor avec un sourire narquois.

– Hé ! se défendit Drago d'une manière puérile qui ne fit qu'agrandir le sourire de son interlocuteur. Je ne te permets pas !

– D'ailleurs, je suis surpris que tu ne l'aies pas emmené. Il ne va pas s'ennuyer tout seul ? s'enquit Harry, redevenant plus sérieux.

– Il faisait un peu la tête en me voyant partir, mais je vais aller le nourrir tous les jours. Il devrait survivre. fit le blond évasif.

– Comme tu veux, en tout cas, il est le bienvenu aussi, Ginny a emmené sa chouette donc sa présence ne posera aucun problème. »

Drago acquiesça d'un simple grognement. La généreuse offre d'hospitalité formulée par Harry l'avait mis mal à l'aise, elle lui donnait la désagréable impression de voler la place de la rouquine. La pensée que ce fut peut-être une intention inconsciente du Gryffondor l'effleura un instant. C'était déjà assez bizarre de cohabiter avec le brun, et, même s'il avait été plutôt à relativement l'aise depuis son arrivée, son esprit avait encore un peu de mal à s'y faire.

Ils burent en silence pendant quelques instants.

« J'avais une autre question, commença Harry, hésitant. Tu n'es pas obligé d'y répondre. »

Le blond se tendit et reposa son verre sur son genou, ne sachant à quoi s'attendre.

« Dis toujours.

– Tu as fait mention du bridage magique auquel tu es soumis… Je me demandais comment… Enfin… Ça va ? » formula le brun de manière désordonnée.

Drago le regarda, circonspect.

« C'est ça ta question : ça va ? »

Harry se tortilla, mal à l'aise, le Serpentard ne faisait rien pour l'aider. Il reprit un peu agacé :

« Non, mais bon tu as compris l'idée : est-ce que c'est contraignant ? Comment tu vis avec ça ?

– Tu vois, quand tu t'appliques Potter, c'est mieux. » le taquina Drago. Il prit cependant une seconde pour réfléchir plus sérieusement à la question avant de lui répondre.

« Je ne vais pas te le cacher, ce n'est pas agréable, mais on s'y habitue. Au début, c'était vraiment dur. Au-delà du côté très humiliant de cette situation, il y a un certain nombre de sorts qu'on ne peut plus faire, comme un simple Incendio. Et c'est très déstabilisant, il faut se défaire de certains réflexes. »

Harry repensa aux moyens détournés qu'avait utilisés Drago pour allumer la cheminée dans son appartement : les petits sortilèges d'étincelles lancés sur des morceaux de papier plutôt qu'un sort d'allumage. Il comprenait mieux maintenant. Le blond continua :

« Et certains sorts sont beaucoup moins puissants qu'avant également, il faut parfois ruser. Sur le quotidien, je dois dire qu'avoir découvert la culture moldue m'a aidée à mieux supporter ces désagréments. »

Il s'arrêta et réalisa qu'Harry le fixait intensément, cela le gêna. Il leva un sourcil pour essayer de cacher son malaise.

Le brun lui sourit et renifla, amusé puis s'expliqua :

« Je me disais juste que les chemins de vie peuvent être drôlement curieux et tortueux parfois. Je crois bien que je suis content de vous avoir rencontré à nouveau, M. Malefoy. »

Il prononça cette dernière phrase en se redressant sur le sofa et tendit solennellement la main en direction de Drago. Ce dernier hésita un instant, déconcerté, jaugeant le Gryffondor et se rapprocha à son tour pour la saisir dans une poignée ferme.

« M. Potter.

– Appelez-moi Harry.

– Drago. »

Ils ne parvinrent pas à définir la sensation que les envahit à ce moment et qui les troubla tous deux grandement. Leurs regards s'accrochèrent un moment, brillants, et se séparèrent avant que d'autres émotions, plus fortes, ne viennent la remplacer. Puis, ce fut à leur main de se désunir pour tenter de retrouver leur occupation précédente : que diable faisaient-ils de cette partie de leur corps habituellement ?

Soudain perdus, ils se cramponnèrent à leur verre comme à une bouée de sauvetage et les finirent rapidement en évitant de se regarder, espérant que la boisson leur redonnerait contenance.

Ce ne fut pas le cas.

Ils se levèrent alors et se saluèrent maladroitement, indécis sur le protocole à suivre.

Drago rejoint la chambre tandis qu'Harry lui tournait le dos et organisait son couchage en redonnant sa taille d'origine à un drap et une couette qu'il avait au préalable réduits et disposés sous un des coussins du canapé, pour plus de praticité.

oOo

Drago ne parvenait pas à dormir, il se retournait dans tous les sens sans trouver l'apaisement nécessaire à l'arrivée du sommeil. Les dernières minutes de la soirée ne quittaient pas son esprit.

Il avait longtemps rêvé de cette poignée de main. Il ne savait que penser de tout cela. Le Drago de onze ans aurait jubilé, même si le Harry qui venait de la lui accorder était une personne complètement différente que celui qui la lui avait refusé en premier lieu. Mais lui-même était aussi quelqu'un d'autre et ses sentiments envers le brun n'avaient rien à voir non plus. La haine avait cédé le pas à… d'autres choses.

Était-il devenu ami avec Harry Potter ? Cette phrase tourna dans sa tête longuement, jusqu'à ce que les mots perdent leur sens et que chaque syllabe devienne une énigme aux sonorités étranges.

Plutôt que de lui apporter une forme de clôture et de paix, cette poignée de main semblait ouvrir un abîme nouveau et cela lui donna le vertige.

Drago avait chaud et sa gorge était asséchée de s'être tant débattu dans les draps. Il rendit finalement les armes et se décida à aller chercher un verre d'eau dans la cuisine. Il attrapa sa baguette sur la table de chevet à sa droite, celle d'Harry visiblement – pas question d'occuper le côté de la rouquine –, et chuchota un Lumos qui lui permit de discerner son environnement. Il se dirigea ensuite silencieusement vers la porte et l'ouvrit pour découvrir qu'Harry était assis sur son canapé, dans la pénombre, sa couette enroulée autour de lui et toujours un verre d'alcool à la main. Le regard de ce dernier se tourna lentement, quittant sa contemplation des petites flammes qui survivaient toujours dans l'âtre, pour se poser sur lui. S'il fut surpris par sa présence, son visage ne montra aucune expression.

Drago abaissa le bras et laissa sa baguette s'éteindre. Il s'approcha et réinvestit le canapé qu'il avait quitté à peine deux heures plus tôt. Le brun se contenta de lui tendre la bouteille de whisky Pur-Feu qu'il saisit. Son verre était toujours posé sur la table basse devant lui, comme s'il avait attendu sagement son retour. Il se servit et s'abandonna contre le dossier moelleux du vieux sofa en soupirant. Sans un mot, les deux hommes s'abîmèrent dans la contemplation du feu en buvant lentement, à petites gorgées.

Drago repensa à la folle journée qu'il venait de vivre, un véritable tour de montagnes russes émotionnel, et il soupçonnait que cela ne serait pas le dernier jusqu'au procès. Au point où il en était, il s'attendait à tout.

Toujours le regard fixé sur le foyer, Harry brisa le silence, d'une voix enrouée par la fatigue et le whisky :

« J'avais une autre question… Une plus personnelle.

– Dis toujours ». consenti à nouveau le blond, immobile. Du moment que ça lui sortait la tête de ses questionnements insolubles sur son rapport avec le Gryffondor ou sur son futur incertain, il aurait à peu près tout accepté.

« Dans ton dossier, il est indiqué que la santé de ta mère est actuellement fragile à cause du maléfice que Voldemort lui a lancé durant notre 6e année. Qu'est-ce qu'elle a exactement ? » demanda Harry en posant finalement les yeux sur son voisin. Son regard était sombre et perçant.

Drago posa son verre sur la table basse et cala son menton entre ses paumes pour réfléchir, ses longs doigts encadrant l'arrête de son nez. C'était véritablement une question délicate. Un voile de douleur, fugace, troubla ses traits, ce que le brun remarqua, mais il n'ajouta rien, laissant au Serpentard le temps dont il avait besoin.

« – Je ne connais pas le maléfice précis qui a été utilisé, peut-être même que le Lord Noir l'a inventé tout spécialement, qui sait. Toujours est-il qu'il destinait ma mère à une mort certaine si je ne parvenais pas à remplir ma mission, un compte à rebours particulièrement sadique. Étant donné qu'il m'a été plus long que prévu pour trouver une solution, le sortilège l'a imprégnée longtemps. Cette exposition prolongée aurait, semble-t-il, provoqué une fragilité chez elle et une atteinte à sa magie. » Il marqua une pause. « Environ deux ans après la Guerre, elle a contracté une maladie rare : la Macula Fuscium, qu'on appelle aussi le cancer magique. C'est très compliqué à soigner car ses formes sont variables et il n'y a pas vraiment de protocole type, c'est au cas par cas. »

Drago s'arrêta, l'air abattu et épuisé. Harry le couva d'un regard plein de compassion et l'incita à poursuivre d'un ton doux :

« Comment va-t-elle maintenant ?

– Difficile à dire, son état est stable ces derniers temps, mais on ne sait jamais quand elle peut faire une rechute. Elle est assez faible et ne peut pratiquement plus faire de magie, la douleur et le manque d'énergie l'en empêchent. C'est…» Sa voix se fendit. « C'est tellement dur de la voir constamment souffrir. »

Il ferma les yeux douloureusement et inspira fortement par le nez à plusieurs reprises. Il reprit :

« Je m'en veux de l'abandonner dans un manoir vide et fantomatique, mais je n'arrivais plus à vivre avec ça. C'est horrible d'être loin d'elle, surtout en la sachant si fragile, mais c'était encore pire d'être au premier rang de sa souffrance avec mon père comme seul soutien. Lui qui reconnait à peine ses torts et continue de faire comme si tout pouvait encore s'arranger. Comme si notre famille pouvait encore briller. Après tout ça… Je ne le comprends pas. »

Il avait terminé dans un souffle, ses yeux brillants fixés sur les flammes. Harry tendit le bras pour le resservir, mais il refusa d'un geste de la main. Le brun tenta de le réconforter :

« Je sais que ça va être un peu le comble venant de moi, mais tu ne peux pas te tenir pour responsable de tout ce qui arrive à ta mère.

– Je sais, murmura le blond, le regard vide. Je sais. » répéta-t-il, plus pour lui-même.

Même si les mots d'Harry ne diminuaient aucunement son sentiment de culpabilité, ils firent du bien à Drago. Les entendre dans la bouche du Gryffondor lui apporta du réconfort et il le remercia mentalement pour sa compassion.

Ils se retrouvèrent à nouveau dans le silence pendant un long moment, et, bercés par la lueur des flammes mourantes, ils s'assoupirent tous deux dans les canapés du salon.

 
 
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